(Neuf heures dix-sept minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, je voudrais commencer en félicitant tous
les candidats qui se sont présentés aux élections fédérales. C'est quand même
un geste civique important. Puis je voudrais en particulier féliciter les chefs
puis surtout Justin Trudeau pour sa victoire, sa belle campagne. Mais ce dont
je veux surtout vous parler aujourd'hui, c'est du vote au Québec, les leçons
que j'en tire pour la CAQ, mais aussi pour les nationalistes québécois.
D'abord, quand je regarde les résultats,
je constate deux choses. Premièrement, comme en 2011, l'écrasante majorité des Québécois
a voté pour un parti fédéraliste. Deuxièmement, au-delà du choix particulier
qui a été fait en 2011 et en 2015, il y a une chose qui demeure très claire :
encore une fois, le Bloc n'a pas réussi à s'imposer. Plus de quatre Québécois
sur cinq n'ont pas voté pour le Bloc québécois. À 19 %, c'est la pire
performance d'un parti souverainiste depuis 45 ans, pire encore que le score de
23 % du Parti québécois en 1970, lors de sa première élection.
Gilles Duceppe a fait preuve de courage. Il
mérite notre respect, mais il faut aussi reconnaître que son retour n'a pas
changé la tendance lourde. C'est un symbole fort. On le sait, depuis 2011,
aussi depuis 2014 et encore plus maintenant, en 2015, le mouvement
souverainiste est en crise, une crise historique, une crise structurelle. On
n'est pas devant une petite crise passagère. Il y a un fil qui relie la défaite
du Bloc en 2014, la défaite du Parti québécois... Excusez. Il y a un fil qui
relie la défaite du Bloc québécois en 2011, la défaite du gouvernement du Parti
québécois en 2014 et la défaite du bloc en 2015, et ce fil-là, bien, c'est un
déclin de l'idée de l'indépendance du Québec.
On peut comprendre les Québécois. Ils se
sont exprimés à deux reprises pour le maintien du lien fédéral. Ils ne veulent
pas d'un troisième référendum. Ils sont toujours aussi attachés à leur langue
et à leur identité, mais leur nationalisme, en 2015, s'exprime autrement, et
cette situation n'est pas près de changer.
Les Québécois cherchent une voie de sortie
entre l'indépendantisme du Parti québécois et le fédéralisme de statu quo du
Parti libéral. Ils veulent une alternative nationaliste forte, qui aura la
maturité et la flexibilité pour faire des gains à l'intérieur du Canada. Ils
souhaitent que les nationalistes se regroupent, qu'ils fassent cause commune, pas
pour promouvoir l'indépendance du Québec, mais pour que le Québec ait plus de
pouvoirs et d'autonomie dans le Canada, notamment dans les secteurs
névralgiques comme la langue et l'immigration. Pour moi, c'est clair, le
nationalisme québécois est mûr pour une refondation majeure, pas autour de la
souveraineté, mais autour d'un programme plus pragmatique, plus rassembleur,
qui va se construire à l'intérieur du cadre fédéral, un programme qui va sortir
le Québec du déclin tranquille et qui va offrir une vraie alternative au
monopole du Parti libéral.
C'est à la Coalition avenir Québec qu'il
revient de porter ce programme. J'en ai la conviction. Les nationalistes
doivent se rassembler autour d'objectifs communs, se reconnecter à la population
pour reprendre l'initiative. Je publie un texte, vous en avez une copie aujourd'hui,
qui approfondit cette idée. C'est aussi pour ça que, lors de notre prochain
conseil général, les 7 et 8 novembre à Laval, j'en profiterai pour déposer
une proposition importante en matière constitutionnelle, une proposition
audacieuse, rassembleuse, qui va redonner aux Québécois le goût d'agir et le
goût d'avancer.
M. Laforest (Alain)
:
M. Legault, vous n'avez pas fait mieux que le Parti québécois à la
dernière élection.
M. Legault
: Écoutez, actuellement,
ce qu'on voit, là, c'est que, depuis 45 ans, il y a une polarisation
entre...
M. Laforest (Alain)
:
Mais ce n'est pas ça ma question.
M. Legault
: ...la
souveraineté et le fédéralisme, et c'est ce qui amène des victoires presque
automatiques pour le parti libéral. C'est pour ça que je dis que les
nationalistes doivent se regrouper. Il ne faut pas oublier aussi que la CAQ
existe depuis trois ans. Donc, on a eu deux élections pendant trois ans. On
essaie de sortir de 45 ans de nationalisme. Il faut refonder, comme je le
disais tantôt, le nationalisme, la... une nouvelle position. Et donc ça ne se fait
pas du jour au lendemain, je l'admets, mais je pense qu'on est condamnés, s'il
n'y a pas de changement, à avoir un gouvernement libéral pour toujours parce
qu'il y a une majorité de Québécois qui ne veulent pas de la souveraineté. Puis
M. Couillard en profite, son programme se résume à être contre la
souveraineté du Québec, être le garant de : pas de référendum, je suis
totalement pour le statu quo fédéraliste. Donc, actuellement, là, c'est
difficile pour tous les nationalistes.
M. Salvet (Jean-Marc)
:
Comment refonder le nationalisme?
M. Legault
: Bien,
autour d'un programme qui est plus pragmatique, où le Québec fait des gains,
mais à l'intérieur du Canada. Je pense que les Québécois l'ont dit à plusieurs
reprises, en 2011, en 2014, en 2015, ils ne souhaitent pas un troisième
référendum. Puis la dernière élection du Parti québécois, bien, ça s'est joué
sur le point levé de Pierre Karl Péladeau, puis les gens ont dit : Non, je
n'en veux pas. Je n'en veux pas, de ça.
Donc, il faut rassembler les Québécois
autour d'un programme nationaliste où le Québec fait des gains, entre autres en
matière de langue et d'immigration. De toute évidence, là, ce n'est pas
M. Couillard, là, on l'a vu encore hier, qui va faire des demandes au
gouvernement fédéral en matière de langue et en matière d'immigration.
M. Caron (Régys)
:
Qu'est-ce qui vous dit que les Québécois sont encore nationalistes,
M. Legault? Ils ont voté massivement pour deux partis fédéraux
centralisateurs, pour qui les préoccupations nationalistes du Québec ne
semblent pas très importantes.
M. Legault
: Oui. Bien,
moi, je pense que, quand on pose la question : Est-ce que c'est important
pour vous, la langue française?, il y a une majorité de Québécois pour qui
c'est important. Quand on a eu les débats, que ça soit sur les signes
religieux, sur l'immigration, sur le niqab, on voit qu'il y a une majorité de Québécois
qui veulent qu'on défende nos valeurs.
Donc, moi, je pense que les Québécois sont
nationalistes, mais ils ne souhaitent pas la souveraineté du Québec. Et avec
cette approche de c'est tout ou rien, là, parce que c'est à peu près ça,
l'approche de Pierre Karl Péladeau, ça passe ou ça casse, bien, les Québécois
ne se sentent pas à l'aise avec cette position-là. Ils veulent faire des gains
pour défendre leur identité, mais à l'intérieur du Canada.
M. Caron (Régys)
:
Comment se fait-il que la CAQ ne profite pas de cette fenêtre fédéraliste des
Québécois?
M. Legault
: Parce que,
depuis 45 ans, on a ceux qui sont pour la souveraineté puis ceux qui sont
contre la souveraineté. Puis ceux qui incarnent le mieux d'être contre la
souveraineté, c'est le Parti libéral, puis, étant donné qu'il y a une majorité
de Québécois qui ne veulent pas la souveraineté, bien, si on ne regroupe pas
ensemble les nationalistes, les libéraux vont être au pouvoir pour toujours.
M. Laforest (Alain)
:
Donc, vous appelez les péquistes, vous appelez les gens de Québec solidaire à
vous rallier, là.
M. Legault
: Moi,
j'appelle tous les souverainistes à être pragmatiques puis à se rendre compte
qu'actuellement ils n'arriveront pas à aller chercher une majorité d'appuis à
la souveraineté du Québec. Écoutez, le Bloc a fait 19 %. 19 %. Ça
prend 50 % plus un, là, pour gagner un référendum. Donc, on le voit, là,
il y a un déclin des appuis à la souveraineté du Québec. Donc, il faut être
capable de faire des gains.
M. Caron (Régys)
: M.
Legault, vous dites que les autres partis sont déconnectés...
M. Corbeil (Michel)
:
M. Legault, est-ce que vous ne pensez pas que...
M. Caron (Régys)
:
Vas-y, Michel.
M. Corbeil (Michel)
:
Merci. Est-ce que vous ne pensez pas que l'élection de Justin Trudeau, ce n'est
pas le meilleur gage pour les souverainistes de renouveler la ferveur dans la
population?
M. Legault
: Écoutez,
j'entendais Jean-François Lisée hier dire : C'est une bonne chose pour le
mouvement souverainiste, l'arrivée de Justin Trudeau. Allez voir quand Stephen
Harper est arrivé, c'est le même Jean-François Lisée qui disait la même chose à
propos de Stephen Harper.
Donc, écoutez, actuellement, là, ce qui
est important, c'est qu'on regroupe les nationalistes, puis, si on arrive à
regrouper suffisamment de nationalistes qui souhaitent qu'on rapatrie des
pouvoirs, entre autres en matière de langue puis d'immigration, au Québec,
bien, il n'y a aucun politicien, que ça soit Justin Trudeau ou qui que ce soit,
qui va pouvoir résister à un appui d'une grande partie des Québécois.
Donc, c'est ça, le défi qu'on a ensemble,
et les péquistes et les caquistes, de rassembler une majorité de nationalistes
qui vont faire comprendre à Justin Trudeau puis à tous les chefs fédéraux qu'au
Québec on souhaite rapatrier des pouvoirs pour défendre notre identité.
Des voix
: ...
M. Croteau (Martin)
:
Excusez-moi, je vais juste poser ma question. Mais est-ce que vous sentez...
Qu'est-ce qui vous fait espérer qu'il y a un quelconque appétit, au Québec ou
au Canada anglais, pour la relance de vastes pourparlers constitutionnels?
M. Legault
: Bien, moi,
je pense que les Québécois, on l'a vu dans le débat du niqab, on l'a vu dans le
débat sur la charte, on l'a vu dans le débat sur les signes religieux, on le
voit quand on pose des questions sur la langue aux gens, on le voit sur tous
les débats qui entourent l'immigration, les Québécois tiennent à préserver
leurs valeurs, entre autres l'égalité entre les hommes puis les femmes. Ils ne
sont pas d'accord avec la position, par exemple, de Justin Trudeau puis de M.
Mulcair. Donc, il y a une volonté de défendre notre identité. Maintenant, ça ne
passe pas par l'indépendance du Québec. Ça, c'est clair, là, c'est clair depuis
2011.
M. Croteau (Martin)
:
Ce n'est pas ça, ma question. Ma question, c'est... Vous dites que les autres
partis sont déconnectés de la population. Combien de personnes vous rencontrez
qui vous disent : M. Legault, j'aimerais vraiment ça qu'on relance des
pourparlers sur la Constitution?
M. Legault
: Écoutez,
moi, je peux vous dire que, dans Lanaudière, là, depuis un mois, le sujet que j'ai
entendu le plus parler dans mon comté, c'est le niqab. Donc...
M. Croteau (Martin)
: ...ça
n'a rien à voir avec la Constitution.
M. Legault
: Bien, ça a
avoir avec notre identité, ça a avoir avec le fait : Est-ce que c'est au
Québec ou c'est à Ottawa qu'on décide des façons de travailler, finalement,
avec nos nouveaux arrivants? Quelles sont les conditions qu'on se donne? On a
proposé, par exemple, nous, à la CAQ, que d'ici trois ou quatre ans après leur
arrivée, que tous les nouveaux arrivants passent un test de français, mais
aussi un test sur les valeurs québécoises. Moi, je pense, ça rejoint beaucoup
de Québécois de ce côté-là. Mais actuellement on n'a pas ces pouvoirs-là à cause
de la Charte canadienne des droits et libertés, à cause du multiculturalisme
qui est dans la Constitution canadienne. On n'a pas ces pouvoirs-là.
Donc, moi, je pense que les Québécois
souhaitent de façon très pragmatique que le Québec rapatrie des pouvoirs en
matière de langue et en matière d'immigration. Donc, ça suppose une ouverture
de la Constitution, donc, oui, il y a un lien entre les deux.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce que le bras de fer qu'il y a eu, tous les problèmes autour du Sénat,
est-ce que ça ne montre pas qu'il n'y a pas moyen de rouvrir la Constitution,
il n'y a aucune ouverture ni d'Ottawa, ni des provinces, ni de personne, parce
que ça va partir dans tous les sens?
M. Legault
: Mais qui a
décidé ça, qu'il n'y aurait pas moyen? Il y a moyen en autant qu'on ait la
volonté de le faire. Si on n'essaie pas, on est sûrs de ne pas y arriver. M.
Couillard a décidé, lui, qu'il était résigné, qu'il n'essayait même pas. Moi,
le pari que je fais, c'est que, si on rassemble les nationalistes québécois,
autant ceux qui étaient souverainistes ou qui le sont encore, que ceux qui sont
au Parti libéral puis qui se reconnaissaient avec Robert Bourassa, mais qui ne
se reconnaissent plus avec Jean Charest ou maintenant avec Philippe Couillard,
si on rassemble tous ces nationalistes-là, moi, je pense qu'on est capables
d'aller convaincre, peu importe que ça soit Justin Trudeau ou qui que ce soit,
de rapatrier certains pouvoirs au Québec pour défendre notre identité. Puis
moi, je pense que ça rejoint une majorité. Ce que je sens, là, c'est que ça
rejoint une majorité de Québécois.
M. Lacroix (Louis)
:
Bien, M. Couillard... M. Couillard, excusez-moi — M. Legault, si une
fois, par exemple, qu'il y a eu des négociations constitutionnelles puis qu'on
n'arrive pas à avoir ce qu'on veut au Québec, c'est quoi, le levier qu'on a par
la suite? On fait quoi? Si ça ne fonctionne pas puis si le fédéral vous ferme
la porte sur les doigts, vous allez faire quoi?
M. Legault
: Bien, écoutez,
moi, je suis convaincu...
M. Lacroix (Louis)
: Est-ce
qu'on retourne... on fait la souveraineté?
M. Legault
: ...moi, je
suis convaincu, convaincu, si on est capable de rassembler un bon pourcentage
des Québécois autour d'un programme nationaliste, ce sera impossible à un chef
de parti fédéral, que ce soit Justin Trudeau ou qui que ce soit, de s'opposer à
ces demandes-là. Donc, ce qui est important, c'est rassembler les Québécois.
Actuellement, les nationalistes sont divisés en deux clans, au PQ et à la CAQ,
et ça permet aux libéraux du statu quo de passer pour toujours, malgré qu'ils
n'ont pas de programme. Ils n'ont pas de programme économique.
M. Lacroix (Louis)
:
Jacques Parizeau a déjà dit que, pour relancer la ferveur souverainiste, ça
prenait une bonne crise. Est-ce qu'il n'y a pas, dans ce que vous apportez là,
les ingrédients pour déclencher une bonne crise avec le fédéral et favoriser
l'option souverainiste?
M. Legault
: Bien,
écoutez, quand M. Harper est arrivé, on a dit : Ah! un premier ministre
qui vient de l'Ouest, ça va faire une bonne crise, ça va être bon pour la
souveraineté. 10 ans plus tard, on dit la même chose à propos de Justin
Trudeau. Moi, je pense que les Québécois veulent être partie au pouvoir. Ce
qu'on a vu lundi, là, les Québécois veulent être partie au pouvoir, veulent
participer, mais, pour participer, bien, il faut qu'il y ait un échange, et
actuellement le Québec n'a pas signé la Constitution canadienne.
M. Laforest (Alain)
:
Mais, M. Legault, vous ne croyez pas au fédéralisme d'ouverture que M. Trudeau
semble vouloir installer? Il a dit qu'il allait parler avec les provinces.
Donc, vous demandez des rapatriements de pouvoirs. Le message que vous envoyez
aujourd'hui, c'est ce que M. Trudeau dit : Ce n'est pas vrai, il ne va pas
céder des pouvoirs, il ne va pas pratiquer un fédéralisme d'ouverture. C'est ça
que vous venez de nous dire?
M. Legault
:
Actuellement, il ne se sent pas obligé de donner quoi que ce soit au Québec
puisque le premier ministre du Québec ne demande rien en matière d'identité. Si
on est capable de rassembler des Québécois nationalistes qui demandent, qui, à
un moment donné, disent à M. Trudeau : Ou vous nous donnez ça ou on ne
votera plus pour vous. Moi, je pense qu'il va y avoir un impact.
M. Caron (Régys)
: Vous
êtes en train de nous dire que vous voulez faire ressusciter l'Union nationale
qui est morte il y a à peu près 45 ans, monsieur...
M. Legault
: Il faut
toujours être prudent, là, quand on fait des comparaisons.
M. Caron (Régys)
:
Bien, c'est ça. Rassembler les forces nationalistes, c'est l'Union nationale,
ça, M. Legault, là.
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, si vous le prenez comme ça, il peut y avoir certaines
comparaisons, mais, sur d'autres points... C'est boiteux un petit peu comme comparaison,
mais il reste que, oui, il faut rassembler les nationalistes. Puis
actuellement, là, il faut, à un moment donné, que M. Péladeau s'assume, là, tu
sais. Il a fait du vélo tout l'été avec M. Duceppe, le slogan du Bloc faisait
appel au pays, puis là il dit tout à coup : Ça n'a rien à voir avec
l'appui à la souveraineté. Voyons donc, là! Y a-tu quelqu'un qui est dupe au
Québec, là? C'est clair que l'appui au mouvement souverainiste est en baisse,
et il faut en prendre acte. Il faut que M. Péladeau s'assume puis il faut que
les péquistes s'assument puis qu'on dise, là : Est-ce qu'on continue à
jouer «ça passe ou ça casse» ou si on essaie de regrouper les forces
nationalistes pour éviter, justement, que ce soient les libéraux du statu quo
qui restent là pour toujours?
M. Robillard (Alexandre)
:
Vous parlez de la tendance à la baisse au Parti québécois, pour le Bloc
québécois. Quand même, si on observe les derniers résultats d'élections au
Québec, les derniers sondages, tout ça, votre parti, il est confronté à la même
situation, quand même.
M. Legault
: Oui, parce
que, pour l'instant, on divise le vote nationaliste. Donc, on est dans une
situation où la CAQ, bien honnêtement, a eu de la difficulté à sortir de cette
polarisation-là, surtout durant la dernière campagne électorale, avec le poing
levé de Pierre Karl Péladeau qui a fait porter beaucoup la campagne électorale :
est-on pour ou contre la souveraineté du Québec? Mais je vous rappelle que
Justin Trudeau était troisième avant le début de la campagne électorale. Donc,
tout est possible pour un parti qui est troisième.
M. Robillard (Alexandre)
:
Là, vous rentrez dans la polarisation, finalement. C'est ce que vous faites,
là.
M. Legault
: Bien,
c'est de ça qu'il faut… Il faut, à un moment donné, sortir du «souverainiste,
pas souverainiste» puis passer à «nationaliste versus fédéralisme de statu
quo».
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que vous pensez que les Québécois sont majoritairement fédéralistes
après les dernières élections fédérales et provinciales?
M. Legault
: Moi, je
pense que — puis on l'a fait, là — quand on pose la
question, il y a plus de gens qui sont nationalistes que de gens qui sont soit
souverainistes, soit fédéralistes. Les gens, où ils sont, là,
c'est nationalistes.
M. Robillard (Alexandre)
:
Sur le niqab, quand même, quelles leçons vous tirez de la préoccupation du
niqab pour les Québécois? Quand vous regardez les résultats de l'élection,
quand même, la forte proportion de libéraux fédéraux puis de néo-démocrates…
M. Legault
: Ça n'a pas
été l'enjeu principal. Ça n'a pas été l'enjeu principal. L'enjeu principal,
c'était le changement. Mais le niqab, par contre…
M. Robillard (Alexandre)
:
Mais c'est parce qu'on disait : Les Québécois…
M. Legault
: …quand on
pose la question, il y a une majorité des Québécois qui sont contre le port du
niqab aux cérémonies d'assermentation, là.
Le Modérateur
:
Questions en anglais.
Mme Plante (Caroline)
:
What makes you think that a nationalist party wouldn't make gains? It takes two
to tango. What if I… What kind of a leverage is left…
M. Legault
:
It depends of the support you have. If you can get a good support from
Quebeckers for a nationalist program, I think that Justin Trudeau or anybody in
Ottawa would have to listen to these requests.
Mme Plante (Caroline)
: …would have to because you...
M. Legault
: Would have to, must.
Mme Plante (Caroline)
: …because, I mean, Quebeckers would threaten to…
M. Legault
: No. I think that, if it's what they want… What I propose is that we
recuperate some leverage regarding immigration and language, and, in getting
those powers from Ottawa, I
think that we can more and better assume our identity. And I think that, right
now, it's what a majority of Quebeckers want. Right now, Mr. Couillard is not
asking for any additional power regarding the identity questions, so, of course, he's not getting any. But, if you have a majority
of Quebeckers asking for these powers, I think that Mr. Trudeau will have to
accept that.
Journaliste
: What difference are you really talking about, though, if there's
already a charter of the French language in this province and there's already
an opportunity for Québec to
give Québec selection
certificates to new immigrants? What more are you asking for those dossiers?
M. Legault
:OK. Take those two subjects, right now, all
companies under federal laws, like banks, the Bill 101 doesn't apply.
Second, regarding immigration, right now, Québec is choosing only 79% of new immigrants,
21% is chosen by the federal Government. So it's important to protect French
and protect our identity because we're getting 50,000 more immigrants every
year that… they'll be chosen with conditions settled by the Québec Government,
not by the federal Government. But Mr. Couillard is not asking for that and
he's proposing to increase this number to 55,000. So we're talking about, over
10 years, half a million new people coming, most of them all in Montréal, and 21%
are chosen right now by the federal Government. I think, for our identity, we
have to recuperate 100% of the immigration.
Le Modérateur
:
Angela Montgomery.
Mme Montgomery
(Angelica)
: What is the current state of the sovereignty
movement? And how do you reach this conclusion? On what are you basing this on?
M. Legault
: We've seen in three different occasions that there's a major drop
in the support of sovereignty in Québec. In 2011, in 2014 with the provincial election, and Monday, in
2015, more than four people out of five voted for federalist parties. They
decided not to support the Bloc québécois. So, of course, at 19% of support, it's the worst result since 1970
for a sovereignist party. So, of course, it's not moving in the right
direction, and I think that, right now, the challenge is that we have to find a
new ground where we put together nationalists all together. So I'm asking for
people supporting right now the Parti québécois to join the CAQ and make sure that we don't divide the nationalist
positions and the Liberal Party be in power forever.
Mme Montgomery
(Angelica)
: And what do you make of
Jean-François Lisée's comments that having a Trudeau in power is going to refan
the flames of sovereignty in Québec?
M. Legault
:
If you look at quotes of Mr. Lisée 10 years ago, when Mr. Harper was named
Prime Minister of Canada, he said the same thing. He said that the arrival of
Mr. Harper means that there will be tensions between the federal Government and
the provincial Government and it will be good for sovereignty.
Today, he is repeating
exactly the same thing regarding Mr. Trudeau. It's not true. The truth is that
there has been a major change in the last few years, and right now, people,
they don't want to talk about independence, they don't want to have a third
referendum. So I think that right now they have to stop denying the situation,
the real situation. Merci, tout le monde.
(Fin à 9 h 40)