(Treize heures deux minutes)
Le Modérateur
: Alors,
bonjour et bienvenue à cette conférence de presse du premier ministre du
Québec, François Legault, en compagnie de la ministre responsable des Aînés, Marguerite
Blais, et du directeur national de la santé publique, Horacio Arruda.
À vous la parole.
M. Legault : Oui, bonjour,
tout le monde. Je commence par le bilan de la journée. On a malheureusement
32 nouveaux décès, donc on est rendus maintenant à 360. Donc, je veux
offrir mes condoléances aux familles et aux proches des 32 victimes. On a maintenant
13 557 cas confirmés. C'est une augmentation de 711. On a
879 personnes hospitalisées. C'est une augmentation de 55. Sur
les 879, il y en a 226 qui sont aux soins intensifs. C'est une
augmentation de neuf.
Comme vous pouvez vous l'imaginer,
actuellement, notre grande priorité, c'est la situation dans les CHSLD et les
résidences pour aînés, donc que ça soit ce qu'on appelle des RPA, des RI,
toutes les résidences, là, qu'elles soient publiques ou qu'elles soient
privées.
D'abord, je veux vous dire qu'en fin de
semaine, comme je l'avais dit samedi, on est allés inspecter les 40 CHSLD
privés non conventionnés et on s'est rendu compte que la grande majorité sont
très bien gérés. Le personnel soigne bien les patients. Il y en quelques-unes,
là, quatre ou cinq, qu'on garde sous surveillance. On ne va pas s'arrêter là.
On a commencé déjà, depuis hier, puis ça va se poursuivre aujourd'hui puis au
cours des prochains jours… On va aller inspecter toutes les résidences
publiques et privées, CHSLD, RPA, RI, donc, pour aller voir exactement si la
situation est sous contrôle.
Bon, je veux revenir sur la situation dans
les CHSLD et les résidences pour aînés de façon générale.
D'abord, c'est important de se rappeler
qu'avant même la crise, depuis des années, on avait des pénuries de personnel
dans les résidences pour aînés. Puis, je pense, peut-être le problème le plus
important, c'est un problème de salaire. Donc, on n'arrive pas, même si on a
affiché beaucoup de postes, à combler les postes. C'est encore plus difficile
dans certaines résidences au privé qui paient moins cher, mais, même dans le
secteur public, très difficile d'aller attirer tout le personnel qu'on a besoin.
On a, en plus, une espèce d'effet domino :
parce qu'on a une pénurie de personnel, bien, les personnes qui travaillent là
ont comme une surcharge de travail. Donc, c'est encore moins attrayant parce
que les personnes qui acceptent de venir travailler travaillent dans un
contexte où il manque de personnel, donc qui ont beaucoup de choses, plus que
normalement, à faire.
C'est pour ça que vous m'avez souvent
entendu le dire depuis un an. Au cœur de la négociation des conventions
collectives, on veut augmenter les salaires des préposés aux bénéficiaires d'un
pourcentage plus grand que les autres travailleurs qui travaillent pour le gouvernement
du Québec, que ça soit dans la fonction publique ou dans les différents
réseaux.
Je comprends que ce n'est pas simple
négocier ça. Traditionnellement, quand je regarde les gouvernements qui se sont
succédé, habituellement, les grands syndicats, qui représentent toutes sortes
de groupes d'employés, demandent la même augmentation de salaire en pourcentage
pour tous les employés. Certains syndicats ont de l'ouverture, donc, d'autres
en ont moins, donc ce n'est pas simple, cette négociation-là. Comme vous le
savez, on a essayé de l'accélérer. Là, on continue les discussions, mais ce
n'est pas nécessairement simple de donner une augmentation permanente plus
importante aux préposés aux bénéficiaires.
Ce qu'on a fait, c'est qu'on a donné un
boni temporaire, donc une bonification de la rémunération, 8 % pour les
personnes qui sont directement avec les patients, puis, dans le secteur privé,
une augmentation de 4 $ de l'heure. Ce que je rappelle, là, il y a des
gens qui gagnaient seulement 13 $ de l'heure, là. Donc, même à 17 $
de l'heure, là, ce n'est pas suffisamment attirant. Puis en plus, bien, ce sont
des primes qui sont temporaires. Tant qu'on ne s'est pas entendus avec les
syndicats, ça reste des primes qui sont temporaires.
Et actuellement on n'a pas assez
d'inscriptions, entre autres en formation professionnelle, pour des gens qui
voudraient devenir préposés aux bénéficiaires. Donc, on a un défi d'attirer des
jeunes mais aussi des moins jeunes à devenir préposés aux bénéficiaires. Il
faut que ça soit plus valorisé. Évidemment, on ne peut parler de valorisation
sans parler de salaire, quoique le contexte aussi fait qu'étant donné qu'il y a
une pénurie, bien, c'est dur travailler comme préposé aux bénéficiaires. Donc,
on a un peu comme l'œuf et la poule : tant qu'on n'a pas attiré plus de
préposés, la situation est encore plus difficile. Mais c'est le grand défi
qu'on a, puis ce n'est pas un défi qui est nouveau, c'est un défi qui est là
depuis des années, qu'il y a de la pénurie de personnel. Puis en particulier,
là, je vous dirais, depuis un an, on a eu deux augmentations budgétaires
importantes, mais il reste que beaucoup de postes sont affichés mais non
comblés.
Je pense que, dans le contexte actuel, il
y a quelque chose qui est encourageant, c'est qu'il y a beaucoup de métiers, je
pense, entre autres, aux magasins de détail, peut-être autour du tourisme, de
la restauration, des gens qui, peut-être, pourraient se réorienter pour devenir
préposés aux bénéficiaires. Mais tout commence par une meilleure augmentation
des salaires.
Donc, ce que je veux vous dire, c'est
qu'avant même que la crise commence, la crise de la COVID-19, on avait un
problème de pénurie de personnel dans nos résidences de personnes âgées. Et là
la situation s'est empirée. D'abord, il y a du personnel qui a été infecté,
soit dans les résidences, soit parce qu'ils avaient voyagé, ou pour toutes
sortes de raisons, comme simples citoyens. Donc, on a une partie du personnel
qui est infectée.
Puis on me dit aussi qu'il y a une partie
du personnel, puis je peux les comprendre, qui ont des inquiétudes puis qui ne
veulent pas aller travailler dans des milieux où il y a des patients qui ont la
COVID-19. Je pense qu'on peut tous comprendre ça. Malgré les équipements de
protection, il y en a qui ont des craintes.
Donc, on se retrouve dans une situation
où, avant la crise, on avait une pénurie de personnel. On était en train de
négocier pour augmenter les salaires pour que ça soit plus attractif, pour
qu'on ait plus de jeunes et de moins jeunes qui s'inscrivent dans les écoles
pour devenir préposés aux bénéficiaires. Puis là, bien, s'ajoute une situation
où c'est encore moins attrayant. Donc, on a vraiment un gros défi. C'est un
défi qui est plus, je dirais, à moyen terme.
Mais on a une crise, là, à gérer. Et là,
pour gérer la crise, on a redéployé 1 100 personnes pour les envoyer
là où c'est le plus critique, plus 450 médecins, puis on est en train d'en
ajouter, autant des omnis que des spécialistes. Par contre, puis je le dis, je
faisais la revue, tantôt, avec Marguerite, de toutes les résidences une par
une, il y a encore des résidences actuellement qui manquent d'employés. Donc,
on cherche toutes sortes de moyens d'identifier des employés qu'on pourrait
envoyer. Et donc ça fait partie de nos priorités.
Mais, malgré la situation qui est
difficile, je veux quand même vous dire que la grande majorité des résidences
fonctionne bien. Les gens sont bien soignés. Le personnel est attentionné,
dévoué. Donc, dans la grande majorité des cas, ça va bien. Puis j'ai demandé
aussi, d'une façon très claire, là, qu'il y ait une personne, pour chaque
résidence, qui soit désignée pour faire le lien avec les familles. Ça ne sera
pas, dans tous les cas, une infirmière ou un médecin, mais c'est important qu'il
y ait ce lien-là, parce qu'on a quand même, puis on en parlait avec le Dr
Arruda, une inquiétude sur le moral de certaines personnes, là, qui sont dans une
situation qui est difficile.
Quelques points additionnels. D'abord, les
tests, là, vous avez vu qu'il y a un nouveau test qui se fait rapidement, là.
En une heure, on peut avoir le résultat. On en a commandé pour être capables
d'en faire 200 000. Donc, on pense qu'avec ça on va être capables, là, de
faire tous les tests qu'on a besoin dans les prochaines semaines.
Les équipements de protection, ça va bien.
Il y a un endroit où on est plus serrés, c'est les blouses, mais là on pense
que, d'ici une semaine, maximum deux, on devrait être capables de commencer à
avoir des blouses qui sont fabriquées au Québec, qui vont combler la pénurie.
Reste un problème avec certains
médicaments, médicaments de sédation. Donc, les personnes qui souffrent
d'anxiété ou qui ont besoin d'être calmées, endormies, tous les médicaments de
sédation, il y a effectivement, là, peut-être à peu près pour une semaine de
médicaments, mais là on cherche partout, avec le gouvernement fédéral, des
solutions.
Je veux aussi vous dire qu'on a, avec
autant les syndicats que le patronat, convenu d'ajouter quelques emplois qui
vont être rouverts. Donc, il y a des ministres, au cours de la journée, qui
vont vous annoncer... on va comme élargir un peu la liste des services
prioritaires. Je pense, entre autres, à la construction domiciliaire. On s'est
assuré, avec la Santé publique, que tous les protocoles étaient mis en place
pour protéger ces employés-là, entre autres qu'ils restent toujours à deux
mètres les uns des autres, mais on ne veut pas ajouter une crise du logement par-dessus
la crise qu'on vit actuellement.
Une bonne nouvelle, je pense entre autres
aux parents, mais aussi aux enfants, c'est à partir d'aujourd'hui que
Télé-Québec va diffuser des émissions éducatives, donc autant pour les plus
petits, préscolaire, primaire, que pour le secondaire. Donc, au secondaire,
entre autres, ils vont avoir un petit peu de science avec Martin Carli, puis
des fois, un petit moins sérieux, avec Pier-Luc Funk, là, mais il y a des
excellents animateurs, animatrices, là, autant pour les tout-petits que pour
les ados, puis ça commence aujourd'hui.
Bon, maintenant, mes remerciements du
jour, vous allez comprendre que c'est pour tous ceux et toutes celles qui
travaillent dans nos CHSLD et nos résidences pour aînés. Je le sais qu'à
certains endroits il manque de personnel. Je sais que c'est stressant, parce
que le personnel essaie d'aider, mais ils se rendent compte qu'ils ne peuvent
pas tout faire. Comme je dis souvent à Isabelle, à l'impossible nul n'est tenu,
hein? Donc, l'important, c'est que chacun fasse son possible, fasse le mieux
qu'il peut avec les circonstances. Et, bien, moi, je dis, à tout le personnel,
entre autres des CHSLD, ne lâchez pas, là, on travaille sur toutes sortes de
scénarios pour continuer de vous envoyer des renforts, mais c'est très, très,
très important ce que vous faites pour nos aînés.
Donc, même si la situation dans les
résidences pour personnes âgées est difficile, il reste que, quand même, quand
on regarde les données, la situation générale, quand même, se stabilise. Ça ne
veut pas dire qu'il faut relâcher les consignes. Entre autres, on reste toujours
à deux mètres des autres personnes. Ça va sauver des centaines de vies de
continuer de le faire. Puis, bien, je dis, à tout le monde, courage, les beaux
jours vont revenir. Merci.
Le Modérateur
: Est-ce
que vous avez une déclaration en anglais, M. le premier ministre?
M. Legault : Oui. Good afternoon. The Ministry of Health carried out checks in private
CHSLDs over the weekend. In the majority of cases, the situation is stable, the patients are well treated. Few establishments have
been placed under surveillance.
I know there is a lot of
concern among families. Even if the situation is far from perfect at the moment, I want to reassure you. In the
vast majority of CHSLDs and private residences, people are cared for by
dedicated staff, and, where the situation is critical, we're sending people. Later today, we'll be adding
some activities to the list of priority services, home building among of them.
Protocols have been developed with public health to ensure that work is safe.
I know the situation is tough on everyone, in
particular in certain places, but, I want to be clear, the general situation and outlook get better, but we'll
still have to keep physical distancing and, by following public health
guidelines, we're saving hundreds of lives. Courage, everyone, good days will
return. Thank you all.
Le Modérateur
: Nous en
sommes maintenant à la période de questions. Nous commençons avec Patrick Bellerose,
du Journal de Québec.
M. Bellerose (Patrick) : Oui.
Bonjour à tous. La question est pour Mme Blais. Étiez-vous au courant de
la situation au CHSLD Herron et de façon plus générale, je dirais, au CIUSSS de
l'Ouest-de-l'Île? Et quelles actions ont été prises depuis le printemps
dernier, depuis le fameux rapport du coroner?
Mme Blais (Prévost) : Comme
vous le savez, M. Bellerose, c'est un CHSLD privé. Et en ce qui me
concerne, j'ai avisé tous les P.D.G. des CISSS et des CIUSSS qu'on doit mettre
en place les recommandations qui sont faites. Et vous le savez, hein, dans
cette histoire-là, ça n'a pas été simple non plus pour que Mme McVey, qui
est la P.D.G. du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île-de-Montréal... de pouvoir entrer à
l'intérieur du CHSLD privé pour être en mesure d'apporter des soins. Mais cette
résidence-là avait déjà été certifiée correctement. C'est une dégradation, fort
probablement, qui s'est produite dans le temps. Mais actuellement il y a un
contrôle, les gens du CIUSSS de l'Ouest sont là, et il y a une enquête. Et je
ne vais pas commenter davantage à cause de l'enquête qu'il y a en ce moment-ci.
M. Bellerose (Patrick) : Il y
a beaucoup de gens sur les réseaux sociaux qui vous interpellent, qui vous
critiquent. Est-ce que vous prenez une part de responsabilité dans la situation?
Mme Blais (Prévost) : Écoutez,
c'est un dossier qui me tient à coeur depuis tellement d'années, je dirais,
depuis les années 1979 que je m'intéresse aux aînés et je m'intéresse aux
proches aidants. Écoutez, je pense que ce qui se passe actuellement, le gouvernement
a tout mis en place. Même les urgentologues aujourd'hui disaient que ce qu'on
devait faire en premier c'était de libérer des lits dans les hôpitaux pour être
en mesure de faire face à une grande crise. Et là, maintenant, ça attaque
certaines résidences pour personnes qui sont plus vulnérables. On le savait que
c'était pour toucher les personnes vulnérables.
Écoutez, la critique, je suis capable de
la prendre. Rendu à mon âge, si je fais de la politique, c'est pour être
capable d'accepter la critique. Mais, si je suis devant vous aujourd'hui, c'est
pour vous dire qu'on veut prendre soin de nos aînés, on prend soin de nos aînés
et qu'on va tout faire pour mettre en oeuvre des changements au niveau de la
culture organisationnelle de nos milieux de vie.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : M. le
premier ministre, Mme Blais, M. Arruda. Je voudrais vous parler des
médecins spécialistes. Parce que plusieurs s'inquiètent, M. le premier
ministre, du fait que, bon, on a arrêté de faire certaines opérations. Et là
les médecins spécialistes disent : À un moment donné, il va falloir
rattraper ce retard-là, et on craint notamment que si, par exemple, ça nous...
on a une espèce de congestion dans les salles d'opération l'automne prochain,
parce qu'évidemment la crise n'est pas terminée aujourd'hui, etc., que ça
puisse tomber en même temps aussi qu'une deuxième vague de COVID-19. Bref,
est-ce qu'on n'est pas en train de reporter des problèmes à plus tard et même
les amplifier en ayant cessé de cette façon toutes les
opérations — ou à peu près — électives qu'il y avait au
Québec?
M. Legault : Bon, on le sait,
dans nos hôpitaux au Québec, qu'on a à peu près 18 000 lits. On en a
libéré à peu près 8 000. Là, on n'est rendu qu'à à peu près 6 000,
donc on en a relâché 2 000. On a moins de 1 000 personnes, là,
879, qui sont hospitalisées. Donc, ça veut dire qu'effectivement il y a de la
place pour recommencer les opérations qui ont été reportées. C'est ce qu'on va
faire dans les prochains jours, les prochaines semaines si la situation
continue de se stabiliser.
Mais il faut comprendre qu'il y a quelques
semaines on se disait : Peut-être qu'on va avoir besoin de
8 000 lits dans nos hôpitaux pour soigner les gens qui ont de la
COVID-19. Donc, heureusement, la vague n'est pas venue, puis on pense que c'est
en train de se stabiliser. Bon, par contre, on a aussi un défi à court terme,
j'en ai parlé tantôt, les CHSLD puis les résidences pour personnes aînées. On
veut aussi que certains spécialistes nous donnent un coup de main dans les
résidences pour aînés. Mais, effectivement, il va y avoir de la place dans les
prochaines semaines, s'il n'y a pas de vague puis de grosse augmentation dans
les hospitalisations, de recommencer les chirurgies qui ont été reportées.
M. Lacroix (Louis) :
Justement, les spécialistes que vous voulez affecter aux CHSLD, d'abord, il y
en a combien qui pourraient oeuvrer dans les CHSLD, et de quelles spécialités?
Est-ce qu'on parle de gérontologues? Est-ce qu'on parle de gens qui sont en
infectiologie? À qui, à quoi vous faites référence?
M. Legault : D'abord, je ne
suis pas médecin, mais, moi, ce qu'on m'explique, c'est qu'un médecin
spécialiste, avant d'être spécialiste, a aussi appris sa médecine généraliste,
donc est capable d'agir comme généraliste. Donc, je pense, je prends pour
acquis que tous les médecins spécialistes pourraient nous donner un coup de
main dans les CHSLD.
Le Modérateur
:
Maintenant, M. Alain Laforest, TVA Nouvelles.
M. Laforest (Alain) : M. le
premier ministre, Mme Blais, M. Arruda. M. le premier ministre, est-ce qu'il y
a un problème avec la direction du CIUSSS de l'Ouest de Montréal? On sait que
les dirigeants de Herron affirment avoir été abandonnés par le ministère de la
Santé. Il y a une lettre qui a circulé, qui a été envoyée à votre ministre de
la Santé le 9 avril, et qu'on dit qu'il n'y avait aucune collaboration.
M. Legault : Bon, écoutez, il
y a une... En fait, il y a trois enquêtes qui ont lieu : une enquête de la
Santé publique, une enquête de police puis une enquête du coroner. Ça fait
qu'on devrait savoir effectivement à qui distribuer les blâmes une fois qu'on
va avoir les résultats de ces enquêtes-là. Moi, ce qu'on me rapporte, c'est que
le problème venait vraiment du CHSLD, de la direction du CHSLD, mais on va
faire la lumière sur toute cette affaire.
M. Laforest (Alain) :
Concernant toujours le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île de Montréal, je ne sais pas
si on vous a mis au courant, il y a une préposée aux bénéficiaires qui a
témoigné à visage découvert hier en disant qu'au CHSLD LaSalle, ça empestait la
négligence là-bas. Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire?
M. Legault : D'abord, on est
en train de vérifier, effectivement, tous les reportages que j'ai vus au cours
des derniers jours, que ça soit à LaSalle ou à Ville-Émard ou, en tout cas,
tous les reportages que j'ai vus, j'ai demandé qu'on enquête. J'ai vu à
certains endroits qu'on a forcé du personnel ou qu'on aurait forcé du personnel
en barrant les portes. Bien, ça, c'est inacceptable, là. Comme je le disais
tantôt : à l'impossible, nul n'est tenu. Mais donc on va enquêter.
Par contre, je vous ai dit bien
honnêtement tantôt que je sais qu'encore aujourd'hui il y a certaines
résidences où il manque de personnel. Donc, ça doit être très difficile pour le
personnel qui est là, d'être à court... au total de personnel. Donc, je peux
comprendre que c'est difficile. Donc, j'accepte qu'il y a peut-être eu des
lacunes. On est en train d'essayer de voir comment on peut envoyer plus de
personnel, mais, encore une fois, c'est un problème qui est là depuis
longtemps. Marguerite a visité, je pense, une centaine de résidences depuis 1 an
et demi, puis elle me raconte à chaque semaine ce qu'elle voit. C'est
difficile, à partir du moment où il n'y a pas assez de jeunes et de moins
jeunes qui étudient pour, par exemple, devenir préposé aux bénéficiaires, d'en
trouver. En plus, il y a un problème salarial qu'on doit régler dans la
convention collective.
Donc, on ne pourra pas, du jour au
lendemain, régler tous ces problèmes-là. Donc, c'est pour ça qu'on envoie du
personnel, des médecins spécialistes, des médecins omnis, des infirmières qui
vont faire le travail de certains préposés aux bénéficiaires, donc, on essaie
de tout envoyer ce qu'on est capables d'envoyer pour régler les pénuries, mais
ce n'est pas un nouveau problème, la pénurie dans les résidences pour personnes
âgées.
Le Modérateur
: Tommy
Chouinard, La Presse.
M. Chouinard (Tommy) : Oui,
bonjour, M. le premier ministre. Vous dites qu'à la suite... vous aviez annoncé
des inspections dans les 40 CHSLD privés non conventionnés. Vous dites,
là, il y a quatre ou cinq, là, bon... Il y en a cinq, bon, il y en a cinq
qui... Quels sont ces CHSLD, quel est le problème? Et vous dénombrez au total,
privés, publics, combien de CHSLD en situation critique?
M. Legault : Bon, il y a cinq
CHSLD privés conventionnés... Mais je voudrais dire une chose, là. Il y a des
excellents CHSLD privés non conventionnés puis il y a des CHSLD publics où ce
n'est pas parfait.
Donc, bon, là, il y a plusieurs raisons. Est-ce
que c'est un problème de gestion? Est-ce que c'est un problème de bien appliquer
les directives pour, par exemple, utiliser le matériel de protection
individuelle? Est-ce que c'est suite à des pénuries de personnel? Et là, quand il
y a une pénurie de personnel, bien, on ne peut pas blâmer la direction. Ils
essaient de faire leur possible, mais ils ne sont pas capables d'offrir le
service normal qu'ils devraient offrir parce qu'il manque de personnel.
Donc, quand je dis qu'il y en a cinq sous
surveillance dans les CHSLD privés non conventionnés, bien, c'est un mélange de
tout ça. On surveille puis on voit que, peut-être, ils ne sont pas en contrôle
à 100 % et puis que toutes les directives ne sont pas en place comme elles
devraient être : s'assurer d'avoir une zone chaude, une zone froide, tout
le monde a les équipements, qu'on s'occupe bien des gens, qu'on fasse le
contact avec la famille. Il y a des endroits, en tout cas, cinq, là, où il y a
des choses à améliorer, mais je ne suis pas prêt à jeter le blâme. Ça se peut
que, dans certains cas, ça soit un manque de personnel.
M. Chouinard (Tommy) : Et
juste, là, dans l'ensemble des CHSLD, combien critiques...
M. Legault : Là, on va
inspecter tous les CHSLD. Vous savez, si on additionne les CHSLD publics,
privés conventionnés, privés non conventionnés, plus les RPA, plus les RI, on
parle de 2 600 résidences. On va toutes les inspecter pour bien
comprendre. Bon, il y en a un certain nombre, je dirais une trentaine, là, où
il y a plus que 15 % des patients qui sont infectés. Donc, ceux-là, on les
a sous surveillance. Ça ne veut pas dire que la situation n'est pas sous
contrôle, mais, quand on a plus de 15 % de nos patients qui ont la
COVID-19, là, c'est un défi à gérer tout ça. Donc, on les suit bien, ces 30 là.
Le Modérateur
:
Maintenant, question pour Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour à vous trois. J'essaie de rétablir une
ligne du temps. Vous avez dit samedi avoir appris vendredi, donc le
10 avril, qu'il y avait une situation, appelons la déplorable, au CHSLD
Herron. Le groupe Katasa, lui, dit avoir écrit, les 8 et 9 avril, des
lettres, une à vous, Mme la ministre, une autre à votre collègue Mme McCann.
Est-ce que ça veut dire, donc, M. le
premier ministre, que vous avez appris ce qui se passait dans ce CHSLD là en
lisant le journal, que vous n'étiez pas au courant de cette lettre-là ou que le
CIUSSS ne vous a pas avisé de la situation qui avait lieu?
M. Legault : Non. On savait
déjà, depuis un certain nombre de jours, dans notre liste de CHSLD, que le
CHSLD Herron avait un manque de personnel, avait des gens qui étaient atteints
de la COVID-19, même qui étaient décédés de la COVID-19. Ce qu'on a appris
vendredi soir, c'est qu'il y avait eu 31 décès entre le 13 mars et
aujourd'hui. Donc, ça, on ne le savait pas. On savait qu'il y avait eu quelques
décès, mais sûrement pas 31, puis c'était parce qu'on n'avait pas accès aux
dossiers des patients.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mme Blais, il y a combien de CHSLD, comme
celui de Sainte-Dorothée, où les zones chaudes et froides sont séparées par un
rideau?
Mme Blais (Prévost) : Bien,
écoutez, vous le savez comme moi, qu'il y a plusieurs CHSLD qui sont vétustes,
au Québec, depuis 25 ans, depuis 20 ans, qui auraient dû être
reconstruits. C'est la raison pour laquelle nous avons pris la décision de
faire des maisons des aînés, des unités de 12, de plus grandes chambres
avec des salles de bain individuelles. C'est plus facile pour soigner puis
c'est plus facile pour isoler les personnes. On s'est aussi engagés, au
gouvernement, à reconstruire 25 CHSLD, qui seront construits en mode
maisons des aînés, donc le même modèle. On ne peut plus retourner à des modèles
hospitalocentriques, donc de très petites chambres. Et, écoutez, ce n'est pas parce
que c'est séparé par un rideau, là, qu'il n'y a pas de contagion, là. Alors,
c'est la raison pour laquelle il faut faire des zones chaudes puis des zones
froides. Et, si, dans un CHSLD, on n'est pas capables de faire des zones
froides et chaudes parce qu'il est plus petit, il faut que la zone soit totalement
chaude.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais il y en a combien?
Mme Blais (Prévost) : Il y en
a quelques-uns, mais ce n'est pas souhaitable.
Le Modérateur
:
Maintenant, Hugo Lavallée, Radio-Canada.
M. Lavallée (Hugo) : Oui,
bonjour, M. le premier ministre. Vous nous disiez la semaine dernière que vous
recevez, chaque matin, là, une liste des établissements pour personnes aînées
avec le nombre de personnes qui sont atteintes de la COVID. On apprend, dans
les médias, depuis quelques jours, des exemples où, bon, dans un établissement,
il y a beaucoup de gens infectés, dans un autre, il y a un problème criant de
personnel. Pourquoi ne pas tout simplement rendre publique la liste que vous
recevez chaque matin pour être plus transparents? Les gens sauraient à quoi
s'en tenir, quelle est la situation, exactement, précisément, dans les CHSLD, parce
que, là, vous évoquez des CHSLD sous surveillance, d'autres où il y a beaucoup
de gens infectés. C'est un peu difficile pour M. et Mme Tout-le-Monde de s'y
retrouver. Pourquoi ne pas tout simplement dévoiler la liste?
M. Legault : Bien, d'abord, il
y en a 2 600, 2 600 résidences au total. Il y en a qui sont
publiques, il y en a qui sont privées. Donc, les résidences qui sont publiques,
c'est nous qui gérons, donc on a plus d'informations. Le privé, on est en train
d'aller en chercher davantage, d'informations. Parfois, c'est du personnel.
Parfois, c'est parce qu'il y a beaucoup de personnes qui ont la COVID-19. Par
contre, il y a des CHSLD où il y a beaucoup de cas de COVID-19, mais que tout
est sous contrôle, je dirais la majorité d'ailleurs. Ils ont des zones chaudes,
des zones froides. Donc, on regarde tous les CHSLD, les RPA, les RI et on fait
le tour d'où il y a des problèmes, donc. Et puis ça change à chaque jour. Je ne
pense pas, là, qu'on va commencer à donner la situation des 2 600 résidences.
M. Lavallée (Hugo) : Vous
avez décidé, dès le début de la pandémie, d'interdire les visites, là dans
l'ensemble des résidences pour personnes âgées. Or, dans plusieurs cas, il y a
des gens qui sont hébergés qui recevaient de l'aide de leurs proches pour, par
exemple, se nourrir, pour des soins d'hygiène, et là ces résidents-là maintenant
sont privés de certains de ces soins. Lorsqu'on pose des questions, on obtient
comme réponse : Bien, il manque de personnel, le personnel est à bout de
souffle. Alors, est-ce que, jusqu'à un certain point, l'interdiction totale des
visites n'a pas contribué, justement, à accentuer le problème dans certaines
résidences? Et est-ce qu'il n'y aurait pas lieu de permettre un nombre très
limité, encadré de visiteurs qui jouent aussi un rôle auprès des personnes qui
habitent ces résidences-là?
M. Legault
: Écoutez,
c'est le genre de question qu'on se pose à tous les jours, depuis le début,
parce que ce n'est pas noir ou blanc, c'est la balance des inconvénients. Si on
empêche les proches aidants de venir dans les CHSLD, on diminue les risques de
contagion, mais, en diminuant la présence de proches aidants dans nos CHSLD, on
se prive parfois d'une ressource qui venait donner un coup de main.
Donc, c'est ça qu'il faut voir. Puis on en
discute avec le Dr Arruda quelle est la balance des inconvénients. Est-ce que
ça serait mieux... Tu sais, c'est difficile de faire un tri, là, mais, dans un
monde idéal, si on était capables de dire : Bien, ce proche aidant, il a
été testé négatif, il porte un masque, il fait attention pour rester à deux
mètres de tout le monde, il va juste voir sa mère, bon, on pourrait le laisser
rentrer, là. Mais comment on fait ce tri-là dans la situation actuelle? Ce sont
des questions qu'on se pose, puis on va continuer à cheminer là-dedans dans les
prochains jours.
Le Modérateur
:
Maintenant, deux dernières questions de la LaPresse canadienne.
Cela fait presque exactement un mois que l'Assemblée nationale est fermée, et
vous n'avez pas à rendre de comptes à l'opposition. Allez-vous prolonger la
fermeture de l'Assemblée nationale? Et prévoyez-vous des échanges, débats avec
l'opposition?
M. Legault
: Bon. J'ai
une conférence téléphonique à tous les lundis, donc cet après-midi, et tous les
jeudis, et je réponds aux questions des trois chefs de l'opposition.
Maintenant, on avait prévu que l'Assemblée nationale serait fermée jusqu'au
21 avril. La situation, par exemple, actuellement, là, surtout les
ministres à la Santé puis, je dirais, aussi à l'Économie, je ne pense pas que
ça serait une bonne idée, que ça soit par conférence ou d'une autre méthode, de
prendre des heures pour répondre aux questions pour l'instant. Bon, quelle sera
la situation le 21 avril, le 26 avril, le 4 mai? On va suivre la
situation.
Donc, je discute avec les chefs de
l'opposition de certaines méthodes alternatives pour qu'ils puissent poser des
questions à certains ministres. Mais, comme je leur répète, là, depuis quelques
jours, pour l'instant, là, je ne pense pas que c'est une bonne idée. Il faut
tout concentrer les énergies de nos ministres à régler la crise plutôt que de
répondre aux questions. D'abord, je pense que je le fais ici une fois par jour,
de répondre aux questions, là. Je suis certain que les chefs de l'opposition
pourraient vous en passer quelques-unes.
Le Modérateur
: Et
enfin une dernière question pour le Dr Arruda. Qu'est-ce qu'on sait, M. Arruda,
de la santé mentale des personnes âgées qui sont justement cloîtrées chez elles
en raison du confinement depuis longtemps, qui, peut-être, ne voient pas leurs
proches aidants et qui peuvent commencer à souffrir de problèmes de santé
mentale, par exemple?
M. Arruda (Horacio)
:
Bien, écoutez, je pense que tout confinement peut entraîner, même chez la
personne en bonne santé, une certaine détresse, anxiété, etc. Donc, c'est clair
que nos personnes âgées doivent vivre ces situations-là tout comme les
familles. Je suis très, très, très sensible, je vous dirais, à la détresse que
certains... On a vu des reportages ce weekend qui font mal au cœur. Et soyez
assurés qu'on va essayer de faire un bon équilibre entre les éléments qui
permettent de protéger leur vie et la vie de leurs parents aussi, parce que,
des fois, en voulant bien faire, on pourrait exposer son propre père, ou oncle,
ou etc., parce qu'on est porteur puis on ne le sait pas. Mais, je pense… Et
c'est pour ça, quelque part, qu'il faut trouver des moyens, à mon avis, de
répondre à ça.
En tout cas, moi, ce qui est majeur aussi,
c'est d'avoir des nouvelles, hein? Je peux comprendre que, si ça fait trois
jours que nos parents sont dans un centre puis qu'on n'a pas nécessairement eu
de nouvelles... Puis je pense que, là-dessus, le premier ministre, Mme Blais,
Mme McCann ont demandé à qu'on s'assure qu'il y ait quelqu'un qui puisse
communiquer l'information. Le doute, l'absence d'information entraînent une
peur, puis etc.
Ça fait que, oui, je pense que c'est un
élément important. C'est vrai pour nos personnes âgées qui sont en confinement.
C'est vrai pour les familles qui n'ont pas de contacts avec eux. Puis c'est
vrai aussi pour probablement bien des personnes. Et je parlerais aussi des
éléments en lien avec la santé mentale, la violence conjugale qui peut
apparaître dans les maisons quand il y a moins de gens qu'ils voient. Ça fait
qu'il faut qu'on prenne ça en considération dans nos choix puis dans ce qu'on
appelle nos choix de réouverture, éventuellement, progressivement. Puis il faut
élargir la gamme de services aussi. Ce n'est pas rien qu'une question de santé
physique. Ça va devenir une question de santé mentale, de santé économique,
etc. Ça fait qu'on est très sensibles à ça.
Le Modérateur
: Merci. Maintenant,
nous en sommes aux questions en anglais. Cathy Senay, CBC.
Mme Senay
(Cathy) : Good afternoon to all of you. Mr. Legault, you're sending an appeal to Quebeckers to invite some of them to become
orderlies. And you said that the...
Une voix
: ...
Mme Senay (Cathy) : …«préposés aux bénéficiaires», orderlies. And you said that the situation was critical even before the
outbreak. But now, when you look at this, and you knew that the staff was not
sufficient in seniors' facilities, and we look at the strategy to basically
transfer patients into CHSLDs from hospitals, do you have the impression that
we just made the situation
worse, spreading the virus, in doing so, transferring patients to CHSLDs or
other long-term facilities for seniors, knowing that the staff wasn't
sufficient?
M. Legault :OK. First, we have
to come back to the facts. We've transferred about 1,000 patients in what
we call RI, «ressources intermédiaires». That's it, that's all, OK? So, it was new places for these people
to liberate, to have more beds available for people suffering ofCOVID-19. I think it was the right thing to
do. But we haven't increased the number in CHSLD, most of them were already
full. So, it's really in intermediary resources that this 1,000 people
have been sent.
But, like I said, we had
a shortage of workers before the crisis, and that's why we are negotiating with
unions since sometime to increase their salary by more than the other employees
of the government, but it's not
easy. Usually, unions, when they negotiate with the Government, and it was like that with the Parti
québécois and the Liberal Party, usually, they ask for the same percentage of increase for all
employees, and that's not what we suggest. We suggest that there'd be a real
larger increase for these people because, right now, we have to send a message.
We don't have enough students studying. There's not enough attraction to work.
And it's more than that. Because we have a shortage, the job is tougher than
usually because there's a shortage. So, there's even less attraction.
So we really need to
increase the salaries. That's why we've put temporary premiums. But it's not
enough. People, they want to know if it will be on a permanent basis, and that's
why it becomes urgent to negotiate with unions an increase.
Mme Senay (Cathy) : Yes. My second question is for you, Mrs. Blais. The weekend must
have been horrible for you, seeing what's happening at the Herron CHSLD. And
being a caregiver in the past, do you have the impression that, when you see
seniors that have been left malnourished, dehydrated, do you have the... How
the situation, the strategy
should change for seniors having caregivers with them, helping them, now that
they have been banned from those visits since mid-March? How the situation should change rapidly?
Mme Blais (Prévost) : First of all, you asked... you said my weekend was probably
horrible. I came back in politics to take care of seniors and to take care of
caregivers. You know, it's a mission for me, it's a passion. Of course, when I
see these types of situations,
you know, I cannot be, you know, like, pragmatic. I am emotional. And we were
discussing this morning, with Dr. Arruda, when can caregivers coming back
in CHSLDs to be able to be there. But we have to listen to «la santé publique»,
it's very important. Because we don't want another wave, we don't want this situation coming back again. We want to
prevent infection. So it's going to be very, very important to listen to «santé
publique». And, when they will be ready, well, perhaps we will be able to do a
move. But for me, like we say in French, it's a «crève-coeur» decision, it
breaks my heart, but I know I have to do this to protect seniors and to protect
caregivers.
Le Modérateur
:Maintenant, question
pour CTV, Samuel Pouliot.
M. Pouliot (Samuel) : Hi. Mr. Legault, why wasn't something done at Herron following the
ombudsman's report and the 2019 coroner's report, citing issues at that
specific CHSLD? And what is needed to make sure this never happens again? Is it
more money into the system?
M. Legault :OK. I think that,
when we had those reports, it was the Liberal Government, and then, our
Government, I think we made sure, with the CIUSSS of the West Island, that all
measures that were needed to correct the situation, that they were put in place. But I think that what happened in the
month of March was that suddenly many of their residents got the COVID-19, many
of the employees decided to leave. The information given to the CIUSSS was about only a shortage of employees, but we
discovered Friday night that they were 31 deaths in about three weeks. We
didn't know that, and I think the owners of this place must have informed the
CIUSSS about the situation.
That's the first problem I see. Because it's very nice to say : I need
more workers, but to say : Hey! I'm at 31 deaths in a couple of weeks,
that's something very urgent.
So I think that, in the
future, we know that... We knew that, in some CHSLD, there was a shortage of
manpower because we cannot attract... We don't pay them enough, but it must not
be the case at Herron. Herron is charging something like between $3,000 and $10,000 a month to residents, so they must be able to pay
well their people with this kind of money. So there's no excuse, for me.
M. Pouliot (Samuel) : OK. And inside Manoir Verdun, employees were locked in several
occasions by the management. What does this say about what's happening inside?
And were reinforcement sent to Manoir Verdun?
M. Legault :
OK. I've asked that we check what happened at Verdun. If this happened, it's
unacceptable. You cannot lock employees inside and force them to stay inside.
It's unacceptable. But I want to check, first, if it's true.
Le Modérateur
: Juste
avant d'enchaîner avec la prochaine question en anglais, M. le premier
ministre, si vous pouvez répéter ce que vous avez dit, à propos de la résidence
Herron, concernant les tarifs et puis les salaires payés, parce que mes
collègues sont tous un peu interloqués par ce que vous venez de dire. Si vous
voulez répéter, s'il vous plaît, ce que vous venez de dire en français.
M. Legault : Bien, ce que je
dis, c'est qu'au CHSLD Herron les loyers variaient de 3 000 $ à
10 000 $ par mois. Donc, il me semble que le CHSLD aurait dû être
capable de payer des bons salaires pour garder son monde. Mais il est arrivé
une situation où ils... ce que je comprends, c'est qu'il y a beaucoup de cas de
COVID-19 qui se sont répandus rapidement. Les employés ont commencé à se
sauver, à quitter. Et, bon, mais là la première chose qu'aurait dû faire la
directrice du CHSLD Herron, c'est de dire la vérité, qu'il y avait eu
31 morts. Je pense qu'il y a une différence entre dire au CIUSSS : Il
manque de personnel, puis de dire au CIUSSS : Bien, j'ai eu 31 morts en
quelques semaines, là.
Le Modérateur
: Merci, M. le premier ministre. Une question maintenant de Phil Authier, The Gazette.
Mr. Legault, the owners of the residence Herron are blaming the CIUSSS Ouest-de-l'Île for the disaster. They say they asked for help, but
did not get any. Can you react to this? Who is to blame?
M. Legault :
First, we'll have three inquiries, one from health care, one from the police
and one from the coroner. So we'll know everything of what happened. But the
information I have right now is that the CIUSSS didn't get the collaboration
and the information about patients, about deaths. And, yes, they were informed
that there was a shortage of employees. They sent employees to the CHSLD, but
the problem was worse than that.
Le Modérateur
:
Next question is for Dr. Arruda from Phil Authier. The projection is that
Québec will hit a peak number of cases this week, April 18th. Is that still
what you see on the horizon?
M. Arruda (Horacio)
: Yes, in the basics, on the cases, if we see the number of cases
everyday, it's going down, almost stable. We are not observing, I would say, a
rapid decrease, but there is… And we flattened the curve, that's clear. But, if
we look at hospitalizations and people who die, it will take another 15 days or
20 days because we are seeing the cases, the cases are getting sick, and then
they develop the complications, they go to hospitals and then they die. Not
everybody dies, but some will die.
Le Modérateur
: Thank you. Now, last questions from Raquel Fletcher, Global. Should
the CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île have intervened earlier
in the case of the Herron CHSLD? How much responsibility belongs to the CIUSSS?
M. Legault :
Like I said before, I think they reacted correctly, with the information I
have, about sending staff. They didn't know before Friday night that there were
31 deaths. But there will be full inquiries, and we'll know exactly what
happened.
Le Modérateur
:
Last question from Raquel. A commitment was made for staff at CHSLDs to contact
families of residents. Will the Minister make the same promise to families with
loved loved ones in the hospitals? Family members are
complaining that they cannot get word about their relatives in hospitals.
M. Legault : Yes, I've asked specifically again today to make sure that somebody's
in charge, somebody's hired, if necessary, to call all families. So I expect
that it is done.
Le Modérateur
: Merci beaucoup.
(Fin à 13 h 52)