Point de presse de M. Janvier Grondin, député de Beauce-Nord , M. Gérard Deltell, député de Chauveau , Mme Sylvie Roy, députée de Lotbinière , et de M. François Bonnardel, député de Shefford
Version finale
Le jeudi 19 novembre 2009, 14 h 02
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Quatorze heures deux minutes)
M. Grondin: Alors, bonjour à vous tous et merci beaucoup d'être là, hein? Alors, à la suite de la démission de M. Taillon, le caucus avait pris une décision pour un nouveau chef, qui a été présenté à l'exécutif hier au soir, et puis, ce midi, on a eu le vote de l'exécutif et des caucus, et suite à tout ça, bien, sans surprise, je vous présente notre nouveau chef de l'ADQ, M. Gérard Deltell. Alors, M. Deltell, à vous les armes.
M. Deltell: Chers amis, bonjour. Voilà bientôt un an, les citoyens de ma circonscription, le comté de Chauveau, m'ont honoré de leur confiance, ce qui fait que je suis ici, à l'Assemblée nationale, aujourd'hui. C'est grâce à eux que je siège, c'est grâce à eux que je vis ces moments-là. Je tiens à les remercier et à les saluer. Je remercie également le caucus des députés et l'exécutif national pour la confiance témoignée. Je tiens également à saluer M. Gilles Taillon qui a offert, hier, sa démission, acceptée par l'exécutif.
Me voilà donc chef de l'Action démocratique du Québec. J'accepte ce poste humblement, non sans savoir les défis fantastiques qui s'offrent à nous. Lorsque j'ai choisi l'ADQ pour faire mon saut dans l'arène politique il y a un an, je l'ai fait par conviction profonde, parce que le Québec doit être lucide face aux enjeux importants auxquels nous sommes tous confrontés. Nous sommes là pour exiger un gouvernement plus réaliste et responsable face aux dépenses publiques, plus réaliste et responsable face à l'avenir de la santé, de l'éducation, des finances publiques, des défis importants auxquels notre nation est confrontée. Il nous faut arrêter de pelleter la neige en avant et de faire semblant que tout va très bien.
Par son équipe parlementaire, l'ADQ est là, présente à l'Assemblée nationale pour défendre avec courage et honneur des positions audacieuses, mais surtout réalistes et responsables, des positions de centre droite. Quant à notre parti, ne jouons pas à l'autruche, le parti vit actuellement une situation difficile. Il nous appartient donc, nous tous ensemble, à travailler afin de se ressaisir. Nous avons besoin de stabilité. Nous avons besoin d'unité. Nous devons respecter le militant et lui donner un rôle accru. Nous devons être à son écoute, nous devons l'écouter. Nous devons faire plus que l'entendre, nous devons donc l'écouter. Il doit être au centre des préoccupations d'un parti politique. Nous devons redevenir un forum de débats d'idées où le militant sera entendu et respecté.
Nous souhaitons aussi le retour à la maison de celles et ceux qui ont quitté. Mais c'est à nous de leur démontrer que l'ADQ se redresse et que l'ADQ est un parti que se veut accueillant pour eux, un parti que défend les valeurs fondamentales qui nous ont toujours unis. Bref, le fardeau de la preuve est de notre côté. Je me suis engagé en politique pour servir et défendre les idées auxquelles je crois. Je le fais avec passion et conviction. Je crois aux institutions, et c'est pourquoi un parti politique en Chambre est le meilleur élément, est le meilleur vecteur de changement pour faire les débats nécessaires. Nous sommes là pour ça. Nous sommes là pour réveiller la flamme, pour remettre en question les vaches sacrées du Québec et mettre le citoyen au coeur des décisions, et non les groupes de pression.
On ne relève pas des défis parce qu'ils sont faciles, mais bien plutôt parce qu'ils sont exigeants. C'est ce à quoi je convie les militants pour redresser l'ADQ. C'est ce à quoi je convie les Québécois pour redresser le Québec.
Journaliste: M. Deltell, est-ce que vous vous... Bonjour d'abord. Est-ce que vous vous qualifiez de chef par défaut?
M. Deltell: Non, pas du tout. Pas du tout, parce que j'ai reçu le soutien des membres du caucus, le soutien de l'exécutif, et la situation qui se présente à nous commande une action immédiate et une action énergique. Je suis là pour servir mon parti. On s'engage en politique pour servir et pour défendre les idées auxquelles on croit. Et servir, aujourd'hui, pour moi, ça veut dire servir comme chef de l'Action démocratique du Québec, chef du deuxième groupe d'opposition. Je suis là pour défendre les idées de l'ADQ, je suis là pour les défendre fermement à l'Assemblée nationale mais également, dans le débat public, d'aller à la rencontre des militants, de les écouter et d'être attentif à leurs préoccupations, c'est ca qui m'anime.
Journaliste: Et est-ce que ces valeurs et ces idées de l'ADQ sont plus à droite qu'elles l'étaient sous le chef démissionnaire d'hier soir?
M. Deltell: L'ADQ a toujours été un parti de centre droite. L'ADQ a toujours été le parti qui a eu le courage de brasser la cage et de remettre en question les vaches sacrées au Québec. Ça a toujours été notre motivation et ça le sera plus que jamais sous mon leadership, mais, pour ça, pour ça, il faut mettre le militant au coeur du débat. Et, si on écoute le militant, mais on ne... on entend le militant, mais on ne l'écoute pas, on n'avance pas. Et c'est pour ça que, pour restructurer le parti, pour redresser le parti, pour rebâtir le parti, il faut que le militant soit vraiment au coeur de l'action.
D'ailleurs, dans quelques minutes, on va envoyer par notre site Internet un appel aux militants, et je les invite à partager avec moi leurs préoccupations, d'abord quant à la structure du parti, pour savoir qu'est-ce qu'ils aimeraient voir, comment ils aimeraient être traités, quelle est leur vision. On a une occasion magnifique devant nous actuellement de se ressaisir, de se redresser, mais ça, ça passe justement par: voyons comment on pourrait faire les choses autrement à l'intérieur de notre parti pour mettre le militant au coeur des débats.
Journaliste: Bonjour. Est-ce que votre nomination sera entérinée d'une façon ou d'une autre par les membres? Est-ce que vous allez... vous entendez vous soumettre à un vote de confiance, par exemple?
M. Deltell: Alors, tout est fait selon les règles de l'art. Comme je vous le disais il y a deux jours, il faut respecter les institutions, il faut respecter le parti, c'est ce que nous avons fait. Donc, selon l'article 8, lorsque le chef... lorsque l'exécutif prend acte du départ du chef, il doit le remplacer, recommandation du caucus endossée par l'exécutif, cela est fait. Donc, je suis le chef selon les statuts du parti.
Maintenant, pour la suite des choses, c'est à l'exécutif de décider comment les choses vont évoluer. Ça va être soumis par la suite à un conseil général, suivi d'un congrès des membres. Mais, pour le moment... Soyons bien clair, je ne joue pas à l'autruche, moi, là, aujourd'hui, là, le parti n'a pas du tout les moyens d'organiser une course au leadership, par contre il faut agir immédiatement. Ça ne sert à rien de pelleter la neige en avant, il faut agir immédiatement. C'est ce que l'on va faire, et cela en tout respect de la constitution du parti.
Journaliste: Mais juste pour être bien clair, parce que, là, vous dites: Pour le moment, pas de course, mais là votre leadership pourrait être comme mis dans la balance dans les prochaines années, là, ou...
M. Deltell: Selon la constitution, je suis le chef, d'accord? Et c'est à l'exécutif de mandater un groupe - ça a toujours été comme ça - qui, au moment qu'il jugera opportun, fera une recommandation au conseil général, et par la suite endossée par un congrès. Donc, c'est... Nous avons à agir immédiatement. J'ai toute la légitimité pour le faire avec les confrères parlementaires, avec les confrères, avec les gens de l'exécutif et avec les militants.
Journaliste: Une dernière chose: Est-ce qu'avant d'accepter le poste vous avez tenu à obtenir des éclaircissements au sujet des irrégularités que M. Taillon dit avoir découvertes dans le financement du parti?
M. Deltell: Nous avons posé des questions, et honnêtement on ne sait pas du tout de quoi il est question. Maintenant, je vous le répète, une chose est claire, si, par malheur, des irrégularités ont été commises, nous ne les endosserons pas.
Mme Thibeault (Josée): M. Deltell, je poserais la question que Jean a posée mais peut-être de manière différente: Pourquoi pensez-vous avoir été choisi pour être chef de l'ADQ?
M. Deltell: Bien, vous demanderez au gens du caucus et aux membres de l'exécutif. Écoutez, je crois qu'on est actuellement à un carrefour, d'accord? Il ne faut pas se faire de cachette, je vous le dis en toute franchise, on est à un carrefour. Là, bien, il faut se ressaisir promptement, rapidement. Alors, si, par bonheur, les gens ont estimé que j'étais en mesure de faire le travail, j'entends l'accomplir avec honneur et enthousiasme, ça, c'est sûr.
Mme Thibeault (Josée): Bien, est-ce qu'ils pourraient répondre à cette question justement, ces gens derrière vous?
Mme Roy: Je vais remettre ça ici. Excusez-moi. Bien, moi, je trouve, j'ai toujours trouvé en Gérard un homme qui était très attentif à l'autre, un excellent tribun. J'ai appris à le connaître, à travailler avec lui. C'est un homme qui a l'esprit d'équipe. On a collaboré, on a eu des échanges toujours honnêtes, toujours gracieux. Et puis je pense que je suis très à l'aise qu'il soit mon chef. Je vais le suivre, et il aura toute ma loyauté.
Mme Thibeault (Josée): M. Bonnardel, vous ne voulez pas... Parce que vous aviez appuyé un autre candidat, quand même.
M. Bonnardel: Écoutez, comme je l'ai dit voilà 48 heures, je pense que M. Deltell a démontré un grand sens du leadership de par les huit, neuf premiers mois: il est à l'Assemblée nationale depuis le 8 décembre dernier. C'est un excellent communicateur, un excellent tribun. Je pense qu'il a démontré qu'il a toutes les forces pour être capable de mener notre parti où il doit être dans les prochaines années, de préparer aussi une offre politique qui va être crédible, qui va être sérieuse pour nos militants, mais aussi les Québécois. Alors, on peut assurer M. Deltell aujourd'hui, notre nouveau chef, et tout le caucus ensemble, que nous allons travailler main dans la main pour offrir aux Québécois donc ce qu'ils ont besoin et de revoir ce qu'ils ont aimé le 26 mars 2007.
Mme Thibeault (Josée): Peut-être une dernière question, M. Deltell: Est-ce que vous avez vraiment l'intention formelle de redemander à des collègues qui ont quitté récemment le caucus, M. Caire, M. Picard, de revenir? Et comment allez-vous faire ça, le cas échéant?
M. Deltell: Bon. Alors, je l'ai expliqué tout à l'heure dans mon texte, ça me fait plaisir de revenir là-dessus. Évidemment, la porte est ouverte et on souhaite le retour de tout le monde. Mais c'est à nous à prouver, en restructurant le parti, que ce parti-là est accueillant pour eux. Bref, le fardeau de la preuve, c'est à nous. Nous, on va tout faire pour créer un parti où les gens vont se sentir à l'aise, vont revenir à la base justement des débats idéologiques de l'ADQ, des débats de centre droite, et aussi où le militant va être entendu, va être écouté. C'est ça, le défi auquel nous sommes confrontés, nous, actuellement, avec le caucus, avec l'exécutif, avec les membres du parti, pour rebâtir le parti, pour se ressaisir, pour faire en sorte que toutes celles et ceux qui ont quitté depuis quelques semaines, voire même depuis quelques mois, eh bien, puissent se sentir à nouveau à l'aise chez nous.
Le Modérateur: Mathieu Boivin...
M. Boivin (Mathieu): M. Deltell, endossez-vous la plateforme de l'ADQ telle qu'elle est actuellement ou avez-vous l'intention d'y apporter des ajustements de votre cru?
M. Deltell: En fait, je n'ai pas à apporter des ajustements, ce sont les militants qui vont le faire. C'est ça, la principale qualité d'un leader, c'est d'être à l'écoute de ce que les militants veulent, désirent, et, à ce moment-là, nous, on s'ajuste en conséquence. Moi, c'est la façon dont je vois ça, le leadership. Le leadership, c'est quelqu'un qui va devant les militants, les écoute et, après ça, fait le consensus, et puis on s'en va en avant. Il a une vision, et on s'en va en avant. Mais cette vision-là n'émerge pas de la tête d'un seul individu, mais bien plutôt de l'effort collectif de chacun des militants pour justement bonifier notre plateforme électorale. C'est ça, le travail...
M. Boivin (Mathieu): Donc, vous endossez celle qui existe actuellement telle qu'elle?
M. Deltell: Écoutez, ce que je vous dis, M. Boivin, c'est qu'actuellement nous allons restructurer le parti, et il va y avoir des débats à l'intérieur du parti politique, c'est clair. C'est ça, la vie d'un parti politique, c'est de débattre des idées. Et je vous rappelle que nous sommes le seul parti qui a le courage, l'honneur et, je dirais même, l'enthousiasme de défendre des idées de centre droit pour remettre en question les vaches sacrées au Québec. C'est chez nous que ça se passe. Toutes celles et ceux qui désirent du changement au Québec, venez chez nous, on vous attend, on vous accueille.
M. Boivin (Mathieu): M. Deltell, sur un autre sujet. Est-ce que vous avez redistribué les responsabilités parlementaires dans votre équipe.
M. Deltell: Très bonne question, M. Boivin. Actuellement, non. Et il faut comprendre une chose également, c'est que nous entrons, dans trois, quatre jours, en session intensive, et l'équipe parlementaire va se consacrer à forte pression sur le travail parlementaire. Nous sommes un groupe parlementaire reconnu, nous assumons pleinement cette responsabilité-là, et on va consacrer nos énergies, les deux prochaines semaines, à faire notre travail de parlementaires et, pour le moment, non, on ne touche pas aux fonctions.
M. Boivin (Mathieu): Quant à M. Bonnardel, quelle est sa fonction, là?
M. Deltell: Oh! il s'occupe des finances publiques, essentiellement, tout ce qui a trait aux finances. C'est notre homme de finances, et j'en suis très fier, laissez-moi vous le dire.
Le Modérateur: ...
Journaliste: M. Deltell, vous êtes un ancien militant conservateur, quelles seront les relations entre l'ADQ et le Parti conservateur du Canada sous votre règne?
M. Deltell: Je suis un ancien militant du Parti progressiste conservateur, j'ai acheté ma carte de membre, si je me souviens bien, c'est en novembre 1981, puis il y avait d'autres personnes aussi dans ce parti-là à ce moment-là, hein? Un dénommé Jean Charest. Jean Charest était aussi, lui, également un ancien militant du Parti progressiste conservateur. Entre vieux bleus, on se comprend bien. Il y en a qui ont viré mauve un petit peu, mais ça, c'est une autre chose.
Mais ce que je veux vous dire par là, c'est que, ce qui compte autour de la table, ce qui compte à l'ADQ, c'est d'avoir des adéquistes. Moi, ce qui m'importe, c'est qu'il y ait des adéquistes. Je suis chanceux, moi, j'ai un excellent exécutif dans ma circonscription, une quinzaines de personnes, des hommes, des femmes de tous les âges, de tous les horizons, de toutes les expériences, et il y en a qui sont membres du Parti libéral fédéral, d'autres sont membres, je crois, du parti progressiste... du Parti conservateur. Je n'en ai pas trouvé du NPD, mais enfin... Toujours est-il que ce qui compte pour moi, c'est que les gens qui soient à l'ADQ soient des adéquistes. C'est ça qui compte.
Journaliste: Autre question. Il est parfois difficile pour les journalistes d'accepter les critiques de leurs pairs. Est-ce que vous avez l'épiderme suffisamment épais pour subir les critiques de vos anciens pairs?
M. Deltell: Ça fait déjà 12 mois que je suis en politique, j'ai fait mon annonce le 1er novembre, et ce n'est pas si mal.
Le Modérateur: Simon Boivin.
M. Boivin (Simon): Bonjour, M. Deltell. Est-ce que vous êtes en mesure aujourd'hui de regarder les militants de l'ADQ dans les yeux et de leur dire: À la prochaine élection générale, il est possible que nous formions le gouvernement?
M. Deltell: Il est beaucoup trop tôt pour faire cette affirmation-là. Si je la faisais, je ne serais pas réaliste puis je ne serais pas responsable. Or, on veut justement être le parti qui est réaliste et qui est responsable. Donc, il faut y aller une étape à la fois. Au moment où on se parle, le défi auquel on est confronté, c'est de se ressaisir, c'est de stopper l'hémorragie, c'est de ramener les gens à la maison et de créer un parti qui les rassemble et qui leur ressemble. Donc, c'est ça, la première priorité, et après ça, bien, on verra.
M. Boivin (Simon): Vous chaussez, par ailleurs, les souliers de M. Dumont, qui est un communicateur dont les talents ont fait la renommée. Et, ceci étant, il n'est pas parvenu à convaincre les gens d'exactement ce que c'est que l'autonomisme. Tout le monde s'entend pour... l'autonomisme, c'est du fédéralisme nationaliste. Est-ce que l'autonomisme, là, c'est une valeur sur laquelle l'ADQ table encore? Est-ce que c'est un concept que vous allez encore mettre de l'avant?
M. Deltell: Je suis... Comme je le disais tout à l'heure à la question de M. Boivin, c'est les militants qui ultimement vont décider de la plateforme du parti que l'on va présenter lors de la prochaine élection. Ça appartient aux militants de tenir ces débats-là. Personnellement, je suis très à l'aise avec la question de l'autonomie, parce que l'autonomie, en terme constitutionnel, ça veut dire quoi, de façon très simple? Québec, occupe-toi de tes affaires, Ottawa, occupe-toi de tes affaires, puis écoeure-moi pas, puis on ne se pilera pas sur les pieds. C'est ça, ça veut dire: Occupons pleinement nos champs de compétence, nous, au Québec, et qu'Ottawa s'occupe pleinement des siens et, à ce moment-là, on ne se pilera pas dessus.
Mais, au-delà de ça, le concept de l'autonomie, c'est quoi? C'est croire en l'autonomie des institutions, c'est croire en l'autonomie des individus. Mais l'autonomie des institutions, ça veut dire quoi? Ça veut dire qu'on fait confiance au directeur d'école, ça veut dire qu'on fait confiance au directeur de l'hôpital, ça veut dire qu'on fait confiance aux gens qui ont la main prise, qui ont les deux pieds dedans, qui savent exactement c'est quoi, les besoins. Et l'autonomie de l'individu, c'est la liberté de choix, leur offrir un choix, ne pas faire un programme pour que «one size fits all» puis tu rentres là-dedans, si tu ne rentres pas là-dedans, ça ne marche pas. Non, offrons le choix aux citoyens, et ça, c'est le respect de l'autonomie de l'individu.
Le Modérateur: Robert Dutrisac.
M. Dutrisac (Robert): M. Deltell, vous prenez la tête d'un parti qui fait, semble-t-il, l'objet d'une enquête policière. Je me demande comment vous allez vous comporter devant cette enquête-là? Allez-vous justement essayer d'en... allez-vous faire votre propre enquête? Allez-vous aller au fond des choses ou est-ce que vous allez tout simplement fermer les yeux et rester dans l'ignorance telle que... dans laquelle vous êtes présentement?
M. Deltell: Nous allons nous conduire de la façon la plus droite possible, la plus rigoureuse possible, la plus sérieuse possible. Les Québécois n'ont pas le droit d'avoir des leaders qui commencent à masquer des choses et qui commencent à cacher des affaires. Non, nous assumons pleinement ce qui s'est passé. Si par malheur des irrégularités ont été commises, nous ne les défendrons pas. C'est clair, net et précis.
M. Dutrisac (Robert): Mais vous n'avez aucune idée de... quelles sont ces irrégularités-là dont on parle...
M. Deltell: À tous les gens...
M. Dutrisac (Robert): ...puis vous n'êtes pas intéressé à le savoir non plus.
M. Deltell: M. Dutrisac, vous n'êtes pas sans savoir que je suis un ancien journaliste, alors j'aime poser des questions. À tous les gens à qui j'ai parlé, puis j'en ai parlé à bien du monde, il n'y a aucun indice par rapport à ça. Et ce que je vous dis, et je vous le répète, si par malheur des irrégularités ont été commises, nous ne les endosserons pas. C'est ça, être un leader.
M. Dutrisac (Robert): Durant la course au leadership, il y a eu différentes positions qui ont été exprimées, que ce soit par M. Lévesque, par M. Taillon, par M. Caire. Elles étaient différentes, ces positions-là. On parlait d'une droite économique, d'une droite qui était plutôt... d'une droite où on pourrait parler par exemple d'accommodements raisonnables. Où est-ce que vous vous situez? Je sais que vous voulez faire parler vos militants...
M. Deltell: Oui.
M. Dutrisac (Robert): ...mais vous devez aussi avoir un objectif, avoir des idées?
M. Deltell: Bon. Tout d'abord, je dois vous dire que, concernant les points de vue divergents dans une course au leadership, c'est exactement pour ça qu'il y a une course au leadership. C'est une course d'idées, d'idées qui se confrontent, et de cette confrontation-là naît un consensus. C'est ça, une course au leadership. Donc, moi, je n'ai pas de problème à ce que des idées diverses aient été exprimées pendant une course, c'est l'essence même d'une course au leadership.
M. Dutrisac (Robert): Mais on ne connaît pas vos idées à vous.
M. Deltell: Maintenant... Oui, bien, mes idées à moi, comme je vous ai exprimé tout à l'heure, c'est clair, c'est concernant l'autonomie, je suis absolument très à l'aise avec ça. C'est également, oui, revoir notre système de santé pour permettre la mixité, parce que, si par malheur on ne fait rien du tout puis on se met sur le pilote automatique puis on fait semblant que tout va bien, bien, qu'est-ce qui va se passer, c'est que, dans à peine 20 ans d'ici, 70 % du budget du Québec va être consacré à quoi? À la santé. Le Québec va devenir un gros hôpital, si on ne revoit pas notre façon de faire les finances. On s'en va dans le mur directement. Nous avons le courage et l'audace de soulever cette question-là et nous allons continuer à le faire.
Journaliste: M. Deltell, juste une petite précision...
Des voix: ...
Journaliste: Bien, M. Deltell, évidemment on ne peut pas parler de politique sans parler d'argent. Je sais qu'il y a une enquête sur le financement, mais, quand même, quels sont les états actuels? Si je ne m'abuse, la dette du parti tourne autour du million de dollars. J'aimerais savoir combien d'argent vous avez amassé à l'ADQ, outre évidemment les courses à la chefferie, là, combien d'argent vous avez réussi à amasser au cours de la dernière année? Est-ce que ce n'est pas un peu inquiétant? Comment vous allez faire pour redresser la situation?
M. Deltell: Alors, je ne m'en suis jamais caché, la situation est en effet périlleuse. Et, je l'ai déjà dit, et je le répète, c'est la situation actuelle. On est le parti réaliste et responsable, nous donnons l'heure juste aux Québécois, c'est le cas, oui, en effet. Maintenant, il n'y a pas péril en la demeure dans la mesure où nous avons un plan de match qui va nous permettre de se redresser et aussi où on est capables d'assumer le maintien actuel de la chose. Donc, là-dessus, il n'y a pas de menace formelle, mais il faut agir. Au cours de la dernière année, en raison de la course au leadership, il y a plein de dépenses qui ont été engagées, et tout ça. Nous sommes corrects, mais il faut se ressaisir. Et ça fait partie des mandats que nous devons assumer pleinement et ça fait partie de l'appel que je lance aux militants pour justement contribuer à la relance. Ça passe également par la contribution financière. Et on ne sera jamais assez reconnaissants à René Lévesque d'avoir institué ce mode de financement populaire, qui va nous permettre de se redresser par l'appui et le concours des militants de la base. C'est par là que ça va commencer, c'est par là que ça va renaître et c'est par là que ça va fructifier.
Journaliste: Oui. M. Deltell, juste une précision sur la suite des choses. Bon, il y a eu une recommandation du caucus, entérinée par le conseil... l'exécutif national. Bon. Maintenant, vous êtes chef, et là les membres vont devoir se prononcer là-dessus dans le cadre d'un conseil général habituel? Spécial? Qui aura lieu dans un avenir rapproché ou lointain?
M. Deltell: Alors... C'est bien. Alors, selon notre constitution... Et je vais être bien clair avec vous, M. Hébert, la question est importante. On ne peut pas commencer quelque chose si c'est tout croche. Il nous faut commencer selon les règles et respecter rigoureusement les règles, et ce, j'en fais un point d'honneur. Hier, à l'exécutif, nous en avons parlé grandement, et c'est un point d'honneur pour moi d'y aller rigoureusement selon les règles.
Ça veut dire quoi? Une fois que le caucus et l'exécutif ont décidé de nommer quelqu'un, il est chef. Par la suite, c'est à l'exécutif à décider s'il donne un mandat à un groupe pour planifier une éventuelle course au leadership, qui définit des modalités. Ces modalités doivent être endossées lors d'un conseil général et par la suite le leadership en tant que tel se passe lors d'un congrès. Ça veut dire quoi? Ça veut dire que nous sommes opérationnels. Ça veut dire qu'avec l'équipe des parlementaires, qu'avec l'exécutif, qu'avec les militants, nous pouvons, tous ensemble, en pleine autorité, procéder immédiatement aux réformes nécessaires pour relancer notre parti, et c'est ce que j'entends faire.
Journaliste: O.K. Mais ma question, c'est: Est-ce que le prochain conseil général va avoir lieu, je ne sais pas, moi, en janvier? En février? En mars? Quand est-ce que...
M. Deltell: C'est l'exécutif...
Journaliste: ...votre nomination va être scellée pour de bon?
M. Deltell: Bon, comme je vous disais, actuellement, elle l'est, selon nos règles de constitution, et c'est à l'exécutif à décider du moment opportun. C'est ça, selon nos règles. Et je vous le répète: Nous agissons rigoureusement en respect complet des règles. Il n'était pas question pour moi de tricoter quelque chose vite, vite. Vite fait, mal fait. Non. On agit rigoureusement.
Le Modérateur: Questions en anglais. Kevin.
Journaliste: Oui. En fait, première question en français, mais... Est-ce que vous savez si la Sûreté du Québec est dans le dossier? Et avez-vous demandé des précisions de M. Taillon quant à ces accusations?
M. Deltell: Non et non.
Journaliste: Non et non. O.K.
Des voix: ...
M. Deltell: À ma connaissance, non. À ma connaissance, non.
Le Modérateur: En anglais. En anglais, s'il vous plaît. En anglais.
Journaliste: Vous n'avez pas demandé de précisions à M. Taillon? Vous n'en avez pas demandé à M. Taillon?
M. Deltell: Non. Je n'ai pas demandé de précision.
Journaliste: O.K. En anglais. O.K. Mr. Deltell...
Journaliste: Non, mais la question est importante, quand même.
M. Deltell: Mais j'ai répondu.
Journaliste: You're taking over a party that is in life support. What do you do?
M. Deltell: Well, I'll try to do my best and I will do my best. It's a call for all the people who work in our party to get back, to get back to work. We have to get the job done, and we will do so. We will act together and we will build together a brand new party, strong and proud. But, first of all, we have to take the situation like it is, and it's not a good situation, I recognize that. But we have to do as good as we can, and this is why I'm a party leader, yes, but I'm a team leader. I will work with my colleagues in the caucus, I will work with the militant and with the party workers in the executive and I will work with all the people all across the province who support us.
M. Dougherty (Kevin): Right now, you have... aside from Mr. Bonnardel, you're all from the Québec City region, basically. Can you break out of that? Can you, you know, become a real Québec party? Are you a regional party?
M. Deltell: Well, for sure, that's one of our targets. I don't like that kind of call... calling this as a regional party. No, it's a national party, support from every part of the province. Yes, we have a strong support in the Québec City area, and I'm proud of that, because I am a Québec City MNA, I'm proud of that. But that's a part of the challenge we face now. That's part of the challenge, that's part, and what I intend to do is to work all across the province, with all the people across the province to get back on the job.
Journaliste: So, Mr. Deltell, what's your strategy to appeal to Montrealers then?
M. Deltell: To?
Journaliste: What's your strategy to appeal to Montrealers?
M. Deltell: Well, to anglophone Montrealers, first of all to speak, to talk to them in English. But, well, I have to be present in the debate, and, you know, what is a mystery for me is that I don't understand why people who are open-minded, with center-right-wing situations do not recognize us as this kind of party, and that's part of my challenge, and that's part of our challenge to put this unto the people in Montréal, in Gatineau, everywhere in the province, to call them: Hey! Get back to us! Come on, here we are! We are the party of the center-right, and we are strong on our principles, and I'm sure that you believe the same thing for you. So, my job is to convince them, and to talk to them, and to listen to them.
Journaliste: Can you do a better job than Mario Dumont?
M. Deltell: I will just try to do my best.
M. Grant (John): You talk about the center-right a lot today, and yet both Éric Caire and Marc Picard have said that they do not recognize the ADQ any longer as a center-right party. There seems to be a certain disagreement here about what that really means. So, what can you do about that?
M. Deltell: Well, that's what I have in... This is a big part of my challenge. You know, when I say that I open the door to everyone who left, well, I say to that that, well, you're welcome but the responsibility is to us. We have to prove to all those people who left that the ADQ is their party. But, for that, we have to build a strong party based on the party worker's involvement, respect them, grassroots involvement, respect that, and after that to have policy that recognizes... that those people would recognized themselves in. But that's the part of our job, that's our responsibility, that's our duty.
M. Grant (John): But your party has gone from strength to near death experience about three times since I've been here, at the National Assembly. What's different this time that gives anybody the hope? Because a few weeks ago, everybody was saying the party was if not dead not very strong. So...
M. Deltell: Yes. And here we are and still strong, still there, part of the debate, and I will assume that role very strongly but with the help of all the people. And let me be clear with you, so many people wrote so... so many people wrote, so many times, the death of so many politicians that's... Just watch us. Just watch us.
Journaliste: Can we ask, Mr. Bonnardel, to... Juste en anglais? O.K. excuse, excuse...
M. Séguin (Rhéal): Mr. Deltell, what are the chances... Well, you're four MNAs now. What are the chances you will soon be six, that Mr. Caire, Mr. Picard will be joining your caucus again?
M. Deltell: Mr. Séguin, I don't have that kind of agenda. My agenda is to get back on the work, get back to work for our party to be... get strong, a strong party and an appealing party to all the people who decided to leave the party. We have to work hard for that. We have to create the condition that those people who left, not only those MNAs but all those people who left, that they will get back in their party. And let me be clear with you, during the last 10 days, or the last week, I received hundreds of mails saying: Well, if you do it well, I will get back. So that's our job. I will assume that.
M. Séguin (Rhéal): Mr. Caire... Did Mr. Caire, Mr. Picard... Have you spoken to them? Have they given you any indication? No?
M. Deltell: No, no, no. That's not my kind... It's not my style, and, as I told you, we will create the conditions that those people will get back naturally because they will feel good in our party. That's my job. That's our job and that's our target.
M. Séguin (Rhéal): And a final question: What's you position on Québec sovereignty?
M. Deltell: I'm not a sovereignist, I'm an autonomist. An autonomist means what? Means that we shall respect the power of the province and we shall respect the power of the national Government. That is autonomy. And, you know, in some other provinces, like in Newfoundland, you have a little kind of autonomist. And we have to learn from them. And, maybe in few months, I...
M. Séguin (Rhéal): ...Danny Williams' federalism, if I understand...
M. Deltell: No.
M. Séguin (Rhéal): No?
M. Deltell: No, Mr. Séguin.
M. Séguin (Rhéal): Smallwood autonomist?
M. Deltell: The point is... This is the point where we have to be. The autonomist is: Respect the power of each province, respect the power of the federal Government. That is autonomy.
Journaliste: Mr. Bonnardel, can we ask you what you find in Mr. Deltell? What do you find in him that you like?
M. Bonnardel: Like I said in French just before, I think that Mr. Deltell is a very good leader. He's going to be able to prepare a new beginning for our party. Like I said, we have to see what's going to be better in the future, we have three years in front of us to prepare ourselves to offer to Quebeckers a credible political offer, and I'm quite sure that Mr. Deltell, with all the caucus, we're going to be able to prepare this, the serious job we have to do for the next years, and be able to be the Government in 2012.
M. Hébert (Michel): M. Deltell, juste pour être clair, à propos de l'enquête de la Sûreté du Québec, ou plutôt de la pseudo-enquête, alors est-il exact que, un, il n'y a pas d'enquête, deux, la SQ ne vous a pas contacté, et la SQ n'a pas été contactée par M. Taillon?
M. Deltell: Je ne peux pas... Moi, personnellement, je n'ai pas été contacté, et je n'ai aucune information concernant ça, M. Hébert.
M. Hébert (Michel): Donc, c'est de la fabulation ou...
M. Deltell: Je n'ai aucune information.
M. Hébert (Michel): Ça ressemble à ça?
M. Deltell: Je n'ai aucune information là-dessus.
Une voix: Merci.
M. Deltell: Messieurs dames, merci bien.
(Fin à 14 h 31)