Point de presse de M. Bernard Drainville, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé
Version finale
Le jeudi 22 janvier 2009, 10 h 33
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Dix heures trente-trois minutes)
M. Drainville: Bonjour, tout le monde. On vous a convoqués pour réagir aux tous derniers engagements que le ministère de la Santé vient de prendre en matière de délais d'attente dans le réseau de la santé, délais d'attente à l'urgence, délais d'attente en radiologie.
Première réaction. D'abord, on trouve ça très étonnant, très curieux que le ministre était absent lors de cette rencontre avec les journalistes. Il faut lire le résumé des propos et des engagements qui ont été pris hier pour réaliser que, dans le fond, ce que les fonctionnaires sont allés annoncer hier, c'est le plan d'action du ministère de la Santé pour la prochaine année.
Alors, on annonce le plan d'action du ministère de la Santé pour la prochaine année, et le ministre n'est pas là, le ministre est absent. Est-ce qu'il a justifié, d'ailleurs, son absence? Est-ce qu'il vous a expliqué ce pourquoi il n'avait pas lui-même pris ces engagements? En tout cas, chose certaine, on trouve ça très curieux et on se pose la question: Est-ce que le ministre hésite à mettre son nom et son visage sur ces engagements parce qu'il craint ne pas être capable de les respecter? Est-ce que c'est pour ça qu'il était absent hier? Pourquoi envoyer ses hauts fonctionnaires, comme ça, devant les journalistes, et, lui, il reste caché pour une raison qui nous échappe? Vous savez à quel point la situation des urgences suscite toutes sortes de controverses. C'est un des principaux irritants de la population. Que le ministre n'ait pas daigné nécessaire de se présenter au point de presse, c'est tout à fait étonnant.
Il y a peut-être une réponse par contre dans ce que je vais vous dire à l'instant. Le ministère nous dit: On va tenter d'éliminer l'attente de 48 heures et plus à l'urgence d'ici un an. Or, dans le plan stratégique du ministère de la Santé 2005-2010, le ministre de la Santé s'engageait déjà à diminuer l'attente, à éliminer l'attente, en fait, de 48 heures et plus sur une civière à l'urgence. Et je vous réfère au Plan stratégique 2005-2010 du ministère de la Santé et des Services sociaux, dévoilé en 2005, et c'est très, très clair: «Cible: 0 % de patient séjournant 48 heures et plus sur une civière à l'urgence.»
Il y a déjà quatre ans que le ministère de la Santé a pris l'engagement de réduire à zéro le nombre de patients attendant 48 heures et plus à l'urgence. Il y a déjà quatre ans qu'il a pris cet engagement-là. Est-ce que l'attente de 48 heures et plus à l'urgence a diminué depuis quatre ans? Non, elle n'a pas diminué, elle a augmenté. Pour les six premiers mois de l'année, de 2004-2005 à 2008-2009, le nombre de patients qui attendent 48 heures et plus à l'urgence a augmenté de 25 000 à 27 000, de 5,5 % à 6 %. Donc, ce n'est pas un engagement nouveau, c'est un engagement que le ministère, le ministre de la Santé avait pris dans le temps, il y a quatre ans de ça. Et, depuis quatre ans, l'attente de 48 heures et plus n'a pas diminué, elle a augmenté. Donc, la situation se détériore, ce qui m'amène à vous poser la question: Est-ce que c'est bien sérieux de s'engager, de dire à la population: On va réduire l'attente à zéro pour ce qui est de 48 heures et plus à l'urgence? Est-ce que c'est sérieux, est-ce que c'est...
Moi, je serais un peu gêné, si j'étais à la place du ministre, de venir répéter ce que mon prédécesseur a pris comme engagement il y a quatre ans, et je serais d'autant plus gêné que la situation s'est détériorée depuis ce temps-là. D'ailleurs, si vous regardez, si vous lisez les propos du directeur national des urgences, le Dr Savard, il n'a pas l'air à y croire, lui non plus, beaucoup, beaucoup, là. Il dit: On va tout faire pour y arriver, ça va être difficile mais on va essayer. Ce n'est pas un engagement très, très, très solide, ça. Alors, moi, je trouve ça un peu gênant et je trouve ça un peu choquant que le ministre envoie un haut fonctionnaire répéter un engagement qui a été pris il y a quatre ans, alors que la situation s'est détériorée, alors que le directeur national des urgences n'a pas l'air à y croire, lui non plus, trop, trop. Et je vous pose la question: Comment ils vont faire pour réduire l'attente à zéro si elle s'est détériorée au cours des quatre dernières années? Comment vont-ils faire pour ramener l'attente à zéro, alors qu'elle a augmentée, cette attente, au cours des quatre dernières années? Est-ce que c'est un engagement vraiment sérieux? Je vous pose la question.
Troisième point que je veux aborder avec vous, c'est l'attente en matière de radiologie, l'attente indue. Bon. Le sous-ministre Bureau parle d'un guichet central, d'une liste centralisée. Il parle, en fait, d'ententes entre les centres hospitaliers et des cliniques privées pour diminuer la liste d'attente en matière de chirurgie de la cataracte... Pardonnez-moi, on va parler de la cataracte dans un instant. L'attente en radiologie. Alors, il parle d'ententes entre les hôpitaux et les cliniques de radiologie. Ce genre d'ententes-là existe déjà. Dans la région de Québec, par exemple, il y a une entente entre les centres hospitaliers et la clinique Mailloux, la clinique de radiologie Mailloux, où on envoie donc des patients subir, par exemple, une résonnance magnétique. Il n'y a rien de nouveau dans l'engagement que les hauts fonctionnaires ont pris au nom du ministère de la Santé, hier, sur la question de la radiologie, ça se fait déjà.
Et, moi, je pose la question: Comment se fait-il qu'après presque six ans au pouvoir le gouvernement, par la voix des fonctionnaires, des hauts fonctionnaires, s'engage à diminuer l'attente indue en matière de radiologie? Comment se fait-il que ça leur a pris six ans, presque six ans à réaliser qu'il y avait une attente indue en matière de radiologie et à s'engager à signer des ententes entre les hôpitaux et les cliniques privées de radiologie, ententes qui existent déjà? Et présumément, s'ils trouvent que les ententes actuelles fonctionnent, ils auraient pu très bien annoncer beaucoup plus tôt qu'ils avaient l'intention de multiplier ce genre d'ententes pour diminuer l'attente en matière de résonance magnétique, d'échographie, de «scan» également.
Et je vous rappelle l'engagement que le premier ministre Charest, alors chef du Parti libéral, avait pris en 2003, c'est-à-dire celle d'éliminer l'attente une fois pour toutes. Éliminer l'attente une fois pour toutes. Là, on parle de diminuer l'attente indue en matière de radiologie par la voie d'ententes qui existent déjà et qu'on s'engage à multiplier presque six ans après avoir pris le pouvoir. Donc ça, c'était sur la radiologie.
Sur les cataractes, le gouvernement dit, par la voix de ses hauts fonctionnaires: Nous allons transférer les chirurgies de la cataracte dans des cliniques privées. On vous pose la question: Pourquoi est-ce qu'il faut transférer les chirurgies de la cataracte dans des cliniques privées? Il y a actuellement, dans le réseau public de la santé, des exemples absolument formidables de la capacité des hôpitaux à faire les chirurgies de la cataracte et à le faire de façon extrêmement performante, de façon extrêmement efficace. On a créé, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, une unité qui est dédiée à la chirurgie de la cataracte, une unité de très haut débit, extrêmement performante, qui a permis de diminuer les listes d'attente en matière de chirurgie de la cataracte. On a fait la preuve que ça pouvait se faire au public, pourquoi est-ce qu'il faut transférer ça au privé? Quel est l'argument du gouvernement pour dire... pas pour dire: Écoutez, il y a une partie qui se fait déjà, on va continuer ça, là, non, de dire qu'à terme on va transférer l'ensemble des chirurgies de la cataracte du public vers le privé? Quel est l'argument de fond pour justifier ça, alors qu'il y a de très beaux exemples dans le secteur public qui démontrent que ça peut très bien se faire dans le secteur public de façon performante et efficace?
On se demande si ce n'est pas par dogmatisme que le gouvernement agit ainsi, parce qu'il pense que le privé, c'est la panacée puis le privé peut régler tous les problèmes, alors qu'à notre avis le public peut très bien s'occuper de ça, continuer à s'occuper des chirurgies, continuer à faire les chirurgies de la cataracte de façon efficace, de façon très performante.
Alors, je termine en disant encore une fois: On est au début de 2009, le ministère annonce son plan de travail pour les 12 prochains mois et fait faire le travail par ses hauts fonctionnaires plutôt que d'envoyer le ministre au bâton. Je vous repose la question: Pourquoi le ministre a-t-il jugé bon de rester en retrait de cette annonce-là, de cette conférence de presse là? On trouve ça très curieux et on se demande quel signal ça envoie, ça, pour la suite des choses. Je suis ouvert à vos questions.
M. Plouffe (Robert): Vous avez vous-même répondu à votre question, vous avez dit que vous trouviez ça gênant, donc vous dites que le ministre était gêné d'aller en conférence de presse.
M. Drainville: Pourquoi est-ce que ce n'est pas le ministre lui-même qui a pris ces engagements sur la question de l'attente à l'urgence, sur la question de la radiologie, de l'attente en radiologie, sur la question du transfert au privé des chirurgies de la cataracte?
M. Plouffe (Robert): Selon vous, parce qu'il était gêné de reprendre les mêmes engagements...
M. Drainville: Moi, écoutez, je me pose la question: Est-ce que c'est parce qu'il a... Est-ce qu'il craint de mettre son nom et son visage sur ces engagements-là parce qu'il craint ne pas être capable de les respecter? Est-ce que c'est pour ça qu'il a préféré envoyer ses hauts fonctionnaires vous parler et parler à la population? Moi, je n'ai pas de réponse à cette question-là. Mais, si cet homme-là est vraiment sérieux quand il dit qu'il veut diminuer... non seulement diminuer, qu'il veut éliminer toute attente de 48 heures et plus dans les urgences du Québec, s'il est vraiment sérieux, il doit se présenter devant la population et prendre lui-même cet engagement-là. C'est son autorité, c'est sa compétence comme ministre qui est en cause, c'est son travail. Je pense que c'est à lui de prendre cet engagement-là. Même chose sur l'attente indue en radiologie et sur la question du transfert de toutes les chirurgies de la cataracte au privé. Moi, j'aimerais bien entendre le ministre nous justifier cette décision-là.
M. Plouffe (Robert): ...si vous me permettez, là-dessus, sur le transfert, il se fait déjà beaucoup, beaucoup d'opérations dans le privé, est-ce que ce n'est pas pour libérer justement des heures... du personnel dans des salles de chirurgie, qui serait peut-être plus utile dans d'autres chirurgies? Parce que la cataracte se fait quand même assez facilement.
M. Drainville: Bien, écoutez, à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, ils ont jugé bon de créer une unité qui est dédiée uniquement à ça. Et je vais, si vous le permettez, M. Plouffe, je vais vous citer l'ancien ministre de la Santé, M. Couillard, M. Couillard qui se félicitait d'ailleurs de la création de cette unité-là. Il disait: «Lorsqu'on parle des chirurgies...» Il était en point de presse à ce moment-là: «Lorsqu'on parle des chirurgies. outre l'organisation des réseaux, il y a des corridors de services, et là il y a la constitution d'unités à haut volume. Une des choses qui expliquent les succès intéressants qu'on observe, particulièrement à Montréal, dans la chirurgie des cataractes, c'est qu'on a donné notre assentiment à l'agence régionale de Montréal de tenter la réorganisation de la chirurgie avec ces unités à haut volume pour la chirurgie des cataractes, pour la chirurgie des hanches, des genoux», etc.
M. Plouffe (Robert): Rappelez-vous, c'était parce qu'il fallait... Les hanches, genoux, cataractes venaient de faire l'objet d'un jugement, et il fallait accélérer le processus. C'est pour ça qu'ils l'ont fait. Maintenant, ils jugent que le travail est fait puis qu'ils envoient le reste au privé. Non?
M. Drainville: Ça ne nous convainc pas. Ça ne nous convainc pas, puis ce n'est pas une bonne raison parce qu'à Maisonneuve-Rosemont, à l'Hôpital Saint-Sacrement, ici, à Québec, on fait très, très bien la démonstration qu'avec les blocs opératoires actuels on peut faire la chirurgie de la cataracte et le faire de façon très performante. Alors, je ne vois vraiment pas pourquoi est-ce qu'on enverrait tout ça au privé.
Je pense qu'on est en train de préparer, à travers cette annonce-là, on est en train de préparer le transfert des chirurgies de la cataracte du nouveau CHUM vers une clinique privée, également. Vous vous rappelez, il y a quelques mois de ça, il avait été question de ça. Alors, je pense que M. Bolduc, à travers ses fonctionnaires, est en train de signifier qu'ils vont effectivement transférer les chirurgies de la cataracte du nouveau CHUM vers une clinique privée.
Et encore une fois qu'il nous fasse la démonstration que le public ne peut pas le faire lui-même. Si c'est bon pour le privé, pourquoi est-ce que ce ne serait pas bon pour le public? Si on a fait la démonstration à Maisonneuve-Rosemont puis à Saint-Sacrement qu'il était possible de faire la chirurgie de la cataracte d'une façon extrêmement efficace, là - c'est quasiment une chaîne de montage de la chirurgie de la cataracte, là, c'est un débit extrêmement élevé, ça se fait très, très bien - pourquoi est-ce qu'on ne serait pas capable de continuer à le faire au public? Qu'il vienne nous faire la démonstration, qu'il vienne nous faire la démonstration qu'effectivement, en envoyant ça au privé, ce serait plus efficace qu'au public et que le citoyen contribuable y gagnerait au change. Qu'il vienne nous la faire, cette démonstration-là, puis on verra bien.
M. Bovet (Sébastien): Mais, M. Drainville, c'est une garantie...
M. Drainville: On verra bien la qualité de sa démonstration, mais, pour le moment, il se cache derrière ses fonctionnaires. On ne peut pas vraiment connaître le fond de sa pensée là-dessus.
M. Bovet (Sébastien): D'ailleurs, c'est une garantie de soins, ce n'est pas d'envoyer les gens qui sont dans des délais médicalement raisonnables dans le privé, c'est juste, au-delà d'une certaine limite, si le public n'est pas capable de les absorber, on les envoie dans le privé?
M. Drainville: Ce n'est pas ce que j'ai compris, M. Bovet, ce n'est pas ce que j'ai compris. Si vous relisez les propos qui sont rapportés en tout cas dans les médias ce matin, ce dont il s'agit, c'est de transférer la totalité des chirurgies de la cataracte qui sont actuellement effectuées dans les hôpitaux du Québec vers des cliniques privées. Et on ne nous explique pas pourquoi ce serait plus efficace et plus intéressant pour le citoyen contribuable de procéder ainsi, alors qu'il y a encore quelque temps le ministre de la Santé du même gouvernement libéral nous disait que c'était formidable, les unités de fort volume en matière de chirurgie de la cataracte, que ça fonctionnait très bien au public.
Alors, est-ce qu'ils ont des nouveaux faits, des nouveaux chiffres à nous soumettre, des études qui démontrent que ce qui était bon hier ne l'est plus aujourd'hui, qui nous démontrent que ce qui était efficace hier ne l'est plus aujourd'hui, qui nous démontrent qu'effectivement le public ne peut pas concurrencer le privé en matière d'efficacité sur la question des chirurgies de la cataracte? Qu'ils nous disent donc que ça va coûter moins cher de l'envoyer au privé.
Ah oui? Ça va coûter moins cher de l'envoyer au privé? Dites-nous donc qu'est-ce qu'on va épargner comme argent. Ça va coûter moins cher au privé? Alors, dites-nous combien ça coûte, une chirurgie de la cataracte au public puis dites-nous pour combien la clinique privée... à quel prix la clinique privée va être prête à le faire, puis on va juger de l'économie. On est ouverts à la discussion, nous autres, là. Apportez-nous les chiffres, puis on va débattre. Mais jusqu'à maintenant on ne nous a rien - comment dire? - apporté comme démonstration de la capacité d'une clinique privée de concurrencer une unité de haut débit comme celle de Maisonneuve-Rosemont en matière de chirurgie de la cataracte.
M. Plouffe (Robert): S'il vous le prouvait, M. Drainville, accepteriez-vous de...
M. Drainville: Je serais très curieux, je serais très curieux de voir ses chiffres parce que, savez-vous quoi...
M. Plouffe (Robert): S'il le faisait, est-ce que vous accepteriez de transférer tout ça au privé?
M. Drainville: Qu'il nous apporte les chiffres. Mais je serais très curieux de voir, M. Plouffe...
M. Plouffe (Robert): ...M. Drainville?
M. Drainville: Je serais très curieux de voir, M. Plouffe, comment la clinique privée va réussir à se dégager une marge de profit qui va équivaloir au gain d'efficacité qu'elle va réaliser par rapport au public. Parce que, entre vous et moi, là, les cliniques privées, elles ne feront pas ça pour les beaux yeux du ministre, là. Si on s'en va vers le privé, il faut que le privé fasse un petit peu d'argent, il faut que la clinique privée fasse un petit profit. Alors, ce serait intéressant de voir quelle est la marge de profit de la clinique privée et voir si cette marge de profit là effectivement compense le gain d'efficacité que le privé va générer. Permettez-moi d'être très sceptique là-dessus.
M. Bovet (Sébastien): Une autre question en français, si vous me permettez, sur un autre sujet: Est-ce que vous aimez l'histoire?
M. Drainville: Si j'aime l'histoire?
M. Bovet (Sébastien): Oui.
M. Drainville: J'adore l'histoire.
M. Bovet (Sébastien): Faut-il commémorer la bataille des Plaines d'Abraham au Québec?
M. Drainville: Écoutez, je dirais que, moi, je suis très mal à l'aise par rapport à cette idée de commémorer la défaite de notre peuple.
M. Bovet (Sébastien): Pourquoi?
M. Drainville: Parce que c'est une conquête, parce que c'est la défaite de l'administration française, c'est la défaite de la Nouvelle-France face aux armées britanniques, et je ne vois pas en quoi on devrait célébrer la défaite des forces françaises face aux armées britanniques.
M. Bovet (Sébastien): Mais c'est un élément d'histoire.
M. Plouffe (Robert): C'est un élément d'histoire.
M. Drainville: Le 13 septembre 1759, c'est la conquête de la Nouvelle-France, c'est la défaite. Et il n'y a pas personne qui va me faire croire qu'on devrait célébrer notre défaite et célébrer la conquête de la Nouvelle-France par les armées britanniques. Il n'y a pas un historien, aussi féru soit-il, qui va me convaincre qu'on devrait célébrer cette chose-là. Cela étant, on aura l'occasion d'en rediscuter.
M. Plouffe (Robert): Ce n'est pas célébrer, M. Drainville, c'est de souligner cet événement, donc souligner le 250e. Et, vous qui avez des enfants, vous allez me dire aujourd'hui que vous n'avez pas le goût de les amener sur les Plaines voir une reconstitution de cette bataille-là qui a fait quand même l'histoire? Il ne faut pas se cacher non plus, M. Drainville.
M. Drainville: C'est une défaite, il n'y a rien à célébrer là-dedans. Et, nous, on est des souverainistes, on est des indépendantistes parce qu'on pense qu'il faut en quelque part corriger ce fait historique. Alors, l'indépendance sera une façon de... - comment dire? - de mettre un point final à cette expérience, à cet événement de l'histoire. Le jour...
M. Bovet (Sébastien): En anglais, en anglais.
Mme Montgomery (Angelica): What do you think of the reconstruction of the Battle on the Plains of Abraham?
M. Drainville: I don't think it's a good idea.
Mme Montgomery (Angelica): Why?
M. Drainville: Because I think it's a defeat. What happened on September the 13th 1759 was a defeat, it was a conquest, and I don't see why we should be celebrating that. I think, you know, this battle put an end to the New France, as it was known then, and it was the beginning of the British experience here. We don't think there is any reason to celebrate that.
M. Grant (John): Is it not a way of putting too much emphasis on that one battle, because, following that, there was the Battle of Sainte-Foy, which was lost by the British...
M. Drainville: Oh, gees! You didn't really want to get into this, eh?
M. Grant (John): ...and then, the decision by France not to defend «Nouvelle France» by sending a fleet...
M. Drainville: But I'm not exactly the right person to talk about this, you know. I'm busy enough with the health portfolio. I've given you, I think, enough content to tell you what I think on this particular issue. But, if you really want to engage into an extensive discussion of the historical significance of what happened that day, we will send you someone else to do that, if you don't mind.
M. Dougherty (Kevin): ...good idea? Josée Verner raises the question in a letter, in the Soleil, today. Is it a good idea to teach the history of that battle in English, which is something that your party is proposing, teaching Grade 6 history in English, which was...
M. Drainville: No, that's not exactly what we're proposing, is it? No.
M. Dougherty (Kevin): ...Mme Verner...
M. Drainville: Well, we'll let Mme Verner, you know, making her point. But, you know, I've told you what I think about that and I think I've said enough.
Une voix: Merci beaucoup.
M. Grant (John): ...en santé. The stories that we've seen about the CHUM and ophthalmology suggested that, for the new CHUM, all of the ophthalmological services would be sent to a clinic, including teaching, including everything, and cataracts as well. Is that what they're doing here? Is that the first move in that direction?
M. Drainville: That's the fear. The fear is that, you know, first, they're going to transfer to the private sector the cataracts - do you say «the cataracts»? - and then more will follow, more will follow suit. I mean, you start with the cataracts and then you transfer what? You follow suit with the whole portfolio of...
Une voix: Ophthalmology.
M. Drainville: ...right, ophthalmology, and then you follow suit with what? You know, you start with cataracts, and then you follow with ophthalmology, and then you follow with other surgeries. Where does this end, you know? If it's good for the public sector... If it's good for the private sector, why is it not good for the public health care sector? It's up to the Government to make that demonstration that we would be better off by transferring these cares to the private clinics. As far as we are concerned, and the Government itself said so, the public hospitals are perfectly able to perform these kinds of surgeries in a very, very efficient way. If it was good then, why is it not good now? Why do you feel the need to transfer all of these surgeries to the private clinics?
Mme Montgomery (Angelica): Why do you think the Minister of Health...
M. Drainville: We don't see that point, we don't see why. It's up to the Government to make that demonstration. And the minister himself should be making that demonstration to Quebeckers, he shouldn't be sending civil servants to do it in his place.
Le modérateur: Dernière question en anglais.
Mme Montgomery (Angelica): Why do you think the Minister of Health didn't make this meeting?
M. Drainville: I have no idea. You should be asking him that question. But we are raising... I am wondering. Is it because he doesn't trust enough the commitments that were made on his behalf? He doesn't feel the confidence to put his name and his credibility on the line? You know, he doubts that they will be able to perform, that they will be able to achieve, that they will be able to meet these commitments, he has this doubt, and, because he has this doubt, he doesn't show up and doesn't put his name, and face, and credibility on these commitments? I am asking the question. Is this the answer? I have no idea, but I find it very, very strange. And I would be a little... I would be a little... «shy» is not the proper word, «embarrassed», I think, would be the proper word. I would be a little embarrassed, you know, to send my civil servants to make these kind of commitments on these issues that are so sensitive, like the waiting time in emergency wards, like the waiting time for radiology, and this whole issue of transferring all of the surgeries for cataracts to the private clinics.
M. Dougherty (Kevin): Quickly, Mr. Drainville, does the «presse québécoise» see a role for the private sector at all in health care. You know, maybe not cataracts but some cataracts, I don't know. Is there some way... The argument is that you can get more bank for your buck if you do some things outside the hospital. Right?
M. Drainville: They haven't made... M. Dougherty, they haven't made that demonstration yet, particularly in the case of cataracts. I want to see the numbers. Show me the numbers. Where is the beef here? You know, you're arguing that it would be more efficient and less costly to do it in the private clinics rather than these high volume units such as the ones at Maisonneuve-Rosemont, you're arguing it would be better, more efficient, less costly to do it there, in the private clinics, rather than do it in the public hospitals? Show me the money. Show me the figures. You know, and I think they will be very hard pressed to make that demonstration because I don't think this is the case. I think the public health care system has shown an ability and a willingness to work towards being far more performant, far more results oriented, far more efficient. There's a great deal of willingness on the part of the unions, for example, to sit down and work out ways to be more efficient. They've shown it in the past, they're still showing it today with these «projets pilotes» that are being conducted in a few hospitals, in a few establishments of the province of Québec.
Of course, there's a role for the private sector. There's already a role. 30% of all the health care being delivered to patients in Québec these days are done through... or rendered through the private sector. 30% already. The paradise of private health care in Canada is here, in Québec. You go to the chiropractor, it's private; you go to the osteopath, it's private; you get an insurance in the work place, it is also private; you go to the dentist, it's private; you go to buy a new set of lenses, it is private; you go to the «clinique médicale» in the neighbourhood, the property of this clinic is also private. There's already a great deal of private health care in Québec. We think 30% is enough. You know, it is enough. And what needs to be defended these days is not the role of the private sector in health care, it is the role of the public sector in health care. It is not the private sector in health care that needs to be defended these days, it is the public sector, and we intend to continue to do so, at the Parti québécois.
O.K.? Thank you.
(Fin à 10 h 59)