(Huit heures cinquante minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Journaliste
: …
M. Nadeau-Dubois : Pas de
problème. Content d'être de retour à l'Assemblée nationale aujourd'hui. Ce
matin, je veux vous parler de la pandémie dans la pandémie. Il y a, au Québec,
une pandémie dans la pandémie. Le Québec est au cœur d'une crise historique en
santé mentale. Le confinement, les quarantaines, les couvre-feux, ça a laissé
des traces, ça a laissé des cicatrices sur la santé mentale des Québécois puis
des Québécoises. En fait, la pandémie a eu l'effet d'un tremblement de terre
sur la santé mentale des gens au Québec, de toutes les générations, mais
particulièrement les plus jeunes.
La CAQ se vante d'avoir un plan de
rattrapage pour les chirurgies. Il nous dit qu'il devrait faire ça en deux, trois
ans, c'est très bien. Mais où est le plan de rattrapage en santé mentale? Le
Québec a besoin d'un plan de rétablissement collectif en matière de santé
mentale, et la CAQ échoue systématiquement à réduire les listes d'attente en
santé mentale depuis le début de la pandémie. Quand Lionel Carmant a fait ses
belles annonces, il y a quelques mois, la liste d'attente était autour de 16 000
personnes. Aujourd'hui, il y a plus de 20 000 personnes qui attendent des
soins de santé mentale au Québec. La liste d'attente s'est allongée, alors que
la CAQ avait promis de la réduire, voire de l'éliminer. C'est un échec
injustifiable de la CAQ.
La santé mentale, c'est l'angle mort, c'est
un des principaux angles morts de la CAQ en matière de santé. Puis, à Québec
solidaire, on a un plan pour remédier à cette situation-là, on en a fait
récemment l'annonce avec notre candidate dans Saint-François, Mélissa Généreux.
Nous, on va embaucher 900 psychologues, on va bonifier leur salaire de 30 %
pour les attirer dans le secteur public puis on va ajouter 1 000 autres
professionnels de la santé mentale. C'est des investissements historiques de
280 millions de dollars pour faire face à une crise historique en matière de
santé mentale. C'est notre engagement. Nous autres, la santé mentale, on va
prendre ça au sérieux.
Journaliste
: M.
Nadeau-Dubois…
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser mon collègue...
M. Zanetti : On apprenait
aujourd'hui que, finalement, les maisons des aînés, ça va être encore retardé,
ça va coûter encore plus cher que prévu. C'était une catastrophe annoncée, là. Ce
projet-là, c'était vraiment un mirage pour faire rêver des électeurs. Mais,
avec tout ça, la CAQ nous a fait perdre quatre ans.
Ce n'était pas un projet qui tenait compte
des besoins des aînés du Québec puis des besoins aussi qu'on va avoir avec l'évolution
démographique dans les 10 prochaines années. On calcule qu'environ, là… en
2031, il y aura environ deux fois plus d'aînés au Québec. Ça nous donne moins
de 10 ans. C'est énorme. Imaginez à quel point on n'est pas prêts pour ça. Si
ça arrivait du jour au lendemain, avec le système actuel, des catastrophes
comme Herron, il en arriverait souvent, avec même pas de pandémie.
À Québec solidaire, nous autres, on n'aurait
pas perdu quatre ans, on aurait investi massivement dans les soins à domicile.
C'est ça, la solution. Les maisons intergénérationnelles aussi, c'est quelque
chose d'extrêmement important.
Le prochain mandat, là, les gens le
disaient hier aux états généraux sur les conditions de vie des aînés, le
prochain mandat de quatre ans, c'est le dernier où il sera encore possible de
faire le virage dont on a besoin d'ici 2030-2031. Et la CAQ, clairement, nous a
montré qu'ils n'avaient pas ça dans leurs cartons puis que ce n'est pas là qu'ils
s'en allaient. Alors, c'est extrêmement grave.
Journaliste : ...
M. Zanetti : J'ai juste une dernière
intervention sur le troisième lien, j'ai une blague pour vous. Alors, combien
ça prend de pages de document à un gouvernement caquiste pour faire une
première pelletée de terre sur un projet d'infrastructure de 7 milliards? 10.
Voilà. C'est ça.
Journaliste
: Elle
était drôle.
M. Zanetti : Quand même.
M. Nadeau-Dubois : Elle est
bonne. Moi, je la trouve excellente.
M. Laforest (Alain) : M.
Nadeau-Dubois, juste sur… Vous avez été très critique à l'endroit de l'UPAC au
fil des ans. Et là on apprend que Martin Prud'homme retourne au service de
police de Montréal. C'est comme quelqu'un qui a été mis sur pause pendant
plusieurs années. Qu'est-ce que vous pensez de tout ça puis des résultats de ce
que ça a donné, l'UPAC, au fil des ans?
M. Nadeau-Dubois : M. Prud'homme
était à la SQ, si je ne me trompe pas, récemment.
M. Laforest (Alain) : Mais là
il s'en va au SPVM.
M. Nadeau-Dubois : Oui, là,
il s'en va au SPVM. Honnêtement, je n'ai pas énormément de commentaires à faire
sur cette question-là. La ville de Montréal... Bien, en fait, M. Prud'homme a
postulé, la ville de Montréal a jugé que c'était la meilleure personne.
Moi, ce que je souhaite, c'est qu'à
Montréal on ait une vision de la sécurité publique qui soit large puis qui s'attaque
aux racines des problèmes de sécurité publique qu'on a à Montréal, puis ça, c'est
notamment l'exclusion sociale, la marginalisation de certains groupes. Moi, je
souhaite... à Québec solidaire, on souhaite une approche qui fasse place
notamment au milieu communautaire. Ça fait que, moi, c'est ce que je souhaite
pour ce qui est de la ville de Montréal, puis c'est pas mal les commentaires
que j'ai à faire sur la question.
M. Lacroix (Louis) : Sur
l'avortement, ce qui se passe aux États-Unis, M. Nadeau-Dubois, il y a la
moitié des États, là, qui pourraient déclarer l'avortement illégal, et ça
risque d'avoir un effet sur nous, parce qu'au Canada cette question-là, en tout
cas, pour l'instant, est réglée, là, et donc ça pourrait pousser des femmes à
venir au Canada pour subir des avortements, et même au Québec également. Comment
il faut réagir face à cette possibilité-là, à votre avis? Est-ce qu'il faut
ouvrir les portes? Est-ce qu'il faut encourager leur venue? Comment est-ce qu'on
doit réagir à ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, c'est important pour moi de dire que je trouve ça extrêmement
inquiétant, ce qui se passe aux États-Unis. C'est un rappel brutal, c'est un
rappel brutal que les droits des femmes ne sont jamais définitivement acquis.
Il faut les défendre, il faut être vigilant, il faut continuer de lutter,
notamment nous, les hommes, aux côtés des femmes et derrière les femmes pour
défendre ces droits-là. Ces batailles-là ne sont jamais terminées. Moi, je ne
pensais pas ça voir de mon vivant. Je pense que ma génération pensait que ces
débats-là étaient conclus. Et la menace de cette décision de la Cour suprême, c'est
un rappel brutal que les droits des femmes, comme les droits de bien des
groupes dans la société, il ne faut jamais prendre ça pour acquis puis il faut
continuer de batailler. Maintenant, ce qu'on demande...
M. Lacroix (Louis) : …
M. Nadeau-Dubois : Pour votre
question, maintenant, à Québec solidaire, on demande au gouvernement du Québec
d'évaluer les impacts de cette décision-là sur le Québec. Est-ce qu'il y aurait
demandes de femmes américaines pour venir subir des avortements ici? C'est une
excellente question. Il ne faut pas exclure du tout de venir en aide à ces
femmes-là, mais, avant d'aller plus loin, il faut une évaluation chiffrée
sérieuse des impacts potentiels de cette décision-là sur le Québec. La décision
est attendue encore dans plusieurs semaines. On a donc le temps de faire cette
évaluation-là, et c'est important de le faire, parce qu'il ne faut pas exclure
la possibilité de devoir venir en aide à ces femmes. Je pense, c'est un devoir
de solidarité qu'on a.
Ceci étant dit, s'il faut faire preuve de
solidarité, il faut aussi s'assurer que les femmes du Québec ont un accès
équitable et complet à l'avortement, ce qui n'est pas le cas au moment où on se
parle. Dans plusieurs régions, l'accès est trop difficile.
M. Lacroix (Louis) : ...c'est
ça, des Québécoises. Parce qu'évidemment nos cliniques, notre système actuel a
une certaine capacité qui pourrait être débordée, là.
M. Nadeau-Dubois : Exact,
exact. C'est pour ça qu'il faut... C'est pour ça, moi, je dis : Sur le
plan des principes, on a un devoir de solidarité, mais, en même temps, il faut
garantir l'accès des femmes québécoises aux soins d'avortement parce qu'en ce
moment il y a déjà des défis d'accès dans plusieurs des régions du Québec. Il
faut concilier ces deux choses-là, puis la manière de le faire, c'est de d'abord
évaluer quel sera les impacts de la décision américaine sur le Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
pour autant que ça ne nuise pas à l'accès ici, au Québec...
M. Nadeau-Dubois : Je pense
que c'est une évidence, oui, tout à fait.
M. Gagnon (Marc-André) : ...vous
trouvez ça correct, là, de penser que le Québec pourrait devenir une espèce de…
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, on est tout à fait prêts, à ce stade-ci, à l'envisager. Ceci étant dit,
la première étape, c'est quoi? C'est d'évaluer les impacts de cette décision-là
sur le Québec. Lorsqu'on aura ces données-là, on pourra voir comment on
concilie solidarité envers les femmes américaines et traitement équitable et
prioritaire des femmes québécoises.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
pensez quoi de ce qui s'est passé hier à Ottawa? On a vu que le Bloc a essayé
de rallier tout le monde autour d'une motion, ça n'a pas été possible.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
ça aussi, c'est un rappel. Ça aussi, c'est un rappel que, même ici, au Canada,
même ici, au Québec, il y a des gens qui veulent qu'on recule sur les droits
des femmes, sur le droit des femmes à disposer de leur corps. Moi, ça me fout
la trouille. Ça me fout la trouille notamment comme nouveau papa d'une petite
fille. Et puis ces rappels-là doivent nous mobiliser, pas juste nous faire
peur.
M. Gagnon (Marc-André) : …du
Parti conservateur.
M. Nadeau-Dubois : Pardon?
M. Gagnon (Marc-André) : Dont
un des candidats du Parti conservateur.
M. Nadeau-Dubois : Oui,
tout à fait, dont un des candidats du Parti conservateur.
M. Lecavalier (Charles) : Donc,
on n'est pas à l'abri, au Canada, vous pensez, d'un pareil recul?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense qu'il n'y a aucun pays dans le monde qui, par essence, est à l'abri de
ces reculs-là. Il y a, au Canada, des élus, dans des partis politiques, qui
veulent nous faire reculer. Donc, non, le Canada, le Québec ne sont pas à l'abri.
Et je ne dis pas ça pour être alarmiste, je dis ça pour rappeler qu'il faut se
mobiliser, comme société, pour défendre les droits des femmes, pour défendre
les droits de plein de groupes dans la société. Puis, des fois, on se dit :
Ah! c'est fini, ces affaires-là, on prend ça pour acquis. Quand on voit des
décisions comme ça, de la Cour suprême américaine, on se dit : Oui,
finalement, non. Non, ces batailles-là, il faut continuer à les mener, puis il
faut rester vigilant, puis il faut rester solidaire.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
sur le plan moral, que le Québec devienne peut-être une espèce de... j'allais
dire, de «safe haven», là, pour les femmes américaines qui viendraient se faire
avorter chez nous, vous n'avez pas de problème avec ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
on n'est pas rendus là. La première étape, je le disais, c'est d'évaluer les
impacts de cette décision-là sur le Québec. C'est possible de le faire. Nous, c'est
ce qu'on demande au gouvernement du Québec, de le faire. Il y a un consensus
social fort, au Québec, sur le fait que le droit des femmes à disposer de leur
corps, il est partagé largement. Donc, sur la base de ce consensus-là, je pense
qu'on peut évaluer la situation, voir quels seraient les impacts potentiels.
Puis, je vous le dis, nous, on n'exclut pas la possibilité de devoir venir en
aide à ces femmes-là, tout en s'assurant d'un traitement équitable et
prioritaire des femmes québécoises.
Mme Plante (Caroline) :
...la même demande que le Parti libéral pour qu'aucun candidat aux prochaines
élections ne soit provie?
M. Nadeau-Dubois : En
fait, c'est une demande de Québec solidaire. C'est ma collègue, Manon Massé,
qui a formulé ce souhait et formulé cette demande le 8 mars dernier dans
le cadre d'une lettre ouverte qui a été publiée dans certains journaux. Donc, nous,
à Québec solidaire, on s'attend à ce que les partis politiques au Québec
défendent le consensus social québécois que les droits des femmes, c'est non
négociable, puis que le droit des femmes à disposer de leur corps, c'est non
négociable. Puis je pense que c'est un test pour l'ensemble des partis
politiques qui aspirent à gouverner au Québec.
Mme Plante (Caroline) : Donc,
le Parti conservateur devrait exclure son candidat provie?
M. Nadeau-Dubois : Je
m'en remets là-dessus au chef du Parti conservateur, M. Duhaime. Et ce
sera à lui de justifier pourquoi il présente, au Québec, en 2022, des gens qui
ont comme conviction de faire reculer le droit des femmes à disposer de leur
corps.
M. Gagnon (Marc-André) : Concernant
les bonis des sociétés d'État, est-ce que vous trouvez ça normal qu'on continue
d'augmenter les prix, mois après mois, à la SAQ, mais qu'on continue de donner
de généreux bonis à la direction? Il y en a aussi du côté de Loto-Québec.
M. Nadeau-Dubois : Quand
j'ai lu cette nouvelle-là, je me suis dit : Il y en a qui ne sont pas
gênés, hein? Il y en a qui ne sont pas gênés. L'inflation n'a jamais été aussi
forte en 30 ans. Les gens ont de la misère à remplir leur panier
d'épicerie, à payer la facture d'Hydro, à payer le loyer, à payer le plein
d'essence, puis, pendant ce temps-là, dans nos sociétés d'État, il y en a qui
se donnent des bonis de plusieurs millions de dollars. Moi, je trouve ça
indécent. Puis j'aimerais ça savoir ce que François Legault en pense. Est-ce
qu'il trouve ça juste, en pleine crise du coût de la vie, que, dans les étages
supérieurs de nos sociétés d'État, on sabre le champagne comme ça? Est-ce qu'il
trouve ça juste? Pourquoi est-ce qu'il laisse ça faire? Moi, je trouve ça
indécent. Puis je lui demande d'intervenir pour éviter que ça se produise.
M. Laforest (Alain) : Ça
fait que M. Emond gagne trop cher?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense qu'en pleine crise historique de l'inflation, alors que tout le monde
au Québec, toute la classe moyenne se serre la ceinture, là, et fait des
compromis sur ce qu'ils mettent dans leur panier d'épicerie, nos sociétés
d'État et la Caisse de dépôt et de placement du Québec devraient faire preuve
d'un petit peu plus de retenue et de gêne.
M. Robillard (Alexandre) : ...pour
des pertes. C'est ça, dans le fond, le 3,9 millions de M. Emond,
c'est qu'on lui a consenti une somme qui vise à compenser des revenus dont il
se prive en quittant son poste. Ça, comment vous composez avec ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
la Caisse de dépôt et de placement du Québec, on l'oublie parfois parce qu'elle
ne se comporte pas toujours de la sorte, c'est une institution qui est publique
puis qui devrait servir le bien commun au Québec, et être à la tête de cette
institution-là, ça implique de se mettre du côté du service public puis du bien
commun. Et, oui, ça vient avec certains sacrifices financiers. Et, non, on ne
fera pas compétition aux grandes banques internationales.
Journaliste
: Donc, il
aurait dû laisser 3,9 millions sur la table?
M. Robillard (Alexandre) : J'aimerais
juste enchaîner, parce que, là, ce que vous dites, c'est… Parce que cette
pratique-là est quand même généralisée dans plusieurs sociétés d'État, là, où
on compense... Donc, ça, est-ce que ça devrait être exclu ou est-ce que ça
devrait être... Le gouvernement devrait interdire ça?
M. Nadeau-Dubois : Je
vais vous donner un exemple d'une société d'État où il n'y a pas de boni de
performance : la SQDC, qui fait pourtant d'excellents résultats à chaque
année. Donc, ce n'est pas vrai que ça existe dans toutes les sociétés d'État.
Il y a moyen d'avoir des sociétés d'État qui fonctionnent, qui font leur
travail et qui rendent leurs services à la population sans boni de performance.
La SAQ, là, les bars ont été fermés la
moitié de l'année. Ce n'était pas difficile de vendre beaucoup de vin, là.
M. Lacroix (Louis) : Oui,
mais là c'est un revenu compensatoire pour... parce qu'il a quitté un job où il
aurait eu, dans le temps…
M. Nadeau-Dubois : C'est son
choix.
M. Lacroix (Louis) : …selon
les termes du contrat qu'il avait, 3,9 millions, puis on lui a compensé.
Alors, est-ce qu'il aurait dû laisser cet argent-là sur la table, à votre avis?
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense qu'on n'a pas besoin d'offrir des rémunérations aussi extravagantes
pour attirer des talents de qualité. Il y en a, du monde, au Québec, des
gestionnaires de qualité qui vont venir travailler à la Caisse de dépôt et de placement
du Québec, qui vont se mettre au service du Québec sans exiger, sans exiger des
rémunérations aussi extravagantes. Je pense que c'est possible.
M. Robillard (Alexandre) : …aurait
dû offrir ça? Puis est-ce que…
M. Nadeau-Dubois : Non,
je pense qu'on ne devrait pas faire ces offres-là.
M. Lacroix (Louis) : O.K.,
mais, lui, est-ce qu'il aurait dû refuser, moralement, comme...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
écoutez, à partir du moment où on lui offre cet argent-là, lui, il l'a accepté,
c'est sa décision. Mais moi, je pense qu'on peut attirer des gens de qualité
dans nos sociétés d'État sans offrir des rémunérations aussi extravagantes que
ça. Et je vous donne un exemple d'une société d'État, la SQDC, où il n'y a pas
de boni de performance et qui fait pourtant d'excellents résultats.
M. Laforest (Alain) : ...c'est
420 milliards à la Caisse de dépôt. Teachers est à 242 milliards puis
donne 5,7 millions. C'est le marché, là.
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je pense que c'est possible d'attirer des gens de qualité au Québec. Des
gestionnaires de qualité, il y en a plein dans notre secteur public qui sont
capables d'occuper ces fonctions-là sans engager des rémunérations aussi
extravagantes. Moi, je...
M. Laforest (Alain) : ...un
salaire décent, à la caisse, c'est moins que le premier ministre…
M. Nadeau-Dubois : Je n'ai
pas dit ça. Moi, je vais vous dire c'est quoi, notre proposition pour les
sociétés d'État. Nous, on pense que, pour les sociétés d'État, le ratio devrait
être de un pour 10, c'est la proposition de Québec solidaire depuis des années.
Donc, entre le plus bas salarié puis le plus haut salarié, il devrait y avoir
un rapport de un pour 10, pour s'assurer que, si on veut donner des
augmentations aux gens en haut de l'échelle, bien, qu'on en donne aussi, des
augmentations, aux gens en bas de l'échelle.
M. Lecavalier (Charles) : Juste
pour finir avec M. Emond, qu'est-ce que vous avez pensé de son attitude hier,
là? Il dit que Valérie Plante a fait une volte-face sur le REM, d'ailleurs,
qu'on ne peut plus utiliser ce nom-là parce que c'est une marque déposée de la
caisse.
M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai
des petites nouvelles pour M. Emond, là. On vit dans une démocratie, ce sont
les citoyens et leurs élus qui décident ici, pas les gestionnaires de fonds
d'investissement. Le transport collectif, c'est un service public; c'est aux
pouvoirs publics à le développer. Et je l'invite à ravaler son orgueil et à
arrêter de pointer du doigt les élus qui font leur travail en s'assurant que
les projets de transport collectif répondent aux besoins des gens. Parce que
c'est ça, le but d'un projet de transport en commun, petit rappel, répondre aux
besoins des gens, pas générer des rendements.
M. Gagnon (Marc-André) : Autre
dossier de transport, M. Zanetti, il y avait l'étude des crédits budgétaires,
hier, là, dans les transports. Est-ce que vous estimez que le gouvernement a le
devoir de rendre des comptes à nouveau, au moins une dernière fois d'ici
l'élection, concernant le projet de troisième lien?
M. Zanetti : Bien, c'est
clair, là. C'est une aberration totale de dire : Nous allons faire une
première pelletée de terre sur un projet de 7 milliards, on a un document de 10
pages à vous présenter, qui contient, en plus, des images. Moi, quand j'étais
en secondaire IV, j'ai fait un travail d'à peu près 10 pages sur la rébellion
des Patriotes, puis il n'y avait même pas d'image. Puis je n'ai pas fait de
pelletée de terre sur un projet d'infrastructure de 7 milliards après ça.
C'est quand même incroyable. En quatre
ans, ce projet-là est encore au stade de maquette. Il faut qu'ils l'abandonnent
puis qu'ils arrêtent d'essayer de gagner des votes une dernière fois avec ce
projet-là.
M. Gagnon (Marc-André) : Puis,
en même temps, le document de 10 pages en question, c'est un argumentaire, ce
n'est même pas un document sur le projet en question, là, c'est-à-dire, sur la
maquette ou…
M. Zanetti : Oui, je sais,
c'est… On est généreux quand on appelle ça que c'est un document. Mais c'est
quand même fou, tu sais, c'est drôle puis pas drôle, là, c'est comme... c'est
qu'on est rendus au stade d'en rire tellement ça n'a pas d'allure. Mais ça n'a
pas de bon sens, de faire ça, c'est complètement irresponsable, puis je pense
que les gens vont s'en rendre compte, tu sais. Ce gouvernement-là fait des
projets d'infrastructure de 7 milliards sur des napkins, là, tu sais, puis, je
veux dire, ils vont nous redonner des nouvelles dans un an. Ça, c'est si tout
va bien pour eux. Mais, je veux dire, ça n'a pas de bon sens, c'est
complètement inacceptable. C'est un manque de transparence, là, hallucinant.
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
justement, M. Bonnardel a dit hier, puis je vais le citer, il dit : «Je
serai transparent jusqu'au bout — donc, il y aura une mise à jour au
printemps — d'ici là, on sera sûrement capables de vous donner des
infos.» C'est ça qu'il a dit. Donc, est-ce qu'il a le devoir de le faire? Je me
souviens de Véronyque Tremblay, entre autres, au mois d'août, un mois avant la
campagne électorale, qui avait fait une grande présentation, un spectacle,
même, à L'Anglicane, là. Est-ce qu'il faut faire ce genre d'exercice?
M. Zanetti : Bien, l'idée,
c'est de donner les faits aux gens, de montrer les études sur lesquelles ils se
basent pour faire les choses, s'il y en a. Parce que je ne peux pas croire que
n'existe que ce qu'ils disent qui existe, là, l'étude de Bruno Massicotte, qui,
lui-même, dit qu'elle est désuète puis un document de 10 pages qui nous montre
une étude d'opportunité qui serait peut-être en route. Tu sais, je veux dire,
je ne peux pas croire qu'il y a juste ça. Il faut qu'ils nous montrent tous les
chiffres, il faut qu'ils nous montrent toutes leurs études, il faut qu'ils nous
montrent tous leurs papiers.
Parce que, sinon, là, ce de quoi ça a
l'air, là, c'est que, finalement, ils en ont honte. Tu sais, on se cache quand
on a honte, là, bien, c'est ça qu'ils font. Là, en ce moment, ils se cachent
puis ils disent : On va vous donner plus d'informations dans un an. Tu
sais, c'est vraiment rendu un boulet pour eux autres, là, puis ils savent que,
chaque fois qu'ils font une annonce là-dessus, ils se font ridiculiser puis ils
perdent des appuis. L'appui au troisième lien n'arrête pas de chuter. Ça fait
que la raison pour laquelle ils ne sont pas transparents, c'est parce que c'est
un boulet puis, à chaque fois qu'ils en donnent plus, ça recule. Et là ils
veulent arrêter l'hémorragie avant les élections puis ils veulent maintenir le
rêve, mais c'est complètement irresponsable.
M. Duval (Alexandre) : Rapidement,
sur le masque, on va le laisser tomber dans une dizaine de jours. Il y a quand
même des experts, ce matin, qui manifestent des craintes, qui disent que c'est
plus pour satisfaire la population que pour des vraies raisons de santé
publique. Vous logez où là-dessus aujourd'hui?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
nous, on va d'abord s'en remettre, bien sûr, à la Santé publique. Moi, je
m'attends à ce que la Santé publique explique sa décision et donne des conseils
aux Québécois, aux Québécoises. Je pense que tout le monde a compris qu'on
était dans une nouvelle phase de la lutte contre la pandémie. Tout le monde a
compris que le temps des confinements était révolu. Mais vivre avec le virus,
ça ne veut pas dire ne rien faire, et surtout ça ne veut pas dire laisser les
gens sans repère et sans boussole. Donc, moi, ce à quoi je m'attends de la part
de la Santé publique, c'est qu'elle nous donne des recommandations et des conseils
sur quelles sont les bonnes pratiques en matière de protection respiratoire
contre le virus.
Mme Senay (Cathy) :
But what do you make of peer pressure
or even, like, your neighbors telling you, after mid-May : Why are you
still wearing the mask? I mean, you have pressure if you want to continue to
wear it.
M. Nadeau-Dubois : That's why it's important for public health authorities to
communicate clearly to Quebeckers what are the good practices, what are the good ways to protect
ourselves from the virus. You know, living with the virus does not mean doing nothing and not
protecting ourselves. We still have to be careful, and that's why I expect Mr.
Boileau to give clear advice to Quebeckers on how to protect themselves.
Mme Senay (Cathy) :
Especially that, starting this Friday,
P.E.I. will lift its mask mandate. So, after that, Québec is on its own.
M. Nadeau-Dubois : I think we all understand that we've entered a new phase of the
pandemic. We all understand that we have to live with this virus, but that does
not mean doing nothing to protect ourselves and that does not mean just no
communication with the population in order to give them advice on what are the
good practices to protect themselves. We still, as elected officials, have that
responsibility, and the first responsibility falls on the shoulders of the public
health authorities and Mr. Boileau in particular.
Mme Senay (Cathy) : Regarding abortion and the fact that Canada, Québec may receive
patients for abortions from the US, what are you asking this morning
especially?
M. Nadeau-Dubois :
Well, we're asking Mr. Legault and his Government to evaluate the potential impacts
of a US Supreme Court decision on Québec. We need to know what the impacts will be here, will some American
women find shelter here. If it's the case, we have to be ready. And, at Québec solidaire, we're not excluding the
possibility to help them, but first we have to evaluate the impacts and we have
to make sure that Québec women also have a fair and complete access to
abortion, which is, right now in Québec, not always the case, not in all regions.
Mme Senay (Cathy) : And the Conservative Party of Québec candidate, Dr. Roy Eappen, he is pro-life, and he said that he
would not act on changing the legislation, but, basically, trying to convince
people of what pro-life means. And the Québec Conservative Party's position on abortion is still pro-choice. So,
I mean, you have to be careful with what you say about Dr. Roy Eappen. You
still need to send a warning to Quebeckers?
M. Nadeau-Dubois :
What I think is that no country, no
nation is absolutely protected from the rights of women going backwards. You
know, this is what we have to learn from that potential US Supreme Court
decision. We have to keep fighting for those rights, we have to keep defending
them. And I'm not saying this to alarm people, I'm saying this because it's a
fact and because, we have to remember, those fights are never definitively won,
and it's the case for the rights of a lot of people in our society. You know, history does not walk in
a single direction. It's possible for societies to go backwards, we have seen
this in history. And that's why we have to be careful, that's why we need to
keep fighting, and that's why we're asking, at Québec
solidaire, every political party in Québec to make sure they are not putting on
the ballot potential MNAs that will want for Québec to go backwards on that issue.
Mme Henriquez
(Gloria) :
I
wanted to ask you about Martin Prud'homme. Do you think it's… You know, after
everything that happened, do you think the nomination that he's about to
receive is…
M. Nadeau-Dubois :
Honestly, I don't have a lot to comment
on that issue. I mean, it's… Mr. Prud'homme decided to apply to that function,
the «ville de Montréal» decided
to give it to him. What I hope for Montréal and for public safety in Montréal is that we will have an approach that valorizes community groups
and that addresses the root causes of public safety issues in Montréal, which is poverty, which is social
exclusion. Those are the things that should be put in forefront of our fight
against, for example, firearms problems in Montréal.
Mme Henriquez
(Gloria) :
I
also wanted to ask you about the ombudsman of Montréal. There's a report that just came out talking about a humanitarian
crisis in the Milton Park area regarding homelessness, especially within the
indigenous community. And they're saying essentially that the stakeholders
operate essentially in an accountability vacuum, everyone passes the buck, and
there's not enough funding coming into these community organisations that can
be a solution…
M. Nadeau-Dubois : Well, honestly, I haven't seen that specific report, so I will not
comment specifically on the report. But I'm aware of the issue in the Milton
Park area, I'm aware of the tensions it creates in the neighborhoods. And, you know, what I will say is that the scenes
that we're seeing, as Montrealers, when we pass by, are not worthy of a rich society like Québec. This should not be happening. Those people have a right to
dignity. They have a right to be taken care of with respect, dignity and in a
specific way, because they are in a very specific situation. And everyone in Québec who doubts that we need to work with
the First People to create a new society, everyone who doubts the necessity of reconciliation with the First
People, my advice for them is to go and walk through that area. We are seeing there
the impacts of decades and decades of colonialism in Québec and in Canada, and
we need to find solutions to this. And I will, of course, look for the report
specifically.
Mme Senay (Cathy) : One last question about Charles Emond and what he said yesterday
about the... the REM de l'Est and, you know, the volte-face of Valérie Plante. Was it selfish, as a comment?
M. Nadeau-Dubois :You know, I have
news for Mr. Emond, we live in a democracy, and, in a democracy, citizens and
their elected officials decide. Public transit should be public. So, public
officials should decide which project is a good project and which project is a
bad project. So, I invite him to take a step back and respect the decisions of
elected officials and of the citizens themselves who found that his project,
the REM de l'Est, was not giving good service to Montrealers from the east of
the island. Merci. Thank you.
(Fin à 9 h 18)