(Huit heures une minute)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Je veux revenir ce matin sur l'échange que j'ai eu avec François Legault hier
en période de questions. Il n'y a pas de fumée sans feu : ça va mal à
Hydro-Québec, deux démissions en trois semaines. Il y a une crise à la tête d'Hydro-Québec,
et François Legault refuse de faire la lumière sur ce qui se passe. Il a enfin
accepté, alors que ça fait un an que Québec solidaire le talonne, la tenue d'une
commission parlementaire pour étudier le plan stratégique de la société d'État,
mais il y a un gros, gros «mais»: il refuse obstinément de s'engager à ce que
Sophie Brochu vienne expliquer et défendre ce plan stratégique là devant les
parlementaires du Québec.
La question qui se pose, c'est donc :
Qu'est-ce que François Legault ne veut pas qu'on apprenne en questionnant
Sophie Brochu? Qu'est-ce qui le dérange tant? De quoi a-t-il peur? Je pense qu'avant
que Mme Brochu tire sa révérence on a besoin de l'entendre pour comprendre la
vision qui était la sienne, pour qu'elle nous explique son plan stratégique et
pour qu'on aille au fond des choses.
Tout le monde voit bien, tout le monde qui
a suivi le dossier l'a déduit, il y avait des différends entre Mme Brochu et le
gouvernement sur la destinée d'Hydro-Québec. Est-ce qu'Hydro-Québec doit servir
à fournir de l'électricité à bas prix à des multinationales triées sur le volet
par Pierre Fitzgibbon ou est-ce qu'Hydro-Québec doit servir d'abord et avant
tout à décarboner, à électrifier le Québec? Ce débat-là, c'est un débat de
société, puis, pour l'avoir, il faut commencer par comprendre ce qui s'est
passé dans les derniers mois à la tête d'Hydro-Québec.
Et, quand on pose ces questions-là à
François Legault, comment il répond? Bien, il me compare à Éric Duhaime, il dit
que je fais des complots. Si je suis complotiste, il y a pas mal de
complotistes au Québec, là, tout le monde se pose des questions sur ce qui se
passe à Hydro-Québec. On a le droit de savoir, c'est notre société d'État à
nous, ce n'est pas le jouet de Pierre Fitzgibbon. François Legault n'aime pas
la transparence. François Legault n'aime pas répondre à des questions, et,
quand il se sent sur la défensive, il attaque. C'est ce qu'il a fait hier.
Comptez sur moi pour ne pas lâcher le morceau.
Je veux aussi revenir sur l'échange qu'Alexandre
a eu hier avec le ministre du Travail, Jean Boulet, un échange extrêmement
révélateur. On sait que le ministre nous a promis un projet de loi pour
encadrer le travail des enfants, pour fixer, on l'espère, un vrai âge minimum
pour travailler au Québec. Mon collègue lui a posé une question très simple :
Est-ce qu'il va y avoir une exception pour les domaines de la restauration et
du commerce de détail?, et le ministre a été incapable de fournir une réponse
claire. Il a été incapable de dire : Non, il n'y aura pas d'exception. Ce
qu'on sait grâce au bon travail d'Alexandre, c'est qu'il y a des lobbyistes en
ce moment qui pèsent très fort sur Jean Boulet pour qu'il y ait une telle
exception. J'ai ici, en main, un mandat de lobbyisme de l'Association des
restaurateurs du Québec, et c'est clairement écrit : «Objectif :
empêcher l'ajout d'un âge minimum pour avoir accès au marché du travail.» C'est
des documents qui sont publics, vous pouvez les consulter facilement.
Donc, le ministre est sous pression par
les lobbys pour créer un énorme trou dans sa loi. Nous, on pense, à Québec
solidaire, que des enfants de 14 ans et moins, là, leur place, c'est à l'école,
pas dans des cuisines de restaurant. François Legault n'arrête pas de dire que
sa priorité numéro 1, c'est l'éducation. Bien là, il faut qu'il le démontre, il
faut qu'il clarifie les intentions de son gouvernement tout de suite. Il faut
qu'il rassure les Québécois, les Québécoises, il faut qu'il rassure les
familles qu'il n'y aura pas d'exemption, pas de trou dans sa loi sur le travail
des enfants. C'est essentiel. Alexandre.
M. Leduc : Merci, Gabriel. Bonjour,
tout le monde. Un autre dossier de travail ce matin. Moi, je suis choqué de
lire et d'apprendre les allégations de pratiques illégales dans les entrepôts d'Amazon
du Grand Montréal : Amazon ferait tout pour éviter que les travailleurs
qui sont victimes d'un accident de travail reçoivent des indemnités. On
offrirait de l'argent en échange d'un retrait d'une plainte. Amazon aurait même
menacé de congédiement des employés qui sont allés à la CNESST en fin de
course. Donc, c'est grave. Puis, évidemment, Amazon nie tout ça en bloc.
Personne n'est surpris, c'est la politique de la compagnie, on l'a vu ailleurs
dans le monde.
Mais ici, on est au Québec, on a des lois
québécoises, des lois du travail, des bonnes lois du travail, et les lois
protègent les employés ici. Et l'entreprise, qu'elle soit d'ailleurs ou d'ici,
il faut qu'elle respecte les lois québécoises. C'est le message qu'on envoie à
Amazon.
C'est un message aussi qu'on envoie au
ministre du Travail, parce que je lui ai envoyé une lettre hier demandant au
ministre Jean Boulet de faire une enquête, de convoquer une enquête de la
CNESST pour aller vérifier ces allégations-là et recevoir un rapport et, en
raison du rapport et des conclusions qui seraient rendues, prendre action,
faire des sanctions, parce que c'est des choses qui sont intolérables, au
Québec, ces pratiques alléguées. Il faut que ça soit respecté, la santé et
sécurité de tous les travailleurs, syndiqués ou non. C'est la responsabilité du
ministre d'agir, et je l'enjoins à prendre ses responsabilités. Merci.
M. Laforest (Alain) : Sur Mme
Elghawaby, M. Nadeau-Dubois — je suis sûr que vous vous attendiez à
la question ce matin puis vous avez préparé votre réponse, là — est-ce
que ça vous satisfait, les excuses?
M. Nadeau-Dubois : On a pris
connaissance de ces excuses-là. Je pense que ça montre que le dialogue peut
donner des résultats. D'ailleurs, je salue l'initiative de M. Blanchet, qui a
pris la peine de la rencontrer. C'est comme ça qu'on veut travailler, à Québec
solidaire, dans le dialogue, aussi dans la fermeté sur nos principes. On
n'accepte pas des propos qui généralisent comme ça puis qui sont blessants pour
les Québécois, les Québécoises. On a, de notre part, une rencontre prévue avec Mme
Elghawaby, c'est en train de se préciser, en début de semaine.
M. Laforest (Alain) : ...à la
question : Êtes-vous satisfait des excuses?
M. Nadeau-Dubois : J'ai pris
connaissance de ces excuses-là, et on va vouloir continuer à dialoguer avec
elle. On a des questions pour elle, c'est pour ça qu'on veut la rencontrer.
M. Laforest (Alain) : ...elle
s'est excusée.
M. Nadeau-Dubois : Et ces
excuses-là, on les a entendues, comme tout le monde, puis c'est un pas dans la
bonne direction, c'est certain, mais on a toujours des questions. On a toujours
des questions, parce qu'on veut échanger avec elle sur sa vision aussi de la
lutte à l'islamophobie dans un contexte québécois, qui est un contexte
particulier. Parce que la lutte à l'islamophobie, c'est un défi dans toutes les
démocraties, pas juste au Québec, ce n'est pas un enjeu unique au Québec, mais
il y a une réalité particulière au Québec, puis on veut échanger sur cette
question-là avec elle.
M. Denis (Maxime) : C'est
quoi, la suite? Parce qu'on voit le Bloc québécois, hier, ils l'ont rencontrée,
et là, c'est un peu flou, on attend leur sortie ce matin.
M. Nadeau-Dubois : Bien, vous
poserez la question au Bloc québécois.
M. Denis (Maxime) : Mais
vous, là, une fois que vous l'avez rencontrée, vous posez vos questions...
M. Nadeau-Dubois : Bien, par
la suite, on fera le bilan de cette discussion-là puis on posera notre jugement
à ce moment-là.
M. Denis (Maxime) : On pourra
rebâtir les ponts, les liens?
M. Nadeau-Dubois : Bien, on verra.
On verra suite à la rencontre.
M. Carabin (François) : Il
est encore possible, donc, que vous demandiez sa démission comme les autres
partis à l'Assemblée nationale?
M. Nadeau-Dubois : Devant des
enjeux comme ceux-là, l'islamophobie, l'inclusion, la lutte au racisme, on peut
se contenter de s'indigner dans les médias ou on peut faire un travail sérieux
pour essayer d'avancer. On peut miser sur la communication, on peut miser sur
le dialogue.
Nous, à Québec solidaire, tout en étant
très clairs sur le fait que ces propos-là sont inacceptables, on mise sur le
dialogue. S'envoyer des déclarations médiatiques à travers les médias, ça
alimente certes la controverse, mais est-ce que ça nous fait avancer? Dans ce
débat-là, important, sur comment on construit un Québec où il y a de la place
pour tout le monde, sincèrement, je ne pense pas. Je ne pense pas que la
controverse des derniers jours nous ait fait beaucoup avancer sur le fond de la
question : comment on construit un Québec où tout le monde se sent
respecté, où il y a de la dignité pour tout le monde? Ça, c'est la question
fondamentale dont il faut discuter, puis je n'ai pas l'impression que la
controverse des derniers jours nous a permis vraiment d'avancer là-dessus.
M. Duval (Alexandre) : Si
vous n'êtes pas prêt à poser votre jugement, là, c'est parce que vous avez
encore des doutes sur le fait qu'elle est peut-être la bonne personne pour
occuper ce poste-là? Si vous n'êtes pas prêt aujourd'hui, malgré les excuses, à
nous donner votre verdict, comme vous dites.
M. Nadeau-Dubois : Bien, les
propos, là, ne sont pas... ce n'est pas rien, là, c'est des propos qui sont
blessants, bon, et je le précise aussi toujours, qui sont aussi faux, d'abord
et avant tout, faux, et, en plus, ils sont blessants. C'est pour ça qu'on
souhaite la rencontrer. Parce que parler aux gens concernés avant de vouloir
les mettre à la porte, je pense que c'est ça, une approche responsable et posée
dans des enjeux qui sont divisifs, dans des enjeux qui sont sensibles.
Tu sais, nous, ici, on en parle entre nous,
vous me posez des questions, je réponds. Il y a des gens qui écrivent de
nombreuses chroniques sur ces choses-là, ça fait jaser, tout ça, c'est correct,
ça fait partie du débat public. Je ne critique personne, mais il y a du monde
au bout de ça qui fait les frais de ces débats-là, et moi... Et c'est pour ça
que sur ces...
M. Laforest (Alain) : Ils le
font à cause de quoi? Ils le font à cause des propos. C'est pour ça qu'ils sont
inacceptables, ces propos-là.
M. Nadeau-Dubois : Notamment.
Notamment. Notamment. Et c'est pour ça qu'ils sont inacceptables, ces
propos-là...
M. Laforest (Alain) :
...bonne personne pour bien représenter cette situation-là?
M. Nadeau-Dubois : ...alors,
c'est pour ça que nous, on prend une attitude qui est posée, qui est sereine,
où on dit : On est profondément dérangés par ces propos-là, on va aller
rencontrer Mme Elghawaby, entrer en discussion avec elle, lui poser des
questions. On a besoin de réponses et on posera notre jugement ensuite.
M. Laforest (Alain) : Avez-vous
de la pression de M. Bouazzi, qui est son ami?
M. Nadeau-Dubois : Non.
M. Laforest (Alain) : Vous
n'avez pas de pression?
M. Nadeau-Dubois : Non.
M. Duval (Alexandre) : Vous
avez besoin de savoir quoi pour vous assurer qu'elle est la bonne personne?
M. Nadeau-Dubois : On veut
échanger avec elle de la manière... de la lutte à l'islamophobie dans le
contexte québécois. Parce que, je le répète, la lutte à l'islamophobie, là, on
en débat aux États-Unis, on en débat au Canada, on en débat en France, on en
débat partout, ce n'est pas un débat spécifique au Québec, mais il y a une
réalité particulière au Québec. Les Québécois et les Québécoises ont une
histoire trouble et particulière avec la religion en général, et donc il y a
une lutte à l'islamophobie et au racisme à faire au Québec qui doit être
teintée de cette sensibilité-là. Je pense que ça, c'est un enjeu important.
Et je ne critique pas le noble métier que
vous faites dans la vie, mais moi, que je fais des déclarations, un autre fait
des déclarations, puis qu'on s'envoie des déclarations, comme ça, bien sincèrement,
je ne crois pas que c'est comme ça qu'on avance collectivement dans des enjeux
aussi sensibles.
Mme Lajoie (Geneviève) : Qu'est-ce
que pensent les électeurs de Québec solidaire des déclarations de la dame en
question?
M. Nadeau-Dubois : Les
électeurs de Québec solidaire? Bien là, je...
Mme Lajoie (Geneviève) : …
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a les électeurs, il y a les militants, il y a les membres de mon caucus, c'est
toutes des choses différentes, puis moi, je n'ai pas de moyen de faire des
sondages en temps réel sur ces choses-là.
M. Laforest (Alain) : Vous
n'avez pas eu d'appel, M. Leduc, là-dessus?
M. Leduc : Non.
M. Nadeau-Dubois : Non, je
n'ai pas eu d'appel là-dessus. Je n'ai pas eu d'appel, ni de texto, ni de
message sur Facebook.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
est-ce que votre position, ce n'est pas un peu ménager la chèvre et le chou
pour votre base?
M. Nadeau-Dubois : Notre
position, je pense que c'est une position responsable sur des enjeux qui sont
compliqués puis qui sont sensibles. La communication politique, c'est une
chose, il faut en faire, dans la vie, c'est comme ça, ça fait partie de notre
travail, mais essayer de trouver des solutions, essayer de construire des ponts
puis miser sur le dialogue, c'en est une autre et ça prend, oui, un peu plus de
temps. Ça fait peut-être un peu moins les manchettes, mais, sur ces enjeux-là,
c'est important.
M. Carabin (François) : Comptez-vous
prendre une décision ferme sur l'affaire Elghawaby avant le conseil national
de...
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, l'affaire Elghawaby, comme vous la surnommez... dans cette affaire, on
a été très clairs que les propos, puisque c'est de ça dont il est question,
c'est des propos qui, je le dis souvent, d'abord, sont complètement faux, moi,
ce n'est ça, le Québec que je connais, que j'aime, puis elle a mal interprété
les propres statistiques qu'elle citait, là, et qui sont blessantes. Puis ça,
il n'y a pas de... il y a assez peu de nuances sur cette question-là. Sur la
suite des choses, c'est important de dialoguer.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous allez prendre position si elle peut rester en place avant votre
rencontre?
M. Nadeau-Dubois : Comme je
l'ai dit, bien, la rencontre vise justement à se fixer sur cette question-là.
Journaliste : ...M.
Nadeau-Dubois, est-ce que vous doutez encore de sa légitimité à occuper le
poste de lutte à l'islamophobie?
M. Nadeau-Dubois : Bien, s'il
n'y avait aucun problème, on ne la rencontrerait pas.
Journaliste : Donc, le doute
persiste.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est-à-dire, s'il n'y avait aucun problème, s'il n'y avait aucune controverse,
s'il n'y avait aucun enjeu avec ses propos, on n'aurait pas demandé une rencontre.
Journaliste
: ...est-ce
que ça a été déterminé?
M. Nadeau-Dubois : Selon mes
informations, c'était en train de se finaliser hier. On parle de la semaine
prochaine, en début de semaine prochaine.
M. Pilon-Larose (Hugo) : On
est rendu, M. Nadeau-Dubois, à la CSSDM, à demander à des profs non légalement
qualifiés, plutôt qu'à des orthopédagogues, d'aller enseigner à des élèves à
risque de décrochage. Comment est-ce qu'on se sort de l'enchaînement de
problèmes qui semble frapper le système d'éducation en ce moment? Qu'est-ce que
vous proposez comme solution pour qu'on sorte de ça?
M. Nadeau-Dubois : D'abord, il
faut le dire... ça ne répondra pas directement à votre question, je vais y
venir ensuite, mais il faut quand même le dire, là, ce qu'on voit en ce moment,
c'est le bilan de la CAQ en éducation, c'est le bilan de Jean-François Roberge
et de Bernard Drainville. Ma collègue, Christine Labrie, dès les premiers mois
du premier gouvernement Legault, en 2018, a levé tous les drapeaux rouges
qu'elle avait pour dire : Il y a une pénurie qui s'en vient, il faut la
mesurer, il faut prendre tout de suite des mesures. À l'époque, le ministre de
l'Éducation, dans son jovialisme habituel, a dit : Ah! ça va être correct,
ça ne sera pas trop pire. Ils ont fait très peu. Les résultats, on les a devant
nous. La pénurie est pire que jamais.
Moi, je n'ai rien lu, ou à peu près, dans
la liste des sept priorités de Bernard Drainville, là, pour s'attaquer directement
au cœur de la question : les conditions de travail des enseignantes dans
nos écoles publiques. C'est comme ça qu'on va freiner leur exode, parce que le
premier pas pour régler la pénurie, c'est d'arrêter qu'elles quittent, puis,
pour arrêter qu'elles quittent, il faut leur donner des bonnes conditions de
travail.
Mme Lajoie (Geneviève) : Sur
la francisation des élèves, des fois, ça peut prendre des semaines, voire des
mois avant que des élèves allophones puissent avoir des services en francisation.
Qu'est-ce qu'on va faire avec ça?
M. Nadeau-Dubois : Bien, moi,
j'ai... tu sais, on a eu beaucoup de débats sur l'immigration et on a eu beaucoup
de débats sur le nombre de personnes qu'il faudrait accueillir au Québec. C'est
des débats légitimes, mais moi, j'ai souvent dit : Un instant, là, si on
parle juste des chiffres puis qu'on ne parle pas du modèle, on oublie une
grosse partie de la conversation qu'on devrait avoir collectivement.
L'intégration, nous, à Québec solidaire, on y croit, sauf que c'est une
responsabilité partagée. Ça, ça veut dire que l'État du Québec a une
responsabilité envers les gens qu'il accueille, puis cette responsabilité-là,
notamment, c'est de mettre tous les outils à la disposition de ces gens-là pour
qu'ils apprennent le français. C'est ce qu'ils souhaitent apprendre, le
français, en très grande majorité. Des enfants qui se mettent à apprendre le
français sur Google Translate dans des écoles publiques, c'est inacceptable.
Et, au lieu de prendre toutes les occasions pour faire des déclarations
incendiaires sur l'immigration, là, puis nous parler de suicide, puis je ne
sais pas trop quoi, M. Legault devrait s'occuper de ça, parce que ça, c'est un
vrai problème.
M. Bourassa (Simon) : Sur
l'itinérance, M. Nadeau-Dubois, il y a une vague de froid qui s'en vient, là,
les villes font des pieds et des mains pour ouvrir des refuges d'urgence. On le
voit ici, à Québec, on le voit ailleurs. Est-ce que le gouvernement en fait
assez pour supporter les municipalités, là, qui en ont déjà beaucoup sur les
bras?
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser la question à mon collègue, qui connaît bien l'enjeu, et d'ailleurs ça
le touche beaucoup dans sa circonscription.
M. Leduc : Oui, bien, c'est
vrai que, dans Hochelaga-Maisonneuve, on a notre défi, en effet, mais c'est une
question beaucoup de ressources, hein, les groupes communautaires sont
débordés, ils le disent depuis des années. Ils manquent de financement à la
mission, ils manquent de financement stable. C'est toujours des ententes qui
sont à renégocier, les mesures hivernales, qu'on appelle, à chaque année.
Donc, ce qu'ils réclament, c'est ce qu'on
appuie également, c'est du financement stable, plus substantiel pour stabiliser
le réseau et s'assurer qu'ils puissent faire face, eux aussi, le milieu
communautaire, à la pénurie de main-d'oeuvre, hein, ça les touche, eux autres
aussi. S'ils n'ont pas des bonnes conditions de travail à offrir, c'est
difficile d'avoir de la rétention de main-d'oeuvre. Alors, oui, plus de
financement, plus stable, à plus longue échelle, et ça devrait être un coup de
pouce intéressant avec le froid qui s'en vient dans les prochains jours.
M. Duval (Alexandre) : Il y a
probablement beaucoup de gens, ce matin, M. Nadeau-Dubois, qui ont appris qui
était M. Miller avec l'enquête de mes collègues à Radio-Canada. Pas
d'accusation déposée, dans ce dossier-là, mais il y a quand même énormément de
témoignages qui se recoupent. Qu'est-ce que vous pensez du dossier et peut-être
de l'absence d'accusation?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, cette histoire-là est révoltante du début à la fin. Les témoignages
sont à glacer le sang, là. Et, si ça se confirme, là, qu'un avocat de M. Miller
était en présence lors de la rencontre entre les policiers et les victimes
présumées, là, on a un très, très, très gros problème, là. Ce n'est pas censé
se passer de même. Ce n'est pas censé se passer de même au Québec.
Moi, je m'attends très rapidement à des
explications de la part du SPVM. Je m'attends à entendre aujourd'hui le
ministre de la Sécurité publique interpeller les forces policières sur cette
question-là, là, je veux dire, c'est insensé, si ça se confirme, que ça se soit
déroulé comme ça. On a fait ici une commission spéciale sur l'exploitation
sexuelle des mineurs parce qu'on souhaitait avancer collectivement sur ce
dossier-là. Des histoires comme ça, c'est à glacer le sang. Ça me fout les
jetons sur le plan personnel, sur le plan politique. Ce n'est pas ça, le Québec
qu'on veut, puis moi, je m'attends à ce que des gens refassent leurs devoirs,
parce que, si ce qui est écrit dans l'enquête de vos collègues d'Enquête
se confirme, on a un méchant gros problème.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur
le point de presse, à 14 heures, du Dr Luc Boileau, à quoi vous vous
attendez? Est-ce qu'on manque un peu de clarté, en ce moment, là? On se fait
vacciner, on ne se fait plus vacciner, les jeunes, les vieux, on ne le sait
plus.
M. Nadeau-Dubois : Je suis
d'accord avec votre constat, c'est dur à suivre. C'est dur à suivre, au Québec,
depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. On a besoin d'une communication qui
est claire et qui est simple. Je vais être bien honnête avec vous, tu sais, je
pense que je suis un homme relativement informé, là, tu sais, je suis ça un
petit peu, ce qui se passe dans les médias, là, même moi, souvent, j'ai de la
misère, maintenant, à suivre puis à comprendre exactement quelles sont les
recommandations du gouvernement du Québec.
Tout le monde a compris qu'on est passé dans
une nouvelle étape, là, de la gestion de la pandémie, mais l'importance d'une
communication claire, simple, concise, ça, ça demeure. Et je m'attends à ce que
le gouvernement du Québec en fasse plus, parce que bien du monde se demande,
là, c'est quoi la prochaine étape, qu'est ce qu'il faut faire, des gens bien
intentionnés qui veulent se protéger, qui veulent protéger les autres, mais qui
ne savent pas par où commencer.
Mme Lajoie (Geneviève) :
Donc, pour vous, là, pour vous-même, là, est-ce que, là, à l'heure actuelle,
vous pensez qu'il faut que vous alliez vous refaire vacciner ou pas?
M. Nadeau-Dubois : Si j'ai
bien suivi les directives de santé publique, puisque j'ai eu la COVID récemment
puis que j'ai eu quand même déjà une dose de rappel, si j'ai bien compris, je
pense que, pour le moment, je dois attendre un peu avant de retourner prendre
une nouvelle dose. Mais je vais être bien honnête, je vous confesse en toute
humilité et transparence que, même moi, je trouve que les consignes, elles sont
beaucoup moins claires qu'elles l'ont déjà été, puis ça crée des problèmes de
compréhension pour bien des gens au Québec.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Je
pense que vous l'avez dit à Paul Larocque, hier, mais j'aimerais juste
comprendre votre déclaration. Finalement, Benoît Dubreuil, vous avez sa
candidature?
M. Nadeau-Dubois : Je ne
dirais pas ça. Ce n'est pas un chèque en blanc, qu'on va signer à M. Dubreuil,
mais on l'a rencontré, on a eu une discussion qui était franche, cordiale. On
est revenus sur des écrits passés de M. Dubreuil qui, selon nous, ne reflètent
pas notre vision de l'immigration puis de l'avenir du Québec et on ressort de
cette rencontre-là avec l'impression que c'est un homme compétent qui est
capable d'occuper ces fonctions-là.
Je vais vous dire bien honnêtement, ça
n'aurait peut-être pas été notre choix, à nous, mais on est prêts à laisser la
chance au coureur. On va le surveiller de près. On ne lui signe pas un chèque
en blanc, mais il semble avoir les compétences nécessaires pour occuper cette
fonction-là, ça fait qu'on va voter pour sa nomination.
Et d'ailleurs je me permets de dire :
Ça, c'est la preuve que rencontrer les gens avant de fixer son jugement sur la
personne, parfois, souvent, ça nous permet d'avancer. Puis, dans le dossier de
M. Dubreuil, si le gouvernement nous avait donné l'opportunité de le rencontrer
initialement, donc au mois de juin dernier, ça se serait sans doute passé très
différemment.
M. Bergeron (Patrice) : ...selon
vous, que Mme Elghawaby? Il était aussi suspect que Mme Elghawaby?
M. Nadeau-Dubois : Non, je
n'ai jamais dit ça.
M. Bergeron (Patrice) : Non,
mais c'est parce que vous dites...
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais je prends un peu de distance puis je dis : C'est la preuve qu'avant
de fixer son jugement sur quelqu'un... puis nos réticences à l'égard de M.
Dubreuil, en effet, ne sont pas du même acabit que les propos inacceptables de
Mme Elghawaby, là, ce n'est pas à ce niveau-là que j'établis une comparaison,
je fais juste dire : Ça, c'est la preuve qu'avant de dire que quelqu'un
est bon ou mauvais pour la job, le rencontrer, c'est important.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Et,
sur la question de la langue française, qui doit déterminer les indicateurs à
suivre au cours des prochaines années, sur son déclin ou le fait que ça...
c'est M. Dubreuil ou c'est Jean-François Roberge et ses collègues?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, M. Dubreuil va être nommé par l'Assemblée nationale, donc je m'attends
à ce qu'il soit indépendant du gouvernement. C'est l'esprit même d'une
nomination aux deux tiers par l'Assemblée nationale. Donc, je m'attends à ce
qu'il prenne ses distances à l'égard des orientations du gouvernement. On lui a
posé la question : Est-ce que, selon vous, la langue parlée à la maison,
c'est l'indicateur de tous les indicateurs, parce que c'est ce que nous dit M.
Legault, puis la réponse nous a rassurés.
Journaliste : C'était quoi la
réponse?
M. Nadeau-Dubois : Bien, M.
Dubreuil ne nous a pas dit que pour lui c'était la chose la plus importante.
Donc, ça, on s'est dit : Ah bon, bien, voilà, c'est quelqu'un qui est
nuancé, qui est compétent pour faire cette fonction-là.
Je répète, hein, ça ne veut pas dire que
ça aurait été notre choix. Ça ne veut pas dire qu'on est d'accord avec tout. Ça
ne veut pas dire qu'on ne va pas le surveiller de près, puis, surtout, on ne
lui signe pas un chèque en blanc, mais il est compétent pour faire son travail,
puis on se dit : Donnons la chance au coureur.
M. Duval (Alexandre) : Rapidement,
sur le nickel dans le port de Québec, là, il y a, encore ce matin, un article
de Radio-Canada, on constate qu'il y a encore des dépassements de la nouvelle
norme. Hier, M. Charette nous disait : Ce n'est pas la norme, le problème,
c'est le respect de la norme, mais là la norme n'est pas respectée. Vous lui
demandez quoi, à M. Charette, pour que les normes soient respectées?
M. Nadeau-Dubois : Bien, j'en
aurais long à dire, parce qu'en matière de qualité de l'air ce gouvernement-là
a bâclé son travail dans à peu près tous les dossiers. Rappelons-nous la
fonderie Horne. Maintenant, c'est dans Limoilou. Mais on va rendre mon collègue,
Sol Zanetti, qui est député de la circonscription, disponible, dans les
prochaines heures, pour vous fournir une réaction plus détaillée, là. Je m'en
voudrais de parler d'un dossier qu'il connaît si bien et si mieux que moi.
Journaliste : Ceci dit,
avez-vous l'impression que le développement de la filière batterie se fait sur
le dos de la qualité de l'air dans Limoilou, sur la santé des...
M. Nadeau-Dubois : Bien, ce
que je peux vous dire, de manière générale, là, c'est qu'on ne peut pas
développer l'économie verte en scrapant l'environnement et la santé des gens.
Il faut trouver une manière, oui, de développer ces filières d'avenir là, puis
on en est, à Québec solidaire, en respectant les principes au nom desquels on
veut développer ces filières-là, c'est-à-dire une économie qui respecte la
planète puis qui respecte les gens.
Mme Mignacca
(Franca G.) :
On
Hydro, we heard yesterday that there are some dams that
are currently not being used to their full capacity because they haven't been
maintained, already existing dams. What do you make of that when you hear it?
M. Nadeau-Dubois :
Well, it's one more demonstration that
before launching huge projects of new dams, there are a lot of things we can do
to get more electricity in Québec. We can use in a better way our existing infrastructures, we can modernize the dams we already have, we can develop wind
energy, there's a potential that is not exploited in Québec, we can develop a little bit of solar energy — Ontario
is a lot more advanced in the development of solar energy than Québec — and,
of course, we have to do a huge effort in energy efficiency.
Once we have done those
things, once all of those avenues have been exploited to their maximum, if new
dams are necessary, we could have that conversation, yes. But the Government has the burden of the proof on
his shoulders, they have to prove that all the other avenues have been
exploited and that the only way going forward is new dams. Because we all agree,
we need more electricity to reach our climate goals, there's no debate on that.
The debate is on how do we reach that target? Mr. Legault has no plan, first of
all, to reach the target, in terms of reduction of greenhouse gas emissions,
and, secondly, he seems a lot more convinced than Hydro-Québec itself that new
dams is the only way going forward.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
In terms
of the transition towards, let's say, electric vehicles, how do you consolidate
that with concerns over nickel mining in the province?
M. Nadeau-Dubois : Well, we are currently seeing a mining boom around strategic
minerals in Quebec. It's an opportunity, but it has to be done correctly, while
respecting First Nations, respecting first… communities and respecting the
planet. We need to find a mining model that works in the long run. We need to
find a sustainable mining model. That's why we've been calling, at Québec solidaire, for a new mining social
contract, to renew our laws that deal with mining in Québec, because those laws
have been written in another era and they need to be modernized fast.
M. Spector (Dan) : On Elghawaby, is there anything she can say in the meeting that you
have with her coming up that would give her legitimacy to operate in Québec, in your mind? Because the Government has clearly closed the door.
M. Nadeau-Dubois :
That's the reason why we want to meet
her, to have that discussion, how can we fight against islamophobia in Québec
in a way that we bring people together, that we don't point fingers at a
community or at the whole society. This is what we should be doing and that's
what, going forward, we should be talking about.
Journaliste :
Do you worry at all, though, that the
CAQ has sort of pushed her aside and won't work with her at all?
M. Nadeau-Dubois :
You should ask them the question.
Journaliste :
But, I mean, you're keeping the door
open here, right, but they're the party in power, they have the strong
majority.
M. Nadeau-Dubois :
Honestly, that's a question that should
be targeted toward Mr. Roberge and Mr. Legault. We think dialog, in those very
sensible issues, is important. That's the path we have chosen in this case.
Maybe it's a little bit less spectacular than having a very fast judgement, but
I think it's the reasonable and good way to go forward on those sensible
issues.
M. Spector (Dan) :
And, in the salon bleu, you exchanged
yesterday with Mr. Legault on Sophie Brochu. Can you just explain the issue
there?
M. Nadeau-Dubois :
Well, you know, Mr. Legault finally
accepted a commission here to analyze the strategic plan of Hydro-Québec
towards 2026, but he's still saying : No, no, no, we don't want Mme Brochu
to be there. So, the question is : Is he afraid of what Mme Brochu will
say? There's a crisis right now, at the head of Hydro-Québec, there's a crisis.
People have the right to know what's happening and they have the right to know
what was the ongoing disagreement between the Government and Hydro-Québec in
terms of the energetic transition in Québec.
Anyone who has followed
that story sees that there was a tension. That has to be exposed, not just to
satisfy personal curiosity, it has to be exposed because it's an important tool
going forward in our debate on what the mission of Hydro-Québec should be.
M. Leduc : Bonne journée.
M. Nadeau-Dubois : Merci
beaucoup. Bonne journée.
(Fin à 8 h 29)