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Point de presse de Mme Émilise Lessard-Therrien, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’environnement et de lutte contre les changements climatiques, et M. Alexandre Leduc, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de justice

Version finale

Le jeudi 2 juin 2022, 8 h 20

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures trente-six minutes)

Mme Lessard-Therrien : Bonjour. Ce qu'on a appris hier matin, dans le rapport de la Commissaire au développement durable, ne pourrait pas être plus limpide. Les changements climatiques... La lutte contre les changements climatiques menée par la CAQ, c'est un échec. Au lieu de créer une crise avec l'immigration, la CAQ devrait s'occuper de la crise climatique. Il y a juste elle pour compromettre notre avenir. La négligence et l'incohérence de la CAQ, notamment son obsession pour les autoroutes, nous font rater nos cibles déjà peu ambitieuses. C'est un constat d'échec retentissant. De plus en plus de Québécois se rendent compte du mauvais bilan du ministre de l'Environnement. La CAQ aura beau essayer toutes les diversions possibles, les gens ne sont pas dupes. Les gens sont déçus et ils le voient bien que... comme nous... la CAQ a démissionné. François Legault nous parle toujours de fierté. Bien, moi, j'ai une question pour lui ce matin : Est-ce que François Legault est fier de son bilan en environnement?

M. Leduc : Merci, Émilise. Bonjour, tout le monde. On le savait que ça allait déjà mal, mais on apprend des nouvelles hallucinantes ce matin. Le système de justice est dans un chaos impressionnant ce matin. Deux accusés de proxénétisme risquent de s'en sortir, et pas parce qu'ils ont été innocentés suite à un procès, mais parce qu'on n'est pas capables de mener ce procès. Et pour un gouvernement qui a organisé une commission spéciale sur l'exploitation sexuelle, ça devrait l'alarmer pas mal plus que ça.

On voit aussi une victime d'agression qui veut abandonner son recours. Notre système n'est pas à la hauteur, ça n'a pas de bon sens, et c'est inquiétant pour tous les citoyens du Québec. Si le système de justice trébuche, si l'appareil de justice trébuche, c'est la justice qui ne fonctionne plus, c'est les victimes qui en paient le prix.

Le ministre Jolin-Barrette, de la Justice, en a visiblement trop dans son assiette. Il est ministre de tout, leader du gouvernement en plus. On le voit avec ce qu'il se passe actuellement, il n'a pas le temps de gérer cette crise-là, il ne s'y attaque pas, il ne nous présente pas de plan. C'est un échec. Il devrait délester certaines de ses fonctions pour se concentrer là-dessus, d'ici la fin de son mandat, et s'assurer de remettre le système de justice en marche le plus rapidement possible. Merci.

M. Carabin (François) : M. Leduc, est-ce que cette situation-là dans les tribunaux du Québec est, selon vous, le résultat de la dispute entre M. Jolin-Barrette, la Cour du Québec?

M. Leduc : C'est sûr que ça n'aide pas. Est-ce que c'est la cause primaire? Je ne suis pas certain. Je pense que c'est surtout la question de la pénurie de main-d'œuvre, la question de l'insuffisance salariale, notamment des greffiers, des greffières, du peu de considération qu'on semble lui faire dans ce gouvernement-là, autant au ministère de la Justice qu'au Conseil du trésor. Donc, oui, la dispute, ça n'aide pas, c'est clair, ça pèse, mais ce n'est pas l'élément central.

M. Laforest (Alain) : Les ingénieurs sont en grève, les fonctionnaires de l'État sont en grève, les greffiers sont en grève. Les augmentations doivent être de combien? Jusqu'où on doit aller sur la capacité de payer de l'État?

M. Leduc : Vous le savez, on ne négocie pas, nous, à la place du gouvernement, et encore moins sur la place publique.

M. Laforest (Alain) : ...régler, il faut payer plus. Donc, Québec solidaire paie jusqu'à quelle hauteur?

M. Leduc : Alors, on ne vous donnera pas un chiffre aujourd'hui. Moi, je vous dis que le gouvernement doit s'asseoir, comme il l'a fait avec d'autres secteurs...

M. Laforest (Alain) : ...qu'il est assis au gouvernement. Ça prend des augmentations.

M. Leduc : Ça les prend certainement.

M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'il faut aller à la hausse du coût de la vie? Est-ce qu'il faut augmenter de 7 %, 8 %, 9 % pour pallier les manques?

M. Leduc : Les travailleurs, travailleuses, visiblement, trouvent ça insuffisant. Les salaires sont toujours plus bas comparativement à d'autres services publics similaires, que ce soit la fonction publique municipale, la fonction publique fédérale. Donc, je ne suis pas maître des revendications syndicales, et encore moins de leur stratégie, ça leur appartient. Moi...

M. Laforest (Alain) : Mais vous vous faites le porte-voix, ce matin, de leurs revendications. Moi, je vous demande : L'État québécois doit aller jusqu'où?

M. Leduc : Il doit aller plus loin, certainement. C'est ça, la réponse.

M. Laforest (Alain) : Jusqu'où?

M. Leduc : Je n'ai pas un chiffre à vous donner, monsieur. Il doit aller plus loin, il doit répondre à la crise. C'est lui qui est aux commandes, c'est lui qui a les deniers. Le système, actuellement, de justice est sur le bord de l'effondrement. Il doit être pas mal plus à l'avant-garde que ça, le gouvernement, s'il veut régler la situation.

M. Bellerose (Patrick) : Sur la main-d'oeuvre, est-ce que vous avez une idée du nombre de personnes qu'il faut embaucher?

M. Leduc : Non. C'est quelque chose qu'on déplore, d'ailleurs. Le syndicat de la fonction publique réclame que, dans le domaine de la justice, il faut que le gouvernement fasse un tableau de bord pour voir où est-ce qu'il manque des effectifs dans chacune des régions, dans chacun des palais de justice, ce qui ne semble pas être le cas pour l'instant, selon le SFPQ. Nous, on est d'accord avec cette idée-là, qu'on ait un portrait plus clair pour être en mesure de monitorer la situation. 

M. Bellerose (Patrick) : Le système... effondrement. Qu'est-ce que ça signifie pour vous?

M. Leduc : Bien, ça veut dire qu'on annule des procès, qu'il y a des proxénètes qui risquent de s'en sortir parce qu'on n'est pas capables de mener à terme les procès, parce qu'il y a une victime d'agression sexuelle qui dit : Je renonce, les délais sont trop longs, c'est trop difficile pour ma santé mentale. Alors, oui, ça ne va pas bien. Il y a des salles vides complètes, là, en ce moment, dans les palais de justice, et je ne pense pas que le gouvernement a pris la mesure de la situation. Et visiblement, le ministre de la Justice ne semble pas s'y intéresser tant que ça. On n'a pas l'écho qu'il va nous présenter un plan, là.

M. Lacroix (Louis) : On les prend où, ces gens-là qui manquent?

Mme Richer (Jocelyne) : M. Leduc, comment vous interprétez l'échec de la réforme du droit de la famille, alors que le ministre a dû scinder son projet de loi hier soir?

M. Leduc : C'est un problème de priorisation. Je le disais tantôt, le ministre Jolin-Barrette en a trop dans son assiette. C'est une conséquence, ça aussi, de sa... On le présentait comme l'homme-orchestre. Bien, visiblement, ça n'a pas très bien fonctionné. Il y a des répercussions. Le demi-échec de la réforme du droit de la famille en est une. Moi, j'aurais souhaité qu'on la complète. On était prêts pour ça. La question de la gestation pour autrui, c'est un débat important qu'il faut mener à terme au Québec. Mais autant ce bloc que la filiation ont été retirés du projet de loi, hier, par le ministre. Nous, on était prêts à continuer à travailler là-dessus en soirée, aujourd'hui, demain, s'il le faut.

Mme Richer (Jocelyne) : Est-ce que c'est un problème de conviction? Est-ce que c'est un problème de gestion du temps des travaux parlementaires?

M. Leduc : La deuxième réponse, c'est ça. Ça a été trop tardif. Le dépôt de la réforme, ça a été trop tardif, la convocation en étude détaillée. Quand vous avez un ministre qui a, à la fois, la réforme 96 de la langue française et la réforme du droit de la famille, deux immenses pièces législatives, on le savait que ça prendrait du temps, l'une et l'autre. Si vous en priorisez une par-dessus l'autre, après ça, on ne peut pas se plaindre qu'on n'a pas eu suffisamment de temps pour la traiter, celle-là. Alors, c'est dommage.

Mais la bonne nouvelle ou la consolation, dans tout ça, c'est que, pour nous, Québec solidaire... puis, en toute transparence, les autres partis se sont engagés à la même chose hier... nous allons reprendre ces deux blocs qui ont été laissés sur table dans le deuxième volet. Vous savez qu'il y a un deuxième volet qui va venir, nécessairement, hein, du droit de la famille...

Mme Richer (Jocelyne) : ...conjugalité.

M. Leduc : ...exact, sur la conjugalité, entre autres. Tout le monde s'est engagé hier à reprendre ces deux sujets-là l'an prochain.

Mme Richer (Jocelyne) : Mais quel message ça envoie aux parents d'intention, aux futures mères porteuses?

M. Leduc : Bien, ça envoie, malheureusement, le message que le gouvernement n'a pas priorisé ce sujet-là. C'est triste.

M. Carabin (François) : Mais qu'est-ce que ça a comme impact de... Parce que, là, ça va prendre, visiblement, peut-être six mois avant qu'on redépose de nouveaux articles. Donc, qu'est-ce que ça a comme impact, dans l'immédiat, selon vous, là, de reporter l'adoption de cette réforme-là?

M. Leduc : C'est une réforme qui attendait depuis très longtemps. Je pense qu'on disait, hier, 40 ans, la dernière fois qu'on l'a ouverte, cette réforme-là du droit de la famille. On aurait aimé ça aller plus vite. Il aurait fallu déposer le projet de loi plus tôt, il aurait fallu convoquer l'étude détaillée plus tôt. Ça n'a pas été la priorité du gouvernement, visiblement, il a priorisé autre chose. On en paie un peu le prix. L'impact, c'est qu'on n'est pas capables de régler ces débats-là, qui auraient dû être réglés dans ce mandat-ci. On les réglera le mandat prochain. C'est l'engagement qu'on a tous pris hier.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...a servi la loi 66 pour l'accélération des projets d'infrastructures? Le fait qu'on n'arrive pas à les accélérer, ces projets de loi là, est-ce que ça a des impacts en région, dans vos circonscriptions? Il y a-tu des projets, finalement, que vous souhaitez voir accélérer, que ça n'arrive pas, tout ça, là?

Mme Lessard-Therrien : C'est sûr que des projets qui ne voient pas le jour, ça a toujours des impacts. La question de la pénurie de main-d'oeuvre va nécessairement revenir sur toutes les lèvres. On parlait tantôt de la grève des ingénieurs. Il faut comprendre que, quand on n'a pas des services publics forts, c'est problématique à toutes sortes de niveaux. Puis pourquoi on n'a pas des services publics forts? Parce qu'on a de la misère, parfois, à engager.

Vous parliez des ingénieurs tantôt. Moi, les ponts dans ma région, là, ça ne va vraiment pas bien. Puis pourquoi? Parce que le MTQ a énormément de difficultés à embaucher des ingénieurs parce qu'ils se font offrir le double du salaire dans les compagnies minières. Ça fait qu'il va falloir, à un moment donné, que l'État prenne la pleine conscience de l'impact de ne pas avoir des services publics forts, parce que, d'une autre façon, on va payer autrement, soit avec la sous-traitance, mais parce que, quand le trois quarts de tes ponts tombent en ruine dans une région, bien, ça engendre plein d'autres problèmes, qui ne sont pas réglés. Donc, il faut redonner les lettres de noblesse aux travailleurs puis travailleuses du système public québécois.

M. Laforest (Alain) : Actuellement... Les libéraux ont dit tantôt que la CAQ attise la peur de l'autre au niveau de l'immigration. Vous en pensez quoi?

Mme Lessard-Therrien : Sur l'immigration...

M. Laforest (Alain) : ...la peur de l'autre...

Mme Lessard-Therrien : La peur de l'autre.

M. Laforest (Alain) : ...que les libéraux ont avancée tantôt.

Mme Lessard-Therrien : Tu ne veux pas y aller?

M. Leduc : Oui, je peux y aller. Visiblement, la CAQ a décidé de faire de l'immigration la question de l'urne et elle fait, en ce moment, une immense opération diversion pour ne pas qu'on parle de son bilan, son bilan médiocre en logement, son bilan médiocre en environnement, son bilan médiocre sur la question du coût de la vie, et c'est quelque chose qui est malheureux. Nous, on pense que ces sujets-là devraient être mis de l'avant, devraient être pris à bras-le-corps par la classe politique. Et visiblement ce n'est pas le choix qui a été fait par la CAQ.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Vous, en immigration, est-ce que vous voulez tous les pouvoirs, comme le gouvernement?

M. Leduc : Nous, on veut l'indépendance du Québec.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...

M. Leduc : Bien, ça implique tous les pouvoirs en immigration, tous les pouvoirs sur les frontières, tous les pouvoirs sur la défense nationale, tous les pouvoirs...

M. Bossé (Olivier) : ...mais en attendant que ça se réalise, mettons?

M. Leduc : Bien, commencer en attendant, bien...

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...3 octobre prochain, êtes-vous d'accord pour qu'on rapatrie tous les pouvoirs en immigration?

M. Leduc : Ainsi que tous les pouvoirs en défense nationale, ainsi que tous les pouvoirs sur la monnaie, ainsi que tous les pouvoirs... Je veux dire, on veut l'indépendance du Québec, donc, bien sûr qu'on veut tous les pouvoirs en immigration, mais ce n'est pas suffisant.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...un Québec indépendant aurait une armée?

M. Leduc : La réponse à ça, c'est oui, bien sûr.

M. Laforest (Alain) : Donc, vous prenez le programme du PQ?

M. Leduc : Là, on n'entrera pas dans la comparaison PQ-QS.

M. Laforest (Alain) : Bien non, mais c'est écrit dans le programme du PQ.

M. Leduc : Vous me demandez si on veut tous les pouvoirs en immigration. Je vous dis : On est un parti indépendantiste. Bien sûr, mais on ne s'en satisfait pas et on veut les pouvoirs de l'ensemble des leviers de l'État, on veut un Québec indépendant. Donc, bien sûr.

M. Laforest (Alain) : Quand Lucien Bouchard a dit...

M. Bellerose (Patrick) : ...vous voulez le pouvoir pour choisir des immigrants francophones, pour pouvoir s'assurer que le déclin du français s'amenuise?

Mme Lessard-Therrien : Bien, sur la question de l'immigration, là, en ce moment, c'est le modèle qu'il faut revoir. Faire venir 170 000 travailleurs étrangers temporaires, ce n'est pas ça qui est structurant pour le Québec. Vous savez, dans ma région, on parle beaucoup de «fly-in/fly-out». Quand on fait venir des travailleurs étrangers temporaires, c'est la même chose, mais à l'échelle nationale. On fait venir des gens d'ailleurs, ils viennent travailler chez nous puis ils repartent, avec la masse salariale, dans leur pays d'origine. Puis souvent, ces gens-là, ils ont le goût de venir s'installer de manière permanente au Québec. Ça fait que c'est le modèle qu'il faut revoir.

Puis si on a 177 000 travailleurs étrangers temporaires, en ce moment, au Québec, c'est parce qu'on en a besoin, de ces gens-là. Vous savez, moi, chez nous, là, mon Provigo, à Ville-Marie, là, il recrute son boucher en Tunisie. Il y a des gens chez Temisko, à Notre-Dame-du-Nord, qui font de la soudure, ils viennent du Nicaragua, ils viennent du Mexique. On a besoin d'avoir ces gens-là chez nous. Puis ces gens-là veulent faire venir leur famille, puis quand on les garde dans un statut précaire de travailleur étranger temporaire, c'est compliqué, c'est compliqué.

M. Bellerose (Patrick) : ...pris avec ce système-là? C'est trop long, faire passer par la filière permanente, avec le fédéral. Donc, on est pris avec ce système-là. Êtes-vous d'accord avec cette idée-là?

Mme Lessard-Therrien : Bien, si on rapatriait tous nos pouvoirs, bien, on pourrait prendre ce système-là totalement en charge. Puis il va falloir parler davantage de régulariser les statuts de ces gens-là, d'avoir de l'immigration permanente. On n'arrête pas de parler de pénurie de main-d'oeuvre. On va avoir besoin de ces gens-là pour venir contribuer à notre société, puis ces gens-là sont prêts à le faire.

M. Laforest (Alain) : Lucien Bouchard a dit, hier, en parlant du PQ, que ça avait été un bon véhicule, mais que c'est peut-être le temps de changer de véhicule. Pensez-vous que vous êtes le nouveau véhicule?

M. Leduc : J'ai manqué sa citation. Est-ce qu'il a dit qu'on était le nouveau véhicule?

Des voix : Non.

M. Leduc : Non. Il manquait ce bout-là, hein, il manquait ce bout-là. Bien, nous, on peut le rajouter, bien sûr. À Québec solidaire, quand on a fondé ce parti-là, et c'est le cas jusqu'à aujourd'hui, on fait l'analyse que, pour que le peuple québécois se déploie, les peuples au Québec se déploient dans toute leur solidarité, dans tout leur potentiel, il faut l'indépendance du Québec. Vous le savez, on a publié un livre, il y a quelques mois, qui voulait renouveler et relancer le discours indépendantiste alentour de la question du territoire, de l'environnement et la question de nouvelles relations avec les différents peuples autochtones qui occupent le territoire. Donc, bien sûr que, pour nous, Québec solidaire, c'est ce véhicule-là.

M. Laforest (Alain) : Mais plusieurs diront que votre indépendance que vous prônez est une indépendance de façade, que vous n'êtes pas purement souverainistes et indépendantistes. Une frange de votre parti le dit.

M. Leduc : Qui dit ça? Qui dit ça?

Journaliste : Le PQ.

M. Leduc : Le PQ dit ça? Bien, je les laisse dire ça, pour vrai. Nous, on a nos convictions, on a des gens motivés, on présente des belles candidatures autochtones pour la prochaine élection...

M. Laforest (Alain) : Il n'y a pas de... fédéraliste dans votre parti?

M. Leduc : Moi, je ne les connais pas.

M. Bellerose (Patrick) : Il y a comme un discours qui circule, puis il y a une chronique de Michel David, ce matin, sur le sujet, que M. Legault pourrait préparer, disons, les conditions gagnantes pour la souveraineté. Est-ce que vous croyez que la CAQ peut préparer la souveraineté?

M. Leduc : Si c'est ça qu'ils font, ils le cachent très bien. Non, ce n'est pas une analyse que je partage. Moi, je pense que la CAQ a fait son nid, s'accommode de ce système-là, joue une espèce de jeu mi-figue, mi-raisin, en disant «on veut plus de pouvoirs», sachant qu'ils ne les auront pas, sans aller au bout de cette logique-là, puis de dire : Bien, donc, il faut faire l'indépendance. Nous, ce débat-là, cette analyse-là, on l'a faite depuis longtemps, elle se manifeste, encore une fois, aujourd'hui. Alors, on garde le cap sur la question de l'indépendance.

M. Carabin (François) : Mais, si... hypothétiquement, la CAQ proposait un projet indépendantiste, est-ce que, chez Québec solidaire, vous seriez capables de l'appuyer, considérant leurs valeurs, leurs idées?

M. Leduc : Bien là, vous me posez une très bonne question hypothétique. Il faudrait voir, il faudrait voir.

M. Duval (Alexandre) : Hier, à la période de questions, le ton a monté encore d'un cran sur la question de l'immigration. On n'a pas fini d'en parler. Est-ce que ça va mal finir, ce débat-là, à votre avis, là? En plus, on s'en va en élection.

M. Leduc : C'est correct d'avoir un débat... d'avoir des débats. L'immigration est un sujet parmi d'autres. C'est sain d'avoir des discussions au Québec. Moi et Québec solidaire, on appelle à ce que ce soit un débat le plus serein possible, un débat qui se fasse sur des termes polis, sur des termes rationnels. On peut avoir plein de débats. Ça part mal.

Mme Lessard-Therrien : Puis c'est qu'il ne faut pas faire de cette question-là une question de diversion. C'est ça, je pense, la vraie question. On ne doit pas utiliser, faire apparaître cette crise en immigration là pour faire diversion sur les vrais sujets qui menacent l'avenir au Québec. Puis ce sujet-là, c'est l'environnement. On vous en a parlé, on a le rapport de la Commissaire au développement durable, qui dit clairement qu'on est en situation d'échec, qu'on va rater nos cibles. Les priorités du gouvernement, s'il veut garantir un avenir à la nation québécoise, là, bien, c'est de réorienter ses priorités sur la lutte aux changements climatiques. C'est ça qu'il devrait faire.

M. Bossé (Olivier) : ...qu'il y a une crise en immigration aussi.

Mme Lessard-Therrien : En fait, cette crise-là, elle est inventée de toutes pièces par le gouvernement du Québec.

M. Laforest (Alain) : ...vous avez dit que votre épicerie faisait venir un boucher de la Tunisie, là. Ce n'est pas inventé, à ce que je sache, en Abitibi, le manque de main-d'oeuvre.

Mme Lessard-Therrien : On parle d'une crise de main-d'oeuvre, pas une crise de l'immigration.

M. Laforest (Alain) : ...qui est réglée par l'immigration? Comme Ottawa se traîne, puis qu'ils ne donnent pas les délais...

Mme Lessard-Therrien : La crise de main-d'oeuvre, au Québec, elle va être réglée par... Je veux dire, il y a un coffre à outils qu'il faut utiliser pour régler la crise de main-d'œuvre. L'immigration en fait partie, les places en services de garde en font partie aussi. Combien de femmes ne retournent pas sur le marché du travail, à l'heure actuelle, parce qu'elles ne sont pas capables d'avoir de places en services de garde pour leurs enfants?

M. Laforest (Alain) : Ça, c'est le discours de Jean Boulet, là. Il dit exactement la même affaire que vous, là. 

Mme Lessard-Therrien : Bien, nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut agir sur plusieurs fronts avec des actions à moyen, court et long terme.

M. Laforest (Alain) : La CAQ dit la même affaire.

Mme Lessard-Therrien :  Il y a des gens, chez nous, qui n'envisagent même pas d'avoir d'autres enfants parce que c'est trop un enjeu, les places en services de garde, chez eux. C'est grave, là, c'est grave. Il y a des gens, dans le réseau de la santé, qui ne retournent pas sur le marché du travail parce qu'ils ne sont pas capables d'avoir de places en services de garde. La CAQ a échoué aussi à ce niveau-là, d'offrir des places pour tous les enfants. Ça a été extrêmement long. Puis la pénurie de main-d'oeuvre, on la voyait venir depuis des années, là. Comment ça se fait qu'au jour un de leur mandat ils n'étaient pas prêts pour la régler?

Le Modérateur : En anglais.

M. Leduc : English.

M. Authier (Philip) : Sure.

M. Leduc : If you want, if you want.

M. Authier (Philip) : Let's talk about immigration. What did you think of the tone, yesterday… But more importantly, you heard Mr. Legault… According to Mr. Birnbaum, Mr. Legault walked into the House, yesterday, and said: «Le West Island s'énerve», about Bill 96. What do you think of the tone, of what's going on there, and the fact that the immigration is suddenly becoming an election issue?

M. Leduc : For us, there's no immigration crisis. There's… c'est quoi, une crise de main-d'oeuvre...

Des voix : Labor.

M. Leduc : ...labor, labor shortage crisis. There's clearly one, but there's no immigration crisis. Clearly, Mr. Legault has decided that immigration will become the ballot question of the next election. It's a big diversion operation. We can't agree with this strategy. We think that there's a lot of issues that need to be addressed, and this diversion operation is to hide his failure in environment, his failure in housing and in many other topics.  So, we don't like the tone that he started this debate. We prefer to have a good discussion in Québec. It's a sensible discussion, it's real humans we're talking about, so we need to have a better tone, in the next days, about it.

M. Authier (Philip) : And do you think the Government should have a say about the language people speak in their homes?

M. Leduc : What do you mean, "should have a say"?

M. Authier (Philip) : Well, yesterday, we're floating the idea that, you know, we have data on the language spoken in the workplace, and French is in decline, and in public space. But now, they're talking about: We need a more complete picture.

M. Leduc : O.K., I get it. The language spoken at home is one data. Is it the most important one? We don't think so. The most important one is the language spoken at work, is the language that people can speak. Is the French really the common language in Québec? That's the real data, that's the real issue here. And maybe, it's another operation of diversion.

M. Grillo (Matthew) : But why do you think he is making immigration the ballot question? Why do you think he's taking this tactic?

M. Leduc : To hide his failure. To hide his failure in housing, to hide his failure in environment, to hide his failure on cost of living and on any other subjects.

M. Grillo (Matthew) : You don't think he's trying to speak to a very specific voter pool?

M. Leduc : It's his strategy, he does what he wants.

Mme O'Malley (Olivia) : …do you think the Government should meddle on the affairs of people at home? Do you think they could have that power, eventually, to ensure that French stays in the province?

M. Leduc : Well, I don't even understand how it could be applied. I mean, you're going to send the police in your dinner table to see what… It's a nonstarter, it's not happening. I don't get it.

Merci, bonne journée.

(Fin à 8 h 55)

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