L'utilisation du calendrier requiert que Javascript soit activé dans votre navigateur.
Pour plus de renseignements

Accueil > Actualités et salle de presse > Conférences et points de presse > Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Recherche avancée dans la section Actualités et salle de presse

La date de début doit précéder la date de fin.

Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, et Mme Danielle McCann, ministre de la Santé et des Services sociaux

Situation au Québec quant à la COVID-19

Version finale

Le vendredi 10 avril 2020, 13 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Treize heures trois minutes)

Le Modérateur : Alors, mesdames messieurs, chers collègues, bienvenue à cette conférence de presse pour faire le point sur la situation au Québec quant à la COVID-19. Le premier ministre du Québec, M. François Legault, est, comme d'habitude, accompagné de la ministre de la Santé et des Services sociaux, Mme Danielle McCann, et du directeur national de santé publique, Dr Horacio Arruda.

M. le premier ministre, à vous la parole.

M. Legault : Bonjour, tout le monde. D'abord, le bilan de la journée. On a 25 nouveaux décès, donc un total de 241. Donc, je veux offrir mes condoléances aux familles et aux proches de ces 25 victimes. On a maintenant 11 677 cas confirmés, c'est une augmentation de 765. On a 733 personnes qui sont hospitalisées, c'est une augmentation de 54. Mais quand on regarde les hospitalisations, on a maintenant 186 personnes qui sont aux soins intensifs, donc c'est une diminution de 10 par rapport à hier.

Donc, ce qu'on voit, c'est que le nombre de personnes hospitalisées et aux soins intensifs se stabilise encore. Ça commence à faire quelques journées de suite. Évidemment, on continue d'avoir des décès puis on va continuer d'avoir des décès, en particulier dans les CHSLD, parce qu'on a, dans les CHSLD, des personnes qui sont déjà malades, donc qui sont plus vulnérables lorsqu'elles sont atteintes de COVID-19. Mais je peux vous dire qu'on va tout faire pour sauver le maximum de personnes dans les CHSLD.

D'ailleurs, cet après-midi, Danielle McCann, avec Marguerite Blais puis avec le Dr Nguyen, vont annoncer une équipe qui va s'assurer que dans chaque CHSLD, d'abord, on a les bonnes méthodes pour s'occuper des patients, c'est ce qu'il y a de plus important; s'assurer aussi qu'on fasse bien le dépistage, donc les tests, autant du côté des patients que du côté du personnel; et s'assurer aussi que tout le personnel utilise le matériel de protection individuelle quand ils s'approchent des patients; s'assurer aussi de l'organisation, les zones chaudes, les zones froides. Donc, je pense que, vous allez le voir, là, c'est une belle équipe, et puis on a des experts, comme le Dr Nguyen, qui vont nous aider à nous assurer qu'on s'organise le mieux qu'on peut dans chaque CHSLD au Québec.

Je veux revenir quand même sur les résultats du jour puis des derniers jours. Évidemment, on n'aime pas, personne, voir des décès, mais quand on compare nos résultats avec les pays en Europe ou avec les États-Unis, on voit que les mesures que les Québécois ont accepté de mettre en place donnent de bons résultats. Donc, on a, toutes proportions gardées, moins de décès, moins de personnes hospitalisées, donc notre réseau, nos hôpitaux, sont plus sous contrôle que dans plusieurs autres endroits dans le monde.

Ce qu'on voit aussi, puis on est prudents, c'est qu'on est en train d'atteindre le haut de la vague. Donc, on voit, là, que les augmentations se stabilisent, donc on est en train d'atteindre le haut de la vague puis en plus, bien, la vague est moins haute qu'ailleurs, est moins haute, même, qu'on avait anticipé, donc ce sont des bonnes nouvelles. Évidemment, on va continuer de suivre, dans les prochains jours, les résultats. On va espérer que les résultats, les données continuent d'être bonnes, mais il y a toutes raisons de croire qu'on est en train d'atteindre, là, le fameux pic, le fameux sommet. Donc, ça va se stabiliser puis ensuite redescendre. Puis je pense qu'on va, en tout cas, je l'espère, être capables, dans les prochains jours, de passer à une nouvelle étape.

Et aujourd'hui, je veux vous parler de nous autres, les Québécois, je veux parler aux Québécois. D'abord, pour qu'on regarde ensemble ce qu'on a fait depuis quelques semaines. D'abord, nos anges gardiens, qui ont sauvé des centaines de vies de Québécois et de Québécoises, puis la beauté de l'affaire, c'est qu'on a sauvé des vies autant chez des personnes qui sont riches que chez des personnes qui sont pauvres, là. C'est la beauté de notre système public, là, qui... un grand avantage de ce côté-là par rapport à ce qu'on voit à certains endroits dans le monde.

Mais je pense aussi à nous autres, les Québécois, comme peuple. Tout ce qu'on a fait depuis quelques semaines, tellement vite, les habitudes qu'on a changées au cours des dernières semaines, notre vie a changé depuis quelques semaines. On a fait, bien sûr, des sacrifices économiques importants, mais on a fait ça pour les plus vulnérables. Je pense que ça nous honore, comme peuple, puis on peut être fiers de cette décision-là qui a été — en tout cas, je l'ai senti — supportée par toute la population.

Évidemment, dans les prochaines semaines, on va continuer de se battre, et je demeure convaincu qu'on va la gagner, cette bataille-là, ensemble, parce que les Québécois, là, les 8,5 millions de Québécois, quand on se met ensemble, il n'y a rien qui peut nous arrêter. Et on sait ça, nous, les Québécois, quand il fait moins 30 au mois de janvier ou quand il y a de la neige au mois d'avril, comme on l'a vu hier, on le sait, que le beau temps va arriver, on le sait, que le printemps va éventuellement arriver. Et c'est ça que je veux dire aux Québécois : Les beaux jours s'en viennent.

Bientôt, encore une fois, si tout se passe comme on le voit depuis quelques jours, on va pouvoir recommencer, avec prudence, à réouvrir l'économie, à retrouver une vie plus normale. On va le faire d'une façon intelligente. On va le faire en gardant des nouvelles bonnes habitudes qu'on a prises dans les dernières semaines. Tranquillement, le Québec va renaître, un peu comme la nature au printemps. Et le Québec va renaître, mais on ne sera pas tout à fait pareils comme on était avant que ça arrive, cette crise. Et, bien honnêtement, moi, je pense qu'on va sortir grandis de cette épreuve, plus unis, plus forts. Et on va pouvoir, dans les prochains mois, les prochaines années, construire un Québec qui est encore plus prospère, qui est encore plus fier. Et ça, c'est peut-être le bon côté de la crise.

Donc, c'est ça que je voulais vous dire aujourd'hui : Courage, l'espoir est là. On va y arriver. Les beaux jours s'en viennent. Puis je termine en vous souhaitant, tout le monde, une belle fin de semaine de Pâques chacun chez soi. Prenez bien soin de vous. Merci.

Le Modérateur : Maintenant, en anglais.

M. Legault : Good afternoon. Today, I want to say a few words about us, Quebeckers. In the last weeks, we've all changed our lives to protect the most vulnerable. We can be proud of ourselves. We're doing everything we can to win the battle of our lives. We still have a tough road ahead. But, when Québec is united as one, nothing can get in our way. We, Quebeckers, know one thing: in the heart of winter, we still know that spring will follow, we know better days are coming.

In the coming weeks, we'll gradually restart our economy, but we'll do it smartly, and we'll keep our good habits, and Québec will emerge stronger and more united than ever. I repeat: Better days are coming.

So, I wish everyone a great Easter week-end. Please, stay at home and take care of yourselves. Thank you all.

Le Modérateur : Merci, M. le premier ministre. Alors, pour la période des questions en français, nous allons débuter aujourd'hui avec Louis Lacroix, Cogeco Nouvelles.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le premier ministre, Mme McCann, M. Arruda. On ne vous entend plus parler des tests, depuis peut-être quelques semaines, là. Est-ce qu'on peut avoir une espèce de compte rendu? Combien de tests on a faits jusqu'à maintenant? Combien on en fait par jour? Est-ce qu'on a changé la stratégie de test? On n'en entend plus parler de votre part, ça a comme été évacué des statistiques que vous donnez. Je comprends, là, qu'il y en a beaucoup, là.

M. Legault : Oui. Bien, je vais laisser le Dr Arruda compléter, mais, quand on se compare, puis à chaque soir moi, je regarde, là, les autres pays, les autres États, on est à peu près à 13 000 tests par million d'habitants. On est, avec l'Allemagne, un des pays, un des États qui a le plus testé jusqu'à présent. On continue à ajouter 3 000, 4 000, 5 000 tests par jour, mais, quand on regarde ça au cumulatif, là… Par exemple, si on se compare avec l'Ontario, on a plus du double, par million d'habitants, de tests de faits que l'Ontario. D'ailleurs, vous avez entendu le premier ministre de l'Ontario dire : Il faut augmenter le nombre de tests. Donc, quand on se compare avec les États-Unis, on a le double, toutes proportions gardées, de tests déjà de faits. Puis on continue à le faire. Puis on a changé les priorités. Comme je le disais tantôt, entre autres, dans les CHSLD, on en fait vraiment une priorité de tester le personnel, tester les résidents, résidentes dans les CHSLD qui sont infectés. Donc, on continue de tester. Je ne sais pas si le Dr Arruda a des chiffres à vous donner.

M. Arruda (Horacio) : Je n'ai pas des chiffres précis, précis, là, mais, je vais vous dire, à peu près, on est à 5 000, 6 000 tests et même plus par jour. Ce qu'il faut comprendre aussi, c'est que tests, tests, tests, ça se continue. Il y a effectivement eu les changements de priorité. Puis, je vais vous dire, on va ajouter aussi d'autres types de tests, qui sont des PCR, plus rapides, dès que la technologie dont on a parlé, là, qui est en train de se mettre en cours... où on pourra avoir le résultat dans les 15 prochaines minutes. Et on a va ajouter à ça aussi des études de séroprévalence pour vérifier quelle proportion de la population est infectée, pour nous aider à mieux planifier ce qui va se passer, notamment, cet automne. Ça fait que notre capacité est là, et elle va augmenter de façon significative. Puis peut-être que vous avez un autre tableau, vous.

M. Legault : Oui, on est...

M. Arruda (Horacio) : Le PM est meilleur que moi. Il a les tableaux, lui.

M. Legault : On est rendus à 106 540 tests négatifs, 11 677 positifs, 2 721 sous investigation. Donc, ça continue à augmenter beaucoup, là, puis, comme je le disais tantôt, on peut être fiers, puis c'était une des méthodes importantes. Il y a deux choses importantes pour bien réussir : tester puis garder les gens les plus éloignés les uns des autres.

M. Lacroix (Louis) : Et, dans cette même veine, vous avez dit, M. Arruda, que vous allez faire des tests en général dans la population. Est-ce que vous avez déjà des statistiques? Parce que vous avez commencé à tester, dans les CHSLD, de façon générale. Est-ce que jusqu'à maintenant vous êtes capable de dégager un certain pourcentage de la population, avec les statistiques que vous avez, qui est infecté sans le savoir, les fameux asymptomatiques? Est-ce qu'il est trop tôt?

M. Arruda (Horacio) : Non, parce que, si vous me permettez, les échantillons qu'on faits dans les CHSLD, puis etc., c'est des petits volumes qu'on ne peut pas extrapoler à la population en général. Ce serait trop périlleux. Et il y a une circulation, probablement, dans ces milieux-là, qui est plus grande que celle dans la population en général. Ce n'est vraiment que les études de séroprévalence qui vont pouvoir le faire, puis il faut accumuler les informations, là, en fonction de la caractéristique.

Si vous me permettez, je vais quand même passer un message qui est important. Nos résultats ont donné des... Le courage du premier ministre, en faisant cette pause importante, a donné des résultats exceptionnels, parce qu'on ne s'est pas retrouvés dans une situation où notre système de santé a été complètement arrêté.

Il ne faut pas penser par contre que, parce qu'on a gagné cette bataille-là, qu'on ne doit pas faire les choses adéquatement et différemment, comme le dit le premier ministre. C'est-à-dire qu'une ouverture qui serait, mettons, rapide, comme «on-off», entraînerait que des gens qui n'ont pas été exposés, là, notamment des personnes en haut de 60 ans, deviendraient malades, puis on pourrait se retrouver avec les mêmes problèmes qu'on aurait voulu prévenir, je dirais, cet hiver-là, c'est-à-dire revenir avec des courbes... Ça, ce n'est pas moi qui le dis, c'est tout le monde, partout dans le monde.

Et donc on doit rouvrir, on doit le faire avec patience, je vous dirais, patience, mais aussi progressivement, parce qu'il n'y a personne qui veut qu'on reste dans cet état-là. Psychologiquement, c'est trop difficile. On est les premiers... On ne veut pas être des dictateurs, mais on veut éviter qu'on reprenne, je vous dirais, une hausse importante, exponentielle, qu'on a évitée, au cours des prochaines semaines. Mais je pense que ça, si les Québécois écoutent ce qu'on va leur prescrire, entre guillemets, puis avec des jours meilleurs, avec un regard printanier, si vous me permettez, là-dessus, je pense qu'on va le réussir. Mais il faut surtout être prudents, de ne pas penser que c'est «bar open» demain matin par rapport à la distanciation sociale comme telle.

Le Modérateur : Prochaine question, Tommy Chouinard, La Presse.

M. Chouinard (Tommy) : Bonjour. On comprend aujourd'hui que les transferts de patients vers les CHSLD, ce ne sera plus possible. Combien il y a eu de ces transferts-là depuis le début de la crise? Et considérez-vous, M. le premier ministre, que c'était une erreur de procéder à ces transferts?

M. Legault : Non. Je pense, c'est ce qu'il fallait faire, de prendre les personnes qu'on était capables de transférer dans des CHSLD pour libérer des lits dans les hôpitaux pour accueillir éventuellement la vague qui viendrait suite à la COVID-19.

Il faut comprendre, là, que les patients qui ont été transférés des hôpitaux vers les CHSLD, c'est des patients qui étaient capables de recevoir toujours les meilleurs soins, autant au CHSLD qu'à l'hôpital. Donc, il n'y a pas personne qui a subi des conséquences négatives de ces transferts.

Mais maintenant on arrête de le faire parce qu'on a libéré... On avait libéré jusqu'à 8 000 lits. Là, on est en train de ramener plus à 6 000, 7 000 parce qu'on en utilise à peu près 700 seulement actuellement. Donc, ça ne sera plus nécessaire, là, de continuer à transférer des patients des hôpitaux vers les CHSLD. Mais c'était correct de le faire, puis il n'y a pas personne — en tout cas, moi, je me suis assuré de ça — qui a souffert de ces transferts-là sur la qualité des services qui ont été donnés.

Mme McCann : M. le premier ministre, si vous permettez, moi, je veux compléter ce que M. le premier ministre vient de dire en ajoutant aussi qu'on a aussi transféré des gens dans des ressources intermédiaires et des ressources de type familial. Alors, ça aussi, ça fait partie, hein, de milieux de vie pour les personnes âgées, effectivement. C'est quelque chose qu'on fait régulièrement dans réseau, et il fallait le faire de façon impérative parce qu'effectivement il fallait être préparés pour le pire scénario, hein? Je pense, c'est la chose responsable à faire en milieu hospitalier.

Là, maintenant, évidemment, les choses changent, les choses évoluent, et on arrête les transferts de nouvelles personnes en RI, en RTF et dans les CHSLD pour le moment. Effectivement, c'est cessé, mais, au début et au départ, c'était nécessaire de le faire.

M. Arruda (Horacio) : ...si vous permettez. Vous allez voir, partout dans le monde, il y a eu des travailleurs de la santé puis des gens qui ont été infectés. Au début, ici, on a eu un profil associé à des voyages. Mais une chose qu'on avait sous-estimée, puis ça, c'est vrai partout dans le monde puis ce n'est que récemment qu'on l'a vu, c'est la question des porteurs asymptomatiques et des gens qui n'ont pas de symptôme ou très peu et qui sont contaminés. C'est arrivé dans les CHSLD, mais, si ces personnes-là étaient restées en milieu hospitalier, je vais vous dire une chose, il y aurait pu y avoir des travailleurs de la santé qui auraient été infectés puis qui les auraient rendues malades. Parce que, malheureusement, les personnes qui sont en CHSLD sont souvent des gens beaucoup plus malades et donc plus à risque d'avoir des décès.

Mais j'aimerais ça qu'on regarde ça dans la perspective de ce qui s'est passé partout dans le monde. Des travailleurs de la... Et cette connaissance-là du fait qu'on peut transmettre la maladie de façon asymptomatique, puis etc., a pu faire que certains patients ou certaines personnes ont pu contaminer d'autres personnes alors qu'ils n'avaient pas de symptôme. Maintenant, on le sait. On ne le savait pas, à une certaine époque, puis c'était comme ça dans tout le monde. Puis vous allez voir... vous pourrez aller regarder la littérature pour revoir cela. Dans le fond, ça a été un facteur majeur, puis c'est ça, un des facteurs qui fait que c'est une maladie qui se transmet beaucoup, malheureusement, à cause que, malheureusement, avant même d'avoir des symptômes... puis ça, on ne savait pas ça au début. Je ne vous disais pas ça au début, hein? On disait : C'est surtout les gens symptomatiques, mais là on se rend compte que ce n'est pas ça et c'est des apprentissages. Ça démontre la nouveauté du virus, qui est apparu quelque part en décembre, janvier, puis là on est rendu au mois d'avril, mais on en apprend beaucoup plus, puis on va en apprendre encore sur ce virus-là.

Le Modérateur : Rapidement, en sous-question.

M. Chouinard (Tommy) : Oui. M. le premier ministre, vous vous comparez beaucoup, au niveau des décès, avec ce qui se passe en Europe. Lorsque l'on compare au Canada, il est clair que le taux de décès par 100 000 habitants au Québec est deux fois supérieur à ce qu'on voit dans le reste du Canada.

Qu'est-ce qui explique cette situation? Et, comme il y a beaucoup de décès dans les CHSLD, est-ce que les pratiques qui ont eu cours depuis le début de la pandémie peuvent être en partie responsables de la situation?

M. Legault : Bon, d'abord, si on veut se comparer, il faut se comparer avec des provinces qui ont des grandes villes. Donc, on parle de Toronto, peut-être, jusqu'à un certain point, Vancouver. Bon, comme on l'a dit, on a été malchanceux, d'une certaine façon, à cause de la semaine de relâche et qu'on a eu beaucoup de gens qui ont voyagé pendant la semaine de relâche, au pire moment. L'Ontario était comme... avec une semaine de relâche deux semaines plus tard, qui a été annulée. Donc, il y a cet effet-là.

Il y a le fait aussi que, puis on est en train, encore, de l'analyser, il y a quand même beaucoup de liens entre Montréal et New York, beaucoup de liens entre Montréal et la France, et on sait que la France, c'est très difficile, même encore actuellement.

Le Modérateur : Prochaine question, Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de Montréal.

Mme Lajoie (Geneviève) : Bonjour. Vous avez dit, M. Legault, plus tôt cette semaine : Si on veut que les travailleurs retournent travailler, que va-t-on faire avec les enfants? Effectivement, les chantiers... vous avez dit que les chantiers devraient reprendre leurs activités sous peu. Ça fait 190 000 travailleurs, l'industrie de la construction. Ça fait beaucoup d'enfants de plus dans les garderies et les services de garde d'urgence, si jamais c'est le cas.

Est-ce que le scénario d'un retour en classe le 4 mai, est-ce que c'est sérieux ou si on parle d'une option, là, qui pourrait être réalisable à 2 %, là?

M. Legault : Ah! c'est plus que sérieux. Même, on n'exclut pas de rouvrir les écoles puis les garderies avant le 4 mai. Donc, on regarde actuellement, effectivement, là, puis on va suivre ça. Il n'y a rien de décidé encore. On va suivre les résultats jour par jour, mais, comme on l'a souvent dit, les enfants sont beaucoup moins à risque.

Ce qu'il va falloir s'assurer, quand on va rouvrir les écoles puis les garderies, c'est que les enfants ne passent pas du temps proche de leurs grands-parents. C'est malheureux, puis je sais que les grands-parents, ils aiment ça voir leurs petits-enfants, mais, pendant un certain temps, il va falloir absolument éviter ça. Mais vous le voyez, là, dans les résultats, il y a très peu d'enfants, là, qui subissent des conséquences graves.

Donc, ça va venir éventuellement. Je pense qu'on regarde plusieurs scénarios. Il pourrait y avoir un scénario où il y a une réouverture partielle avec les parents... quand il y a un des deux parents qui peut retourner travailler ou ceux qui n'ont pas d'enfants jeunes. Et peut-être, dans un deuxième temps, bien, une fois les écoles, les garderies ouvertes, de réouvrir davantage l'économie.

Mais tout ça, c'est des scénarios. Ce sont des scénarios qu'on regarde. Ce qu'on a besoin, c'est de l'accord de la Santé publique. On suit ça. Là, on a eu quatre, cinq bons jours de résultats. Bien là, à chaque matin, je me lève, là... Demain matin, dimanche matin, lundi matin, on va regarder si ça se poursuit puis, bon, on va prendre la décision qui est la meilleure pour la population, là.

Mme Lajoie (Geneviève) : J'aimerais savoir, est-ce que toutes les personnes dont on soupçonne qu'elles puissent être décédées suite à une infection à la COVID-19 sont testées post mortem et est-ce que ces données-là sont incluses dans les statistiques que vous nous présentez tous les jours?

M. Arruda (Horacio) : Oui, tout à fait. Il faut comprendre que la très grande majorité des gens qui ont un diagnostic de COVID-19 ont passé un test, là, maintenant, vu qu'on a le test de dépistage. C'est arrivé que, dans certaines situations, il y a eu des mortalités puis il y a eu des tests post mortem. C'est arrivé, là. Je ne peux pas vous dire le chiffre exact, mais c'est sûr que ces personnes-là sont comptées dans nos statistiques.

M. Legault : Mais par contre, ce qu'on ne sait pas, c'est est-ce que tout le monde le fait comme ça. Donc, quand on compare nos taux de décès par million d'habitants, on ne sait pas si les autres États ou pays calculent bien tous ceux qui sont décédés de la COVID-19.

M. Arruda (Horacio) : Et nous avons aussi des fois, par exemple... disons qu'on aurait deux personnes dans la même maison, il y en a un qui a fait la maladie, l'autre décède de la maladie, mais on n'a pas de test, bien, on va le considérer comme étant un cas parce que c'est un contact qu'on appelle un lien épidémiologique. C'est la probabilité que la deuxième personne, même si on n'a pas vérifié avec un test de laboratoire... Nous, on le compte comme lien épidémiologique. Ce n'est pas toutes les provinces qui le font comme ça.

Ça fait que c'est pour ça que je vous dis que, dans le fond, là, en termes de comparaison... Il faut se comparer. On le fait, on regarde ce qui se passe dans les autres pays, mais quand on fait une comparaison à ce stade-ci, même par rapport à l'Ontario, il va falloir attendre la fin de l'épisode pour être capable de comparer les choses, là. De la même façon que nous, ça va bien, si on relâche tout, on va se retrouver... on pourrait se retrouver comme... encore dans un scénario comme New York ou ailleurs.

Le Modérateur : Merci. Maintenant, au tour d'Andrée Martin, TVA Nouvelles.

Mme Martin (Andrée) : Oui. Bonjour à vous trois. On sait que rien ne va plus dans certains CHSLD. Les cas de décès, malheureusement, s'accumulent. Vous en avez nommé six hier où la situation est particulièrement critique. Il y a de la détresse chez le personnel de la santé, chez les résidents, chez les familles.

Ce matin, l'ancien chef de police de Laval, Mme McCann, vous a interpelée directement pour prendre des mesures nécessaires, hein? Sa femme a contracté la COVID à Sainte-Dorothée. Alors, allez-vous mettre les CHSLD Laflèche, Sainte-Dorothée, LaSalle, bref, là où c'est le plus critique, sous tutelle?

Mme McCann : Bon. Écoutez, moi, d'abord, là, d'habitude, je ne commente pas sur une situation particulière, mais je vais quand même dire que j'ai beaucoup de sympathie pour la personne dont vous parlez et je comprends, là, son inquiétude. Je dois vous dire qu'on fait toutes les vérifications par rapport à ces CHSLD, là, qui sont en éclosion. On a vraiment un suivi très serré.

Et, par exemple, pour le CHSLD Laval, on a ajouté du personnel et on fait un suivi avec le P.D.G. de l'établissement. C'est une situation préoccupante. Et effectivement on lui envoie aussi du renfort, hein, comme gestionnaire, parce que c'est beaucoup, beaucoup à gérer, tout ça.

Et on fait la même chose, là, au niveau, là, de d'autres CHSLD. Prenez en Mauricie—Centre-du-Québec, à Laflèche, on a l'état de situation. On ajoute beaucoup de personnel. Je vous ai parlé hier d'un renfort, là, de 1 000 personnes, là, qui arrivent. Alors, on en ajoute beaucoup aussi à Laflèche. Et il y a une stabilisation de l'équipe qui va arriver aussi en fin de semaine. Alors, tous les efforts sont déployés.

On en a également cinq à Montréal et là aussi on fait un suivi très serré pour Montréal, notamment au niveau du sud de Montréal, où on a trois CHLSD où il y a une éclosion. Et on fait un suivi avec l'établissement et on envoie du renfort non seulement en personnel, mais aussi au niveau de la gestion parce que c'est vraiment très exigeant comme gestion.

Et on a trois RPA, une dans Chaudière-Appalaches, une dans Lanaudière et une en Gaspésie, où la situation est sous contrôle.

Et là je vais en profiter pour vous dire que nos établissements voient à ces situations et prennent toutes les mesures dont on a parlé, hein, les mesures de protection, les équipements, le dépistage, l'ajout de personnel pour soutenir les équipes, mais doivent également apporter leur soutien à des résidences pour personnes âgées autonomes dans leurs secteurs. Et c'est ce qu'on fait. D'ailleurs, il y a certaines résidences où malheureusement le personnel a été touché, et il y a eu des contacts, et il ne restait presque plus de personnel, et c'est l'établissement, le CISSS ou le CIUSSS, qui a apporté son aide et qui a pris en charge cet établissement.

Alors, ce que je veux vous dire aujourd'hui, c'est qu'on fait un suivi très, très serré de ces situations. Et, pour Laval, comme vous le savez, notre directeur national de santé publique vous a dit qu'il y aurait une enquête épidémiologique. On veut évidemment savoir qu'est-ce qui s'est passé.

M. Legault : Je veux juste ajouter, là, juste pour vous montrer un peu comment ça se passe, moi, je reçois, là, à chaque matin la liste de tous les CHSLD puis les RPA, puis ils sont en ordre de combien de cas confirmés. Donc, on commence par ceux qui ont le plus de cas confirmés de la COVID-19. Et moi, je pose la question à l'équipe de la santé. Est-ce que le patron ou la patronne de ce CHSLD-là est compétent ou compétente? Est-ce qu'il y a assez de personnel dans ce CHSLD-là? Puis là je fais ça, mettons… pas mettons, là, pour les 20 pires ou les 20 où il y a le plus de cas. Donc, il y a vraiment un suivi individuel qui est fait pour s'assurer qu'on a les bonnes personnes, assez de personnes, des personnes compétentes pour diriger.

Le Modérateur : En sous-question.

Mme McCann : Est-ce que je pourrais ajouter quelque chose?

Mme Martin (Andrée) : Bien sûr.

Mme McCann : Parce que je veux vous dire, là, que... Juste vous mentionner, en CHSLD publics et privés, on a 40 000 résidents au Québec, on a 1 054 cas confirmés. Pour les RPA, on a 131 000 résidents, on a 291 cas confirmés. Et, pour 39 000 résidents en ressources intermédiaires et RTF, on a 122 cas confirmés. Simplement pour vous donner une information, là, qui met les choses en perspective. Chaque cas est important. Et chaque situation, chaque milieu, on fait un suivi très serré.

Le Modérateur : Mme Martin.

Mme Martin (Andrée) : Il n'y a pas une journée qui passe sans qu'on entende ou qu'on lise des témoignages bouleversants de la part des familles qui ne sont pas capables d'avoir de nouvelles de leurs proches qui sont à l'intérieur des résidences ou des CHSLD. Ce sont vraiment des situations crève-cœur pour plusieurs, et pour les personnes qui sont à l'intérieur aussi, qui ne voient pas leurs proches. Plusieurs personnes vous demandent d'instaurer ne serait-ce que des employés préposés aux communications. Est-ce que vous planchez là-dessus concrètement?

Mme McCann : C'est fondamental, hein? Il faut que ça soit fait maintenant. On comprend que les équipes sont débordées, mais on a des offres. On a même des médecins spécialistes qui sont prêts à venir donner du renfort à court terme, là, maintenant, parce qu'on sait que nos médecins spécialistes, hein… parce qu'on a délesté beaucoup d'activités dans les hôpitaux. Mais moi, j'ai eu plusieurs conversations avec la présidente de la Fédération des médecins spécialistes, et un médecin spécialiste, c'est aussi un médecin à la base, et ils offrent vraiment de venir apporter leur aide, et c'est en train de s'organiser, là, pour vraiment entrer en contact avec les familles. On a 450 médecins de famille qui travaillent déjà, là, et eux aussi vont être impliqués dans les communications avec les familles.

Alors, moi, je peux rassurer les familles et la population que ça, c'est une grande priorité, la communication, étant donné la situation très particulière que nous vivons, et ça, il faut que ça soit réglé maintenant.

Le Modérateur : Merci. Au tour d'Isabelle Porter, Le Devoir.

Mme Porter (Isabelle) : Oui. Bonjour à vous trois. Ma question est pour M. Legault. Vous avez dit qu'on allait bâtir un Québec encore plus prospère. Il y a un comité ministériel qui est en train de penser à la restructuration de l'économie. Je voudrais savoir qu'est-ce qui va arriver du plan de lutte contre les changements climatiques, qui devait être déposé pas mal maintenant. Est-ce que l'environnement va avoir une place, et laquelle, là, dans ce nouveau Québec?

M. Legault : Bien, écoutez, la responsabilité du gouvernement dans une récession, c'est d'en faire plus que moins. Donc, que ça soit en environnement, que ça soit toutes les infrastructures routières, que ça soit le transport en commun, les hôpitaux, c'est le temps d'accélérer. D'ailleurs, je ne manque jamais une occasion, comme hier, quand j'ai ma rencontre téléphonique avec Justin Trudeau, de dire qu'on aimerait ça avoir l'aide du gouvernement fédéral pour augmenter les infrastructures. Donc, par exemple, en environnement, les projets qui sont prévus de transport en commun, s'il y a une chose, c'est qu'on va les accélérer. Puis j'ai déjà parlé avec Régis Labeaume, entre autres, de ça, là. Je voudrais qu'on soit plus prêts à accélérer. Donc, il n'est pas question de retarder quoi que ce soit.

Mme Porter (Isabelle) : Sinon, j'aurais une question pour Mme McCann concernant l'aide des médecins spécialistes. Je crois comprendre qu'il y a de nombreux médecins spécialistes qui n'ont pas été payés depuis plusieurs semaines parce que leur situation, leur rôle a changé. Quand est-ce que ça, ça va être corrigé? Puis combien on va payer des médecins spécialistes qui seraient appelés à faire des tâches plus cléricales dans des CHSLD?

Mme McCann : Bien, écoutez, d'abord, on a une entente, hein, avec les médecins spécialistes, là, qui devrait être ratifiée, là, à très, très court terme, dans le cadre de la COVID-19. Alors, c'est cette entente-là qui va prévaloir. Et on ne parle pas de tâches cléricales, là. On parle de tâches médicales parce que, quand on communique avec la famille sur l'état de situation de santé du résident, c'est une tâche médicale. Alors, ça, c'est prévu dans l'entente avec les médecins spécialistes.

Le Modérateur : Prochaine question, Olivier Bossé, Le Soleil.

M. Bossé (Olivier) : Bonjour. Mardi, avec les spécialistes de l'institut, on nous a parlé d'un pic, d'un sommet vers le 18. Depuis ce temps-là, on parle beaucoup de rouvrir. Même, aujourd'hui, vous dites : On est au pic ou presque. Est-ce que vous ne craignez pas d'envoyer un message contradictoire et peut-être payer pour ça dans les prochains jours, prochaines semaines, auprès des gens?

M. Legault : Non, ce que j'essaie de faire, c'est d'envoyer un message d'espoir, de dire : On commence à voir la lumière au bout du tunnel. On est à la veille, on l'espère, là, puis c'est ce que les chiffres nous disent depuis sais qu'entre autres les entrepreneurs, les parents qui ont des enfants un peu turbulents, etc., je veux leur donner de l'espoir. En même temps, on va être prudents. Donc, on va suivre les résultats pour être bien sûrs qu'on est au sommet puis qu'on ne relance pas les choses. Mais en même temps je pense qu'il faut donner un peu d'espoir à la population aussi.

M. Arruda (Horacio) : Puis, si vous me permettez, je vais ajouter le fait que les équipes de santé publique ne vont pas relâcher leurs interventions. Autour de chacun des cas et des contacts, on va faire des interventions comme telles, et cette surveillance-là... puis à la fois de la... Parce que, dans les faits, aussi, il faut comprendre que, par exemple, les jeunes qui pourraient attraper la maladie avec presque par de symptômes, puis etc., c'est comme si on les vaccinait. C'est la vaccination naturelle qui va s'installer. Et c'est important, dans la société, qu'il y ait une certaine partie de la population qui soit vaccinée. Il y a des pays qui ont décidé de laisser ça aller au début, là, comme tel. Nous, on n'a pas voulu ça parce qu'on avait peur qu'on ait des impacts au niveau du milieu des soins, pour ne pas se retrouver comme l'Italie ou d'autres pays.

Et donc, c'est ça qu'il faut être capable de maintenant faire l'équilibre, une réouverture. On ouvre le robinet progressivement, on mesure, on ouvre le robinet, on mesure, on voit se qui se passe, puis, à ce moment-là, on va revenir vers la normale parce que c'est sûr que ça serait intenable.

Vous savez, là, moi, je m'ennuie énormément de ne pas voir personne de ma famille, et je peux comprendre les parents, les grands-parents, puis c'est difficile. J'ai des collègues, même, qui m'interpellent en disant qu'on va repermettre aux gens de sortir, de faire des choses, mais cette distanciation sociale là, les rassemblements, il va falloir encore éviter ça un petit bout de temps. Puis on va mesurer ça à mesure, puis nos conseils vont être en fonction de ça. Si on se rend compte qu'une ouverture crée trop de problèmes ou que des gens ne sont pas compliants du tout, du tout... Moi, je pense que je veux faire confiance aux Québécois. On ne veut pas contraindre encore trop longtemps. Mais s'il y a des gens, parce qu'ils ne respectent pas... viennent faire qu'on va avoir un surpassement de nos capacités aux soins intensifs ou ailleurs... On ne veut pas vivre ça, au Québec, de choisir entre deux personnes.

M. Bossé (Olivier) : Mon autre question, c'était sur qu'est-ce que vous dites aux gens de 70 ans et plus qui ont entendu ce que vous avez dit hier puis qui ont été ébranlés, clairement, par ça.

M. Legault : Oui, bien, je comprends. Puis, effectivement, c'est comme si ce n'était pas juste, là. On dit : Les personnes plus âgées, qui ont 70 ans plus, c'est les personnes, souvent, qui sont les plus seules, puis là on est obligé de dire : Bien, étant donné que ce sont les personnes les plus vulnérables, bien, il va falloir se tenir à deux mètres de ces personnes-là peut-être plus longtemps que les plus jeunes. C'est la réalité, je trouve ça effectivement très dur, mais c'est pour essayer de les protéger. Parce qu'on le voit, là, dans les décès, ce n'est pas pour le fun qu'on fait ça, là, c'est sérieux, puis il peut avoir des conséquences graves pour les personnes de 70 ans et plus. Donc, je trouve ça dur, mais, en même temps, c'est le meilleur choix qu'on ne puisse pas faire si on veut les garder longtemps.

M. Arruda (Horacio) : Si vous me permettez encore, plus les gens vont respecter les consignes, par exemple, plus les gens vont pouvoir aller se promener, mais toujours à deux mètres de distance. Il ne faut pas que les gens aillent se rencontrer à la maison de quelqu'un, là. Plus, ça, ça va se faire, plus on va être en mesure de réouvrir puis de laisser aller. Parce que votre comportement peut ne pas vous nuire à vous, mais peut nuire à quelqu'un d'autre.

Le Modérateur : Prochaine question, Alex Boissonneault, Radio-Canada .

M. Boissonneault (Alex) : Bonjour. On a l'impression qu'il y a un décalage entre ce que vous dites... et la question s'adresse peut-être à vous, M. Legault, entre ce que vous dites et ce que M. Trudeau dit. M. Trudeau disait, lui, qu'on voulait commencer à retrouver une vie normale seulement quand il y aura un vaccin, on parlait d'un an, un an et demi. Encore ce matin, il parle peut-être d'une reprise partielle, au niveau des activités économiques, cet été, alors que vous, là, on vous entend parler des prochains jours, on dit... Vous évoquiez, mercredi, le fait qu'on pourrait recommencer à travailler dans le secteur résidentiel dans les prochains jours, prochaines semaines. Puis il y a l'Organisation mondiale de la santé, aussi, qui dit qu'il faut être très prudent lorsqu'on parle du déconfinement, qu'il y a même un gros risque là-dedans. Et là on pense à rouvrir les écoles avant le 4 mai.

Comment vous expliquez ce décalage-là, peut-être, avec le gouvernement fédéral? Est-ce que M. Trudeau est plus en phase avec la santé publique, plus prudent, et vous peut-être plus en phase avec la réalité économique?

M. Legault : Non, je ne pense pas. En tout cas, moi, de mon côté, j'essaie d'avoir un équilibre entre la santé puis l'économie. La situation est différente d'une province à l'autre aussi, il faut faire attention, là. On a eu comme un appel conférence, on en a un à tous les jeudis soirs, là, de 5 à 7, et, bien, on voit qu'il y a des provinces qui n'ont pas encore beaucoup de cas, mais qui n'excluent pas d'en avoir peut-être dans les prochaines semaines, les prochains mois. Donc, M. Trudeau essaie de regarder l'ensemble. Nous, on regarde notre réalité.

Et puis aussi, bien, il faut être prudent. Il y a l'économie, il y a les écoles, il y a les personnes plus jeunes, il y a les personnes plus vieilles... Donc, c'est ça, là, chacun a sa stratégie. Puis d'ailleurs ça a été unanime, là, les provinces ne souhaitent pas que le gouvernement fédéral utilise les mesures d'urgence pour imposer des choix qui seraient les mêmes dans toutes les provinces. Je pense que ça va être à chaque province à regarder sa situation puis à évaluer qu'est-ce qui est le mieux pour la population. Puis j'ai quand même senti aujourd'hui... j'ai lu un peu ce que M. Trudeau disait, là, j'ai vu le mot «quelques semaines» à certains endroits. Donc, bon, c'est ça, il faut doser tout ça.

M. Boissonneault (Alex) : J'aurais aimé ça peut-être entendre M. Arruda, Dr Arruda sur cette rouverture progressive là et peut-être la rouverture des écoles avant le 4 mai. Parce qu'on parlait de la difficulté, entre autres, d'appliquer la distanciation sociale. Est-ce que vous pensez que c'est une bonne idée, vous, de décloisonner de cette façon-là?

M. Arruda (Horacio) : Bien, moi, je pense qu'il faut que la société revienne puis il faut... Puis là ça va être bien important que les parents comprennent, là, qu'est-ce qu'on fait. Comme on le dit, l'épidémiologie fait que les jeunes enfants ne sont pas malades de façon... Je veux dire, il y a toujours des exceptions possibles, mais très excessivement rares. Donc, il faut aussi avoir cet équilibre-là, si vous permettez... (Interruption) Oups! J'ai perdu le foulard. Il faut aussi avoir cet équilibre-là, à mon avis, en... permettre d'immuniser une partie de la population pour permettre d'éviter... Parce que plus les enfants vont être, à mon avis, immunisés par la maladie naturelle, moins ils vont devenir des vecteurs actifs auprès des personnes plus âgées. Ça fait qu'il y a comme un équilibre à faire. Puis, comme je vous dis, on est très en phase, en tout cas, jusqu'à maintenant, avec le gouvernement, et nos conseils sont pris en considération.

Je pense qu'il faut comprendre aussi, quand l'OMS puis les gens très loin donnent des recommandations, ils le font en fonction des éléments généraux. Parce que, si je pouvais me fier sur tous les Québécois de 70 ans et moins qu'ils n'auraient aucun contact avec d'autres personnes, puis je ne sais pas si vous comprenez, puis qu'ils se promèneraient dans la rue à deux mètres de distance, là, on ne ferait pas des mesures contraignantes comme on l'a fait. Si on les a faites, c'est que les gens s'enfuyaient puis allaient se retrouver à quelques endroits.

Donc, moi, je pense qu'il faut vraiment faire une analyse qui est effectivement associée à nos données puis nos effets parce que la population québécoise va-t-elle se comporter comme celle de l'Ontario? Je ne sais pas. Ou celle de la Colombie-Britannique? Puis la Colombie-Britannique, c'est les Chinois qui les ont infectés, puis la Chine a fermé ses frontières. Donc, ils n'ont pas été bombardés. Nous on a été bombardés par d'autres. Ça, les gens, il faut que vous compreniez, quand on compare ça puis quand on va faire les analyses plus tard, on va les regarder, les mouvements de population. C'est quoi, la proportion de voyageurs de France qui sont venus chez nous pendant la période critique, puis etc.?

Ça fait que je vous dirais que cette réouverture-là du robinet, elle va... ce n'est pas une switch on-off, comme je le disais. On a fait off avec la pause temporaire. On va faire... On a un gradateur. On va rouvrir, on va mesurer, on va rouvrir, on va mesurer. Puis c'est important qu'une société fonctionne aussi, quelque part, sinon : augmentation de la violence, enfants battus. Tout ça, là, c'est associé à des éléments de confinement, puis je peux vous dire, là, à un moment donné, on finit par devenir fou si on est toujours enfermé comme tel. Ça, je pense qu'il faut prendre en compte aussi la réponse de la société.

M. Legault : Il y a autre chose qu'il faut regarder aussi, c'est que les provinces n'ont pas toutes pris les mêmes mesures. Par exemple, il y a des provinces qui n'ont pas fermé toute la construction, qui n'ont pas fermé toutes les compagnies manufacturières, qui n'ont pas fermé toutes les mines. Donc, nous, on a été assez raides, même, je dirais, probablement la province qui en a fait le plus le plus rapidement. Mais il y a des endroits où ça n'a pas été fermé, ces secteurs-là. Donc, c'est certain que nous, on est à l'étape de les réouvrir. Eux autres sont déjà réouverts.

M. Arruda (Horacio) : Un ajout parce que je trouve ça important. On a changé aussi la façon dont on va travailler. Hier, je suis allé dans un petit dépanneur en arrière de chez moi, là, en gardant la distance, puis etc. Il y avait un plexiglas, chose qui n'avait jamais été... On le recommande depuis des années pour les préventions des infections. Donc, on va avoir aussi transformé la façon dont on va faire. Il va probablement y avoir moins de grippes et de rhumes les saisons prochaines. Les gens vont faire attention pour ne pas aller voir grand-maman, grand-papa quand ils ont peut-être le rhume puis la grippe. C'est des choses qui vont faire que notre société va avoir appris dans l'adversité, mais il faut aussi, à un moment donné, sortir de cette phase d'adversité trop forte.

Le Modérateur : Patrice Bergeron, La Presse canadienne.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour à vous trois. Il y a des informations qu'on a eues qui disent qu'il y a un arrêté ministériel en préparation pour forcer les travailleurs de l'éducation à aller travailler dans le domaine de la santé, qu'ils seraient réquisitionnés, par exemple, des professeurs en sciences infirmières, des concierges, des ouvriers.

D'abord, est-ce que vous confirmez cette information-là? Et qu'est-ce qui arriverait, dans le cas où ça serait mis en place, pour les personnes qui refuseraient, par exemple, là, d'être réquisitionnées pour aller travailler dans le domaine de la santé?

Mme McCann : Alors, oui, effectivement, on est en train de discuter avec l'éducation et mettre en place des modalités, justement, pour qu'on ait la contribution de gens de l'éducation, par exemple, des professeurs, au niveau des commissions scolaires et aussi des cégeps, pour venir nous aider, par exemple, en sciences infirmières. Il y en a quand même un certain nombre, et moi, je peux vous dire qu'il y a eu un lien, de toute évidence, avec les syndicats, et la réponse, c'est que je pense que les gens réalisent le sérieux de la situation, comment on a besoin. D'ailleurs, une partie de ces gens-là sont déjà avec nous dans le réseau, à travailler dans le réseau.

Alors, on veut aller chercher les autres, et je pense qu'on a une réponse bonne et que ces gens-là vont vraiment beaucoup nous épauler. Je fais référence, d'ailleurs, plusieurs l'ont vu, le président de l'association des inhalothérapeutes qui disait aujourd'hui : Bien, moi, je sors de mon bureau puis je m'en viens aider dans le réseau. C'est un peu ça qu'on fait, là. On demande aux gens, là, qui ont des fonctions importantes, l'enseignement, on le sait... puis on ne veut pas mettre en péril non plus la graduation, là, des gens puis le parcours académique. C'est très important, mais il y a des gens là-dedans, à notre avis, qui vont faire une contribution vraiment très appréciée dans nos CHSLD.

Alors, c'est vraiment pour ces gens-là, pour les CHSLD, qu'on a fait cette demande, parce que, dans notre réseau, on met à profit tout le monde qu'on peut mettre à profit. On a redéployé des gens du secteur hospitalier, par exemple, mais on doit dire qu'il y a quand même pas mal de monde... par exemple, des femmes enceintes, on en a 3 000 qui ne peuvent pas être sur le terrain, des gens qui ont 70 ans et plus, également des gens, des travailleurs, qui ont été touchés par la COVID-19 et les contacts.

Alors, tout ça et des nouvelles activités, les cliniques d'évaluation, là, hein, sur le terrain, le 8-1-1, on a eu des ajouts d'activités. Et aussi, quand on traite la COVID-19 en milieu hospitalier, ça prend plus de temps, ça prend plus de monde parce que, hein, il faut se protéger. Il y a un ensemble d'éléments ou d'étapes qu'on doit faire, qu'on ne faisait pas autant avant, ce n'était pas nécessaire.

Alors, c'est pour ça qu'on est contents qu'ils viennent nous prêter main-forte puis on les salue, d'ailleurs. Je pense que ça va faire une grande différence.

M. Bergeron (Patrice) : Merci. M. Legault, j'aimerais vous entendre, maintenant, à propos des chiffres du chômage qu'on a entendus hier. Je sais que vous êtes comptable, vous êtes un passionné d'économie, votre gouvernement est censé être un gouvernement de l'économie. Maintenant, quelle lecture vous faites de la situation, lecture macroéconomique, lecture fine?

M. Legault : Bien, d'abord, les chiffres qui ont été sortis hier, ce que je comprends, c'est que ce sont les chiffres qui sont basés sur la situation de la troisième semaine du mois précédent, donc la troisième semaine du mois de mars. Donc, effectivement, l'ampleur du chômage est beaucoup plus élevée que ce qu'il y avait dans les chiffres hier. On est en train justement de faire l'évaluation secteur par secteur de combien d'emplois ont disparu depuis le début de la crise pour justement se donner un plan pour réouvrir éventuellement les différents secteurs. Mais c'est certain, là, que le taux de chômage est beaucoup plus élevé actuellement que ce qu'on a vu dans les chiffres qui sont sortis hier.

Le Modérateur : Merci. So we'll now switch in English with Cathy Senay, from CBC News.

Mme Senay (Cathy) : Well, good afternoon to all of you. I was surprised, Mr. Legault, to hear that you're not excluding the possibility of reopening day cares and schools before May 4th. I would like to understand. I guess you want to give some hope before the beginning of the long weekend. It's less depressing to hear that things will start over again. But I want to understand why you came up with this today. With physical distancing, that's a huge challenge for schools and day cares.

M. Legault : For the last four or five days, we've had good results and we can believe that we're getting closer to the peak. And, as soon as we'll reach the peak and start to decrease the number of cases and the number of people in our hospitals, we'll be able to relaunch the economy. And, of course, if we want eventually to relaunch totally the economy, some parents, some workers, they have some children, and those children, if they're not at school or in a day care, they are at home, so they cannot work.

So it all goes together. Nothing is decided. So we're looking at different scenarios. We have three weeks from now until May the 4th. So what can we do gradually? Nothing is decided. And, of course, we'll watch very closely the results of the next few days, few weeks. We'll have discussions with Dr. Arruda and his team and we'll take the best decisions. I don't want to take any risk that is too high. But, at the same time, we need eventually to restart the economy and give hope to the population.

Mme Senay (Cathy) : Just a clarification, Mr. Arruda, about physical distancing in day cares and school, I mean, how can we do this?

M. Arruda (Horacio) : ...different strategies that can be analyzed, by using different spaces than the one we're used to do, lowering the number of kids at the same time in a place. So, this is all kinds of scenario we're looking for.

And what is helping is that kids, even when they get the disease, they will not be going to the hospital, you know, and they are going to be almost immunized against it, and they will not contribute to giving the infection to the older ones. So, it's why we want to give this separation between the ones that are at risk and the ones who are not at risk.

And it's almost like... I would say, vaccine as we did before with varicella, you remember, when one kid was sick, we want them to get out, but at that time, now there is a vaccine, and there is some rare cases of complication, so that's why we're using it.

So, it's this equilibrium that we are going to look. And we're going to open, I would say, the ... or the thermostat, or the rheostat, you know, like light, and measure, measure, measure. And, you know, if we don't do that, people are going to get crazy. We're going to have depressions, suicides, all that kind of stuff that could happen if we are confined for a long time.

So, it's also... we don't want to have, I would say, a system which will be overwhelmed by cases. But, at the same time, we want to prevent other issues of public health too.

Le Modérateur :OK. So, our next questions are from Raquel Fletcher, Global News. Two 8-1-1 employees have COVID-19. Their union says they can't social distance and haven't been allowed to work form home. Is the Ministry following its own rules?

Mme McCann : Can you tell me again, where is that?

M. Legault : 8-1-1.

Le Modérateur : Yes.

Mme McCann : 8-1-1. We will look... I'll look into that, because we have to apply the same rules in the Ministry as everywhere else. So, I will look into that and we should respect the two meters as much as possible. And it's also possible for the 8-1-1 to work from home and to do the «télétravail». So, I will look into the situation.

Le Modérateur : Thank you. And now for Mr. Legault. The unemployment rate in Québec is now 8.1%, a 3.6% increase over February, which is the highest increase in Canada. How concerned are you about the labour market and the Québec economy? Is Québec currently in a recession?

M. Legault : First, unfortunately, the unemployment rate is a lot higher than 8% right now, so the figures that were tabled by the Canadian Government yesterday only represent the situation of the third week of March, so it's not the picture that we have today. So, yes, the situation, the economic situation is very tough.

Like I explained before, we decided to close many companies in order to save the more vulnerable of our society. Now, in the next few weeks, we'll look at reopening businesses and help also businesses that need some help. There is some help that is already coming from the federal Government, and our Minister or Economy, Pierre Fitzgibbon, is putting together a plan to restart the economy.

We would like also to do more than less infrastructures in order to create jobs, to reduce the unemployment rate. But unfortunately, in Québec like in everywhere in the world, the unemployment rate will be very high… is very high right now, and we hope, in the next months, that we'll be able to reduce it.

Le Modérateur : And now, question for Phil Authier, Montreal Gazette. Families are reporting that the number of deaths in some CHSLD you mentioned yesterday are in fact much higher. At the CHSLD Alfred-DesRochers, in Montréal, the head of the resident's committee says the number of deaths there is 17, not five, have you said yesterday. How do you explain the difference?

M. Legault : I have the figures still in front of me and it's still five. So…

M. Arruda (Horacio) : You must understand that there is a need for declaration of the deaths, at the clinical perspective, to the public health and then to public health to put that in the system. And there is some delays, it's normal, even because… Even the doctor must sign exactly with a certificate of death. So I'm suspecting that perhaps there is some people dying… who died yesterday who are not, still, in the system. But we must go with the official numbers. That's the only way.

Le Modérateur : Thank you. Now, for Premier Legault. The peak of the epidemic has not happened in Québec yet, but a lot of discussion at these news conferences is about lifting restrictions. Is it giving people false hope to talk about getting back to our normal life this early?

M. Legault : No. I think, at first, people, in Québec, they need hope. Second, if we want to restart the economy, we have for…. In certain sectors, like for example in construction, we need to negotiate an agreement with the unions. So, it's the right time to start looking at different scenarios. And we'll look at the results of the next few days, we'll discuss with Dr. Arruda and we'll take the decisions at the right time. But I think it's normal, at this point, that we look at the possibility of reopening and I think we have good reasons right now to believe that we're coming close to the peak.

Le Modérateur :Thank you. And now, our question today from a media that is not represented here, at the National Assembly, is from CTV News... CityNews Montréal, sorry. It's a question for Premier Legault.

The Supreme Court of Canada denied the application to appeal Bill 21. Several civil rights groups had asked for the bill to be suspended during the full legal challenge. Can you comment on that decision?

M. Legault : As you can understand, we're very happy that we won this case and that the Bill 21 will be able to continue to be applied.

Le Modérateur : Et on me demande si c'est possible de répéter en français sur cette question.

M. Legault : Oui. Bien, écoutez, on est contents du résultat en cour. On parlait de la suspension de la loi n° 21. Bon, il y aura évidemment d'autres recours sur le fond, mais, pour l'instant, on est très contents de voir que la demande pour suspendre l'application de la loi n° 21 a été refusée.

Le Modérateur : So that's all the time we have. Merci, tout le monde, et bon congé de Pâques à ceux qui peuvent en profiter. Merci.

M. Legault : Merci. Joyeuses Pâques.

M. Arruda (Horacio) : Joyeuse Pâques, tout le monde.

(Fin à 13 h 59)

Participants


Document(s) associé(s)