(Treize heures quarante-sept minutes)
M. Legault : Bien, d'abord,
un petit mot sur Nadine Girault. Je ne vous ai pas vus depuis que j'ai appris
ça hier matin. Vraiment triste, et puis… mais évidemment je veux offrir toutes
mes condoléances à son conjoint, à sa famille, à ses proches. Nadine a
contribué à la société, elle a été ministre, et puis, entre autres, elle a fait
un virage économique important. Ce n'était pas facile dans les délégations, là,
de fixer des objectifs, entre autres d'exportation. Puis c'était vraiment une
collègue puis une amie, là, qui nous écrivait, à moi puis à d'autres collègues,
là, encore au cours des dernières semaines, pour nous encourager. Donc,
vraiment triste, puis je veux la saluer.
Un mot sur les transferts en santé. Bon, vous
le savez, depuis deux ans et demi, tous les premiers ministres, donc, de façon
unanime, les 13 premiers ministres des provinces et territoires, on
demandait 28 milliards par année de plus. On a obtenu seulement 4,6 milliards
de plus par année, donc un sixième. Donc, évidemment, on est déçus. On va
continuer de faire des demandes. Évidemment, là, il y a un budget qui s'écrit
dans les prochains jours, donc ce n'est pas réaliste, surtout de la façon dont
M. Trudeau a réagi, de penser que, dans le budget qui va être déposé ce
printemps, il pourrait y avoir des montants additionnels, mais ça ne va pas
nous empêcher de continuer à demander.
Parce que le problème de fond reste, les
provinces vont continuer de financer 76 % des dépenses de santé, la seule
dépense qui augmente à 5 % par année. Donc, je comprends que c'est
complexe. Puis je pense, malheureusement, que M. Trudeau profite de cette
complexité-là. C'est difficile de l'expliquer aux citoyens canadiens, là. Puis,
quand je parle à mes collègues des autres provinces, ce n'est pas juste au
Québec, là, que c'est difficile d'expliquer cette valse des milliards, mais il
reste qu'il va falloir réexpliquer que ce n'est pas tenable à long terme, que
le problème va continuer de s'empirer, parce que les provinces et territoires
vont supporter les trois quarts de la croissance à 5 %, tandis que le
fédéral va en supporter seulement le quart, alors qu'ils reçoivent plus de
40 % des impôts.
J'ai bien entendu, ce matin, les
oppositions dire qu'il faudrait être plus ferme. Écoutez, j'ai hâte de voir ce
qu'ils proposent, là, parce que, bon, il y a deux des partis d'opposition qui
sont souverainistes, qui ne nous ont pas expliqué comment ils vont combler le
trou de 10 milliards par année en perdant la péréquation et les transferts
nets, là. Je sais que M. St-Pierre Plamondon a dit qu'il va déposer les
finances d'un Québec souverain le 11 mars, j'ai très hâte de voir ça. Bon,
pour ce qui est du Parti libéral, bien, on espère juste qu'André Fortin ne va
pas aider Justin Trudeau à préparer son prochain débat des chefs.
Roxham. La ministre de l'Immigration,
Christine Fréchette, là, insiste, et puis moi, je veux être très claire, là,
avec Justin Trudeau, on a dépassé, actuellement, notre capacité d'accueil.
Donc, qu'on parle des logements, de la santé, de l'éducation, on a dépassé
notre capacité d'accueil, entre autres à Montréal. Donc, il faut que, le plus
rapidement possible, les nouveaux arrivants de Roxham, là, soient transférés
dans d'autres provinces.
Sinon, bien, j'ai rencontré, ce matin,
l'ambassadeur des États-Unis au Canada, puis ce que je lui ai demandé... puis
je lui ai dit : Je ne comprends pas que ça soit aussi long que ça à régler
avec les États-Unis. Parce que, dans le fond, ce qu'on demande, c'est que
l'entente avec les pays tiers sûrs soit appliquée à tous les points d'entrée,
incluant Roxham.
Parce qu'actuellement, là, il faut que
tout le monde comprenne bien, encore là, c'est complexe, quand quelqu'un arrive
à l'aéroport de Dorval, on peut le retourner, parce qu'on dit : Bien, si
vous prétendez être un réfugié politique, il y a un pays tiers sûr, qui est les
États-Unis, donc on peut les retourner, mais, quand ils arrivent par Roxham, on
ne peut pas les retourner. Donc, qu'est-ce qu'il y a de si compliqué que ça
pour le gouvernement américain de dire : La même entente qui s'applique à
Dorval devrait s'appliquer à Roxham puis à tous les points d'entrée?
Donc, j'ai bien communiqué ça, là, à
l'ambassadeur des États-Unis au Canada, puis on va continuer à dire à M. Trudeau :
Un, il faut accélérer la négociation avec les États-Unis, mais avant ça,
immédiatement, il faut transférer des nouveaux arrivants de Roxham vers d'autres
provinces.
M. Lacroix (Louis) : Sur les
transferts en santé, M. Legault, on s'est rendu compte que le Conseil de la
fédération, finalement, ce n'est pas un outil qui est très, très... en fait,
qui donne un rapport de force intéressant face au fédéral. Est-ce que vous êtes
en train de réfléchir à une façon d'augmenter votre rapport de force pour être
capable de négocier dans un meilleur contexte, d'avoir vraiment, là, plus de
moyens pour convaincre Ottawa? Est-ce qu'il y a une réflexion qui est opérée
chez vous pour aller récupérer du rapport de force?
M. Legault : Bien, je vais
avoir besoin de vous, M. Lacroix, parce que, tant que les Québécois, puis
j'ajouterais même les Canadiens, ne vont pas en faire une priorité de demander
au gouvernement fédéral d'augmenter son financement de la santé, ça va être
difficile de mettre une pression politique sur Justin Trudeau.
Journaliste : Pourquoi pas un
référendum sectoriel, à ce moment-là?
M. Legault : Pardon?
M. Bourassa (Simon) : Comment
on fait ça...
M. Legault : Bien, c'est ça
qu'il faut regarder. Il va falloir l'expliquer, il va falloir voir quels sont
les moyens de s'assurer qu'on a l'appui de la population, mais, avant de penser
à un référendum sectoriel, il faudrait d'abord que les Québécois puis les
Canadiens soient convaincus qu'il y a un problème structurel.
Mme Lamontagne (Kathryne) : Mais
on le voit déjà, dans les sondages, les sondages le démontrent déjà que c'est
la priorité des Québécois, la santé, je veux dire, c'est déjà...
M. Legault : Oui, mais est-ce
que les Québécois pensent que c'est à cause de la faible contribution du
fédéral? Il y a encore du travail à faire de ce côté-là.
M. Laforest (Alain) : M. Legault,
est-ce que vous l'excluez, le référendum sectoriel?
M. Legault : Bien, écoutez,
on n'est pas là, là. Pour l'instant...
M. Laforest (Alain) : Non, ce
n'est pas ma question, est-ce que vous l'excluez?
M. Legault : Non, mais, moi,
c'est ma réponse.Depuis deux ans et demi, tous les premiers ministres
des provinces et territoires, on a même acheté de la publicité pour l'expliquer :
Bien, voyons donc, comment on peut avoir, d'un côté, 75 % du financement
qui vient des provinces puis 25 % du fédéral, ce qui n'est pas l'équilibre
avec les impôts qui sont envoyés aux deux gouvernements?
M. Robillard (Alexandre) : Pourquoi
pas une commission?
M. Legault : Bien, il y a déjà
eu une commission sur le déséquilibre fiscal. On voit, de toute évidence, qu'il
y a un déséquilibre fiscal. Donc, il faut trouver un moyen de sensibiliser la
population pour mettre de la pression politique sur le fédéral.
M. Robillard (Alexandre) : ...les
gens ne comprennent pas?
M. Legault : Bien, c'est
complexe. C'est complexe, écoutez, 1 milliard, 10 milliards,
100 milliards, 200 milliards. La valse des milliards, là, c'est
compliqué à expliquer.
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
le gouvernement, il me semble, c'est votre rôle, comme premier ministre, de
rendre ça clair pour les gens. Donc, qu'est-ce qui…
M. Legault : Bien, écoutez,
on est 13 premiers ministres, là, à avoir essayé.
Journaliste : Pour l'opinion
publique québécoise?
M. Legault : Non, mais on est 13
à avoir essayé, là, puis là ce qu'on se rend compte, c'est qu'il n'y a pas
cette pression politique là suffisante.
M. Bellerose (Patrick) : …est
encore pertinent pour avoir un rapport de force...
M. Legault : Je pense ça n'a
rien à voir, là. La question, c'est d'expliquer que c'est une priorité. Tu
sais, Mme Prince le disait, là, la population dit : La santé, c'est
une priorité. Bien là, comment on peut accepter qu'on envoie presque la moitié
de nos impôts à Ottawa, mais ils financent seulement le quart de la santé? Il y
a un problème, là.
M. Bellerose (Patrick) : ...financer
plus les transferts en santé. Est-ce qu'on peut vraiment espérer qu'une
prochaine élection fasse changer le rapport de force?
M. Legault : Bien, écoutez,
c'est un gros défi, c'est un gros défi. Effectivement, là, il faut, comme, en
faire une priorité. Puis là, bien, je vous parle des transferts en santé, je
pourrais parler du français, je pourrais vous parler de l'immigration. On a du
travail à faire pour expliquer que c'est une priorité pour les Québécois. Et,
quand j'entends des partis politiques dire : Bien, la solution, c'est de
faire un référendum sur la souveraineté, je trouve ça court comme réponse.
M. Chouinard (Tommy) : Bien,
M. Legault, dans la séquence, comment vous allez expliquer à M., Mme
Tout-le-monde qu'une fois que vous avez accepté l'argent du fédéral vous dites :
Bien, donnez-moi une chance pour que, quelque chose qui est supposément réglé
pour une décennie, on va le modifier en cours de route.
M. Legault : Bien là, je ne
dis pas que c'est réglé pour une décennie, ce n'est pas réglé, pantoute. Donc,
on a effectivement, actuellement, un problème structurel.
M. Lacroix (Louis) : Mais il
n'y a pas moyen de revoir le fonctionnement de la fédération, M. Legault? En
1991, là, M. Bourassa avait lancé la commission Bélanger-Campeau parce qu'il
trouvait que le rapport de force avec Ottawa était à revoir. 30 ans plus
tard, est-ce qu'il n'est pas temps de revoir, justement, ce mécanisme-là?
M. Legault : Bien, écoutez,
il y a un déséquilibre fiscal évident quand on regarde la répartition des
impôts et taxes puis quand on regarde la répartition des obligations, entre
autres en santé. Donc, il y a un problème de déséquilibre fiscal important. Ça
n'affecte pas seulement le Québec, c'est le même problème dans toutes les
provinces et territoires.
M. Bellerose (Patrick) :
Pourquoi accepter le milliard? Vous dites : Ce n'est pas réglé pantoute.
Pourquoi accepter?
M. Legault : Bien, il y a un
budget qui est déposé, là, qui est écrit, dans les prochains jours. Écoutez, on
a ce montant-là, bon, on a un sixième de ce qu'on a demandé, ça ne nous empêche
pas de demander l'autre 5/6.
Mme Lamontagne (Kathryne) : M.
Legault, est-ce qu'il y a eu, à ce moment-là, un échec de communication de la
part des premiers ministres? Parce que vous dites : On se rend compte
qu'il aurait fallu l'expliquer plus, mais vous vous en rendez compte maintenant.
Il n'aurait pas fallu s'en apercevoir il y a deux, trois ans de ça?
M. Legault : Bien, écoutez,
depuis deux ans et demi, on essaie de l'expliquer, qu'il y a un déséquilibre,
que ça n'a pas de bon sens que le fédéral finance seulement le quart des
dépenses de la santé, la seule dépense qui augmente de 5 % par année, mais
ce n'est pas simple, j'avoue que ce n'est pas simple à expliquer.
Des voix : …
M. Legault : Écoutez, il va
falloir se pencher sur comment on en fait une priorité. Évidemment,
rappelons-nous la dernière élection fédérale, pendant l'élection, j'avais dit
que M. Trudeau n'était pas ouvert ni à augmenter les transferts en santé ni à
nous donner plus de pouvoirs en immigration. Malgré ça, il est allé chercher
une trentaine de députés. Donc, il y a du travail à faire pour expliquer, là,
que c'est une priorité.
Mme Plante (Caroline) : Qu'est-ce
que l'ambassadeur vous a dit aujourd'hui? Donc, vous avez dit à l'ambassadeur…
M. Legault : Bien là, j'aime
mieux que vous posiez la question à l'ambassadeur pour ce qui est de ses
réponses.
Mme Plante (Caroline) : Mais
vous lui avez dit : Je ne comprends pas pourquoi c'est si long. Grosso
modo, là, qu'est-ce qu'il vous a répondu?
M. Legault : Bien non, mais,
regardez, c'est une rencontre qui était privée, là. Donc, moi, je vous l'ai dit,
ce que je lui ai dit. Maintenant, pour ce qui est de sa réponse, demandez.
Des voix : ...
M. Robillard (Alexandre) : ...vous
avez dit : On reçoit 10 milliards de plus que ce qu'on envoie à
Ottawa.
M. Legault : 10 milliards,
effectivement.
M. Robillard (Alexandre) : Avec
le résultat des négociations sur les transferts en santé, est-ce que vous êtes
toujours en mesure de dire que le fédéralisme est payant, de la même façon?
M. Legault : Bien, écoutez,
actuellement, là, puis j'ai vraiment très hâte, là... Moi puis Stéphane Gobeil,
on a joué beaucoup dans les finances d'un Québec souverain, à l'époque, on
recevait 4 milliards de péréquation, là, on en reçoit 13 milliards.
Nous, on calcule qu'il y a à peu près un 10 milliards de plus qu'on reçoit que
ce qu'on envoie. Donc, j'ai très hâte de voir comment PSPP va boucher le trou
de 10 milliards par année. Maintenant, les transferts en santé, ce n'est
pas unique au Québec, c'est un problème dans toutes les provinces.
M. Robillard (Alexandre) : Vous
disiez, en campagne électorale, que le fédéralisme était payant parce qu'on
recevait 10 milliards de plus que ce qu'on envoie à Ottawa. Est-ce que
vous dites toujours, à la lumière du résultat des négociations, que le
fédéralisme est payant?
M. Legault : Bien, on reçoit
10 milliards de plus que ce qu'on envoie, donc effectivement c'est
avantageux, pour l'instant, pour le Québec, mais ma grande priorité, comme vous
le savez, ma grande obsession, c'est qu'on élimine l'écart de richesse entre le
Québec puis le reste du Canada pour ne plus avoir besoin de péréquation. C'est
ça, l'autonomie, ça commence par ça.
Des voix : ...
M. Legault :
Yes. Yes, Phil.
M. Authier (Philip)
: Good afternoon. How can you stir public opinion to get more of a
support for fighting Ottawa to
get more money? How can you get people interested? As you said, the numbers are
complicated, most people only care about that they're on a waiting list in a
hospital, or something. How can you stir up opinion?
M. Legault : Yes, that's what we're trying to do, since two years and a half. And,
when I say «we», I'm not talking only about what we do in Québec, but it's the same challenge in all
provinces to convince the population, the Canadians that it's urgent to
increase the 24% of financing coming from the federal
Government. Why is that? Because they receive at least
40% of income taxes, but it's the only expense that is increasing at 5% a year
because of the impact of aging population. So, it's not easy to explain, and we all have this challenge, all
premiers.
M. Authier (Philip)
: ...by advertising in newspapers?
M. Legault : We did that already, we did some advertising.
M. Authier (Philip)
: You seem to have tried everything, nothing worked.
M. Legault :
No, no, I'm still positive that we can
do more. So, we'll have to work harder.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
At this
point, you've accepted the deal. How are you going to continue to negotiate?
M. Legault :
O.K. But we were clear, Heather Stefanson
said it clearly yesterday, we accept the amount… in the budget that is written
right now, which represents one sixth of what we asked for. But we'll continue
to demand about more money because there is still a structural problem.
Journaliste : But how… will give you more money?
M. Legault :
«Bien», I think that it has to go
through a political pressure from the population. Until the population brings
this as a top priority to increase the financing of the federal Government,
until we can have that, it's tough to convince Mr. Trudeau, because now he's
taking benefit of the complexity to not do anything.
Journaliste :
That means you're relying on the next
elections, then?
M. Legault :
But I'm relying not only on the next
election, but on explaining that it's a top priority. So, I've tried, in the
last election, to explain that Mr. Trudeau didn't want to increase the health care
transfer and Mr. Trudeau didn't want to give us more power in immigration, but
unfortunately he was able to elect more than 30 people.
Journaliste :
Just on the CFL, sorry...
M. Legault :
The CFL? Wow!
Journaliste :
....did you see the Alouettes? What are
your thoughts on that?
M. Legault :
Well, it was a great Super Bowl,
Sunday, of course, it's different than the CFL, I don't want to get involved in
the owning of a football team of the CFL.
Mme
Plante (Caroline) : Avez-vous une déclaration par rapport à...
M. Legault : Ah! c'est
dégueulasse! C'est dégueulasse, là. Puis la ligue junior majeur du Québec, il
est temps qu'ils s'expliquent, là. Je n'accepte pas, là, qu'ils ne répondent
pas à vos demandes d'entrevue, là. C'est très grave, ce qui est arrivé à des
jeunes, oui. Je vous laisse pour aller répondre aux questions des leaders de
l'opposition.
(Fin à 14 h 03)