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Point de presse de Mme Véronique Hivon, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de justice, M. Sylvain Roy, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’enseignement supérieur, et M. Harold LeBel, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière d’emploi, de solidarité sociale et de lutte contre la pauvreté

Version finale

Le mercredi 7 octobre 2020, 8 h 40

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures quarante-neuf minutes)

Mme Hivon : Bonjour, tout le monde. Alors, aujourd'hui, nous allons déposer une motion à l'Assemblée nationale pour reconnaître le principe de la sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services sociaux.

Quand vous parcourez le rapport de la commission Viens, il y a une conclusion qui est très claire à l'effet que les voix entendues sont assez nombreuses pour affirmer que les membres des Premières Nations et les Inuits ne se sentent pas en sécurité lorsque vient le temps de mettre leur santé entre les mains des services publics. C'est une conclusion qui est extrêmement forte, qui est extrêmement claire, et c'est directement en lien, ça touche directement ce qu'a vécu Joyce Echaquan à l'hôpital de Joliette.

Une des recommandations, tout aussi claire, du rapport Viens, l'appel à l'action 74, c'est que ce principe-là soit enchâssé dans la loi québécoise sur les services de santé et les services sociaux. Donc, aujourd'hui, nous demandons que l'Assemblée nationale reconnaisse ce principe-là et qu'elle enjoigne, après un travail conjoint avec les Premières Nations et les Inuits, d'enchâsser le principe dans la loi sur la santé et les services sociaux.

La sécurisation culturelle, c'est un message fort, un geste très fort qu'on peut poser, au lendemain des excuses qui ont été prononcées, pour montrer que, oui, on est en action, que, oui, le changement est en action, est en mouvement, et qu'il va y avoir, donc, de réelles, réelles conséquences très concrètes au décès de Joyce Echaquan.

M. Roy : Bonjour à tous. Écoutez, jamais je n'aurais cru voir une situation comme celle-là se passer au Québec comme celle qui se passe actuellement à Pointe-à-la-Croix. De manière rétrospective, on a eu une augmentation assez importante de cas de COVID, dans Avignon-Est, c'est-à-dire la municipalité à l'est de la MRC d'Avignon. Face à cela, le gouvernement du Nouveau-Brunswick et la municipalité de Pointe-à-la-Croix ont demandé un barrage pour interdire l'accès aux citoyens du Québec sur son propre territoire. Et ça, c'est inadmissible, c'est une atteinte à notre souveraineté territoriale.       Enfin, on a passé la fin de semaine à négocier avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick pour donner l'accès à nos citoyens, et ils nous ont demandé une liste de commerces puis de services. Et moi, j'étais en réunion avec les maires, préfets, j'ai dit : Écoutez, il faut y aller de manière exhaustive et il faut demander aussi l'accès à nos familles. Et le gouvernement du Nouveau-Brunswick nous a refusé la liste d'accès à nos familles et à nos commerces sur notre propre territoire. Le barrage est encore là, je viens de vérifier, les policiers sont là.

Le décret est extrêmement dur, hein, c'est un décret qui dit : Bon, raisons humanitaires... Bon, c'est le libellé normal d'un décret qui est très coercitif. Ça fait que là, nous, on n'en revient pas. Et de se faire dicter comment gérer notre territoire, comment l'occuper, c'est inadmissible. Et, qui plus est, la population d'Avignon-Ouest, les plateaux de la Matapédia, qui, si on s'en va vers Québec, ont la vallée de la Matapédia pour avoir des services, on oublie ça, là, c'est 60 kilomètres en forêt, doivent maintenant s'orienter vers une zone rouge, c'est-à-dire Nouvelle, pour avoir accès à des services. C'est incohérent, c'est inadmissible, c'est une atteinte à notre souveraineté territoriale, et nous demandons la levée du barrage immédiatement. Voilà.

M. LeBel : Oui, très rapidement. Si vous avez écouté la période des questions hier, moi, je posais la question pour ces 340 000 personnes qui n'ont pas accès à Internet dans un moment très important où il y a beaucoup d'information qui circule en ligne, c'est un moment important, et aussi pour ces municipalités-là qui n'ont pas accès à Internet, ce qui vient handicaper leur développement. Ça aussi, c'était important.

J'ai voulu rappeler l'engagement de la CAQ, en campagne électorale, qui disait qu'elle allait livrer Internet haute vitesse partout au Québec avant la fin de son mandat. J'ai demandé à la ministre pourquoi que, dans le projet de loi n° 66 pour accélérer les projets d'infrastructure, Internet haute vitesse n'était pas là. Un peu maladroitement, elle m'a répondu en remettant la faute sur les libéraux, et tout ça. Je lui ai rappelé que le premier ministre, encore cet été, avait pris l'engagement qu'en 2022 ça allait être fait.

La ministre me répond... et je savais un peu sa réponse parce que j'avais vu les notes préparées par son ministère, elle me répond qu'en 2022 ce qu'on allait annoncer c'est un agenda de mise en oeuvre. C'est-à-dire qu'en 2023, 2024, 2025, 2026 qu'il allait y avoir... Mais ce n'était pas ça, l'engagement. Et là, surprise, le premier ministre se lève en troisième question pour dire : Non, non, non, ça va être 2022; on a des problèmes avec les poteaux de Bell; moi-même, je vais négocier les poteaux de Bell.

Ce que je comprends, c'est que le premier ministre a désavoué sa ministre. Ce que je comprends, maintenant, c'est que c'est le premier ministre qui a ce dossier-là en main. Puis ce que je comprends, c'est qu'il a dit devant tout le monde, encore une fois hier, qu'en 2022 l'ensemble des Québécois auront accès à Internet haute vitesse. C'est ce que j'ai compris hier. C'est ce qu'on va s'attendre. Et maintenant il faudra suivre le premier ministre et savoir comment il va livrer cet engagement-là qu'il a encore réaffirmé hier. Merci.

Journaliste : ...entervenir pour forcer Bell qu'on utilise ses installations peu importe l'entreprise?

M. LeBel : Je ne sais pas quelle stratégie le gouvernement va avoir, mais c'est clair qu'il y a une pression. Tout le ministère, tous les fonctionnaires, les notes que j'avais devant moi disaient que c'est impossible pour 2022. Le ministère de l'Économie l'a dit aussi que c'est impossible pour 2022. Ça fait que là, maintenant, j'ai l'impression que ce matin tout le monde doit être à l'oeuvre, tout le monde doit travailler pour essayer de voir comment qu'on va faire pour répondre à la commande du premier ministre, comment qu'on va négocier les poteaux de Bell. Si ça passe par le CRTC, ça pourrait être ça, mais j'ai l'impression que tout le monde est à l'oeuvre aujourd'hui. C'est ce que je veux.

M. Laforest (Alain) : On a un problème actuellement à délivrer les résultats de tests. Est-ce qu'on devrait se tourner vers les pharmaciens, plutôt que les médecins, pour donner les résultats de tests?

Mme Hivon : Nous, on pense, là, depuis un bon moment, que les pharmaciens font partie de la solution, qu'ils pourraient jouer un rôle beaucoup plus grand en termes de dépistage, de communication de résultats. Je pense que la porte est toute ouverte pour leur demander d'aider effectivement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mme Hivon, en quoi l'enchâssement de la sécurisation culturelle dans la loi sur la santé et les services sociaux changerait concrètement les soins offerts aux personnes autochtones notamment?

Mme Hivon : Le principe de la sécurisation culturelle, en fait, ça vient de pair avec une reconnaissance des différences culturelles qui peuvent jouer un rôle dans la qualité des services qui sont offerts, dans les problèmes de communication, les problèmes de prise en compte de la réalité spécifique, par exemple, des Attikameks, ou des Premières Nations, ou les Inuits de manière générale.

Donc, l'idée, c'est qu'en enchâssant un tel principe ça veut dire des formations, ça veut dire du personnel qui connaît les réalités, ça veut dire des interprètes qui sont là aussi pour pouvoir parler et faire le pont quand c'est nécessaire, ça veut dire de reconnaître qu'il y a des différences, comment on s'exprime quand on vit de la douleur, quand on vit des problèmes de santé, ça veut dire de reconnaître qu'il y a des biais, ça veut dire reconnaître qu'il y a des problèmes d'accès.

Donc, c'est ça, le principe de la sécurisation culturelle, qui est une notion, un principe très cher aux nations autochtones et qui est demandé noir sur blanc dans le rapport.

M. Bergeron (Patrice) : ...pas déjà ça, là, à l'hôpital de Joliette? On avait compris qu'il y avait une interprète, il y avait des formations. Donc, qu'est-ce qui ne marche pas exactement, là?

Mme Hivon : Bien, écoutez, il y a une interprète. Est-ce qu'il y a assez de services d'interprétariat? Je pense que c'est une question qui se pose. La question aussi de la formation, c'est une question qui se pose. Je vous invite à communiquer plus précisément avec l'hôpital de Joliette pour voir si c'est une formation qui est donnée à tous. Est-ce que c'est quelque chose qui est complètement accessible? Joliette est une chose, l'ensemble du Québec et des hôpitaux est une chose.

Écoutez, je vous l'ai lu tout à l'heure, là, mais il y a quand même une conclusion très grave, dans le rapport, qui dit que les autochtones ne se sentent pas en sécurité d'aller demander des services de santé dans le système public. Donc, c'est grave. Et je pense qu'il y a encore beaucoup de chemin à faire pour comprendre la réalité spécifique des autochtones qui se présentent en milieu hospitalier, en milieu de soins de santé de manière générale, interprétariat, connaissances culturelles. Donc, il y a beaucoup de chemin à faire.

M. Lacroix (Louis) : ...députée de Joliette, comment ça se vit chez vous, dans votre communauté, le drame de Mme Echaquan? Comment ça s'intègre dans la population? Est-ce que les gens sont touchés par ça, sont choqués, sont... Comment ça percole chez vous?

Mme Hivon : Ça se vit très intensément. Je vous dirais que l'indignation que l'on vit à la grandeur du Québec, chez nous, on la ressent à la puissance 10. Il y a énormément d'introspection. Les gens de Joliette ont le coeur brisé, littéralement. Il y a beaucoup de tristesse de voir que ça a pu se produire chez nous. Et je pense qu'il y a une volonté, que je sens très, très forte, d'être un accompagnateur de premier plan pour le combat pour faire changer les choses, que ce soit chez nous, à Joliette, avec les gens de la communauté de Manawan, là.

Parce que, pour vous résumer ça, la communauté de Manawan est environ à 2 h 30 min de Joliette, dans le comté de Berthier, mais évidemment il y a des Attikameks qui vivent en milieu urbain, et les gens de Manawan viennent à Joliette quand ils ont besoin de services et, au premier plan, de services de santé. Et donc il y a un grand sentiment de désolation et de consternation de se dire que, malgré toutes les initiatives de rapprochement — parce que je pourrais vous en nommer toute une liste — qui ont eu cours dans les dernières années, il y a même une marche chaque été, de nation à nation, de Joliette jusqu'à Manawan, de sentir qu'on a pu vivre quelque chose d'aussi grave et une démonstration de racisme aussi dégradante, forte et inacceptable, ça vient beaucoup chercher les gens.

Mais, cette espèce d'indignation là, je la sens vraiment se transformer en volonté de changement puis d'être à côté de nos frères et soeurs attikameks pour faire bouger les choses.

M. Lacroix (Louis) : Parce que M. Legault hier, dans son discours, a dit que c'est les gouvernements successifs avec des lois racistes qui avaient comme induit cette espèce de pensée là dans la tête des gens, jusqu'à un certain point, et que ça a laissé des traces. Ça explique un peu les paroles odieuses dites par cette infirmière-là. Est-ce que vous sentez ça, vous, dans la communauté, qu'il y a ces espèces de traces là de racisme, de préjugés envers les autochtones?

Mme Hivon : C'est sûr qu'il y a des expressions de racisme, c'est sûr qu'il y a des expressions de discrimination, que ce soit dans le logement, dans l'emploi, on le voit clairement dans le système de santé. Donc, c'est quelque chose qui est là, qui est regrettable et que beaucoup de gens dénoncent. Mais je pense que le choc, c'est de se dire : Mon Dieu! est-ce qu'on a assez fait, est-ce qu'on a assez dénoncé, est-ce qu'on a laissé passer des choses? Parce qu'on se dit : Ah! ça doit être isolé, mais, je veux dire, cette réalité-là, elle est connue, là. Je veux dire, à Joliette, il y en a, des expressions de racisme, mais il y a des expressions extraordinaires de solidarité et de volonté de rapprochement aussi.

Mme Lévesque (Fanny) : Mme Hivon, le chef Picard proposait, par exemple, sur la rédaction de ce projet de loi là que vous proposez pour la sécurisation culturelle, que les Premières Nations participent à l'élaboration, ne soient pas consultées pendant les consultations, mais plutôt, vraiment, cosignent le projet de loi. Est-ce que c'est quelque chose que vous seriez ouverte?

Mme Hivon : Tout à fait. C'est ce qu'on demande, d'ailleurs, dans la motion, on dit «dans un travail conjoint». Donc, je pense que c'est très, très important et c'est ce qui est demandé clairement dans l'appel à l'action 74. Je pense qu'on sait à quel point ce n'est pas nous qui allons, du haut de l'Assemblée nationale, faire descendre la question. Mais je pense que c'est fondamental aujourd'hui de dire : Voici un premier geste concret. Et ce principe auquel... qui est si important, de la sécurisation culturelle, on y croit et on pose un geste fort aujourd'hui en disant qu'il va y avoir une reconnaissance et un dépôt de projet de loi. C'est ce qu'on demande, du moins, au gouvernement, après un travail conjoint, bien sûr, avec les Premières Nations et les Inuits.

M. Carabin (François) : ...le premier ministre a été refusé hier, aux funérailles de Mme Echaquan, notamment parce que la famille voulait entendre sortir de sa bouche les mots «racisme systémique», ce qu'il s'est refusé de faire depuis longtemps. Est-ce que ce n'est pas un obstacle, dans la plus grande réconciliation entre les peuples autochtones et les citoyens du Québec, que de ne pas dire ces mots-là?

Mme Hivon : Bien, de toute évidence, c'est quelque chose qui est fondamental, pour les Attikameks et les Premières Nations, et ils l'expriment très clairement. Donc, j'imagine que le premier ministre est conscient de l'importance qui est accordée à ce principe-là et cette reconnaissance-là dans les nations autochtones et plus précisément, en ce moment, chez les Attikameks, pour pouvoir aller de l'avant.

Mme Gamache (Valérie) : Mais est-ce qu'il n'est pas passé à côté hier, dans ses excuses, en ne reconnaissant pas le racisme systémique? Parce que c'est la première chose qu'ils demandent.

Mme Hivon : Bien, écoutez, moi, je salue qu'il y ait eu des excuses, qu'elles soient venues rapidement. Je pense que c'était un moment très solennel hier. Et moi, comme Québécoise, comme députée de Joliette, j'étais vraiment soulagée que l'on puisse rapidement donner des excuses, au nom de la nation québécoise, à la nation attikamek et plus précisément, bien sûr, au conjoint de Mme Echaquan et à la communauté de Manawan. Donc, c'est au premier ministre d'expliquer pourquoi il maintient cette position-là, pourquoi hier il a dit ce qu'il a dit dans sa déclaration. Mais je pense que c'est très clair, et tout le monde voit à quel point c'est une question fondamentale en ce moment pour pouvoir avancer.

M. Bossé (Olivier) : Mme Hivon, on parle de racisme systémique depuis... pas juste depuis une semaine, là. Sur les 125 députés, il n'y en a pas de député autochtone. Ce n'est pas déjà un signe qu'il y a quelque chose qui ne marche pas?

Mme Hivon : Malheureusement... Il y en a déjà eu un, qui est Alexis Wawanoloath, qui était avec notre formation politique, d'ailleurs, bien sûr. Mais il y a toute une question à se poser, hein? Puis, je veux dire, est-ce qu'ils se reconnaissent dans notre institution? Est-ce qu'ils sentent qu'ils ont leur place? Est-ce qu'ils vont frapper à la porte des élus de l'Assemblée nationale? Est-ce que, pour eux, ça fait partie d'eux ou c'est étranger à eux? Je pense qu'on a une bonne partie de la réponse en ce moment.

Donc, ils ont leurs institutions, ils ont leurs élus, ils élisent leurs chefs, donc il faut être conscient de ça aussi. Puis, je veux dire, c'est tellement cliché de le dire, mais ce n'est pas pour rien qu'il faut travailler de nation à nation. Je pense qu'on ne réalise pas jusqu'où c'est imbriqué de penser que l'Assemblée nationale, elle est au-dessus de tout. Elle n'est pas au-dessus de tout. Ils ont leurs assemblées. Il y a le grand conseil des Attikameks, ils ont chacun leur chef dans chacune des communautés. Donc, à un moment donné, il faut... Ce serait une belle avancée, ce serait un exemple de rapprochement extraordinaire, mais est-ce qu'on peut leur demander ça, quand ils ont leurs propres institutions, leurs propres élus? Je pense qu'il faut travailler conjointement, beaucoup plus proche. C'est ça, je pense.

M. Bossé (Olivier) : M. Roy, avez-vous parlé au maire de Pointe-à-la-Croix directement?

M. Roy : Oui. Oui.

M. Bossé (Olivier) : Qu'est-ce que vous avez dit pour... Pourquoi votre pouvoir de persuasion n'a pas fonctionné?

M. Roy : Écoutez, au début, le barrage devait être un barrage de persuasion et de sensibilisation. C'est ce qu'ils nous avaient vendu comme stratégie de filtrage de la population qui rentre sur son territoire. Et par la suite, moi, je suis allé virer directement au barrage, et ce que j'ai vu, j'ai vu le décret, j'ai dit : On est très loin de ce qu'on nous avait dit. Et le maire a compris son erreur parce que la pression des autres maires et de la population a fait en sorte qu'il est revenu sur sa position, et lui aussi demande la levée du barrage, actuellement, et l'éclatement de la bulle.

Sauf que là, actuellement, le barrage est encore présent. Les maires ont refusé, je dirais, le chantage du Nouveau-Brunswick : Ou vous laissez passer strictement les gens pour des raisons humanitaires, sinon on refuse les propositions que vous nous faites. Je ne sais pas si vous comprenez qu'est-ce que ça veut dire, mais c'est vraiment une ingérence extraterritoriale de la sécurité publique du Nouveau-Brunswick sur le territoire québécois en pénalisant les Québécois.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais là les policiers qui sont sur le terrain, c'est des policiers québécois...

M. Roy : Oui, le barrage est à l'entrée du village...

M. Bélair-Cirino (Marco) : ...mais la Sûreté du Québec répond aux ordres de qui?

M. Roy : Elle répond aux ordres de la sécurité publique et du décret signé par le ministre de la Santé.

M. Lacroix (Louis) : ...du Nouveau-Brunswick jusqu'à un certain point?

M. Roy : Absolument. Bien, c'est-à-dire, c'est une demande qui vient du maire et à laquelle le gouvernement a répondu. Et là, hier, on a eu une réunion avec le cabinet du premier ministre puis le cabinet de la sécurité publique, puis les maires ont clairement dit : Nous, c'est l'entier accès au territoire, sinon on fait péter la bulle, on n'en veut plus. Pourtant, le barrage est encore là, ce matin, et c'est ça qu'on ne comprend pas.

M. Lacroix (Louis) : Bien, qu'ils la fassent péter, la bulle. Pourquoi ils ne le font pas?

M. Roy : Non, mais attendez, là. C'est parce que ça prend un ordre de la ministre de la Sécurité publique aux policiers pour dire : Vous levez le barrage. Ce n'est pas les citoyens qui vont arriver, puis ils vont déloger les policiers, c'est une...

Le Modérateur : Dernière question, s'il vous plaît.

M. Larin (Vincent) : Donc, ce n'est pas vraiment de l'ingérence extraterritoriale du Nouveau-Brunswick. C'est le gouvernement du Québec qui...

M. Roy : Écoutez, il y a eu des négociations avec le Nouveau-Brunswick, et le Nouveau-Brunswick refuse de laisser... J'ai...

M. Larin (Vincent) : Mais ce n'est pas le Nouveau-Brunswick qui fait le barrage.

M. Roy : Ce n'est pas le Nouveau-Brunswick qui fait le barrage, c'est le Nouveau-Brunswick qui fait pression et qui a négocié avec le gouvernement pour établir un barrage avec la municipalité de Pointe-à-la-Croix, qui vient défavoriser la population de notre région. Je veux dire... Et là, le décret, de la manière qu'il est écrit, c'est à se demander si ce n'est pas la sécurité publique du Nouveau-Brunswick qui l'a écrit, je vais vous dire. Et ils sont en négociation puis ils trouvent que les négos sont très difficiles.

Puis ce n'est pas le seul enjeu qu'on a avec le Nouveau-Brunswick, là, hein? Mais celui-là est très particulier parce que c'est sans précédent, on n'a jamais vu ça. Et chez nous, on n'en revient pas. Donc, nous, on demande un ordre direct pour lever le barrage, et qu'on arrête les négos avec le Nouveau-Brunswick, là. Ça ne fonctionne pas.

Le Modérateur : On passe en anglais.

Mme Senay (Cathy) : Can I ask you... It must be...

M. Roy : Pardon?

Mme Senay (Cathy) : It must be quite...

M. Roy : Oui, bien, je ne suis pas bon en anglais, moi.

Mme Senay (Cathy) : Non? O.K. Parfait. Bien, c'est correct. J'essayais juste de voir avec vous si c'était possible de m'expliquer les enjeux de cette histoire-là.

M. Roy : L'enjeu, c'est que la population d'Avignon-Ouest, de Saint-Alexis, Matapédia, L'Ascension, Saint-François, Saint-André ne peuvent pas avoir accès au Provigo, au CLSC de Pointe-à-la-Croix et sont obligés de se déplacer vers Nouvelle, qui est une zone rouge, à 1 h 30 min de route, pour aller chercher du lait pour enfants, des couches puis des produits de base. Ils ont des dépanneurs puis des épiceries, mais ils n'ont pas tous les services.

C'est inadmissible. Ces gens-là sont pris en otage, et on les oblige à s'orienter vers une zone rouge pour avoir accès à des services qui seraient accessibles à peu près à 25 minutes de chez eux. Donc, ils se tapent une heure de route de plus. Et ces gens-là n'en reviennent pas de se faire interdire l'accès à leur territoire pour privilégier les gens du Nouveau-Brunswick qui viennent au Québec.

Et la bulle, en réalité, ça sert à quoi? À sécuriser les gens du Nouveau-Brunswick qui viennent à Pointe-à-la-Croix et... Bon, ça les sécurise parce qu'on ne laisse pas entrer des gens de l'ensemble de la MRC. Les villages de Nouvelle, Carleton, Maria sont zone rouge. On comprend que ces gens-là, on ne les laisse pas entrer. Ça, on comprend ça. Mais tout le restant des municipalités... Ma municipalité, Escuminac, où je demeure, je suis à 20 minutes soit de Pointe-à-la-Croix ou de Nouvelle, mais je ne peux plus aller à Pointe-à-la-Croix, et il faut que j'aille à Nouvelle, dans une zone rouge, pour faire mon épicerie. Ça n'a pas de bon sens.

Mme Senay (Cathy) : Mrs. Hivon, can I ask you about the Viens commission report and what was so clear about cultural... the securisation for indigenous people?

Mme Hivon : What is really clear, when you read the Viens Report, is that there is a feeling of lack of security, in the First Nations, when they go knock at the door of the healthcare services. It's written black on white in the report. And, because of that, there is a call for action to ask the Government to enshrine in the Québec law on health and social services this principle of cultural security.

What it means is that, you know, from the most important authorities in health, everybody will know that you have to take into account the specifities, culturally, linguistically, concerning the way they approach health care of the First Nations when they knock at the door. And so it entails that, you know, many changes can come, but, by enshrining it in the law itself, it's a clear message that all the hospitals, all the healthcare sector has to change, according to this principle.

Mme Fletcher (Raquel) : ...that the Premier will ever be able to reach a situation where, you know, he can start working on reconciliation without first admitting that systemic racism exists?

Mme Hivon : Well, you know, for sure, I think we hear the Attikamek nation, the First Nations saying it's a necessary step. And for them, it's really, really important. So, I'm sure that the Prime Minister and his Government is hearing this call. So, I think the ball is in the Prime Minister's court to decide what to do to go forward. And, if this is so important for Mme Echaquan's family and for the nation, he's the one who has to take action. At least...

Mme Fletcher (Raquel) : ...has no choice but to admit? Sooner or later, he has to admit there is systemic racism.

Mme Hivon : Well, I think he... You always have a choice. So, it's his choice. But I think that there is no doubt that it's a clear request from Mrs. Echaquan's family and from the community. So, he knows about it and he knows what he wants to do with it. Or he can evolve also. But at least I think there are two positive things which can give us hope that we will, sometime soon, I hope, with, I hope also, the adoption of this motion today, but also other steps... on a new path.

And there were excuses yesterday from the Prime Minister to the entire nation. I think it's a very important step. And I'm happy, as the MNA for Joliette, that it came quickly and clearly. I think that was very important. It was a request, also, clear request from the family. And also, there was a meeting on Monday, and, you know, the parties left with a sense that it's possible to work together. So, I hope. There is hope. Thank you.

(Fin à 9 h 14)

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