Point de presse de M. Jean Charest, premier ministre, Mme Line Beauchamp, ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, M. Jean-Marc Fournier, ministre de la Justice, et de Mme Lise Thériault, ministre du Travail
Version finale
Le vendredi 9 décembre 2011, 13 h
Hall principal de l'hôtel du Parlement,
hôtel du Parlement
(Treize heures six minutes)
M. Charest: Alors, bonjour, mesdames et messieurs. Je vous présente Mme la vice-première ministre du Québec, Mme Line Beauchamp, qui m'accompagne, qui est à ma droite; également, Mme Lise Thériault, ministre du Travail, et - c'est quoi son nom encore, là - Jean-Marc Fournier, là, qui est juste ici, ministre de la Justice et leader du gouvernement. Je vais vous... oui, qui va vous adresser la parole en français aujourd'hui, si l'occasion se présente.
Je veux passer à travers des faits saillants avec vous, puis je vous promets de vous rouler ça rapidement puis dans le temps, parce que le contexte est extrêmement important pour cette fin d'année, surtout pour la suite des choses. Et je veux donc vous en parler, puis ensuite, avec plaisir, on répondra à vos questions.
On va parler d'économie d'abord pour remettre ça dans un contexte mondial, mais d'abord pour vous donner une merveilleuse de citation qui vient de Bernard Landry, ancien premier ministre du Parti québécois, qui nous rappelle que le Québec est l'endroit en Amérique du Nord, peut-être en Occident, qui a le mieux résisté à la crise. Une des raisons, c'est qu'au Québec on répartit la richesse. Et donc on va revenir là-dessus un peu plus tard dans la présentation.
Je veux vous parler de... et vous rappeler que, sur le plan mondial, nos vivons une intense période d'incertitude. Il y a une grande volatilité des marchés financiers, une crise de la dette souveraine dans la zone euro, une situation budgétaire qui est difficile aux États-Unis, et il y aura, on l'attend, une croissance économique modeste à la fois dans la zone euro et aux États-Unis.
Au Québec, on est bien positionnés. La mise à jour économique de Raymond Bachand a été faite le 25 octobre dernier, et nous récoltons les fruits de notre bonne gestion et des finances publiques en particulier. Notre déficit pour l'année 2010-2011 est de 1,1 milliard de moins que ce qui avait été prévu lors du budget. Alors ça, en soi, là, c'est une merveilleuse performance pour les contribuables québécois; c'est une bonne nouvelle, très bonne nouvelle. C'est la deuxième année consécutive que nous réussissons à battre nos prévisions au niveau du déficit.
L'objectif, c'est le retour à l'équilibre budgétaire pour 2013-2014. On est bien engagés sur ce chemin-là. Au niveau justement de ce déficit, que tout le monde a été obligé de faire, le Québec fait un déficit qui est à 1 % du PIB en 2010-2011; c'est 2,3 % en Ontario, 2,1 % au Canada, 8,9 % aux États-Unis et, dans les pays de l'OCDE, la moyenne, c'est 7,7 %. Alors, ces chiffres-là, c'est très parlant. Ceux qui font une observation de la performance de l'économie québécoise, la question des finances publiques, là, voient là-dedans un signal de notre résilience et de notre bonne gestion des finances publiques. Le retour à l'équilibre budgétaire, pour nous, c'est 2013-2014; pour le fédéral, c'est 2015-2016; l'Ontario, 2017-2018; les États-Unis n'ont pas encore fixé de date.
Ici, je vous présente les fruits des efforts collectifs des Québécois dans le contrôle des dépenses de programmes. Au Québec, ce qui nous singularise, c'est le fait que nous avons plus de programmes sociaux qu'ailleurs. C'est un choix qu'on a fait comme société. Le revers de la médaille, c'est que depuis 2003 nous avons un contrôle des dépenses et de la croissance des dépenses de programmes qui est la deuxième meilleure performance au Canada, avec en moyenne 4,8 % par année. Alors, ça, c'est le fruit d'une discipline annuelle. Au lieu d'avoir un coup de frein, puis un coup de... un coup d'accélérateur, puis un coup de frein, comme on l'a vécu autrefois, on a et on a voulu avoir une discipline constante.
Il y a, au niveau des ententes qu'on a faites entre autres avec le gouvernement fédéral, je voulais revenir sur l'entente Bachand, qui a été annoncée ici même, à l'Assemblée nationale, au mois de septembre dernier, 2,2 milliards de dollars, un vieux contentieux qui a été réglé avec le gouvernement fédéral sur la question de l'harmonisation de la TPS-TVQ. Cette stratégie porte fruit. Vous avez là les cinq maisons de cotation de crédit: Fitch, DBRS, Japan Credit Rating Agency, là, JCR, Moody's et Standard & Poor's, qui ont tous publié des évaluations. C'est ce que vous pouvez trouver de plus objectif sur une lecture à la fois de notre économie et de la situation des finances publiques. Et dans les cinq cas, si vous avez l'occasion de revoir les évaluations qu'ils ont faites, il y a là-dedans un très beau bulletin pour le gouvernement du Québec.
L'emploi demeure élevé. Le dernier mois n'a pas été bon, mais, dans l'ensemble, je peux vous dire, depuis les deux dernières années, là, on a fait mieux que la moyenne de... canadienne, de l'Ontario, des États-Unis, évidemment, certainement beaucoup mieux que l'Europe au niveau de l'emploi, la situation s'aggrave en Europe actuellement, et il y a eu presque 50 000 emplois de créés depuis le début de l'année 2011.
Cette stratégie, ça a voulu dire aussi, contrairement à ce qu'on a vu ailleurs - et il y a eu un rapport de l'OCDE de publié cette semaine, c'est pour ça que je voulais revenir là-dessus - au Québec, l'écart entre les riches et les pauvres s'est rétréci, ne s'est pas agrandi depuis les dernières années. Et ça, c'est le choix que nous avons fait avec les allocations familiales qui sont pondérées envers les familles à bas revenus; le programme Prime au travail, également, ça fait partie; le crédit d'impôt solidarité, dont je vous parlerai dans un instant. Ça fait partie de l'ensemble des mesures qui fait qu'au Québec nous sommes l'exception. L'écart entre les riches et les pauvres s'est rétréci, ne s'est pas agrandi, à un tel point où il y a 78 380 personnes de moins à l'aide sociale depuis 2003; dans la dernière année, 12 600 personnes de moins à l'aide sociale au Québec. Et il y a la mise en oeuvre de ce crédit d'impôt solidarité qui a été faite dans les derniers mois: c'est 2,7 millions de ménages québécois, 174 $ de plus par année en moyenne pour ces ménages, et ça, c'est 1,4 milliard de plus par année. Alors, ça, c'est une mesure qu'on met en oeuvre actuellement, qui touche très directement les poches des contribuables québécois.
Toujours sur l'économie, on a lancé notre stratégie d'entrepreneuriat qui a fait l'objet d'une large consultation, une magnifique politique qui va avoir un effet très important sur le mouvement d'entrepreneuriat au Québec. Il y a le lancement d'Export Québec aussi qui a été très bien reçu, qui nous amène à vouloir faire davantage pour exporter, la stratégie sur l'occupation et la vitalité des territoires, des projets de loi cadre que Laurent Lessard a déposés, le projet d'avion écologique également qui s'inscrit parfaitement dans notre volonté de décarboniser notre économie, le lancement du projet écolo TIC, qui vise à faire du Québec un chef de file dans le domaine des technologies de l'information. Il y a dans le domaine du jeu vidéo, l'expansion du Québec continue en 2011, avec des investissements comme Square Enix, mais également l'inauguration de Warner Brothers à Montréal. Il y a la loi n° 39 pour soutenir le Régime des rentes de Québec, un enjeu très important partout sur la planète; la loi n° 42 sur les régimes complémentaires de retraite aussi; la stabilisation de l'immigration pour atteindre une moyenne annuelle de 50 000 personnes par année d'ici 2015 et porter à au moins 50 % la proportion de travailleurs qualifiés qui détiennent une formation correspondant aux besoins du marché du travail; et des tests linguistiques standardisés pour les candidats à l'immigration.
Il y a également les mesures de lutte contre l'évasion fiscale, entre autres, dans le secteur de la restauration, je dis bien: notamment, parce qu'il y a des efforts qui se font à tous les niveaux et qui donnent de bons résultats. Et, dans le domaine de la récupération, c'est 300 millions de dollars de plus que nous allons chercher par année. Il y a la loi n° 7, concernant le secteur financier qui consolide Montréal, comme chef de file dans le domaine des produits dérivés. Dans le domaine de la construction, il y a évidemment la réponse au rapport Duchesneau par le ministère des Transports, la loi n° 33, que Lise Thériault a pilotée avec beaucoup de brio sur la question du placement syndical; la loi n° 35, que nous avons votée pas plus tard qu'hier pour sanctionner les pratiques frauduleuses dans l'industrie de la construction; évidemment, la question de la commission d'enquête Charbonneau, qui a également été annoncée et qui va bientôt commencer ses travaux.
Sur le développement durable, à la demande du Climate Group, le Québec est à la tête et prend le leadership d'un projet avec l'Agence internationale de l'énergie, qui s'appelle EV20, pour l'électrification des transports sur le plan mondial. Et notre filière de la voiture électrique progresse très bien également. Elle présente pour nous, comme filière industrielle une magnifique occasion de développement industriel pour le Québec. Il y a le plan d'action Saint-Laurent, un engagement avec le fédéral de 70 millions de dollars sur cinq ans. Il y a l'étude pour la création d'une aire marine protégée dans la zone des Îles-de-la-Madeleine, qui a été annoncée il y a de cela une dizaine de jours. Il y a l'inventaire québécois des émissions de GES, alors que nous progressons vers l'objectif d'une réduction de 6 % des niveaux de 1990 pour 2012, en respect du Protocole de Kyoto. Nous serons probablement un des seuls endroits, certainement en Amérique du Nord, probablement au monde, à arriver à atteindre l'objectif.
Il y a le projet de règlement sur le marché du carbone du Western Climate Initiative avec lequel nous procédons, malgré le fait qu'un certain nombre d'États américains ont décidé depuis les dernières élections fédérales américaines de ne pas aller de l'avant, et ça, c'est une chose qui nous paraît extrêmement importante pour l'avenir de l'économie québécoise, où nous voulons être en pointe sur cette question de réduction de gaz à effet de serre et les moyens d'y arriver, parce qu'on s'est fixés un objectif très ambitieux pour 2020, celui d'une réduction de 20 % des GES.
Il y a le projet de loi n° 48 sur l'inspection environnementale des véhicules automobiles annoncée par Pierre Arcand, très bien reçu; projet de loi n° 47 sur l'aménagement durable du territoire et de l'urbanisme également;et le Plan Nord dont je vous parlerai dans quelques instants aussi.
Au niveau du développement social, évidemment, l'agrandissement des hôpitaux, l'Hôpital général juif; il y a également l'Institut de cardiologie de Montréal; il y a le Shriners, qui est un magnifique projet. Permettez-moi de prendre un instant pour rappeler aux Québécois que le Shriners, c'est un mouvement qui nous fait un don de 127 millions de dollars qui nous vient surtout des Etats-Unis, de contributeurs américains, pour construire et opérer un hôpital pour enfants à Montréal. Ils sont déjà chez nous au Québec depuis presque... depuis 100 ans. Et c'est un magnifique projet qui s'inscrit dans la construction du Centre universitaire de santé McGill. Il y a également la loi n° 41 sur le rôle des pharmaciens, qui a été votée à l'unanimité hier; la loi n° 16 qui ressert le processus de certification des résidences privées pour les aînés, qui a été adoptée le 30 novembre; la loi n° 22 sur la résiliation des baux pour les personnes qui sont aînées.
La loi n° 82, si on arrive sur les questions de culture, sur le patrimoine culturel, adoptée; l'Agenda 21 que Christine Saint-Pierre a présenté, qui est une magnifique politique, qui intègre dans la notion de développement durable les enjeux de culture. Ça, c'est une signature proprement québécoise, cette préoccupation constante d'inscrire la culture dans l'ensemble des initiatives que nous proposons. Il y a le Fonds Capital Culture Québec, c'est 100 millions de dollars, développement des projets culturels d'envergure, que nous avions... que Raymond avait promis et que j'avais mentionné dans le discours inaugural; l'inauguration de la Maison symphonique de Montréal, un projet en PPP, qui est une magnifique réussite également; la Loi n° 25, qui encadre la revente des billets de spectacle, de Jean-Marc Fournier, qui a été très bien reçue, on a beaucoup entendu l'appel des milieux culturels et des artistes sur cette question-là; l'inauguration de la Maison des arts Desjardins de Drummondville, qui est un très beau projet à l'extérieur des grandes régions de Québec ou de Montréal; le déménagement des Grands Ballets canadiens et Tangente à l'édifice Wilder à Montréal.
Du côté de la justice, notre collègue Fournier a proposé une hausse des seuils d'admissibilité financière à l'aide juridique, projet de loi n° 43 sur le nombre de juges pour entendre les causes devant les tribunaux, également une mesure pour faciliter l'accès à la justice en matière familiale aux familles qui vivent une rupture. C'est un projet de loi qui aura un impact important pour les familles qui vivent malheureusement des situations de rupture et qui va les aider à mieux passer et surtout le faire de manière moins en confrontation mais davantage consensuelle. Il y a également le projet de loi n° 29 instituant le Fonds Accès Justice; le projet de loi n° 46 concernant les enquêtes policières indépendants, que Robert Dutil a déposé.
Au niveau des autres initiatives, il y en a beaucoup dans le domaine de l'éducation, mais je souligne notamment les mesures pour bonifier l'aide financière aux études que Line Beauchamp a présentées dans le plan de financement des universités, des nouvelles mesures pour l'apprentissage de la lecture. Sur l'égalité hommes-femmes, nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixés par loi en 2006, de 50 % d'égalité entre les femmes et les hommes sur l'ensemble des conseils d'administration des 22 sociétés d'État les plus importantes. Et, au niveau de la protection des consommateurs, il y a le projet de loi n° 24 sur le surendettement des consommateurs.
Toujours dans les autres initiatives, il y a la loi n° 104 qui a fait couler beaucoup d'encre, qui a été débattue tôt dans la session parlementaire sur le nouvel amphithéâtre de Québec; la loi n° 120 concernant les campagnes à la direction des partis politiques, qui devrait être réglée dès aujourd'hui; et l'adoption de la loi n° 21 sur la mise en marché des produits agricoles, alimentaires et de la pêche; et le projet de loi n° 51 sur le bien-être des animaux, également très bien accueilli.
Finalement, un mot sur le Plan Nord. Des projets d'investissement, depuis le 9 mai, sont arrivés rapidement. Le terrain avait déjà été préparé avec des annonces faites par Goldcorp, qui est dans région de l'Abitibi-Témiscamingue. Mais il y avait... ça a été suivi, l'annonce du 9 mai, par ArcelorMittal, de 2,1 milliards; Rio Tinto, Fer et Titane à Havre-Saint-Pierre et Sorel-Tracy, 800 millions; Stornoway pour le prolongement de la route vers les monts Otish; également, Xstrata Nickel, 530 millions supplémentaires. Ça en fait un projet de presque 900 millions de dollars en tout. Dans le cas de... Non, c'est-à-dire Xstrata, c'est 530 millions. C'est Jilin Jien qui suit, qui ajoute 400 millions, qui en fait un projet de 850 millions au niveau du nickel également dans le Nord du Québec. Il y a l'Aluminerie Alouette, projet d'investissement, phase III, qui fera de l'Aluminerie Alouette la plus grosse aluminerie en Amérique du Nord, à presque 1 million de tonnes par année. La bonification de l'entente avec Alcoa également, qui a des retombées dans plusieurs autres régions du Québec, c'est à Baie-Comeau, Deschambault, mais également à Bécancour. Tata Steel et New Millennium annoncent leur étude de faisabilité de 50 millions pour le développement de leur projet également.
Et sur l'accès, il y a le prolongement de la route 160 vers les monts Otish, projet de 331 millions de dollars dans lequel Stornoway met 44 millions; la réfection de la route 389, c'est 438 millions; prolongement de la route 138 vers la Basse-Côte-Nord, entre Kegaska et Vieux-Fort, plus de 120 millions de dollars; il y a la signature d'ententes qui regroupent les sociétés d'habitation du Québec, l'Office municipal d'habitation, Kativik et la Société Makivik pour le logement dans le Nord-du-Québec, qui est un des enjeux les plus importants dans le Nord québécois, là, c'est vraiment la question du logement qu'il ne faut jamais perdre de vue au moment où on fait la mise en oeuvre du Plan Nord; construction d'unités de logement pour le personnel du réseau de la santé et des services sociaux, qui a fait l'objet d'une annonce de 34 millions; Air Inuit qui ouvre un nouvel hangar dans le Sud, à Montréal, pour mieux desservir le Nord; la signature d'un accord-cadre pour la création d'un gouvernement régional cri jamésien, qui est très important sur les questions de gouvernance dans le Nord-du-Québec; l'intégration de la communauté crie de Oujé-Bougoumou, au sein de la Convention de la Baie James et du Nord québécois également, qui a été faite il y a quelques semaines et qui fait la démonstration que la convention est un document vivant, capable de s'adapter aux besoins modernes du Nord québécois.
Et il y a la consultation sur la protection du 50 % du territoire du Plan Nord à des fins autres qu'industrielles et la protection de l'environnement, sauvegarde de la biodiversité que Pierre Arcand mène, un magnifique projet très ambitieux, complexe qui intéresse la communauté environnementale au plan mondial. Depuis, on a fait la création de la réserve du parc national Assinica et la consultation publique sur la création du parc national des monts Pyramides. D'ici 2015, 12 % du territoire du Plan Nord sera en réseau d'aires protégées, 2015. Alors, ça sera une étape importante de franchie.
Il y a le dévoilement de la stratégie touristique du Plan Nord, 70 millions de dollars que nous mettons là-dedans et la création de plusieurs milliers d'emplois; la dixième rencontre des partenaires du Plan Nord, de la table des partenaires que j'ai coprésidée avec Clément Gignac; il y a le projet de loi n° 27, qu'on aurait voulu faire adopter avant la session, sur la création de la Société du Plan Nord. Et là, on reviendra là-dessus au mois de février, comme le projet de loi n° 14, sur les mines, qui a fait, en tout, si on prend les deux projets de loi qui ont été débattus, 220 heures de débats en commission parlementaire. Alors... Et vous avez peut-être remarqué que le président de la commission, qui n'est pas un député libéral mais péquiste, dans les derniers jours, a déclaré que les amendements déposés sur la question des redevances puis la deuxième transformation étaient non recevables. Alors là, il n'y a plus de raison de s'opposer à l'adoption de la Loi sur les mines, il n'y en a pas. Et donc ce débat va rependre au mois de février à notre retour à la Saint-Valentin, soit dit en passant.
Je note, au passage, que ça a été une bonne session parlementaire sur le plan législatif. Ça a été une des meilleures que j'ai vue, moi, que j'ai vécue depuis que je suis ici, à l'Assemblée nationale; plusieurs lois adoptées, plusieurs lois adoptées à l'unanimité, des lois importantes qui font avancer plusieurs dossiers au Québec, et tous les parlementaires, je pense, s'en sont réjouis aujourd'hui. Moi, le premier comme premier ministre du Québec, je suis heureux de constater que le Parlement a bien fonctionné puis que des lois d'importance ont été adoptées dans la session actuelle. Ça augure bien pour une année 2012 qui s'annonce très intéressante, très intéressante mais qui sera une année économique. Alors, l'année 2012, sur le plan politique sera beaucoup marquée par les enjeux économiques.
Le Modérateur: Merci, M. le premier ministre.
M. Charest: Je peux-tu répéter tout ça en anglais maintenant ou...
Le Modérateur: À votre guise. On va débuter la période de questions avec Robert Plouffe, TVA.
M. Plouffe (Robert): M. Charest, vous dites que l'année 2012 sera... Sera-t-elle une année électorale? C'est vous qui pourrez peut-être nous le dire. Mais, Mme Marois a émis le voeu de voir arriver François Legault dès la prochaine session pour permettre peut-être à un des députés, futur député caquiste de laisser sa place. Souhaitez-vous voir arriver François Legault à l'Assemblée nationale donc dès 2012, et serez-vous là pour l'affronter à la prochaine élection? Allez-vous réfléchir sur votre avenir pendant le temps des fêtes?
M. Charest: C'est une bonne idée. D'ailleurs, M. Legault est d'accord avec Mme Marois M. Legault a déjà déclaré qu'il voulait arriver à l'Assemblée nationale le plus rapidement possible. Là, on va être très clairs entre nous, comment faire en sorte que M. Legault arrive à l'Assemblée nationale le plus rapidement possible? Il faut que ce soit un de ses députés qui lui cède un comté pour qu'il puisse y arriver. Je dis ça parce que je prends de l'avance, là. Il n'est pas question qu'un député du gouvernement cède un comté, là. Notre majorité n'est pas à ce point importante qu'on va se mettre à céder des comtés. Ce n'est pas comme ça que ça va se régler. Mais, M. Legault a lui-même formulé le souhait d'arriver à l'Assemblée nationale le plus vite possible. Alors, Mme Marois le veut, je le souhaite. Alors, on s'attend à ce que des gestes soient posés en ce sens-là. Et j'y serai lors de la prochaine élection générale au Québec. Est-ce que ça va avoir lieu en 2012? Je devine qu'un de vous va vouloir me poser la question? Non? Bon, bien, O.K., laissez faire.
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Plouffe (Robert): C'est parce qu'on ne veut pas poser la question, parce que sinon on n'a plus droit de poser des questions.
M. Charest: Ah! parce que vous perdez votre... O.K. On est aujourd'hui à exactement le troisième anniversaire de notre élection de 2008. On est le 8 décembre. On entre donc dans la quatrième année. Je ne peux pas vous dire à quelle date aura lieu les élections. Lorsque nous arriverons à la conclusion que les Québécois doivent donner un nouveau mandat au gouvernement, bien, on ira en élection. On n'est pas là, puis il n'y a de décision de prise là-dessus.
M. Plouffe (Robert): Ma deuxième question. L'UPAC a décidé de regarder ce que l'opposition appelle le scandale des garderies. Récemment, il y a quelques jours à peine, le Directeur général des élections a émis une amende exemplaire sur un organisateur libéral qui avait justement donné de l'argent et contrevenu à la loi. On dirait qu'avec le Parti libéral en particulier il y a beaucoup de financement qui se fait. On se pose des questions. Est-ce que c'est un hasard qu'il y a eu tant de places d'accordées à des contributeurs du Parti libéral? Vous ne pouvez pas être tellement fier de cette partie-là de votre mandat, M. Charest?
M. Charest: Il faut placer les choses dans leur contexte. D'abord, au PQ, ils étaient contre les places en garderie privée. Ils ont toujours été contre les garderies privées, premièrement. Deuxièmement, au moment où les nouvelles places sont décidées, au moment où on prend la décision de faire en sorte qu'il y ait des nouvelles places, c'est parce que la demande est forte. Elle est forte, parce qu'il y a un baby-boom, au Québec, puis c'est une bonne nouvelle. Et donc, on procède, et on a procédé en vertu d'un certain nombre de critères. Mme Courchesne a eu l'occasion de le dire très clairement: Jamais n'a-t-il été question de financement en lien avec ces décisions-là, jamais, jamais, jamais. Et elle a eu l'occasion de le dire très clairement. Maintenant, faisons aussi un peu d'éclairage sur l'hypocrisie que nous voyons devant nous, dans ce dossier-là, alors que les députés péquistes ont eux-mêmes écrit, sont intervenus pour demander d'accorder des places en garderie. Ils l'ont fait, eux. M. Legault l'a fait. Après ça, on se revire de bord puis on reproche au gouvernement d'avoir accordé des places. Bien là, je regrette, là, on ne peut pas à la fois dire une chose, et agir, et faire le contraire. Et le Vérificateur général a dit noir sur blanc dans son rapport que la loi avait été respectée.
Le Modérateur: Michel Pépin, Radio-Canada.
M. Charest: Bonjour.
M. Pépin (Michel): Bonjour, M. le premier ministre. Mesdames, Monsieur. M. Charest, reconnaissez-vous que vous avez peut-être trop tardé à déclencher la commission d'enquête Charbonneau?
M. Charest: Nous avons agi en fonction de ce qui était le plus efficace pour régler le problème. Et les enquêtes policières, c'est un passage obligé. Avec même une commission d'enquête, là, une commission d'enquête ne se fait pas à partir d'allégations et de ouï-dire; ça se fait à partir de faits qui sont amenés devant la commission ou devant un juge et un procureur de la Couronne, pour déposer des plaintes et amener les gens devant les tribunaux. Et on a toujours été clairs sur notre détermination à faire en sorte qu'on fasse un nettoyage dans le domaine de la construction, là où on doit faire un ménage, qu'on le fasse, et que les policiers fassent leur job. Maintenant, M. Duchesneau est venu déposer un rapport à notre demande. Pas longtemps avant ça, le PQ demandait que M. Duchesneau démissionne; c'est nous qui l'avons défendu. Il a déposé un rapport, il fait un certain nombre de recommandations. On a écouté ce que M. Duchesneau nous a fait comme recommandations, et la commission Charbonneau a été annoncée.
Journaliste: Ça fait trois ans, hein, le mandat actuel?
M. Charest: Oui.
Journaliste: C'était hier en fait, un 8 avril.
M. Charest: Merci.
Journaliste: Huit ans et demi au pouvoir, M. Charest, hein, c'est bien ça?
M. Charest: Oui, merci.
Journaliste: Vous n'êtes pas éternel, hein?
M. Charest: Merci.
Journaliste: Mais ce n'est pas ma question.
M. Charest: Non.
Journaliste: Ce n'est pas ma question. Ma question, c'est: Qu'est-ce que vous faites pour préparer votre succession, M. Charest?
M. Charest: Je prépare ma propre succession par moi-même. Pour la prochaine élection générale, vous voulez dire?
Journaliste: Non, non, non, je parle en général, remarquez, mais...
M. Charest: Non, je ne pense pas à la succession, je pense plutôt au travail que je fais comme premier ministre du Québec. D'autant plus que je suis très heureux, et je suis en grande forme, et je vois devant moi une année qui va être une année intéressante, beaucoup marquée par des enjeux économiques, et c'est là-dedans que nous excellons, nous, à la fois comme gouvernement et comme parti politique.
Les Québécois savent que, quand les enjeux sont de nature économique, il y a un parti politique qui s'y intéresse activement et qui a fait la démonstration que c'est le domaine certainement dans lequel nous avons choisi de mettre nos énergies parce que de notre performance économique découlent beaucoup d'autres choses, incluant notre capacité de soutenir financièrement le système de soins de santé et d'éducation. Alors, nous, c'est ce que nous voyons devant nous en 2012, et je veux faire ce travail-là avec les Québécois.
Le Modérateur: Jocelyne Richer, Presse canadienne.
Mme Richer (Jocelyne): Bonjour, M. Charest.
M. Charest: Bonjour.
Mme Richer (Jocelyne): On évalue souvent la qualité d'un gouvernement à la saine gestion des fonds publics. Or, cette année, durant la session, vous avez dû faire face à un rapport très dur du Vérificateur général dans le dossier des garderies, qui a jugé que le processus d'attribution des places en 2008 avait été bâclé, que la ministre en titre avait fait preuve de beaucoup d'arbitraire dans l'attribution des places. Pourtant, ça ne vous a pas empêché de nommer la titulaire comme présidente du Conseil du trésor, donc de l'administration de l'ensemble des fonds publics du Québec. Quel message ça envoie à la population?
M. Charest: La question de la gestion des places en garderie est une question qui a fait l'objet d'une réflexion au gouvernement avant le rapport du Vérificateur général. Nous avons reconnu que nous devions améliorer la gestion de l'attribution des places, et nous l'avons fait. Le gouvernement n'a pas attendu le rapport du Vérificateur général pour changer ce qui devait être changé et amélioré; on l'a fait, et ça, depuis déjà un bon moment.
Maintenant, dans la gestion, sur cette période-là, le gouvernement et la ministre ont suivi un certain nombre de critères. Le Vérificateur général dit également, vous le reconnaissez, dans son rapport, que la loi a été respectée. Il l'a dit, le Vérificateur général. Alors, il faut prendre ce que le Vérificateur général dit au complet. On ne peut pas juste en prendre une partie qui fait notre affaire puis laisser l'autre partie de côté. Alors il dit que la loi a été respectée. En ce sens-là, Mme Courchesne a suivi les critères, et on a amélioré l'attribution des places depuis ce temps-là.
Journaliste: Mais n'empêche, vous ne voyez pas une contradiction dans le fait que le Vérificateur général blâme une de vos ministres dans la gestion d'un des programmes les plus coûteux du gouvernement, mais, en même temps, cette même ministre est promue présidente du Conseil du trésor dans l'administration de la gestion des fonds publics pour tout le gouvernement?
M. Charest: Le gouvernement du Québec en gère beaucoup, de programmes. On est appelés à constamment en améliorer la gestion, à rendre nos méthodes plus efficaces. On l'a fait dans le système des garderies, dans un environnement où la demande était forte, parce que le taux de fécondité au Québec a augmenté - c'est une bonne nouvelle - et parce que nous voulions servir les Québécois le plus rapidement possible. Le Vérificateur général, je le réitère, dit que ça a été fait dans le cadre de la loi. Mme Courchesne est une ministre qui a une longue expérience, qui a été dans plusieurs ministères. Je peux vous redire à quel point elle est compétente, et c'est un femme qui a toute la confiance, pas uniquement du premier ministre, mais également de tous ses collègues. Alors, quand on vit une période de changement comme ça, il arrive que les systèmes ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils doivent être; si c'est le cas, on les change. Mais entre ça puis faire l'inflation verbale dont en fait preuve le PQ et l'hypocrisie dans ce dossier-là, il y a une marge, puis il faut faire la différence entre les deux.
Le Modérateur: Josée Thibault, Radio-Canada.
Mme Thibeault (Josée): M. Charest, l'an dernier, à la fin de la session, on n'avait pas été aussi généreux et chaleureux qu'on l'a été aujourd'hui. Vous avez souligné la persévérance de Mme Marois. On n'avait pas vu ça l'an dernier. Qu'est-ce qui s'est passé, cette année, qui fait que vous avez eu envie d'être aussi gentil avec l'opposition, ce qui n'avait pas été le cas l'an dernier de part et d'autre?
M. Charest: L'an dernier a... Je sais que l'an dernier, la fin de la session s'était finie dans une atmosphère empoisonnée tellement la session avait été dure, et le gouvernement avait trouvé ça dur. Puis on avait trouvé ça dur personnellement, parce qu'on s'était fait traiter d'une façon qu'on trouvait injuste; c'est l'an dernier, ça. Là, il faut regarder en avant, là. Puis j'ai eu l'occasion de le dire aujourd'hui, on vit en serre chaude à l'Assemblée nationale — avouons-le — on vit en serre chaude, alors... et on est des êtres humains, on est intenses, et, l'an dernier, ce n'était pas exactement une atmosphère qui était très joyeuse. Cette année, on tourne la page, puis on regarde en avant, puis tant mieux. Je pense que tout le monde a tiré des leçons d'une année qui n'a pas été à la hauteur de ce que ça aurait dû être, et on a mieux fini, puis tant mieux si on est capable de le dire à voix haute, parce que ça veut dire qu'on apprend, hein, mais on... C'est une bonne chose, un bon signal à donner.
Mme Thibeault (Josée): Est-ce que vous estimeriez que les Québécois sont un peu aveugles, inconscients ou peut-être un peu insouciants pour ne pas transférer dans les intentions de vote vers vous leur mécontentement du côté péquiste, puisque Mme Marois n'a pas tellement de bonne presse non plus, mais vous aussi, ça ne fonctionne pas bien, malgré le bilan que vous nous faites, malgré tout ce que vous dites, malgré tout ce que vous faites? On dirait que ça...
M. Charest: Là, je veux... Oui, bien, je vais vous donner une réponse, puis là je veux faire très attention, ce n'est pas à vous que je m'adresse, Mme Thibeault, là, mais je vais vous donner une réponse qui pourrait paraître dure, là : Ceux qui disent des choses comme ça, là, méprisent les Québécois; c'est mépriser les Québécois, un profond mépris. Les Québécois se sont exprimés dans le comté de Bonaventure, là. Qu'est-ce qui fait penser, là, au député de Drummond que les Québécois qui habitent le comté de Bonaventure seraient moins intelligents que les autres? Ou le député de L'Assomption, M. McKay, qui dit: Bien, ils auraient voté pour un cochon rouge si ça avait été. Ça, là, c'est mépriser les gens, c'est les mépriser profondément.
Alors, il y a peut-être un message là-dedans pour tout le monde, puis des fois j'en entends qui... ailleurs, qui font le même genre de commentaires, ne comprennent pas comment ça se fait que les gens ne sont pas d'accord avec eux. Peut-être qu'eux n'ont pas compris quelque chose que ces gens-là ont compris. Avez-vous déjà pensé ça? Peut-être que les gens de Bonaventure ont peut-être capté, eux, une idée, un sentiment qu'eux n'avaient pas compris.
Le premier devoir de celui ou celle qui est élu ou chef de parti, ce n'est pas de dicter à l'autre sa conduite, c'est d'écouter ce que l'autre a à dire. Or, après le résultat de Bonaventure, le député de Drummond, et M. McKay, et le PQ auraient dû écouter au lieu de faire la leçon. Et ça, à mon avis, là, c'est un des faits marquants de la fin d'année, ce mépris qu'a exprimé le PQ envers des électeurs, des citoyens du Québec qui n'auraient pas voté comme eux pensent qu'ils doivent voter.
Maintenant, ils ont voté de quelle façon, dans le comté de Bonaventure? Ils ont voté pour l'économie. Moi, c'est mon... Si vous voulez ma lecture, là : Les gens, dans le comté de Bonaventure, qui avaient été bien servis par Nathalie Normandeau, avaient un bon candidat, que ces gens-là connaissaient. Il y a même eu une attaque envers Damien Arsenault, alors qu'il était maire de Saint-Elzéar. Êtes-vous allés voir le pourcentage de votes que Damien Arsenault a obtenus à Saint-Elzéar? Là, vous allez dire que 87 % du monde à Saint-Elzéar n'ont rien compris? Alors, l'examen de conscience, là, c'est bon pour tout le monde, et, moi, j'ai beaucoup confiance dans le bon jugement des Québécois.
Une voix: Paul Journet, La Presse.
M. Charest: Pardon?
Une voix: ...M. Charest, personnellement.
M. Charest: Merci. Bien, merci. Parce que je ne vous visais pas, vous, puis je ne veux pas vous donner le...
Le Modérateur: Paul Journet, La Presse.
M. Journet (Paul): Bonjour, M. Charest. Vous nous avez présenté la liste de vos réalisations. Ça fait plus de huit ans que vous êtes au pouvoir. Vous êtes dans votre troisième mandat. Vous avez l'intention de vous présenter à nouveau. Pourquoi? Quelles idées est-ce que vous n'avez pas eu la chance de mettre en place en plus de huit années au pouvoir que vous voulez mettre en place lors d'un prochain mandat?
M. Charest: Je suis à la tête du seul parti politique à l'Assemblée nationale qui fait de l'économie sa priorité. En termes très concrets dans la prochaine année, c'est quoi? C'est le projet Canada-Europe, que je veux voir complété à l'avantage du Québec; c'était notre projet; c'est notre projet; c'est notre idée; c'est notre initiative; ça, je veux le voir complété.
Deuxièmement, il y a le Plan Nord, que nous avons lancé le 9 mai dernier, qui est un projet sur plusieurs générations, qui est à la hauteur de ce que les Québécois de d'autres générations ont fait à la Manic, puis à la Baie-James, puis ça va être un projet merveilleux pour l'avenir du Québec sur tous les plans : économique, social, sur le plan du développement durable. Et je veux porter ce projet-là. Je veux le mener, pour qu'on puisse le faire avancer. Juste ça, là, pour l'année 2012, là, et pour les prochaines années au Québec, c'est des projets très importants.
M. Journet (Paul): Vous avez dit que les élections seraient déclenchées lorsque ce sera le moment jugé opportun. En vertu de quels critères est-ce qu'on est rendus à un moment qui est jugé opportun pour déclencher les élections?
M. Charest: Bien, il arrive des moments de décision. Et, évidemment, légalement, le mandat est sur une période de cinq ans. Alors, dans cet espace de cinq ans, il arrivera un moment où nous en arriverons à la conclusion qu'il faut retourner devant l'électorat pour faire renouveler le mandat du gouvernement. Et on le fera à partir d'un certain nombre de critères de décision sur lesquels nous allons demander des appuis. On traversera ce pont-là lorsque nous y arriverons.
Une voix: ...
M. Charest: Bien, c'est... Ce sera les projets que voudrons présenter et défendre.
Le Modérateur: Pierre Duchesne, Radio-Canada.
M. Duchesne (Pierre): M. le premier ministre, l'année a débuté avec un rapport d'un juge, Bastarache. Elle a presque terminé aussi avec la nomination d'une juge à la commission d'enquête. Êtes-vous à l'aise avec l'indépendance judiciaire? Avez-vous un problème avec les juges?
M. Charest: Je suis très à l'aise avec ça.
M. Duchesne (Pierre): Avez-vous un problème avec les juges?
M. Charest: Non.
M. Duchesne (Pierre): Est-ce que vous espérez que les audiences de la commission Charbonneau débutent, les audiences publiques, le plus tôt possible?
M. Charest: Je n'ai aucune recommandation à faire à Mme la juge. Une fois qu'elle accepte le mandat qui lui est donné, qu'elle l'exécute, c'est à sa discrétion, les travaux de la commission.
Journaliste: ...vous auriez dû tout de suite invoquer la Loi des commissions d'enquête au départ? Est-ce qu'il y a eu une erreur, là-dessus?
M. Charest: Le gouvernement a fait du mieux qu'il croyait au moment où on a fait nos décisions à nous, et nous voulions surtout donner l'occasion aux policiers de faire leur travail. Nous croyons et nous savons, parce que le bon sens l'indique, que les policiers doivent faire leur travail, et c'est ce qui va arriver dans le cas de la commission comme pour les autres commissions faites par... les autres enquêtes faites par l'UPAC pour amener les gens devant les tribunaux. Merci.
Le Modérateur: Antoine Robitaille, Le Devoir.
M. Robitaille (Antoine): Bonjour. Vous avez parlé de mépris de certains politiciens à l'égard de la population et, dans la... lorsqu'il y a eu une pétition contre vous sur le site de l'Assemblée nationale, il y a beaucoup de gens qui disaient: On se sent méprisés par le refus obstiné du gouvernement de tenir une commission d'enquête. Est-ce qu'il y avait du... est-ce qu'il n'y avait pas du mépris dans ce refus-là?
M. Charest: Pas du tout. Alors que le gouvernement peut très bien avoir une opinion sur la façon de procéder, puis le gouvernement ne prend pas ses décisions en fonction de sondages, on les prend en fonction de nos convictions également sur la façon de procéder.
Mais, vous savez, on vit à l'intérieur d'un système démocratique où les gens s'expriment librement aussi sur leur choix de gouvernement; c'est qui est arrivé dans Bonaventure. Ce n'est pas rien, là. Bonaventure, ce n'est pas un sondage, là. Bonaventure, c'est un choix que font les citoyens d'une circonscription qui sont allés voter dans une élection partielle à la hauteur de 55 %, ce qui est quand même un bon score pour une élection partielle, et qui se font traiter avec mépris par M. Blanchet du Parti québécois, et par M. McKay, et par le PQ. Bien, moi, à mes yeux à moi, là, je trouve ça déplorable. Sur le plan démocratique, là, on ne peut pas avoir un portrait plus clair que ça.
Outre ça, des débats, nous en avons beaucoup sur beaucoup de sujets, et c'est rare qu'on fait l'unanimité. Dès qu'on prend une position, il y a des gens pour, il y a des gens contre. Mais ultimement il y a une élection, puis les gens décident si oui ou non ils appuient ou ils n'appuient pas un parti politique.
M. Robitaille (Antoine): Êtes-vous inquiet par les rapports et les informations selon lesquelles - et les informations que vous avez sans doute eues - selon lesquelles la FTQ aurait été objet d'une tentative d'infiltration par le crime organisé?
M. Charest: D'abord, je veux faire attention à la prémisse de votre question parce que je ne veux pas que vous interprétiez à partir de ma réponse que j'aurais eu, moi, des informations que je n'ai pas eues. Les informations que je connais, c'est ce que j'ai lu dans les journaux, et ça, ça relève de la police. Alors, c'est aux policiers d'enquêter.
M. Robitaille (Antoine): Est-ce que ça vous inquiète ou non?
Le Modérateur: Robert Dutrisac...
M. Charest: C'est à la police d'enquêter là-dessus. Je ne veux pas faire d'éditorial sur les enquêtes que la police enquête.
Le Modérateur: Robert Dutrisac, Le Devoir.
M. Dutrisac (Robert): Bonjour. Bonjour, M. le premier ministre. Il a été question de langue, de langue de travail abondamment dans les journaux ces derniers jours. Je me demandais si vous croyez toujours, je crois, si vous croyez qu'il existe un équilibre en matière de langue de travail au Québec à l'heure actuelle?
M. Charest: Il y a une chose que je sais comme premier ministre du Québec, c'est que, sur la question de la langue, c'est un combat qu'on doit faire à tous les jours. On ne peut jamais baisser la garde. Et c'est une lutte qui ne se terminera jamais, dans la mesure où on vit en Amérique du Nord, et on est entourés évidemment de gens qui parlent anglais, donc... et la langue anglaise devient la langue d'affaires, etc., donc il faudra toujours se battre pour donner à la langue française la place qui lui revient, toujours. Et, ça, ça été vrai pour chaque génération de Québécois.
Alors, quand se présentent des situations, par exemple, sur la Caisse de dépôt et de placement, le gouvernement n'hésite pas à dire: C'est inacceptable puis il faut changer ça. Et les gens doivent agir en conséquence. Mais, sur la question de la langue, moi, je vois ça comme un combat perpétuel.
M. Dutrisac (Robert): Sur la question du traité Canada-Europe, M. Pierre Marc Johnson a comparu hier, il n'a pas semblé tellement rassurer les parlementaires, et il a dit très clairement que, pour les Européens, ce traité-là doit porter... le principal avantage qu'il y voit, c'est les marchés publics au Canada, le marché public au Québec.
À ce titre-là, votre position à vous, comme gouvernement, est-ce que... par exemple, est-ce que vous pensez qu'un traité de ce type-là doit permettre aux Européens d'avoir accès au marché d'Hydro-Québec, au marché public important à l'Hydro-Québec, et la question du métro de Montréal. Mais, ne serait-ce que pour Hydro-Québec, est-ce que vous pensez que les Européens devraient avoir accès à ça et que ce serait...
M. Charest: Le projet de partenariat économique élargi entre le Canada et l'Europe, c'est l'idée du Québec, puis c'est nous qui l'avons proposé, poussé, qui l'avons également présenté à nos partenaires européens, et nous nous réjouissons que cette idée a été acceptée et que les négociations progressent. Nous partons toujours de la même prémisse, que vous connaissez - ça vous fait sourire quand je le dis tellement vous l'avez entendu, vous, me... le dire - on est 8 millions d'habitants au Québec, très dépendants des marchés extérieurs. Notre richesse collective, notre niveau de vie dépendent de notre capacité d'avoir accès à des marchés. Or, notre voisin américain, sur qui nous dépendons beaucoup, est un marché qui est en difficulté. Il faut diversifier. Il faut diversifier l'accès au marché dans les années à venir. Et Canada-Europe, c'est pour ça.
L'Asie, c'est intéressant, et on met beaucoup d'efforts pour investir les marchés asiatiques, mais, vous savez, l'Europe, c'est 500 millions de consommateurs qui sont des consommateurs riches aujourd'hui, aujourd'hui. Alors, c'est peut-être un peu à contre-courant, mais je vous fais une prédiction : Ça va être une bonne initiative. Puis il y a des gens qui voient les difficultés économiques de l'Europe en ce moment puis ils disent: Bien, pourquoi vous vous occupez de ça ou, tout d'un coup, il arrive... Je vous fais une prédiction: Ça va être une des initiatives qui va être structurante pour l'avenir du Québec. À 8 millions, puis il y en a 500 millions de l'autre côté, qui, vous pensez, a le plus à gagner? C'est le Québec.
Sur les règles d'accès aux marchés publics, ce que nous voulons, c'est des équivalences. Rappelons-nous, que, quand Bombardier vend des avions, lui, à l'extérieur, il veut avoir accès à des marchés publics. Quand CGI vend, lui, des technologies de l'information à l'extérieur, il veut avoir accès à des marchés publics. C'est notre gagne-pain, à nous, notre pain puis notre beurre. Alors, il faut que nous puissions vivre dans un environnement qui est également concurrentiel, et nous le faisons déjà. Il y a les règles de l'OMC, il y a les règles de l'Accord du commerce intérieur canadien, avec lequel nous vivons. Alors, c'est déjà le cas. Alors, Canada-Europe, là, c'est un projet très structurant pour l'avenir de notre économie. Pourquoi plus pour le Québec qu'ailleurs au Canada? On est la porte d'entrée de l'Europe, nous, dans les Amériques. Nous sommes la porte d'entrée, nous, le Québec. Et c'est pour ça, que ça présente une occasion unique pour nous dans notre histoire.
Le Modérateur: Patrice Bergeron, Presse canadienne.
M. Bergeron (Patrice): Bonjour, M. le premier ministre. Vous vous êtes plaint régulièrement de l'instinct de tueuse de la chef de l'opposition l'an dernier. Vous avez évoqué aussi le climat toxique qui a présidé donc à la fin de la session, l'année dernière. Est-ce que, selon vous, donc l'opposition a compris votre message pour que... le rendement législatif a été meilleur qu'il...
M. Charest: Écoutez, je ne tiens pas à y revenir, je veux dire, c'est vrai que c'était... l'an dernier, il y a des moments où on a... vraiment, c'était blessant de vivre tout ça. Mais, j'ai une part de responsabilité, moi aussi, là-dedans, hein? Il n'y a pas juste les autres, là, il y a nous, puis c'est tout le monde. Alors, moi, j'aime autant aujourd'hui regarder en avant, faire le même constat que nous avons tous fait ensemble il y a de cela quelques heures, que nos travaux sont davantage... sont apaisés, que le contexte est meilleur. Je ne dis pas qu'il n'y a pas de place à l'amélioration.
Vous savez, sur le grand discours de faire de la politique autrement, là, j'ai ma propre théorie là-dessus : 90 % de ce que les gens aimeraient voir amélioré en politique, là, relèverait du respect et de la courtoisie. 90 % de ce qu'on aimerait voir réglé en termes de ce qu'on appelle «faire de la politique autrement», là, serait réglé juste avec ça: respect et courtoisie. Puis, à nouveau, je ne suis pas... je ne veux pas vous donner l'impression que c'est juste les autres, ça m'inclut, ça inclut ma famille parlementaire. En 27 ans de vie politique, je vous garantis que j'en ai dit, des choses, que j'aurais voulu dire autrement. Ça m'est arrivé et j'espère que les fois où ça m'est arrivé, que j'ai eu assez de recul pour reprendre ces paroles-là et essayer de réparer ce que j'avais fait. Alors... Mais, c'est ça, le propre de la vie parlementaire. Tant mieux si ça va mieux.
M. Bergeron (Patrice): En complémentaire. Vous avez eu une excellente année donc législative, vous avez dit: Peut-être votre année la plus productive. Pourquoi il a fallu une troisième année au gouvernement pour arriver à ce rythme de croisière là législatif pour amender des projets de loi, régler des problèmes?
M. Charest: Il y a beaucoup de choses qui entrent en ligne de compte. On a... c'est vrai qu'on a... Et, quand je dis «nous», là, élargissons le «nous», c'est tout le Parlement qui a eu une bonne session. Alors, les oppositions aussi peuvent dire: On a eu une bonne session. M.Deltell a dit ça aujourd'hui: On a eu une bonne session. Tant mieux! Tout le monde est gagnant. Tant mieux quand on travaille ensemble. Maintenant, ça dépend vraiment des contextes, ça dépend de la volonté des partis politiques d'opposition, s'ils veulent travailler ou non avec nous. Je ne vous cacherai pas, sur la Loi sur les mines, là, 220 heures, là, là, on a pas mal débattu, là. On n'a pas fait de bâillon, et ce n'est pas parce qu'on ne veut pas faire de bâillon, on veut faire adopter les lois. Mais ce n'est pas un score parfait, là. Quand je vois la façon dont les partis d'opposition, sur cette question-là, ont fait leurs travaux, à mon avis, je pense qu'ils auraient... ils auraient été mieux de prendre une approche qui était davantage axée sur les intérêts des députés péquistes qui sont dans le Nord-du-Québec.
Le Modérateur: In English now. Tim Duboyce, CBC.
M. Duboyce (Tim): Hello, Premier.
M. Charest: Hi.
M. Duboyce (Tim): You probably have heard the proverb that says: The enemy of my enemy is my friend. So, you're talking about the change in the tone. Yes, there are a couple of steps there. So, you're talking about the change in the tone in the National Assembly from a year ago. But don't you think part of that is the fact that you and your primary adversary here now share a common opponent that wasn't even on the radar screen a year ago?
M. Charest: Well, I can answer for myself. We have a... You know, we have a very solid team and we're very focused on the issue of the economy, we're the only political party for whom the economy is the priority. Neither Mme Marois, certainly not Mr. Legault... Mr. Legault has been asked I don't know how many times what his priorities were. He wants to dismantle part of Hydro-Québec, and he wants the notwithstanding clause to be invoked, and he wants to attack the mayor of Montréal, I mean, this is the agenda of Mr. Legault. I don't... Don't ask me where this is leading, because it's all very mysterious to me. And he's a separatist, sovereignist who says: Well, I want 10 years to prepare a referendum, but he says: I want to settle this up. But, you know, let's be honest here. There's an old... Let me share another expression with you about Mr. Legault in English that you probably know well: If it looks like a duck and if it walks like a duck, it's a duck, right? Well, he's a sovereignist, and that's what he's all about. So, we expect him to come into the Assembly rapidly, as he said he wanted to, he said he would. He should ask one of his future MNAs to liberate their riding so that he can sit in the Assembly.
M. Duboyce (Tim): When I asked you about the timing of the calling of the inquiry this fall... because... you were saying that the main thing that made you make that decision was the recommendation in Mr. Duchesneau's report. Now, I guess my question is: Prior to that report, how do you explain that your opponents and a lot of other people in Québec society seemed to have the sense that this inquiry was needed before that report and the information in it, and you didn't seem to think that that was necessary?
M. Charest: We always believed that it was critically important that the police be able to assemble evidence for the purpose of bringing people in front of the courts, and so that they could be held accountable for what they did. And, even in the scenario of a commission of inquiry, there needs to be evidence. I mean, a commission of inquiry is not going to be done on the basis of hear say. So, Mr. Duchesneau, who we asked to do a report, tables is own report, says: Well, this is, you know, the thing you should do. The government looked at it very closely, and we decided we would go ahead with it. Our belief too all remains the same. I mean, the police need to do their work to make those who have acted illegally accountable.
Le Modérateur: Maya Johnson, CTV.
M. Charest: Hello.
Mme Johnson (Maya): Hello. Bonjour. En fait, ma question, c'est pour Mme Line Beauchamp...
M. Charest: Oui.
Mme Johnson (Maya): ...en français, de la part d'une de mes collègues à Montréal au sujet des jeunes élèves qui ont des allergies sévères. Est-ce que Québec, comme Ontario, devrait considérer une loi qui imposerait la formation aux enseignants et aux administrateurs pour traiter une urgence à l'école?
Mme Beauchamp: On a reçu effectivement plusieurs lettres de parents ou d'intervenants inquiets sur cette question. J'ai eu des échanges avec mon collègue ministre de la Santé. Vous conviendrez avec moi, là, que Dr Bolduc est aussi un intervenant clé sur cette question puisque l'issue, l'enjeu est un enjeu relié à la santé des enfants. Nous nous sommes entendus pour dire qu'on allait suivre ce dossier de très près, et je vous dirais, là, qu'au cours du début de l'année 2012 nous allons statuer sur la question.
Donc, on est très attentifs à la revendication. Il est un peu trop tôt pour nous pour conclure sur l'idée de l'adoption d'une loi. On parle ici de comportements, hein, de changements de comportement, d'être attentifs à des situations. Une loi n'est peut-être pas nécessairement la bonne réponse à cette question-là. C'est vraiment de la notion de formation, d'encadrement, d'être très attentifs à des situations. Mais c'est un dossier que je vais travailler étroitement avec le ministre de la Santé, Dr Bolduc, pour en venir à le prendre en considération de façon très attentive en début d'année 2012.
Mme Johnson (Maya): Merci.
Le Modérateur: Kevin Dougherty, The Gazette.
M. Dougherty (Kevin): Mr. Charest, you say you're going to lead the party into another election. This PowerPoint presentation right now, would that be your election's speech or you campaign speech?
M. Charest: Well, it's about the economy. It's part of everything that we've accomplished in the last six months. It isn't everything, but there's a lot of it there and it's very much focused on the economy.
M. Dougherty (Kevin): It's not very combative. That's...
M. Charest: It's not what?
M. Dougherty (Kevin): Very combative. It's like...
M. Charest: Well, there's a time to be more combative and there is time to, I guess, to be a little more zen. I'm in my zen mood now. Take advantage of it.
M. Dougherty (Kevin): Second question...
M. Charest: It won't last.
M. Dougherty (Kevin): Second question. There is much talk about the anglicisation of Montréal, the French language being in danger, French not being the working language in major corporations, major Montréal corporations. The Parti québécois wants to propose a new Bill 101 and see that there is a problem.
Do you have a plan, do you have plan to take action to deal with this problem?
M. Charest: We've invested more in Office québécois de la langue française. The PQ cut back on the funding of the l'Office québécois de la langue française when the were there. The same Mr. Blanchet, by the way, in a parliamentary debate said that when the PQ was in government the could be, you know, be more lax on language laws cause they were the PQ. It isn't it... I mean, I thought it was incredible they would say something like that. But he admitted that. He said: You know, we can be more lax.
Mme Legault, you may remember, admitted in a column that she was asked to rewrite a report on language by the PQ Government, because it was too critical of the English language or whatever. I mean, it's... When the PQ speaks on this issue, it's very interesting to observe what they do and what they actually say.
Now, of the issue of language, there is certainly a strong consensus in Québec that it is hard... it was earned over the years to the effect that we need to defend our language and culture, everyone agrees on that. It is... This is something that will never be totally achieved; it's something that we will need to work at for every generation of Quebeckers and to be very vigilant on. And we are going to be very vigilant in the implementation of our laws and in the respect not only of the letter of the law, but of the spirit of the law.
Le Modérateur: Marianne White, Postmedia.
Mme White (Marianne): Hi, Premier. Can you talk about what's on your plate for 2012? You talked about the project that you'd like to see happen in 2012, you mentioned the Canada-European trade talks. Can you tell us if you'd like to see that happen before or after an election?
M. Charest: On 2012, it would be about the economy, it will be about the economy, it will be about the economy. And... Did I mention economy? It will be about the economy. What I see is a period of some uncertainty as we are witnessing in Europe and in United States. For that reason, we are going to be very attentive to what we need to do. We are going to look at what we need to do in 2012 to respond to whatever this uncertainty brings to our economy here, in Québec. Yes, Canada-Europe is a part of that. We need to have access to markets. It's that... It's a very simple proposition. We are a small internal market of 8 million people. Even Canada, at 34 million people, Canada is a very small internal market. You know, when I go to India, in India, they increase their population every year by 30 million people. We are 34 million people in Canada. So, at one point, this isn't, you know, great science, either we have access to markets and we prosper or we don't and we don't prosper. To have better prosperity, I also want the Plan Nord to be continuing its implementation, and there is a lot to do in that respect. It's a magnificent initiative, it will have as much impact on this generation of Quebeckers as La Manic did for my grandparents and the Baie-James had for my parents. And I see that as one of the great economic and social projects for the future of Quebec.
Mme White (Marianne): Do you see the need to go to the polls to ask Quebeckers to give you another mandate to tackle those issues?
M. Charest: Well, we have two years left in our mandate and, when we feel that we need to renew that mandate, we'll go to the polls.
Le Modérateur: Elysia Bryan-Baynes, Global.
Mme Bryan-Baynes (Elysia): Premier, last year, there was cloud of suspicions surrounding construction, and this year seems to be around day care. Why do you think your party has had a hard time getting out from a cloud of suspicion?
M. Charest: Well, the opposition parties have decided to make this an issue, and there's a lot of inflation, verbal inflation around this, frankly, and hypocrisy, to tell you the truth. We were in a situation where there was a lot of demand because the birth rate has gone up, which is good news. We responded to that, and there were criteria, and we respected the law. The Auditor General says: The law was respected.
Now, the system was not optimal, and we changed it. We didn't wait for the Auditor General's report to do that, we had changed it before. And now the opposition party members who were writing in letters saying: Give me places in day-care for this place and that place, are now the same people who are saying: You shouldn't have made that decision, including François Legault, including Mr. Girard, the MNA for Gouin. There's a word for that. It's called «hypocrisy».
Mme Bryan-Baynes (Elysia): And what do you say to those - for my second - who say that you and your party are the safe haven for anglos, the protectors of anglos to the detriment of protecting the French language and culture?
M. Charest: There is no contradiction between being in Québec and being what one may describe as being either an anglophone, or an allophone, or a francophone. The truth of the matter is: if you are a Quebecker, you believe in the importance of the French language and culture as a source of our identity and who we are. And of the magnificent, I think, accomplishment of Québec, who, after 400 years, has preserved its language and culture, I think it's one of the... I think it's a beautiful story. And there is no contradiction in one or the other, there is none. And I regret when people are persuaded or would like to have others believe that you're less of a Quebecker because you either speak English or another language. That's just not the case.
Le modérateur: Rhéal Séguin, Globe and Mail.
M. Séguin (Rhéal): Premier, what's you assessment of the direction Stephen Harper is taking in the country?
M. Charest: Well, the economy is our big issue for all of us, and that does include the federal Government. They are in the beginning of their mandate. The preoccupation we will have, Rhéal, as we look ahead, in 2012, will be the issue of transfers to the provinces. There were commitments made during the federal election campaign, and the federal Government would respect the agreements. Some of them are coming up for renewal in 2014. We have a view that is quite simple. Let's take health care, for example. The real issue on health care isn't whether or not there should be an increase of 6% a year in agreement because frankly, and there's a reason for that, that is not just a capricious number or arbitrary numbered, it's because that's the amount for which the cost increase year after year because of our demography. But the real issue is: The federal Government, when they launched national health care programs, plural, they were funding 50% of it.
The federal Government, in the beginning of the year 2000, asked Roy Romanow to produce a report on health care, who came down with a recommendation that said: You know what? The federal Government should fund at least 25% of the health care funding of Canada, which is already half of what they were doing when they pulled the provinces in the health care programs. The real question is: Why is the federal Government today funding 20%? And on that issue, we are going to be clear on one thing: we need to look at all federal transfers.
So, let's be very honest here, we are not in a world where we are going to be brought into an agreement that says: Well, we will increase health transfer 6% a year in this agreement, but you know what? We'll cut you 30%, or 20%, or 6% in the other agreements. At the end of the day, we need to look at the whole, not just a part, and will be a big part of 2012, as we move ahead to renew these agreements.
M. Séguin (Rhéal): When you are looking at the whole, your Justice Minister hit a brick wall on C-10, your Public Security Minister hit a brick wall on the long gun registry. We've seen this in a number of issues debated in Ottawa, that's seem to go against some of the fundamental social values that you party and other parties have defended here. Where do you think Stephen Harper is taking the country on that front? And do you... do you have any concerns about where this country is going?
M. Charest: Rhéal, and on that issue, Québec wasn't the only one to express reservations, Ontario did, other premiers did, and other citizens of Canada also, and I want to stress that, because there are some in the PQ that would like to have us believe that only Québec... it's Canada against Québec. As all of us know, the world doesn't work that way. There is a government in Ottawa that has a view, and they campaigned on and said: We will do this. On the long gun registry, our view is pretty straightforward. They campaigned on it; they said they would do it. Fine. There's a registry, we all paid for it, just transfer the information over to us so that we can, in reasonable circumstances, continue the work that had been done. And that's a pretty straightforward proposition, pretty simple; difficult to understand why that would not be done.
Now, on all the other issues with the federal Government, we did come to an agreement on the HST; on Old Harry, we also came to a historic agreement. So there are progresses being made. On some issues, though, there are disagreements. And when there are some, we'll express them very clearly.
Journaliste: Merci.
M. Charest: Merci beaucoup. Joyeux Noël et bonne année.
(Fin à 17 h 7)