(Neuf heures vingt et une minutes)
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Au fait, aujourd'hui, dans le cadre de nos travaux, c'est une
interpellation, au nom de notre formation politique et en mon nom aussi, en
tant que porte-parole en santé et services sociaux, par rapport à la gestion de
la pandémie du gouvernement caquiste. Et le but de l'interpellation, aujourd'hui,
c'est savoir jusqu'à quel point le ministre de la Santé, qui est responsable de
la gestion de la pandémie, il est prêt par rapport aux prochaines vagues, peu
importe la nature de la vague, petite, moyenne ou grande. C'est ça, le rôle d'un
ministre de la Santé. Je sais que, maintenant, il y a un plan de déconfinement,
un calendrier de déconfinement. Aujourd'hui, mon but, c'est s'assurer que les
Québécois ne vont plus revivre ce qu'ils ont vécu au mois de décembre. Merci.
Mme Côté (Claudie) : En quoi
l'exercice de ce matin pourrait assurer aux Québécois de ne plus revivre ce qu'on
a vécu au mois de décembre? Parce que c'était une situation un peu d'urgence,
en fait, là, personne ne pouvait le prévoir.
M. Derraji : Oui, c'est une
situation urgente, mais, j'ai tout documenté, c'est qu'on savait, avant, au
mois de novembre, l'arrivée d'Omicron. Ça a été déclaré. Aujourd'hui, c'est que...
je ne suis pas là en train de faire un exercice de dire au gouvernement :
Voici l'état des lieux. Ce que je veux m'assurer, c'est la suite. La suite, c'est
que... comment on va gérer, avec le déconfinement, si jamais il y a une autre
vague, et il y a des choses que le gouvernement doit suivre pour ne pas l'échapper.
Mon but, c'est qu'aujourd'hui la population demande plus de prévisibilité, mais
demande aussi des actions de la part du gouvernement, et c'est sur ces actions
que je veux et j'aimerais questionner le ministre de la Santé.
M. Lavallée (Hugo) : Quand
vous dites qu'on avait vu venir Omicron, qu'est ce que vous proposeriez
exactement? Vous pensez qu'on aurait dû, dès décembre, tout confiner le Québec?
M. Derraji : Non, non, non.
En fait, pour moi, le confinement, c'est la solution la plus facile. Le couvre-feu,
les restrictions, c'est les solutions les plus faciles. Depuis plusieurs mois,
on sait très bien c'est quoi, le mode de transmission de ce virus. Le
gouvernement aurait dû agir autrement. Comment? Souvenez-vous du débat sur les
tests rapides. Le gouvernement, pendant plusieurs mois, a véhiculé : C'est
un faux sentiment de sécurité. On n'a pas fait de campagne de promotion, on n'a
pas dit aux gens comment l'utiliser. Il était incapable de le distribuer, que
dans le réseau scolaire. C'est ça, pour moi, être prêt.
Les Québécois qui ont fait des files d'attente
à moins 20° à 30° degrés, au mois de décembre, pour moi, ça, c'est
inacceptable, parce qu'on avait la solution, mais malheureusement elle a été
mal utilisée. Parlons de l'aération au niveau des salles de classe, les filtres
d'air. Croyez-vous que c'est normal, dans un pays nordique comme le nôtre, que
la seule solution qu'on ait, c'est ouvrir les fenêtres et laisser des enfants
geler? Parlons des masques N95. On est encore en train de parler des
masques N95. Et je vais vous surprendre : il y a des médicaments qui
existent contre la COVID. Si le ministre est transparent avec les Québécois, qu'il
dévoile l'état de stock. Combien de médicaments on a? Il y a des médicaments
qui se donnent en mode prévention, cinq jours de fenêtre, si on attrape la
COVID. Une autre catégorie de médicaments, c'est au niveau des hôpitaux. Ils
sont où les protocoles? Et est-ce qu'on a assez de doses pour éviter des
hospitalisations et éviter l'achalandage au niveau des soins intensifs? C'est
ça, l'essence de mon intervention aujourd'hui.
Mme Porter (Isabelle) :
Parlant des tests rapides, en même temps, c'est assez connu que c'est le Dr Arruda
qui était plutôt sceptique, là, sur le recours aux tests rapides puis leur
valeur. On ne pourrait pas penser qu'il y a plus de cohérence depuis l'arrivée
du Dr Boileau à la tête de la Santé publique? Là, vous interpellez le ministre,
mais la question des tests rapides, c'était... il y avait des profondes
réserves du directeur national de la santé publique sur le recours aux tests
rapides. Ce n'est pas juste le gouvernement, à l'époque, qui était peu
convaincu par ça, là.
M. Derraji : Bien,
sérieusement, je ne sais même pas qui était réticent à l'arrivée des tests
rapides. Parce qu'à certains moments, moi, j'ai entendu le premier ministre :
On est allés beaucoup plus loin que la Santé publique. Bien, pourquoi il n'est
allé pas beaucoup plus loin sur les tests rapides? Donc, il choisit les mesures
où il est allé beaucoup plus loin, mais sur une mesure où tout le monde disait :
Écoutez, les asymptomatiques, c'est les tests rapides, une fois... on a des
symptômes, c'est les PCR. On n'a jamais dit que c'est de la complémentarité,
les tests rapides avec les PCR. On a les outils.
On a les outils de bien gérer la pandémie, il faut
les utiliser. Et ça, les Québécois nous le demandent. Moi, je reçois beaucoup d'appels.
Les gens veulent qu'on change la façon avec laquelle on gère la pandémie. Et c'est
ça, mon rôle, aujourd'hui, d'être en mode constructif, de dire au gouvernement :
Voilà des angles, est-ce que vous êtes prêt pour ne pas revenir en arrière? C'est
ça, mon rôle.
M. Lacroix (Louis) :
M. Derraji, en fin de semaine, il va y avoir des manifestants à Montréal.
Les manifestations ne sont pas à Québec mais à Montréal et revendiquent
essentiellement la même chose : fin des mesures sanitaires, etc. Est-ce
que c'est justifié, cette manifestation-là, à Montréal, après tout ce qui a été
annoncé cette semaine? Parce qu'on sait que le 14 mars, là, à peu près
toutes les mesures sanitaires vont être levées, hormis le masque et le
passeport vaccinal. Alors, est-ce qu'il y a encore une justification sociale à
tenir une manifestation comme celle-là à Montréal?
M. Derraji : Oui.
Écoutez, sérieux, je ne peux pas me prononcer sur la justification sociale. Les
gens peuvent manifester, on est dans un État démocratique. C'est clair que les
gens veulent plus de réponses, veulent... Tout le monde est tanné. Je vous le
dis, je reçois beaucoup d'appels, les gens me parlent : On est tannés,
pourquoi on fait des files d'attente? Les gens cherchent des réponses. Moi, je
pense que tout le monde est fatigué. Donc, est-ce que c'est un moyen d'exprimer
leur fatigue? Moi, je pense que les gens doivent... on doit rester prudent.
Moi, je pense, j'appelle à... aujourd'hui, un appel au calme et à la prudence, parce
qu'il n'y a personne, il n'y a personne qui va gagner d'un dérapage, peu
importe le dérapage.
Là, vous allez me dire : Est-ce qu'ils
ont le droit de manifester? Moi, je pense : dans une société démocratique,
moi, j'ai des outils que je peux utiliser. Aujourd'hui, moi, je peux dire que c'est
une autre sorte de manifestation. Mais j'appelle le ministre de la Santé à
venir s'expliquer et à répondre aux Québécois. C'est mon rôle de jouer en tant
que député. Les gens voient que, probablement, le fait de manifester à l'extérieur,
de dire au gouvernement : Assez, c'est assez, pouvez-vous être beaucoup
plus clair par rapport à telle ou à telle chose?
M. Lacroix (Louis) : Mais
le message que ces gens-là envoient, puis on l'a entendu en fin de semaine
dernière, là, il est résumé ici, dans un article de La Presse, il y a un
manifestant qui dit, bien, en fait, quelqu'un qui va participer, en fin de
semaine, à une manifestation, il dit, en s'adressant aux élus : «Vous
allez tous payer. Pis on va le faire pacifiquement, juste pour notre amour. Vous
allez... On va aller dans les rues parce que, nous autres, on a nos enfants à
cœur, pas vous autres. Vous avez juste votre estie de portefeuille à cœur.»
Est-ce que ça, c'est un... Parmi les manifestants, là, ça semble généralisé,
cette impression-là, là.
M. Derraji : Bien, je
pense que les gens, ils ont tous... les gens qui suivent un peu, on a tous joué
notre rôle. Moi aussi, je suis...
M. Lacroix (Louis) : Quand
vous entendez ça, comme politicien, est-ce que ça vous heurte?
M. Derraji : Ça me
cherche, parce que, moi aussi, j'ai deux enfants, hein? On dirait que je suis
déconnecté de la réalité. Moi aussi, j'ai vu l'impact sur mes deux enfants qui
ne pouvaient pas continuer à jouer. Et, écoutez, j'ai ma fille qui pleurait
parce qu'elle n'a pas pu fêter sa fête avec ses amis. J'ai dû lui expliquer
beaucoup de choses. Mes enfants qui prononcent le mot «COVID» à la maison plus
qu'autre chose, oui, il y a de l'impact sur les familles, oui, en tant que
père, je souffre moi aussi. Je ne suis pas... Je suis aussi père, à part que je
suis aussi député. Donc, oui, ça me touche. Donc, mais est-ce que je vais
changer quelque chose dans la tête de cette personne qui pense comme ça? Non.
Par contre, mon message clair, en tant qu'élu responsable, c'est l'appel au
calme. Il n'y a personne qui va gagner s'il y a une escalade de violence, parce
que ça ne se réglera pas comme ça. Et, pour moi, je pense que l'ensemble des
125 députés jouent leur rôle en respectant ce que la population leur
demande. C'est jouer très bien leur rôle.
Le Modérateur : D'autres
questions en français? English questions now.
M. Wood (Ian) : Yes. I was just… What do you plan on calling on the Health
Minister? I know you've been talking about more predictability and plans going
forward. Are you just going to be repeating the same thing now?
M. Derraji : No. How we can do better? How we can do better? Now, the Premier
Legault and the Minister of Health is managing the pandemic since the beginning
with the same plan. And now we have all the tools, and it's time to use all the
tools to protect public, to protect our economy and to manage better the next
waves. And that's why I'm here.
M. Wood (Ian) : Sure. And then, just on the protests, you know, there is a call for
more protests in Montréal, similar to the ones here, they're going to go to Ottawa
again. It seems like the province has already caved a lot in getting rid of
restrictions. What do you make of these continued protests?
M. Derraji : I think we should be prudent about the message. I think no one will
win and we should be prudent. This is my message today: we should be prudent.
M. Wood (Ian) : Thanks.
M. Derraji : Tank you.
Le Modérateur : Alors, merci
beaucoup d'avoir assisté à ce point de presse. Passez une agréable journée. Au
revoir.
M. Derraji : Merci à vous.
(Fin à 9 h 31)