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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Le mardi 5 juin 2018, 15 h 11

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures onze minutes)

M. Khadir : Bonjour. Bon, alors, il y a une motion que la CAQ… une motion très malhabile qui faisait des amalgames entre tout et tout. D'abord, j'ai l'impression que ces motions… Je parle de la motion sur le vandalisme lors des événements à venir entourant le G7. Moi, je ne sais pas si vous étiez là tout à l'heure, les casseurs, là, je trouve que c'est des abrutis. Avant chaque grand événement de cette nature au Québec depuis 20 ans, je les invite à rester chez eux et de ne pas nuire aux propos politiques de manifestants, en très grande majorité pacifiques, qui vont manifester contre ces irresponsables que sont le groupe de dirigeants qui vont se réunir à grands frais pour les contribuables. Les 500 millions, là, c'est nous qui les payons pour cinq… bon, en fait, sept irresponsables — il faut vraiment les mettre dans le même paquet — sept irresponsables, dont les décisions inappropriées conduisent la planète dans l'état qu'il est, c'est-à-dire désastres écologiques, inégalités croissantes, risques de guerre augmentés.

Mais ceci dit, ceci étant dit, à chaque fois, la CAQ et d'autres partis d'ailleurs, j'ai l'impression que la plupart de ces gens-là n'ont jamais assisté à une manifestation, au Québec, populaire contre les dirigeants de la mondialisation marchande et guerrière. Moi, je les ai pratiquées, comme vous le savez, depuis des années, j'en ai organisé, et nous étions 200 000, 250 000 le 15 février 2003 dans les rues de Montréal, et il n'y avait pas de délire hypersécuritaire, et il n'y a pas eu de casse, et il n'y a eu rien.

Alors, à chaque fois, associer les grandes manifestations à de la casse, à du vandalisme, c'est pernicieux et surtout c'est comme si l'Assemblée nationale avait peur de son peuple, que l'Assemblée nationale a envoyé des messages comme quoi nous avons peur, nous arrêtons un vendredi parce que, là, ils sont là, nous faisons ceci, nous faisons cela, comme si les gens qu'on était censés représenter étaient nos ennemis. On doit plutôt comprendre qu'il soit fâché après ses dirigeants irresponsables qui conduisent la planète au bord de l'abîme.

Donc, non aux casseurs, non au vandalisme et non aussi à des motions qui mettent l'Assemblée nationale contre son peuple. C'est une erreur d'associer ça. En plus, associer la désobéissance civile au vandalisme, quelle ignorance politique, quelle ignorance politique. Par définition, la désobéissance civile est un acte non violent. Les gens qui veulent s'en rappeler, là, la désobéissance civile, c'est Rosa Parks, la désobéissance civile, c'est Martin Luther King, la désobéissance civile, c'est George Clooney qui appelle ses copains pour aller occuper une ambassade pacifiquement pour protester contre des massacres. C'est ça, la désobéissance civile, ce n'est pas le vandalisme.

Alors, quand dans une motion, on mélange tout ça, c'est sûr que c'est indigne de l'Assemblée nationale et des autres députés qui sont tombés dans le panneau de l'ignorance du député caquiste, mon ami Éric Caire, qui a produit cette motion.

Le Modérateur : Des questions?

M. Lacroix (Louis) : Vous allez avoir plein de temps libre, M. Khadir, jeudi et vendredi, est-ce que vous allez aller manifester?

M. Khadir : Non, malheureusement, c'est ça, mon malheur, mais je vais revenir samedi, ce samedi 9, où il y a une manifestation appelée par les groupes populaires, le regroupement le plus important des groupes populaires, qui organise une manifestation pacifique, familiale, et dans laquelle on demanderait... je prierais — je ne sais pas s'ils m'entendent — les forces policières, les forces sécuritaires de ne pas réagir comme parfois ils ont et elles ont tendance à réagir, par excès. Il ne faut pas faire le jeu des casseurs et des provocateurs qui veulent que ça finisse mal, que ça finisse dans la violence. Il y a des gens qui font des sous, je pense, avec les délires hypersécuritaires. C'est des contrats de 100 millions de dollars. Nous, on ne veut pas ça. Nous, on veut que ça se passe bien, tranquillement, mais dans une liberté démocratique pour exprimer qu'on est fâchés contre ces dirigeants irresponsables et, comme dans le cas de Donald Trump, carrément criminels dans leurs comportements.

Mme Cloutier (Patricia) : Donc, on est dans un délire hypersécuritaire, selon vous, si l'Assemblée nationale ferme.

M. Khadir : 500 millions de dollars... Non, je n'ai pas parlé de cette décision. Ça fait partie de l'ensemble du délire monté par ces forces-là. 500 millions de dollars pour une réunion de deux jours? 500 millions de dollars, vous imaginez? Puis on sait qu'à la fin il y aura mésentente.

M. Lecavalier (Charles) : Mais, quand vous dites que l'Assemblée nationale a peur de son peuple, est-ce que vous faites référence au fait qu'elle va fermer jeudi, vendredi?

M. Khadir : Non, non, à cette motion, puis ça aussi...

M. Lecavalier (Charles) : O.K. Mais êtes-vous d'accord avec le fait que l'Assemblée...

M. Khadir : Je ne suis pas d'accord, vraiment, non, je pense que non. Je pense qu'on est dans une société démocratique, il faut que les députés à l'Assemblée nationale et le personnel soient capables d'admettre qu'il y a de la contestation en société. Et moi, je comprends très bien qu'une partie de notre population, sinon la majorité, se sent profondément mal à l'aise de voir des dirigeants de la planète, qui nous ont conduits dans ce cul-de-sac dans lequel on se trouve, se réunir alentour de Donald Trump dans un endroit enchanteur du Québec aux frais des contribuables canadiens à coup de 500 millions pour n'arriver à rien, en fait pour se faire insulter par Donald Trump à la fin.

Mme Plante (Caroline) : Trouvez-vous donc regrettable, comme M. Couillard, qu'on interrompe la démocratie pendant le Sommet du G7?

M. Khadir : Je ne dirais pas que c'est interrompre la démocratie, mais ce geste excessif d'avoir peur de tout et de rien fait le jeu des provocateurs, fait le jeu... qui tirent bénéfice de cette atmosphère hypersécuritaire, les uns parce que, bon, ils sont à la recherche de sensations, mais les autres surtout parce que ça sert des contrats. Vous le savez, hein, depuis tout ce climat hypersécuritaire actuellement, la croissance la plus importante dans ce domaine-là, ce n'est pas l'industrie de l'armement, c'est l'industrie de la sécurité, c'est à coups de milliards de dollars, littéralement.

Mme Plante (Caroline) : De fermer l'Assemblée nationale, donc, pour des raisons de sécurité, est-ce que vous croyez que ça va créer un précédent?

M. Khadir : Je ne savais pas que c'était un précédent, mais si c'est le cas, c'est un mauvais précédent. Je crois que nous devons être réceptifs à toute manifestation, même avec lesquelles on n'est pas d'accord, au sein de notre peuple qui conteste des décisions irresponsables des dirigeants, je répète, qui, à coup de 500 millions de dollars, vont se réunir pour se faire insulter par Donald Trump. Il y a de quoi être irrité, il y a de quoi ne pas aimer ça. Et, je le répète, la très, très, très grande majorité des manifestants qui veulent venir manifester ici, à Québec, sont pacifiques.

M. Boivin (Mathieu) : Je veux juste m'assurer que je vous ai bien compris. Vous dites que la fermeture de l'Assemblée nationale est un geste excessif?

M. Khadir : Bien, ça fait partie, je l'ai dit tout à l'heure, de ce climat qui est installé, mais pas par le président de l'Assemblée. Lui, il répond probablement à des demandes qui lui sont faites, des craintes qui sont exprimées, mais je pense qu'il faut se raisonner. Moi, je n'aurais pas pris cette décision-là.

M. Bovet (Sébastien) : Juste pour que je comprenne bien, est-ce que le fait de fermer l'Assemblée nationale envoie un message que l'Assemblée nationale a peur de son peuple?

M. Khadir : Il y a un peu de ça, il y a un peu de ça. C'est comme si on a peur de la manifestation, de la diversité des opinions dans notre société sous prétexte qu'il y a quelques casseurs et quelques vandales, d'accord? Parce que la plupart des gens qui viennent manifester, je le répète, viennent avec l'intention de manifester pacifiquement. Alors, ne faisons pas le jeu des provocateurs, des imbéciles qui cherchent, tu sais, à se rendre intéressants par ce genre de gestes.

Mme Lévesque (Catherine) : Juste pour être sûre de bien comprendre, je croyais que ça prenait l'unanimité des partis pour que l'Assemblée suspende ses travaux. Mais est-ce que votre accord était nécessaire ou non, puisque vous n'êtes pas au BAN?

M. Khadir : Là, on n'est pas rendus à une décision finale là-dessus. Nous, de toute façon, on ne siège pas au BAN. Si c'est le BAN qui décide de le faire, et il a l'autorité, le Bureau de l'Assemblée nationale, de le faire, bien, c'est le président du BAN qui demande au gouvernement, puis le gouvernement dit oui ou non.

Mme Cloutier (Patricia) : Bien, sur la partie de la motion de la CAQ qui était sur rembourser les frais pour les commerçants, demander au fédéral de rembourser les frais, est-ce que, ça, vous étiez d'accord avec ça?

M. Khadir : Tout à fait d'accord. J'ai proposé une motion alternative. Voulez-vous que je vous la lise?

Mme Cloutier (Patricia) : La CAQ?

M. Khadir : Oui.

Mme Cloutier (Patricia) : Ils n'ont pas voulu aller avec votre idée?

M. Khadir : Bien non. J'ai dit : Écoutez, si on peut… Vous me permettez que je la lise? Oui. Alors, ce que j'ai demandé… J'ai dit : Si c'est possible — toi, tu l'as? — d'ajouter «tous frais occasionnés par le vandalisme ou par les réactions excessives des forces de répression policière»... Parce que ça arrive, ça aussi, là, tu sais, ça crée tout un… Ce n'est pas juste... Si on rejette… Si on essaie d'associer ces actes de violence, hein... On connaît, depuis Gênes… Moi, j'ai participé à diverses manifestations de ce type. J'ai vu Québec en 2001, j'étais ici, d'ailleurs, avec Patrick Masbourian sur René-Lévesque. On a vu un peu comment ça s'est passé, comment ça a pris, ça s'est enflammé. Malheureusement, c'est une danse à deux, c'est un tango. Et les forces policières, pas à cause des policiers en faction, à cause des mauvais calculs et des réactions erronées de directions policières qui comprennent mal ou peut-être, je ne sais pas, comme d'autres, cherchent à se rendre intéressants... En tout cas, il y a une atmosphère qui s'installe, qui entraîne des problèmes directs, des choses qui sont cassées, mais indirectes aussi : il y a des garderies qui vont fermer, il y a divers services qui vont être interrompus, tous ces gens-là subissent les conséquences. Je vois mal pourquoi on rejette toujours la faute, même, chez les imbéciles provocateurs parce que c'est plus complexe que ça.

M. Bovet (Sébastien) : Je comprends que vous souhaitez que ça se passe bien. Je comprends que vous laissez entendre que ça peut se passer bien s'il n'y a pas de provocation, que ce soit du côté des policiers ou des casseurs. Est-ce que vous souhaitez... ou est-ce que vous invitez les familles à descendre dans la rue et manifester?

M. Khadir : Il ne faut pas se laisser gagner par la peur. Il ne faut pas faire le jeu des provocateurs et de ceux qui veulent alimenter l'atmosphère de peur et de violence, donc il faut, de manière raisonnée et raisonnable, réunir toutes les conditions pour que le peuple puisse exprimer pacifiquement et démocratiquement son opinion, son opposition.

M. Lacroix (Louis) : Mais M. Couillard a dit ce matin que, si ses petits-enfants étaient à Québec, il souhaiterait que leurs parents ne les amènent pas dans ce contexte-là de manifestation. Est-ce que vous partagez cette inquiétude?

M. Khadir : M. Couillard, comme beaucoup de gens qui parlent par ignorance, a tenu ces propos. Je pense que M. Couillard ne connaît pas le contexte des manifestations. Ce n'est pas quelqu'un… Je ne sais à pas combien de manifs dans sa vie, même, il a participé, d'accord? Alors, je pense qu'il est mal placé même pour donner… pour guider les gens dans leur choix, mais ça lui appartient. S'il tombe dans cette peur ou s'il a intérêt à alimenter cette peur, ça lui appartient, vous lui poserez la question. Moi, ce n'est pas ce que je dis. Je dis aux forces sociales et aux gens qui sont en train de mobiliser d'être là en plus grand nombre dans l'atmosphère qui leur… dans ce qu'ils considèrent être approprié, avec leur enfant, sans leur enfant, en famille.

Le Modérateur : Une dernière en français.

M. Boivin (Mathieu) : Oui. Juste sur un autre sujet, si vous permettez. La Commissaire à l'éthique a rendu un rapport très critique du député Pierre Paradis. Elle recommande l'imposition d'une sanction de 25 000 $ pour des réclamations de logement. Qu'en pensez-vous?

M. Khadir : Je suis terriblement désolé, je n'ai pas lu le rapport. Notre fonction de député, parfois, nous emmène dans tant de choses qu'il y a des choses qui passent sous le radar. Je ne l'ai pas vu. Je le lirai puis je pourrai réagir après.

Le Modérateur : En anglais.

Mme Johnson (Maya) :Yes. Mr. Khadir, are you suggesting that police officers could, in part, be responsible for the kind of provocation that leads to violence in the streets?

M. Khadir : I… There was too much noise.

Mme Johnson (Maya) : Do you think the police officers are responsible for provocation that leads to violence in the streets?

M. Khadir : Their reaction, when it's unmeasured, it participates in a crescendo that brings violence and counteraction in violence, yes, and it is quite shown. And it's the same thing as in natural situations : some infections, the problems are more due to the reaction of our body in defense of the infection. If our reaction is not measured, we are aggravating the consequence of the small problem that was initially there. There are…

First, we know, since 50 years, not only in Québec, but everywhere, that sometimes police forces send provocateurs in groups to bring them to act in a manner that will retaliate, that will bring retaliation. It has been shown over and over in Québec and elsewhere. That's the first thing, which is irresponsible, in my opinion.

The second thing is that, yes, the reaction, the hypersecurity forces that are acting in a lot of these situations, in front of mainly, mainly pacific demonstrators, peaceful demonstrators, everywhere around the world, brings a lot of problems, injuries. We have seen it over and over in Seattle, in Montréal, in Europe. So, yes, there is overreaction by irresponsible leaders that will be gathering, with a cost of $500 million on the back of Canadians, to just, at the end, be humiliated by Trump and take the same decisions that brought us here. What is here means considerable damage to environment, climatic change and disaster and growth and economical inequalities. Is that really something that should help us see a little bit why people are so angered and want to come here and express peacefully their anger to these irresponsible leaders of the world?

Mme Johnson (Maya) : So, you think most protestors are peaceful and that they don't have the intention to destroy things. Why do you think there's this climate, right now, of fear and concern that things could get out of control?

M. Khadir : Evidently, some people benefit a lot from this atmosphere of fear; politically, some, and some directly, financially. You know that the most important growth in terms of business in the defence sector is not arms, it's security. Just in the next days, $100 million of contracts. So, some people benefit from it, some others justify wages and troops and… du temps supplémentaire, temps supplémentaire…

Une voix : Overtime.

M. Khadir : …overtime, and lots of things like that, so they have interest that something happens. And that's why I'm saying to those idiots that come here and created some violence, OK, vandals that participate in demonstrations to just remain home if they want to serve… instead of giving ground to this type of atmosphere of fear that benefits to whom? Benefits to all those who don't want people to democratically express their discontent with these irresponsible and wrong leaders that have brought us to this situation.

Mme Johnson (Maya) : Do you think things will get out of control?

M. Khadir : I don't think so, no. I'm just telling that we have the responsibility to not encourage these things to worsen by this type of motion, and, you know, hysteria about something that will happen… I don't think… I think things will go relatively peacefully if we don't provoke in undue manner and increment all the ingredients of something happening.

Mme Johnson (Maya) : And what do you think about the fact that there has been a decision to suspend the work of the National Assembly?

M. Khadir : I think it's an error. We're sending the wrong message.

Mme Johnson (Maya) : Why is that? What's the message?

M. Khadir : Because as an Assembly, National Assembly, we have to not… pas glisser…

Mme Johnson (Maya) : Slip, yes, it's a slippery slope…

M. Khadir : …we are slipping in the same atmosphere of fearmongering, OK? Why should we stop working? You know, a lot of people who work around in different... they don't leave office or work because some demonstration will happen, and the National Assembly shouldn't do that either.

(Fin à 15 h 27)

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