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Conférence de presse de Mme Monique Gagnon-Tremblay, ministre des Relations internationales et ministre responsable de la Francophonie

Entente France-Québec sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles

Version finale

Le vendredi 17 octobre 2008, 10 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Début)


Mme Gagnon-Tremblay: Écoutez, je remercie notre négociateur, Me Gil Rémillard, et Mme Hélène Latouche, qui est sous-ministre adjointe au ministère des Relations internationales et qui a dirigé ce projet au sein de mon ministère. Je veux également remercier, M. Yves Doutriaux, qui est le négociateur adjoint pour la partie française, dont nous avons vivement apprécié la qualité et l'efficacité de son travail.
Il y a plus d'un an, quand le premier ministre m'a confié le mandat de conclure avec la France une entente sur la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles, il a tenu à me spécifier qu'il voulait une entente concrète, qui s'applique de façon effective, et ce, le plus rapidement possible. Et c'est ce qui a guidé nos travaux depuis le tout début, du début jusqu'à la fin.
L'entente historique que le premier ministre Charest signera tout à l'heure avec le président Sarkozy est une entente bilatérale entre la France et le Québec qui vient faciliter et accélérer très concrètement la reconnaissance des qualifications professionnelles.
Dans un contexte de concurrence mondiale élevée, le Québec se doit d'accroître la compétitivité de ses entreprises en facilitant et en accélérant le recrutement de travailleurs qualifiés lorsque le besoin se fait sentir. Et, au cours de la période 2007-2011, près de 700 000 postes seront à pourvoir au Québec. La croissance économique devrait engendrer 246 000 nouveaux emplois, et 450 000 postes seront disponibles à la suite de départs à la retraite.
Parmi ces 700 000 postes, plusieurs exigeront une formation spécialisée. Les secteurs qui enregistreront la plus forte croissance de l'emploi sont notamment la santé et les services sociaux, le commerce au détail, les services professionnels, scientifiques et techniques, les finances, les assurances, l'immobilier et la location. L'industrie de la construction prévoit à elle seule un besoin annuel de 14 000 nouveaux travailleurs d'ici 2012.
Actuellement, près du quart des emplois, au Québec, c'est-à-dire 1 million sur 3,7 millions, exigent une qualification particulière, et, de ce nombre, 700 000 font l'objet d'une règlementation spécifique qui en régit l'accès. À tout ceci, s'ajouteront les difficultés d'ajustement du marché du travail causées par une baisse de la population active.
Pourquoi une entente avec la France? Bien, le Québec et la France entretiennent une relation politique directe et privilégiée depuis plusieurs années. Le partage d'une langue et de valeurs communes facilite les échanges à tous les niveaux et a constitué un facteur important dans la capacité de conclure une entente sur la reconnaissance des qualifications professionnelles.
La France est l'un des principaux investisseurs étrangers au Québec. Il y a plus de 300 entreprises françaises implantées au Québec, soit environ 75 % des entreprises françaises établies au Canada. Je vous donne l'exemple d'Alstom Transport, AXA Assurances, Lafarge Matériaux de construction, Sodexho Alimentation, L'Oréal Cosmétiques et Ubisoft Jeux vidéo.
Je me dois de souligner que le Québec est le premier partenaire de la France au Canada, autant sur le plan des exportations que des importations. Le marché québécois constitue donc un débouché important pour les secteurs de pointe français, notamment l'industrie aérospatiale et les produits pharmaceutiques.
Cette entente revêt donc un caractère novateur et constitue une étape importante dans les relations entre le Québec et la France. L'entente permettra notamment aux candidats d'entrer plus rapidement en emploi au lieu de retourner aux études, comme c'est le cas actuellement, elle réduira considérablement les conditions requises pour la reconnaissance des qualifications, puisqu'il sera possible de bénéficier d'une reconnaissance automatique lorsque, bien sûr, le champ de pratique et le diplôme seront jugés globalement équivalents.
S'il y avait des différences substantielles soit dans la formation soit dans le champ de pratique, les mesures de compensation exigées seront limitées à un stage, accompagné au besoin d'une épreuve d'aptitudes. Une formation d'appoint pourra être requise lorsque la santé et la sécurité du public l'exigent. Par ailleurs, le nombre d'années d'expérience professionnelle pourrait combler la différence dans la formation.
On estime que ceci devrait réduire au moins de 50 % à 80 % le délai requis pour obtenir son permis d'exercice ou son certificat de compétence. Ainsi, au lieu que chaque demande d'accès à la profession soit évaluée au cas par cas, le candidat pourra connaître avant de partir les conditions et délais d'accès à tel métier ou telle profession, puisque les conditions propres à chaque métier et à chaque profession seront consignées dans les arrangements conclus entre les organismes responsables de la qualification en France et au Québec. Et, pour ce faire, l'entente donne mandat aux organismes de réglementation de la France et du Québec d'appliquer une procédure commune qui vient accélérer la reconnaissance des qualifications professionnelles et leur demande de fixer par arrangement les conditions de cette reconnaissance.
Nous avons donc travaillé étroitement avec nos organismes de réglementation respectifs, qui, contrairement aux idées reçues, ont fait preuve d'ouverture et d'engagement pour atteindre les objectifs visés. Aussi, je suis très fière de vous informer que les représentants de plus d'une vingtaine de professions et de métiers ont amorcé leurs travaux et qu'ils sont en mesure aujourd'hui de s'engager par écrit à conclure leur arrangement de reconnaissance mutuelle au cours des prochains mois. Alors, vous avez la liste déjà dans votre pochette de presse. Nous croyons également que toutes les professions et tous les métiers visés par l'entente, soit plus d'une centaine, auront complété leurs travaux d'ici deux ans, de sorte que de nombreux arrangements seront progressivement signés au cours de cette période.
Donc, en conclusion, vous comprendrez que, pour nous, il s'agit d'une entente historique, dont je suis très fière. Je veux remercier tous les gens qui ont travaillé ardemment sur cette entente. Et non seulement cette entente renforce les liens qui nous unissent entre la France et le Québec, mais elle servira de modèle pour le futur.

M. Chouinard (Tommy): Merci beaucoup. Nous allons maintenant passer à la période des questions, évidemment en français d'abord, en anglais ensuite. La ministre doit quitter à 10 h 15 pour l'arrivée du président de la République. Donc, on va essayer d'y aller rondement à la fois dans la formulation des questions et des réponses. Merci beaucoup. Martin Ouellet, de La Presse canadienne.

M. Ouellet (Martin): Mme la ministre, j'aimerais que vous nous donniez une couple de cas de figure, là, très rapidement. Admettons, je ne sais pas, moi, on va y aller avec une profession puis un métier, là. Commençons par un médecin français qui s'installe ici. Je comprends que ça peut prendre, quoi, deux, trois ans présentement, dans le régime actuel, pour qu'il puisse pratiquer, obtenir un permis.

Mme Gagnon-Tremblay: C'est assez long parce que naturellement c'est toute la question des équivalences; tandis que, là, maintenant, avec cette entente, nous regardons uniquement le diplôme. Alors, si un Français a obtenu son diplôme en France - il ne faut pas qu'il l'ait obtenu ailleurs, là, il faut qu'il l'ait obtenu en France - et qu'il a son permis d'exercice en France, automatiquement il peut venir exercer ici, au Québec. Et c'est la même chose pour le médecin français qui a obtenu son diplôme ici, au Québec, et non pas ailleurs - au Québec - avec son permis d'exercice ici, au Québec, il peut travailler.

M. Ouellet (Martin): Mais il peut travailler dans un délai de quoi? Parce qu'il y a quand même un certain nombre de... Il y a un processus, tout de même, là. Ça peut prendre combien de temps, dans le meilleur des cas?

Mme Gagnon-Tremblay: On souhaite que le processus soit le plus court possible. Naturellement, les ordres professionnels travaillent ensemble. Il peut y avoir certaines adaptations, comme par exemple, un médecin qui travaille en France, bon, ici, lorsqu'il arrive dans un hôpital, peut-être que ce n'est pas le même fonctionnement concernant la pharmacie, concernant d'autres... Comment pourrais-je... Comment on pourrait aussi...

Une voix: Façons de travailler.

Mme Gagnon-Tremblay: Façons de travailler. Les façons de travailler peuvent être un peu différentes. Alors donc, il s'agit peut-être d'une adaptation peut-être d'un mois, de deux mois, et par la suite cette personne va pouvoir travailler, tout comme le médecin qui a eu son diplôme et qui travaille ici, au Québec.

M. Ouellet (Martin): Là, on parle d'un délai d'une couple de mois dans le meilleur des cas. C'est aussi simple que ça.

Mme Gagnon-Tremblay: C'est chaque ordre, ça dépend de chaque ordre, naturellement. Et, tout à l'heure... Mais vous pouvez compléter si vous le désirez.

M. Rémillard (Gil): Tout simplement, Mme la ministre, c'est exactement ce que vous venez de dire, excepté que chaque ordre en arrive à une conclusion. La conclusion doit être un stage qui serait le plus court possible mais assez significatif pour garantir la protection du public. En fait, le principe là-dedans est toujours la protection du public. Et chaque ordre professionnel en arrive à sa conclusion. Mais ce que les ordres professionnels veulent faire, c'est éliminer autant que faire se peut les examens et refaire ce qui a déjà été fait par le professionnel dans son pays, et vraiment mettre l'accent sur l'adaptation, comme disait la ministre, à une nouvelle réalité, mais de pratique.

M. Chouinard (Tommy): Jean Dussault, Radio-Canada. Est-ce que vous aviez quelque chose à ajouter, Mme la ministre?

Mme Gagnon-Tremblay: Non, ça va.

M. Chouinard (Tommy): Non? Ça va? Jean.

M. Dussault (Jean): Mme la ministre, pour montrer l'importance de ce qui sera signé aujourd'hui, il est écrit et vous dites qu'il y a 700 000 postes à combler au Québec sur quelques années. Combien seront comblés par ce qui va être signé aujourd'hui?

Mme Gagnon-Tremblay: C'est une très bonne question. Alors, je ne sais pas encore. Écoutez, on ouvre la porte...

M. Dussault (Jean): Non, approximativement, là.

Mme Gagnon-Tremblay: On ouvre la porte, mais ça dépend, naturellement... est-ce que... ça dépend, aux personnes, aux Français qui désirent... Est-ce qu'ils désirent venir travailler ici, au Québec? Je pense que ce qui est important, ce n'est pas uniquement... on ne peut pas parler uniquement de personnes qui peuvent venir immigrer au Québec et travailler ici, je pense qu'il faut penser aussi aux personnes qui souhaiteraient venir travailler pendant deux ans, trois ans et retourner en France. On n'a pas besoin de venir immigrer au Québec pour venir travailler.
Alors, on pourrait, comme ça va être beaucoup moins compliqué, comme les exigences vont être... Bon. Les exigences sont quand même les exigences d'un certificat et d'un permis d'exercice. Mais, comme on va faciliter la venue de personnes, à ce moment-là un Français peut venir ici travailler trois ans, cinq ans, retourner, un Québécois peut aller travailler trois ans, cinq ans, prendre une certaine expérience, une expertise et revenir au Québec. Alors, ça va faciliter cet échange. Le nombre, je ne pourrais pas vous dire, tout dépend bien sûr des Français...

M. Dussault (Jean): Et je ne vous demanderai pas de nombre exact, mais l'arrière-pensée de ma question est la suivante, Mme la ministre. Si on veut savoir si vous avez raison de nous dire que c'est historique et quasiment la réinvention du bouton à quatre trous, il faudrait savoir ce que ça va donner.

Mme Gagnon-Tremblay: Bien, écoutez, c'est certain qu'on va pouvoir combler des postes parce qu'on a quand même... c'est des qualifications importantes. On va pouvoir combler des postes. Mais en même temps on ne compte pas uniquement sur l'entente entre le Québec et la France pour combler nos postes de main-d'oeuvre. On a aussi accès à l'immigration. Le Québec a décidé de faire venir 55 000 immigrants l'an prochain. Alors donc, on a aussi toujours l'immigration, aussi bien sûr les... cette entente. Alors, on essaie de mettre le plus possible nos efforts pour attirer des travailleurs qualifiés. Mais c'est un grand défi que le Québec doit se donner.

Mme Latouche (Hélène): J'ajouterais, si vous permettez, Mme Gagnon-Tremblay, que l'élément qui est peut-être nouveau dans l'entente... Nous n'avons pas trouvé - on a cherché - qui d'autre avait réussi à faire un mécanisme de reconnaissance qui permet de créer cette passerelle entre deux systèmes. Et, en dehors de l'Union européenne, qui est quand même un même espace géographique, on n'a pas trouvé de modèle qui fonctionnait. Entre les provinces, il y a des tentatives, il y a des examens communs, mais ça a son taux de difficulté. Dans l'ALENA, il y a des dispositions pour permettre la mobilité des ingénieurs, des avocats, des... ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne pas. Alors, on arrive, entre deux États qui ne sont pas voisins géographiquement, on arrive à créer une passerelle de mobilité de travailleurs, et honnêtement on n'a pas trouvé de précédent nulle part ailleurs.

Mme Gagnon-Tremblay: Et, comme c'est un modèle unique, et ce modèle, il a été travaillé avec la France, c'est une entente qui est signée avec la France, la France, bien sûr, fait partie de l'Union européenne, et nous croyons que, si le Canada en arrive à signer une entente avec l'Union européenne, bien ça va ouvrir justement, ça va servir de modèle à l'ensemble des autres pays de l'Union européenne. Je dois vous dire qu'il y a même d'autres pays actuellement qui frappent à notre porte et qui souhaiteraient avoir une telle entente. Alors, c'est dans ce sens-là qu'elle est historique, qu'elle est unique, parce que c'est une entente effectivement qui est une entente pour le futur et qui va servir de modèle inévitablement.

Le Modérateur (M. Tommy Chouinard): Mme la ministre, quels ministres ont frappé à la porte du Québec pour obtenir d'autre... ce genre d'entente-là?

Mme Gagnon-Tremblay: Ah bien, écoutez, lorsque je suis allée, entre autres, dans les pays du Maghreb et qu'on leur a parlé que nous étions en train de signer cette entente, on souhaitait avoir plus d'information, on souhaitait connaître exactement qu'est-ce que ça pouvait donner et peut-être entreprendre des négociations. Mais on n'est pas rendus là. Je pense qu'on va commencer par expérimenter celle que nous avons signée avec la France et par la suite nous regarderons. Parce qu'il y a toujours aussi, pour l'immigration, il y a toujours la reconnaissance des acquis. Parce que ma collègue de l'immigration travaille pour renforcer et diminuer le temps aussi, le délai concernant la reconnaissance des acquis. Un autre système qui se poursuit.

M. Ouellet (Martin): ...juste très rapidement.

M. Chouinard (Tommy): Vas-y rapidement, s'il te plaît, Martin.

M. Ouellet (Martin): Est-ce que ça va être plus facile pour un Français de venir travailler au Québec que pour un Ontarien, par exemple?

Mme Gagnon-Tremblay: C'est une bonne question. Et d'ailleurs nous travaillons aussi... Vous savez, actuellement, il y a beaucoup de chantiers qui sont mis en branle. Nous avions cette entente avec la France. On a réussi à s'entendre - et on va pouvoir signer cet après-midi - dans un laps de temps, je dirais, relativement court. Nous avons cette entente, le Québec a cette entente qu'il veut signer avec l'Ontario, et nous voulons ouvrir le marché également et la mobilité au niveau du Canada. Alors, il y a plusieurs chantiers actuellement, nous travaillons sur plusieurs chantiers et nous espérons que nous allons y arriver, de sorte qu'un Ontarien - parce que c'est anormal - tout autre Canadien pourrait venir travailler au Québec, et naturellement le Québécois pourrait aller travailler aussi partout au Canada. C'est inadmissible qu'un Québecois ne puisse pas aller travailler partout au Canada, et vice-versa, alors qu'on signe une entente avec la France. Mais c'est pour ça que nous travaillons actuellement à négocier une entente avec le reste du Canada et une autre entente avec l'Ontario.

M. Ouellet (Martin): Donc, ça va être plus facile pour un Français, pour un travailleur Français.

Mme Latouche (Hélène): Bien, moi, j'attendrais avant de dire ça parce que les négociations en cours sur la CI et dans le cadre de l'accord Québec-Ontario sont en train de créer une mobilité, là, qui...

M. Ouellet (Martin): Ce n'est pas réglé, ça.

Mme Gagnon-Tremblay: Bien, c'est en négociation.

Mme Latouche (Hélène): ... - c'est proche, là - qui va être encore plus rapide, je crois, à mon avis.

M. Chouinard (Tommy): D'accord. On va essayer d'y aller rapidement, s'il vous plaît. Josée Thibeault, Radio-Canada.

Mme Thibeault (Josée): Moi, je voudrais savoir qu'est-ce qui s'est passé, en fait. Peut-être l'analyse de M. Rémillard là-dessus. Parce qu'on connaît tous des histoires d'un médecin qui a essayé d'avoir son permis de pratique ici et qui est devenu chauffeur de taxi, ou d'une infirmière qui ne peut pas pratiquer ici pour toutes sortes de raisons. Qu'est-ce qui s'est passé pour que ça fonctionne ou que ça va fonctionner, là? C'est quoi, le tournant qu'il y a eu?

M. Rémillard (Gil): Bien, je dois vous dire que tout d'abord il y a eu ces discours du premier ministre, vous vous en souvenez, à deux reprises, au mois de mars et en février, qui a expliqué son plan et qui a suscité l'intérêt des ordres professionnels et des métiers. À partir de là, nous les avons rencontrés individuellement, presque tous, une bonne quantité de ces ordres professionnels. On a pris le temps d'en discuter, de voir les choses.
Ensuite, il y a eu un mécanisme qui a été mis en place au niveau de l'Office des professions pour les aider à prendre contact avec leurs vis-à-vis français, qu'il puissent rencontrer leurs vis-à-vis français, parce que, comme M. Doutriaux l'a expliqué tout à l'heure, du côté français, ce n'est pas organisé d'une façon aussi réglementée que nous. Alors, il y a eu cette rencontre avec donc les Français, et là on s'est rendu compte qu'on est rendus là, qu'on est rendus là.
Et je me permets juste d'insister sur ce que la ministre disait tout à l'heure. Vous savez, la France est le deuxième plus important investisseur au Québec. Il y a 7 200 étudiants inscrits présentement au Québec, français, inscrits au Québec. Sur les 10 dernières années, ce sont les Français qui ont été le plus grand nombre d'immigrants. En fait, bref, une situation économique qui n'a pas de pareille depuis que le Québec a ses relations avec la France, sur le plan économique et sur le plan des échanges.
Alors, c'est comme ça que ce que j'ai entendu des ordres professionnels, je peux vous le dire très franchement, ce que j'ai entendu des ordres professionnels et des métiers: On en est là, et il faut réussir. On a eu une très belle collaboration des ordres professionnels et des métiers, très belle collaboration.

Mme Gagnon-Tremblay: Et j'ajouterai que, lorsque Me Rémillard parle de discours du premier ministre, ce sont des rencontres qui ont eu lieu. Une première rencontre, à Montréal, a eu lieu avec tous les représentants des ordres professionnels. Une deuxième rencontre a eu lieu non seulement avec les représentants, mais avec plusieurs personnes des différents ordres professionnels, avec les syndicats, avec des travailleurs, avec des représentants d'institutions, des universitaires, pour les sensibiliser, leur parler de ce projet, de l'importance de ce projet.
Et nous avons investi aussi un fonds de 5 millions de dollars pour aider les ordres professionnels à travailler avec leurs vis-à-vis, pouvoir se rendre en France, s'il y a lieu, pour aller voir comment ça se passe là-bas. Alors, on a donné un incitatif aussi à nos ordres professionnels pour qu'ils puissent être encouragés à négocier et à travailler sur cette entente.

Mme Thibeault (Josée): Il y a une chose que plusieurs ordres professionnels m'ont dite, c'est que c'est beau de vouloir, mais il faut aussi pouvoir. Et les lieux de stage dans les universités ou dans les écoles, ou la place qu'un Français prendrait, par exemple à l'École de pharmacie, ce n'est pas évident, ça, il n'y a pas d'argent, il n'y a pas de place à bien des endroits pour accueillir les gens en transition.

Mme Latouche (Hélène): J'ajouterais que l'entente vient diminuer cette pression-là, parce qu'autrefois tout était basé sur un retour aux études, y compris faire tous les stages qui étaient obligatoires. En diminuant le nombre de cours, en diminuant le nombre d'études nécessaires, en diminuant le nombre de stages nécessaires, on vient enlever une pression qui existait déjà et qui engorgeait le système. Ça ne réglera pas tout, mais ça va alléger en bonne partie la question.

M. Chouinard (Tommy): Robert Dutrisac, Le Devoir.

M. Dutrisac (Robert): Mme Gagnon-Tremblay, dans votre introduction, vous avez fait état évidemment des pénuries de main-d'oeuvre au Québec. C'est donc dire que vous croyez que l'entente va permettre au Québec d'accroître... d'avoir un gain positif en matière d'emploi, c'est-à-dire d'avoir plus de Français qui viennent combler des emplois ici, où on serait en pénurie, que de Québécois qui iraient en France.

Mme Gagnon-Tremblay: Pas nécessairement, parce que c'est... En somme, ça peut être la parité aussi. Alors donc, ça dépend naturellement des secteurs en demande. Vous pouvez avoir des secteurs, pendant certaines années, qui sont plus en demande en France qu'ils le sont ici, au Québec. Ça peut être aussi, comme je le mentionnais, quelqu'un qui veut venir s'établir pendant un certain temps.
Mais surtout ce qui est important, c'est que... Je vous ai parlé également des investissements qui ont été faits par la France ici, au Québec, aussi bien que le Québec en France. Mais souvent ces entreprises-là souhaitent venir au Québec mais souhaitent amener aussi certaines personnes, certaines personnes pour... dans le cours normal de cette entreprise, et c'est tellement compliqué aujourd'hui. C'est tellement compliqué. Et on peut se priver d'investissements justement à cause, je dirais, de ce problème, de cette difficulté qui existe actuellement.

M. Chouinard (Tommy): Mais, si je peux me permettre, est-ce que vous avez des études ou des analyses pour garantir qu'il n'y aura pas un exode de Québécois en France, que finalement le gain va être... Mais il n'y aura pas de gain, en fait, il va y avoir une perte de travailleurs.

Mme Latouche (Hélène): L'entente prévoit une mesure sur l'évaluation des flux. On s'est donné un mécanisme pour évaluer comment cette mobilité allait s'opérer et s'il faut rectifier les choses après quatre ans, cinq ans ou 10 ans. Donc, ça...

M. Chouinard (Tommy): Est-ce qu'il y a un risque qui a été identifié qu'il y ait plus de Québécois qui aillent s'installer en France que de Français qui s'installent ici?

Mme Gagnon-Tremblay: Si je me fie, par exemple, aux étudiants français, il y a beaucoup plus d'étudiants français qui viennent étudier ici, au Québec, que d'étudiants québécois qui vont en France. Vous avez 7 000 étudiants français qui viennent annuellement dans nos universités françaises et vous avez à peu près 1 000 étudiants québécois qui vont en France.

Mme Latouche (Hélène): Et, au prorata des populations, c'est à peu près égal.

Mme Gagnon-Tremblay: Au prorata des populations...

M. Doutriaux (Yves): Si je peux me permettre, Mme la ministre. Il y a aussi des gens en France qui craignent que beaucoup de Français quittent la France pour venir au Québec et profiter de l'entente. Vous voyez, ce sont deux inquiétudes qui se compensent.

M. Rémillard (Gil): Ça s'appelle l'entente sur la mobilité.

M. Doutriaux (Yves): La mobilité cordiale.

M. Ouellet (Martin): Oui, mais, eux, si le gain net est... s'il n'y a pas de gain, s'il y a perte de travailleurs, au bout du compte, on n'est pas plus avancés, là.

Mme Gagnon-Tremblay: Non, écoutez, il n'y a pas de perte de... Je pense que ce qui est important, il faut voir là: il y a des difficultés, il y avait des difficultés entre les ordres professionnels, et on vient les aplanir, hein? On enlève les verrous, on vient les aplanir. Laissons à l'entente, là, cette possibilité de... Commençons par la mettre en oeuvre. Laissons aussi aux représentants des ordres professionnels de l'expérimenter, de voir qu'est-ce que ça donne, comment ça fonctionne. Et il y en aura à peu près une centaine, au cours des deux prochaines années. Alors, permettons, là, donnons cette chance.
Et, comme je le mentionne, c'est historique, c'est nouveau, ça peut servir de modèle à d'autres. Et, s'il arrivait un jour que le Canada signe cette entente nord-américaine... c'est-à-dire signe une entente de libre-échange avec... ou de ce partenariat avec l'Union européenne, bien vous comprendrez qu'à ce moment-là ça peut ouvrir aussi le marché à bien d'autres pays de l'Union européenne. Vous avez, dans certains pays de l'Union européenne, beaucoup de travailleurs qui souhaiteraient venir au Québec, beaucoup de travailleurs en trop même qui souhaiteraient venir au Québec, hein? Alors, permettons à cette entente de faire son bout de chemin et d'expérimenter...

M. Chouinard (Tommy): Je ne voulais pas vous interrompre, désolé. C'est simplement que j'ai déjà quatre autres noms pour des questions, donc on va essayer d'y aller rapidement. Rémi Nadeau, de La Presse canadienne.

M. Nadeau (Rémi): Un peu la même question, mais je me permets d'insister. Par exemple, dans le domaine de la santé, je ne peux croire que les ordres ne vous ont pas dit... Parce que, déjà, que ce soient médecins, infirmières, ils n'arrêtent pas de dire qu'ils pourraient gagner plus cher ailleurs. La France, c'est attirant. Ils ne vous ont pas dit du tout: Il y a un risque, il faut faire attention? Ils ne vous ont pas allumé de feu rouge... jaune au moins?

Mme Gagnon-Tremblay: Ils peuvent peut-être gagner plus cher ailleurs, mais notre qualité de vie aussi, il faut en tenir compte. Nos grands espaces et notre qualité de vie, je pense que c'est à prendre en considération.

M. Chouinard (Tommy): Sébastien Perron, Radio-Canada.

M. Perron (Sébastien): C'est un peu dans le même sens aussi. Je voulais savoir donc qu'est-ce qui... si le but que vous parlez... Vous avez mentionné qu'il y avait 700 000 postes à pourvoir, au Québec, au cours des cinq prochaines années. Pourquoi ne pas miser justement sur une reconnaissance... faciliter davantage la reconnaissance des diplômes dans des pays où il pourrait vraiment y avoir un apport concret, massif, pour réussir à régler les problèmes de main-d'oeuvre pour les prochaines années, où, là, dans ce cas-ci, on semble ne pas trop savoir qu'est-ce que ça peut apporter de part et d'autre?

Mme Gagnon-Tremblay: Mais actuellement nous le faisons via l'immigration, par l'immigration. Et je vous ai dit tout à l'heure que ça ne touche pas du tout, du tout le processus de l'immigration. Il y a aussi, il ne faut pas oublier, vous avez le Pacte de l'emploi aussi. Il y a plusieurs mécanismes qu'on utilise actuellement, au Québec, pour combler des emplois. On dit qu'il y a 700 000 emplois. On ne comblera pas ces 700 000 postes uniquement par l'entente qu'on signe aujourd'hui avec la France.
Alors donc, vous avez aussi le Pacte de l'emploi. Mon collègue Sam Hamad a fait le tour du Québec, le tour des régions du Québec pour parler du Pacte de l'emploi et voir comment on peut combler cette pénurie de main-d'oeuvre actuellement avec les travailleurs qui sont ici, au Québec, et ceux qui voudraient peut-être prendre une retraite mais qui pourraient prendre une retraite, je dirais, moins rapide. Mais ce n'est pas uniquement avec l'entente que nous signons avec la France aujourd'hui qu'on va combler, vous comprendrez, ces 700 000 postes qui seront à combler bientôt.

M. Perron (Sébastien): Mais, face à certains pays émergents, où il y a des gens qui viennent ici et qui ont des trois, quatre, cinq ans à passer avant de réussir à être, par exemple, un médecin, réussir à pratiquer au Québec, alors pourquoi ne pas essayer d'éliminer ces barrières-là, ce qui pourrait contribuer davantage...

Mme Gagnon-Tremblay: Oui. Ce n'est pas la même chose parce que, là, c'est la question de diplôme. Alors, si, par exemple, c'est aussi facile, aussi rapide, c'est parce que le diplôme a été acquis, le diplôme a été donné par la France, par une institution française, la même chose qu'une université du Québec. Alors donc, il faudrait qu'on commence par regarder les équivalences des diplômes, alors que c'est beaucoup plus facile de le faire avec la France. On le fait au niveau des équivalences, la reconnaissance des équivalences, mais on ne le fait pas de la même façon. Mais par contre il pourrait arriver qu'une fois qu'on a signé cette entente on puisse signer avec d'autres pays, mais là il y aura tout un processus qu'on engagera, comme on vient d'engager celui-ci. Alors, ce sera toujours à partir de la reconnaissance du diplôme et non pas de la reconnaissance des acquis.

M. Chouinard (Tommy): Kevin Dougherty de la Gazette.

Mme Gagnon-Tremblay: La protection du public aussi. La protection du public est la priorité.

M. Chouinard (Tommy): Deux dernières questions, Kevin Dougherty de la Gazette.

M. Dougherty (Kevin): Mme Gagnon-Tremblay, I can remember having a briefing in this very room by people from the Immigration Department, Québec Immigration, and they explained to us that a doctor trained in France could not possibly work in Québec because it's a totally different system. That's gone. What happened?

Mme Gagnon-Tremblay: A good question. But, first of all, you know, I don't know if you remember, but I think it's four or five years ago, you know, no doctor was able to work in Québec because they had to sign an agreement before coming to Québec, but now, the fact that we need doctors, well, Immigration, Immigration Ministry changes this fact, but now it's really open.

M. Dougherty (Kevin): What change though? I mean, if they were not good, they were just not up to our standards?

Mme Gagnon-Tremblay: No. That's not because they were not good, but that's because our system is very particular, you know, because doctors are paid by the Government, and it's very particular, it's not... That's because, you know, when we... Comment? Quand on voulait faire venir un médecin, il fallait s'assurer qu'il allait être sur la masse salariale des médecins.

M. Dougherty (Kevin): And so it was an administrative problem. The second thing is, in Europe, there is much discussion about the Belgian plumber...

Des voix: ...

M. Dougherty (Kevin): ... - sorry, the Polish plumber, the Polish plumber, it's right, yes - and the Polish plumber is going to come and take all the jobs. And I'm wondering if the Polish plumber... You know, apparently, within Europe, you're doing something similar. The Polish plumber qualifies to do plumbing in France. Can a Polish plumber then come here? And the other way around: Can an Albertan plumber qualify in Québec and then work in France?

Mme Gagnon-Tremblay: Well, it's very different, you know. As long as they can... Well, we cannot compare. And maybe Gil... because this morning, this morning... I don't know, but, you know, I have spoken French since many days now, and I'm looking for my vocabulary this morning. So, if you want to excuse me, maybe Gil can explain to you, you know, more than I can...

M. Rémillard (Gil): Well, just to mention that a plumber from Saskatchewan or from Ontario, if he wants to enjoy our good quality of life here, in Québec, I think it will be in relation with that kind of agreement that they are discussing now and eventually I think they will sign, in near future I think they will sign. It's something completely different. But, if a plumber from France is qualified according to that agreement that we sign with the French Government, so that means he will be here and he will enjoy the same status than any other workers here, in Québec. So, that's two different things...

Une voix: ...

Le Modérateur (M. Tommy Chouinard): Une question très rapide de Rhéal Séguin, Globe and Mail.

M. Séguin (Rhéal): Sorry. One more thing. Polish plumber?

M. Rémillard (Gil): Polish plumber? Polish plumber, he's not affected by that agreement because his education, his training, his license as a plumber come not from France, come from another country. So don't forget that this agreement is specifically for workers trained in France and have received license from French Government.

Le Modérateur (M. Tommy Chouinard): Rhéal Séguin, Globe and Mail, rapidement.

M. Séguin (Rhéal): I'm completely flabbergasted here. You're going to tell me: Why is it that someone in France, it's a lot easier for him to come here and get a job as Jo the Plumber, or a dentist, or a pharmacist, and the guy in Alberta, British Columbia or Ontario, he's not going to be able to work in his own country? What is it... What is it about this aberration?

Mme Latouche (Hélène): ...from Ontario can do this. There is an agreement with construction in Ontario. He can do this quite... much more easily, I think, than the French will be able to that.

M. Séguin (Rhéal): What is it about this country aberration...

M. Rémillard (Gil): It's two different things. It's two different things, you know. They are working on another agreement, and we are closing now this agreement. Two different things.

Mme Gagnon-Tremblay: ...m'excuser. Il faut que j'aille accueillir le président Sarkozy. Merci.

(Fin)

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