(Quinze heures douze minutes)
M. Legault : Donc, bonjour,
tout le monde. Bien, écoutez, c'est une journée importante, et puis je suis
avec Simon Jolin-Barrette, je suis très fier de lui, très fier de son travail,
très fier de l'adoption de ce projet de loi n° 96. C'est la première fois,
depuis 45 ans, qu'on fait une modification majeure à la Charte de la
langue française, donc, qui avait été adoptée en 1977. C'est important pour moi
parce que je suis le seul chef d'État, en Amérique du Nord, qui représente une
majorité de francophones, c'est donc mon devoir, ma responsabilité de protéger
et promouvoir le français. Puis c'est ce qu'on fait avec le projet de loi... la
loi, on va dire maintenant, la loi n° 96.
Je veux revenir sur quelques points, dans
la loi n° 96, qui, à mon avis, sont importants. Première chose : le
français, langue de travail. C'est certain que c'est un signal très fort qu'on
envoie quand on dit, entre autres, aux nouveaux arrivants : Bien, pour
travailler, pour gagner votre vie, au Québec, il faut parler français. Donc,
français, langue de travail, c'est incontournable. Et, jusqu'à présent, donc,
depuis l'adoption de la loi 101, il y avait seulement les entreprises de
50 employés et plus qui étaient assujetties à la Charte de la langue
française. Or, avec la loi n° 96, toutes les
entreprises de 25 à 49 employés sont maintenant assujetties à la Charte de
la langue française. Puis, toutes les entreprises qui sont à charte fédérale,
comme les banques, là, c'était quand même incroyable de penser que ces
entreprises-là n'étaient pas assujetties à la loi 101, puis on n'a pas
besoin du gouvernement fédéral pour le faire, donc on le fait avec la loi n° 96. Donc, c'est un signal très fort qu'on envoie à tout
le monde : pour travailler au Québec, il faut parler français. Donc,
français, langue de travail, c'est ce qu'il y a de plus important.
L'élément qui a fait que, d'un côté, le
Parti libéral et, de l'autre côté, le Parti québécois, pour des raisons
opposées, s'opposent à la loi n° 96, c'est la mesure
qu'on met en place dans les cégeps. Bon, c'est important de rappeler le
contexte. Au Québec, les anglophones, ceux qu'on appelle les ayant droits, ça
veut dire ceux dont les parents sont allés à l'école en anglais au Canada, ces
anglophones représentent 9 % de la population. Or, quand on regarde les
places dans les cégeps, 17 % des places dans les cégeps sont dans des
cégeps anglophones. Donc, d'un côté, 9 % d'anglophones; de l'autre côté,
17 % des places.
Bon, quelles sont les positions du Parti
libéral, du Parti québécois, qui ont voté contre le projet de loi? D'abord, le
Parti libéral dit : Nous, il n'y a pas de limite, on est à 17 % des
places du côté anglophone, ça pourrait monter à 25 %, ça pourrait monter à
50 % des places. J'ai posé des questions au représentant du Parti libéral
en étude de crédits, incapable de répondre à quel niveau il arrêterait. De
l'autre côté, le Parti québécois nous dit : Nous, on veut ramener le
nombre de places au pourcentage d'anglophones, ça veut dire à 9 %. Ça veut
dire que le Parti québécois propose de fermer la moitié des cégeps anglophones.
Et, ce que propose aussi le Parti québécois, c'est qu'un Québécois francophone
qui veut aller passer deux ans dans un cégep anglophone pour perfectionner son
anglais, bien, il n'aura plus le droit de le faire, il n'aurait pas le droit de
le faire, selon le Parti québécois.
La position de la CAQ, dans le projet de
loi n° 96 — maintenant, la loi n° 96 — c'est de dire : On va limiter à
17 % le nombre de places. Donc, c'est une position qui est équilibrée
entre, d'un côté, le Parti québécois qui dit : On ramène ça à 9 %,
puis, de l'autre côté, le Parti libéral qui dit : On est prêts à augmenter
ça à 25 %, 50 % des places dans les cégeps anglophones. Donc, c'est
une position qui est équilibrée, qui est responsable, qui est modérée. Et c'est
cette position sur les cégeps qui fait que, d'un côté, le Parti libéral vote
contre parce qu'il trouve que la loi n° 96 va trop
loin, puis, de l'autre côté, le Parti québécois vote contre la loi n° 96 parce que le Parti Québécois pense que ça ne va pas
assez loin. Donc, on a, d'un côté, un parti qui dit : Ça va trop loin,
l'autre : Pas assez loin. Donc, on voit que la CAQ est dans une position
équilibrée.
Maintenant, un mot sur les
services de santé. Quand même incroyable, la désinformation qu'on a entendue
dans les dernières semaines. La loi 101 ne s'appliquait pas aux services
de santé en anglais. La loi n° 96 ne s'applique pas. On
a même un article, l'article 15, qui dit : Les services en anglais, c'est
dans la loi sur la santé puis les services sociaux, ça n'a rien à voir avec la
loi 101 puis la loi n° 96. Donc, c'est le statu
quo pour ce qui est des services en anglais dans le réseau de la santé. Mais il
y en a qui prétendent que ça a un impact, ce n'est quand même pas rien, là. Parce
que, nous, puis je veux être très clair, on va garantir que le statu quo va
rester, c'est-à-dire que les personnes, peu importe leur origine, qui ont
besoin de services en anglais vont pouvoir continuer, comme actuellement, à
avoir des services en anglais.
Maintenant, bon, le Parti québécois pense
que c'est absolument nécessaire de réduire, de couper de moitié le nombre de
places dans les cégeps anglophones pour sauver le français au Québec. Nous, ce
qu'on pense, c'est qu'il faut agir à la base, dans le choix des immigrants.
Écoutez, je regarde dans les dernières années, jusqu'en 2018, dans la portion
des immigrants qui sont choisis par le gouvernement du Québec, il y en avait
seulement 50 % à 55 % qui parlaient français avant d'être admis. Or,
quand on regarde en 2021, on est rendus à 84 %. Donc, le gouvernement de
la CAQ est le premier gouvernement, depuis plusieurs années, à avoir fait des
efforts. Ça a commencé avec Simon en utilisant davantage ce qu'on appelle le
programme PEQ. Mais on a réussi à faire passer, depuis 2018, de 55 % à
84 % le pourcentage d'immigrants choisis par le gouvernement du Québec qui
parlent déjà français.
Notre défi, tous ensemble, les Québécois,
c'est, maintenant, l'autre moitié, là, le 43 % des immigrants qui sont
choisis par Ottawa, regroupement familial et réfugié. Il faut absolument que la
catégorie regroupement familial... que la sélection se fasse par le
gouvernement du Québec parce qu'encore aujourd'hui la moitié de ces immigrants
qui sont choisis par le gouvernement fédéral ne parlent pas français. Donc,
c'est là qu'il faut agir, beaucoup plus que de couper la moitié des places dans
les cégeps anglophones. Parce qu'il ne faut pas oublier, là, les allophones,
les nouveaux arrivants, ils vont faire tout leur primaire puis tout leur
secondaire en français, ils sont obligés. Est-ce que c'est deux ans qui va
changer quelque chose? Non, c'est à la base. Il faut avoir un plus grand
pourcentage des nouveaux arrivants qui parlent déjà français, c'est là qu'il
faut agir. Puis c'est là-dessus qu'on va travailler, dans la prochaine campagne
électorale, à avoir un mandat fort pour aller négocier ça avec Ottawa.
Donc, sur ce, je passe la parole à Simon
Jolin-Barrette.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, bonjour, tout le monde. Écoutez, très heureux d'être avec vous
aujourd'hui. J'ai eu l'occasion de le mentionner, en Chambre, il y a un peu
plus d'une semaine, que j'étais particulièrement fier, notamment aujourd'hui,
de pouvoir nous exprimer, en ces murs, dans notre langue officielle, notre
langue commune, le français. Si c'est possible de le faire aujourd'hui, c'est
grâce au travail continu et sans relâche d'une nation déterminée à demeurer
elle-même : une nation francophone et fière. C'est de notre
responsabilité, de notre devoir à tous, comme Québécois, de poursuivre les
efforts pour que nos enfants puissent continuer à s'exprimer dans leur langue,
en français.
Pour s'assurer que l'avenir de notre
nation s'inscrive et s'écrive en français, l'adoption du projet de loi n° 96 est le résultat de beaucoup d'heures de réflexion, de
consultation, de rédaction et de discussion. Comme le premier ministre l'a
indiqué, il s'agit de la plus importante réforme de la loi 101 depuis son
adoption il y a plus de 40 ans. Les Québécoises et les Québécois nous ont
fait confiance pour mener à terme cette réforme légitime et essentielle pour la
pérennité de notre langue commune, et nous les remercions. La loi que nous
adoptons aujourd'hui représente le début d'une grande relance linguistique qui
permettra à la nation québécoise de continuer d'exprimer pleinement son
identité et ses valeurs. Merci beaucoup.
M. Bellerose (Patrick) : ...que
la réforme de la loi 101 n'est pas suffisante pour renverser le déclin du
français au Québec, vous dites, maintenant, c'est l'immigration qu'il faut
aller chercher. Pourquoi ne pas avoir focussé sur cet aspect-là, dans le mandat,
plutôt que de réformer la loi 101? Pourquoi ne pas avoir mis tous vos
efforts sur revoir l'immigration?
M. Legault : Bien, vous
l'avez vu, là, je l'ai demandé à Justin Trudeau à quelques reprises. D'abord,
on a agi. C'est important de dire que, dans le 57 % des immigrants qui
sont choisis par le gouvernement du Québec, on est passé de 55 % de
francophones à 84 % de francophones. Donc, on a agi pour la partie qu'on
contrôle. Maintenant, la partie qu'on ne contrôle pas, bien, le PQ dit :
On va faire la souveraineté du Québec, on va faire un référendum sur la
souveraineté du Québec. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on va rassembler les
Québécois. Moi, je suis convaincu qu'il y a une majorité de Québécois qui
seraient d'accord que, la catégorie de regroupement familial, ça soit le
gouvernement du Québec qui les choisisse puis qui pose ses conditions, entre
autres, la connaissance du français, c'est important.
M. Lacroix (Louis) : ...M. Legault,
que la loi qui vient d'être adoptée va permettre de freiner le déclin du
français. Est-ce que c'est suffisant pour freiner le déclin du français?
M. Jolin-Barrette : Clairement.
Parce que, oui, en réponse à votre question, M. Lacroix, on agit sur tous
les paramètres de la société : langue du travail, langue des affaires,
langue du commerce. Également, on rend exécutoires les droits pour les
Québécois : le droit d'être servi et d'être informé en français, le droit
de travailler en français, le droit de vivre en français, le droit à
l'apprentissage du français, également. Alors, c'est un projet qui touche
différentes ramifications, mais on agit sur toutes les sphères de la société.
C'est un projet de loi qui est costaud. Et on a agi là où il y avait certaines
lacunes au niveau de la Charte de la langue française, au niveau de la loi 101,
parce qu'elle a été adoptée en 1977 puis elle n'avait jamais été revisitée. Donc,
on est venus combler les trous pour agir d'une façon paramétrée.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Comment
allez-vous mesurer l'effet de la loi n° 96? Sous
quels critères? Allez-vous regarder, par exemple, l'évolution de la langue
parlée à la maison, la langue parlée dans la sphère publique? Et comment
pourrez-vous savoir si votre loi aura été bénéfique pour la protection du
français?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
l'ai dit dès le départ, ce qu'il faut regarder, l'indicateur le plus important,
c'est le taux de substitution linguistique pour faire en sorte que les nouveaux
arrivants basculent du côté francophone et choisissent le français comme langue
commune, c'est l'élément qui est le plus important pour la pérennité du
français. Et, dans le cadre du projet de loi n° 96,
on s'est donné les outils d'une façon indépendante pour mesurer ça en créant un
commissaire à la langue française, en faisant en sorte que les études de l'OQLF
ne seront plus cachées, comme les libéraux le faisaient, également en faisant
en sorte que les indicateurs linguistiques soient déterminés en collaboration
avec le commissaire à la langue française pour faire en sorte qu'il n'y ait
plus de tripotage par les gouvernements précédents, comme ça a été le cas par
les libéraux, pour faire en sorte que les Québécois aient le juste portrait de
la situation relativement à la situation du français.
M. Laforest (Alain) : M. Legault,
M. le premier ministre Trudeau a dit, tout à l'heure, qu'il allait protéger les
minorités. Qu'est-ce que ça veut dire, pour vous, compte tenu qu'il y a la
clause dérogatoire dans le projet de loi?
M. Legault : Bien, il faut
poser la question à M. Trudeau.
M. Laforest (Alain) : Mais est-ce
que vous craignez une intervention du fédéral?
M. Legault : Bien, écoutez,
je pense que la majorité des Québécois sont d'accord avec la protection du
français, sont d'accord avec les mesures importantes dans le projet de loi n° 96. Donc, je vois mal comment M. Trudeau pourrait
s'opposer à la majorité des Québécois.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Jugez-vous,
M. Legault, que vous devez rétablir les ponts avec la communauté
québécoise anglophone? Est-ce que vous devez aller vous adresser à eux? Parce
que, dans cette communauté, qui dit déjà qu'elle va contester la loi n° 96 devant les tribunaux, il y a beaucoup d'inquiétude
présentement.
M. Legault : Bien, il faut
commencer par bien les informer. Le projet de loi n° 96, comme la
loi 101, ne touche pas les services de santé en anglais. Donc, à un moment
donné, il faut arrêter de dire le contraire de ce qu'on a dans le projet de loi.
Donc, les services de santé en anglais, c'est couvert par une loi qui est sous
la responsabilité de Christian Dubé.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...rétablir
les ponts. Vous avez refusé de faire un débat en anglais en campagne
électorale. Est-ce que ça envoie le mauvais message à la communauté?
M. Legault : Bon, bien, il
faut trouver un équilibre. Encore là, on a une langue commune, au Québec, c'est
le français. Maintenant, pour ce qui est des débats, on a eu quatre
propositions de débat. J'ai accepté un débat à TVA, un débat à Radio-Canada.
Donc, on en a refusé un en anglais puis un en français. Je pense que c'est
important, pendant le mois où on fait campagne, d'être sur le terrain, puis ça
demande du temps, préparer des débats.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que vous pensez du PQ qui, d'une part, dit : C'est une avancée par rapport
à la loi 101? Même M. St-Pierre Plamondon, ce matin, l'a reconnu, il
dit : Oui, ça fait plus que ce que faisait la charte. Mais, quand même,
parce que ça ne va pas assez loin, il vote contre.
M. Legault : Bien, il faut
poser la question à Paul St-Pierre Plamondon. Je pense que le PQ, actuellement,
essaie de trouver une manière de se distinguer de la CAQ, puis c'est presque
une question de survie pour le PQ. Donc, ils sont dans une situation où, bon,
comme je le disais, ils proposent de couper la moitié des places dans les
cégeps, donc là il va y avoir même des francophones qui ne seront pas d'accord
avec ça, couper la moitié des places dans les cégeps anglophones. Empêcher tout
francophone qui veut aller deux ans dans un cégep en anglais d'y aller, je
pense, encore là, qu'ils ne vont pas aller chercher l'appui de la population. Mais
ce qu'ils essaient de faire, c'est se distinguer de la CAQ.
M. Bellerose (Patrick) : Le
PQ vous compare un peu à Robert Bourassa, il dit : Si, à l'époque, M. Lévesque
avait accepté le Bill 22, on n'aurait pas eu la loi 101. J'imagine
que ce n'est pas une comparaison qui vous plaît?
M. Legault : Oui...
M. Bélair-Cirino (Marco) : M. Jolin-Barrette,
est-ce que vous demandez aux inspecteurs...
M. Legault : ...commencer à
répondre.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Oh! pardon. Excusez-moi. Oui, oui, allez-y.
M. Jolin-Barrette : Bien,
juste un point par rapport au Parti québécois. Écoutez, avec le projet de loi
n° 96, on est allés beaucoup plus loin que le projet de loi n° 14,
qui avait été déposé par Mme Marois, auquel M. Bérubé était membre du
gouvernement. Donc, aujourd'hui, M. Bérubé fait des sparages, dit que ce n'est
pas costaud. Or, son propre gouvernement n'est jamais allé aussi loin alors
qu'ils étaient au pouvoir. Ils avaient la possibilité, là, de protéger le
français, d'assurer la pérennité du français, de faire en sorte, vraiment, de
mettre fin au déclin du français, à inverser les tendances. Puis ils ont
accouché d'un projet de loi peu costaud, alors que, nous, aujourd'hui, bien, il
dit : Écoutez, le projet de loi n° 96, ce n'est pas costaud. Quand
vous faites l'exercice, la comparaison entre les deux, le projet loi n° 96 va vraiment plus loin. Et, la démonstration, c'est
que ça a été reconnu par tous les intervenants qui sont venus en commission
parlementaire. Donc, on comprend la déception de M. Bérubé. Cependant, il
doit se rendre à l'évidence puis il doit constater que le projet de loi
n° 96 est la réponse qu'on devait apporter.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Deux
questions, rapidement. Pour vous, c'est mission accomplie, M. Jolin-Barrette,
sur le front linguistique?
M. Jolin-Barrette : Je vous
dirais que ce n'est pas terminé, c'est un travail qui est sans relâche. C'est
la première étape d'une relance linguistique. Durant trop longtemps, la
situation du français était en situation de dormance, on ne s'en est pas occupé.
Et là c'est le premier jalon, on se donne les outils, avec le projet de loi
n° 96, pour agir, pour inverser les tendances linguistiques. Je vous ai
parlé du taux de substitution, il faut être extrêmement vigilants, toujours et
sans relâche. La nation québécoise sera toujours en situation de vulnérabilité
dans l'environnement nord-américain, et il faut mettre tous les efforts. Et
c'est pour ça qu'on crée, également, le ministère de la Langue française...
M. Laforest (Alain) : La
vigilance, dans le prochain mandat, c'est quoi? Vous poussez jusqu'où, après
cette loi-là, pour renforcer la protection de la langue? M. Legault,
peut-être, là-dessus, vous devez avoir des idées, vous avez dû en parler à
votre caucus.
M. Jolin-Barrette : Peut-être
un élément. Le projet loi n° 96 prévoit que... un an
de la sanction, on va devoir adopter la politique linguistique de l'État.
L'exemplarité de l'État, il est fondamental, et ça veut dire tous les
ministères, tous les organismes, incluant les municipalités. Donc, le ministère
de la Langue française va être là pour accompagner l'ensemble. Et, si on veut
que les citoyens québécois se préoccupent de la langue, également, si on veut
que les commerces se préoccupent de la langue, au premier chef, l'État
québécois doit montrer l'exemple, puis c'est là-dessus qu'on va se concentrer.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'on pourrait rouvrir le débat sur l'affichage, par exemple? ...la porte aux
commerces.
M. Jolin-Barrette : Dans
l'affichage, dans le projet de loi n° 96, les dispositions sont déjà
prévues. On va vers la nette prédominance du français. Donc, il y a trois ans
de transition pour se conformer à l'application de la nouvelle loi. Mais on va
passer de la présence suffisante du français à la nette prédominance, l'erreur
historique que les libéraux n'ont pas corrigée suite à l'arrêt Best Buy de la Cour
d'appel, en 2015.
Une voix : ...
M. Legault : J'allais juste
ajouter, M. Laforest, ce que j'ai dit tantôt, de le répéter, c'est-à-dire
que ça va devenir très important d'aller chercher les pouvoirs en matière de
regroupement familial parce qu'actuellement le gouvernement fédéral accepte la
moitié des immigrants qui ne parlent pas français dans cette catégorie.
M. Bellerose (Patrick) : ...quand
même, vous avez demandé de pouvoir régionaliser l'immigration, vous avez eu ce
mandat-là. Qu'est-ce qu'un nouveau mandat électoral vous donnerait...
M. Legault : Bien, déjà,
Jean Boulet a annoncé qu'on veut favoriser l'immigration en région. Par contre,
il faut comprendre, là... quand je vois le Parti libéral qui pense c'est la
solution à tout, on ne peut pas avoir deux catégories de citoyens. Des citoyens
qui n'ont pas le droit de vivre dans les grandes villes mais qui ont juste le
droit de vivre dans les régions, ça n'existe pas, ça. Oui, on va essayer de les
attirer dans des entreprises en région, on va essayer de les attirer dans les
cégeps en région aussi.
M. Bellerose (Patrick) : ...ma
question, c'était plutôt : Quels nouveaux rapports de force vous allez
avoir, après les prochaines élections, face à M. Trudeau?
M. Legault : Bien,
l'appui, on l'espère, d'une bonne partie des Québécois.
Des voix : ...
Le Modérateur : On va passer
en anglais. On va passer en anglais, s'il vous plaît!
M. Legault : En anglais.
OK, maybe...
Mme Plante (Caroline) : Le
Parti conservateur vous demande de réduire les taxes sur l'essence. Allez-vous
le faire?
M. Legault : Bien,
écoutez, je pense que, de subventionner le pétrole, ce n'est pas une bonne
idée. Ce qu'on préfère, c'est de faire ce qu'on a fait, c'est-à-dire envoyer un
chèque de 200 $, de 400 $, de 500 $ pour couvrir, entre autres,
cette augmentation de l'essence. Mais, d'aller subventionner l'essence quand on
essaie de réduire la consommation de pétrole, on pense ce n'est pas une bonne
idée.
Maintenant. Few words...
Mme Plante (Caroline) : ...la
TVQ, là, comme vous le demande Mme Anglade, là, d'éliminer la TVQ sur les
produits essentiels, c'est non aussi?
M. Legault : Écoutez, on
a fait beaucoup plus que ça avec le 500 $.
Mme Plante (Caroline) : O.K.,
alors c'est non aux deux questions.
Le Modérateur : On va passer
en anglais, s'il vous plaît.
M. Legault : Few words in English. So, I know that there are some who are adding
fuel to the fire by claiming that Bill 96 will prevent English-speaking Quebeckers from receiving health care
services in English. We know that some of the people are worried. We are
committed to protecting your access to health care in English, it's a
historical promise that we will keep. And you will continue to have
English-speaking hospitals, schools, CEGEPs and universities. I know of no
linguistic minority that is better served in its own language than the
English-speaking community in Québec, we are proud of that. And we are also
proud to be a francophone nation in North America, and it's our duty to protect
our common language. And I invite all Quebeckers to speak it, to love it and to protect it. Thank you.
M. Grillo (Matthew) : Do you worry at all... You know, we're hearing a lot from people
saying that this bill really divides Québec as opposed to bringing Québec
together to promote French and to, you know, continue speaking French and
learning French. Do you worry that this bill will create too much division?
M. Legault : I really want that we get people together. I know that a vast
majority of Anglophones are against the independence of Québec. And they have
to understand that it's a question of survival. If we don't take action to
protect French, it's a matter of time... If Québec becomes a bilingual state,
it's a matter of time before we lose the presence of French in Québec.
Mme Senay (Cathy) : And you are confident that Bill 96 will stop the decline of
French in Montréal, for example? You're confident of this?
M. Legault : Yes, I'm confident of this. Because, like I said, first, I think
that working language is very important. And unfortunately, in Montréal, in
many small companies, people work in English. So, we have to change that to
send a strong message. And I think that it's important also that we stop
increasing the number of people going to anglophone colleges. At 17%, I think
it's an acceptable and reasonable level. So, we're not asking to reduce that to
9%, to the proportion of Anglophones, we accept to stop that at 17%, and I
think it's reasonable.
Mme Senay (Cathy) : You want to go after the federal Government to get more powers in
immigration, but they said no already. And now, Prime Minister Justin Trudeau
said that he's waiting for the final form of Bill 96 to see whether or not
he'll challenge it in court.
M. Legault : I think that the vast majority of Quebeckers agree with our measures. And I think that it's important that Mr. Trudeau
recognizes that there is some work to do to stop the decline of French in
Québec. He said it a couple of months ago.
M. Authier (Philip) :
Your government is in court on Bill 40,
your government is in court defending Bill 21. Do you expect this... There's
already many groups planning to challenge it, at least some groups planning to
challenge it in the courts. Do you think that's what will happen with Bill 96
as well? And how much is defending all this costing?
M. Legault :
I think that, in the Constitution, in
Canadian Constitution, we had this notwithstanding clause to protect collective
rights. And I can understand that some people, they don't like to see us
protecting collective rights of the Québec majority of people. But it was
planned this way to be part of the Canadian Constitution. So, of course, some
people, they don't like that we use it, but I think we need to use it. French
will always be vulnerable in North America, so it's my duty, it's my
responsibility to protect and promote French in Québec.
M. Authier (Philip) :
And it seems quite likely that there
will be fundraising to challenge Bill 96 from all kinds of sources, people
raising money to fight it in the courts. The same thing happened on 21. Is that
legitimate? Or is that democracy?
M. Legault :
I think that the majority of
Anglophones in Québec, they accepted, since many years now, that French is the
common language in Québec. So, I can understand that, right now, a few people
would like that Québec becomes bilingual. But the majority of Anglophones, they
understand that it's a plus. We're unique in North America, we speak French,
and Montréal is a place where people have fun in French, but services are given
in English in schools, in hospitals. So, they have best of both worlds.
Mme Senay (Cathy) :
You waited until last week to reassure
Anglophones. Do you think you left a certain sensitivity, you should have
reached out to Anglophones earlier in the debate?
M. Legault :
Yes, I think that Simon did it during
all the process. And I think I had a presentation, in Laval, a couple days
after some people started, in The Gazette, saying these things, so I corrected that very fast.
Merci tout le
monde.
(Fin à 15 h 37)