(Quinze heures trente-neuf minutes)
M. Grégoire (Réal): Alors, Mme la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles Mme Weil, représentants des médias, bonjour et bienvenue à ce point de presse portant sur le Plan d'immigration 2012.
Je suis Réal Grégoire, porte-parole au ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles et j'aurai le plaisir d'animer ce point de presse.
Dans quelques instants, la ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles Mme Weil, prendra la parole. Après son allocution, une période de questions suivra et elle sera animée par Mme Marie-Ève Labranche, attachée de presse de Mme Weil.
Alors, sans plus tarder, j'inviterais Mme Kathleen Weil à prendre la parole.
Mme Weil: Bonjour. Alors, comme vous le savez, j'ai déposé cet après-midi à l'Assemblée nationale le Plan d'immigration du Québec pour l'année 2012, découlant des orientations retenues de la consultation publique qui s'est tenue entre le 31 mai et le 7 septembre dernier.
L'exercice de consultation publique visait précisément à nous donner, en tant que société, une vision de l'immigration que nous voulons pour les prochaines années. Je suis fière du bilan de cet exercice unique. Au total, 52 mémoires ont été déposés à la Commission des relations avec les citoyens. Nous avons entendu plus d'une quarantaine d'intervenants. On constate un intérêt marqué pour l'immigration. Il y a consensus quant à la contribution des immigrants à l'essor de notre société.
Permettez-moi de partager avec vous quelques faits saillants de cette consultation. Premier fait saillant: les Québécois misent sur l'immigration pour contribuer à la prospérité et au développement économique. C'est un message porté principalement par le milieu économique et endossé par l'ensemble des participants lors de la consultation. D'ailleurs, l'ensemble de la population partage cette vision. Selon une étude récente de l'Institut de recherche sur les politiques publiques, la perception qui domine au Québec est que l'immigration génère des bénéfices économiques. 62 % des Québécois appuient des niveaux importants d'immigration, une proportion qui dépasse celles observées en Colombie-Britannique et en Ontario. À ce chapitre, le Québec se démarque au Canada. À titre de ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, évidemment, j'en suis ravie, mais pas surprise.
Cette perception positive à l'égard de l'immigration explique l'adhésion à l'égard des deux orientations suivantes: premièrement, maintenir à un minimum de 65 % la part de l'immigration économique dans l'ensemble des admissions. Deuxièmement, porter à au moins 50 % la proportion des requérants principaux de la catégorie des travailleurs qualifiés détenant une formation dans des champs de compétence correspondants à des besoins exprimés sur le marché du travail.
Deuxième fait saillant: les Québécois veulent s'assurer que les nouveaux arrivants soient bien intégrés à la société québécoise, et que l'intégration soit faite en français. L'accès à l'emploi est la pierre angulaire évidemment de l'intégration des personnes immigrantes. L'arrimage entre les personnes sélectionnées et les besoins du marché du travail est perçu, à juste titre, comme un élément favorisant l'intégration. Le besoin d'une main-d'oeuvre qualifiée se fait ressentir d'ailleurs dans toutes les régions.
Du point de vue économique, le Québec est dans une position enviable, ayant surmonté la dernière récession de façon exceptionnelle, et les pertes d'emploi subies ont été relativement plus faibles que la moyenne canadienne. Nous devons évidemment soutenir cette croissance économique, et l'immigration est un des moyens d'y arriver. Rappelons que les plus récentes prévisions d'Emploi-Québec estiment à plus de 740 000 le nombre d'emplois qui seront à combler d'ici 2014, et 15 % de ces emplois devraient être comblés par des personnes issues de l'immigration.
Tout comme pour l'emploi, la connaissance du français est une pierre angulaire de l'intégration des personnes immigrantes. De surcroît, la vitalité du français est un enjeu identitaire pour le Québec. La francisation est au coeur de notre politique d'intégration, et, ces dernières années, nous avons consacré des ressources importantes afin de franciser plus, franciser mieux et franciser plus tôt.
Je vous rappelle que, dans son dernier rapport sur la situation linguistique au Québec, l'Office québécois de la langue française a noté que, parmi les personnes ayant une langue maternelle tierce, la majorité de celles-ci ont fait une substitution vers le français comme langue parlée à la maison. C'est un bond de 39 % à 51 % réalisé en 10 ans, soit entre 1996 et 2006. De plus, 75 % des personnes arrivées au Québec durant cette même période et qui ont fait un transfert linguistique parlent le français à la maison. Donc, évidemment, plus la cohorte est récente, plus la proportion de personnes qui font un transfert linguistique vers le français est élevée.
Il est clair qu'une partie de ce mouvement est attribuable à nos politiques d'immigration et à nos stratégies de francisation innovatrices. La part des personnes immigrantes qui connaissent le français dans l'ensemble des admissions est en hausse, atteignant 65 % en 2010. Les deux orientations suivantes font aussi consensus, à savoir, premièrement: maintenir majoritaire la proportion de personnes connaissant le français dans l'ensemble des admissions. Et deuxièmement: augmenter le niveau de connaissance du français chez les candidats de la catégorie des travailleurs qualifiés.
Troisième fait saillant: les Québécois veulent s'assurer d'une relève de la population en âge de travailler et d'une immigration qui contribue au dynamisme des régions et des collectivités. En effet, la sélection de jeunes nous assure d'une population qui participe plus longtemps au développement économique et, dans une certaine mesure, qui contribue aussi à ralentir la tendance au vieillissement de la population. D'ailleurs, la campagne Web, que nous menons principalement en France et au Brésil, sous le thème Vous avez une place au Québec, cible les jeunes de 18 à 35 ans. Elle cible aussi ceux qui travaillent dans des domaines de formation offrant de bonnes perspectives d'emploi au Québec.
Je me permets de vous dire quelques mots sur le Programme de l'expérience québécoise, dont l'objectif est de favoriser la rétention au Québec des étudiants étrangers ayant obtenu un diplôme d'une institution d'enseignement au Québec, ainsi, évidemment, des travailleurs temporaires qui sont déjà à l'oeuvre au sein de nos entreprises. Le processus d'intégration étant déjà bien amorcé, soit par une expérience de travail du Québec ou un diplôme québécois, selon le cas, ces personnes constituent un atout majeur pour notre société. Alors, ce qu'on fait, évidemment, au ministère de l'Immigration c'est qu'on met ces personnes-là, dès qu'elles ont reçu leurs diplômes ou qu'elles souhaitent avoir un certificat de sélection du Québec, on les met sur la voie rapide, et le CSQ est rendu, donné dans l'espace de 20 jours.
Et, lors des consultations publiques, évidemment, ce programme-là recevait une adhésion très, très enthousiaste. C'est innovateur, il y a quelques juridictions qui ont ce programme. Mais, lorsqu'on regarde les taux d'emploi et de chômage, le constat qui est souvent fait par les immigrants, c'est qu'il leur manque l'expérience québécoise. Donc, c'est vraiment l'obstacle majeur, alors ce programme est très, très bien reçu. Et d'ailleurs, on a des résultats intéressants depuis que le programme est mis sur pied. Depuis 2010, c'est 1 400 certificats de sélection du Québec qui ont été délivrés à des étudiants. Donc, l'orientation visant à maintenir entre 65 % et 75 % la part des personnes de moins de 35 ans dans l'ensemble des admissions a aussi reçu un large appui lors de la consultation.
Autre consensus au Québec et un élément de fierté collective, notre ouverture à la diversité. D'ailleurs, lorsque je suis en tournée, dans les différentes régions, pour annoncer des ententes, je suis toujours impressionnée par la mobilisation des élus et des acteurs économiques et sociaux des différentes localités pour attirer des immigrants. Et ils veulent les intégrer, et c'est toujours, je vous dirais, en tant que ministre de l'Immigration, c'est souvent des moments très intéressants, parce qu'on voit, malgré ce qu'on peut lire de temps en temps, on voit sur le terrain que tout le Québec est, en fait, ouvert à cette diversité.
Nous avons donc reformulé une des orientations afin qu'elle soit le reflet des intérêts du Québec en matière de diversité et de développement économique. Elle se lit désormais ainsi. Donc, c'est l'orientation, pour ceux qui ont suivi le débat, qui remplace l'orientation que j'avais soumise à la consultation, qui parlait de bassin avec un plafond. Alors, on remplace par cette orientation: «Favoriser le maintien de la diversité de l'immigration par des actions d'information, de promotion et de recrutement dans les différentes régions du monde où se trouvent des candidats potentiels répondant, par leur connaissance du français, leur formation et leurs compétences, aux besoins du Québec.»
Par ailleurs, je vous dirais que toute cette question de diversité, au-delà du fait qu'on a besoin pour des raisons économiques, franchement, de ces gens venant d'un peu partout, il y a aussi des études, de plus en plus d'études qui montrent que la diversité en soi renforce les équipes de travail et les entreprises, rendent les entreprises plus compétitives, parce que c'est des personnes qui forment, qui sont des têtes de pont, qui parlent plusieurs langues, qui, par leur culture et la diversité culturelle au sein d'une équipe, ont des approches différentes pour voir, analyser, diagnostiquer un problème et pour amener des solutions. Donc, je vous dirais que le discours de la diversité est vraiment d'actualité.
Et l'autre chose, d'autres études qui montrent que les sociétés qui se montrent ouvertes à la diversité sont les sociétés qui vont attirer ces jeunes talents qu'on souhaite venir chez nous. Les jeunes, il y a un nombre record de migrants, 200 millions de migrants... On a parlé des 7 milliards qu'on a touchés hier, mais il y a un nombre record de migrants qui traversent les frontières, et c'est une course, une compétition pour aller chercher ces gens. Et un facteur d'attraction, c'est des sociétés qui sont ouvertes à la diversité sous toutes ses formes, hein, diversité vraiment sous toutes ses formes.
Alors, j'en viens aux objectifs du Plan d'immigration 2012. Donc, il y avait globalement une adhésion quant à l'objectif de stabilisation des volumes d'immigration, qui devrait porter le volume annuel des admissions à 50 000 à la fin de la période 2012-2015. Il y avait peu d'intervenants qui demandaient une diminution des volumes, et plusieurs acteurs économiques qui voulaient une augmentation, mais qui ne soulignaient surtout pas d'aller en deçà du 50 000. En moyenne, les participants à la consultation étaient très à l'aise avec le volume que je propose.
Ainsi, à partir des orientations adoptées à la suite de la consultation et de ces quelques faits saillants, nous avons donc élaboré un plan d'immigration pour l'année 2012. Voici ce qu'on y retrouve dans les grandes lignes. En 2012, nous devrions accueillir entre 51 200 et 53 800 immigrants, soit un nombre légèrement inférieur aux prévisions pour 2011, qui était de 52 400 et 55 000. Cette diminution est un premier pas vers l'objectif de stabilisation des volumes d'immigration, qui devrait porter le volume annuel des admissions à 50 000 à la fin de la période 2012-2015. Deux, nous avons maintenu le cap quant à certaines priorités: que la part des admissions découlant de la sélection québécoise représentera 75 % du volume total, que l'immigration économique constituera 70 % de l'ensemble de l'immigration, que la proportion d'immigrants connaissant le français au moment de leur admission se maintiendra entre 64 % et 65 %.
En conclusion, je me réjouis des appuis que nous avons reçus pendant la consultation publique ainsi que de l'ouverture à la diversité qui caractérise les Québécoises et les Québécois. Il s'agit là, quant à moi, de valeurs sûres qui, j'en suis persuadée, vont continuer de bien positionner le Québec. En 2012 et au cours des prochaines années, nous continuerons donc à miser sur une immigration jeune, qualifiée et qui connaît le français pour soutenir la croissance économique et relever les défis démographiques, sociaux et culturels du Québec. Une immigration qui, par la diversité de ses origines, contribuera à l'enrichissement du patrimoine socioculturel du Québec et au dynamisme de la société en général.
Cette contribution reste tributaire d'une intégration réussie des personnes que nous accueillons. La réussite de l'intégration est une responsabilité partagée qui interpelle non seulement l'immigrant, mais toute la société. Plus particulièrement, les employeurs et les milieux de travail doivent s'ouvrir à la diversité afin que ces talents venus d'ailleurs puissent participer pleinement au développement du Québec et puissent contribuer à l'enrichissement de toute la société québécoise. Je vous remercie de votre attention.
La Modératrice: Merci, Mme la ministre. On va maintenant procéder à la période des questions. On va y aller, tout d'abord des questions en français, ensuite des questions en anglais. Vous pouvez utiliser les deux micros à l'avant... chacun votre tour. Vous pouvez nommer votre média en commençant.
M. Plouffe (Robert): Oui, Robert Plouffe, TVA. Mme Weil, M. Legault avait parlé de 40 000, je pense, lui, qu'il voulait intégrer. Je pense que l'ADQ aussi allait en bas de 50 000. On voit quand même que vous avez revu peut-être un peu à la baisse vos chiffres. Est-ce qu'effectivement le Québec est en mesure d'intégrer, au niveau du français notamment, ceux que vous recevez? Parce qu'à les entendre le Québec n'est pas assez outillé pour bien intégrer ceux que vous voulez accueillir.
Mme Weil: Oui. La proposition de M. Legault, j'ai souvent eu à l'expliquer, la manière qu'il le présente, c'est comme pendant une courte période, deux ans, on le baisse, je pense qu'il disait à 45 000. Ce n'est pas un robinet, hein, l'immigration. L'immigration, c'est vraiment un exercice extrêmement structuré, planifié, qui est basé sur des prévisions d'Emploi-Québec par rapport aux emplois dont on a besoin, qu'on devra combler et aussi des prévisions de croissance de la population. Et donc, c'est des prévisions de l'Institut de statistique du Québec. Une fois qu'on a ces prévisions-là, évidemment, il faut s'organiser pour être capables de répondre aux besoins économiques et démographiques du Québec.
Et c'est un exercice de planification. Ça peut prendre trois ans avant que la personne qui a reçu un certificat de sélection du Québec soit admise au Québec. Donc, c'est toujours sur plusieurs années. C'est pour ça qu'il faut que ça soit très planifié. Donc, moi, je vous dirais, sur la question de l'intégration, évidemment, il faut mettre beaucoup d'efforts, d'énergies, de ressources et beaucoup de partenariats pour réussir l'intégration. L'intégration, pour nous, en immigration, ça commence en amont par la sélection. C'est important de le dire. Donc, la sélection au niveau de ceux qui parlent français, parce qu'évidemment la langue c'est la clé de l'intégration, mais aussi la formation, c'est la clé de l'intégration.
Donc, en amont, on a modifié la grille de sélection suite aux commentaires du Vérificateur général, et là c'est... On propose d'atteindre... 50 % des gens qu'on va sélectionner auront le profil dont on a besoin pour le marché de l'emploi. Donc, ça commence là, et, je le répète, la question de personnes qui sont jeunes, scolarisées, donc... Scolarisées, c'est important aussi parce que le Québec réussit bien par rapport aux gens qui ont des diplômes universitaires. Une autre étude de CIRANO vient de confirmer que le Québec sélectionne bien, et qu'on devrait poursuivre dans nos stratégies de sélection en immigration et des programmes innovateurs comme le programme PEQ, le Programme de l'expérience québécoise.
Alors, on a investi des sommes importantes en francisation. Je pense que l'étude que j'ai citée, de l'OQLF, vient confirmer que cette sélection va dans le bon sens. C'est des gens qui font un transfert éventuellement vers le français. On a différents niveaux de cours aussi de francisation. On commence la francisation avant que le... Je mets beaucoup d'accent sur la francisation, parce qu'évidemment, pour le travail, intégrer le marché de l'emploi, c'est incontournable, il faut être capable de parler français, et, au niveau de ses compétences professionnelles, donc on a des niveaux de cours qui sont adaptés aux besoins de l'immigrant. Il y a des cours en milieu de travail aussi.
Par ailleurs, parce que c'est beaucoup de stratégies très récentes, je vous dirais, mises sur pied, 2005, certaines stratégies, mais 2008, 2009, 2010, qui commencent à porter fruit actuellement. On voit des chiffres intéressants en 2010, où la création d'emplois a bénéficié à une majorité de personnes immigrantes. Il faut continuer dans ce sens-là, de trouver des stratégies. Moi, évidemment, je suis beaucoup sur le terrain pour annoncer ces stratégies, par exemple avec la CRE de Montréal, la ville de Montréal, et d'autres acteurs. C'est beaucoup le mentorat, c'est des stages en milieu de travail. Il faut mobiliser le milieu des affaires, et d'ailleurs, ça, c'est beaucoup ce que j'entends. Je l'ai entendu en commission parlementaire, je l'ai entendu vendredi, le conseil d'emploi de la métropole, il y a une prise de conscience actuellement que, si on veut vraiment réussir l'immigration, il faut que le milieu économique s'ouvre à cette diversité, et là la réalité économique fait en sorte qu'ils savent qu'ils doivent s'ouvrir à ces talents.
M. Plouffe (Robert): Mais il y a une réalité économique au Québec, Mme Weil, c'est qu'on doit atteindre le déficit zéro dans quelques années à peine, et donc il n'y aura pas de budget supplémentaire pour... sûrement pour l'immigration, pour votre ministère. On serre un peu partout, dans tous les ministères. Alors, avec ce même argent, allez-vous... pensez-vous pouvoir atteindre vos objectifs?
Mme Weil: Oui, oui, absolument. Absolument, mais l'affaire, ce n'est pas le ministère seul qui s'assure de l'intégration. Nous, on fait la sélection et l'accueil, dans un premier temps. Ensuite, c'est vraiment le gouvernement, par des stratégies, Emploi-Québec beaucoup, est beaucoup, beaucoup dans ce dossier. Emploi-Québec, c'est vraiment le ministère qui accompagne la personne jusqu'à l'emploi.
Journaliste: ...
Mme Weil: Non, mais on sent vraiment la volonté du milieu économique. Premièrement, ils se sentent mieux équipés, mais ils ont besoin d'autres outils pour gérer la diversité, parce que ce n'est pas évident pour les PME, gérer cette diversité. Mais j'ai posé la question en commission parlementaire: Pensez-vous que la situation économique, surtout les départs à la retraite, fait en sorte qu'on va vraiment avoir, à ce moment-ci, dans les prochaines années, une ouverture du milieu économique? La réponse de tous, le Conseil du patronat, la Fédération des chambres de commerce, la Chambre de commerce de Montréal, les manufacturiers exportateurs du Québec, ils ont tous répondu: Oui, on est rendus là.
Journaliste: Oui. Mme Weil...
Mme Weil: Oui. Bonjour.
Journaliste: Sur le plan de la francisation, justement, vous avez introduit l'idée de tests linguistiques, parce que vous avez admis que, parmi les gens qui se disaient... qui disaient avoir une connaissance du français, il n'y avait souvent pas suffisamment de connaissance du français pour exercer, par exemple, leur métier. Est-ce que vous comptez justement... Compte tenu de ce constat-là, qu'il y a des lacunes en matière de français même chez ceux qui se disent francophones ou parlant français, est-ce que vous allez accroître les efforts en matière de francisation? Parce qu'on sait que, dans le passé, en 2010, par exemple, vous avez réduit le nombre de classes, vous avez...
Mme Weil: Non. Je vous dirais que l'offre... Il faut faire des corrections, là. Premièrement, il n'y aura pas beaucoup de variations, parce que l'objectif du test, c'est vraiment... Parce qu'actuellement c'est une autodéclaration. Alors, on va évaluer si vraiment la personne parle français pour deux choses: pour la grille de sélection... Alors, la grille de sélection, ce n'est pas éliminatoire, hein? Tous ces éléments se rajoutent, donc le profil, l'âge, etc., et le niveau de compétence linguistique. Ensuite, ça va être pour orienter la personne au bon niveau de français.
Et c'est là qu'on a vraiment amené des innovations très intéressantes et très stratégiques. On a maintenant des partenariats dans 90... c'est 90 partenariats avec des organismes dans 45 pays - ça, c'est nouveau, ça, c'est sous le gouvernement libéral, ça ne se faisait pas avant - et les personnes commencent leur processus de francisation dès qu'ils reçoivent leur certificat de sélection, et ça peut prendre trois ans. Donc, lorsqu'ils arrivent, oui, en fait, ils parlent français, mais ensuite, on veut améliorer le niveau de français.
Donc, c'est beaucoup ça, le test linguistique. C'est une évaluation objective qui va permettre à la personne de poursuivre son trajet de francisation.
Journaliste: Donc, il n'y a pas de... vraiment nécessité, si je vous comprends bien, d'augmenter les... de mettre davantage d'argent dans la francisation, d'augmenter le nombre de classes?
Mme Weil: Non. Je pense qu'on réussit bien au niveau de la francisation. On a des résultats, je l'ai mentionné tantôt. L'OQLF, je pense que ça indique bien... Puis d'ailleurs, les commentaires qui sont faits c'est que c'est grâce au bond important qu'on a fait en matière de sélectionner des personnes qui parlent français. Maintenant, le fait de parler français, ça ne veut pas dire que c'est la fin du trajet; il faut poursuivre.
D'ailleurs, hier, j'étais avec l'Ordre des pharmaciens, j'ai parlé avec des jeunes, parce qu'on a annoncé un programme spécial pour une formation d'appoint pour les pharmaciens qui viennent d'ailleurs. Et un des commentaires d'un des jeunes étudiants, il m'a dit que le processus de francisation continue, lors de cette formation d'appoint. Et je vous dis, moi, je suis impressionnée lorsque je rencontre ces jeunes-là. Lui, il venait de la Colombie. Mais, évidemment, lorsqu'il est arrivé, son français était plus ou moins... Mais là, il est capable, vraiment, avec son lexique de pharmacien, capable de maîtriser la langue. Mais il va poursuivre.
Journaliste: Autre question. Vous avez parlé des bassins géographiques. J'ai vu... Bien, vous nous avez dit que vous avez changé la formulation de l'orientation pour la rendre probablement un peu plus «politically correct», mais il reste que, dans les faits, les gens qui viennent de l'Afrique passent de 37 % à 31 %, hein, si je regarde les...
Mme Weil: Oui, mais il n'y a pas de corrélation. C'est vraiment parce que...
Une voix: ...
Mme Weil: Oui. Non, ce qui est arrivé...
Journaliste: Votre objectif, c'était 30 % dans l'orientation, puis là vous arrivez à 31 %?
Mme Weil: Non. Honnêtement, je vous le dis, je vous le dis, l'idée de cette orientation, c'était d'aller chercher de la diversité, hein? Et là... Même dans sa première mouture, mais moi, ce que j'ai constaté, évidemment, c'est que ça avait créé un malaise et ça avait créé un malaise chez moi aussi, qu'il y avait tant de monde qui avait ce malaise, hein? Parce qu'on ne veut pas donner une image du Québec qui est fermé à cette immigration qui, par ailleurs, et je le dis, je le répète, qui est très, très francophone, très francophone.
Journaliste: Il va y en avoir moins, là?
Mme Weil: Eh, bien, écoutez, c'est toujours basé...
Journaliste: Le nombre...
Mme Weil: Oui, mais les certificats de sélection, là, c'est déjà en marche depuis trois ans, hein? Je pense les gens font toujours cette erreur. L'admission, hein, là, c'est des prévisions d'admission basées sur des certificats de sélection qui ont été déjà émis il y a trois ans. Donc, de faire cette corrélation n'est pas logique. Alors, je vous dis que, non, on va toujours aller chercher cette diversité et on va chercher le profil, le profil professionnel qu'on recherche. Donc, le 50 %, c'est très important, qui ont le métier ou la profession qui est en demande.
Journaliste: À l'heure actuelle, c'est à peu près 8 %, je pense?
Mme Weil: On est à 48 %. On a... Oui, j'ai dû corriger, là aussi, en commission parlementaire. Les gens s'imaginaient que c'était à 9 %, mais on a... après le commentaire, la recommandation du Vérificateur, on a amené les corrections. On est actuellement à 48 %. C'est pour ça qu'on dit à au moins 50 %, parce que, si on est capables d'aller encore plus haut, on ira plus haut.
Mais je tiens à le dire, vous savez, les gens s'imaginent que les gens défoncent les portes pour venir au Québec. C'est nous qui défonçons les portes pour attirer aussi les gens ici, hein, ça va dans les deux sens. On est en compétition, et je pense que le gens doivent s'en rendre compte. Alors, 50 000, c'est un nombre important, mais on est capables, avec tout le reste, hein, c'est un équilibre entre les gens qui parlent français, une majorité qui parlent français, qui ont le profil professionnel qu'on recherche et qui sont jeunes. Donc, c'est une combinaison de tout ça qui fait en sorte qu'à 50 000 on réussit sur tous les plans.
Journaliste: Il y a plusieurs intervenants qui indiquent que l'argent qui est investi en immigration, il n'y a pas un très bon suivi qui est fait, et on est incapables de savoir si on obtient les résultats escomptés. Est-ce qu'il y a quelque chose, dans ce plan-ci ou dans un autre plan que vous avez, pour qu'on fasse mieux le suivi de l'argent investi et qu'on sache si elle est utile et si on atteint nos objectifs?
Mme Weil: Bien, l'argent qui... si vous parlez des transferts du fédéral qui sont ensuite distribués à ces quatre ministères, évidemment, qui ont cet argent: le ministère de la Santé et des Services sociaux, le ministère de l'Éducation et le ministère de l'Emploi et de la Solidarité... Et on investit plus, hein? Donc, c'est à peu près 260 millions qui est transféré puis, nous, on investit 300 millions. Donc, on investit plus d'argent.
Toute la question d'intégration des immigrants puis le suivi de ces argents-là évidemment... le meilleur peut-être... les meilleures données qu'on peut regarder, c'est l'intégration en emploi. Et on sait qu'on a un défi à ce niveau-là. Je vous dirais que les recherches... et, nous, les recherches qui m'intéressent le plus, c'est de voir, au fil du temps, où est-ce qu'on est rendus par rapport à l'écart avec le reste du Canada et l'écart par rapport à nous autres, des progrès qu'on est en train de faire dans le temps. Là, on voit des progrès de 2009 à 2010, on a des progrès à ce niveau-là. Ça ne veut pas dire que le défi n'est pas un défi important, mais, là encore, les études disent que nos processus de sélection sont bons.
Je pense qu'il faut, pour l'intégration d'emploi, c'est vraiment un travail de collaboration, de partenariat et beaucoup de mobilisation. Parce que c'est des gens qui sont francophones, qui sont talentueux, qui vont contribuer au développement de l'entreprise, et c'est ce message-là qui est répété, je ne suis pas la seule à le dire, par les acteurs économiques du milieu. Ils l'ont dit en commission parlementaire. Donc, on a confiance que l'argent est tout à fait bien dépensé. En francisation, on a fait des choses extraordinaires. Juste le programme de français en ligne, on est la seule juridiction qui a un programme comme ça, d'apprentissage d'une langue, qui... d'ailleurs, je vous dirais que d'autres juridictions regardent ce programme pour s'en inspirer. Donc, l'argent est bien dépensé, et on dépense plus que ce que l'entente fédérale-provinciale nous accorde. C'est beaucoup de permettre à ces gens d'avoir une expérience de travail au Québec avec le concours des employeurs.
Journaliste: Bonjour, Mme Weil. Vous dites qu'il y a environ 65 % des immigrants qui arrivent ici qui parlent déjà français, qui connaissent déjà le français. Ça veut dire environ 35 % qui ne le connaissent pas, ça doit vouloir dire entre 15 000 et 20 000 personnes. Ça veut dire que vous estimez qu'une ville comme Montréal, parce que la plupart s'installent à Montréal, peut accueillir, franciser, intégrer 15 000 à 20 000 immigrants par année?
Mme Weil: Il faut savoir qu'il y a plusieurs catégories, hein, d'immigrants. Il y a l'immigration économique, qui est à peu près 75 %, donc il y a les gens d'affaires, il y a les immigrants investisseurs et les travailleurs qualifiés, qui est à peu près 65 %, les travailleurs qualifiés qu'on sélectionne. Et c'est là qu'on joue sur la question de la langue. Ensuite, il y a les réfugiés, hein, et ensuite il y a le regroupement familial. C'est évident, dans le regroupement familial, que ça peut être des Pakistanais, des Indiens, ça peut venir d'un peu partout, et là le défi est évidemment là. Mais c'est des gens... On répond à la demande, hein, il n'y a pas de demande qui est rejetée. Les gens qui s'inscrivent ou qui veulent des cours de francisation, on répond à la demande.
Alors, c'est la réalité de toutes les sociétés. Moi, je rencontre souvent des Européens, surtout de l'Allemagne parce qu'ils sont très intéressés par nos politiques d'immigration, et c'est un constat général qu'il y a beaucoup, beaucoup d'immigrants et de réfugiés là-bas qui ne parlent pas allemand. C'est une réalité de l'immigration. Mais c'est de ne pas baisser ses bras par rapport à cette réalité et c'est de faire en sorte que tous les immigrants, que ce soit des réfugiés, que ce soit du regroupement familial ou évidemment les travailleurs qualifiés, qu'on donne une chance à tout le monde de participer à la société. Et je vous dirais qu'au niveau chapitre des réfugiés, ça, c'est la partie qui est vraiment intéressante. D'ailleurs, l'année dernière, c'est un réfugié bhoutanais qui a gagné le prix de la francisation dans le cadre d'un gala qui est organisé par l'OQLF. En tout cas, tout ça pour vous dire que c'est un défi. Il faut juste s'assurer que ces gens puissent parler.
Journaliste: Mais vous savez comme moi qu'il y a bien des gens, surtout à Montréal, bien des organismes qui sont venus en commission parlementaire pour dire que la volonté de francisation, d'intégration des immigrants, ce n'était pas un succès, que c'était inquiétant. Je pense, par exemple, au Conseil supérieur de la langue française qui vous a tapé sur les doigts en disant: Vous devriez faire plus et mieux, particulièrement dans le domaine des PME, où il y a beaucoup d'immigrants. Mais ce que vous me dites aujourd'hui, c'est que vous ne ferez pas plus ni mieux.
Mme Weil: Bien, ce qu'ils nous ont dit... ce qu'ils ont dit, le constat qu'ils ont fait, c'est qu'au niveau de l'immigration c'est bien, hein, c'est le constat qu'ils ont fait parce que le transfert linguistique se fait vers le français. Donc, ils ont dit: C'est vraiment à cause de la sélection que fait le ministère de l'Immigration. Ça donne ces résultats-là.
Pour ce qui est de la mobilisation à Montréal, évidemment, je pense qu'il y a une autre étude qui va sortir très bientôt, de l'OQLF, sur la langue de travail. On ne connaît pas encore les résultats. Il faut constamment lancer le message, il faut avoir des stratégies de tous les instants. Je pense qu'il faut que tout le monde prenne cette responsabilité. Moi, j'ai un vécu personnel avec ça parce que j'ai grandi à Montréal. Moi, je peux vous dire que la réalité montréalaise a beaucoup changé pour le bien. Il y a 40 ans, ce n'était pas du tout la réalité, le centre-ville était très anglophone à l'époque. Les immigrants parlaient anglais surtout. Et là quand on rencontre un immigrant, on va toujours commencer la conversation en français, parce que généralement c'est le français qu'il parle.
Alors, je ne peux pas faire de commentaire sur les dernières études sur ça, mais je pense qu'il y a des études qui vont sortir... Il y a beaucoup d'impressions, hein, dans ce dossier-là, et c'est sûr qu'il ne faut pas baisser les bras, puis il ne faut pas arrêter puis il faut continuer à montrer notre volonté de franciser. Pour ma part, en tant que ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, je vous dirais que les deux poignées que j'ai c'est vraiment la sélection d'une part, donc de maintenir majoritaires les gens qui parlent français, et c'est 65 %. C'est un progrès net, hein, en 10 ans. Et ensuite, c'est la francisation. Donc, c'est ces cours de francisation à tous les niveaux, de commencer la francisation avant même qu'ils arrivent, c'est ça que je propose, et qu'on va continuer à faire pour s'assurer que les gens puissent intégrer le marché du travail et intégrer la société en français.
M. Caron (Régys): Bonjour, Mme Weil. Régys Caron du Journal de Québec. Quels efforts fait votre ministère pour répartir le flot d'immigrants au-delà de Montréal? Les régions sont-elles mal équipées pour les accueillir? Et on entend souvent des gens à Québec se plaindre qu'il n'y a pas assez d'immigrants, ils restent tous à Montréal. Alors, quels sont les efforts qui sont faits en ce sens-là?
Mme Weil: Je suis vraiment contente que vous me posiez cette question, parce qu'on n'a pas d'orientation qui parle de régionalisation, mais moi, je suis beaucoup dans la régionalisation et j'ai annoncé beaucoup d'ententes.
Alors, on a des ententes, c'est dans le cadre du programme de régionalisation de l'immigration. Et ce que je remarque, c'est vraiment une mobilisation des élus, premièrement. Parfois, c'est le maire, parfois c'est le maire et la CRE, parfois c'est la CRE. Et ensuite il y a l'organisme communautaire qui travaille à l'intégration, qui fait partie souvent... Il y a des organismes qui représentent les jeunes. Et ensuite, il y a l'employeur qui nous dit... et les employeurs, les organismes qui représentent le milieu économique qui disent: On le sent, on a besoin d'immigration pour nos entreprises, des fois, qui ne vont pas soumissionner pour des contrats parce qu'il leur manque la main-d'oeuvre.
Alors, moi, ce que je constate, c'est qu'il y a une ouverture à cette immigration. Évidemment, ils veulent attirer. Ensuite, le défi, c'est la rétention, hein, parce qu'on... les gens peuvent, dans un premier temps, trouver qu'une région est belle, ils veulent s'installer là, et ensuite, ça prend tout le milieu pour s'assurer de la rétention. Et c'est un travail vraiment, je vous dirais, de tous les instants, de tous les milieux pour s'assurer qu'on entoure ces personnes-là, qu'elles se sentent chez eux, accueillies, voulues, désirées. Et je vous dirais que, pour ce qui est de la francisation d'ailleurs, c'est encore mieux, hein? C'est bien, en région, parce qu'évidemment ils vont apprendre le français très rapidement. J'ai fait une annonce d'ailleurs la semaine dernière ici, dans la ville de Québec, pour l'entente qu'on a signée d'ailleurs avec la CRE de Québec, et là encore, je l'ai entendu, les entreprises et le milieu qui sont très intéressés par l'immigration. Alors, c'est important qu'on continue dans ce sens.
C'est sûr que, partout dans le monde, c'est toujours les métropoles qui attirent l'immigration, c'est... les immigrants. C'est toujours la majorité. On le voit en Ontario, on le voit en Colombie-Britannique, mais, nous, on a vraiment une approche très proactive pour s'assurer...
Journaliste: En dehors de Québec, Mme Weil, Rimouski, Saguenay par exemple, est-ce que ces régions-là, bon, ce sont des métropoles régionales, mais est-ce qu'elles ne sont pas mal équipées pour recevoir les immigrants sur le plan culturel, sur le plan économique, sur le plan linguistique, social? Parce que peut-être que les immigrants cherchent à rejoindre les leurs aussi, à Montréal, alors qu'ils sont absents. Il y a encore un déchiffrage donc à faire dans les régions.
Mme Weil: Bien, il y a plusieurs façons que la personne peut découvrir une région. Ils vont sur l'Internet et là ils peuvent... D'ailleurs, il y a des gens qui choisissent des régions justement par l'information qu'ils ont sur l'Internet. Ensuite, comme je vous disais, la clé... ensuite, l'entente qu'on signe, la région va toujours cibler un nombre réaliste. Ils peuvent dire: 40 immigrants pour les deux prochaines années. C'est vraiment aussi ciblé, aussi serré que ça. Ils font une étude de marché, si vous voulez, ils regardent les besoins en pénurie de main-d'oeuvre, etc. Et ensuite, ce qu'ils font, dans l'entente, c'est de s'assurer que les partenaires sont là pour s'occuper de l'intégration. Parce que la clé est beaucoup de l'intégration en emploi, d'une part, parce que l'employeur, et beaucoup me l'ont dit, moi, par rapport à la gestion de la diversité, moi, je sais ce dont j'ai besoin au point de vue... Bon, j'ai besoin d'un soudeur, bon, peut-être qu'il vient du Pérou, pour le reste, qui s'occupe de s'assurer que cette personne-là est heureuse, hein, que... Bon. Et là c'est l'organisme communautaire, avec le milieu, qui va travailler ça. Donc, c'est tout... c'est vraiment un travail d'équipe.
Ils sont organisés, ils s'organisent. Moi, je suis impressionnée par ce que j'ai vu. Portes ouvertes sur le lac d'ailleurs, qui a gagné le prix de la ruralité, cette année. Vous pouvez aller sur le site Internet, c'est de toute beauté, et là on voit comment ça fonctionne dans une région, comment un milieu se mobilise pour réussir...
Journaliste: Ont-ils une aide de votre ministère, ces gens-là?
Mme Weil: Pardon?
Journaliste: Ont-ils une aide de votre ministère, les gens de...
Mme Weil: Oui, oui. La plupart des organismes ont l'aide de mon ministère et parfois d'autres aussi, et, dans ces ententes de régionalisation, il y a plus que le MICC qui est là-dedans. Il y a souvent le MAMROT, souvent, évidemment, le ministère de l'Emploi et de la Solidarité. Donc, c'est différents partenariats pour attirer des gens en région et la rétention des immigrants en région...
Journaliste: In English. Montréal Gazette, yes. Previously, you tried...
Mme Weil: I am going to switch my brain now. This is not an easy task. O.K.
Journaliste: O.K. Good. Me too.
Mme Weil: ...into the vocabulary.
Journaliste: Previously, you tried an approach of a 30 % ceiling with different reasons. Now, you talk about diversity with no numbers. But, concretely...
Mme Weil: What does that mean?
Journaliste: ...what does that mean, yes?
Mme Weil: Well, you know, I think you probably followed the debate and there were some opposition to it because it's, you know, it sounds like a quota and it sounds like you're targeting a particular region. People looked at the continents, and it looks like it was Africa that we were targeting. Some people thought it was North Africa. So, you know, the long and short of it is... the intention was diversity because diversity is an interesting factor that makes businesses more competitive, diversity makes a society more attractive and therefore attractive to new comers and young people, nowadays with 200 billion people changing their countries and crossing boarders is a record number of migrants in the world right now.
The raise is really between developed societies that are aging is to go and capture those young people who are looking for a new society. So, we are going to be the first jurisdiction actually - I didn't mention this in French - we are going to be the first jurisdiction that actually put its orientation on paper as a vision, as a vision for the future. And I think personally, from everything I've read and talked about, I think it really does give us a competitive advantage from what you see, and diversity has a broad meaning. And our Government is broad for a number of policies. I think of the one that I had the pleasure of tabling, which is again homophobia. I mention it because diversity is more than cultural diversity, diversity in every shape and form. And so, a society that says we're open to diversity is a signal that we're an open, tolerant society and we're a creative society.
And creativity is the name of the game. At this stage, it's the name of the game, and businesses are noticing that this type of creativity... yes, it's people that are going to be able to make links with their home countries, in a globalized economy, but it's also people who, because they speak several languages and they have different backgrounds, are able to attack a problem in different ways.
Now, the transition is how to manage that diversity. Big enterprises usually have dedicated human resources to the management of diversity. Where there is a problem or where there is a challenge, it is smaller businesses. So, we've got some programs where we have a shared resource among several small businesses, so they can share one resource in managing diversity. We have a number of programs too, where there is mentoring there are stages to give these people an opportunity to work and get that famous Québec experience, work experience.
Journaliste: Now, diversity, I understand, you have several goals. You also want to... you know, there is a lot of questions about preserving the French character of Québec. Now, you have 65%. But, you know, you want to have francophones and francothropes, nice work, but what about other people who are not francophones and francothropes who add to diversity?
Mme Weil: Yes. But, you know, it's not a 100% that speak French, right? So, there is a grid, and you pass or you fail that grid, depending on your professional qualifications, depending on your age and your language competencies. So, there is a global picture that emerges from that exercise. And, of course, there are people that don't speak French. They may... and, you know, we didn't talked about it, but there is another avenue for immigration, which is temporary immigration. And a lot of the temporary immigration does end up becoming a permanent immigration.
So, there are opportunities for people to learn French while they are here. They may be in the universities as professors, they may be working in certain businesses. You also have, of course, family reunification and refugees, it's obvious, that's part of that 35%. But qualified workers, and this is an important statistic, it's 90% that speak French. So, where we have an opportunity to act upon it and select people who are going to integrate the job force... because, you know, in those numbers, you've got the wife, you know, the spouse and the kids. The kids are going to go to French school, so they are going to become francophones, eventually. And the person, the main - what's the word - «demandeur», the person who actually makes the request, it could be the man or the woman «le requérant principal» - anyhow, you get my meaning - that's the one that declares their language comes... 90% speak of them say that they speak French.
Journaliste: The other question is that you brought this... yourself, integration means integration really into the job market. And we always have, you know... in the past, there is always immigrants who have a higher rate of unemployment in Québec.
Mme Weil: Yes. Talk about it?
Journaliste: Do you think you can correct this?
Mme Weil: O.K. So, first of all, I will tell you that there are some good news in 2010, and we can give you the numbers after. But, on several fronts, the job creation benefited a majority, 53% of immigrants, the zero to five years. So, that was really a nice surprise. I'm cautious about saying whether it's a trend. We're going to wait and see what the numbers are for 2011, to see whether we have a trend, but I think it's important. And unemployment drop, the numbers... unemployment amongst immigrants, the gap between Montreal and the other metropolitan regions is narrower, and between the province of Quebec, Ontario and British Columbia. In addition, I mentioned this recent study that says that, when they are educated, they integrate the job force pretty quickly.
Now, time tells us that, obviously, the zero five years, that's where the unemployment is the highest. Five to 10, it drops, and over 10, it drops significantly to sort of reach the normal levels. And nobody wants it to take 10 years for people to integrate the job market, I think we'll all agree on that. But again, the explanation often given is that immigration to Québec is more recent than in some of the other provinces. So, the social networks haven't been created. So, part of our strategy, as a Government, is to create those networks. And I think this is where Québec, because of these challenges, has been extremely competitive in its immigration strategies.
We don't have a choice, because we have the issue of language. Nobody else has it in North America like we do. In fact, the, you know... it's England, and Canada is in fourth place, it's Australia. Those are the countries that a lot of immigrants are looking for. So, this challenge that we have, I think, has made us very sort of land on our feet to find innovative ways to capture those immigrants, keep them here and turn them into francophones. And, you know, I just... Forever, we've known the second generation, especially under bill 101. You know, there's... People are not worried about the second generation, but we're also worried about that first generation.
Journaliste: Thank you. Merci.
(Fin à 16 h 23)