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Conférence de presse de M. Éric Caire, député de La Peltrie et de M. Marc Picard, député des Chutes-de-la-Chaudière.

Présentation du manifeste «Le Québec noir sur blanc»

Version finale

Le jeudi 18 mars 2010, 13 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trente minutes)

M. Picard: Bon après-midi. Nous vous rencontrons cet après-midi parce que vous savez que, depuis que nous siégeons comme indépendants, nous avons eu certaines questions de nos électeurs nous disant pour quoi et vers où on se dirigeait, et je vous dirais... Dans un premier temps, je vais présenter les gens qui m'accompagnent. Vous avez reconnu Éric Caire, député de La Peltrie, et M. Denis Lacasse, notre service de recherche des députés indépendants. Avec les budgets qui nous ont été alloués par les autres partis politiques, c'est notre service de recherche.
Je vous dirais, au Québec, on vit une situation très particulière parce que, depuis des années, l'appartenance à un parti politique se fait sur la base constitutionnelle, contrairement à d'autres pays, d'autres juridictions, où il se fait des alliances soit à la droite soit à la gauche. Et nous croyons, nous croyons que nous devons sortir de ce débat constitutionnel. Pourquoi? Parce que, un, il y a un parti souverainiste qui n'a aucun agenda référendaire puis il y a un parti fédéraliste qui craint le renouvellement de la fédération canadienne. Une nouvelle alliance, tout simplement pour les Québécois, pour les Québécois, pour les préoccupations des Québécois. Les Québécois sont intéressés à... veulent que les politiciens, les gens qui sont au Parlement prennent des décisions pour améliorer la qualité de vie. leur qualité de vie. c'est-à-dire les services de santé. l'éducation. les finances publiques. Donc, ils veulent vraiment que les gens prennent en considération leurs préoccupations.
Puis je ne vous cacherai pas qu'une nouvelle alliance politique, selon nous, doit se faire vraiment sur la base de droite ou de gauche et le débat doit se faire sur ce sujet, peu importe les orientations constitutionnelles des gens. Nous croyons vraiment fermement que nous sommes à un moment critique de l'histoire du Québec et nous devons prendre parti pour les citoyens pour vraiment défendre leurs intérêts et arrêter de se chicaner sur la base de la constitution. Là-dessus, je vais céder la parole à M. Caire.

M. Caire: Merci, M. Picard. Bien, dans le document, vous allez aussi retrouver l'ensemble de propositions, notamment de nature économique, parce qu'on est quand même dans un contexte prébudgétaire et c'etait important pour nous de positionner le centre droite et d'apporter un éclairage dans cette perspective-là de centre droite en ayant évidemment à l'esprit d'amener des propositions concrètes. Donc, si vous regardez le document, quand on parle de prospérité et gestion de l'État, on propose un certain nombre de mesures pour améliorer la situation, qui est extrêmement problématique, comme vous le savez.
Première mesure, la mesure du 10 %. Cette mesure-là dit quoi? C'est que toute augmentation de dépense dans un programme ou une nouvelle dépense, 10 % de cette dépense-là devrait être trouvé ailleurs dans l'appareil gouvernemental. Donc, c'est, dans le fond, un principe fort simple, qui dit: Si, dans vos finances personnelles, vous voulez dépenser dans un domaine x, y, bien il y a des chances que, pour équilibrer vos finances, vous allez prendre cet argent-là ailleurs. Donc, on se dit, le gouvernement devrait avoir cette discipline-là, avoir cette culture-là.
Il y a un objectif, évidemment, de rentabilité de 200 millions par année. Vous allez voir, à la fin, il y a une planification sur cinq ans, 200 millions par année. Donc, au départ, on dit que c'est une mesure qui est à 10 % mais qui va aller en augmentant avec les années. L'objectif est double: premièrement, comme je vous dis, une économie de 200 millions; deuxièmement, introduire graduellement cette culture-là et s'assurer qu'elle devient de plus en plus importante dans la planification des dépenses de l'État.
Alléger le fardeau fiscal des Québécois. On amène la règle du cinq ans. Ce qu'on dit, c'est que, s'il y a d'aventure augmentation de taxes ou de tarifs à l'intérieur de cinq ans, il devrait y avoir des mesures compensatoires équivalentes pour le contribuable sur l'imposition. Par exemple, si, avec la TVQ, on va chercher 1,2 milliard supplémentaire, bien on devrait pouvoir compenser le contribuable, à l'intérieur de cinq ans, le compenser du même montant.

L'objectif financier est évidemment d'amener le gouvernement à se discipliner dans sa quête incessante d'aller chercher plus, et plus, et plus d'argent dans les poches des Québécois, et l'objectif est aussi de s'assurer que le gouvernement, dans son rôle de percevoir de l'argent - il n'a pas le choix - doit favoriser les secteurs qui sont les moins nuisibles pour la prospérité de l'économie, la productivité et donc l'enrichissement collectif.
Vous allez retrouver aussi la règle de l'utilisateur-payeur. Bon. Ce n'est pas un créneau qui est très nouveau. Je pense que les gens de centre droite sont très attachés à cette règle-là. Nous l'appliquons en exemple et dans un objectif de budgétisation, évidemment, à tout ce qui est service routier, automobile, etc., par des péages et des droits d'immatriculation supplémentaires. Ça amène aussi, vous allez le voir à la fin du tableau, ça amène une ponction de 1,8 milliard, si ma mémoire est bonne, là... oui, c'est ça, 1,8 milliard d'argent supplémentaire. L'objectif évidemment est de dire que, pour un service donné, il est normal de demander une contribution. Et ça permet aussi à l'État d'assurer un entretien. Parce que ce qu'il est extrêmement important de retenir là-dedans, c'est que c'est évidemment une contribution dédiée. Je sais qu'on a un historique plutôt négatif là-dessus, avec la SAAQ, qui était supposée de faire des ponctions dédiées puis qui a transféré des argents dans le fonds consolidé de la province, mais il faut bien comprendre que, dans notre perspective, ces argents-là sont dédiés exclusivement à l'entretien des infrastructures au Québec. Ça permet aussi de libérer, pour le gouvernement, une marge de manoeuvre importante. Vous le savez, le fardeau de la dette présentement augmente en raison de la déficience de nos infrastructures, et il y a là-dedans une équité générationnelle.
Le point quatre. Bon, c'est la redistribution de la responsabilité de l'État, la fameuse réforme, ou réingénierie, ou quel que soit le nom qu'on donne à ça, revoir le rôle de l'État. On vous en fait une définition qui est assez sommaire. L'idée est fort simple, c'est que c'est un sujet qui mérite qu'on soit extrêmement explicites, qu'on soit très clairs. Parce que souvent on pose des questions, mais les réponses sont plus ou moins floues. Où est-ce que vous couperiez? Qu'est-ce qui serait le rôle de l'État? Qu'est-ce qui ne serait plus le rôle de l'État? Et, avec l'équipe, on en est arrivés à la conclusion que ça méritait la production d'une document supplémentaire qui ne serait dédié qu'à cette question-là. Vous allez quand même avoir certains objectifs financiers que vous allez retrouver dans notre... dans notre budget, notre état de situation, mais, d'ici deux mois, normalement on devrait être en mesure de produire ce document-là pour expliciter davantage ce qu'on entend là-dedans.
Une contribution des sociétés d'État ─ vous allez le retrouvez aussi dans le budget ─ à hauteur de 75 millions. Ce qu'on dit, c'est que les sociétés d'État pourraient mieux s'administrer et mieux se gérer. Et d'ailleurs je fais référence à un texte extrêmement intéressant de Claude Garcia, qui a été paru récemment, où lui va définitivement plus loin. Nous, on demande à Hydro-Québec, par exemple, 60 millions; lui dit qu'Hydro-Québec serait certainement en mesure d'aller chercher 900 millions. C'est volontaire de notre part, on se dit qu'on est mieux de mettre un plancher, un objectif atteignable, dont on est sûrs de l'atteindre et d'être plus agressifs avec le temps. Mais l'objectif, de toute façon, comme je vous dis, très souvent, est d'inculquer des nouvelles notions, une nouvelle culture de la gestion.
Réévaluer la rémunération globale des employés de la fonction publique. Vous le savez, on est en pleine négociation. La coalition syndicale a des revendications, mais on constate tous qu'il y a des éléments extrêmement importants qui sont complètement occultés dans l'évaluation de la rémunération, la sécurité d'emploi, les fonds de retraite à prestation déterminée, les congés de maladie par exemple, autant d'avantages qui ne sont pas comptabilisés, qui donnent l'image que les fonctionnaires sont moins bien payés que dans les comparables au niveau du service public. Nous, ce qu'on dit, c'est que ce n'est pas... on ne peut pas faire une négociation sur cette base-là, et on prétend qu'il faut geler le salaire, avoir une évaluation globale de la rémunération des employés de l'État et, sur cette base-là, on entreprendra une négociation. Mais, comme je dis, si la sécurité d'emploi, ça ne vaut rien, pourquoi on ne l'enlève pas? Puis, si on ne l'enlève pas, c'est parce que ça vaut quelque chose. Si ça vaut quelque chose, il faut l'évaluer.
Alors, on revoit aussi les monopoles d'État. Bon, ça peut peut-être sembler paradoxal parce que, dans l'effort qu'on demande aux sociétés d'État, on demande à la SAQ de mieux s'administrer de 7,5 millions de dollars. Puis vous allez voir, là, que, nous, on pense que la SAQ pourrait être vendue à des intérêts privés. Mais, avant de pouvoir réaliser cet objectif-là, rien ne nous empêche de demander à la SAQ de faire un effort de gestion supplémentaire. Donc, pour nous, il n'y a pas de paradoxe, c'est juste dans quel... à quel moment tout ça prend place. Et on comprend que vendre une société d'État comme la SAQ à des intérêts privés, entre vous et moi, ce n'est pas quelque chose qui va se faire à l'intérieur d'une couple de semaines, là.
Accroître la productivité, c'est quelque chose de fondamental. On est une société qui est en déclin démographique. Le niveau de vie et le niveau de productivité sont directement reliés. Donc, si individuellement on n'est pas plus productifs, on va diminuer notre niveau de vie. On a une série de mesures qu'on propose pour augmenter la productivité. Je vais accélérer pour permettre la période de questions, O.K.?
La démocratie syndicale, je vous invite à lire cette section-là, elle est particulièrement chère à mon coeur. Le bureau parlementaire des études économiques, c'est une proposition que M. Picard avait faite sous forme de projet de loi. L'idée, c'est de donner aux députés des outils pour qu'on soit capables d'évaluer les impacts socioéconomiques des projets de loi qu'on propose. Actuellement, il n'y a ça que dans le ministères. Les députés, qui sont appelés à voter, n'ont pas ces informations-là, et ça se fait ailleurs.
J'enchaîne avec l'école. Pourquoi l'éducation? Parce que l'éducation et la santé, c'est les deux plus gros budgets et, il ne faut pas se mettre la tête dans le sable, il y a des gains d'efficacité à aller chercher là. Je vais vous parler rapidement des trois mesures peut-être les plus susceptibles d'attirer votre attention. D'abord, évidemment, le financement des universités, où on a proposé la formule 30-30-30, qui fait qu'à terme les étudiants contribueraient au financement des universités pour 30 % de la facture globale. Au départ, ce serait 30 % de la formation, mais, à terme, ce serait 30 % de la facture globale. Et, dans ce sens-là, on joint notre voix à ceux qui ont signé la publication récemment sur le financement des universités.
Autre élément important, augmenter l'accessibilité à la formation continue et à la formation professionnelle parce qu'au niveau de la productivité, c'est une hypothèque très grave. Vous remarquerez qu'au Québec on a seulement 23 000 personnes qui passent par la formation continue, formation professionnelle, alors qu'en Ontario on est aux alentours de 250 000. Là, j'ai le chiffre quelque part, là, mais, en tout cas, je vous dis ça de mémoire. Donc, il y a beaucoup à faire ici.
En santé, vous allez retrouver mes thèmes qui sont très chers: la mixité de la pratique, clairement, dans le contexte de la négociation avec les médecins spécialistes, je pense qu'on va se rendre compte très rapidement que le public n'aura pas les moyens de suivre la parade, il faut trouver d'autres façons de faire; hôpitaux privés, je pense qu'il faut diversifier les modèles d'État; et l'achat de services, il faut rendre nos hôpitaux plus concurrentiels, plus productifs. Et actuellement on ne sait même pas comment ça coûte soigner un patient dans un hôpital du Québec. Donc, si on oblige un hôpital à envoyer une facture, on l'oblige à voir ses coûts de production et on change le mode de financement de l'hôpital aussi, ce qui fait que le patient, au lieu d'être une source de dépenses, devient une source de revenus. On change complètement la dynamique de l'administration dans nos hôpitaux. Et, là-dessus, j'attends vos questions.

M. Ouellet (Martin): Juste une question technique, au fond. C'est que vous parlez d'une nouvelle alliance politique qui est nécessaire, exigeant un compromis sur la question nationale. Je voudrais savoir: Vous en êtes où là-dedans, dans vos pourparlers, dans les discussions que vous avez avec différentes personnalités? Est-ce qu'on avance, là, vers la création d'un nouveau parti politique de centre droite?

M. Caire: Bien, en tout cas, on espère qu'on aura suscité... Puis je vais être bien, bien, bien honnête avec vous, il n'y a pas de discussions formelles avec des personnalités publiques, au moment où on se parle, en tout cas, de notre côté à nous, là, pour M. Picard, moi et l'équipe. Je ne peux pas parler évidemment pour d'anciens membres du caucus adéquiste, mais pour notre part. Par contre, on espère que les appels qu'on a lancés à différents moments depuis qu'on est députés indépendants... et on espère évidemment qu'un document comme celui-là va susciter un intérêt, un engouement et que rapidement ces gens-là vont se sentir interpellés, notamment par le fait que maintenant on se dit: Si nous brisons les coalitions constitutionnelles, si les alignements se font sur l'axe de gauche et de droite, qu'est-ce qui empêche un Joseph Facal puis un Éric Caire de travailler ensemble avec un Marc Picard puis un François Legault?

M. Ouellet (Martin): O.K. Donc, à termes, votre souhait, c'est de réunir ces gens-là sous un... dans un parti politique...

M. Caire: Oui.

M. Ouellet (Martin): ...que vous dirigeriez ou...

M. Caire: Non, non, non, pas du tout. On veut réunir les gens de centre droite, quelles que soient leurs origines politiques, libérales, péquistes, adéquistes ou aucune de ces réponses.

M. Ouellet (Martin): ...au point de vue constitutionnel, c'est ne rien faire, c'est...

M. Caire: Bien, comme on dit dans le document, moi, je pense que... puis je regarde M. Charest aujourd'hui, qui se lève pour réclamer un seul rapport d'impôt, bon, alors que...

M. Ouellet (Martin): Mme Marois. Sûrement pas, il a voté...

M. Caire: Mme Marois, excusez. Mme Marois, excusez. Non, M. Charest s'est opposé. Mais ça s'en vient, il va finir par comprendre. Mme Marois. Alors qu'en 2003, quand on a commencé à proposer ça, par le truchement de Michel Venne, cette idée-là avait été complètement démolie par le clan souverainiste, et aujourd'hui ils présentent une motion pour dire: Bon, bien, un rapport d'impôt. Le fameux plan Marois, qui a été déposé l'année...

M. Chartrand (Yves): Ce n'est pas dans vos mesures, ça. Le rapport d'impôt, vous l'avez pris dans vos mesures?

M. Caire: Attendez un petit peu. Non. Non, non, non! Bien, on ne prétend pas que c'est un programme politique complet, là. C'est des propositions qu'on fait, puis il y a d'autres éléments. Mais, quand on revient sur votre question, M. Ouellet, moi, je pense que les Québécois sont nationalistes à différents degrés, puis, dans la mesure où tout le monde accepte que, de toute façon, le PQ ne prétend pas faire la souveraineté puis le Parti libéral ne prétend pas renouveler la Fédération canadienne, alors, un comme l'autre, ils font quoi? Un coup qu'ils ont mis leur chapeau fédéraliste, qu'est-ce qu'il y a en dessous? Quand ils ont mis leur chapeau souverainiste, qu'est-ce qu'il y a en dessous? Puis, si la réponse est: Rien, et la réponse, c'est: Rien, bon, bien, on peut-u s'entendre que les gens de droite du PQ, puis les gens de droite du Parti libéral, puis les gens de droite de l'ADQ, puis les gens de droite d'autres horizons politiques, si on s'associait, comme pourrait le faire la gauche, on changerait la dynamique des débats? Et la vérité, c'est qu'en santé, en éducation...

M. Ouellet (Martin): Je veux juste terminer, là.

M. Caire: Oui.

M. Ouellet (Martin): Donc, le divorce est consommé avec l'ADQ, qui n'est plus une option pour vous, là. C'est consommé.

M. Caire: Bien, ce n'est pas une question que le divorce est consommé. Nous, ce qu'on veut, c'est aller chercher des contributions partout, parce que, si on ne le fait pas, ça ne lèvera pas. Je veux dire, on ne peut pas être le club des adéquistes ou des ex-adéquistes frustrés, là. Une coalition de centre droite, il faut que ce soient des gens de centre droite qui partagent une vision du Québec de centre droite dans tous les domaines qui sont de notre compétence, puis ce qu'il faut mettre de côté, c'est ces allégeances-là constitutionnelles. C'est ça qui est le message, ce n'est pas une question: Est-ce qu'on consomme le divorce ou on ne consomme pas le divorce? Puis, au contraire, moi, je pense que les gens de l'ADQ, comme les gens du PQ, du Parti libéral ou d'autres orientations politiques seraient les très bienvenus dans une coalition comme celle-là.

M. Boivin (Simon): ...vous ne comptez pas vous rallier à l'ADQ, mais vous espérez que l'ADQ se rallie à vous?

M. Caire: Bien, c'est parce que je ne prétends pas être l'épicentre de ça, puis M. Picard, je ne pense pas, ne prétend pas être l'épicentre de ça. Je pense que tout le monde va devoir converger vers un point central qui est un mouvement de centre droite solide.

M. Chartrand (Yves): Mais c'est le rêve de la droite adéquiste, ça fait... On a entendu Dumont qui a prononcé à peu près les mêmes mots que vous...

M. Caire: J'ai un bagage...

M. Chartrand (Yves): ...la droite, des appels à M. Bouchard, des appels à Joseph Facal, on a entendu ça, là.

M. Caire: Oui, mais j'ai un bagage adéquiste pas si pire puis je peux vous dire que la première fois où j'ai entendu l'ADQ et M. Dumont parler de centre droite, c'est en 2006. L'ADQ a été fondée en 1994, je vous le rappelle pour mémoire.

M. Chartrand (Yves): Bien, c'est le même discours quand même, là...

M. Caire: Alors, éventuellement, oui, il y a eu des appels parce que les Lucides ont signé des documents qui étaient, à toutes fins utiles, un copier-coller du programme de l'ADQ, puis, à ce moment-là, l'ADQ, je pense, était un véhicule très crédible pour véhiculer ces idées-là. Mais, je veux dire, il s'est passé ce qui s'est passé.

M. Chartrand (Yves): Qu'est-ce qui ferait que ça marcherait aujourd'hui, là? Qu'est-ce qui ferait que les gens bougeraient? Les Fortin, Facal, tout ce monde-là qui jouent les gérants d'estrade mais qui ne veulent pas aller dans l'arène, là, qu'est-ce qui ferait qu'aujourd'hui ils bougeraient, selon vous?

M. Caire: Bien, j'espère que la réponse à votre question, c'est une conscientisation de la capacité qu'ils auraient à changer le cours des choses. Je ne suis pas dupe, hein? Je ne pense pas que, ce matin, vous soyez venus ici parce que vous êtes extrêmement intéressés par les propositions économiques des deux députés indépendants.

Journaliste: ...

M. Caire: Oui. Non, non, mais c'est... Puis je pense que ce qui est la grande question d'intérêt, c'est: Est-ce que ça, ça peut aboutir à quelque chose de plus grand qui serait une formation politique, un mouvement de centre droite? Je pense que c'est ça qui est le coeur de l'intérêt. Pourquoi? Parce que, si, demain matin, là, on se rassoyait ici, mais M. Picard et moi, on était accompagnés de Joseph Facal, de François Legault, de Jacques Ménard, de Jacques Brassard, je pense que ce serait une bombe politique. Je pense que ce serait bien plein, puis ce ne serait pas bien plein juste ici, ce serait bien plein dans les lignes pour devenir membre de ce parti-là, ce serait bien plein dans les comtés pour former des associations de comté, ce serait bien plein, le line-up de candidats serait bien plein. Il y a un appétit pour ça, il y a une volonté pour ça. Les Québécois, dans tous les messages qu'ils envoient à la classe politique, ils aiment ces idées-là, mais ils veulent aussi des leaders crédibles pour les porter, ces messages-là.

M. Ouellet (Martin): Vous n'avez pas été contacté?

Des voix: ...

M. Caire: J'ai deux oreilles, mais c'est connecté sur le même cerveau là.

M. Ouellet (Martin): Avez-vous été contacté par l'une ou l'autre des personnalités que...

M. Caire: Non. Non. En fait, je...

M. Ouellet (Martin): C'est quoi, c'est du «name dropping»... C'est quoi, c'est souhaiter tout haut?

M. Caire: Non, c'est des gens qui se sont commis publiquement puis à qui, moi, je fais, et M. Picard faisons un appel pour dire: Vous vous êtes commis, les idées que vous avez mises sur la table sont des idées qui s'apparentent aux nôtres, qui sont en conformité avec la philosophie de centre droite, maintenant il reste un pas à faire pour aller un peu plus loin dans le cheminement, puis c'est l'engagement politique.
Or, on sait que M. Facal, bon, n'est pas réfractaire à l'engagement politique, même chose pour M. Legault. Ça fait que ce n'est pas du «name dropping», mais, je veux dire, ces gens-là incarnent ce dont on parle. Alors, ce serait faux de notre part de prétendre le contraire. Puis, entre vous et moi, ces gens-là ont une notoriété, une crédibilité qui fait en sorte que, s'ils décidaient de faire ce geste-là, ça aurait un impact extraordinaire.

M. Chartrand (Yves): Vous vivez d'espoir, monsieur... Vous vivez d'espoir.

M. Caire: Qui ne vit pas d'espoir?

M. Chartrand (Yves): Vous allumez un cierge à tous les soirs pour que ça se produise...

M. Caire: Je vais vous dire une chose. À mon avis, là, je vis pas mal moins d'espoir que n'importe quel souverainiste qui actuellement a l'impression qu'il va voir la souveraineté du Québec de son vivant.

M. Chartrand (Yves): Ils sont 40 en dedans, eux, là, présentement, alors ils sont... c'est encore un parti. Vous, vous n'êtes pas un parti, là.

M. Caire: C'est vrai, vous avez raison. Mais on parlait d'espoir, je ne pense pas que l'espoir... Je comprends que l'Assemblée nationale appartient aux partis politiques, mais l'espoir, non.

M. Boivin (Simon): M. Caire, dans la mesure où vous cherchez possiblement un chef, une personnalité publique pour le véhicule politique que vous aimeriez voir naître, est-ce qu'il n'y a pas un certain risque à déposer un manifeste qui a des allures de programme politique, dans lequel une personne pourrait se sentir encarcané, là, en disant: Écoutez, des idées déjà toutes prêtes, il y a plus ou moins de marge de manoeuvre, là?

M. Caire: Bien, en fait, non, parce que je pense que ce qui est plus... ne pas avoir d'opinion, à mon avis, est beaucoup plus dangereux. Si on veut susciter de l'intérêt, bien encore faut-il qu'on mette des choses sur la table. Je veux dire, quand, moi, je parle d'un parti de centre droite, quand M. Picard parle d'un parti de centre droite, de quoi on parle exactement? Bon, bien là, je veux dire, vous admettrez avec moi qu'on apporte un éclairage relativement clair sur ce qu'on entend par là...

Une voix: ...le PQ.

M. Caire: ...puis on va continuer dans ce domaine-là... Juste pour répondre à la question de M. Boivin.

Une voix: Oui.

M. Caire: Et on va continuer dans ce sens-là. M. Facal a publié des écrits, M. Ménard en a publié, lui-même, plusieurs, M. Brassard l'a fait, je ne pense pas que ces gens-là aient pensé qu'en faisant ça ils allaient repousser les gens ou ils allaient se démonisés, puis ce n'est pas notre prétention non plus. Ceci étant dit, on sait aussi qu'un parti politique c'est un lieu de compromis, c'est un lieu de discussion, c'est un lieu qui favorise l'évolution puis les échanges des idées. Puis, dans ce sens-là, ce n'est pas une bible qu'on dépose aujourd'hui, là, ce sont des propositions qui nous apparaissent intéressantes, qui nous apparaissent soutenues et crédibles puis qui méritent très certainement qu'on les regarde puis qu'on en discute.

M. Boivin (Simon): Est-ce que, pour vous, là, ça passe ou ça casse? Je veux dire: Voici la proposition que j'ai, puis, au cours des deux prochaines années, trois prochaines années, c'est vers là que, moi, mon engagement se dirige, puis, si tout ça ne fonctionne pas, bien je vais retourner dans le secteur privé.

M. Caire: C'est une bonne question. Puis l'expérience que j'ai de la politique, c'est que c'est un domaine qui change tellement vite que ce serait difficile pour moi de raisonner dans l'absolu présentement. Si vous me demandez quel est mon état d'esprit présentement, je n'ai pas l'intention de changer mon statut d'indépendant, à moins que ce dont on vous parle se produise. Mais, comme je dis, en politique, les choses changent tellement vite que c'est bien difficile de raisonner dans l'absolu. Tu sais, dans six mois, là, le portrait politique peut être complètement différent, puis il y aura des choses en place que personne n'aura prévues, puis que, bon, bien, là, ça va changer la donne. Mais, au moment où on se parle, là, mon...

M. Ouellet (Martin): ...pas assez d'envergure, vous pensez?

M. Caire: ...ma vision politique passe à travers ce dont on parle présentement. Excuse-moi, Martin?

M. Ouellet (Martin): Gérard Deltell n'a pas assez d'ascendant pour attirer tout ce monde-là, sous l'ADQ?

M. Caire: Bien, en tout cas, je pense que l'ADQ... puis je vais... je vais peser mes mots parce que je ne pense pas que ce soit le propre de Gérard Deltell. Je veux dire, Mario Dumont n'a pas attiré... n'a pas attiré ces gens-là non plus. Est-ce que c'est parce que l'ADQ représente quelque chose qui ne clique pas? Est-ce que c'est parce que les gens en question sont trop pris dans leur vision constitutionnelle que ça prime sur tout le reste? Écoutez, c'est bien difficile pour moi de dire pourquoi telle, ou telle, ou telle personne se joint ou ne se joint pas à un parti politique, puis ce serait... ce serait méprisant et méprisable de ma part de penser que c'est en raison d'un individu, que c'est de la faute de Gérard Deltell si les gens ne prennent pas cet engagement-là, là.

M. Chartrand (Yves): Je voudrais vous entretenir sur la proposition trois que vous faites pour améliorer la démocratie avec la transparence syndicale. Vous dites, là, en entrant, vous faites vôtre une... vous dites qu'il y a une corrélation significative entre la liberté économique et la prospérité et qu'un des facteurs, établir la liberté, c'est ... économique de l'État, c'est la flexibilité du marché et les lois du travail, et, là, vous dites qu'il faut, bon, serrer la vis aux syndicats, là, pour les choses...
Moi, je ne sais pas si vous avez vu le même film que moi dans les deux dernières années, mais ce n'est pas les syndicats qui ont quasi sacré le système à terre, c'est justement la liberté économique, avec des produits qui ont complètement... qui ont complètement pollué le système capitaliste, et qui fait que présentement on est en déficit. Ce n'est pas les syndicats, là, ce sont les gens qui ont mis des produits qui nous ont menés à ça. Et présentement on est en déficit à cause d'eux, non?

M. Caire: Bien, écoutez, c'est une opinion que je ne partage pas...

M. Chartrand (Yves): ...qu'est-ce qui a provoqué la situation actuelle?

M. Caire: ...parce que... C'est un ensemble de facteurs. Je vous dirais, l'absence de courage politique en fait partie. Ça, pour moi, c'est très clair.

M. Chartrand (Yves): C'est la liberté économique?

M. Caire: C'est l'incapacité d'un... Non. C'est l'incapacité... Non, s'il y a une chose au Québec qu'on n'a pas, c'est une liberté économique. Demandez aux gens, demandez aux gens qui démarrent des entreprises...

M. Chartrand (Yves): ...je vous dis, ce qui a provoqué... ce qui a provoqué la crise et la récession dans la dernière... dans les deux dernières années, c'est la liberté économique des... On leur a donné de la corde, on a démantelé des systèmes, et ces gens-là en ont profité pour mettre des produits qui ont...

M. Caire: Oui, vous faites référence aux papiers commerciaux...

M. Chartrand (Yves): Ah! à plein de choses...

M. Caire: ...vous faites référence à la crise hypothécaire aux États-Unis.

M. Chartrand (Yves): ...pas seulement ça, mais ça aussi. Ce n'est pas ça, non?

M. Caire: O.K. Dans un premier temps, il n'y a jamais personne qui a dit que le système capitaliste était parfait. Moi, je pense que... Mais je pense que le système communiste a prouvé qu'il était loin d'être parfait aussi. Je veux dire, on est dans l'échec total.

M. Chartrand (Yves): Je ne parle pas du système communiste du tout, là.

M. Caire: Non, mais c'est parce qu'on ne peut pas parler de l'un, on ne peut pas juger un sans juger l'autre. Parce que, si ce n'est pas le capitalisme, ça prend une alternative. Qu'est-ce que c'est?

Une voix: ...

M. Caire: Bon, O.K. Alors, parlons du socialisme. Tous les pays socialistes ont fait un virage à droite, dans les 10 dernières années. Puis regardez la Suède, là, le temple de la social-démocratie a fait des réformes majeures dans son système d'éducation en abolissant ses commissions scolaires, en réduisant son palier administratif, en introduisant un ticket modérateur dans son système de santé, en permettant la mixité de la pratique. Alors, tout ce dont on parle ici...

M. Chartrand (Yves): Moi, je vous parle des causes de la récession, M. Caire. C'est quoi, les causes de la récession?

M. Caire: Bien oui, sauf qu'à un moment donné, il faut... Si vous me dites: Il y a un épiphénomène, puis je juge l'ensemble de la situation sur ce phénomène-là...

M. Chartrand (Yves): Ça a été ensemble, tout le monde occidental...

M. Caire: ...premièrement. Deuxièmement, la récession, bon. Je pense que la récession, au Canada, elle a eu le dos large. Je pense que la récession, au Canada, elle a eu le dos large, là. Elle a permis bien, bien, bien, des excès de nos administrations publiques. Ceci étant dit, je ne nie pas qu'il y ait récession, là, ce n'est pas ça que je dis, mais je pense qu'elle a eu le dos large.
Puis, troisièmement, quand on parle de la situation économique du Québec, bien, je veux dire, on ne peut pas limiter ça aux six derniers mois de nos activités économiques. Moi, je vous parle de ce qui se passe au Québec depuis 20, 25, 30, 40 ans. Puis, aujourd'hui, le fait est que... Prenons la construction. Trouvez-vous ça chic, ce qui se passe dans la construction? Trouvez-vous ça chic, ce qui se passe avec la FTQ-Construction? Pensez-vous que c'est un modèle de transparence, ce qui se passe là-dedans? Avez-vous l'impression que la FTQ-Construction... est-ce que le sentiment général qui se dégage de ça, c'est que la FTQ-Construction est un moteur de développement économique et de justice sociale?

M. Chartrand (Yves): Mais qu'est-ce qui a provoqué le... Quel est, selon vous, ce qui a provoqué le déficit qu'on a présentement? Est-ce que c'est la FTQ-Construction?

M. Caire: Mais les coûts de construction au Québec sont 20 à 25 % plus chers. Pourquoi?

M. Chartrand (Yves): ...le déficit qu'on a, là, le 4 milliards de déficit qu'on a, c'est quoi?

M. Caire: Pourquoi est-ce que... Pourquoi est-ce qu'il y a une augmentation systématique et systémique de nos dépenses année après année, après année? Comment se fait-il qu'on soit, en temps de prospérité, incapables de freiner notre endettement? Comment ça se fait que, quand l'économie roule bien, on s'endette quand même? Parce qu'on a toujours eu, au sein de l'appareil étatique, de l'administration publique, des obligations de dépenser plus et plus: plus de programmes, plus d'interventions, plus d'État un peu partout. Et, je suis désolé, mais, je ne dis pas que le syndicat est l'unique responsable, je pense que la classe politique a sa grande part de responsabilité à porter, mais je pense que les syndicats ont leur part de responsabilité aussi parce que, entre vous et moi, puis en tout respect pour la situation que vous vivez, entre vous et moi, le corporatisme syndical, il existe comme dans d'autres sphères d'activité, il existe, et je pense qu'aujourd'hui les grandes centrales syndicales sont devenues des corporations qui sont dans l'entreprise de la syndicalisation, puis je ne suis pas convaincu que la justice et l'équité, c'est la première préoccupation de Mme Carbonneau.

Une voix: Merci.

M. Caire: Merci.

(Fin à 14 h 1)

 

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