Point de presse de M. Marc Picard, député des Chutes-de-la-Chaudière et de M. Éric Caire, député de La Peltrie
Version finale
Le vendredi 10 juin 2011, 11 h 37
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Onze heures trente-sept minutes)
M. Picard: ...tout le monde. On vous remercie d'être présents à notre bilan, bilan de session. Bilan de session... Dans un premier temps, je dois indiquer que nous avons conservé notre orientation de travailler sur la rigueur et la transparence que le gouvernement doit démontrer dans toutes ses décisions. Et on doit aussi constater que, malheureusement, le climat de l'Assemblée nationale s'est détérioré dans les dernières semaines, comme c'est l'habitude. Les mauvaises habitudes reviennent toujours.
Au niveau de la rigueur et transparence, moi, vous avez vu, j'ai déposé un projet de loi pour adopter les crédits de l'Assemblée nationale, et toutes nos actions, comme je disais tout à l'heure, ont porté sur la transparence. Pour moi, c'est une valeur qui est très importante si on veut redonner confiance aux Québécois dans le système parlementaire que nous avons. Là-dessus, je vais céder la parole à mon collègue Éric.
M. Caire: Merci. Somme toute, un bilan, du point de vue des députés indépendants, positif. Je pense que nous avons fait la démonstration qu'avec peu de temps on était capables de faire quand même des choses importantes. Je pense au projet de loi, que j'ai déposé, sur le rappel des élus. J'ose croire que ce projet de loi là fera réfléchir les citoyens sur l'importance d'avoir un contrôle plus grand sur leurs élus de façon à ce que l'élu... la fidélité première de l'élu revienne non pas à son groupe parlementaire, à sa formation politique, mais à ceux qu'il doit représenter.
Au niveau de la période de questions, je pense que, M. Picard et moi, on a aussi amené des sujets extrêmement importants. M. Picard a amené le sujet des régimes de retraite, notamment le fait que tous les Québécois compensent la mauvaise gestion des régimes de retraite des employés de la ville de Montréal. M. Picard a soulevé cette question-là. Personnellement, j'ai questionné le ministre des Affaires municipales sur la question de l'amphithéâtre. Or, depuis lundi dernier, l'amphithéâtre est devenu un équipement d'agglomération, alors qu'à l'origine il semblait bien que le ministère n'entendait pas statuer là-dessus. Donc, je pense qu'on a eu un impact là-dessus.
Interpellation sur le système de santé pour faire en sorte qu'on change le mode de financement. On l'a vu encore aujourd'hui, le ministre qui nous dit que la bonne nouvelle, là, c'est que le Titanic ne peut pas aller plus bas. Personnellement, je pense qu'il serait temps qu'on fasse des choses pour le remonter, et c'était le sens de l'interpellation.
Au niveau de l'éducation, même chose. On a eu une... une... pardon, une interpellation en éducation et une motion du mercredi en santé. Mais donc une interpellation de la ministre au niveau de l'éducation. C'est drôle, le thème de la bureaucratie semble devenir à la mode même chez les péquistes, ce que je trouve particulièrement drôle parce que les libéraux et les péquistes sont à l'origine de cette bureaucratie qu'ils dénoncent. Alors, aujourd'hui, on est capables d'échanger avec la ministre, de l'amener sur un autre champ de réflexion, qui est notre champ de réflexion.
Évidemment, on ne peut pas passer sous silence l'impact que nous avons eu dans le débat sur le projet de loi n° 204. Je pense qu'il est reconnu que mon collègue des Chutes-de-la-Chaudière et moi avons eu - malgré le peu de temps de parole qu'on a eu - des questions qui étaient pertinentes, qui étaient intéressantes, qui faisaient évoluer le débat sans faire une obstruction systématique et idéologique, comme le député de Mercier l'a fait, je pense. Nous avons été en mesure d'amener des questions, des questions intéressantes qui devront trouver des réponses, et surtout de démontrer que la construction de l'amphithéâtre, c'est quelque chose qui peut démarrer dès maintenant, qu'il n'y a rien qui empêche ça, et que la réflexion qu'on doit faire sur les protections apportées sur l'entente avec Quebecor, bien, cette réflexion-là reste à faire. Elle n'était pas dans l'urgence, et le premier ministre nous a donné raison en reportant le débat à l'automne. Donc, encore une fois, sans les députés indépendants, je pense que ce travail-là aurait été fait dans l'urgence, aurait été bâclé, et c'est les citoyens en bout de ligne qui auraient payé le prix. Donc, somme toute, je pense qu'on dresse un bilan très positif de notre session parlementaire.
M. Chouinard (Tommy): M. Caire, vous avez dit: M. Charest va reporter le débat sur 204 à l'automne. Or, le ministre Lessard a précisé que le projet de loi n° 204, M. Labeaume, M. Péladeau n'ont pas à s'en faire, ça va être adopté tel quel à la première occasion au retour des députés en Chambre. Est-ce que vous avez crié victoire un peu trop vite?
M. Caire: Bien, on verra. Mais, si l'idée avait été de l'adopter et strictement l'adopter tel quel, pourquoi ne pas le faire maintenant? Alors, pourquoi prendre l'été pour faire plus tard ce qu'on aurait pu faire maintenant? Donc, personnellement, je pense que la porte reste ouverte à ce qu'on puisse écouter la population, autant ceux qui sont très favorables comme ceux qui sont défavorables. Et, moi, je pense que ça ouvre la porte aux compromis.
M. Chouinard (Tommy): Est-ce que vous pensez que l'intention du gouvernement de présenter une politique-cadre ou d'amender la Loi sur les cités et villes pour encadrer les contrats de gestion, puis que ce serait présenté en même temps, au retour aussi des députés, est-ce que vous pensez que ça permettrait de faire avaler la pilule 204?
M. Caire: Je ne sais pas si c'est l'objectif du gouvernement. Ceci étant dit...
Journaliste: ...
M. Caire: Oui... Non, je comprends. Mais, écoutez, moi, c'est clair qu'il ne faut pas non plus se voiler les yeux, là. Il est clair que le projet de loi n° 204 et tout ce qu'il a nous a amenés, là, a révélé des failles, là, entre la Charte de la Ville de Québec, donc les villes à charte, et la Loi sur les cités et villes. Et c'est clair qu'il y a un pont qui devra être fait parce que, législativement, il n'existe pas. Donc ça, c'est incontestable. Là-dessus, c'est vrai qu'il y a du travail législatif à faire.
Ceci étant dit, sur le projet de loi n° 204 à proprement parler, est-ce qu'on va trop loin dans la protection qu'on propose dans le cadre de ce projet de loi là? Bien, je pense que la question reste entière quand même.
M. Pépin (Michel): Au plan de l'activité politique presque... en fait, tous les partis représentés à l'Assemblée nationale ici ont travaillé sur leur programme, le développement de leur programme. Donc, ils se préparent en vue des prochaines élections. Où allez-vous, messieurs, vous, en regard des prochaines élections, en vue de ces prochaines élections?
M. Picard: Bien, moi, dans un premier temps, je dois dire que j'observe beaucoup les sorties de M. Legault, comme je l'avais dit en janvier dernier, et je vais regarder si... M. Legault sera à Lévis, la semaine prochaine, à la chambre de commerce. Je vais aller écouter qu'est-ce qu'il a à proposer aux Québécois. J'aime bien la démarche de M. Legault, actuellement, qui lance des idées, veut qu'il y ait un débat. Il a lancé la main aux différents partis de reprendre ses idées. S'ils ne les reprennent pas, j'ai compris que M. Legault créerait peut-être un parti. Bien, moi, je vous dirais, je suis très attentif aux propos de M. Legault, tout simplement. On verra pour la suite.
M. Caire: Dans mon cas à moi, ma réponse sera en deux temps. Dans un premier temps, M. Picard et moi, on a toujours dit que le centre droit devrait se regrouper dans un véhicule commun. Donc, M. Legault est très certainement un acteur intéressant à observer, mais il n'est pas le seul. Donc, il y a un ensemble... il y a une mouvance au Québec qui doit se questionner sur la piste d'atterrissage qu'elle décidera de se donner d'ici aux prochaines élections. Et je vous disais que nous sommes satisfaits de notre session parlementaire et, si je fais un comparatif avec la session d'automne, je pense que nous avons été, Marc et moi, beaucoup plus efficaces parce que nous nous sommes concentrés sur notre travail de parlementaire, sur les choses qu'on pouvait faire à l'Assemblée nationale en laissant de côté les choses qui se passaient à l'extérieur de l'Assemblée nationale parce que, visiblement, notre niveau de contrôle est beaucoup plus élevé dans notre travail de parlementaires que dans la constitution d'une éventuelle troisième voie. À partir de là, je pense que ce... moi, la conclusion que j'en tire, c'est que cette façon-là de procéder est la bonne, et j'entends poursuivre dans cette ligne-là.
M. Chouinard (Tommy): Vous allez avoir une décision quand même à prendre, peut-être plus tôt que tard.
M. Caire: Mais sauf qu'au moment où se parle, en tout cas, personnellement, les éléments ne sont pas là. Parce que la décision qui est à prendre, c'est: Joindrons-nous une formation politique? Or, dans le cas de M. Legault, ce n'est pas une formation politique, dans le cas de M. Deltell, il a avoué ouvertement qu'il avait des discussions avec M. Legault.
Donc, est-ce que l'ADQ sera encore un véhicule politique à la prochaine élection? Sera-t-il un véhicule politique dirigé par quelqu'un d'autre? Sera-t-il fusionné à un autre véhicule politique? Moi, je n'en sais rien, je ne connais pas les orientations que prendra l'ADQ. Et les autres acteurs du centre droit au Québec seront-ils aussi de cette mouvance-là? Donc, pour l'instant, il n'y a pas d'offre, alors, on n'a pas de réponse à donner.
M. Pépin (Michel): Mais est-ce que vous serez candidats? Est-ce que vous vous voyez, aux prochaines élections, candidats indépendants? Associés à un parti? Sous une bannière? Est-ce que... Votre réflexion, M. Picard, c'est un peu plus avancé, là.
M. Picard: Bien, je suis plus avancé...
M. Pépin (Michel): Votre intérêt pour M. Legault est là.
M. Picard: Bien, je dis que j'observe actuellement M. Legault. Si M. Legault continue dans la même lignée de pensée de centre droit, moi, je serais probablement disponible pour M. Legault. Mais je n'ai pas eu de discussion avec M. Legault non plus, il faut bien le comprendre, là. Mais on regarde le paysage politique puis on prendra les décisions lorsqu'on sera rendus en temps préélectoral, tout simplement.
M. Caire: Si je peux me permettre de répondre à votre question...
M. Pépin (Michel): Oui, allez-y, s'il vous plaît.
M. Caire: ...ma conclusion: ça fait, bon, un an et demi que je suis député indépendant et je vous dirais que cette session-ci m'a prouvé qu'un indépendant pouvait avoir un impact à l'Assemblée nationale.
Ceci étant dit, je n'essaierai pas de faire accroire aux Québécois qu'un député indépendant va réformer le système de santé, va réformer le système d'éducation, va changer la façon dont on administre le Québec, va rembourser la dette du Québec. On comprend tous que, pour ça, il faut être au gouvernement, donc il faut être membre d'une formation politique qui aspire à gouverner. Et le jour où ce choix-là se posera à nous, le jour où nous aurons à choisir entre une formation politique qui répond à nos valeurs, qui défend nos idées et qui pourrait éventuellement nous amener à participer à la gouvernance du Québec ou être députés indépendants, bien, on fera le choix. Mais, actuellement, ce que je vous dis, c'est que, dans ma ligne de pensée, dans ma philosophie politique, l'eau est trouble, l'eau est trouble. Alors, on va attendre que tout ça redescende, on va attendre que l'eau s'éclaircisse, puis, quand on aura le vrai portrait, on prendra les bonnes décisions.
M. Pépin (Michel): Ce qui est quand même clair par rapport à... en contraste avec votre eau trouble, quelque chose qui est clair, c'est que ce n'est pas facile de se faire élire indépendant.
M. Caire: C'est vrai. C'est vrai, mais, en quelque part, cette question-là ne se pose pas pour nous maintenant, c'est ça que je voulais dire, parce qu'il y a toutes sortes d'hypothèses, puis prendre une décision sur des hypothèses, c'est prendre une décision hypothétique. Alors, à partir de là, le constat que, moi, je fais, puis je pense que Marc partage le même constat, c'est que, quand on décide de se concentrer sur ce qui ne se passe pas à l'Assemblée nationale, notre travail à l'Assemblée nationale en souffre et, quand on décide de travailler comme les parlementaires que nous sommes, on peut avoir un impact, on peut faire des choses positives, puis on peut avoir un bilan qui est positif. Malgré le peu de temps de parole, malgré les outils limités, malgré notre statut d'indépendants, il y a des moments où, je pense, on a eu un impact positif.
M. Dutrisac (Robert): M. Caire, ce qui est clair cependant, c'est que, vous, vous êtes un partisan de cette réunion-là des... de cette troisième voie unifiée. Quels sont les efforts que vous allez faire pour que cette troisième voie là voie le jour, là?
M. Caire: Les efforts que je vais faire, c'est de bien faire mon travail au Parlement, puis je vous explique: du moment où nous sommes devenus indépendants, M. Picard et moi, je pense, avons été assez actifs dans l'idée d'une troisième voie, dans l'idée d'une coalition de centre droit. Et je pense qu'il faut constater que l'impact qu'on a eu là-dessus a été limité; on va être poli, on va dire «limité». Par contre, je pense aussi... puis il faut être honnête, tu sais, là, aujourd'hui, moi, je suis très à l'aise de vous dire que je pense qu'on a eu une bonne session. Par contre, il faut avoir la même honnêteté puis dire: L'automne dernier, ça a été pas mal moins significatif, parlementairement parlant.
Donc, ma conclusion, c'est que nous ne serons pas les moteurs de la création de cette troisième voie là. Par contre, on peut être des acteurs importants en faisant un bon travail parlementaire, en défendant ces idées-là, cette philosophie-là politique à l'Assemblée nationale, en ayant des interventions cohérentes avec... travaillées avec rigueur, comme mon collègue l'a dit et comme, je pense, on l'a fait. Puis je pense que c'est là où on maximise notre impact parce qu'on se dit, bien, les ressources sont là, maintenant on continue à lancer le message: Unissons-nous, on peut juste être plus forts. Merci.
Une voix: Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 51)