(Neuf heures deux minutes)
M. Legault
:
Bonjour, tout le monde. Donc, écoutez, c'est la fin de la session aujourd'hui. Je
pense qu'on peut dire clairement qu'au cours de la session parlementaire on a
démontré que le parti qui est proche du monde, le parti qui est proche des
préoccupations des Québécois, c'est la CAQ. Et on a vu les deux autres partis,
le PQ et le Parti libéral, qui sont dans une bulle.
Et, quand c'est rendu, écoutez, que Philippe
Couillard se prend pour le sauveur du Québec, bien, on a un problème, là. Lui,
sa bulle est dans la stratosphère. Et on l'a vu puis on a plusieurs exemples. D'abord,
son refus de reconnaître que les familles de la classe moyenne ont de la
difficulté à arriver puis qu'il faut baisser les impôts. On a vu aussi Philippe
Couillard minimiser le plus grand scandale immobilier de l'histoire du Québec.
On a vu aussi Philippe Couillard refuser de défendre l'identité québécoise,
même pas capable d'interdire les signes religieux pour les personnes en
autorité. Ça fait huit ans que le rapport Bouchard-Taylor sur les accommodements
religieux a été déposé, puis il n'y a toujours rien de réglé.
De son côté, le PQ est dans une bulle qui
tourne sur elle-même au gré de la pensée de son chef, hein? On a vu, dès qu'il
a été nommé chef, Jean-François Lisée, son premier geste, ça a été de dire :
Moi, je ne baisserai jamais les impôts. Il a essayé de faire une alliance avec
Québec solidaire. Ça, effectivement, ça vient garantir qu'il n'y aura jamais de
baisse d'impôts avec le PQ. Québec solidaire, évidemment, qui a une position
totalement opposée sur les questions identitaires, ça a amené Jean-François
Lisée d'abord à reculer vers QS puis ensuite avancer vers la CAQ. Donc, oui,
des gens qui sont dans une bulle. Encore hier, écoutez, cette semaine, Jean-François
Lisée a offert à Philippe Couillard de faire un débat télévisé sur la
souveraineté du Québec. La seule question qui reste, c'est : Est-ce que
les images vont être en noir et blanc?
Écoutez, nous, de notre côté, la CAQ va
continuer de se battre pour défendre les préoccupations des Québécois. Et
attendez-vous, en 2017, la CAQ va faire encore plus de propositions. On a été
constructifs depuis cinq ans, depuis notre naissance, mais attendez-vous, en
2017, il va y avoir plusieurs propositions qui vont être faites. Pourquoi?
Bien, parce qu'on est dans une année préélectorale. Parce qu'en 2018 il ne faut
pas juste battre les libéraux, il faut être capables de remplacer les libéraux
avec un programme complet. Donc, attendez-vous, préparez-vous à beaucoup de
propositions de la CAQ en 2017.
Donc, en 2017, on va continuer de marteler
nos deux thèmes, hein? Je pense que la CAQ, là, a vraiment trouvé son identité :
fierté et prospérité. Ça fait 40 ans qu'on a un parti qui prétend défendre
la fierté québécoise puis un autre parti qui prétend défendre la prospérité
puis qui opposent les deux. Bien, avec la CAQ, ça va être la fierté et la
prospérité.
Donc, on va continuer de se battre, entre
autres, et de faire des propositions en éducation. Oui, c'est important que
tous les enfants de quatre ans aient accès à la prématernelle s'ils le
choisissent, si les parents le choisissent. On voit, là, que Jean-François
Lisée, après avoir voté contre une motion pour la maternelle quatre ans pour
tout le monde, là il dit oui. Là, il redit : Non, non, non, il faut
défendre la structure des CPE avant de défendre les enfants. Puis dites-vous,
là, j'en ai un qui rue un peu dans les brancards, un grand derrière moi qui va
vous faire plusieurs autres propositions en éducation.
On va aussi multiplier les propositions en
économie. Vous avez vu, là, j'ai annoncé au congrès un grand projet, la Baie James
du XXIe siècle. Il va y avoir, là, à plusieurs étapes, des propositions
très concrètes sur ce projet-là. On va revenir aussi sur le Projet
Saint-Laurent, créer des zones d'innovation. Donc, beaucoup de propositions en
économie.
Puis évidemment, quand on parle
d'économie, il faut parler de l'angoisse financière des familles de la classe
moyenne. Donc, on va revenir à la charge, comme on le fait depuis plusieurs
mois, sur l'importance de donner de On va aussi continuer de se tenir
debout pour défendre l'identité québécoise. C'est important. Oui, à la CAQ, on
est les seuls à demander qu'il y ait des tests de français puis des tests de
valeurs pour les nouveaux arrivants. On est le seul parti qui fait ces
propositions puis on va continuer de défendre ces propositions.
En santé, François Paradis va continuer de
défendre nos aînés. Ça n'a pas de bon sens comment on traite nos aînés au
Québec. Et on va continuer de talonner le Dr Barrette, qui n'a pas réussi
à convaincre les médecins de famille de s'organiser en groupes de médecine
familiale avec des services de première ligne disponibles sept jours sur sept,
hein? Gaétan Barrette nous dit : Oui, oui, il y a maintenant plus de
patients inscrits. Écoutez, faites le test dans n'importe quel club de l'âge
d'or : Qui a accès à un médecin de famille la fin de semaine? Il n'y a pas
une main qui se lève. M. Barrette a échoué. On va faire des propositions.
C'est bien beau de payer, de bien payer les médecins, mais maintenant il faut
leur demander de prendre en charge la clientèle en première ligne. Donc, on va
continuer de faire des propositions aussi en santé.
En terminant, je veux vous dire que je
suis optimiste, confiant, hein? On a beaucoup progressé en 2016. Si on a la
même progression en 2017, on va être en voiture pour gagner en 2018. Et je
crois qu'en 2018 les Québécois vont être mûrs pour un changement. Puis la CAQ,
c'est le seul parti qui peut rassembler les nationalistes qui sont tannés de
voir les libéraux à genoux devant Ottawa puis les nationalistes qui ont fait
leur deuil du pays imaginaire du PQ. Donc, on va proposer des nouvelles idées,
on va proposer une nouvelle équipe, puis, moi, ma plus grande fierté, là, c'est
cette équipe. Écoutez, il y a, dans cette équipe, des gens, en 2014, qui
n'avaient aucune expérience politique, que vous ne connaissiez pas, donc qui
n'étaient pas proches des médias. Puis aujourd'hui, là, on peut dire : On
les a vus talonner les ministres libéraux, on les a vus faire des propositions
concrètes. Je vois des employés aussi de la CAQ. On a une belle équipe pour
supporter nos députés, qui sont partout.
Donc, je pense qu'aujourd'hui, là, on n'a
pas le choix que de dire que la CAQ a une équipe solide. Et, en 2017, mon
objectif, c'est de passer d'un mode opposition à un mode gouvernement en
attente.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. On va commencer la période de questions, en commençant par Sébastien
Bovet, Radio-Canada.
M. Bovet (Sébastien) :
Bonjour, M. Legault. Bonjour, mesdames, bonjour, messieurs. Enfin, vous
nous avez déjà dit, à un moment donné, en 2015, je pense, que vous devriez vous
mettre au yoga parce que l'année avait été difficile et l'année serait difficile.
Là, vous semblez léviter un peu, là. Être un gouvernement en attente, qu'est-ce
que ça veut dire concrètement, quand vous dites que vous voulez passer d'un
parti d'opposition à gouvernement en attente?
M. Legault
: Bien,
ça veut dire : dire exactement qu'est-ce qu'on veut changer en éducation,
qu'est-ce qu'on veut changer en santé, qu'est-ce qu'on veut changer en
économie, qu'est-ce qu'on veut faire pour vraiment défendre l'identité
québécoise. Donc, c'est d'être encore plus en mode proposition. On l'a fait. Je
pense qu'il n'y a personne qui peut accuser la CAQ de ne pas avoir été
constructive, mais on va l'être encore plus en 2017 pour être prêts à gouverner
en 2018
M. Bovet (Sébastien) :
Êtes-vous le Donald Trump du Québec? Et se faire poser cette question-là,
est-ce que c'est un compliment ou une insulte?
M. Legault
: Bien,
c'est une insulte. Écoutez, actuellement, on a une situation où on a vu un
certain dérapage, hein, dans plusieurs occasions aux États-Unis. Et je pense
que, si on veut éviter ce dérapage au Québec, c'est important de regarder le
problème en face, de regarder en face les inquiétudes des Québécois. Les
Québécois sont inquiets, comme à peu près partout dans le monde, aux États-Unis,
en France, regardez ce qui s'est passé avec le Brexit. On a besoin d'encadrer
pour mieux accueillir les nouveaux arrivants. Puis on est les seuls à dire :
Un, ça prend des tests de français puis des tests de valeurs pour tous les
nouveaux arrivants, il faut envoyer un signal fort que les personnes en
autorité, incluant les enseignants, ne doivent pas porter de signes religieux,
et on doit réduire le nombre d'immigrants pour mieux les intégrer à la société
québécoise, pour mieux s'assurer qu'on leur trouve un emploi, qu'on leur donne
des cours de français, qu'ils s'intègrent, puis qu'ils aient du plaisir, puis
qu'on vive ensemble. Actuellement, là, Philippe Couillard essaie de nier le
problème, m'accuse d'intolérance. On a besoin, si on veut éviter un dérapage à
la Donald Trump, d'encadrer l'immigration, d'encadrer l'intégration des
immigrants.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Alain Laforest, TVA.
M. Laforest (Alain) :
Mesdames, messieurs, M. Legault. Je veux poursuivre dans la voie de
Sébastien. Pourtant, à Drummondville, vous n'étiez pas vraiment insulté de vous
faire comparer à Donald Trump. Ça a changé, là?
M. Legault
: Non,
non, la réponse a toujours été la même. Un, d'abord, je l'ai dit à plusieurs
reprises : Si j'avais été américain, j'aurais voté pour Hillary Clinton.
Je crois que M. Trump a dérapé à plusieurs reprises, ça, je l'ai dit à
Drummondville, mais j'ai ajouté qu'il faut tirer des leçons. Si on veut éviter
ce genre de dérapage, il faut faire deux choses : un, il faut mieux
encadrer l'intégration des immigrants et...
M. Laforest (Alain) :
...
M. Legault
: Non,
non, mais je vous répète la même chose que j'ai dite à Drummondville...
M. Laforest (Alain) : ...
M. Legault
: Oui?
M. Laforest (Alain) :
Vous avez dit également : M. Trump veut aider la classe moyenne, et
ça, ça me rejoint.
M. Legault
:
Exact. Bon...
M. Laforest (Alain) :
Oui, non, plus maintenant?
M. Legault
: Bien,
c'était là où je voulais en venir avec ma deuxième partie de proposition. Si on
veut éviter le dérapage à la Donald Trump, un, il faut mieux intégrer les
immigrants, deux, il faut mieux comprendre que la classe moyenne est étouffée, actuellement,
étouffée, la classe moyenne n'arrive pas. Puis, quand je vois et Jean-François
Lisée et Philippe Couillard les regarder de haut puis de dire : Bien,
voyons donc, ce n'est pas important de baisser les impôts... Je m'excuse, là,
tant qu'on va avoir des politiciens qui font partie d'une certaine élite, qui
vont regarder de haut les Québécois de la classe moyenne, il va y avoir effectivement
des risques de dérapage.
M. Laforest (Alain) :
Sauf qu'actuellement l'économie est peut-être en train de donner raison à M. Couillard,
là. Les indicateurs sont au vert, il y a de la création d'emplois, actuellement,
au Québec. Il semble peut-être en voie d'atteindre son objectif de
250 000. Vous n'êtes pas d'accord avec ça?
M. Legault
: Non,
pas du tout, là, puis vous êtes en train, M. Laforest, de vous faire
fortement spinner par les libéraux. Moi, je m'excuse, là, mais 57e sur 61,
1,4 % seulement de croissance économique... Le problème, ce n'est pas le
nombre d'emplois, c'est la qualité des emplois. Au Québec, on manque
dramatiquement d'emplois à 20 $, 30 $, 40 $ de l'heure. Il
faudrait doubler les investissements des entreprises pour augmenter notre
productivité. Cette année, les investissements des entreprises n'ont pas
augmenté au Québec. Il faut les doubler. Donc, il n'y a pas personne qui va me
dire ici que l'économie du Québec va bien. Créer des emplois à 10 $ de
l'heure, là, moi, ce n'est pas mon objectif. Si c'est celui de Philippe
Couillard puis si lui prétend que ça, ça rend une économie en santé, là, on est
en parfait désaccord.
La Modératrice
: Merci.
Alexandre Robillard à LaPresse canadienne.
M. Robillard (Alexandre) :
Allo, M. Legault, comment ça va?
M. Legault
: Ça va
très bien.
M. Robillard (Alexandre) :
Excellent. M. Legault, ce matin, M. Lisée tirait un plaisir évident à
souligner à Samuel que, dans les projections de Bryan Breguet, sur la base des
résultats de l'élection partielle, la CAQ a zéro chance de former le prochain gouvernement.
Donc, j'aimerais ça vous entendre réagir à ça. Qu'est-ce que ça vous dit sur la
performance de la CAQ?
M. Legault
: Est-ce
qu'il y a quelqu'un qui croit qu'en prenant les résultats de Verdun, de deux
châteaux forts péquistes puis d'Arthabaska on peut être capables de faire des
projections? Est-ce qu'il y a quelqu'un qui croit ça, là? En tout cas, moi, je
ne le crois pas, là. Il ne peut pas voir à partir de quatre partielles.
Deuxièmement, ce qui est important à
retenir des partielles, quand il y a un taux de participation élevé, la CAQ est
à 44 % dans Arthabaska, puis le PQ est à 16 %, O.K.? Le problème
qu'on a vécu dans les trois autres comtés, c'est qu'il y a eu des très faibles
taux de participation. Pourquoi? Parce que les familles de la classe moyenne,
qui sont beaucoup ceux qui appuient, celles qui appuient la CAQ, bien, on l'a
vu en faisant du porte-à-porte, ils sont en train de donner le bain au petit,
ils sont en train de préparer le souper, ils arrivent de travailler. C'est plus
difficile, dans une élection partielle, de faire sortir notre vote. Mais, quand
on le fait sortir, bien, on a 44 % dans Arthabaska puis le PQ a 16 %.
Puis ça, c'est un comté francophone.
M. Robillard (Alexandre) :
Puis j'aimerais revenir sur votre affirmation, on en a parlé un petit peu cette
semaine, mais qui remonte à il y a presque un an, concernant les transfuges du
PQ.
M. Legault
: Oui.
M. Robillard (Alexandre) :
Non, mais c'est parce que vous sembliez certain qu'il y en aurait dans votre
équipe. Vous n'aviez pas fixé d'échéancier, mais, visiblement, après un an, ça
n'a toujours pas été le cas. Ça fait que je sais que vous attribuez ça au
changement de chef, mais en même temps ça aurait pu être un argument de plus
pour les députés péquistes de rejoindre la CAQ, où il y a peut-être une apparente
stabilité. Alors, j'aimerais savoir pourquoi...
M. Legault
: Non,
non, mais ce sont des...
M. Robillard (Alexandre) :
Comment vous expliquez qu'il n'y en ait pas encore après un an?
M. Legault
:
Écoutez, un, ce sont des discussions privées. Deux, quand on a nouveau chef, on
attend de voir si on va bien s'entendre avec son nouveau chef, si notre nouveau
chef va nous plaire dans ses propositions. Le PQ a changé deux fois de chef
depuis que je vous ai dit ça. Donc, on va laisser passer un petit peu le temps,
la lune de miel se terminer, la poussière retomber. On a encore des discussions
privées.
M. Robillard (Alexandre) :
Excellent. Puis, en 2012, votre parti souhaitait remplacer les libéraux. C'était
ça, la stratégie.
M. Legault
: 2012,
oui.
M. Robillard (Alexandre) :
La stratégie, c'était remplacer les libéraux. En 2014, c'était remplacer le PQ.
Actuellement, est-ce que vous pouvez nous dire... Bien, en tout cas, pour le
caucus à l'hôtel Montagnais, c'est ce que vous aviez dit, que votre but,
c'était de remplacer le PQ. Donc, j'aimerais ça savoir, maintenant, la CAQ,
elle veut remplacer quel parti?
M. Legault
: Bien,
la CAQ veut gouverner, donc on veut remplacer les deux vieux partis. Ça, c'est
clair, là. On voit que les libéraux ont mangé toute une volée aux élections
partielles. Donc, ça dépend. Quand il y a un nouveau chef au PQ, il y a une
lune de miel, ça devient comme plus notre adversaire, mais, quand la lune de
miel s'éteint, bien là, c'est plus les libéraux. Mais ce qu'on veut, c'est de
remplacer les deux vieux partis puis d'avoir enfin un changement au Québec. Les
Québécois veulent du changement, puis les seuls qui peuvent incarner le changement,
c'est l'équipe de la CAQ.
La Modératrice
: Régys
Caron, Le Journal de Québec.
M. Caron (Régys) :
Bonjour, M. Legault, bonjour aux députés qui vous accompagnent. Vous avez
évoqué des dérapages avec l'immigration, que vous craignez. À quel genre de
dérapages pensez-vous, M. Legault?
M. Legault
: Aux États-Unis?
M. Caron (Régys) : Non,
ici.
M. Legault
: Oui,
mais je vous parlais de Donald Trump, là, mais ce que je vous disais, par
contre... Par exemple, bon, bien, construire un mur, hein? Comme je le disais
au congrès, à part de construire un mur autour des libéraux contre la
corruption, là, je ne pense pas qu'il faille construire des murs au Québec.
Mettre certaines communautés, entre autres, les musulmans, comme si le problème
était chez tous les musulmans... Je pense qu'il faut effectivement éviter ce
genre de dérapages. Il faut dire : Bien, nous, il faut envoyer un signal
clair, là. Une personne qui veut venir habiter au Québec, qui nous dit :
Je ne crois pas à l'égalité hommes-femmes, bien, il faut envoyer un signal
clair, elle n'est pas bienvenue au Québec. Et actuellement, bien, Québec
solidaire pense que cette personne est bienvenue, et moi, j'ai un problème avec
ça.
M. Caron (Régys) : Si le
projet de loi n° 62 est adopté, y aurait-il des dérapages? Et, si oui,
quel genre?
M. Legault
: Bien,
il n'y a rien dans le projet de loi n° 62. Écoutez, là, on ne veut même
pas interdire les signes religieux pour les personnes en autorité, on veut
permettre un tchador pour les enseignantes. Non, il n'y a rien dans le projet
de loi n° 62. Mais moi, je pense que, de façon régulière, vous le voyez, à
tous les trois mois, six mois, il y a une crise d'accommodements non
raisonnables et on retombe dans le même débat. C'est pour ça qu'on a créé la
commission Bouchard-Taylor. Ce sont les libéraux qui n'ont pas agi suite au
rapport Bouchard-Taylor. Remarquez que le PQ n'a pas réussi à s'entendre avec
nous.
Je le répète, là, si le PQ avait pris,
lorsqu'il était au pouvoir, la même position que la CAQ, on aurait aujourd'hui
une réponse à Bouchard-Taylor. Mais, à l'époque, le PQ voulait aller beaucoup
plus loin que nous, entre autres, dans le monde de la santé. Puis aujourd'hui,
bien, on ne le sait pas, ça dépend des jours de Jean-François Lisée.
M. Caron (Régys) : Vous
dites que vous voulez faire des propositions avant 2018. Le premier ministre,
hier, ne se cachait même pas pour dire qu'il emprunte les idées de la CAQ.
Comment expliquez-vous que les électeurs aiment bien les idées de la CAQ mais
ne veulent pas voter pour la CAQ?
M. Legault
: Oui,
bien, ça dépend comment il les applique, hein? Je vous rappelle que la CAQ
avait proposé de faire un ménage dans la bureaucratie pour atteindre
l'équilibre budgétaire. Le gouvernement a fait le ménage, mais dans les services.
Il a coupé même dans les services aux enfants qui ont des difficultés
d'apprentissage. Il a coupé dans les services à nos aînés. Je veux dire, ça n'a
jamais été dans les propositions de la CAQ, donc il copie mal.
Souvent, il fait des discours... Pensez,
par exemple, à la Stratégie maritime. Allez vous promener à Contrecoeur, là. Il
n'y a rien qui a levé, hein, pour faire un pôle logistique bateau-train-camion
à Contrecoeur. Il est temps qu'on prenne le port de Montréal puis qu'on en
transfère une partie de l'autre côté. Bien là, il a copié le discours, mais il
ne se passe rien à Contrecoeur. Tu sais, c'est ça, c'est que Philippe
Couillard, il utilise en partie le discours de la CAQ, mais il ne sait pas…
C'est un gouvernement qui est usé, hein?
La moitié du Conseil des ministres est là depuis 2003, donc ça fait 13 ans.
On est dans une situation, là, où c'est le second début, le troisième début, le
quatrième début. Là, il nous dit qu'il va encore remanier. Écoutez, il nous
disait la même chose à la même date l'année passée. Écoutez, là, moi, je ne
crois pas à ça, là, qu'il va réussir à rebâtir avec du nouveau, avec la moitié
de ceux qui étaient là en 2003, là.
M. Caron (Régys) : Le
gouvernement parle de proroger la session. Quels projets de loi devraient être
passés à la trappe?
M. Legault
: Bien,
entre autres, 62, hein? Il n'y a rien dans le projet de loi n° 62 pour
défendre l'identité québécoise. On a besoin de changements en éducation, j'en
parlais hier. Imaginez-vous, on va continuer à faire des élections scolaires à
20 millions avec 5 % de taux de participation. En santé, le projet de
loi n° 20 de Gaétan Barrette, on a donné les clés aux syndicats jusqu'au
31 décembre 2017, puis M. Barrette est surpris qu'il ne se passe…
Puis là il est en train de nous dire qu'il va peut-être changer le projet de
loi n° 20. C'est de l'improvisation, là. On n'a pas de plan. Gouvernement
usé, usé, usé.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Martine Biron, Radio-Canada.
Mme Biron (Martine) :
Bonjour, MM., Mmes les députés, M. Legault. Je vais rebondir sur la
question de Régys : Quelle est votre réaction générale à l'idée d'une
prorogation de la session… bien, en fait, de l'Assemblée nationale?
M. Legault
: Bien,
ce n'est pas crédible. Ce n'est pas crédible de dire : Comme je l'ai fait
en janvier dernier, je vais encore remanier mon équipe puis essayer de
recommencer à nouveau. Écoutez, il nous disait, là, qu'il était pour voguer sur
les eaux tranquilles. C'est un échec, hein? C'est un constat d'échec. Donc, M. Couillard
nous dit : J'ai manqué mon coup, je recommence à zéro. Ça fait deux ans et
demi qu'il est là, combien de fois il va recommencer à zéro?
Mme Biron (Martine) :
Dans votre préambule, vous avez dit : On veut continuer à présenter de
nouvelles idées et une nouvelle équipe. Qu'est-ce que vous pourriez élaborer
sur la nouvelle équipe, un remaniement?
M. Legault
: Bien,
regardez, est-ce que vous pensez que cette équipe...
Mme Biron (Martine) :
...
M. Legault
: Bien,
écoutez, là, il y a du monde qui sont là depuis 2014, ça fait deux ans. Ce n'est
pas comme les vieux libéraux qui étaient là dans le temps de Jean Charest, là.
On a une nouvelle équipe. Vous ne la connaissiez pas, Mme Biron, cette
équipe-là il y a deux ans. Maintenant, j'en ai plusieurs d'entre vous, en
privé, qui me disent : Un tel, une telle, ils sont forts, ils sont
solides. Donc, on va continuer à les faire connaître.
Mme Biron (Martine) :
Est-ce que vous allez recruter? Est-ce que vous travaillez fort pour...
M. Legault
: Bien,
on va recruter pour 2018, absolument. Là, on a déjà une nouvelle acquisition
dans Arthabaska, mais on va effectivement recruter pour 2018, on a commencé.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Philippe-Vincent Foisy, Cogeco.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Je voudrais, juste au niveau bilan de la session, votre meilleur coup cette
année puis votre pire coup.
M. Legault
: Bien,
écoutez, c'est certain, là, que l'économie, pour moi, c'est important. Le
projet de la Baie James du XXIe siècle, là, moi, ça fait un an que j'y
travaille. Je pense qu'on a besoin d'un grand projet de société au Québec, et
je suis très fier de ce projet-là. Puis vous allez le voir, là, il est très concret,
il est très chiffré. Mauvais coup? Il n'y en a aucun qui me vient en tête.
Mme Roy
: Je suis
sûre qu'eux, ils ont des suggestions.
M. Legault
:
Avez-vous des suggestions?
Journaliste
: Le
burkini, non?
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Sinon, j'aimerais savoir aussi... Ce qu'on voit, surtout dans les partielles, c'est
qu'il y a une division du vote francophone qui risque de paralyser un peu et de
faire en sorte que le gouvernement va pouvoir filer tout droit à cause de cette
division du vote francophone. Est-ce qu'il y a moyen de vous entendre, d'avoir
une collaboration ou ça va être un affrontement jusqu'à ce que le meilleur des
deux gagne?
M. Legault
: Bon,
prenons le comté d'Arthabaska, presque 100 % francophone : CAQ,
44 %; PQ, 16 %. Donc, je ne vois pas une grosse polarisation, une
grosse division du vote francophone. Saint-Jérôme, le problème, taux de
participation très bas, on n'a pas réussi à faire sortir les jeunes familles
qui nous appuient. Et, bon, remarquez que c'est plus facile dans une générale
que dans une partielle parce qu'il y a un enjeu. Dans une partielle, les gens
sentent moins qu'il y a un enjeu, mais c'est un défi qu'on a. Moi, mon plus
grand adversaire, là, ce n'est pas le PQ, ce n'est pas le Parti libéral, c'est
le cynisme et c'est s'assurer que les gens aillent voter, surtout les jeunes
familles.
M. Foisy (Philippe-Vincent) :
Ça fait que PQ, CAQ, que le meilleur gagne, là, selon vous?
M. Legault
: Bien,
écoutez, PQ, CAQ, là, on ne peut pas avoir d'entente PQ-CAQ. Notre article 1
dit «notre projet est à l'intérieur du Canada», l'article 1 du PQ «on sort du
Canada», ce n'est pas conciliable.
La Modératrice
: Merci.
Mylène Crête, Radio-Canada.
Mme Crête (Mylène) :
Bonjour, j'ai envie de vous poser un peu la question que Régys vous a posée
mais un peu différemment. Avec la prorogation, quels projets de loi, selon
vous, devraient être rappelés?
M. Legault
: Bien,
rappelés... Écoutez, moi, je ne suis pas impressionné, là, par les projets de
loi qui ont été déposés. Il n'y en avait pas beaucoup, hein? Je n'ai jamais vu
une session intensive aussi peu intensive que ce qu'on vit actuellement. Ça
fait, quoi, une quinzaine d'années, là, que je suis en politique, je n'ai pas
vu ça.
Moi, je pense que... Revenons aux
priorités. Qu'est-ce qu'on fait en éducation, à part de changer de ministre de
l'Éducation? Qu'est-ce qu'on fait en santé, hein? Est-ce que ça va mieux en
santé depuis deux ans et demi, depuis que le Dr Barrette est là? En
économie, on n'arrive pas à créer des emplois de qualité, on n'arrive pas à
aller chercher des investissements des entreprises pour augmenter notre
productivité. En identité, c'est le vide total. Le projet de loi n° 62,
là, c'est le vide total, ça ne règle rien. 80 % des Québécois ne sont pas
d'accord avec le projet de loi n° 62. Donc, il va falloir qu'il commence à
avoir un plan. Ce n'est pas une question, là... Les projets de loi, on peut
tous les mettre à la poubelle, il n'y a à peu près pas grand-chose de bon.
Mme Crête (Mylène) : Du
tout, du tout?
M. Legault
: Oui.
Mme Crête (Mylène) : Bon.
Et, sur le projet de loi n° 62? Ça serait quand même une énième fois, là,
qu'une tentative de légiférer, là, les signes religieux échoue.
M. Legault
: Oui.
Bien, ce qui me choque, là, c'est que... La CAQ a toujours eu la même position,
interdire les signes religieux pour les personnes en autorité, incluant les
enseignants. Bernard Drainville avait cette position-là, mais ajoutait les
médecins puis les employés, donc il allait plus loin que nous autres. Donc,
s'il avait accepté la position de la CAQ, on était, ensemble, majoritaires. Ça
aurait pu être réglé s'il n'y avait pas fait de la petite politique, là, avec
Mme Marois.
Aujourd'hui, bien, Lisée, pendant la
campagne électorale, disait : Les personnes en autorité, mais les
enseignants, on va faire un comité, parce que, ça, il voulait faire des mamours
à Québec solidaire. Là, il a vu que ses gens n'étaient pas d'accord avec ça,
donc il a pris la position de la CAQ. Bon, nous, on a toujours été au même
endroit. Mais le PQ, c'est soit trop soit pas assez. Puis le Parti libéral,
bien, c'est rien, tu sais, rien.
La Modératrice
: Merci,
Véronique Prince, TVA.
Mme Prince (Véronique) :
Bonjour, tout le monde. Si vous considérez que M. Couillard n'est pas le
sauveur du Québec, est-ce que la CAQ peut sauver le Québec?
M. Legault
: Bien,
écoutez, hein, je ne voudrais pas avoir l'air prétentieux, là, mais je pense
qu'on a l'équipe pour faire des changements au Québec, hein? Ça fait 40 ans,
au Québec, qu'on a les deux mêmes vieux partis qui nous ont amenés à la situation
actuelle, où on a un réseau de l'éducation qui ne fonctionne pas bien, un
réseau de la santé qui ne fonctionne pas bien, on a une économie qui ne
performe pas bien, 57e sur 61 États, là. Je m'excuse, moi je ne suis pas
fier de ça, 10 milliards de péréquation par année du reste du Canada parce
qu'on est plus pauvres que le reste du Canada. Donc, les résultats ne sont pas
là. Au point de vue identitaire, il y a une inquiétude de la population à
l'égard de l'intégration des immigrants.
Donc, les deux vieux partis ont été
essayés. Donc, il reste juste la CAQ à essayer. Puis moi, je pense que, oui, on
pourrait relancer le Québec. Moi, je vois grand pour le Québec. Puis vous allez
le voir en 2017, là, il n'y aura pas juste la Baie James du XXIe siècle
puis le Projet Saint-Laurent, on va ajouter... Moi, j'ai hâte, hein? Je suis de
l'époque de l'Expo 67, puis des grands projets à Montréal et puis partout
au Québec. On est rendus là. Moi, je veux qu'on voie grand, je veux qu'on ait
de l'ambition pour le Québec.
Mme Prince (Véronique) :
Mais allez-vous jusqu'à dire que vous pouvez sauver le Québec ou c'est un terme
que vous cherchez à éviter?
M. Legault
: Écoutez,
je n'aime pas ce mot-là. Moi, je pense que c'était une erreur de la part de Philippe
Couillard de prétendre ça. Mais changer le Québec, oui, je pense que la CAQ
peut changer le Québec.
Mme Prince (Véronique) :
Si je ne me trompe pas, ça va faire cinq ans, je pense, que la Coalition
avenir...
M. Legault
: Oui.
Mme Prince (Véronique) :
Ça fait cinq ans que la... bon. Vous avez redéfini, au fil du temps, certaines
de vos positions, identitaire, nationalisme, et tout ça. Je voudrais savoir, à
cette date-ci, vous vous situez où exactement sur le spectre politique. Est-ce
que vous vous considérez comme un parti de centre-droite, centre-gauche? Vous
êtes où?
M. Legault
: Bon,
quand on lancé la CAQ, hein, rappelez-vous, au tout début, là, la journée un,
quatre documents qui ont été déposés puis qui ont été discutés dans une tournée
du Québec : l'économie, c'est toujours une priorité; l'éducation, c'est toujours
une priorité; la santé, hein, donner un médecin de famille disponible sept
jours sur sept — même Gaétan Barrette a déjà été d'accord avec ça
quand il était avec nous — puis défendre notre identité, être
nationaliste, le Québec d'abord, à l'intérieur du Canada.
Moi, je n'aime pas les étiquettes
«gauche», «droite». Moi, je suis quelqu'un de pragmatique. Donc, investir en éducation,
selon la définition usuelle, c'est à gauche. Il n'y a pas un parti qui a
proposé plus d'investissements en éducation que la CAQ. Allez relire les
programmes de 2012 et de 2014 de tous les partis politiques, vous allez voir,
les propositions qui étaient les plus ambitieuses avec le plus de ressources en
éducation, c'était la CAQ. Ça, c'est à gauche.
L'économie, s'assurer qu'on attire plus d'investissements
des entreprises, ça, c'est vu habituellement comme étant à droite. Donc, on
fait-u une moyenne puis on dit qu'on est au centre ou ça dépend des dossiers?
Moi, j'aime mieux dire qu'on est pragmatiques, pragmatiques.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Simon Boivin, Le Soleil.
M. Boivin (Simon) :
Bonjour, bonjour. Lorsqu'il y a des élections, on dit souvent que la Coalition
avenir Québec n'a pas la même machine que le Parti québécois ou que la machine
libérale. Ça fait cinq ans que vous existez. Est-ce que, d'ici 2018, vous n'avez
pas beaucoup d'efforts à mettre dans la solidification de votre base
organisationnelle et militante?
M. Legault
: Absolument.
J'en discutais encore, pas plus tard qu'hier, avec Brigitte Legault, notre directrice
générale. Un des plus grands défis qu'on a d'ici 2018, c'est d'être capable d'avoir
une machine, dans tous les comtés, qui est capable de compétitionner avec le
PQ, qui existe depuis plus de 40 ans, puis avec le Parti libéral, qui
existe depuis 100 ans. Écoutez, on ne se contera pas d'histoires là aussi,
le Parti libéral a des millions de dollars qui sont utilisés pour payer du
monde pour travailler dans les comtés, ils ont 70 bureaux de comté au
service des élections partielles. Nous, on a 21 comtés, donc on n'a pas
une machine, pour l'instant, qui est aussi forte dans chacun des comtés. Par
contre, je vous rappelle, Arthabaska, 44 % d'appuis. Je pense que, là, on
n'a rien à envier à personne.
M. Boivin (Simon) :
C'est quoi, votre plan pour avoir, justement, une machine compétitive en 2018?
M. Legault
: Ah
bien, on a des organisateurs. On s'est séparé les comtés du Québec entre les
différents organisateurs. On recrute… nous, on appelle ça des CAL, des comités
d'action locale, donc d'avoir un bon nombre de bénévoles dans chacun des comtés
et même, si on est capables, commencer tout de suite à faire du
pointage — ce n'est pas simple aujourd'hui parce qu'il y en a beaucoup
qui ont un cellulaire — donc d'avoir des numéros de téléphone, de
s'assurer qu'on appelle notre monde lors du BVA. On le voit, là, si vous
regardez les résultats en 2014, s'il n'y avait pas eu le BVA, là, il y a
plusieurs comtés qu'on aurait gagnés parce qu'au jour J on a gagné dans
des comtés, mais au BVA, bien, il y a des partis, comme le Parti libéral, ils
vont chercher par la main tous leurs sympathisants pour les faire voter. Bien,
il faut avoir une bonne machine dans tous les comtés du Québec. Ça, c'est mon
défi, puis je suis confiant qu'on va y arriver pour le mois d'octobre 2018.
M. Boivin (Simon) : Puis
un petit clin d'oeil à votre dernier bilan de fin de session. Est-ce que vous
avez dit à Mme Brais qu'elle pouvait garder espoir d'habiter l'édifice
Price, de continuer son plan de décoration?
M. Legault
:
D'abord, c'était une blague, c'était une blague. Mais, écoutez, il faut avoir
de l'ambition, hein? Si on ne se voit pas au gouvernement le 1er octobre,
on n'y arrivera pas, hein? Donc, oui, je pense qu'on se prépare à être au
gouvernement le 1er octobre et donc à occuper l'édifice Price.
La Modératrice
: Merci.
Martin Croteau, LaPresse.
M. Croteau (Martin) :
Bonjour à tous. Bonjour, M. Legault. Je comprends que vous vous déclarez
globalement insatisfait de l'action du gouvernement. Mais, à l'approche d'un
remaniement ministériel, est-ce qu'il y a peut-être deux ou trois endroits
critiques où vous souhaiteriez voir le ministre partir à tout prix? Qui sont
ces trois, quatre ministres ou deux, trois ministres, et pourquoi
souhaitez-vous qu'ils quittent leur poste?
M. Legault
: Bon,
bien, regardez, là, hein, allons-y avec les trois priorités que le premier
ministre se donne lui-même, hein? Il nous a annoncé, là, via son spin hier, qu'il
avait trois priorités. Bon, l'éducation, je ne pense pas qu'on devrait changer
le ministre, là, parce qu'il faut avoir un petit peu de continuité, là. Ça n'a
pas de bons sens de changer, à chaque année, de ministre de l'Éducation, ce
n'est pas bon, là, puis il y a des commissions scolaires qui en profitent pour
avoir des «power trips» et puis de dire : On va se concentrer sur réussir
des examens plutôt que de former des jeunes.
Santé. Est-ce que M. Couillard est
capable de tasser Gaétan Barrette, hein? Bonne question, hein? Parce que, là,
on a trois médecins, avec M. Iglesias, là. Mais ça ne va pas bien dans le
réseau de la santé. Tout le monde est fâché, ça ne va bien. M. Barrette,
là, n'a pas une approche de relations humaines très bonne. Mais qui pourrait le
remplacer? Grosse question.
M. Croteau (Martin) :
Bien, c'est ça, la question : Qui doit être dégommé, là?
M. Legault
: Oui.
Bien, écoutez, mais là je vous dis les trois ministres importants, là, les
trois priorités importantes.
L'autre priorité, il dit que c'est
l'économie. Ça fait que l'économie, c'est les Finances puis c'est le ministère
de l'Économie. Là, on a deux personnes un peu théoriques, hein, qui n'ont
jamais conclu puis négocié un deal avec une entreprise ni un ni l'autre, qui
n'ont pas l'air de se préoccuper qu'il n'y a aucune augmentation des investissements
des entreprises, qui ne savent pas trop quoi faire avec Investissement Québec.
Mais qui pour les remplacer? C'est ça, le problème, là, qui peut remplacer ces
deux ministres-là? C'est ça.
Mais les ministères clés, là, selon les
priorités du premier ministre, santé, éducation, économie, qui peut remplacer
ces personnes-là? On voit que c'est une équipe usée qu'on a, une équipe usée.
Il a presque essayé tout le monde, là. Il est rendu à son combientième
remaniement? On ne peut pas mettre Pierre Moreau à tous les ministères.
M. Croteau (Martin) : Il
y a eu des partielles cette année. Vous terminez l'année avec... Bon, vous avez
repris Arthabaska, là, qui n'était peut-être pas... Mais, bon, c'était un comté
que vous aviez gagné en 2014. Donc, vous terminez l'année à peu près avec le
même score que vous aviez en début d'année, malgré ce que vous dites, là, qu'on
a découvert votre équipe, tout ça. Est-ce que vous aussi, vous sentez le besoin
de marquer une rupture entre 2016 et 2017 pour relancer votre action politique
l'année prochaine?
M. Legault
: Non.
Ce que je souhaite, là, hein, puis ça, c'est mon souhait pour les deux
prochaines années, là, puis je vais allumer des lampions, là, c'est que le PQ
garde Jean-François Lisée pendant deux ans. Parce que c'est sûr que de changer
à tous les ans, puis qu'il ait une lune de miel qui dure six à 12 mois,
là, ce n'est pas facile, hein? Donc, j'ai un souhait : Que le PQ garde
Jean-François Lisée deux ans.
M. Croteau (Martin) :
Pourquoi, exactement?
M. Legault
: Bien,
parce qu'une lune de miel — je l'ai vu, quand j'ai été nommé chef de
la CAQ, j'étais à 50 % dans les sondages — c'est qu'il y a une
lune de miel, il y a un intérêt, il y a une présence médiatique. Écoutez,
faites le décompte, là, de la présence médiatique — M. Laforest
va vous faire une bonne question, là — faites un décompte de la
présence médiatique du PQ en 2016, là, vous allez voir que le PQ, avec sa
course au leadership puis l'arrivée de Jean-François Lisée, là, a eu toute une
présence médiatique. Je n'accuse pas personne, c'est normal. Mais l'autre année
avant, c'était Pierre Karl Péladeau. Bien, j'espère que l'année prochaine il n'y
aura pas un nouveau chef au PQ puis qu'on n'aura pas des débats, là. Je sais
qu'il y en a qui ne dorment plus avec la course au leadership au Bloc, là, mais
j'espère qu'il n'y aura pas d'autres courses au leadership au PQ en 2017 puis
en 2018.
La Modératrice
: Merci.
Marco Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oui, bonjour à tous. M. Legault, que pourrait faire le gouvernement
libéral pour se redonner une virginité auprès de l'électorat?
M. Legault
: Bien,
si vous parlez de virginité corruptionnelle, là, il faudrait commencer par être
plus pur que pur. Tu sais, je reviens aux deux rapports qui ont été déposés
cette semaine, là, Commissaire au lobbyisme, Commissaire à l'éthique, ce n'est
pas juste des lois, c'est une question de jugement, hein? De donner des
millions de dollars de subvention à un ami, là — tu sais, puis quand
on dit «ami», là, quand tu es le parrain du fils de l'autre, là, c'est pas mal
ami, ça, là — il ne devrait pas faire ça parce qu'au-delà de : Est-ce
qu'il y a un conflit d'intérêts?, c'est : Y a-t-il apparence de conflit
d'intérêts?
Donc, M. Couillard devrait être plus
pur que pur. Écoutez, il nomme Pietro Perrino, mais là il disait : Je ne
savais pas ça, moi, qu'il avait travaillé avec M. Vaillancourt. Je ne sais
pas, il me semble, quand on regarde pour embaucher quelqu'un, on s'informe un
petit peu sur avec qui il a travaillé.
Regardez comment il a minimisé le pire
scandale de l'histoire du Québec en immobilier, hein : Ce n'est pas trop
grave, on attend le rapport de la police, on va donner un mandat à la
Vérificatrice générale. Hé! il faut gérer, là. Actuellement, on loue des
immeubles à M. Gantcheff, des immeubles où on a la confirmation qu'il y a
eu un scandale puis qu'il y a eu des commissions de versées à l'étranger, puis
lui, il dit : Ce n'est pas grave, ça, on va attendre la police. On va
attendre la police puis la Vérificatrice générale combien d'années?
C'est ça, si M. Couillard veut se
redonner une virginité, bien, il va falloir qu'il s'aide un peu. Parce que, là,
il a bien beau dire : Ce n'est pas moi, c'est Jean Charest, mais Pietro
Perrino, c'est lui; le contrat qui a été revu puis allongé de 10 ans avec
M. Gantcheff, c'est lui. Donc, il poursuit dans la même direction que Jean
Charest, mais il nous dit : Ah! j'ai sauvé le Québec; vous savez, Jean
Charest a doublé la dette du Québec, puis moi, je l'ai sauvé par rapport à Jean
Charest. Je ne sais pas, il me semble que ça ne doit pas être bien beau, l'ambiance
au caucus du Parti libéral, là, parce qu'il y en a la moitié qui viennent de
l'ère Charest.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous proposiez et répétiez, durant la dernière campagne électorale, votre
souhait, votre volonté de faire un grand ménage. Maintenant que le gouvernement
du Québec allonge des surplus de plusieurs dizaines, une dizaine de millions de
dollars, est-ce que ce ménage-là a été fait?
M. Legault
: Je
vais vous prendre à témoin parce que je sais que vous avez été là pendant toute
la campagne. J'ai fait tous mes points de presse avec deux documents. Un
document pour réduire les dépenses de bureaucratie, O.K.? On n'a pas vraiment
réduit les dépenses de bureaucratie. On a coupé, dans les services, de l'argent
qu'on est en train de remettre. Donc, on a mal fait le ménage dans les
dépenses.
Mais j'avais un autre document dans la
main droite, mon livre sur le Projet Saint-Laurent, pour créer de la richesse.
M. Couillard n'a rien fait pour créer de la richesse. L'écart de richesse,
aujourd'hui, du Québec avec ses voisins a grandi. Donc, qu'il n'y a pas
personne qui vienne me dire que l'économie du Québec va bien. L'écart de
richesse du Québec avec ses voisins est plus grand aujourd'hui qu'il y a deux
ans et demi.
Donc, oui, il faut créer de la richesse.
Comment on crée de la richesse? Investir en éducation, attirer des
investissements des entreprises, garder nos sièges sociaux, réduire les impôts
pour que les consommateurs consomment. Ça prend un plan. M. Couillard n'a
pas de plan pour créer de la richesse. Donc, il a mal fait le ménage dans les
dépenses puis il n'a pas de plan pour créer de la richesse.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une dernière question : Est-ce que le scrutin de 2018, en fait, c'est les
élections de la dernière chance pour vous?
M. Legault
: Moi,
je pense que 2018, ça va être historique, historique parce que, depuis 40 ans — en
fait, ça va faire, je pense, 44 ans — il y a une alternance
PQ-Parti libéral, puis toutes les élections ont une, comme on dit en anglais,
«ballot question» : Est-ce que je suis souverainiste ou non? Moi, je suis
convaincu, en 2018, ça va être historique, ça va être la première élection qui
va porter sur l'économie, sur l'éducation, sur la santé, sur l'identité, même
si M. Couillard dit que ce n'est pas important. Et j'ai confiance que ça
va marquer une rupture, puis une relance, puis — on pourrait sortir
des gros mots, là — une deuxième Révolution tranquille, là, mais moi,
je pense, une bouffée d'air pour qu'on recommence à voir grand puis qu'on
arrête de se chicaner sur un seul sujet.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Mais, si vous ne gagnez pas en 2018…
M. Legault
: Moi,
j'ai déjà dit que je vais rester.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Ah oui?
M. Legault
: Dans
tous les scénarios, je vais rester.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Même dans l'opposition, encore dans l'opposition?
M. Legault
: Bien
oui. Écoutez, là, moi, j'y crois. Je fais ça pour mes deux gars de 22, 24 ans,
donc je leur dois ça.
La Modératrice
: Merci.
On va passer aux questions en anglais. Maya Johnson, CTV.
Mme Johnson (Maya) : Good morning, Mr. Legault. Good morning, everyone. What will
be the ballot question, then, in 2018 if it's not, as you say, for the first
time in 40 years, about whether or not there will be a
referendum?
M. Legault
:OK. First, over the
course of the last parliamentary session, we've shown that the team that stands
closest to the people and the concerns of Quebeckers is the CAQ. When Philippe Couillard claims that he is the savior of Québec, we understand that he is daydreaming. And the Liberal leader has
shown again and again how distant he can be from the real concerns of Quebeckers. And I give you an example :
The ongoing denial to consider the financial anxiety suffered by families while
the Government refuses to lower taxes. Philippe
Couillard tried also to minimize the biggest real estate scandal in the history
of Québec. That's something. So, the CAQ will continue to fight for Quebeckers
and what concerns them.
And in 2017 the CAQ will
table an increased number of constructive proposals because, in the following
year, in 2018, not only we have to defeat the Liberals, but we need also to
replace them. So, we have, in fact, two major priorities : prosperity and
proudness, and for the last 40 years, we opposed them. We have to put them together.
Mme Johnson (Maya) : So, is that to say that the economy and identity will be the
ballot-box questions?
M. Legault
: We'll have many, many proposals in economy. We already talked about
the Baie James, we already
talked about the Saint Lawrence
Project, we proposed to decrease income taxes. Of course, the economy will be
important. And, related to the economy, I think we can add the education,
because to enrich the Quebeckers,
we need to invest more in education.
So, I think, of course,
the economy will be a major priority, but also we have to be proud to be Quebeckers, so I disagree with Mr. Couillard, who doesn't want to answer
the anxiety of Quebeckers
regarding values.
Mme Johnson (Maya) : And, speaking of values, I just wanted to pick up on what Sébastien
and Alain were asking you earlier, because I was wondering the same thing, how
you feel about these comparisons with Donald Trump. You said earlier that you consider
it an insult to be compared to Donald Trump, but, after he was elected, you
seemed to be able to relate to his approach and suggested he was on to
something when he was talking about this issue with the elites and needing to
defend the middle class. So, there seems to be a bit of a contradiction there.
M. Legault
: OK. You were there, I remember you were there, I said two
sentences. First one is that I think Mr. Trump went a lot too far very
often. But we have to take some lessons of what happened, not only in the United States but we can talk about the
Brexit or what's happening in Germany, in France. People worry about
integration of immigrants, and we have to offer them something.
Second, people, right
now, at the end of the month, they cannot pay all the bills, and they need that
we decrease income taxes. And both Philippe Couillard and Jean-François Lisée, they think it's not a priority to decrease income taxes. It was
the same in the United States,
like an elite group who was trying to define priorities instead of the
population. People worry about their financial situation and they worry about integration of immigrants. So, I think we have
to answer that.
Mme Johnson (Maya) : So, for someone to compare you to Donald Trump, it's an insult?
La Modératrice
: Merci. Il va falloir accélérer un peu.
M. Legault
: It's an insult because I don't think I went as far as saying that I
will build a wall, that we'll put all the Muslims in the same... I never said
things like that, I said : We have to put some rules in order to have a better
integration of immigrants. So, I think you cannot compare with Donald Trump,
but, if we don't want to have somebody like Donald Trump, we should not do what
Mr. Couillard is doing,
which is to put all that under the carpet.
La Modératrice
:Merci beaucoup.
Ryan Hicks, CBC.
M. Hicks (Ryan) : Hello. We're hearing that the Premier is going to prorogue the
National Assembly, that there's going to be another cabinet shuffle. To the
average person, that might seem all abstract, but what kind of message does it
send to you politically?
M. Legault
: That he has no credibility because how many times you can restart?
He said exactly the same, last January, that he's starting again on quiet
water, hein, you remember. So, he doesn't have any credibility because it's the
same theme. Half of his Ministers are Ministers coming from the Charest Government, so they are a government since 2003. It's a very used government, a government with no new ideas.
M. Hicks (Ryan) : Is the CAQ going to support the Government's nomination for the president of the Human Rights Commission, and
why or why not?
M. Legault
: Où est mon ami Simon? Tu veux-tu répondre à ça?
M. Jolin-Barrette : Hi. We are still in discussion with the Liberal
Party, and the discussion will continue, and we'll give
them an answer in a few days.
M. Hicks (Ryan) : And so what are your concerns? The Parti
québécois says that they are going to support her. What
are the issues for your party?
M. Jolin-Barrette : There are still some discussions, private discussions between the Liberal Party and the CAQ. And I think that
that kind of discussion has to be between the two parties. And before to have
somebody appointed, we have to have some discussions between the two parties to
have the consensus.
M. Hicks (Ryan) : …when the session is going to be over. They need to appoint someone
and the session is going to be over today. So, if you give them your answer in
a few days, won't that be a little late?
M. Jolin-Barrette : We are going to be back in February, so we still have the time.
Now, there is an interim president that is doing the job. And I think that we
need to have a consensus with the Liberal Party, and they have to show good faith in that, the Liberal Party. So, we're still in discussion
with them.
La Modératrice
: Merci. Raquel Fletcher, Global.
Mme Fletcher (Raquel) : Good morning, Mr. Legault. You said that the Couillard Government wants to accuse the CAQ over and
over of intolerance, but I don't think that that quite describes some of the
things that they've been saying about your party. In exclusive interviews with Global
News, Minister Leitão said that he has heard the
word «virus», in terms of immigrants and that he's heard your party say things
like : Immigrants threaten Québec values. Mme Weil, the Immigration
Minister, said that, since the American election, the CAQ has decided to go
hard on identity issues and that's unfortunate. So, Mr. Legault, do you
think that immigrants are a threat to Québec values?
M. Legault
:
Not at all. And, in fact, what we would like to see is more money per immigrant
to make sure that we help them having recognition of diplomas, making sure to
find a job in line with their training. And I think, right now,
Mr. Couillard makes a bad call to ignore this worry of the population. And
I think, if we want to have a better integration, and we are… I think Quebeckers, they welcome immigrants and they will continue to do so. But, in
order that it continues, we have to put some rules. And people who don't have
same values than us, we have to send them a message, and I think it's important.
And it's not the only
place in the world where we have this discussion. Everywhere in Europe, in United States, we have this kind of
discussion. And, personally, I think it's better to put rules if we want to
have a better welcome, a better integration of immigrants. And I think that
those big words used by Mr. Couillard and Mr. Leitão, they show that they are desperate.
But our position represents what 80% of Quebeckers, at least, want to see. So, Mr. Couillard is not listening to
the population. He's too far,
he's in a kind of bubble. He's not close to concerns of Quebeckers.
La Modératrice
:
Merci beaucoup. Il va falloir se rendre à la période de questions. À moins que
ce soit rapide.
Mme Fletcher (Raquel) : One more question about the chador, because your party has come out
strong against the chador in schools. You continue to defend this position, however
we know that there are very few teachers, maybe no teachers, currently in Québec
who actually wear the chador. What do you say about that?
M. Legault
:
Yes, our position is clear and it's the position of Bouchard-Taylor, hein?
Mr. Charles Taylor and Gérard Bouchard, are they racist? What they suggest
is that people in authority must not wear religious signs. We add, to this,
teachers. But Mr. Bouchard, Mr. Taylor said that judges, policemen or
women and security guards, they must not wear religious signs, so chador,
hijab, kippa, whatever. I think we have to show neutrality of the authority in
order to be fair with people you have in front of you.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
M. Legault
:
Merci, tout le monde. Merci, tout le monde.
(Fin à 9 h 57)