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Conférence de presse de M. Yvon Vallières, président de l'Assemblée nationale.

Inauguration de l'exposition Le Devoir : témoin de la vie politique québécoise soulignant les 100 ans de ce quotidien

Version finale

Le mercredi 17 février 2010, 11 h 30

Bibliothèque de l'Assemblée, édifice Pamphile-Le May

(Onze heures quarante-sept minutes)

Le Modérateur: Alors, mesdames et messieurs, distingués invités, à l'occasion de la commémoration du 100e anniversaire du quotidien Le Devoir, bienvenue à l'inauguration de l'exposition Le Devoir: témoin de la vie politique québécoise. Sans plus tarder, j'invite le président de l'Assemblée nationale, M. Yvon Vallières à prendre la parole.

M. Vallières: Alors, M. le premier ministre, Mme la chef de l'opposition officielle, M. le deuxième chef du groupe d'opposition, qui va se joindre à nous dans quelques minutes, M. le directeur du quotidien, M. Descôteaux, qui est avec nous, M. Gilles Lesage, ancien correspondant parlementaire et chroniqueur politique du Devoir à Québec, que j'ai eu l'occasion de côtoyer pendant de nombreuses années ici, à l'Assemblée nationale, Mme et MM. les vice-présidents de l'Assemblée nationale, M. Jean-Pierre Charbonneau, ancien président de l'Assemblée nationale et ancien journaliste au Devoir, M. le secrétaire général de l'Assemblée nationale, M. Côté, qui est avec nous, chers collègues parlementaires, de même que plusieurs ex-collègues parlementaires, mesdames, messieurs, en mon nom et au nom des parlementaires de l'Assemblée nationale, je suis heureux d'inaugurer l'exposition Le Devoir: témoin de la vie politique québécoise.
Je remercie le directeur de la bibliothèque, M. Sauvageau, et le personnel de la direction de la bibliothèque, notamment le responsable de l'exposition, M. Martin Pelletier, pour cette magnifique exposition. Pour préparer ce condensé de l'histoire du Devoir, cette équipe a pu compter sur la précieuse collaboration de la Direction des communications et de la Direction de la diffusion des débats. Elle a aussi profité des bons services de Bibliothèque nationale et Archives du Québec, de Communications OKInteractif et du Devoir lui-même, qui nous a gracieusement offert 1 000 copies du cahier souvenir publié par son... pour son 100e anniversaire. Merci à tous et à toutes.
L'exposition comporte des vitrines sur différents thèmes: Henri Bourassa; les directeurs du journal; les correspondants parlementaires; les députés journalistes; et les événements majeurs couverts par Le Devoir. Vous pourrez même voir le premier numéro du journal. Enfin, une brochure gratuite permet d'en apprendre davantage sur l'histoire du Devoir. Avec cette exposition, l'Assemblée nationale rend hommage aux personnes qui, depuis 1910, ont permis de faire du Devoir un quotidien unique au Québec. Le Devoir examine l'actualité politique depuis un siècle et contribue largement à l'expression de la vie démocratique tout en éclairant ses lecteurs sur les grands enjeux sociaux. Ce journal occupe une place de premier plan dans notre histoire où il a souvent joué un rôle déterminant. Le Devoir naît grâce à un ancien député, Henri Bourassa. Nous avons d'ailleurs le plaisir d'avoir parmi nous ses petits-enfants, Jeanne et François Bourassa, que je salue au passage. Où sont-ils, Jeanne et François? Bienvenue avec nous. C'est un honneur de vous recevoir.
En 1910, Henri Bourassa fonde un journal catholique et indépendant de tout parti politique qui puisse débattre des questions nationales sans les déformer par la partisanerie. Il instaure alors des structures juridiques uniques qui lui garantissent, ainsi qu'à ses successeurs, une indépendance complète face aux pressions politiques ou financières. Le journal se distingue aussi par ses valeureux combats, notamment sa lutte en solitaire contre le duplessisme. L'histoire nous fait un beau clin d'oeil aujourd'hui, puisque l'exposition que nous inaugurons aujourd'hui succède à celle sur Maurice Le Noblet Duplessis au même endroit. 100 ans de combat sur fond de nationalisme et d'évolution politique ont fait du Devoir un observateur minutieux de notre société. Ainsi, Bernard Descôteaux notait récemment que, comme tous ses confrères, Le Devoir a été un témoin du déroulement de l'histoire, mais il a voulu être un témoin engagé. Après 30 000 éditions en 100 ans, c'est en cela que Le Devoir se distingue, par cet engagement, cette fidélité à ses convictions, qui font honneur à son fondateur. D'ailleurs, nombreux sont les parallèles entre le grand journal et l'Assemblée nationale: tous deux sont des lieux de débats et d'idées. Henri Bourassa d'abord député est devenu journaliste, comme d'autres après lui ont emprunté le chemin en sens inverse: pensons aux Laurendeau, Laporte, Ryan, Charbonneau, pour n'en citer que quelques-uns.
Malgré certaines périodes financières difficiles, Le Devoir a traversé le temps, ce qui témoigne de son enracinement dans notre société, en partie attribuable à la fidélité de ses lecteurs. Parlant de fidélité, la lectrice la plus assidue est probablement Mme Géraldine Langlois, de Magog, en Estrie. Après... Maintenant âgée de 91 ans, elle lit attentivement Le Devoir depuis l'âge de 15 ans, ce qui représente plus de 75 ans de fidélité. Mme Langlois a épousé, peut-être certains d'entre vous le savez-vous, mais peu, à part mon collègue Jacques Chagnon qui m'en a informé, a été... a épousé Émilien Lafrance, qui allait devenir député libéral du comté de Richmond en 1952, circonscription que j'ai le privilège de représenter depuis maintenant plus de 32 ans à l'Assemblée. Dire que l'histoire se recroise ici, dans cette bibliothèque, ce matin.
Et aujourd'hui nul ne saurait prédire où en sera Le Devoir en 2110. Toutefois, j'espère qu'il permettra encore à ses lecteurs de décoder leur univers et qu'il restera un observateur critique de notre vie politique. La démocratie ne s'en portera que mieux. En mon nom et au nom des parlementaires, je veux féliciter les artisans passés et actuels du Devoir. Nous souhaitons longue vie à votre journal. Merci d'être avec nous.

Le Modérateur: Je vous remercie, M. le Président. J'invite l'ancien correspondant parlementaire et chroniqueur politique du quotidien Le Devoir à Québec, M. Gilles Lesage, à vous adresser la parole.

M. Lesage (Gilles): Merci, monsieur. Mmes, MM. les invités d'honneur, chers amis, chers amis du Devoir, comme tous les artisans du journal, et ils sont plusieurs ici, je suis ému et reconnaissant de l'hommage que l'Assemblée nationale nous rend et rend au journal d'Henri Bourassa.
Comme vous le savez, quand il a fondé son journal il y a 100 ans, Bourassa était d'ailleurs membre de l'Assemblée législative depuis 1908 et y siégea jusqu'en 1912. Dès sa fondation, Le Devoir fut un journal politique... très politique et il l'est encore. On l'a vu encore ce matin, n'est-ce pas? En dépit de ses maigres moyens... élu sans délai deux correspondants parlementaires dès le départ: l'un à Ottawa, Georges Pelletier, que Bourassa avait réussi à débaucher de L'Action sociale, qui est devenue L'Action catholique, et qui a demeuré à Ottawa comme correspondant parlementaire jusqu'en 1914 et devint par la suite le principal collaborateur de Bourassa auquel il succéda de 1932 à sa mort, au début de 1947; l'autre, à Québec, Donat Fortin, qui a été ici quelques semaines, quelques mois peut-être et qui a été remplacé après par Jean Dumont, qui a été ici durant plusieurs années.
Comme le temps presse, je voudrais jouer un peu avec vous à un jeu qu'on a vu il n'y a pas longtemps à la télé, mais juste en changeant la formulation un peu: au lieu que ce soit Tous pour un, ça va être Un pour tous. Je veux rendre hommage à deux anciens correspondants parlementaires, dont l'un a écrit... Vous allez voir qu'il y a des choses qui changent, puis il y en a qui ne changent pas, n'est-ce pas? Quand on dit que les journalistes d'aujourd'hui sont cyniques et narquois, un instant. Ouvrez les guillemets, s'il y en a qui savent de qui il s'agit, bien je ne sais pas qu'est-ce que je vais lui donner, mais on verra: «L'un des aspects les plus séduisants du journalisme est l'information politique. C'est le reportage par excellence le plus chargé d'humanité, de pittoresque et d'imprévu, le plus fécond dans sa diversité et son charme. Il fait du nouvelliste le spectateur privilégié d'un immense spectacle où s'élaborent les plus vastes projets où les intérêts, les vanités et les appétits se livrent les luttes les plus sauvages.» Fermer les guillemets. Fin de la citation. De qui s'agit-il, vous croyez? Columbo? Un des Michel ici? Bernard? Moi?

Une voix: ...

M. Lesage (Gilles): Oh non, quand même pas, non.

Une voix: ...

M. Lesage (Gilles): Ah! Non? Bien, on va...

Une voix: ...

M. Lesage (Gilles): Non, non. J'en ai une autre rapidement. Mais là on va faire un appel à tous, là, une autre devinette un peu dans le même sens. Citation: «S'il fallait tout faire savoir au grand public, ce serait trop simple. Tout le monde voudrait devenir courriériste parlementaire. Sachons au moins sauvegarder un peu du mystère qui entoure l'exercice de notre métier. Disons qu'il faut avoir des oreilles, savoir écouter, avoir des yeux, s'en servir, tenir sa langue et faire aller celle des autres.» Pas de réponse non plus? Ah là là. Je suis content, au moins, ça va me permettre de mentionner deux noms de collègues, d'anciens collègues que je voudrais joindre, d'anciens correspondants et courriéristes parlementaires. Le premier, c'était Alexis Gagnon, qui était correspondant parlementaire dans les années trente; le deuxième, Émile Benoist, qui était, lui, correspondant parlementaire à Ottawa et confident de Bourassa dans son dernier mandat. Et l'occasion, c'est un numéro spécial du Devoir pour ses 25 ans en janvier 1935. Plus ça change, n'est-ce pas... Merci encore, toute notre reconnaissance, et bonne journée.

Le Modérateur: Je vous remercie, M. Lesage. Je prie maintenant le directeur du quotidien Le Devoir, M. Bernard Descôteaux, de prendre la parole.

M. Descôteaux (Bernard): Alors, merci. M. le premier ministre, Mme Marois, M. Deltell, M. le Président, chers amis. C'est un rare moment, je pense, aujourd'hui d'être ici, et l'accueil qu'on nous réserve est vraiment particulier. Rare moment, je pense, qu'en d'autres époques ne se serait sûrement pas produit. J'ai eu une pensée toute particulière en voyant la photo de Maurice Duplessis tantôt, et je ne pense pas que c'est lui qui nous aurait fait cet accueil. C'est un peu... ce moment est particulier parce que c'est un peu comme si on arrêtait les horloges. On dit que dans les Parlements on faisait ça des fois à minuit le soir pour éviter que... qu'on puisse continuer les débats. Alors, je pense que c'est un peu la même chose aujourd'hui pour permettre une manifestation d'amitié entre les divers niveaux de pouvoirs... des ordres de pouvoirs, le premier pouvoir ou le deuxième qui sont ici au plan politique et le quatrième pouvoir que Le Devoir représente. Alors, M. le Président, c'est votre rôle, vous avez pesé sur le bouton pause, on va essayer de le laisser ainsi pendant quelques instants.
Alors, j'aimerais d'abord dire que ce que nous ressentons, c'est un grand honneur, je pense, que tout le monde du Devoir partage pour la motion qui a été présentée à l'Assemblée nationale et cette exposition qu'on va inaugurer aujourd'hui ici. J'aimerais aussi dire que pour moi et je pense que... pour tous ceux qui ont été correspondants parlementaires ici pour Le Devoir, je les nomme : il y a Michel Venne, il y a évidemment Gilles Lesage, Gérald Leblanc, Marie-Agnès Tellier, Jean-Claude Picard, qui ont travaillé en diverses occasions et diverses périodes et que j'ai tous côtoyés dans mon rôle de correspondant parlementaire ou de journaliste au Devoir, alors pour nous tous c'est vraiment un retour à la maison, je pense, parce que l'Assemblée nationale, c'est aussi la maison, notre maison, on a passé beaucoup de temps, beaucoup d'heures à travailler dans ce lieu, mais aussi c'est le lieu naturel pour la presse, pour les journalistes, qui ont un rôle à jouer dans notre société, dans notre société politique pour faire avancer les débats. Et j'emploie le mot «maison» à dessein parce qu'avec le mot «maison» vient le mot «famille» aussi, car femme politique et homme politique, personnel de cabinet politique, fonctionnaire, sous-ministre, personnel politique et journaliste, on est un peu tous de la même famille, et ce qui nous unit, c'est un but commun, qui est la recherche: la recherche du bien public, la recherche, comme disait Bourassa à l'époque quand il a fondé Le Devoir. Évidemment, c'est une famille qui vit des tensions, des tensions créatrices, et je pense que c'est ça qui permet justement de faire avancer les choses.
Nos relations ne sont pas toujours faciles. À une certaine époque, elles ont pu être difficiles, on évoquait M. Duplessis tout à l'heure, bien sûr. Il y a eu même une époque où des journalistes donnaient des coups de poing à des membres de l'Assemblée législative. C'est bien révolu. C'était Olivar Asselin qui avait posé ce geste et qui lui avait valu quelques jours de prison à l'Assemblée nationale. Mais je pense que surtout nos relations permettent de faire avancer la cause du Québec à tous égards puis à tous les plans, plan culturel, plan économique, plan politique et plan social. C'est le but qu'avait Henri Bourassa en fondant Le Devoir. Et, je pense, humblement je peux dire qu'au nom de tous ceux qui ont oeuvré au Devoir et tous ceux qui le font encore aujourd'hui, c'est un honneur, c'est un privilège de pouvoir jouer ce rôle-là et d'en faire... dans le fond faire partie de l'histoire du Québec en étant ici comme correspondants, parlementaires, journalistes, mais ensemble tous de participer à ce grand débat politique.
Je me garderai de faire l'éloge du Devoir parce que... à l'avancement de la société, il y a une exposition qui va le faire, et je pense qu'elle va très bien le faire. Alors, je voudrais remercier tout le monde, remercier l'Assemblée nationale, remercier M. le président d'avoir eu cette idée d'une exposition, Philippe Sauvageau d'avoir concrétisé cette idée avec son équipe, et merci donc à tous les parlementaires, à M. le premier ministre, au chef de l'opposition officielle et à M. Deltell également. Merci beaucoup. Et vous pouvez compter qu'évidemment ce n'est pas la fin, 100 ans, c'est un début, on va continuer à jouer notre rôle.

Le Modérateur: Je vous remercie, M. le directeur. J'invite le chef du deuxième groupe d'opposition, M. Gérard Deltell, à vous adresser la parole.

M. Deltell: M. le premier ministre, M. le Président de l'Assemblée nationale, Mme la chef de l'opposition officielle, Mmes, MM. les ministres, Mmes, MM. les députés, M. Descôteaux, M. Lesage, distingués invités. D'abord, je dois m'excuser du léger retard. Que voulez-vous, j'avais un travail à faire avec des journalistes, il fallait que je fasse une conférence de presse, alors c'est quand même... ça s'explique, il y avait déjà des journalistes du Devoir qui étaient là.
M. Descôteaux, j'ai écouté avec attention votre propos tout à l'heure concernant une prise de bec qu'il y aurait eu. Je voulais juste savoir qui avait donné le coup de poing à qui. Est-ce que c'était le député au journaliste ou le journaliste au député?

Une voix: ...

M. Deltell: Le journaliste au député, O.K. On se gouvernera en conséquence à l'avenir.

Une voix: ...

M. Deltell: Ah, O.K. O.K., on prendra bonne note de ça. On prendra bonne note.
C'est un honneur pour tous les élus de commémorer aujourd'hui à l'Assemblée nationale les 100 de ce qui est une véritable institution au Québec, Le Devoir. D'ailleurs, il ne se passe pas une seule journée sans qu'on cite Le Devoir aux débats, parfois pour des moins bonnes raisons, mais Le Devoir est toujours présent dans notre actualité.
Fondé en 1910 par Henri Bourassa, qui n'a pas besoin de présentation, Le Devoir a été une partie intégrante de l'histoire du développement du Québec et, à chaque moment fort de son histoire, Le Devoir était présent pour raconter les événements à la population, mais également pour prendre position: lorsqu'Henri Bourassa menait le combat pour notre affirmation nationale; lorsqu'Hector Fabre dénonçait des portes... défonçait des portes et créait des précédents sur la scène internationale; lorsque Maurice Duplessis dominait la scène politique des années cinquante et que Le Devoir était présent; lorsque le Québec devint un véritable État moderne par sa Révolution tranquille; lorsque divers partis ont fusionné en un mouvement indépendantiste fort en 1968; lorsque les débats linguistiques et constitutionnels ont fait marquer notre histoire nationale dans les années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt-dix.
De tous ces événements marquants, Le Devoir n'a pas seulement été un témoin privilégié, il fut un acteur à part entière, un générateur d'idées, un moteur de réflexion qui ne faisait pas dans l'indifférence et surtout pas dans la complaisance. Le Devoir ne s'est pas éloigné de sa ligne directrice en tant que quotidien indépendant au fil des années. Non seulement a-t-il toujours rempli sa mission d'informer nos concitoyens, il a contribué et contribue encore au débat public au Québec. La qualité des articles, des analyses, des commentaires, des propos, des opinions qu'on y retrouve sont ce qui démarque et explique pourquoi après 100 ans Le Devoir est toujours présent au Québec.

Nous devons également remarquer avec fierté que, lorsque Le Devoir a connu des épreuves sérieuses menaçant même sa survie il y a une vingtaine d'années, tout le Québec s'est donné la main. Et, quand je dis «tout le Québec», c'est tout le Québec journalistique qui s'est donné la main. On pense encore à M. Péladeau, qui pourtant était un compétiteur direct, qui se disait: Il faut absolument sauver Le Devoir. Le Devoir est important pour notre nation, et il faut le faire. Et tout le monde s'est donné la main, et aujourd'hui, 20 ans plus tard, Le Devoir en est la preuve vivante, qu'il y a toujours de la place pour une information indépendante, libre et bien faite. Présent dans tous les moments charnières de l'histoire québécoise jusqu'ici, parions que Le Devoir sera encore au rendez-vous pour ceux et celles... pour les débats à venir. Tant que ses artisans auront autant à coeur le coeur à l'ouvrage et la passion à informer le public, nous ne sommes pas inquiets pour ses futurs succès.
Il ne reste plus qu'à leur souhaiter et à vous souhaiter, à vous tous, un bon 100 ans et un bon prochain siècle. Merci infiniment.

Le Modérateur: Je vous remercie, M. le chef du deuxième groupe d'opposition. J'invite la chef de l'opposition officielle, Mme Pauline Marois, à prendre la parole.

Mme Marois: Merci beaucoup. Alors, M. le Président de l'Assemblée nationale, M. le premier ministre, M. le chef de la deuxième opposition, Bernard, M. Descôteaux, cher M. Lesage, Mme la vice-présidente, MM. les vice-présidents, Mmes et MM. les députés et ministres, cher Jean-Pierre Charbonneau, M. le Président, je crois qu'on peut encore l'appeler comme ça, ça me fait plaisir d'être avec vous ce matin.
Il y a maintenant plus de 100 ans, on le dit et le répète, mais ce n'est pas inutile de le faire, Henri Bourassa fondait Le Devoir. 30 000 éditions plus tard, les artisans du Devoir poursuivent encore leur courageux travail, animés par la même rigueur et les mêmes valeurs. Quelles sont-elles, ces valeurs? Henri Bourassa, dans son éditorial fondateur intitulé Avant le combat, utilisait cette heureuse formule, et je la rappelais ce matin à l'Assemblée nationale: «Le Devoir appuiera les honnêtes gens et dénoncera les coquins.» Et c'est là un élément fondamental que Le Devoir a continué de défendre avec constance, une lutte contre toutes les formes de détournement du bien commun au profit des intérêts particuliers. Ce fut vrai à l'époque de Pacifique Plante, du scandale du gaz naturel, de la commission Cliche et ça l'est encore aujourd'hui. Toujours appuyé sur le même principe, celui que la vie publique soit mise au service du développement du peuple canadien-français puis de la nation québécoise, Le Devoir aura d'ailleurs joué un rôle fondamental dans cette transition en ouvrant ses pages, avant, pendant et après la Révolution tranquille, à certaines des plumes les plus éclairées de la vie intellectuelle du Québec. Journal de combat... donc, de débat, pardon, mais aussi journal de combat, celui de la nécessité pour le Québec de posséder tous les outils nécessaires pour assurer sa spécificité, cultiver sa différence. Ce fut vrai de façon différente à toutes les époques du Devoir, selon la couleur que lui a donnée chacun des directeurs qui se sont succédé dans la salle de rédaction. On se souvient d'ailleurs de cet éditorial anthologique de Lise Bissonnette composé d'un seul mot pour commenter l'entente constitutionnelle de Charlottetown. C'est d'ailleurs à cette époque où Le Devoir aura peut-être été le plus en symbiose avec le peuple québécois, traçant sa voie dans les débats de ce moment bien particulier, ce qui le mènera, en 1995, à être le seul journal au Canada à appuyer le Oui lors du dernier référendum.
En fait, et c'est là la force du Devoir, on peut dire que ce journal a été souvent le précurseur de son époque, et ce qui lui a permis de le faire, c'est son indépendance jalousement protégée par ses directeurs, directrices, mise à profit par les journalistes qui y ont travaillé, reconnue par ses concurrents et appréciée de ses lecteurs, et c'est ce qui donne encore aujourd'hui toute sa pertinence et sa force au Devoir.
On sait que travailler dans un tel contexte, ça comporte des difficultés. Le Devoir a connu des moments difficiles, mais toujours il a su maintenir le cap, avec pour résultat que nous célébrons les 100 ans d'un quotidien déterminant dans la vie publique du Québec. Souhaitons, et j'en suis certaine, connaissant ces artisans, souhaitons que son indépendance continuera d'inspirer les Québécoises et les Québécois. Bon 100e anniversaire et bonne continuation pour le prochain siècle. Merci.

Le Modérateur: Je vous remercie, Mme la chef de l'opposition officielle. J'invite le premier ministre M. Jean Charest, à prendre la parole.

M. Charest: Merci. Alors, M. le Président de l'Assemblée nationale, Mme Marois, M. Deltell, M. Descôteaux, M. Lesage, chers collègues parlementaires, et je veux saluer en particulier les petits-enfants d'Henri Bourassa qui sont avec nous aujourd'hui, bienvenue à l'Assemblée nationale. Et, M. Sauvageau, merci beaucoup de nous recevoir chez vous, dans notre bibliothèque. C'est un endroit tout désigné pour célébrer ce lien entre les parlementaires et le monde des médias, et en particulier le journal Le Devoir à travers le personnage d'Henri Bourassa.
Et, pour les circonstances, on a fait un inventaire d'anciens parlementaires qui ont fait un passage au journal Le Devoir. Il faut dire que la récolte a été assez fructueuse, sur une période de 100 ans: Henri Bourassa, évidemment; Pierre Laporte, qui a été journaliste au journal Le Devoir de 1946 à 1961; M. Ryan, qui a fait un passage très remarqué au journal Le Devoir et également à l'Assemblée; M. Marcel Léger, alors ça, je l'ai découvert aujourd'hui, le père de Nicole Léger, bref qui a fait, paraît-il, un bref passage au Devoir avant de devenir directeur de la revue L'Épicier et du journal Maître électricien. Il a été élu dans le comté de LaFontaine mais a laissé également une grande marque ici, à l'Assemblée nationale du Québec; Jean-Pierre Charbonneau, qui était avec nous jusqu'à il y a quelques instants, journaliste au Devoir, qui a connu, et on le sait, une histoire assez rocambolesque également dans ses reportages; et on me dit qu'André Laurendeau finalement est le dernier à s'ajouter à cette liste, qui aurait fait un passage comme député du Bloc populaire.
Alors, vous voyez ce lien entre à la fois le journal Le Devoir et la politique, ce n'est pas unique au journal Le Devoir non plus. Il faut dire que jusqu'à aujourd'hui d'anciens journalistes se retrouvent souvent sur les banquettes de l'Assemblée nationale. Il faut dire que l'inverse est moins vrai, et c'est peut-être une bonne chose. Mais j'ai appris aujourd'hui une chose nouvelle que j'ignorais: ça aide beaucoup, si vous voulez devenir premier ministre du Québec, d'avoir été frappé par un journaliste du journal Le Devoir. Paraît-il que la victime, si vous ne l'aviez pas entendu, de M. Asselin, c'était M. Taschereau. Et, si c'est le cas, si cela est vrai, je peux vous affirmer aujourd'hui que je serai longtemps premier ministre du Québec. Le coup nous vient des fois de coups de plume donnés avec beaucoup de vigueur, avec beaucoup de sincérité, et cela reflète cette philosophie, cet héritage, le legs d'Henri Bourassa: Fais ce que dois. Il a été, pendant toute sa vie, un exemple de cette volonté de rendre aux Québécois une interprétation des événements, une vision, un reportage sur les événements qui étaient également vus dans le prisme des valeurs du journal Le Devoir. Il est remarquable, aujourd'hui, je pense qu'il faut le souligner, il est remarquable, dans la tourmente du monde médiatique qui a tellement changé, ça a été bouleversé sur une courte période de temps, de relever le succès du journal Le Devoir. Et, je le mentionnais à l'Assemblée nationale, je pense qu'il faudrait se pencher là-dessus et tenter de mieux découvrir pourquoi le journal Le Devoir réussit si bien. Moi, j'ai ma propre interprétation. Je pense que c'est les valeurs profondes du journal qui en font d'abord un succès et parce que ce journal sait exactement pourquoi il est là, pourquoi il existe, pour qui il écrit et défend un certain nombre d'idées qui lui sont propres.
Et donc j'aimerais aujourd'hui joindre ma voix à mes collègues parlementaires mais également à tous les Québécois pour vous dire que nous sommes très fiers de ce que le journal Le Devoir a contribué au Québec sur une période de 100 ans. Le Québec aujourd'hui ne serait pas la même société si cela n'avait pas été de la contribution exceptionnelle du journal Le Devoir. Évidemment, quand on fait la liste des hommes et des femmes, de ses artisans, on comprend mieux pourquoi Le Devoir a occupé une si grande place chez nous, au Québec: Gérard Filion, André Laurendeau, Pierre Laporte, Michel Roy, Jean-Marc Léger, Normand Hudon, Claude Ryan, Paul Sauriol, Jean-Pierre Charbonneau, dont on parlait il y a quelques instants, Lise Bissonnette, et vous, M. Lesage, qui êtes un des doyens également de la Tribune de la presse, on vous retrouve avec beaucoup de joie aujourd'hui. Des fois, on vous lisait avec moins de joie, mais on vous retrouve avec beaucoup de joie aujourd'hui. Et j'aimerais souligner à nouveau... ça fait plusieurs fois que j'ai l'occasion de le faire mais parce que c'est un homme que j'admire beaucoup, c'est Louis-Gilles Francoeur, qui, lui, écrit sur les questions d'environnement et de développement durable.
Vous avez été des éclaireurs de la conscience des Québécois et vous l'avez fait pendant 100 ans. Aujourd'hui, nous voulons vous dire merci et surtout vous dire: Longue vie, longue vie au journal Le Devoir, que vous puissiez nous accompagner également pendant les 100 prochaines années. Merci beaucoup.

Le Modérateur: Je vous remercie, M. le premier ministre. Ceci met fin à l'inauguration de l'exposition. J'invite à nouveau le président de l'Assemblée nationale, M. Yvon Vallières, à prendre la parole.

M. Vallières: Alors, mesdames messieurs, avant que vous puissiez parcourir notre exposition sur Le Devoir, oeuvre maîtresse, la justesse de cette affirmation a été vérifiée d'ailleurs auprès de M. Frédéric Lemieux, de nos services... en fait cette oeuvre maîtresse d'Henri Bourassa, j'aimerais vous signaler que ce dernier, par le truchement de la télévision, se manifestera dès la semaine prochaine.
En effet, j'ai le plaisir de lancer la série Figures de la démocratie, une série d'émissions, d'une trentaine de minutes chacune, produites par nos équipes, et qui sera diffusée sur le Canal de l'Assemblée. Chaque émission offrira un contenu riche et souvent inédit sur les grands parlementaires ainsi que sur des personnages et des institutions qui ont contribué à l'évolution de notre démocratie. La première émission porte justement sur Henri Bourassa. Vous pourrez la voir dès le lundi 22 février, à 19 heures, sur le Canal de l'Assemblée. Vous pourrez ainsi en apprendre davantage sur ce fascinant personnage qui, entre autres réalisations, a fondé Le Devoir. Si l'Assemblée a préparé cette série, c'est bien sûr pour mieux faire connaître notre histoire et plus particulièrement les grands personnages qui l'ont marquée.
Alors, sans plus tarder, voici une brève vidéo qui vous donnera un aperçu de l'émission sur M. Henri Bourassa. Je veux vous remercier de votre attention et de votre découverte de cette figure de la démocratie. Alors, on peut maintenant procéder au visionnement. Merci de votre présence.

(Présentation audiovisuelle)

(12 h 17 - 12 h 21)

Le Modérateur: Mesdames et messieurs, ceci met fin à la cérémonie. Au nom de Président de l'Assemblée nationale, je vous invite à visiter l'exposition, qui est située tout juste derrière vous, dans la verrière, et à demeurer avec nous pour la réception qui suit à l'instant. Merci.

(Fin à 12 h 22)

 

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