(Neuf heures trente-quatre minutes)
La Modératrice
:
Bonjour. Bienvenue au point de presse de Québec solidaire. Prendra la parole le
député de Jean-Lesage, Sol Zanetti. Vous pourrez poser vos questions par la
suite.
M. Zanetti : Bonjour. Alors,
je viens ici aujourd'hui pour parler de deux choses, d'abord d'un projet de loi
pour une meilleure qualité de l'air, que j'ai déposé hier. Vous savez, selon
des études du Lancet publiées récemment, l'amélioration de la qualité de
l'air est extrêmement importante, est un facteur majeur pour l'amélioration de
la santé de la population puis aussi de la croissance ou, du moins, pour le
bénéfice de l'économie. Alors, c'est quelque chose d'extrêmement important. Et il
y a toujours des problèmes de qualité de l'air au Québec. Il y a des industries
comme la Fonderie Horne à Rouyn qui ont le droit, des droits acquis de polluer,
qui peuvent polluer jusqu'à 20 fois plus que les normes qui sont supposées être
respectueuses de la santé humaine. Alors, c'est un scandale.
Puis moi, je l'ai fait principalement à
cause de la qualité de l'air dans Limoilou, qui est un enjeu depuis des années,
depuis même les années 70. Il y a des groupes citoyens qui se soulèvent pour
lutter pour une meilleure qualité de l'air. On est dans un quartier qui est
cerné d'autoroutes et d'industries, où les polluants de toutes sortes
d'origines différentes se cumulent et viennent grandement nuire à santé
humaine. Évidemment, ça ne s'explique pas juste à cause de la qualité de l'air,
mais l'espérance de vie dans la Basse-Ville de Québec puis dans ce secteur-là
est sept à huit ans inférieurs à l'espérance de vie des gens qui sont en
Haute-Ville, et c'est un problème extrêmement grave.
Il y a eu des études qui ont été faites de
la qualité de l'air à Québec au cours des années, et ces études-là ont été
extrêmement critiquées pour leur méthodologie par plusieurs experts, dont un
ancien de la Santé publique, qui est Slavko Sebez, qui était sorti, en 2018,
pour dire, justement, que les méthodologies, les études de qualité de l'air de
2011, 2015, 2018 étaient biaisées et ne permettaient pas de conclure qu'il y
avait une bonne qualité de l'air dans le quartier. Et pourtant, ces études-là,
on s'en sert encore aujourd'hui pour justifier des projets de vente de vapeur
de l'incinérateur à l'Hôpital L'Enfant-Jésus.
Alors, c'est extrêmement problématique, et
il manque de données, actuellement, là, au Québec, et de mécanismes pour
vérifier c'est quoi, l'état de la qualité de l'air, quelles sont les sources de
polluants, puis même pour savoir : Est-ce que nos normes sont assez
élevées?
Alors, c'est pour ça que j'ai rédigé ce projet
de loi là pour une meilleure qualité de l'air. C'est une promesse électorale
que j'avais faite en 2018, lors de l'élection. Ce thème-là est un thème qui
tient extrêmement à coeur à tous les gens qui habitent dans le grand secteur de
Limoilou, Maizerets puis même Beauport et les autres quartiers centraux de Québec
aussi.
Pour faire ce projet de loi, j'ai donc
consulté beaucoup d'experts ainsi que mes deux collègues Émilise
Lessard-Therrien de Rouyn-Noranda—Témiscamingue et Ruba Ghazal de Mercier qui
vivent aussi des enjeux de qualité de l'air extrêmement importants dans leur
région. Et l'objectif de ce projet de loi là, c'est de remettre la qualité de
l'air entre les mains des experts et de la population. Pour ce faire, on a
établi un poste de vérificateur de la qualité de l'air, donc c'est un peu
inspiré du Vérificateur général au Québec, mais c'est spécifique pour la
qualité de l'air, et c'est un vérificateur qui pourrait, d'une part, vérifier
si nos normes sont assez sévères au Québec. Est-ce que nos normes sont laxistes
ou est-ce qu'elles sont sévères? Est-ce qu'elles permettent vraiment une
protection de la santé humaine, d'une part? Et c'est aussi un vérificateur qui
pourrait vérifier la validité des méthodologies, des études de qualité de l'air
qui sont faites, et qui pourrait s'assurer puis exiger qu'on ait suffisamment
de données sur la qualité de l'air au Québec pour être capable de voir s'il
faut rectifier la situation, s'il faut limiter les sources de pollution, agir,
ou si on peut rester comme ça, ce dont, évidemment, je doute fortement.
Ce projet de loi là, aussi, donne un droit
d'initiative à la population, à toutes les populations du Québec qui pourraient
estimer qu'il y a un problème de qualité de l'air chez eux. Ils pourraient
ramasser des signatures et forcer le vérificateur de la qualité de l'air de
faire une enquête pour faire la lumière sur la question.
Et c'est aussi un projet de loi qui
mettrait fin aux droits acquis de polluer, comme... je donnais l'exemple, tout
à l'heure, de la Fonderie Horne qui peut polluer jusqu'à 20 fois plus que
la norme permise. C'est quelque chose qui n'a aucun bon sens. C'est des
industries qui sont installées, aujourd'hui, au coeur de quartiers habités,
dans lesquels il y a des écoles, des garderies, des maisons, et donc on ne peut
pas tolérer ce genre de situations là aujourd'hui, en 2021.
C'est urgent d'agir parce que l'OMS vient
récemment, là, de resserrer ses normes de qualité de l'air et ses normes pour
les émissions de polluants atmosphériques. Et donc c'est une occasion, je
pense, pour le monde entier de réfléchir. Est-ce que nos normes à nous,
localement, est-ce qu'elles sont suffisamment sévères? Est-ce qu'elles
permettent une vraie protection de la santé humaine? Moi, j'en doute fortement
et je pense qu'il faut mettre des experts là-dessus, des experts qui sont
indépendants du gouvernement. Un vérificateur de la qualité de l'air serait élu
aux deux tiers de l'Assemblée nationale, donc il n'y aurait pas de dépendance
partisane, ou d'influence, ou de biais partisan.
Donc, je suis vraiment fier de déposer ce projet
de loi là pour la qualité de l'air. Je pense que c'est quelque chose que le gouvernement
devrait appeler, devrait adopter. On a travaillé énormément là-dessus. C'est un
gros projet, et je pense que le Québec serait précurseur en la matière, puis ça
permettrait de mettre vraiment la lumière puis d'améliorer très concrètement la
vie des gens.
Je veux vous parler aussi, aujourd'hui, de
l'interpellation qui va avoir lieu au salon bleu. C'est une interpellation qui
me laisse songeur parce que, écoutez, je veux dire, le Parti libéral qui vient
faire des leçons d'environnement à la CAQ, est-ce que c'est sérieux? C'est un
scénario grotesque. C'est un scénario qui est complètement ridicule. J'ai
l'impression de vivre dans une pièce de théâtre.
Québec solidaire, c'est le seul parti
d'opposition qui n'a pas de pétrole sur les mains, c'est le seul parti
politique au Québec qui est cohérent puis ambitieux sur la question des
changements climatiques et sur la question de l'environnement en général.
Le PQ a fracturé et financé la destruction
partielle d'Anticosti, un joyau écologique. Ils ont financé à grands frais
publics l'industrie, la cimenterie McInnis, qui est aujourd'hui la plus
polluante au Québec. Le Parti libéral, ils ont permis, par la loi, la
fracturation hydraulique au Québec, l'expropriation des gens par des
pétrolières. Pendant 15 ans qu'ils ont été là, ils n'ont même pas atteint la
moitié de leurs cibles de réduction de GES. 15 ans. Ils ne peuvent pas mettre
la faute sur les gouvernements d'avant. Puis les réductions majeures qu'on a
vues sous leur règne sont dues à une crise économique en 2008.
La Coalition avenir Québec s'apprête à
faire le troisième lien, un projet qui est complètement à contresens de toutes
les tendances mondiales écologiques de déplacement urbain, quelque chose qui va
créer de l'étalement urbain, qui va avoir des conséquences écologiques graves.
Et, dans leur projet pour une économie verte, là, leur programme, leur PEV
dévoilé l'année passée, ils ont fait un plan dans lequel ils admettent
eux-mêmes ne pas viser atteindre plus que 42 % des cibles du Québec pour
2030. Ils disent : Les cibles du Québec de réduction de GES pour 2030, là,
37,5 %, on va en atteindre 42 % de ça. Est-ce que c'est sérieux?
On est vraiment dans un état de crise
climatique que la classe politique québécoise, excepté Québec solidaire, ne
prend absolument pas au sérieux. Puis là on s'en va assister à un vaudeville,
une comédie. On va aller jouer notre rôle là-dedans en essayant d'amener un peu
de bon sens et de propositions positives.
Mais Québec solidaire est aussi le seul
parti qui a une vision pour impliquer les régions du Québec dans la lutte aux
changements climatiques. Les autres voient les régions comme des régions de ressources,
des endroits où on va couper des arbres, des endroits où on va soutirer du minerai,
mais pas des endroits où on peut vraiment contribuer à la lutte aux changements
climatiques. Donc, ce sont ces points-là qu'on va amener pour l'interpellation,
en espérant que ça inspire quelqu'un quelque part là-dedans et puis que ça ait
un impact en attendant un gouvernement solidaire, évidemment.
Donc, pour moi, ça fait le tour pour
l'instant. Si vous avez des questions...
M. Larin (Vincent) : Oui.
M. Zanetti, ce matin, là, le ministre des Transports, là, accuse les
opposants au troisième lien de mentir, de mettre de côté le fait que c'est
surtout des véhicules électriques qui vont circuler dans le troisième lien.
Comme je pense que vous vous identifiez comme un opposant au troisième lien,
j'aimerais savoir qu'est-ce que vous pensez de cette accusation-là de...
M. Zanetti : Oui. Bien, c'est
une mascarade. Puis, je veux dire, les experts le disent, là, la voiture
électrique individuelle n'est pas une solution pour les centres urbains. Ça va
être une solution en région, ça va être une solution là où il y a des petites municipalités
avec des faibles densités qui ne justifient pas le transport en commun. Mais,
pour les villes comme Québec, pour les villes comme Lévis, où il y a une forte
densité de population, on ne peut pas juste remplacer toutes les autos
individuelles par des autos qui sont électriques parce que la production
d'autos électriques, ça crée des GES aussi. Tu sais, ce n'est pas comme si... On
ne peut pas faire abstraction des GES qui sont faits dans la production des
autos en disant : Et voilà! Les GES vont disparaître. C'est faux, c'est un
calcul qui ne marchera pas. Et puis avec l'importance des réductions de GES
qu'on doit atteindre dans les prochaines années, il faut tenir compte de ça.
Donc, quand il qualifie les autres de
menteurs, évidemment, je veux dire, c'est juste que ça montre un peu la
profondeur ou de son ignorance, là, par rapport aux causes des GES puis à
l'ampleur des problèmes auxquels on fait face, ou encore que, bien, c'est de
l'hypocrisie puis de la communication publique, là.
M. Larin (Vincent) : Ce matin,
M. Legault, là, dans... tirade, là, sur Twitter, il se demandait :
Est-ce qu'on ne peut pas être fiers quand même de certaines réalisations du Québec,
à savoir qu'on a le plus bas taux de GES par habitant en Amérique du Nord,
qu'on vient de signer un mégacontrat, là, d'exportation d'hydroélectricité avec
New York? Est-ce que vous ne pensez pas qu'il y a quand même des... le portrait
n'est pas totalement sombre? Il y a des choses dont on peut, en tant que
Québécois, être fiers?
M. Zanetti : On peut être
fiers de ce qui a été fait dans les années 60. On peut être fiers de ce
qui a été fait avec le développement de l'hydroélectricité. C'est un virage qui
a été fait par nos grands-parents et nos arrières-grands-parents. La CAQ, ce n'est
pas eux qui ont fait ça, ce n'est pas leur bilan, c'est le bilan du peuple
québécois du siècle dernier. On est chanceux de ça.
Mais aujourd'hui, là, tu sais, tout ça, ça
fait 60, 70 ans, il faut qu'on voie beaucoup plus loin. Puis moi, ce qui
m'intéresse, c'est que notre génération ait un bilan intéressant puis qu'on ait
fait la prochaine étape. Tu sais, nos grands-parents, nos
arrières-grands-parents ont fait un grand bout, même peut-être sans savoir que
ça serait important aujourd'hui pour les luttes aux changements climatiques. Je
pense que ce n'était pas ça, la motivation première à l'époque parce que ce
n'était pas autant médiatisé, on ne savait pas qu'il y avait une crise climatique
qui se préparait. Donc, aujourd'hui, on est chanceux de ça.
Mais là on ne peut pas... Tu sais, la CAQ
ne peut pas juste aller dire : On a eu un bon gouvernement dans les
années 60, on est formidables, puis se péter les bretelles avec ça, là.
M. Larin (Vincent) : ...partie
de votre argumentaire quand même, parce que vous dites : Le Parti libéral,
le Parti québécois, na, na, na, ont tous du pétrole sur les mains. Est-ce que
vous reconnaissez quand même que c'est le Parti libéral qui a nationalisé l'hydroélectricité,
par exemple, qui a fait construire la Manic?
M. Zanetti : Oui, mais dans
les années 60. Je veux dire, le Parti libéral...
M. Larin (Vincent) : Quand est-ce
que que ça s'arrête, hein, le...
M. Zanetti : C'est dur de dire
à quel moment le Parti libéral est devenu un parti conservateur, là. L'ère
Charest a été terrible, là. Ça a été... On a eu là un parti conservateur.
Aujourd'hui, ils essaient de se refaire
une pureté, mais, je veux dire, qui peut faire confiance à ça? Le Parti libéral,
là, ça fait longtemps que ce n'est plus Jean Lesage et René Lévesque, là.
M. Larin (Vincent) : ...savoir
aussi, concernant la COP26, je ne sais pas si vous l'aviez abordé, si vous
préférez que ça soit votre collègue qui l'aborde, mais on apprenait que
M. Legault n'a pas consulté aucun groupe environnemental avant d'y aller. Est-ce
que vous déplorez ça? Est-ce que ça aurait dû être fait? Qu'est-ce que vous
pensez qu'il dise que ce soit son groupe de travail qu'il consulte?
M. Zanetti : Descartes disait :
«Quand vous voulez savoir ce que quelqu'un pense, n'écoutez pas ce qu'il dit,
regardez ce qu'il fait.» Le gouvernement Legault veut bien paraître en environnement,
il ne veut pas bien faire. C'est ce que nous dit le fait qu'il n'a pas consulté
les groupes écologistes. Il s'en balance. Ce n'est pas important pour lui. Ce
n'est pas en consultant les groupes écologistes qu'il va bien paraître.
M. Brennan (Andrew) : Si
possible, juste vitement en anglais. What you were actually
saying, there is a bit of… was going to be my question. You said that we should…
there are things that we should be proud of that our grandparents did. But
every other party, in your mind, not only has oil on their hands, but has done
wrong to the environment. Do you think that the Liberals did not have a leg to
stand on trying to criticize the CAQ? And ultimately, what do you think of
Legault's argument that we should be ultimately proud of what we've done?
M. Zanetti : Yes. The Liberal Party of Québec, they were in power for 15 years and they didn't reach even half of
their objectives for the reduction of house… green gases, yes. So, we can't
rely on them. The only major reduction that happen while they were there was because
of the economical crisis of 2008. So, we can't rely on that. They allowed by
law oil industries to drill our land and to expropriate people. So, how can
they be taken seriously when the time comes to criticize the Government about climate change or the
environment? I think they cannot.
M. Brennan (Andrew) : Mr. Legault is saying that, you know, we should be proud and
looking at… he's highlighting particularly his deal with New York. One of
the other opposition party says that he was more interested in the show,
essentially, of creating a deal for making… Québec making money versus actually
saving the environment. What do you think?
M. Zanetti : I think that it's a good thing to use this electricity. It reduces
green gases everywhere, and that's a good thing. But it shouldn't allow him to
do this crazy tunnel project in Quebec City. It's not… You cannot use that to
greenwash everything, to say : Oh, we've done that, so we can, you know,
do bad things around it and go the COP26 and not be serious about everything
else. You cannot let the species, also, and the forest unprotected because you
do this deal with New York. We have to do everything we can. We have to do
everything that we can right now because we're in a world crisis and we have to
act.
M. Brennan (Andrew) : The last question is on your point for air pollution. I'm going to
take the example, let's say, of… in Montréal, they
grandfathered with wood burning stoves, and some people agree with this. I live
beside St-Viateur Bagel. They will make sure that they will allow the bagel
shops to be able to still run. Should we be grandfathering some of these
long-term factories that have been in these neighborhoods that you say are, you
know, around schools and in areas where maybe it's questionable to be there?
But should we be grandfathering, or should we just be creating a threshold that
they should not go over completely, and we should be regulating and legislating
hard?
M. Zanetti :
Well, we should help people and especially small enterprises to reach those
objectives. I think that a bagel shop can easily operate without polluting.
It's not like they're burning, like, arsenic or whatever. I mean there are easy
technological solutions for that.
The problem in Limoilou,
for example, and Rouyn-Noranda, and even in some part of Montréal is the big
industries who are relieving in the air arsenic and all kinds of very toxic
things. And they're allowed to do that. And they do it because they're allowed.
If they weren't allowed, they would find solutions, they would…
and it would work.
I mean, there are ways to
do this. In other parts of the world, they do better than us on that, and we
can take example on that.
M. Brennan (Andrew) : Maybe something to learn at COP26?
M. Zanetti : Yes, maybe a good occasion.
M. Brennan (Andrew) : Thank you very much. Merci, monsieur.
M. Zanetti : Thank you.
(Fin à 9 h 51)