(Huit heures deux minutes)
M. Marissal : Bonjour, tout
le monde. Un premier point presse avec pas de masque, ça fait du bien. Enfin.
Alors, on approche la fin de session. Puis je vous dirais que le bilan en
santé, au lieu de s'améliorer en fin de session, il empire. Et il semble que le
portrait noircit un peu plus tous les jours, parce que le ministre nous arrive
avec des nouveaux projets, il nous sort des lapins du chapeau dans des projets
de loi qu'on croyait consensuels.
Il y a un rapport, ce matin, dévastateur
de l'IRIS sur les GMF, qui est une patente qui a été créée par François Legault,
il y a 20 ans, quand il était ministre de la Santé. Il y a un
embouteillage législatif dont je parle depuis un moment ici, ce n'est pas que
je ne l'aurai pas prévenu, là, qu'on le voyait venir, là, de toute évidence, ce
qui fait que le projet de loi n° 28 n'est pas adopté. C'est une affaire
qui est toute croche. Il est obligé de passer son projet de loi n° 19 à la
trappe, alors qu'il en faisait la pierre d'assise de ses changements en santé, et,
de fait, il avait besoin des instruments qu'il y a dans le projet de loi
n° 19 sur la circulation de l'information dans le réseau. On n'a même pas
ouvert la première page de ce projet de loi là. Il va passer à la trappe, puis
bonne chance pour la suite. Le projet de loi n° 11 se bute encore à des
réticences de la part de la profession médicale.
Bref, le ministre Dubé, qui joue les
comptables, les gestionnaires, les dirigeants d'entreprises, c'est un gros
parleur, mais un petit faiseur, parce qu'à la fin, on regarde le bilan, il n'y
a pas grand-chose. Quand on fait le tri, il n'y a pas grand-chose qui reste. Il
y a des plans. Ah! pour des plans, il y a des plans, ça, il y a des plans, il y
a beaucoup de plans. Mais, à un moment donné, il faut avoir des priorités aussi
puis être capable de livrer. Puis sa dernière entourloupette pour faire
patienter la population, c'est dire : Regardez plus loin, là, ça va se
régler, ça va finir par se régler.
Alors, honnêtement, je ne suis pas du tout
impressionné par le bilan de la CAQ en santé, pas du tout impressionné par la
performance du ministre, quoique c'est un homme agréable avec qui on travaille
bien, c'est vrai. Mais, à la fin, regardez le bilan, là, il n'y a pas
grand-chose à se mettre sous la dent, il n'y a pas beaucoup de chair sur cet
os-là, si ce n'est qu'une vague promesse de : attendez, puis ça va mieux
aller.
Alors, je finis en vous parlant de ce
lapin dans le chapeau du projet de loi n° 38 sur l'élargissement de l'aide
médicale à mourir. Ah! ça, c'est la cerise sur le sundae, là, de la fin de
session, là. Vraiment? Vraiment. Alors qu'il nous avait dit : Regardez,
excellent rapport, on va vraisemblablement prendre tout ce qu'il y a dans ce
rapport-là puis on va l'appliquer, il nous arrive avec un tout autre chapitre,
qui est le handicap neuromoteur, qui ouvre une tout autre brèche dans cette
loi-là dont on n'a pas discuté ou à peu près pas pendant l'année et demie de
consultation qui a mené à notre rapport du mois de décembre puis à ce projet de
loi.
Je vais vous dire, là, hier, quand le
ministre s'est levé puis qu'il a lu le résumé de son projet de loi, là, il
fallait juste voir la face des caquistes qui ont travaillé sur ce projet de loi
là. Je pense qu'ils étaient encore plus surpris que nous, c'est-à-dire David
Birnbaum et Véronique Hivon du Parti québécois, qui avons travaillé sur ce
projet-là aussi et qui étions membres de la direction de cette commission
spéciale.
Alors, je ne sais pas à quoi il joue, le
ministre Dubé, là, mais on avait quelque chose qu'on pouvait faire, là, puis, à
moins qu'il retire cet aspect-là du projet de loi, c'est-à-dire l'aspect
handicap neuromoteur, là... Je suis désolé pour les termes techniques, là,
mais, essentiellement, ça veut dire que quelqu'un qui est paraplégique ou quadriplégique
à la suite d'un traumatisme ou d'un accident pourrait demander l'aide médicale
à mourir. Je ne suis pas nécessairement contre, mais on n'a pas débattu de ça.
Puis là, entre vous puis moi, là, on est beaucoup plus proche du suicide
assisté que des soins de fin de vie. On ne va pas faire ça, là, sur un coin de
table en trois jours, quatre jours, cinq jours d'étude de projet de loi. Le
travail sur toutes les autres parties, il a été fait, puis il a été bien fait,
mais là on a quand même un devoir de rigueur, là, là-dessus.
M. Lacroix (Louis) : Bien
là, ce qu'on a entend, en tout cas, ce qu'on nous dit, là, je ne sais pas si
mes collègues sont comme moi, là, mais on nous dit : Oui, s'ils veulent
qu'on l'enlève, on serait peut-être ouverts à l'enlever, cet aspect-là, pour
faire passer le projet de loi.
M. Marissal : Mais c'est donc
bien du niaisage. Pourquoi ils l'ont mis dans le projet de loi? On vient de
perdre 48 heures. On n'a pas de temps à perdre, là, regardez le calendrier.
Quand on quitte, ici, aujourd'hui, là, il reste huit jours. Il y a des gens qui
attendent ce projet de loi là, il y a des gens qui souffrent, qui ont une épée
de Damoclès, là, de la démence ou d'alzheimer précoce qui leur pend au-dessus
de la tête. On a fait le travail. Ils sont donc bien «sloppy». C'est quoi, là,
cette affaire-là d'arriver en fin de session, là, avec : Ah! bien, tiens,
regarde, on nous a dit qu'on pourrait faire, ça fait qu'on va faire ça? Et là
on nous dit, en briefing, c'est pour... pardon, s'harmoniser avec le fédéral.
On n'a jamais eu cette considération-là. On n'a jamais eu cette
considération-là dans tous les travaux sur l'aide médicale à mourir.
M. Laforest (Alain) : ...c'est
un pas bon? Dubé, il n'est pas bon?
M. Marissal : Je ne dirais
pas ça, parce que c'est très personnel comme attaque puis je ne veux pas faire
d'attaque personnelle. Je m'entends bien avec Christian Dubé.
Une voix : ...
M. Marissal : Il est très
brouillon. Il est très brouillon, il a du mal à mettre ses idées les unes
derrière les autres, il a du mal à livrer. Puis il parle beaucoup. Pour parler,
il parle beaucoup, hein? Il a beaucoup de plans, mais regardez le bilan, là, à
la fin, il y a plus de 1 million de patients, de patientes, au Québec, qui
attendent toujours un médecin. C'était ça, une de leurs priorités. À la fin, il
ouvre toute, toute grande la place au privé dans la santé, alors que les GMF
font la démonstration que c'est précisément pas ça qu'il faut faire.
M. Lacroix (Louis) : Pour
revenir à 38, là, si on retire effectivement cet aspect-là, ces articles-là qui
touchent les... est-ce que vous êtes prêt à le laisser... je veux dire, à le
passer en accéléré, à aller... Parce que le débat a déjà été fait, là. Alors,
est-ce que vous êtes prêt à le passer rapidement si on enlève ça?
M. Marissal : Oui. On enlève
ça, on l'étudie. Bien, définir «accélérer», là, ce ne sera pas en mode un,
deux, trois, là. Dans le jargon parlementaire, là, des fois, on a des petits
trucs à régler, on fait un, deux, trois dans la même journée. Ça ne sera pas
ça, je vous le dis tout de suite, là. Puis on a été très clairs là-dessus. On
appelle les témoins, une journée, deux journées — puis le ministre
s'est engagé à ça — puis on est capable de le faire. Mais là, je vous
le dis, là, il ne reste plus beaucoup de sable dans le sablier, là, puis le
temps passe.
M. Pilon-Larose (Hugo) :
M. Marissal, est-ce que le Collège des médecins s'est prononcé concernant les
handicaps neuromoteurs? Et est-ce que je comprends bien que, dans le fond, si,
au Québec, c'est interdit, une fois la loi adoptée, il serait possible pour un
Québécois d'aller faire du tourisme de suicide assisté, parce que vous dites :
Ça va ressembler à ça, pour aller mourir dans une autre province?
M. Marissal : Ce que je sais,
c'est que, dans les consultations qu'on a menées, et on a fait des centaines
d'heures de consultation, cet aspect-là n'est pas ressorti. La preuve, c'est
qu'il n'est pas dans notre rapport. Nous, on a écouté les gens, on a laissé ça
décanter puis on a mis les points les plus importants qui sont sortis dans nos
consultations. C'est ça qu'on a mis dans notre rapport. La raison pour laquelle
ce n'est pas dans le rapport, c'est que ce n'est pas sorti comme une priorité.
Ce que je comprends, c'est qu'il y a peut-être, oui, le Collège des médecins ou
autre qui sont passés par après pour faire des pressions pour que ça, ça
arrive. Mais à quoi bon avoir des commissions spéciales puis...
M. Pilon-Larose (Hugo) :
...le Collège des médecins, c'est quand même important, là, c'est là pour
protéger le public, et ils disent que, pour protéger le public, il ne faut pas
laisser cette brèche-là dans la loi.
M. Marissal : Oui, sauf que
la loi, c'est ici qu'elle se décide, par les législateurs.
M. Lacroix (Louis) : Sauf
qu'on va-tu faire une commission spéciale à chaque fois...
M. Marissal : Si le Collège
des médecins voulait absolument qu'on en parle, là, il avait des forums pour le
faire. Et la raison pour laquelle je vous répète : Ce n'est pas dans le
rapport final, c'est que ça n'a pas été levé comme un enjeu prioritaire.
M. Duval (Alexandre) : Il
y a quand même des critères, là, qui sont très stricts pour avoir recours à
l'aide médicale à mourir qui concernent le niveau de souffrance psychologique,
physique, constante, intolérable. Ça ne suffit pas à vous rassurer que... Parce
que, là, vous parlez de suicide assisté, c'est quand même gros, mais il y a
d'autres critères à respecter. Ce n'est pas juste d'avoir un handicap
neuromoteur, il faut aussi avoir des souffrances qui sont constantes et
intolérables.
M. Marissal : Oui, sauf que,
là, en une phrase dans un projet de loi, on ouvre toute grande la porte vers
cet aspect de handicap neuromoteur. Ça me paraît un peu gros, un peu fort de
café, que d'adopter ça en toute fin de session, alors que le débat
parlementaire et le débat ici même, là, à l'Assemblée nationale, dans le cadre
de consultations, n'a pas été fait.
M. Duval (Alexandre) : Mais
que la personne ait l'alzheimer ou qu'elle ait une paralysie cérébrale, si elle
a des souffrances intolérables et constantes, quelle est la différence pour
vous?
M. Marissal : Mettons là que,
si l'Ordre des psychiatres arrive puis dit : On devrait ouvrir à la
maladie mentale, est-ce que le gouvernement aurait mis ça dans son projet de
loi? Non. C'est un dossier délicat, là. Je répète, là, on ne peut pas faire ça,
là, par-dessus la jambe, arriver en fin de session, puis dire : Ah! bien,
regardez donc ça, par exemple, je vais vous rajouter ça dans le projet de loi.
Les fleurs ne poussent pas plus vite quand on tire dessus, là. Ça, c'est un
dossier délicat. Il faut y aller... on a le temps d'y aller, on peut le faire
correctement, et c'est pour ça qu'on fait des commissions.
M. Carabin (François) : Si
l'article sur le handicap neuromoteur était retiré, vous avez lu le projet de
loi, vous avez eu une première lecture à tout le moins, est-ce qu'il y a
d'autres aspects potentiellement problématiques ou on peut vraiment, justement,
le mettre sur la «fast track»?
M. Marissal : On peut le
mettre... on peut l'adopter, d'après moi, d'ici la fin de session. Mais il
faudrait commencer, par exemple, parce que, pour le moment, on n'a même pas de
liste de témoins qui viendront ici se faire entendre. Et je le répète, là, la
semaine prochaine, il reste huit jours de session ici, là. Alors, c'est
possible. Il y a quand même du travail à faire, notamment, sur la définition de
«souffrance», là, pour les demandes anticipées des gens qui ne seront plus
aptes et qui signeront une demande anticipée d'aide médicale à mourir, mais ce
terrain-là, il a été défriché, on sait pas mal où on s'en va. Mais j'insiste,
là, le temps file.
M. Carabin
(François) : À la limite, êtes-vous prêts à siéger après le 10 juin?
M. Marissal : S'il faut
le faire, oui, parce que je pense qu'il faut adopter ça. Mais honnêtement, là,
c'est un peu tout croche, là, de la façon dont le gouvernement nous présente
ça. De un, ils avaient le temps de le déposer avant. Je l'ai dit, là, tout le
temps qu'on a perdu sur le projet de loi n° 28, là, on aurait pu le passer
sur l'aide médicale à mourir. De deux, ils nous arrivent, là, à minuit moins
une, avec un amendement majeur, majeur.
M. Laforest
(Alain) : Est-ce qu'il y a un risque ça soit reporté à la
prochaine session parlementaire? Parce que je vous entends avancer, reculer,
avancer, reculer. Il y a des gens qui attendent après ça depuis longtemps. Vous
allez dire que c'est la faute du gouvernement. Est-ce qu'il y a un risque que
ça soit... qu'on n'y arrive pas d'ici le 10?
M. Marissal : J'avance
et je ne recule pas, je suis sur le neutre à cause du gouvernement, parce que,
là, ils ont mis de l'eau dans le gaz, puis c'est pour ça qu'on n'avance pas.
Mais j'ose croire et j'aime croire qu'on est capables de le faire. Alors, on
retire cette affaire-là, là. On en discutera plus tard, c'est correct. On peut
prendre notre temps avec... On parle ici, là, de question de vie et de mort,
hein? Ce n'est pas une législation sur la grosseur d'un signe d'arrêt-stop, là,
on parle de vie et de mort. On a toujours pris notre temps, ici, à l'Assemblée
nationale, et je salue, en ce sens, le travail, notamment, de ma collègue
Véronique Hivon, on a toujours pris le temps de faire les étapes. On ne va pas
nous rentrer ça dans la gorge en fin de session parce que le gouvernement s'est
réveillé trop tard puis que M. Dubé veut se promener en campagne
électorale en disant : J'ai fait ça. Je vous répète, là, ses propres
collègues tombaient des nues hier.
M. Laberge (Thomas) :
...s'il n'est pas retiré, vous allez vous opposer?
M. Marissal : On peut le
retirer. On peut le retirer.
M. Laberge (Thomas) :
Mais si ce n'est pas retiré?
M. Marissal : Ça va être
compliqué.
M. Laberge (Thomas) :
Donc, ça ne sera pas adopté d'ici la fin de la session?
M. Marissal : La balle
n'est pas dans mon camp, là.
M. Laberge (Thomas) :
Un peu, quand même.
M. Marissal : La balle
est dans le camp du gouvernement. Il retire ça, on a beaucoup, beaucoup de
chances de le passer. Il ne retire pas ça, je vous le dis, là, on roule sur
trois roues, là, pas quatre, là, ça va être compliqué. Ça va être très
compliqué.
M. Gagnon
(Marc-André) : Sur un autre sujet, pour freiner le déclin du
français, être-vous d'accord avec les deux experts que le gouvernement a
engagés qui disent essentiellement qu'il faudrait, donc, que le Québec rapatrie
des pouvoirs en immigration, que Québec puisse gérer son immigration
temporaire?
M. Marissal : Moi, j'ai
une solution beaucoup plus simple, ça serait l'indépendance du Québec. Ça fait
combien d'années qu'on gosse avec le fédéral, là, sur : donne-moi ce
pouvoir-ci, donne-moi ce pouvoir-là? C'est compliqué de gérer une affaire comme
ça à deux. Est-ce qu'on rapatrie un petit bout de pouvoir? Ça ne fera pas le
travail au complet tant qu'on n'aura pas complètement tous les leviers pour
gérer, ici, notre immigration. Alors, c'est ce que je peux vous dire. Puis j'ai
entendu François Legault, hier, là, qui veut aller rechercher un petit bout,
là. On est en campagne électorale, hein? Ça fait un beau sujet de campagne
électorale, mais, quant à moi, François Legault était plus crédible quand il
était souverainiste puis qu'il avait ce discours-là.
M. Gagnon
(Marc-André) : Mais même sur les armes à feu, ce n'est pas
clair, en fait, qu'est-ce que le Québec pourrait faire davantage de son côté.
Parce qu'on l'a entendu ça aussi, hier, du côté des partis d'opposition : Québec
devrait en faire davantage de son bord. À part de la prévention, là...
M. Marissal : C'est pour
ça que, dans le cadre fédéral, là, dans le cadre canadien dans lequel nous
sommes encarcanés, là, c'est pour ça qu'on demandait au fédéral de faire sa
job. Puis ils ne l'ont pas fait, puis ils ont niaisé avec la puck, puis ça fait
je ne sais pas combien de temps qu'ils niaisent avec ça. C'est pour ça que, de
guerre lasse, on dit : O.K., d'accord, donnez les pouvoirs au Québec, puis
nous, on va régler ce qu'on peut régler au Québec. Mais comprenons-nous bien,
là, s'il y a une arme qui passe de Détroit à Windsor puis qu'ensuite de Windsor
à Montréal, Québec n'a pas juridiction, là, sur le pont entre Détroit et
Windsor. Alors, que le fédéral fasse sa job, là, c'est ce qu'on leur demande
depuis... Ça va prendre quoi, là? Il y a des fusillades tous les jours ou
presque à Montréal ces jours-ci. Ça tire sur les garderies dans l'est de
Montréal. S'ils ne sont pas capables de faire la job, au moins, qu'ils nous
permettent de... qu'ils nous donnent les moyens de faire ce que l'on peut faire
ici. Mais, entre vous puis moi, là, ce serait pas mal plus simple s'ils avaient
fait leur job à Ottawa, là, plutôt que de se mêler de nos affaires, là.
Mme Morin-Martel
(Florence) : Sur un autre sujet, la juge en chef de la Cour
du Québec devrait-elle reculer sur sa décision de demander aux juges de siéger
un jour sur deux dès septembre dans le cadre... dans le contexte de la pénurie
de main-d'oeuvre?
M. Marissal : Je ne suis
tellement pas familier avec ce dossier-là. C'est comme trop précis, je ne
m'avancerai pas. Je vous suggère de parler à mon collègue Alexandre Leduc
là-dessus. Je suis désolé, mais c'est pas mal un dossier précis, ça.
Mme Plante (Caroline) : M.
Marissal, comment ça se passe avec le 28? Est-ce qu'on se dirige... Là, on a
fini l'étude détaillée, si je comprends bien. On se dirige vers l'adoption?
Tout va bien?
M. Marissal : Bien, tout ne
va pas bien avec le projet de loi qui est un projet de loi mal foutu, inutile
et politique, là. Moi, je vais voter contre, mais le gouvernement est
majoritaire, ici, puis ce projet de loi là été déposé dans les délais qui lui
permettent de l'adopter. Moi, je persiste à croire que c'était une manœuvre
purement politique puis qui nous a fait perdre du temps précieux qu'on aurait
pu utiliser à autre chose. Mais je ne dirais pas que tout va bien, là, parce
que ce projet de loi là, je le dis et je le redis, il est sur des bases très,
très molles. Je crois même que j'avais employé le terme «supercherie», que je
peux réutiliser, ici, aujourd'hui. On en a débattu, on a eu quelques petits
gains, assez mineurs d'ailleurs. Mais, sur le fond, le gouvernement, d'un côté,
veut brandir cette loi pour dire : J'ai mis fin à l'état d'urgence
sanitaire, qu'il a lui-même entretenu avec plaisir pendant plus de deux ans — on
a renouvelé hier, hein, les décrets, vous savez, on est encore en état
d'urgence sanitaire, là — et, d'un autre côté, il se garde dans
l'autre main des pouvoirs exceptionnels en vertu de l'urgence sanitaire. Et
surtout nous n'avons pas abordé la question de fond, celle qui permet toujours
au gouvernement, à son bon plaisir et à son bon vouloir, unilatéralement, de
réinstaurer un état d'urgence sanitaire sans avoir de reddition de comptes,
ici, à l'Assemblée nationale. Ça fait que c'est un beau show de boucane, là,
mais, à la fin, ne nous trompons pas, là, c'est un outil politique cette
affaire-là.
M. Duval (Alexandre) : ...qui
a fait couler un peu d'encre dans la région : promenade Samuel-De
Champlain. Le Parti libéral s'engage à le prolonger jusqu'à la chute
Montmorency. Vous avez deux députés dans la région. Est-ce que vous
renchérissez là-dessus?
M. Marissal : Je vous suggère
de leur poser la question. Vous savez, c'est le gars de Rosemont qui va se
mêler de la promenade Champlain. Moi, je peux juste vous dire, comme
utilisateur de la promenade Champlain, la partie qui est finie, je trouve ça
magnifique puis j'ai bien hâte qu'ils finissent le reste. Puis, à chaque fois
que je passe là, je me dis : Quand est-ce ça va être fini? Mais pour les
détails, là, sur la prolongation ou autre, je vous demande de parler à Sol ou
Catherine là-dessus.
M. Gagnon (Marc-André) :
Les GMF dans le réseau de santé, ça fait une vingtaine d'années, là. Êtes-vous
surpris de la conclusion de cette étude qui dit essentiellement que c'est un
échec?
M. Marissal : Bien oui, c'est
un échec, parce que ça n'a pas fait ce que ça devait faire. Ça devait
désengorger les urgences. Au contraire, les GMF envoient des patients aux urgences
parce qu'ils ne sont pas capables de les prendre. C'est contreproductif, là,
c'est complètement contreproductif. Puis dites-vous bien une affaire, là, c'est :
quand il y a des entreprises privées, là, pas des organismes de charité, là,
des entreprises privées, là, comme Telus, là, ou Bonjour-santé, qui
investissent beaucoup d'argent dans les cliniques privées, là, dites-vous bien
que ce n'est pas pour votre taux de cholestérol, c'est pour leurs profits, puis
c'est ça qui arrive. Puis on ouvre la porte encore plus grande, avec la CAQ,
vers encore plus de privatisation. Or, la preuve a été faite qu'il n'y a pas
plus d'accès, au contraire, on n'a pas désengorgé les urgences. Avez-vous vu
les chiffres, ce matin, encore une fois, des urgences? C'est pitoyable, là, ça
ne fait qu'empirer. Alors, ce modèle-là était une mauvaise idée au départ. Je
rappelle que c'était une idée, notamment, de François Legault quand il était
ministre de la Santé. Puis ça ne fonctionne pas, ça ne fonctionne tout
simplement pas. Puis là on nous en dit : Bien, on vous en remettre encore
une cuillerée ou deux de ce qui ne marche pas.
Mme Senay
(Cathy) :
Can I jump in English? Mr. Marissal, with the Bill 38, the fact that
the Health Minister included neuromotor disability, incurable neuromotor
disability, knowing that, according to the article 22 of the parliamentary
rules, bills that are tabled after may 15th, you need the green light, the
voting favor of all MNAs so it can be adopted, so, is Mr. Dubé killing his
bill, inserting something that you've never been discussing?
M. Marissal :
Well, the least I can say today, it's:
it is sloppy from Mr. Dubé to come like this, at the end of the session and at
the end of the mandate, to come with such a big chunk that we have never had
the chance to debate on. I don't know what he's doing, but I know what he can
do to make sure that we can study and adopt this bill: just take this part out
of the bill and we will be able to start as soon as Monday if he wants. Because
we are still able to do this, and I still want to do this.
Mme Senay
(Cathy) :
But the reason why you want to leave this out… For people at home,
why do you want to leave this out?
M. Marissal :
It's because it's opening a whole new
chapter, and this is something we have not discussed here, with the special
commission, and this is something that comes out of the blue at the end, at the
very end of the process. And quite frankly, I was surprised, my colleagues from
the PQ and the Liberals were surprised, but never as were surprised the members
of the CAQ. When Christian Dubé stood up yesterday, in the «salon bleu», to
read the summary of his draft bill, you should have seen the faces of his
colleagues from the CAQ who had worked on this. They were like: What? So, take
this part out, let's do this. We have no time to waste.
Mme Senay
(Cathy) :
And what about the fact that he wants to put aside Bill 19 on
medical data? This is what he said yesterday.
M. Marissal :
Yes. Sloppy, I said, this is sloppy
business. We have waited for months and months without any bills to study, and
then, at the end of the session, he came with four draft bills, and we should
have been able to study and adopt that in just a matter of few weeks. It's not
possible, and he knows that. So, I'm just asking Mr. Dubé to put his idea in
order for the rest of the session, because we won't be able to make it
otherwise.
M. Grillo
(Matthew) : What do you think about
Ottawa wanting to get involved with Bill 21? It's a bill that your party voted
against. Yet, you know, at the same time, you're talking about Québec independence. …Ottawa sort of jumping
in on Québec affairs. Where do
you guys stand on this?
M. Marissal : Well, it's a matter for Quebeckers and for the National Assembly to solve, not for the federal. And I'm old enough to have covered
people like Jean Chrétien, in Ottawa, so I know a lot, and I'm sick and tired
of this Ottawa knows best mentality. We don't need Big Brother in Ottawa to
watch over us what we're doing here, in Québec. We have the debates here, in
Québec, we have our laws here, in Québec, and we don't need the federal to jump
in. Actually, I'm asking the federal to stay out of it.
M. Grillo
(Matthew) :
And they want to jump in on Bill 96 as well, right?
M. Marissal : The same answer.
Mme Senay
(Cathy) : And did you see that there
is a protest, again, planned for this evening? EMSB is having a meeting to see
if they're going to contest, challenge Bill 96. I mean, it created tensions, a
lot, in Québec with Anglophones. What should be done now to reduce these
tensions?
M. Marissal :
Well, I guess dialog is still the best
option.
Mme Senay
(Cathy) : … CAQ dialog?
M. Marissal : Well, it's up for them to do this. Quite frankly, if there are
tensions, it's because… it's the CAQ's fault. So, they just have to manage it,
they just have to make sure that the dialog is open. That's it, basically.
M. Carabin (François) : M.
Marissal, juste… Vous avez fini en anglais? Rapidement. Vous avez reparlé du projet
de loi n° 19 en anglais. Vous, le fait qu'il passe à la trappe, est-ce que
vous l'accueillez bien ou mal?
M. Marissal : Bien, c'est
difficile à dire parce qu'on ne l'a pas étudié. Je vous l'ai dit tantôt, on n'a
même pas ouvert la...
Une voix : ....
M. Marissal : Oui, on l'a
ouvert, mais, tu sais, vous savez, c'est un gros projet de loi, là, avec
beaucoup, beaucoup des ramifications. Ce que je sais, c'est que le ministre
Dubé nous a dit : J'ai besoin de ça. Ça, c'était le bras opérationnel de
sa réforme. Alors, je présume que, s'il n'a pas le bras opérationnel de sa
réforme, ça va être difficile de faire une réforme. Ça fait qu'encore là on est
dans les slogans électoraux, puis on est dans le : on verra, hein? Ça
colle à la CAQ, hein, «on verra». Et regardez l'autre bord de la montagne, là,
vous allez finir par trouver, là, des prairies fleuries et des rivières magnifiques.
Honnêtement, là, les gens qui attendent un médecin, les gens qui attendent des
soins, les gens qui sont sur les listes d'attente, là, ils n'en ont pas
grand-chose à faire, là, des promesses, là, puis des «on verra» de la CAQ, là.
Ils ont mal joué leurs cartes, ils sont brouillons, puis ça donne ce
résultat-là aujourd'hui. Merci.
(Fin à 8 h 27)