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Conférence de presse de Mme Geneviève Guilbault, vice-première ministre, et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le samedi 4 avril 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, mesdames messieurs, bienvenue à cette conférence de presse, ce bilan quotidien de la crise de la COVID-19. Aujourd'hui, c'est la vice-première ministre et ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui va présider à cette conférence de presse. Elle sera accompagnée de Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux, et du Dr Horacio Arruda, directeur national de la santé publique du Québec. Mme Guilbault, à vous.

Mme Guilbault : Merci beaucoup. Bonjour, tout le monde. Donc, avant de passer au bilan, aujourd'hui, je veux revenir de façon générale sur les consignes, les nombreuses consignes, les nombreuses mesures d'urgence qu'on a mises en place dans les dernières semaines pour lutter contre la pandémie.

Je veux rappeler qu'on est bien conscients que c'est difficile en ce moment, pour beaucoup de personnes, de respecter l'application de ces mesures d'urgence de santé publique qu'on a mises en place. Mais rappelez-vous qu'en ce moment on est en train de faire tout ce qu'il faut pour sauver des vies. Gardez toujours à l'esprit qu'en ce moment on poursuit un seul et même objectif, c'est de sauver des vies.

Non seulement, au Québec, on est un des endroits où on teste le plus, mais on est aussi un des meilleurs dans le respect des règles de distanciation sociale, et ce sont là deux éléments clés pour pouvoir remporter cette bataille qu'on mène contre la COVID-19 en ce moment. Donc, il ne faut surtout pas relâcher nos efforts, même quand c'est difficile. Rappelez-vous qu'on fait exactement ce qu'il faut en ce moment et qu'on va atteindre ensemble cet objectif de venir à bout de ce virus.

Je vais donc passer au bilan du jour. Donc, on a aujourd'hui, malheureusement, 14 nouveaux décès, pour un total de 75 décès. Alors, bien sûr, je veux offrir, au nom de tout notre gouvernement, mes condoléances à tous les proches, à tout l'entourage, tous les parents de ces personnes décédées. On a aujourd'hui 6 997 cas confirmés, une augmentation de 896 par rapport à hier; on a 478 personnes hospitalisées, une augmentation de 49; on a 130 personnes aux soins intensifs, une augmentation de huit.

On a aujourd'hui des chiffres, somme toute, encourageants du côté des hospitalisations quand on regarde le ratio par rapport au nombre de cas. Donc, c'est encourageant de ce point de vue là, mais c'est toujours très difficile d'entendre quotidiennement ces statistiques-là parce que, derrière les chiffres, il y a des êtres humains, il y a des gens qui souffrent, il y a des familles qui s'inquiètent. Donc, c'est difficile de dresser ces bilans au jour le jour.

Il y a aussi nos anges gardiens qui sont au front, qui sont là pour nous soigner, pour soigner les personnes qui sont malades. Donc, ce qu'on peut faire de mieux pour nos anges gardiens et pour tout le monde, pour les uns les autres, c'est de s'assurer que tout le monde, absolument tout le monde respecte à la lettre les consignes de santé publique.

Et je rappelle, d'ailleurs, que ces consignes de la santé publique, elles ont force de loi et qu'on a des forces policières déployées partout sur le terrain, sur le territoire québécois, pour les faire appliquer. Ce n'est pas le temps, en ce moment, d'être égoïste, ce n'est pas le temps de penser à sa petite personne, ce n'est pas le temps de vouloir défier les lois, les directives de santé publique. C'est le temps de les respecter.

Et je l'ai dit, on a les forces policières qui sont présentes un petit peu partout parce qu'on ne peut plus accepter, à ce stade-ci... on ne peut pas l'accepter depuis le début, d'ailleurs, mais encore moins à ce stade-ci, avec le nombre de cas qui augmente, le nombre de décès, on ne peut plus accepter que des individus, des personnes, des groupes de personnes isolés continuent de miner les efforts collectifs.

Et nos policiers aussi, tout comme nos anges gardiens du réseau de la santé, sont eux aussi au front quotidiennement pour assurer la sécurité de tout le monde. Donc, facilitons-leur la tâche, évitons les rassemblements. On ne veut plus voir de rassemblements, ni extérieurs ni intérieurs. On ne veut plus voir de commerces et de services non essentiels qui continuent de fonctionner.      Donc, si vous êtes témoins de ces situations-là, des infractions aux directives de santé publique, dénoncez-les, signalez-les à vos forces de l'ordre. Je l'ai déjà dit, on ne veut pas tomber dans un climat de sursuspicion non plus, on ne veut pas sombrer dans la paranoïa collective, mais il faut rester vigilants et il faut surtout s'assurer que personne ne met délibérément en danger la vie des autres personnes.

Je veux aussi demander aux Québécois d'être respectueux envers nos policiers en étant honnêtes sur le fait qu'ils peuvent présenter des symptômes de la COVID-19. Donc, si vous présentez des symptômes et, bien sûr, si vous avez un test positif de COVID-19, donc si vous êtes contaminé par le virus, soyez honnête, dites-le au policier avant qu'il y ait interaction. Et même chose, évidemment, pour notre personnel du réseau de la santé, si vous présentez des symptômes, soyez honnêtes.

Et il n'y a aucune honte à avoir des symptômes du COVID-19. Bien au contraire, ce qui serait honteux, c'est de vouloir le cacher, de le dissimuler sciemment et d'ainsi mettre en péril la santé et la sécurité, notamment, des gens du réseau de la santé, et de nos forces policières, et de tout le monde d'ailleurs. Donc, soyez honnêtes, soyez transparents. J'en appelle au sens des responsabilités et au civisme de tous les Québécois, sur cette franchise, cette transparence qu'on doit avoir sur son propre état.

L'autre consigne qui est critique en ce moment, c'est toute la question de l'interdiction des déplacements non essentiels entre les régions, entre les villes. Vous savez, on a déjà décrété ou, du moins, fixé certains territoires, certains endroits au Québec où les déplacements non essentiels sont interdits. On veut éviter la propagation du virus d'un endroit à l'autre. On veut aussi protéger nos communautés plus vulnérables. Si bien qu'aujourd'hui j'annonce qu'on ajoute deux nouveaux territoires où seront interdits les déplacements jugés non essentiels, j'annonce le territoire de Charlevoix et la ville de Rouyn-Noranda.

Donc, à partir de 16 heures aujourd'hui, on va ajouter des points de contrôle policier à ces endroits pour contrôler, limiter les allées et venues sur ces deux nouveaux territoires, l'objectif étant bien sûr, toujours, de renforcer l'application des directives de santé publique en évitant tout déplacement non essentiel autour et dans ces régions. Ça s'ajoute à la liste qui a déjà été rendue publique depuis une semaine.

Donc, je vais ajouter un petit mot sur les inondations, pendant que c'est moi qui suis ici aujourd'hui, donc peut-être faire le point sur la situation des inondations. Vous savez que chaque printemps c'est un défi qui nous guette, la gestion des inondations. Donc, simplement assurer tout le monde que tout est sous contrôle pour l'instant. La très, très grande majorité des cours d'eau, la quasi-totalité des cours d'eau est sous contrôle pour l'instant. Il y a eu des incidents en Beauce, là, depuis hier, il y a eu certains débordements, certaines évacuations préventives, certaines inondations mineures aussi, mais tout se passe très bien, tout est sous contrôle.

Je l'avais dit, j'ai fait une tournée, moi, en prévision d'une éventuelle crue printanière pour m'assurer que toutes les municipalités sont conscientes des règles à respecter cette année, entre autres sur l'hébergement, sur la gestion des bénévoles, des services aux sinistrés, et tout ça. Il faut éviter les rassemblements, donc, tout le monde est bien conscient. Je veux en profiter pour les remercier, d'ailleurs, toutes les municipalités et toutes les MRC, qui collaborent très bien. Donc, on est prêts. S'il y a lieu et si on doit intervenir, nous serons prêts, je veux en assurer tout le monde.

Et je veux passer le message aux citoyens que, là aussi comme ailleurs, il faut respecter les directives de santé publique. Et je voyais tout à l'heure un gazouillis de la Sûreté du Québec qui faisait état de rassemblements le long de la rivière Chaudière. Donc, dans les inondations comme dans tout le reste, il faut éviter de se rassembler par curiosité pour aller voir les cours d'eau qui seraient sous surveillance ou aller voir ce qui se passe s'il y a des inondations. Donc, évitez de vous masser dans ce type d'incidents par curiosité.

Je vais avoir des remerciements un petit peu particuliers aujourd'hui pour les remerciements du jour, des remerciements, même, que je qualifierais de mignons, parce qu'aujourd'hui je veux remercier nos enfants. On parle souvent que ça peut être difficile pour les parents d'être à la maison, entre autres de faire du télétravail, et tout ça, en ayant nos enfants à la maison. Mais c'est difficile pour nos enfants aussi parce qu'eux aussi leur vie a été chamboulée depuis quelques semaines. Ils sont privés de leurs amis, ils sont privés de la garderie, privés de l'école, ne peuvent pas toujours jouer dehors. Donc, je veux remercier nos enfants d'êtres solidaires de leurs parents. Continuez à être forts, continuez à être souriants, continuez à nous aider, et on va passer tous ensemble au travers.

Donc, je vais terminer avec les trois consignes qu'on veut toujours rappeler. On les rappelle toujours, mais c'est parce que peut-être qu'il y en a encore qui ne les suivent pas ou qui ne les connaissent pas. Donc, première consigne, très important, on évite de sortir de chez soi si on n'a pas de raison essentielle de le faire. Si on doit sortir de chez soi, on s'assure de rester à deux mètres des autres personnes. Et, en tout temps, en particulier quand on arrive de l'extérieur, on doit se laver les mains avec du savon, c'est très, très important.

Donc, je remercie encore tous les Québécois parce que, malgré ces rappels de consignes qu'on fait pour les quelques récalcitrants qui subsistent, la très grande majorité suivent les consignes depuis maintenant des semaines. On sait que c'est difficile, donc je veux vous remercier. Et surtout rappelez-vous qu'on est tous ensemble dans ce combat et que c'est uniquement en étant unis et solidaires, tous ensemble, en regardant tous vers le même objectif de sauver des vies qu'on va passer à travers. Merci.

Le Modérateur : Est-ce que vous souhaitez faire un mot en anglais, Mme la vice-première ministre?

Mme Guilbault : Oui. So, good afternoon. All our efforts to fight the virus are making a real difference, they are saving lives. But, to win this battle, everybody must follow the instructions. Gatherings must stop and non-essential businesses must close. The police will intervene to enforce those directives if necessary.

Another crucial element is the ban of non-essential travel between regions. This is why we are announcing the establishment of police checkpoints to restrict movements in two new territories, Charlevoix and the city of Rouyn-Noranda. It will help us prevent the virus from spreading from one region to another.

I also want to say a word about the flooding situation this year. Currently, the situation remains under control, but, if it should happen, I can tell you that we are ready and that we will make sure it doesn't become a way of the virus to spread.

So, I repeat our three priorities : don't go out unless it's necessary; if you do go out, keep your distances; and, when you come back home, wash your hands. That's how we will save lives. Thank you.

Le Modérateur : Nous allons maintenant passer à la période de questions qui est réservée aux journalistes. Et nous allons commencer aujourd'hui avec Tommy Chouinard, de LaPresse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. Bon, ma question pour la ministre de la Santé, Danielle McCann. J'aimerais savoir où on en est exactement sur les réserves de propofol et d'autres médicaments essentiels en milieux de soins intensifs, car il y a des personnes directement impliquées dans le milieu de santé qui disent que, manifestement, ces réserves-là sont limitées, qu'on en a pour une semaine, mais on n'est pas capables de s'avancer, pas plus. On en est où?

Mme McCann : Bon, moi, ce que je peux vous dire, c'est qu'effectivement il faut être très, très rigoureux dans l'usage, hein, de ces médicaments, dont le propofol. Et on est en train de revoir, de regarder des substituts, même des anciens médicaments qu'on utilisait, là, dans le passé pour venir aider. Alors, il y a tout un travail qui se fait actuellement à ce niveau-là.

On a aussi décidé, au niveau de l'approvisionnement des médicaments en général, de le centraliser au ministère. On a fait ça, comme vous le savez, pour les équipements de protection. Avant, c'étaient les établissements qui s'approvisionnaient directement avec les fournisseurs. Évidemment, dans une situation d'urgence sanitaire, c'est ce qu'on fait pour vraiment avoir le plus de rigueur mais aussi d'équité possible, et on fait la même chose maintenant pour les médicaments.

Alors, on a un travail qui se fait actuellement et on va regarder, là, des médicaments qui peuvent être utilisés en substitution de certains médicaments comme le propofol.

M. Chouinard (Tommy) : Juste pour comprendre... Dois-je comprendre qu'il n'y a pas de précision exactement sur l'état des réserves, et tout ça, là?

Mme McCann : ...pas vous la donner aujourd'hui parce qu'évidemment on est en train de faire ces travaux. Et on pourra, évidemment, dans le futur, vous en donner plus de spécificités là-dessus, sur le délai, mais, comme je vous dis, on est en train d'examiner d'autres médicaments. Alors, ça, ça pourrait nous donner, évidemment, beaucoup plus de temps devant nous. Et on regarde également toute la situation avec nos fournisseurs. On n'a pas terminé notre travail là-dessus. Alors, au moment où on aura davantage une idée, on pourra vous revenir là-dessus parce qu'il y a probablement d'autres possibilités avec nos fournisseurs.

M. Chouinard (Tommy) : Qui sont les décès, Dr Arruda, les nouveaux décès qui s'ajoutent?

M. Arruda (Horacio) : Les nouveaux décès? Bien, il y a eu 14 nouveaux décès qui sont tous dans la catégorie d'âge qu'on vous a dit antérieurement, puis ils sont distribués un peu au Québec.

Le Modérateur : On va maintenant passer à Alain Laforest, TVA...

M. Arruda (Horacio) : Mais, si vous me permettez, j'aurais... il y a eu une question qui m'a été adressée, j'aurais peut-être une chose à vous dire aujourd'hui, là. En fonction de l'analyse qu'on a faite quotidiennement avec les directions de santé publique, vous savez qu'on avait identifié des zones plus chaudes, hein, des zones plus rouges. Maintenant, il y a de la transmission communautaire qui s'installe un peu partout au Québec, particulièrement dans les villes, je vous dirais, là, plus populeuses. De telle sorte que maintenant, aujourd'hui, j'annonce que nous recommandons de considérer l'ensemble du Québec comme ayant de la transmission communautaire. Ce que ça veut dire, c'est qu'actuellement il y a encore des gens qui pourraient l'introduire par le voyage, mais le facteur principal d'acquisition de la maladie est au Québec actuellement.

C'est sûr qu'il y a des zones... puis ça, ça ne veut pas dire qu'on va enlever des contrôles routiers pour protéger les zones encore moins atteintes. Mais, actuellement, on considère qu'une personne qui a des symptômes qui sont compatibles avec le coronavirus sont potentiellement des coronavirus à un taux assez élevé. De telle sorte qu'on va demander à ces personnes-là, quand elles vont être vues à l'hôpital, même si elles n'ont pas voyagé, même si elles ne proviennent pas d'une zone chaude, si elles ont un syndrome respiratoire, de porter un masque. Et les intervenants de la santé vont aussi porter un masque pour ces personnes-là. Donc, ça a surtout une implication, je vous dirais, pour le niveau de gestion des individus qui viennent consulter au système de santé. Puis ça nous réimporte de dire l'importance de pratiquer les mesures de distanciation sociale qu'on vous a déjà bien dites et répétées à plusieurs fois.

Cette décision-là... C'est clair qu'il y a des différences de dynamiques entre les régions, là, il y a des sous-secteurs plus chauds que d'autres. Mais on arrive à un stade, actuellement, où, plutôt que d'y aller à la pièce puis d'ajouter une région à la fois, à chaque jour, ou des sous-sections, on a considéré qu'il est le temps de recommander la transmission communautaire qui est soutenue à certains endroits, moins soutenue ailleurs. Mais, de toute façon, on va prendre ces mesures-là.

Je tiens à vous dire qu'il est excessivement important de ne pas lâcher. Il ne faudrait pas que tous les efforts qu'on a faits jusqu'à maintenant, qui portent leurs fruits, soient anéantis par un relâchement, actuellement. C'est encore le temps, les équipes de santé publique vont continuer à faire des investigations sur les cas et sur les contacts, il faut appliquer les mesures. Les gens dans le système de soin et ceux qui donnent des services essentiels, proches des personnes, vont devoir se protéger un peu plus. Donc, c'est ça qui est la consigne. C'est surtout pour que vous... renforcir, mais c'est surtout à cause de la situation épidémiologique, là. On est rendus à ce stade-là.

Quand on était après la semaine de relâche, c'étaient surtout des voyageurs, hein, 90 % des gens qui avaient la maladie provenaient de voyages. Ça, ça démontre qu'actuellement le bombardement par les voyageurs est en diminution. Ça veut dire que les gens qui reviennent, quand même, doivent rester en quarantaine. Mais on doit considérer toute personne qu'on ne connaît pas, puis ce n'est pas pour donner de la méfiance, là, mais comme étant potentiellement porteur, de telle sorte qu'on ne prend pas de chance.

Et, à ce moment-là, je vous demande à tous de respecter l'étiquette respiratoire, de faire les mesures d'hygiène qu'on répète continuellement, continuellement, et puis, si vous avez des symptômes, aussi, de ne pas mentir. Il y a des gens qui, pour des raisons x, y, z, veulent aller à un certain endroit ou veulent rentrer dans tel établissement, ou pas. Si vous avez des symptômes compatibles avec un rhume ou une grippe, de la toux, de la fièvre, c'est très important d'avertir votre soignant ou la personne qui va vous recevoir. Parce que, un, c'est pour vous traiter, vous, et, deux, c'est pour ne pas contaminer notre personnel puis qu'on se retrouve avec des problèmes de pénurie de personnel. Il y a des gens qui ont menti pour toute sorte de raisons, qui étaient COVID-19 positifs, qui se sont présentés en milieu hospitalier pour des raisons x, y, z.

Donc, j'insiste, c'est très important, ce n'est qu'ensemble qu'on va gagner la bataille. C'est long, c'est difficile, tout le monde est un peu, je vous dirais, tannés de cette situation-là, si on peut le dire en québécois. Mais je pense qu'on passe dans une autre phase, mais on va la gagner si tout le monde fait ses efforts. Merci.

Le Modérateur : M. Laforest de TVA.

M. Laforest (Alain) : Dr Arruda, pour faire un peu de millage là-dessus, là, vous avez annoncé aujourd'hui... Bonjour à tous. Vous annoncez aujourd'hui 6 997 cas, 896 de plus. C'est une grosse augmentation. Juste pour que les gens comprennent bien, avec le message de prudence que vous venez de donner, quelle est la tranche d'âge qui est principalement affectée? Est-ce que ce sont principalement des hommes?, des femmes? Parce que, oui, ceux qui nécessitent des soins d'urgence, on parle plus des personnes âgées, mais au niveau de la contamination, là, c'est quoi, le portrait que vous pouvez nous donner aujourd'hui?

M. Arruda (Horacio) : Bon, écoutez — si vous me permettez, je vais juste sortir mes choses — il faut faire une distinction entre la maladie puis ceux qui décèdent, qui vont aux soins intensifs, hein? Vous savez, il y a plein de gens, la majorité des gens, même au-dessus de 80 % — même ici, au Québec, c'est plus que ça — vont faire la maladie, vont rester à la maison, n'auront pas nécessairement besoin de soins, vont passer plus ou moins un mauvais quart d'heure puis vont se rétablir.

Et donc, pour ce qui est des répartitions à travers les groupes d'âge, en fin de compte, il y en a surtout chez des jeunes adultes, en termes de masse, 40-49 ans, et par contre, pour ce qui est décès et des hospitalisations, c'est là qu'on se rend compte qu'il y a un «shift» vers les personnes plus âgées. C'est ça, en gros. Vous pourrez voir sur le site de l'Institut national de santé publique les détails en pourcentage.

Mais, dans le fond, si j'essaie de résumer pour la population, les gens qui meurent, actuellement, du COVID-19 sont surtout des personnes en haut de 70 ans, surtout entre 80 puis 89 ans puis en haut de 90 aussi. Il y a quelques cas... il y a eu un cas de décès, je l'ai dit, dans la tranche d'âge 30-39, d'autres dans 50-59, mais c'est véritablement une maladie qui tue particulièrement les gens les plus âgés, les gens qui ont des maladies chroniques, pour le moment, au Québec. Et c'est le profil qu'on s'attendait. Et c'est pour ça qu'on a mis tellement d'emphase sur le contrôle de la non-exposition des personnes âgées qui sont regroupées dans les résidences pour personnes âgées, etc.

M. Laforest (Alain) : Mme la vice-première ministre, on vient de passer à une étape supérieure, avec la transmission communautaire, donc il n'y a plus de régions qui ne sont pas à risque. Vous avez lancé un avis pour, entre autres, dire la vérité aux policiers. À Saint-Jean-sur-Richelieu, la ville a décidé d'appliquer des contraventions, là : 200 $, 500 $ et 1 000 $. Là, on ne fait pas le processus devant le procureur de la couronne. Est-ce que la Sûreté du Québec et les autres corps de police devraient faire la même chose : fini les avertissements, on sévit?

Mme Guilbault : Bien, il y a déjà des constats qui s'émettent, dans les derniers jours, là, à la suite du constat d'une infraction, il y a des rapports d'infractions généraux qui sont remis par les différents corps de police, quand ils constatent qu'effectivement il y a des gens qui ne se conforment toujours pas aux directives, notamment par des rassemblements, notamment par des commerces qui sont encore ouverts et qui ne devraient pas l'être.

La situation dont vous me parlez, à Saint-Jean-sur-Richelieu, j'en ai eu connaissance, effectivement. On est encore à faire les vérifications parce que c'est tout récent que cette situation-là a été diffusée dans les médias, mais de prime abord, avec les vérifications, les premières vérifications que j'ai pu faire avant de venir vous parler aujourd'hui, il semble effectivement, là, qu'ils ont mis en place leur propre règlement municipal ou, en tout cas, qu'ils ont mis en place leurs propres outils, à travers des règlements municipaux, pour pouvoir agir doublement.

Et donc, si c'est bien ce que je pense que c'est... puis encore là il y a d'autres vérifications à faire, mais je pense que ça démontre le sérieux de la situation. Une municipalité qui se donne des outils supplémentaires pour contenir la propagation du virus, pour sévir contre ceux qui ne suivent toujours pas les directives de santé publique, ça démontre le sérieux de la situation. Et toutes les municipalités, toutes les MRC, toutes les régions, tous les citoyens, tout le monde en ce moment doit prendre les moyens à la hauteur de sa situation pour s'assurer du respect collectif des règles. Saint-Jean-sur-Richelieu le fait de cette façon-là, et je pense que, toujours sur réserve des vérifications à venir, c'est une bonne idée.

Le Modérateur : Patrick Bellerose, du Journal de Québec.

M. Bellerose (Patrick) : Bonjour à tous. La question est pour le Dr Arruda. Ça fait déjà 12 jours qu'on a mis le Québec sur pause. Pourtant, le nombre de cas quotidiens continue d'augmenter, on est au double du 23 mars, quand on a décidé de mettre le Québec sur pause. Est-ce qu'en fait les mesures donnent les résultats escomptés? Et est-ce que le bilan à mi-parcours vous pousse à penser qu'on va devoir prolonger l'arrêt des activités non essentielles?

M. Arruda (Horacio) : Pour ce qui est de la question d'est-ce que les mesures qui donnent... sont efficaces, oui, je tiens à vous dire tout de suite, là. On a même mesuré les questions de distanciation : Québec est la province qui l'applique le plus. Donc, les gens l'appliquent. Donc, ça, c'est une première des choses.

Par rapport à l'efficacité, c'est vrai qu'on a beaucoup de cas. Bien, faisons attention. On teste beaucoup, beaucoup, beaucoup. Et, ce qui m'importe, moi, c'est quand je regarde le taux d'hospitalisations puis le taux de décès. Moi, je peux vous dire que, si on se compare... on n'a pas 15 % d'hospitalisations, actuellement, on est en deçà de ça, on a moins de décès. Donc, quelque part, les indicateurs fiables pour les comparaisons, je vous dirais, actuellement, on le démontre qu'on a un effet parce que, si on serait comme ailleurs, on aurait 15 %. Mais il est trop tôt...

Puis je ne suis pas en train de dire qu'on est à mi-parcours, je ne sais pas où on est... si on est à mi-parcours. Quand on sera au pic, espérons-le qu'on va avoir dépassé un peu la mi-parcours puis que ça va redescendre rapidement. Mais je ne suis pas en mesure de vous le dire, actuellement. Par contre, est-ce qu'on aplatit la courbe? Je vais vous dire, je vais attendre de voir la cuisson du temps puis ce qu'elle va donner en termes de forme.  Donc, moi, je trouve que c'est encourageant. Et, si je regarde ce qui est recommandé, je vous dirais, à partir des expériences de partout, là, à part de sceller les portes des personnes pour les empêcher de sortir, comme ça peut être fait dans certains pays, bien, je pense que le Québec est en bonne situation et a pris les bonnes décisions, je vous dirais, actuellement, au bon moment.

Mais la vie étant ce qu'elle est, je ne suis pas astrologue ou... je peux faire des scénarios, mais je pense que moi, actuellement, là, je sens qu'on est en contrôle. Et surtout, aussi, c'est qu'on est déjà... plusieurs interventions de délestage, d'interventions, de... pour permettre à notre système de santé de continuer. D'où l'importance de protéger aussi nos ressources humaines. Parce que des lits, c'est une chose, du matériel, c'est une chose, des ventilateurs, c'en est une autre, les respirateurs, c'en est une autre. Mais il faut encore qu'on ait un système de santé où des gens qui... à la fois dans les travaux essentiels, à la fois du côté de la police, à la fois ceux qui transportent la nourriture, là. Parce que, si on a pas ça, on va avoir des problèmes. Bien, il faut les protéger. Donc, pour les protéger, c'est aussi de diminuer le risque de les contaminer en ayant un comportement adéquat.

Mais je suis fier d'être au Québec, et on verra l'histoire plus tard. Puis je vais vous dire, il y a beaucoup de questions excessivement pertinentes que vous posez dont j'aimerais avoir la réponse, mais je suis obligé de dire, comme scientifique, que je ne le sais pas. Mais actuellement, on est en contrôle. C'est ce que je peux vous dire. On est en contrôle. Il y a des zones de fragilité, comme partout dans le monde, par rapport à certain matériel, puis etc., mais actuellement, on est en contrôle. Puis n'oubliez pas que, si vous ne l'attrapez pas, vous n'avez pas besoin de traitement.

Mme McCann : Là-dessus, moi, ce que je peux vous dire, du point de vue du système de santé, d'ailleurs la question a été soulevée hier, par rapport à des situations qu'on qualifierait, là, de semi-urgentes, moi, j'ai beaucoup d'empathie pour les gens qui ont certaines problématiques, notamment un cancer, et qui attendent pour certaines interventions. C'est sûr que la situation maintenant nous permet de rouvrir un peu plus. La situation au niveau des N95 s'est un peu améliorée. Parce que c'est ça qui nous freinait, aussi.

La situation des médicaments, j'en ai parlé, il faut être très, très rigoureux. Alors, on va être capables, la semaine prochaine, d'ouvrir quelques jours pour des interventions semi-urgentes, notamment en oncologie, dans toute la sphère du cancer. Et là, vraiment, il y a tout un travail qui se fait dans les hôpitaux par des comités cliniques, des évaluations très, très rigoureuses.

Et je veux vous dire aussi que ça, c'est nouveau avec cette crise, hein, les spécialistes, les médecins spécialistes et leurs équipes appellent les patients. Et moi, j'invite les gens qui sont anxieux, qui ont des craintes par rapport à leur santé dans ces situations-là, particulièrement, d'appeler leurs médecins. Ils vont vous répondre. Et l'important, dans ces situations-là, c'est de communiquer de façon soutenue. Et, dans les prochains jours, il va y avoir certaines de ces interventions qui vont être faites.

Alors, c'est grâce aux efforts de la population aussi parce que ces équipements n'ont pas été pris pour d'autres situations de COVID-19. C'est grâce à ces efforts-là que notre système de santé est capable d'aller un peu plus loin dans ces situations semi-urgentes.

Le Modérateur : Deuxième question, M. Bellerose.

M. Bellerose (Patrick) : Quand je parlais de mi-parcours, Dr Arruda, je parlais de mi-parcours pour la pause que vous avez décrétée, donc l'arrêt des activités économiques non essentielles. Donc, est-ce que vous envisagez de prolonger l'arrêt des activités non essentielles? Et aussi, peut-être un petit commentaire, est-ce qu'on doit s'attendre à une semaine très difficile, la semaine prochaine, dans cette crise?

M. Arruda (Horacio) : Bon, pour ce qui est de la pause, il y a plusieurs éléments à prendre en considération, puis je pense que c'est une décision gouvernementale qui prend en compte les éléments économiques autres, capacités, etc.

Ce que je peux faire, c'est que, si on veut prolonger ou pas la pause... on peut me poser des questions sur quelles sont les conditions pour qu'on ne perde pas les acquis, pour ça, pour cet élément. Je pense que c'est assez clair qu'on n'attendra pas la fin de tout pour dire qu'on recommence à vivre, parce que ça serait intenable. Là, si on recommence à vivre, bien, comment allons-nous recommencer à vivre? Quels seront les mécanismes qu'on mettra en place? On va favoriser encore le télétravail. Il y a plein d'analyses qui sont en cours pour être faites de comment travailler différemment.

Puis je voudrais en profiter, s'il vous plaît... Mme la vice-première ministre a remercié les enfants. Moi, je voudrais remercier des gens, la société québécoise, mais tous ceux qui font des gestes pour aider les gens à rester à la maison, ceux qui vont distraire les personnes, les artistes qui font de la belle musique avec des chansons qui reprennent sur le thème du... le corona... excusez-moi. Puis d'ailleurs c'est le COVID-19 que je devrais dire. Voyez-vous que je suis dedans depuis le 7 janvier sans arrêt? Je voudrais juste vous dire, dans le fond, tout geste qu'on pose, à la fois en respectant les consignes, mais à la fois en soutenant les autres dans leurs maintiens, c'est un geste d'amour, je tiens à le mentionner.

Et je sens cette très grande solidarité au sein du Québec. J'en ai pour... envers moi, j'en ai trop envers moi. Mais donnez-en autour, que ça soit des gens qui vont faire des repas, La Tablée des chefs, par... Là, j'en nomme quelques-uns puis je vais en oublier d'autres, hein? Tous ceux-là, là, tous les gens qui prennent soin, bien, moi, ça me démontre qu'on est une société qui est capable de combattre la chose mais aussi d'en sortir grandie. Puis c'est mon message que je voulais porter aujourd'hui parce que je suis très fier, très, très fier, d'ailleurs, de notre société.

M. Bellerose (Patrick) : ...

M. Arruda (Horacio) : Ça va être une semaine, je vous dirais, importante. Est-ce qu'elle va être la plus difficile? Elle va nous donner plus d'informations. Vous savez, à mesure qu'on avance, plus on va pouvoir être précis sur ce qu'on pense qui peut arriver. J'aimerais ça avoir les réponses de la semaine prochaine. J'aimerais ça être samedi prochain pour vous donner déjà, là, des scénarios que vous aimeriez avoir. Mais disons que ça ne va pas être... ça ne va pas retomber comme ça du jour au lendemain. Et c'est pour ça qu'il faut maintenir. On a mis trop d'efforts pour arrêter tout ça.

M. Lacroix (Louis) : Je vais maintenant poser une question, M. Arruda. Bon, je vous ai posé cette question un peu plus tôt, cette semaine, sur le port du masque dans la communauté. La CDC, aux États-Unis, le recommande maintenant. L'académie française de médecine également le recommande au grand public, tout en précisant qu'il ne faut pas que ce soient des masques destinés au personnel médical. Mais on parle entre autres de masques de tissus ou encore de foulards. Est-ce que vous maintenez l'opinion que vous aviez cette semaine ou est-ce qu'à votre avis il est temps que, dans la population générale, on commence à se couvrir le visage pour éviter d'envoyer des particules sur d'autres personnes qui ne seraient pas infectées?

M. Arruda (Horacio) : Écoutez, je n'ai pas la vérité. J'essaie toujours de donner mes avis sur les données probantes. Et je pense que nos experts vont regarder encore tout cela. Par contre, si vous me permettez, dans le contexte actuel, ce que je peux vous dire, c'est que nos masques de procédure doivent être réservés, je vous dirais, aux personnes qui vont donner des soins et aux travailleurs essentiels qui vont être en contact avec des personnes à moins de deux mètres pour leur donner des soins. Ça fait que, dans le contexte actuel, ça demeure la très grande priorité.

Et encore ce masque-là est utilisé dans un contexte qui est tout à fait contrôlé dans le soin et qui pourrait même être porté différemment. On va peut-être conserver les masques plus longtemps. Il y a des avis, là, qui vont apparaître dans la perspective de la santé publique actuelle, notamment parce qu'on est en transmission communautaire.

Pour ce qui est du masque dans la communauté, moi, ce que je vous dis, c'est que je considère encore qu'on ne peut pas faire l'économie d'un bon lavage de mains, puis etc. Mais, dans les faits, de porter un masque ou un tissu pour empêcher d'envoyer des gouttelettes, c'est comme quand on tousse, se mettre la main dans le coude, hein, ce n'est pas un masque, etc. Donc, ça pourrait avoir cet effet-là. Mais ce que je ne voudrais pas que ça fasse, c'est que ça donne l'impression que, parce que je porte un masque, que je suis protégé. Et la science, avec la généralisation du port du masque, soit dans la communauté pour prévention ou pas, nous donnera les réponses comme telles.

Mais dans le contexte actuel, je veux dire, je ne peux pas interdire quelqu'un de se faire un masque, surtout s'il a des symptômes, pour ne pas contaminer les autres. C'est une bonne chose, au lieu de tousser... Bon, mais faites attention à l'accumulation. Si ça devient humide, si on manipule mal ça, qu'on l'enlève puis qu'on contamine plein de choses autour, c'est comme si on avait pris notre coude puis qu'on l'aurait frotté... Voyez-vous? C'est ces éléments-là.

Et là la question de la... même le CDC... ils ont peut-être changé leur opinion, même le CDC reconnaissait que c'était une protection qui était de l'ordre peut-être de 30 % ou moins. Là, il faut comprendre aussi que ça va dépendre du tissu, comment qu'il est ajusté. Il y a plein de facteurs. Je ne suis pas en train de vous dire que c'est dangereux. Je vous dis juste que, pour les masques de procédure qu'on a, on veut les réserver pour ça. Puis on verra ce que les experts nous recommanderont, on va suivre ça de très, très près, et, comme je vous le dis, si ça va être ajouté pour les gens asymptomatiques. Puis, si jamais vous le portez, n'oubliez pas, le risque, qui est très important, c'est l'hygiène. Mais il ne faut pas avoir l'impression que le masque va nous protéger à tout prix.

Le Modérateur : Je vais maintenant passer à Alex Boissonneault, de Radio-Canada.

M. Boissonneault (Alex) : Bonjour. On se fie beaucoup au jugement des policiers en ce moment pour appliquer les directives, que ce soit sur le terrain pour l'interdiction des rassemblements ou que ce soit pour contrôler des déplacements aussi entre les régions. Or, de ce qu'on nous dit sur le terrain, c'est que ça suscite certaines inquiétudes, peut-être même des frustrations.

Par exemple, j'en donne deux. Il y a des gens qui se sont fait demander de rebrousser chemin à un point de contrôle, alors qu'ils voulaient aller porter de la nourriture à un proche âgé, par exemple, dans une région, dans la région des Laurentides pour être plus précis. Ou, en Outaouais, il y a une personne qui dit avoir reçu une contravention de 108 $ parce qu'elle avait laissé son enfant dans l'auto pour aller faire l'épicerie, alors qu'on demande qu'il y ait la distanciation puis, bon, que... la personne doit aussi s'occuper de ses enfants. Ce qui fait que la question se pose peut-être de savoir si on ne devrait pas avoir des consignes plus claires pour les policiers sur le terrain, plutôt que seulement de se fier sur leur jugement.

Mme Guilbault : Oui. Merci. Bien, vous faites référence aux directives aux corps policiers. C'est certain que, de manière générale, il n'y a pas de directive qui émane du politique ou ce n'est pas moi qui donne des directives précises à un corps de police. Donc, elles sont responsables... ils sont responsables de l'application des lois et des directives de santé publique, ces temps-ci, depuis qu'on en met en place. Donc, il y aura toujours une part de discrétion, de jugement, d'interprétation de la part des services de police.

Par contre, on est en communication permanente, au ministère, avec tous nos corps de police. Encore hier, d'ailleurs, j'ai participé à une de ces conférences de la structure... ce qu'on appelle la structure de liaison policière. Donc, il y a beaucoup d'information qui circule, il y a l'échange de bonnes pratiques, l'échange de cas particuliers, comme ceux que vous évoquez. Mais il faut comprendre qu'on est dans un contexte où on a dû mettre en place des mesures d'urgence, des mesures exceptionnelles, de façon très rapide. Donc, est-ce que tout est parfait? Certainement pas, comme partout ailleurs. Est-ce qu'il y a des ajustements qui peuvent être faits? Oui, on est toujours en amélioration continue, là comme dans d'autres secteurs. Mais de façon générale ça fonctionne bien, les points de contrôle policier.

L'objectif, il ne faut jamais le perdre de vue, là, c'est de sauver des vies et d'éviter des déplacements non essentiels. Donc, pour ce qui est des directives... Puis la meilleure façon, pour un citoyen, de ne pas s'exposer à des cas qui, peut-être, deviennent problématiques, ou confus, ou, bon, ne pas trop savoir si je vais pouvoir passer ou non, c'est de rester chez soi, à moins de vraiment avoir une raison vraiment essentielle de se déplacer. Parce que, oui, on ferme des régions les unes après les autres, mais la consigne générale, c'est : Restez chez vous si vous n'avez pas une raison essentielle de sortir de chez vous, que ce soit pour rester dans la même région ou pour changer de région. Donc, dans le doute, on s'abstient de sortir.

Et, dans ces cas particuliers là, bien, il y a toujours, comme je le dis, une part de jugement et d'appréciation des policiers. Des cas comme ça, il y en a une variété infinie, là, parce qu'il y a évidemment toutes sortes de situations qui surviennent, surtout à mesure qu'on ajoute des points de contrôle policier. Mais, de façon générale, nos policiers travaillent bien. On veut protéger nos populations, protéger nos communautés. Donc, le message que j'ai envie de passer à tous ceux qui envisagent de traverser une région qui fait partie de celles qui sont actuellement fermées, entre guillemets, bien, c'est de rester chez vous ou d'évaluer peut-être une solution de rechange si vous pensez devoir sortir.

M. Boissonneault (Alex) : Juste pour bien comprendre, dans ce cas-ci, là, lorsqu'on demande... lorsque quelqu'un veut aller porter de la nourriture à un proche aîné dans une autre région, ça dépend du jugement du policier de dire si elle peut passer ou pas?

Mme Guilbault : Ça dépend. C'est à l'appréciation du policier, oui, mais il faut voir le caractère essentiel de la chose, là. J'ai eu sensiblement la même question la semaine dernière. C'est sûr que les situations varient. Si la personne qui reçoit l'épicerie peut trouver un autre proche, un ami, un service, un organisme local, il y a beaucoup d'organismes communautaires qui offrent ce genre de service là, à la fois des popotes roulantes ou pouvoir accompagner, ou amener des courses à la maison, à défaut de pouvoir sortir, dans le cas des personnes de 70 ans et plus, et s'ils peuvent faire de la livraison aussi, bien, on opte toujours pour ces solutions-là qui évitent des déplacements entre les régions.

Mais, dans un cas humanitaire... Parce que quand on dit déplacement essentiel, c'est quoi? C'est trois choses : les services et entreprises considérés essentiels, donc tout l'alimentaire et tout ça, les services de santé et l'humanitaire. Donc, l'humanitaire a ce critère-là, sa part d'interprétation. Donc, c'est sûr qu'une personne qui est seule, qui n'a pas d'entourage, pas de famille, qu'il n'y a pas d'épicerie à proximité, qu'il n'y a pas de service de livraison, qu'il a toutes sortes... une conjonction d'éléments qui font qu'elle n'a pas de moyen de s'approvisionner autre que sa famille, bien là, on peut l'expliquer au policier en question, puis le policier va pouvoir juger.

Un des trucs que je peux peut-être donner, et là, encore là, je ne me substitue pas aux policiers d'aucune façon, mais, si une personne veut seulement aller porter de l'épicerie à un proche, peut-être s'assurer d'avoir déjà l'épicerie dans la voiture puis démontrer qu'on s'en va vraiment porter du ravitaillement, là, pour quelqu'un. Mais, donc, c'est toujours... Puis, ça vaut aussi pour les gens qui y vont pour le travail. Si vous être capable d'avoir une lettre de votre employeur ou un document qui atteste que vous allez là pour des raisons professionnelles considérées essentielles, ça aide nos policiers.

Parce qu'ils font de leur mieux, mais, non, il n'y a rien de parfait, je l'ai dit tout à l'heure. Des fois, ils doivent prendre une décision qui n'est pas toujours facile. On n'a pas toujours toute l'information non plus pour prendre des décisions. Mais, quand on dit : Est-ce qu'on peut avoir des directives uniformes?, on pourra donner la directive qu'on veut, il y aura toujours des cas d'exceptions partout. Et c'est là que le bon jugement entre en ligne de compte.

Le Modérateur : Je vais poser une question maintenant au nom de Caroline Plante, de LaPresse canadienne. Vous y avez répondu, Mme McCann, partiellement, tout à l'heure. Elle se demande : Est-ce que toutes les chirurgies dans les cas urgents de cancer sont effectuées ou sont-elles aussi reportées à des dates indéterminées? Elle dit également : Des lecteurs se demandent s'il est acceptable de faire patienter les cas urgents de cancer afin de prioriser le traitement d'un virus respiratoire?

Mme McCann : Non, les cas urgents sont traités, ça, c'est clair, tous les cas urgents en cancer, et même dans n'importe quel domaine, là, ils sont traités. Ce dont je parlais, ce sont des cas semi-urgents, où est-ce qu'on peut avoir davantage de temps, là, un quatre à six semaines, un huit semaines où on peut déplacer la procédure. Mais là ce qu'on dit, aujourd'hui, c'est qu'étant donné la situation où on est, qu'on a un peu amélioré notre situation avec les N95, dans les prochains jours, la semaine prochaine, on va pouvoir faire quelques cas semi-urgents. Et ça, je pense que ça va être, évidemment, important. Mais tous les cas urgents, et je le répète, sont faits, ça n'a jamais, jamais cessé, dans tous les domaines. Évidemment, on prend les précautions nécessaires.

Mais, si vous permettez, moi, j'aimerais prendre cette opportunité pour vous parler rapidement de centres désignés d'évaluation qui ont été mis sur pied depuis cette semaine, depuis le début de la semaine. On n'a pas eu l'occasion d'en parler en conférence de presse, il y a un communiqué qui est sorti. Parce que, oui, il y a ces cas-là qui doivent être vus, dans les centres hospitaliers, mais les gens, hein, quand on parle de 6 997 personnes qui ont été diagnostiquées COVID-19, vont avoir, ont besoin aussi de soins en première ligne, certains d'entre eux... la plupart d'entre eux, d'ailleurs, dans les cas plus modérés. Alors, ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est que, comme dans le communiqué, on le disait, ces personnes-là vont communiquer, peuvent communiquer avec le 1-877-644-4545, et là on va les diriger, on va faire une évaluation avec eux, quand ils ont des symptômes, évidemment, et on va les diriger, si besoin, vers ces cliniques d'évaluation qui sont vraiment des cliniques médicales qui ont été transformées en des cliniques d'évaluation pour le COVID-19.

Ce qu'on fait dans toutes les régions du Québec, parce qu'il y en a 93 de ces cliniques, c'est qu'on veut concentrer dans certaines cliniques la venue des gens qui ont le COVID-19 pour éviter justement qu'ils croisent d'autres patients qui vont continuer d'aller dans les cliniques médicales en général. Alors, ça, c'est une autre mesure de distanciation, mais de protection de la population, mais aussi une mesure pour donner les soins requis à ces personnes qui en auraient besoin physiquement. Parce qu'il y a l'ensemble, évidemment, des médecins et des équipes qui sont à pied d'oeuvre au téléphone et en téléconsultation actuellement dans le réseau de la santé.

Le Modérateur : On va maintenant passer aux questions en anglais. On va commencer avec Josh Grant, de CBC.

M. Grant (Josh) : Bonjour, tout le monde. Dr. Arruda, 14 new deaths today, 75 deaths total. Can you please give a breakdown of the age groups that are affected by that?

M. Arruda (Horacio) : Yes. In fact, it's what we suspected, and it's still the same type of distribution. Most of the cases of dying from coronavirus... or COVID-19 are over 70 years old, I would say most concentrated between 80 and 89. There is cases of 90 years old, only one under the 45, 55, 60, and one which was between 30, 39. So it's a case that the people die when they are very ill or older, and also with medical other conditions.

M. Grant (Josh) : Mme McCann, the Jewish General Hospital, in Montréal, is banning all guests from birth and post-partum. Is the Québec Government planning to reverse that decision or is that something you support?

Mme McCann : Well, what we have to say about that is that it's very unfortunate, what happened in the birthing section of the Jewish General Hospital. Unfortunately, some «conjoint»... partner of a woman who was about to give birth was infected with COVID-19, had symptoms. And that's really, really something that should not happen in a hospital, anywhere. And I think there was a lot, a lot of preoccupations because that person could have infected other people, you can imagine. So, the hospital decided to stop the accompaniment of a person for the birthing. In other hospitals, it's still possible.

But I want to make sure that the population understands. If you have any, any symptom, be it of influenza or COVID-19, if you don't know, and, on the top of that, if you are diagnosed with COVID-19, you don't go out, you stay home and you protect everybody. So it's the same if your wife or your partner is about to give birth. And maybe another person can go, if it's not the husband, can go and accompany the person who is about to give birth. So this is very important to protect our health workers and to protect the population. So this has to be completely, completely followed.

M. Grant (Josh) : And, really quickly, are we OK for medical protective equipment now? You said the situation doesn't improve for N95 masks.

Mme McCann : N95 has improved a bit, a bit. But, for the rest, we are still at eight days, and we are making a lot of efforts, and each day, we are getting some supply. So, we are keeping the rhythm.

Le Modérateur : Raquel Fletcher, from Global News, had the same question about the Jewish Hospital. To be clear, do you support the decision of the Jewish Hospital on this issue?

Mme McCann : We can understand their decision because it was a very, very, very difficult episode. And, as I said, other hospitals in Québec, in general, people can accompany the women who's going to give birth. But I think the Jewish General was completely, completely taking aback, very, very concerned about this situation, and that's why they gave... they took that decision.

Le Modérateur : Question from Phil Authier, from Montreal Gazette, for Mrs. Guilbault. Can you tell us how many SQ and Montréal police officers have tested positive to COVID-19 and how many are there in isolation? Has this affected the forces' ability to work?

Mme Guilbault : I don't have the new numbers for today, but there are some cases confirmed as well as people who are isolated in our police forces throughout Québec. They are not exception from the whole society, they are exposed as well. But what I can assure people, especially those policemen and policewomen who work out there, is that we do everything in our power to protect them. We are fully aware of the fact that, as well as our guardians in the health care system, they are in the front line, protecting us everyday from the virus. So, we have to protect them as we do for other essential workers. So, we, as I said earlier, are in constant communication with all of our police forces to make sure that they work in the safest conditions as possible.

Le Modérateur : Second question from Raquel Fletcher, from Global News. With Passover and Easter approaching, what do you say to Quebeckers who might be tempted to cheat or forego some social distancing measures and celebrate? The question would be to, maybe, Mr. Arruda.

M. Arruda (Horacio) : In fact, I know, it's difficult. There is people who that's their birthday today, and they won't have any party about this. I think that we must postpone those things, any kind of people getting together. And I will tell you, it's happening with weddings, with funerals, with even people playing in a sports' room, and everything. So, it's not the time. And let's, perhaps, have a bigger gift or a better party later, but I think that's not the time. I'm really sorry about this, and it's not because of any religion or anything, it's just because it's not the time to gathering, because it's to protect you and protect others. Especially protect others, because if there is a transmission during this, that one of those persons is going to infect another one that can infect another one and can kill somebody else.

Mme Guilbault : As a complement, maybe. All kinds of gatherings are forbidden, and the rules apply to everyone. So, there is no wondering whether you can or not gather with someone else, unless you have specific reasons, like essential workers and things like that. But even in those essential services, employees and people have to keep their distance from one another, unless it's really not possible. So, all gatherings are forbidden, and the rules apply to everyone. So, please, comply and keep in mind that we do all that to save lives.

Le Modérateur : A question from CTV, now. What is your reaction to the CDC's recommendation that the general public should now be wearing face masks during the COVID-19 pandemic? Question for Mr. Arruda.

M. Arruda (Horacio) : In fact, we are looking at all the evidence based on science to that. I think that's an emergent approach. Even CDC, days ago, say that those masks are not are not protective at all. As I was telling, in Québec, the priority is to keep the masks for the health care system and the essential services. That means if you must be under two meters to treat a person, you must wear a mask, and everything.

The mask will be, perhaps... the one made in tissue, or something, yes, it would be like if I cough in my shoulder... no, it's not a shoulder, it's the elbow, sorry, in the elbow, and so... But, if there is a concentration of microbes over there and you don't... you take it away, you contaminate your hands, you put your hands everywhere, hand washing is more important. But it could be OK if someone don't want to sneeze over... and use it. But, if you think that you're using it for protecting yourself to get contaminated, the mask... you will touch things with your hands, you will have to look at the mask and then contaminate yourself.

So, I understand that. We will look at this as the literature is going to prove. But don't think that the mask is the solution. Hand washing, having good hygiene is the best thing to do.

Le Modérateur : And the last question from Philip Authier, Montreal Gazette. Mrs. McCann, can you bring us up to date on Québec's efforts to produce its own protective medical supplies, including N95 masks?

Mme McCann : Well, we're working very hard, the whole Government, actually, is working very hard so that we become autonomous in producing those equipments. Of course, at this period, we need to get a lot of supply for the next few weeks, but we would like to become autonomous as fast as possible. It's a priority of our Prime Minister. And we are in touch with many enterprises and we're working very, very fast to really put together all the chain of production so we can become autonomous as fast as possible. This is the highest priority in our Government.

Le Modérateur :Thank you very much. Merci beaucoup à tous. Ceci met fin à la conférence de presse.

(Fin à 13 h 54)

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