(Onze heures quatorze minutes)
Mme Bourassa :
Alors,
bonjour. C'est un réel plaisir pour moi d'être ici. Et, avant de laisser la
parole à celui que vous voulez entendre, M. le ministre, afin qu'il vous
présente plus en détail le projet de loi n° 8, je tenais à rappeler dans
quel contexte tout ça s'inscrit. Le système de justice est en pleine mouvance.
Un important changement de culture, on le sent, s'opère. On l'a dit, et je le
réitère, on veut un système de santé plus humain et plus rapide.
Au cours des deux dernières années, de
nombreuses avancées ont été réalisées pour mieux répondre aux besoins des
citoyens et pour rendre la justice plus accessible. Je pense aux étudiants en
droit qui peuvent désormais donner des avis et des conseils juridiques
gratuitement ou à peu de frais dans les cliniques universitaires et à l'École
du Barreau. Il y a aussi les notaires et les avocats qui oeuvrent au sein d'organismes
à but non lucratif qui peuvent eux aussi désormais donner des avis et des
conseils juridiques, tout ça en représentant leurs clients à la cour de façon
gratuite ou à coût modique. C'était demandé depuis longtemps, mais aucun
gouvernement ne l'avait priorisé avant.
Nous avons aussi été innovants en mettant
sur pied de nouvelles initiatives. L'un des meilleurs exemples est sans doute
le tribunal spécialisé en matière de violence conjugale et violence sexuelle.
Les personnes victimes doivent pouvoir se sentir en confiance et en sécurité
tout au long du processus, des procédures qui, on le sait, sont souvent des
moments pénibles et émotifs. Avec le tribunal spécialisé, elles seront
accompagnées et soutenues par des intervenants spécialisés avant, pendant et
après le processus judiciaire.
Rappelons aussi la ligne Rebâtir, qui
offre jusqu'à quatre heures de consultation gratuite auprès d'avocats de l'aide
juridique à toute personne victime de violence sexuelle ou conjugale, sans
oublier la plateforme juridique qui informe les citoyens sur leurs droits, je
dis même qui les guide un peu à travers leurs procédures.
Je le répète, toutes ces actions ont été
guidées par un même objectif : offrir aux Québécoises et aux Québécois une
justice accessible et plus humaine. Le projet de loi que nous déposons
aujourd'hui s'inscrit dans cette même logique. Alors, voilà, je vous remercie
de votre attention. Et, sans plus tarder, je vais laisser mon collègue Simon
parler.
M. Jolin-Barrette : Merci,
Kariane. Bonjour à toutes et à tous. Très heureux de vous retrouver. Alors, il
me fait plaisir aujourd'hui d'annoncer le dépôt du projet de loi n° 8 visant
à améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice, notamment en
favorisant la médiation et l'arbitrage et en simplifiant la procédure civile à
la Cour du Québec
Nous ne vous apprenons rien ce matin en
vous disant qu'au cours des deux dernières années, durant la crise sanitaire,
les délais judiciaires ont augmenté dans toutes les matières. C'est d'autant
plus vrai pour les délais à la division des petites créances, qui ont été
particulièrement affectés par la pandémie. Cela a d'ailleurs fait l'objet de
nombreux reportages. Actuellement, les Québécoises et les Québécois qui ont un
dossier aux petites créances doivent patienter en moyenne 664 jours pour
obtenir une audition devant le tribunal. Cela équivaut à 22 mois
d'attente, soit pratiquement deux ans. On est tous d'accord que c'est très
long, et beaucoup trop long.
Depuis notre arrivée à la justice, nous ne
ménagons aucun effort pour rendre la justice plus accessible, plus efficace et
surtout plus humaine. Les citoyens ont droit à des services rapides, simples et
peu coûteux, et c'est l'objectif principal de ce projet de loi que nous
déposons aujourd'hui. Ce projet de loi vise aussi à répondre au renvoi de la Cour
suprême concernant les seuils de compétence de la Cour du Québec. Il se décline
en quatre grands volets.
Tout d'abord, avec ce projet de loi, nous
nous donnons les moyens de mettre en œuvre de la médiation obligatoire et de
l'arbitrage automatique à la division des petites créances. Au fil du temps, la
médiation a fait ses preuves. En effet, dans la majorité des cas, la médiation
permet aux parties de régler leur litige. Elle permet aux citoyens d'être
impliqués dans la recherche de solutions et donc d'avoir plus de contrôle sur
le règlement de leurs litiges. Soulignons aussi que le niveau de satisfaction
des parties est souvent plus grand lorsqu'un dossier se termine par un
règlement plutôt que par un jugement.
Les services de médiation et d'arbitrage
s'appliqueront d'abord aux dossiers de moins de 5 000 $. Ils seront
ainsi obligatoirement référés en médiation, et, dans les cas où les parties
n'arrivent pas à s'entendre, leur dossier sera automatiquement référé en
arbitrage. Précisons que les dossiers de moins de 5 000 $
représentent plus de la moitié, donc plus de 50 % des dossiers déposés aux
petites créances, et que le taux d'entente en médiation pour ceux-ci est de
plus de 60 %. Selon nos estimations, cela permettra de régler les dossiers
dans un délai de trois à neuf mois, comparativement à la moyenne actuelle qui
est de 22 mois simplement pour obtenir une audience. Cela signifie qu'à
terme les gens pourraient sauver entre un an et demi et deux ans, en moyenne,
pour que leur dossier soit réglé.
Le projet de loi prévoit aussi
l'implantation d'une procédure civile simplifiée et accélérée à la Cour du
Québec pour tous les dossiers entre 15 000 $ et 100 000 $.
Le nouvel encadrement permettra aux citoyens de gagner du temps, mais surtout
de sauver des coûts. Nous avons revu chacune des étapes de la procédure civile
et avons évalué de quelle façon nous pouvions gagner en efficacité pour le
citoyen et aussi pour les avocats et la magistrature. Ce que nous proposons,
c'est donc une formule centrée sur les intérêts des citoyens qui pourraient
faire face à la justice, mais qui sera aussi bénéfique à tous les acteurs du
système de justice.
Soulignons que la Cour du Québec demeurera
exclusivement compétente pour entendre les dossiers dont la valeur du litige
est inférieure à 75 000 $. Et la Cour du Québec aura aussi compétence
concurrente avec la Cour supérieure, au choix du demandeur, pour entendre les
dossiers dont la valeur du litige se situe entre 75 000 $ et
100 000 $.
Par ailleurs, afin d'assurer une meilleure
représentativité des personnes victimes au sein du Conseil de la magistrature,
nous proposons d'ajouter un membre qui sera nommé après consultation
d'organismes oeuvrant auprès des victimes d'infractions criminelles. Il est
important pour nous de donner une voix au chapitre aux personnes victimes. Au
cours des derniers mois, nous nous sommes employés à remettre les personnes
victimes au cœur du processus judiciaire. C'est d'ailleurs dans cette logique
que le changement que nous proposons s'inscrit.
Nous clarifions également les obligations
de transparence et de reddition de comptes du Conseil de la magistrature. La
confiance du public envers le système de justice est fragile au Québec, et,
plus la justice est accessible, plus l'information est disponible pour le
public, plus les citoyens comprennent le système et les règles qui l'encadrent,
et plus ils auront confiance. Les changements que nous faisons viennent
répondre à cet impératif.
Dans un souci d'assurer une plus grande
diversité d'expertises dans le système de justice, les notaires ayant pratiqué
au moins 10 ans auront désormais accès à la fonction de juge. Cela
permettra également de valoriser la profession des notaires, qui,
soulignons-le, ont la même formation en droit que les avocats et jouent déjà un
rôle important à titre d'officiers publics dans notre société. Les notaires se
distinguent par une approche axée d'abord sur la prévention et la conciliation.
Considérant que nous souhaitons miser davantage sur la médiation et les modes
de règlement alternatifs des différends, leur expertise représente assurément
un atout de taille.
En terminant, nous sommes conscients que
bien d'autres défis nous attendent et que d'autres actions devront être posées
pour améliorer l'efficacité et l'accessibilité de la justice au Québec. Mon
rôle comme ministre de la Justice, c'est de m'assurer que le système
fonctionne, que les délais sont raisonnables, et que les services que nous
offrons aux citoyens sont abordables et surtout humains. Nous ne voulons plus
que le passage à travers le système de justice soit vécu comme un fardeau. Nous
voulons plutôt qu'il représente une solution pour pouvoir tourner la page sur
un moment qui est parfois difficile. Les améliorations que nous faisons
aujourd'hui avec ce projet de loi sont concrètes et y contribuent. Alors, merci
de votre attention.
Le Modérateur : Merci
beaucoup. Nous allons maintenant procéder à la période de questions en débutant
d'abord avec les questions en français, et les questions, ensuite, en anglais.
Si le temps nous le permet, on pourra faire plusieurs rondes de questions, mais
limitez-vous pour l'instant à deux questions par journaliste. Et on commence
aujourd'hui avec Marie-Josée Paquette-Comeau de Radio-Canada.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Oh! O.K. Je n'étais pas prête. Désolée. En fait, je
vais passer mon tour pour l'instant, si c'est possible.
Le Modérateur : Pas de
problème. Alors, on va commencer par Marc-André Gagnon, Le Journal de Québec.
M. Gagnon (Marc-André) : Bonjour.
J'avais une question, ça adonne bien. En mai dernier, là, on rapportait donc
que les délais dépassaient parfois les 1 000 jours avant d'avoir une
audience. Vous avez parlé de la moyenne tout à l'heure, là, de 22 mois,
mais est-ce qu'on a encore actuellement des cas comme ça, où ça dépasse le
1 000 jours, à votre connaissance?
M. Jolin-Barrette : Oui. Dans
certains districts judiciaires, là, on a des dossiers que c'est plus de trois
ans avant de pouvoir avoir une audition aux petites créances, puis c'est
totalement inacceptable. Alors, c'est pour ça qu'avec le projet de loi, ce
qu'on fait, c'est qu'on va tout d'abord débuter par des projets pilotes dans
certains districts où c'est plus criant, en fonction des différentes régions,
pour, justement, amener les parties en médiation obligatoire, où plus de
60 % des dossiers sont réglés. Donc, ça va faire en sorte, un, de
décharger la Cour du Québec à la division des petites créances, et ensuite on
va amener ça, si le dossier n'est pas réglé la médiation, vers l'arbitrage
automatique pour faire en sorte que le dossier puisse être réglé beaucoup plus
rapidement.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Mais donc ça va prendre quand même des médiateurs. Donc, est-ce qu'on en a en
nombre suffisant? Parce que, là, vous avez pointé du doigt, tout à l'heure, la
pandémie, mais, encore une fois, lorsqu'on a écrit là-dessus il y a quelques
mois, bien, il y avait aussi l'enjeu de la pénurie de main-d'oeuvre, là, qui
ressortait beaucoup. Je pense que c'est encore le cas.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, au niveau des médiateurs, on est corrects. On a 500 médiateurs qui
sont accrédités au Québec présentement. Puis, dans le fond, les notaires, les
avocats peuvent être médiateurs. Également, il y a d'autres instituts qui
accréditent également les médiateurs. Donc, il y a les ordres professionnels
qui peuvent les faire aussi, ou vous pouvez avoir la formation de médiateur
agréé également.
Donc, c'est justement pour ça qu'on se
donne un bassin plus large de personnes qui vont pouvoir aider en termes de
médiation. Donc, à la Cour du Québec, le nombre de juges à la cour... on est
environ près d'une centaine de juges à la chambre civile. Donc, notre bassin
est beaucoup plus large. Puis l'idée, c'est de faire en sorte... Aux petites
créances, là, les gens, lorsqu'ils se parlent, ils trouvent des solutions
ensemble, et les taux de règlement, actuellement, sont de 60 %. Donc,
c'est pour ça qu'on vient favoriser la médiation, pour éviter d'attendre durant
des mois et des mois puis de régler rapidement le litige. Alors, c'est une
voie... c'est un mode de règlement alternatif des différends qui fonctionne, la
médiation, puis c'est pour ça que, désormais, ça sera obligatoire.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
qu'il y aura plus de juges aussi qui vont être embauchés, juste pour préciser?
Ça, c'est l'autre élément, là, qui était pointé du doigt, qui est le fait qu'il
manque de juges pour traiter les dossiers.
M. Jolin-Barrette : En
matière civile?
M. Gagnon (Marc-André) : Oui.
M. Jolin-Barrette : Non.
Bien, en fait, on n'a pas eu de demande en matière civile pour les petites
créances. Puis la logique, aussi, derrière ça, c'est que le dossier ne se
retrouve pas en situation judiciarisée. Donc, on est avant de se retrouver à la
cour. Puis, dans le fond, la majorité des dossiers ne se retrouveront plus à la
cour, parce que vous avez, dans un dans un premier temps, la médiation qui sera
obligatoire. Donc, tous les dossiers devront aller en médiation aux petites
créances. Si jamais ça ne fonctionne pas, ensuite, ils vont être en arbitrage
automatique. Et, pour de rares exceptions, il pourrait arriver qu'ils se
retrouvent à la cour, mais vous comprendrez que le volume va être de beaucoup
réduit. Et, surtout, le fait que les parties doivent se parler à la médiation,
bien, ça permettra de solutionner.
Et je le réitère toujours, lorsqu'on est
dans une situation conflictuelle avec quelqu'un, dans un litige, bien, écoutez,
le fait de pouvoir participer à la solution, le fait de pouvoir échanger,
aussi, avec l'autre partie, bien, de rapprocher les parties, bien, ça règle
beaucoup de litiges.
Le Modérateur : Simon
Bourassa, Noovo.
M. Bourassa (Simon) : Bonjour.
Concernant l'engorgement des tribunaux, là, il y a des juristes qui mentionnent
qu'au niveau des tribunaux civils il y a beaucoup d'entreprises, en fait, qui
se retrouvent là et qui engorgent les tribunaux, parce qu'ils ont beaucoup de
moyens, parce qu'ils y passent beaucoup de temps aussi. Est-ce qu'on pourrait
en venir, M. le ministre, à obliger aussi la médiation et l'arbitrage à ce
niveau-là, là, pour les entreprises qui se battent en cour, là?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, votre question est très intéressante. Puis le projet de loi y répond
également, parce que, dans le fond, le projet de loi, on vient répondre au jugement
de la Cour suprême sur le seuil de compétence. Le ministre St-Arnaud, à
l'époque, avait fixé ça à 85 000 $. La Cour supérieure a poursuivi la
Cour du Québec, puis la Cour suprême a dit : Bien, écoutez, vous devez
revoir le seuil de compétence, à la lumière des arguments qui ont été plaidés.
Alors, nous, la solution avec laquelle on arrive, c'est que les dossiers entre
15 000 $ et 100 000 $ vont pouvoir être entendus à la Cour
du Québec. Mais, ce qu'on fait, à cause qu'on a un objectif social important,
soit l'efficacité de la justice puis l'accessibilité à la justice pour les
citoyens, on fait en sorte d'avoir une procédure simplifiée à la Cour du Québec
maintenant.
Donc, je donne un exemple. Désormais,
lorsque vous faites une demande à la Cour du Québec, vous êtes le demandeur,
bien, votre requête, votre demande va devoir tenir sur cinq pages seulement.
Ensuite, la défense, ça va être uniquement deux pages. Il n'y aura plus
d'interrogatoire en bas de 50 000 $ à la Cour du Québec. On va favoriser
les expertises communes. Dans le fond, vous allez être obligé d'avoir une
expertise commune, à moins que ce soit autorisé par le tribunal. Pour pouvoir
être entendu plus rapidement à la cour, vous devrez avoir utilisé un mode
alternatif de règlement des différends, donc d'avoir été en médiation. Si vous
ne passez pas par la médiation, supposons, bien, vous vous retrouvez en bas de
la pile pour fixer votre dossier.
Donc, ce qu'on recherche par la procédure
simplifiée, c'est une justice qui est plus accessible, plus efficace, qui coûte
beaucoup moins cher. On limite également les vacations à la cour, bien, le
nombre de fois que les citoyens puis leurs avocats doivent aller à la cour.
Donc, on limite ça à une seule fois. On fait en sorte aussi qu'il y a une conférence
de règlement à l'amiable obligatoire aussi. Ça fait qu'avant de se retrouver à
procès, le juge va s'asseoir avec les parties puis va voir comment est-ce qu'on
peut régler le dossier aussi.
Ça fait que l'objectif de toute la
procédure, de la simplification de la procédure qu'on amène à la Cour du
Québec, c'est de faire en sorte que ça coûte moins cher pour les citoyens, que
ça puisse aller plus rapidement, que les parties se parlent et qu'on soit
davantage en contrôle du dossier. Puis, comme vous le disiez, bien, écoutez,
vous avez des entreprises, supposons, qui multiplient les procédures, bien, on
va gérer ça en amont beaucoup plus en limitant, notamment, les recours qui
peuvent être instruits et entendus.
M. Bourassa (Simon) : O.K.
Donc, juste pour être sûr, c'est bon aussi pour les personnes de droit morales,
là, les entreprises?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, dans le fond, les personnes morales, les personnes physiques vont devoir
suivre la même procédure simplifiée. Mais l'idée, c'est de faire en sorte
que... Vous savez, quand vous êtes dans des litiges entre 15 000 $
puis 75 000 $ de compétence exclusive, ou 100 000 $ jusqu'à
compétence concurrente, souvent, les honoraires d'avocats vont représenter
quasiment le montant pour lequel vous allez en cour. Donc, on veut éviter ça
aussi. Quand on parle d'accessibilité à la justice, d'efficacité, d'efficience,
ça en fait partie.
M. Bourassa (Simon) : Et puis
concernant la pénurie de main-d'oeuvre, là, dans le milieu de la justice, il y
a des publicités qui tournent présentement, là, à la radio, en tout cas, je ne
les ai pas vues à la télé, mais, bref, où on dit : Venez travailler dans
notre palais de justice, on est bien. Est-ce que ça fonctionne, ça, jusqu'à
date? Est-ce que les candidatures entrent?
M. Jolin-Barrette : Oui.
Bien, en fait, vous savez, on n'est pas différents des autres employeurs au
Québec. Nous aussi, on a des enjeux de main-d'oeuvre. Mais vous l'avez vu
l'automne dernier, notamment, et puis même au printemps dernier, nous, on
travaille extrêmement fort au ministère de la Justice pour faire en sorte de
bien doter le ministère de la Justice, d'assurer la rétention aussi. La
campagne de publicité agressive que nous avons fait justement partie de ça, pour
recruter des gens, des greffiers, des techniciens juridiques.
Depuis la dernière année, on a accueilli
1 000 nouveaux employés au ministère de la Justice, mais ce n'est pas
terminé. Il faut continuer à travailler à la rétention du personnel. On a des défis
quotidiennement dans nos salles de cours avec les greffiers. Ça arrive parfois
qu'on est dans des situations d'impondérables. On planifie, dans le fond, l'ouverture
des salles de cour, mais ça peut arriver qu'il y ait une journée de maladie, la
garderie est fermée, il y a une tempête de neige, tout ça. Mais je peux vous
assurer que tous les efforts sont mis au ministère de la Justice pour recruter
le maximum de personnel.
Le Modérateur : Caroline Plante,
LaPresse canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Bonjour.
Je me demandais, ce que vous annoncez aujourd'hui, peut-être plus précisément
la médiation obligatoire, est-ce que ça a fait ses preuves dans d'autres
juridictions. Est-ce que vous vous êtes inspiré d'ailleurs?
M. Jolin-Barrette : Bien,
nous, on avait déjà un projet pilote qu'on avait en matière de médiation aux
petites créances, donc trois heures avec un médiateur pour les petites
créances, puis le taux de règlement est de 60 %. Alors, notre expérience
québécoise, ça a déjà fait ses preuves. Puis, quand les dossiers se retrouvent
en médiation, bien, ils se règlent. C'est plus d'un dossier sur deux qui se
règlent en médiation. Ça fait que l'expérience est déjà là.
Mme Plante (Caroline) : Mais,
mis à part ça, avez-vous fait de la recherche sur les meilleures pratiques
ailleurs?
M. Jolin-Barrette : Bien,
voyez-vous, en Colombie-Britannique, ils ont créé un tribunal virtuel qui est
intéressant, notamment en matière de protection du consommateur. Il y a
certaines divisions. Eux, ils ont commencé beaucoup plus tôt que nous. Ils ont
commencé, je pense, vers les années 2012 à développer cette solution-là,
puis ça permet aux parties de régler leur litige, également, par le biais de
cette plateforme-là.
D'un autre côté, on a financé aussi la
plateforme Parle, ici, pour les litiges en matière de consommation, avec l'Office
de la protection du consommateur puis avec M. Noreau, notamment, de
l'Université de Montréal également, de la faculté de droit. Alors, on s'est
inspirés des pratiques qui se font, justement, pour accélérer le règlement des
dossiers.
Parce qu'il faut comprendre, lorsque vous
êtes, supposons, aux petites créances, là, les citoyens veulent avoir une
solution à leur litige. Puis les citoyens, ils y pensent, à leur litige,
constamment. Supposons que vous avez un trouble de voisinage, là, bien, vous
voulez que la situation se règle parce que vous y pensez quotidiennement. En
matière de consommation, vous achetez un bien, bien, voulez que ça se règle, le
bien ne fonctionne pas. Donc, c'est important que la justice soit rendue avec
célérité, que ça soit rendu rapidement.
Mme Plante (Caroline) : Puis
peut être juste une précision. Vous avez mentionné le tribunal virtuel, la
plateforme. Est-ce que c'est quelque chose qui est envisagé au Québec?
M. Jolin-Barrette : Oui,
c'est quelque chose qu'on envisage dans le futur. Mais, dans un premier temps,
pour moi, ce qui est important, c'est de réduire les délais à très court terme.
Donc, c'est pour ça qu'on va faire en sorte d'implanter la médiation
obligatoire et l'arbitrage automatique dans les différents districts.
Le Modérateur : Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.
Combien de dossiers actuellement destinés à procès vont se terminer par
médiation obligatoire ou arbitrage après l'adoption du projet de loi?
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, aux petites créances, là, en moyenne, là, annuellement, ça tourne
entre 18 000 et 20 000 dossiers qui sont ouverts aux petites
créances, O. K.? 50 % des dossiers aux petites créances sont des dossiers
de moins de 5 000 $. Donc, on va débuter par ces dossiers-là, ça veut
dire environ 10 000 dossiers par année qui vont s'en aller en
médiation pour débuter. Notre objectif sur plusieurs années, dans le fond,
c'est de faire en sorte d'aller couvrir tous les dossiers des petites créances
jusqu'à hauteur de 15 000 $. Ça, c'est pour les petites créances.
Pour entre 15 000 $ et
100 000 $, dans le fond, la médiation va être favorisée. Dans le
fond, si vous allez en médiation, bien, votre dossier va être fixé par
priorité. Donc, on veut amener les gens à aller dans un mode alternatif de règlement
des différends avant de se présenter à la cour. Donc, ceux qui vont avoir été
en mode alternatif de règlement vont être fixés par priorité.
Ça m'amène à vous parler de la conférence
de règlement à l'amiable également, qui est incorporée désormais dans la
procédure. Ça fait que, dans le fond, les parties vont s'être rencontrées. Ils
n'arriveront plus devant le juge sans s'être parlé, parce que tout le monde va
s'être assis ensemble, notamment en conférence de règlement à l'amiable avec le
juge, dans le processus pour essayer de régler le maximum de dossiers. Parce
qu'un des enjeux dans le système de justice, là, souvent, il y a des procès qui
sont fixés, puis là on a des procès qui sont fixés, le temps de la cour est
réservé, le temps du juge est réservé, tout le monde a regardé le dossier, puis
finalement il y a des règlements, supposons, le matin même. Donc, ça arrive
qu'il y ait des journées de cour, il y a des après-midis de cour qui ne sont
pas utilisées. Donc, il faut changer nos façons de travailler pour avoir davantage
de planification. Puis, lorsqu'on peut régler le dossier, bien, il doit être
réglé rapidement.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Puis
ça va libérer du temps des juges de la Cour du Québec
M. Jolin-Barrette : Beaucoup.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Combien
d'heures, le savez-vous?
M. Jolin-Barrette : Beaucoup.
Bien, en fait, c'est à la pratique qu'on va le voir, mais ça va libérer du
temps de juges.
M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K.
Puis les médiateurs, vous dites, dans le fond, que vous avez suffisamment de
médiateurs potentiels parce que vous avez élargi le bassin, ou qu'aujourd'hui
il y a des...
M. Jolin-Barrette : Non,
aujourd'hui. Il y en a 500 aujourd'hui.
M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K.
Puis ils acceptent les honoraires versés, ils sont...
M. Jolin-Barrette : Bien,
actuellement, ce qui est offert, c'est trois heures de médiation. Puis, il faut
le dire, pour les citoyens, c'est gratuit, là. Autant la médiation que
l'arbitrage automatique, c'est gratuit. Au niveau de la médiation, les
médiateurs sont rémunérés 114 $ de l'heure pour les trois heures.
M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K.
Puis, pour vous, les 500 vont accepter ça? Puis ils vont être capables de
suffire à la tâche, là, selon vous?
M. Jolin-Barrette : Oui. Mais
ça devient également un champ de pratique qui est intéressant pour d'autres
membres du Barreau ou d'autres notaires qui souhaiteraient faire de la
médiation aussi, là.
M. Bélair-Cirino (Marco) : À
114 $ de l'heure? Les membres du Barreau, 114 $ de l'heure?
M. Jolin-Barrette : Bien,
écoutez, dans différentes régions, je ne vous cacherai pas que les gens veulent
toujours plus, des honoraires plus élevés, mais, dans les différentes régions
du Québec, c'est une pratique qui est intéressante aussi.
Le Modérateur : Marie-Josée
Paquette-Comeau, Radio-Canada.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Pourquoi donner l'accès aux notaires à la fonction de
juge? Quel est l'objectif?
M. Jolin-Barrette : Bien,
l'important, c'est que notre système de justice soit diversifié. Puis on va
pouvoir bénéficier de l'expertise des notaires. Vous savez, c'est la même
formation pour un avocat et un notaire. Donc, les avocats font le Barreau, les
notaires, par la suite, la Chambre des notaires, mais, dans certains domaines
de droit, les notaires, ce sont vraiment des spécialistes. Ils sont habitués
également d'être des personnes qui sont impartiales. Donc, les gens, quand ils
vont voir les notaires... Ils sont habitués de concilier les gens également.
Puis là on prend le virage vers la médiation, vers l'arbitrage, donc davantage
vers la conciliation des parties. Même chose avec la nouvelle procédure à la
Cour du Québec, on s'en va vers les conférences de règlement à l'amiable
automatiques, donc obligatoires. Donc, le notaire est déjà habitué de concilier
les parties ensemble et de trouver des solutions. Et, dans les différentes
régions du Québec, aussi, ça va permettre de mettre à contribution l'expertise
des notaires.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Vous parlez de diversifier. Est-ce qu'il y a un enjeu
de pénurie? Puis est-ce que ça peut avoir aussi... En ajoutant des juges à
cette cour-là, est-ce que ça peut avoir une influence sur d'autres juges
ailleurs? Est-ce que c'est une question de pénurie de main-d'oeuvre, de juges,
en fait?
M. Jolin-Barrette : Non, ce
n'est pas une question de pénurie de main-d'oeuvre, c'est une question de
diversité puis de miser sur les différentes expertises qu'on a comme juristes.
Donc, les notaires ont une expertise particulière, notamment, qui va pouvoir
bénéficier à la Cour municipale, qui va pouvoir bénéficier à la Cour du Québec
également. Alors, moi, je crois qu'en mettant en place cette
accessibilité-là... Puis, tu sais, il y a des comités de sélection aussi. Il
faut savoir que la procédure en matière de sélection demeure. Donc, le comité
d'évaluation du comité de sélection va évaluer la candidature de chacune des
personnes, mais ça amène une plus grande diversité au sein de la magistrature.
Puis, surtout, les notaires ont une expertise dans certains domaines de droit
qui va permettre d'enrichir l'expertise de la Cour du Québec.
Mme Paquette-Comeau
(Marie-Josée) : Mais les notaires n'ont pas leur Barreau. Est-ce que
vous pensez que les avocats vont voir ça comme une forme d'injustice ou de
problématique?
M. Jolin-Barrette : Non, je
ne pense pas. Honnêtement, les notaires sont membres de la Chambre des notaires,
d'un ordre professionnel avec des obligations déontologiques, tout comme les
membres du Barreau. Puis, comme je vous le dis, c'est la même formation, à
l'exception du Barreau, puis les notaires font la maîtrise en droit notarial
pour accéder à l'ordre professionnel, à leur permis de pratique.
Le Modérateur : Il nous reste
cinq minutes en français avant de passer en anglais, et j'ai des collègues qui
ont signifié leur intérêt pour une deuxième ronde de questions. On commence
avec Marc-André Gagnon, le journal.
M. Gagnon (Marc-André) : Des
petites précisions, là, parce qu'évidemment on a regardé tout ça en diagonale
comme ça a été déposé ce matin. Les seuils aux petites créances, est-ce que ça
change, pour les réclamations?
M. Jolin-Barrette : Non. Bien
là, les seuils ne changent pas aujourd'hui, donc c'est maximum
15 000 $. Par contre, dans la loi, on a mis une indexation
automatique. Donc, à chaque fois qu'on arrive avec un chiffre rond, ils vont
pouvoir augmenter. Donc, au fur et à mesure, avec l'inflation, désormais, ils
vont être indexés. On n'aura plus besoin d'un projet de loi qui va venir
dire : Bien là, maintenant, on passe de 15 000 $ à
18 000 $, à 20 000 $, à 25 000 $. Maintenant, ils
vont être indexés.
M. Gagnon (Marc-André) : O.K.
Sur un autre sujet maintenant, il y avait encore dans les journaux, ce matin,
une histoire de restaurateurs qui voient un nombre important de réservations
qui n'est pas honoré, là, des clients qui ne se présentent pas, des «no-show»
en bon français. L'Association des restaurateurs du Québec vous a déjà demandé
de déposer un projet de loi qui leur permettrait, par exemple, de demander un
numéro de carte de crédit et de charger des frais s'il y a un «no-show». Est-ce
que vous avez l'intention de faire ça?
M. Jolin-Barrette : Bien, je
vous dirais, j'ai reçu la demande de l'Association des restaurateurs. On est en
train de l'évaluer avec l'Office de la protection du consommateur, puis on est
présentement en réflexion. C'est ce que je peux vous dire pour l'instant.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
n'êtes pas fermé, donc.
M. Jolin-Barrette : Je ne
suis pas fermé.
Le Modérateur : Marco
Bélair-Cirino, Le Devoir.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Oui.
Bonjour. Rebonjour. Le Conseil de la magistrature n'a pas modifié ses codes de
déontologie suite à l'adoption de la Loi sur la laïcité de l'État en juin 2019.
Est-ce que le Conseil de la magistrature respecte, à ce moment-ci, la Loi sur
la laïcité de l'État?
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, c'est mon collègue qui est responsable de la laïcité de l'État
M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous
êtes ministre de la Justice.
M. Jolin-Barrette :
Cependant, je dirais ça ainsi, puisque je suis l'auteur de la loi, l'intention
du législateur est à l'effet que, très clairement, les personnes en situation
d'autorité ainsi que les juges ne portent pas de signes religieux. C'est très
clair. Alors, écoutez, j'ai pris connaissance de l'article dans Le Devoir
ce matin. Très certainement, il faut que les exigences de la laïcité soient
traduites par le Conseil de la magistrature envers les juges. Ça, c'est très,
très clair. Donc, on invite le Conseil de la magistrature à prendre les
responsabilités légales qui lui reviennent.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Un
ministre de la Justice québécois peut-il nommer une personne qui porte des
signes religieux à la fonction de juge?
M. Jolin-Barrette : C'est
très clair que la Loi sur la laïcité de l'État s'applique à la magistrature.
Donc, dans l'exercice de ses fonctions, un juge ne peut pas porter de signes
religieux. Donc, à votre question : Est ce que le ministre de la Justice
peut désigner quelqu'un qui porte un signe religieux?, exemple, vous, supposons
que vous portez un signe religieux, chrétien, juif ou musulman, vous pourriez
accéder à la fonction de juge. Cela étant, dans l'exercice de vos fonctions,
vous ne pouvez pas porter des signes religieux.
Le Modérateur : Et nous, nous
passons en anglais, je crois? Oui. Donc, en anglais, on commence aujourd'hui
avec Franca Mignacca, CBC.
Mme Mignacca (Franca G.) : Yes.
Good morning. Can you start by explaining a bit what exactly
this will change for people and how it will cut down on wait times?
M.
Jolin-Barrette :
Yes. So, two things that will change things for the citizen when
they go in the justice system. First of all, for small claims, what we are
doing is that we will have mediation for all the files that are under $5,000.
So, it will be mandatory to go in mediation. And a half of the cases that go in
mediation find a solution in mediation. So, that's a way that we will shorten
the delay. And they will find a solution together. So, I think that's important
to have that empowerment about their own case and to find solutions together.
On the other side, with
the regular procedure, we made a simplification about the procedure at the
Court of Québec, civil chamber of Court of Québec, to ensure the judgment of
the Supreme Court and to be sure that, now, we reduce the time. But we reduce
the complexity of the procedure. So, as example, you will not be able to do
interrogatory under $50,000. For the expertise, it will be common expertise
with both parties. After that, you will be on the top of the list if you got in
mediation or by another alternative dispute resolution. So, that's... And the
objective also is that the lawyers and the parties will not have to go each
time to the court. We simplify that: one time. And you have also «conférence de
règlement à l'amiable» with the judge to try to find solution before going in
front of the judge for the trial. So, we want to have less cost for the
citizen, and that it will be quicker and more easy.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
Can you
give some examples, though, of the types of civil cases that this might be used
in, that this might help the most with?
M.
Jolin-Barrette :
Well, all types of cases that will go in front of the court under
$100,000. So, between $50,000 and $75,000, it's exclusively in front of the
Court of Québec, civil chamber. Between $70,000 and $100,00, it will be... you
can choose to go in Superior Court or in Court of Québec. But if you go in
Court of Québec, you have the simplification procedures. So, people will be
interested of that because it cost lost...
Mme
Mignacca (Franca G.) : Cost less.
M.
Jolin-Barrette :
...less, that's it. So, I think it will be better for the citizen.
And it's more human, it's more accessible.
Le Modérateur :
Dan Spector, Global News.
M. Spector
(Dan) :
Do you
have projections or predictions of just how much time this will save people and
how much time this will save the justice system?
M.
Jolin-Barrette :
Yes. For example, for small claims, now, we have a delay about… the average
time is 22 months. And we think that we will be able to reduce that from
one year and a half to two years to have their solution between three and nine
months. So, that's a big change. And, you know, and I already said that, but I
will repeat, when you have a claim, small claim, people think about that each
day, because that's a thing that goes in their day-to-day business or, if you
have a dispute with your neighbor, you think about that. So, we need to have a
justice system that goes fast. And also, the trust of the population inside the
justice system will be ensured by that.
M. Spector
(Dan) : And just in terms of, like… Obviously,
the shortage of personnel in the justice system is an issue. How do you see
this putting less pressure on the, you know, people who are overwhelmed with
work?
M.
Jolin-Barrette : Well, it will put less pressure
because we take the cases and we take them out from the justice system by going
to mediators or «arbitrage». And you have 500 mediators here, in Québec. So,
these people are not in the justice system as judges or as «greffiers». So, we
will have more time at the court for bigger cases or more complex cases. And
the simplification, also, for the civil procedures is also helpful for the
«greffiers», for the judicial employees at the court, because, before, you had
to do a «protocole d'instance» and to go doing some «requêtes intérimaires» at
the court. So, the lawyers will go one time at the court with the «conférence
de règlement à l'amiable», and after that, if there is not an agreement, it
will be the trial. But I think we will succeed, and I'm confident that we will
succeed to be sure that… to have less cases in front of the court.
Le Modérateur
:
C'est ce qui met fin au point de presse. Merci beaucoup.
M. Jolin-Barrette : Merci
beaucoup. Merci, Mme la députée.
(Fin de la séance à 11 h 48)