(Huit heures vingt-huit minutes)
M. Bérubé : Bonjour. Le
premier ministre du Québec a subi sa plus grande défaite depuis qu'il est en
poste, cette défaite n'a pas que de conséquences sur la CAQ, ce serait tel quel,
elle a des conséquences sur la santé des Québécois. 1 milliard sur 6 milliards,
c'est une défaite magistrale qui a des conséquences qu'on pourra vérifier dans
le prochain budget, mais surtout au quotidien pour les patients du Québec.
Je pense que le premier ministre doit
faire une prise de conscience, le Québec ne doit travailler que pour le Québec.
Le premier ministre de l'Ontario, avec qui il échangeait bières, chandails de
hockey et textos, finalement, à un nouvel ami, Dominic LeBlanc, et c'est le Toronto
Star qui nous l'indique. Il n'a suffit qu'une soirée à fumer le cigare au
Nouveau-Brunswick pour qu'une nouvelle alliance soit née et où l'Ontario brise
ce qu'on croyait être un front commun des provinces à son bénéfice. L'Ontario
travaille pour l'Ontario, le Québec croyait que l'Ontario travaillait pour le
Québec, c'est une triste désillusion.
Alors, cette grande défaite fait en sorte
que le gouvernement est face à des choix : Quels sont les services qu'il
ne pourra plus offrir? Est-ce qu'il maintient les baisses d'impôt qui vont
défavoriser les jeunes Québécois? D'ailleurs, c'est Force Jeunesse, formation
de jeunes qui a toujours été très près de la CAQ, qui nous le dit. Le rapport
de force du gouvernement Legault est inexistant, personne à Ottawa n'est
impressionné par 90 députés de la CAQ. Personne. Là, on se retrouve devant
une situation où le premier ministre peut bien dire qu'il y aura un acte deux,
qu'on va continuer à plaider, mais il n'y a pas eu de négociation, c'était une
offre finale, il n'y a pas de procédure d'appel.
Je dis aux Québécois et Québécoises :
Au-delà de la politique, au-delà de ce que nous pouvons dire et ce que le
premier ministre peut dire, il y a un ministre des Finances qui est confronté à
un manque à gagner de 5 milliards de dollars pour vous soigner, pour
s'occuper des aînés, pour s'occuper des chirurgies, pour s'occuper des gens
partout au Québec qui ont besoin de soins. Et, cet argent-là, on ne l'a pas,
cet argent qu'on croyait nous revenir d'Ottawa. Finalement, Justin Trudeau, qui
ne gère à peu près rien en santé, a décidé de la garder.
On est à l'heure des choix, et c'est la
première fois, depuis 2018, que le premier ministre se retrouve sur le mode
défensif, en essayant de se défendre, en attaquant nos convictions les plus
profondes, mais je l'invite à regarder les chiffres, et à voir les conséquences,
et à dire, concrètement, aux Québécois quels sont les services auxquels on va
devoir renoncer. Ce n'est quand même pas rien, 6 milliards, qui est un
calcul assez conservateur, on a 1 milliard. N'importe qui, qui nous écoute
dans son foyer, qui a fait son budget, peut réaliser que, si vous avez besoin
de 600 $ pour boucler votre fin de mois puis que vous n'avez que
100 $, il en manque. Évidemment, c'est un exemple pour bien illustrer le
manque à gagner.
Alors, aujourd'hui, je demande au premier
ministre du Québec, que je connais bien et qui est confronté, maintenant, qui
est poussé face au mur de ses espoirs face au système canadien : Quelle
est la suite? On peut bien invoquer le déséquilibre fiscal, mais ça a déjà été
fait. On peut bien évoquer que le gouvernement fédéral finira bien par être
ouvert à nos demandes, bien, laquelle? J'ai entendu le premier ministre dire
hier : Mais il y aura une élection fédérale. Alors qu'est-ce qui nous
attend, que le premier ministre du Québec incite à nouveau à voter pour les
conservateurs? Il l'a fait, la dernière fois, puis ça n'a pas fonctionné.
Alors, quel rapport de force qui nous reste?
On a fait adopter, hier, une motion
unanime, en essayant de redonner un peu de tonus à la CAQ, ça ne change rien, alors,
que ce soit pour les finances en santé, que ce soit pour le chemin Roxham, que
ce soit pour la culture. Hier, c'est peut-être une motion qui est passée un peu
inaperçue. Un des plus beaux argumentaires pour l'indépendance que j'ai entendus
depuis un bon bout de temps est venu de Mathieu Lacombe, qui expliquait
pourquoi le gouvernement fédéral, avec une loi, faisait fi de la spécificité du
Québec en matière culturelle.
Alors, on est devant quoi, présentement?
On va passer encore trois ans avec un gouvernement qui est très heureux d'être
fortement majoritaire, mais ça nous rapporte quoi? Je sais ce que ça rapporte à
la gloire de la CAQ de dire qu'on a une grande victoire, mais ça rapporte quoi
aux citoyens du Québec? Est-ce qu'ils sont meilleurs que d'autres gouvernements
pour gérer? Les Québécois feront leur appréciation, mais, au plan des gains,
bien, et je termine là-dessus, de dire que ça prenait un mandat fort,
finalement, c'était pour les livres d'histoire de la CAQ, mais, pour le Québec,
manifestement, ça n'a pas fonctionné. Il n'y a aucune raison de croire que de
lever le ton ou de dire qu'on va continuer, hein, le fameux Continuons,
bien, c'est en vain.
Alors, c'est un peu le message que je
voulais passer aujourd'hui. Mon collègue m'accompagne, qui est bien plus
spécialisé que moi en matière de santé, mais je voulais vous exprimer que c'est
un point tournant, selon moi, et la plus grande défaite de François Legault et
de la CAQ depuis leur arrivée au pouvoir en octobre 2018.
M. Denis (Maxime) : M.
Bérubé, sur le chemin Roxham, vous devez être content, quand même, voir que des
demandeurs d'asile sont envoyés dans d'autres provinces? C'est un peu ce que
vous demandiez.
M. Bérubé : N'eût été de la
motion qu'on a présentée, dans la première semaine de retour, il n'y aurait pas
eu ces débats-là à l'Assemblée nationale. Ce n'est pas une question d'être
heureux, c'est une question d'aborder une question importante de façon franche
et de dire les choses. Et nous avons une grande préoccupation pour la qualité
de l'accueil des gens, et pour notre capacité, capacité d'accueil. D'ailleurs,
je pense que c'est la première fois que j'entendais la ministre québécoise de l'Immigration
dire ça hier : Notre capacité est atteinte. On finit par y arriver
tranquillement. Une meilleure répartition, tant mieux. En Ontario, d'ailleurs,
on a l'impression que ça va davantage bouger, puis ça touche l'Ontario. Moi, je
le dis depuis le début, si la situation du chemin Roxham se passait à Vancouver
ou à Toronto, j'ai l'impression que le premier ministre Trudeau serait plus
sensible.
M. Robillard (Alexandre) : ....
M. Bérubé : Je termine, mais
je reviens tout de suite. Ceci étant dit, la vraie question, c'est la capacité
d'accueil, la capacité d'accueil qui est franchie. On peut décider de dire :
Tous les cas sont importants et toutes ces personnes mériteraient d'être bien
accueillies, nous en sommes, mais, si nous n'avons pas les ressources
nécessaires pour loger, pour trouver des CPE, pour franciser, pour intégrer,
qui manque de compassion, ceux qui évoquent franchement ces questions-là? Je ne
crois pas. C'est à vous.
M. Robillard (Alexandre) : Québec
solidaire disent qu'ils n'ont pas été invités à participer au processus d'élaboration
de mise à jour du budget de l'an un. Est-ce qu'il y a un intérêt
convergent, là, qui pourrait vous inciter à le faire?
M. Bérubé : Bien, il y a une
organisation qui s'appelle OUI Québec, qui permet aux partis indépendantistes
de travailler ensemble. C'est une initiative du Parti québécois, évidemment, mais,
si Québec solidaire, d'aventure, avait envie de parler de l'enjeu de l'indépendance,
il pourrait le faire, il pourrait commencer, par exemple, par des gestes
simples, en ayant disponible, au moins, un drapeau dans leur congrès. Ça, ça
serait un premier départ, mais, pour le reste, s'ils ont envie de travailler
là-dessus...
M. Robillard (Alexandre) : Mais,
précisément sur la mise à jour du budget de l'an un, ça, est-ce que vous
êtes ouverts ou vous avez...
M. Bérubé : On n'est pas
fermés, en tout cas, on n'est pas fermés, bien sûr.
M. Robillard (Alexandre) : À
les inviter?
M. Bérubé : On n'en a pas
discuté. On aura un caucus, mais je retiens que, s'ils disent qu'ils n'ont pas
été invités, ils ne disent pas qu'ils sont fermés. Donc, je n'ai pas de réponse
à vous donner, mais il me semble que l'élection partielle dans
Saint-Henri-Saint-Anne pourrait être un moment pour parler de l'indépendance du
Québec. Nous, on en parle, et j'imagine que le candidat de Québec solidaire en
parlera aussi, ou ça viendra éventuellement, ou pas.
M. Laforest (Alain) : Donc,
pour vous, QS, c'est de l'indépendantisme de façade en regardant les caméras?
M. Bérubé : Oui, ils font de
l'indépendantisme de façade en regardant la caméra. Oui, ils font ça parfois.
Je ne dis pas ça, je dis qu'il faut s'assumer. C'est quand même assez courageux
de maintenir leur position quand la majorité de leur électorat est fédéraliste,
mais, des fois, je me dis qu'on pourrait faire davantage front commun sur des
enjeux importants.
Depuis deux semaines, peut-être un peu
plus, je remarque que Gabriel Nadeau-Dubois et Québec solidaire s'attaquent
beaucoup au Parti québécois. Ça n'arrivait pas, avant, en tout cas, dans les
mois précédents. Je pense que ce n'est pas étranger à deux choses : le
dernier sondage qui montre qu'on est en deuxième place et que Québec solidaire
fait du surplace, et l'autre, c'est l'élection partielle. Et ils ont décidé
qu'en frappant sur le Parti québécois, en faisant du clientélisme sur certaines
questions, ça va les favoriser. Nous, on va rester tel que nous sommes en
toutes circonstances et, notamment, dans l'élection partielle. Alors, je dis
seulement que leur candidat de Québec solidaire dans Saint-Henri-Saint-Anne n'a
pas dit un seul mot sur l'indépendance. Qu'il se présente comme il est, comme
notre candidate se présente comme elle est.
Journaliste : ...
M. Bérubé : Répliques, répliques.
C'est des répliques.
M. Gagnon (Marc-André) : Comme
vous parlez de l'élection partielle dans Saint-Henri-Sainte-Anne, vous voyez
que le candidat de la CAQ, là, en a assez de se faire agacer sur sa petite
taille. Vous réagissez comment à tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux?
M. Bérubé : Bien, c'est
blessant. Il y a tellement d'enjeux qu'on peut aborder. Je le comprends, je le
comprends. J'ai vu des commentaires qui n'étaient pas édifiants, je le
comprends. Il y a tellement d'autres thèmes qui sont importants. Moi, je pense
que, s'il y a un enjeu sur lequel on devrait attaquer la CAQ, et non le
candidat, c'est les baisses d'impôt. Qu'une candidature issue de leur aile
jeunesse — c'est quand même le président de leur aile jeunesse — fasse
la promotion des baisses d'impôt, quand le principal groupe qui va y perdre,
c'est les jeunes, ça, je pense que c'est un angle qui mérite d'être abordé.
Pour le reste, il n'y a aucune place pour
le fait d'attaquer les gens sur leur apparence. Je veux dire, c'est avilissant
et puis ça n'apporte absolument rien. Alors, soyons respectueux à l'égard des
gens qui ont le courage de se présenter.
M. Laforest (Alain) : M.
Arseneau, comme vous n'êtes pas juste un accompagnateur, bon, c'est un sondage
téléguidé, là, par les agences de santé, 81 % qui disent qu'elles ne vont
pas retourner dans le réseau de la santé, 70 % qui disent qu'elles vont se
réorienter de carrière. Est-ce qu'on se dirige vers un mur si on ferme les
agences de santé? Vous allez me dire, là, c'est un sondage télégraphié, mais il
y a quand même un fond là-dedans, il y a 2 000 répondants, là.
M. Arseneau : Bien, en fait,
M. Laforest, on se dirige vers un mur si on ne fait rien, comme c'est le cas
depuis trois ans, avec notre système de santé qui se voit cannibaliser ou
cannibaliser ses ressources par les agences privées. Or, aujourd'hui, il y a un
dépôt de projet de loi par le ministre, on l'attendait depuis au moins trois
ans. Donc, il agit, on verra ce qu'il comporte, mais, chose certaine, que les
agences privées, qui font des centaines de millions de dollars aux dépens du
système public, réagissent de cette façon-là, c'est dans l'ordre des choses,
mais ça n'est pas une considération pour nous et ça ne devrait pas être une
considération pour le gouvernement pour réagir de quelque façon que ce soit,
alors que le système de santé publique s'effondre au jour le jour et qu'on n'a
pas agi depuis trois ans.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Vous dites que ça ne devrait pas être une considération, mais,
indépendamment du sondage, il y a des gens qui sont allés dans les agences
parce qu'ils voulaient avoir de meilleurs horaires, de meilleurs salaires. Oui,
augmenter l'argent, c'est ce qu'on entend, mais comment vous allez faire pour
faire en sorte qu'elles ne quittent pas complètement la profession?
M. Arseneau : On n'a jamais
parlé uniquement d'argent, on a parlé des conditions de travail qui sont
inhumaines, le temps supplémentaire obligatoire, l'absence de ratios, le fait
qu'elles n'aient pas aussi une prise sur leur travail, qu'on n'ait pas
décentralisé suffisamment le système de santé puis qu'on en parle depuis des
années, mais qu'on n'agit pas pour les valoriser dans leur travail. C'est ça
qu'on veut, c'est ça que les infirmières souhaitent, c'est ce qu'elles nous
disent également. Et n'eût été de cette situation-là invivable, les agences de
placement n'auraient pas prospéré de cette façon-là.
Et nous, notre conviction, c'est qu'une
fois que le gouvernement du Québec deviendra un employeur de choix en santé,
bien, évidemment, les infirmières, puis les préposés aux bénéficiaires, puis
tous les autres qui ont eu recours à des agences pour sauver leur peau, et leur
santé mentale, et leur famille, bien, elles vont revenir, surtout si le
gouvernement met en place des conditions. On n'aura pas un système de santé qui
dépend, essentiellement, de la sous-traitance ou de l'impartition.
C'est là où le gouvernement doit tracer la
ligne, puis je pense que les gens qui s'impliquent, qui se lancent dans le
domaine de la santé, les infirmières, elles veulent pouvoir se réaliser,
soigner les gens dans des conditions qui soient adéquates et elles ne le
trouvent pas, ne le retrouvent pas depuis des années. Le projet de loi
d'aujourd'hui est peut-être la bouée de sauvetage au système qu'on souhaitait
depuis des années, puis on va y travailler avec le gouvernement, là-dessus.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Bien, ce n'est pas un peu idéaliste de penser qu'elles vont simplement
revenir dans le système quand il y a des postes, puis de nuit, nuit d'urgence,
fin de semaine. Donc, on est loin d'avoir nécessairement les postes de rêve
qu'elles ont dans les agences.
M. Arseneau : Bien, ça, c'est
un des problèmes qu'on a avec la gestion des agences, et on l'a déploré pendant
des années que les agences choisissaient leurs quarts de travail, choisissaient
les jours de travail et, essentiellement, étaient une catégorie de personnel
privilégié, dans un système de santé où celles qui ont décidé de faire confiance
au réseau, qui ont décidé de continuer de persévérer, c'est elles qui sont,
essentiellement, les victimes du système, à l'heure actuelle, qui ont tenu le
fort pendant toutes ces années.
Alors, on ne va quand même pas niveler par
le bas les conditions de travail. Ce qu'il faut, avec un plus grand nombre
d'employés qui se consacrent au service public, c'est répartir équitablement la
charge de travail. Puis on ne fermera pas les hôpitaux la fin de semaine, là,
ni la nuit. Ce qu'il faut, c'est pouvoir avoir un système qui fonctionne puis
que ce soit équitable pour les employés qui…
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Donc, qui, qui va avoir ces postes-là de nuit et d'urgence?
M. Arseneau : Bien, écoutez,
ça, c'est de la gestion qu'on a faite et qu'on fait dans tous les pays, où on
doit rééquilibrer la charge de travail à l'intérieur du personnel du système
public. Et parfois c'est fait par l'ancienneté, parfois c'est fait par choix,
mais ça ne peut pas être fait selon le choix d'une agence privée. C'est là où
on a perdu le contrôle sur notre gestion des soins de santé, où c'est le public
qui est à la merci du privé. C'est la raison pour laquelle on réclame, depuis
trois ans, de s'affranchir de cette dépendance-là au privé qui dicte sa loi.
M. Bourassa (Simon) : M.
Arseneau, dans le titre du projet de loi, le gouvernement veut limiter le
recours aux agences. Il ne parle pas d'abolition, il ne parle pas de l'abolir.
Pensez-vous que c'est réaliste de penser qu'il n'y aura plus de recours du tout
aux agences à moyen et long terme?
M. Arseneau : Bien, en fait,
c'est ce qu'on attend de voir dans le projet de loi. Je ne peux pas présumer de
son contenu. On aurait préféré que les ambitions du gouvernement soient plus
grandes et qu'on détermine qu'on voulait éliminer le recours aux agences
privées à terme, en se donnant évidemment le temps de la transition.
Les mots ont une importance,
effectivement, mais, si on le limite, il faut les limiter à des cas d'extrême besoin.
Et j'ai hâte de voir la justification du ministre là-dessus, à savoir quelle
est la part qu'il voit qu'il pourrait conserver dans le réseau sur une période
de cinq ou 10 ans. Est-ce que c'est marginal? Est-ce que c'est du
dépannage dans des régions éloignées, et ainsi de suite? Il faudra voir.
Et puis on n'est pas si idéalistes que ça.
Ce qu'on dit, c'est qu'il faut agir, puis, avec un cadre fonctionnel et une
stratégie quand même déterminée, on pense qu'on peut y arriver ,à redresser le
système, puis on doit y arriver, puis c'est la fonction du gouvernement, puis
on va l'aider là-dedans.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Bérubé, comme vous êtes porte-parole en éducation...
M. Bérubé : Notamment.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui,
notamment, entre autres. Donc, on voyait ce matin cette histoire d'un prof, là.
M. Bérubé : Un pimp.
M. Gagnon (Marc-André) : Oui,
qui a fait, donc, huit mois de prison, en 1997, pour proxénétisme puis,
finalement, qui réussit à enseigner, pendant une vingtaine d'années, sans que
personne ne sache quoi que ce soit sur son passé judiciaire, à
Mont-Saint-Hilaire. Est-ce que ça illustre, encore une fois, malheureusement,
les failles du système?
M. Bérubé : Question très
simple à se poser. Je suis enseignant moi-même de formation, mon père était
enseignant, et ce genre d'enjeu là, on l'a déjà vécu, dans le passé, sur des
gens qui avaient commis des crimes. Est-ce que, si cette information avait été
révélée à son embauche, je pense qu'en 1997 il aurait été engagé? La réponse
est probablement non. Alors, toutes ces années là, il les a faites en faisant
fi de son dossier. Et on ne lui a pas posé la question, alors,il n'a pas cru
bon en parler pour ne pas s'incriminer. Alors, il est évident que ce n'est pas
les valeurs qu'on veut présentes dans une école.
Et ça ressemble un peu au cas qu'on a dans
la Mauricie, qui a été évoqué récemment. Donc, c'est assez clair, il y a des
enseignants, par exemple, qui peuvent, par exemple, je ne sais pas, avoir un
délit d'avoir pris de l'alcool au volant, puis d'être condamné, puis qui se
pose la question : Est-ce que je vais pouvoir conserver mon poste? Moi, je
connais des gens à qui c'est arrivé. C'est très grave, aussi, cet enjeu-là, mais
cet enjeu-là est très grave parce que c'est un contact avec des jeunes, des
mineurs. J'imagine que, dans les prochaines heures, et c'est souvent ce qui
arrive dans les cas où c'est médiatisé, il y aura une décision qui va se
prendre quant à son permis d'enseignement, parce que vous savez que le ministre
a quand même, je dirais, un pouvoir discrétionnaire.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que vous lui demandez de s'en servir, de suspendre son brevet?
M. Bérubé : Oui, bien, je
veux dire, c'est un pouvoir discrétionnaire à son appréciation, mais, à sa face
même, l'enseignant a pu rester en poste parce qu'il n'a pas révélé des
informations. Puis il y a manifestement des gens qui n'ont pas fait leur
travail… de ne pas vérifier les antécédents. Ça se fait, à peu près tous les
postes, quand on engage un conseiller politique, nous, comme député, c'est une
des premières choses qu'on va vérifier : Est-ce que les gens ont des
antécédents? Parce qu'ils ont accès à de l'information sensible, ils
rencontrent des gens.
Je veux dire, la commission scolaire de
l'époque, je pense, c'est dans le coin de la Montérégie, a failli, mais ça
n'empêche pas qu'il y a quelqu'un qui a commis un crime particulièrement grave,
c'est-à-dire d'être un souteneur, probablement avec des mineures, je n'ai pas
tous les détails, là, c'est évident que cet enseignant-là, sa place est fort
problématique dans le réseau scolaire.
M. Gagnon (Marc-André) : …le
ministre doit intervenir, suspendre son brevet?
M.
Bérubé
: Oui,
l'appréciation du ministre, j'ai l'impression que... Il lit la même chose que
moi, là, ça fait deux, là, qu'on a, dans les deux dernières semaines, puis j'ai
l'impression qu'on en aura peut-être d'autres.
Des voix : …
M. Bérubé : Ça, c'est une
courte.
M. Laberge (Thomas) : La
motion d'hier de Québec solidaire, que vous avez appuyée, si je ne me trompe,
là, qui dit que le chemin Roxham n'est pas un tout inclus.
M. Bérubé : Oui, on est
d'accord.
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous ne désavouez pas votre grand frère du Bloc québécois?
M. Bérubé : Non, parce que le
Bloc disait la même affaire, c'est les Américains qui le voient comme ça, comme
un tout inclus, alors il n'y a pas de problème. Alors, ils pensaient peut-être
vouloir nous embêter avec ça, mais on pense la même chose qu'eux.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On Roxham
Road, we heard yesterday that the majority of people, who crossed trough Roxham
Road last weekend, were sent elsewhere outside Québec, and Minister Fréchette
said that she saw this as encouraging. How do you feel about it?
M. Bérubé :
Well, it's not a victory, we feel that
we have more than a right amount of people crossing that border to come to
Québec. And this is the debate, the capacity of Québec of welcoming correctly
people here, and it's about learning French, it's about having a roof, housing,
having integration with community groups, this is what it's all about.
Minister Fréchette has to
work for Quebeckers, not for
Ontarians, and this is all about Québec. Are we able to welcome correctly all
those people? The answer is no. And we were responsible of bringing this debate
in the National Assembly, we
had a motion, on the first week of our return in 2023, about this issue, and
now we're talking about this issue here, in the National
Assembly. So, the responsible way is to tell some truth
about the situation. And the compassionate people in this debate, I feel that
they are those people who said that we feel the pain, we feel the «détresse»,
in French, of all those people.
M. Arseneau : Distress
M.
Bérubé
: Distress. And we're sensitive about that, but the truth is we
cannot open borders for 40 000 people, 50 000 people, 200 000 people. If
we are Québec solidaire, it doesn't matter. It does matter because, we're in
Québec and we have a capacity of welcoming those people, and the truth is
saying those kinds of things, and it doesn't make our party, of all the other
people telling those truths, less sensitive than those people who are using
this issue to put forward that they're more sensitive, they have more empathy.
And this is not a good thing. So, I do think that Québec solidaire, who likes
to give some lessons to all the others… using this issue for its political
results, and I'm pretty sure about that.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
And,
just quickly, Mr. Arseneau, if I understand correctly, you believe that the
private agencies should be phased out gradually, but you did mentioned
exceptions, potentially for extreme cases. Can you speak a bit about what you…
M. Arseneau :
No, it's because the law seems to say
that they want to phase out gradually, but not completely eliminate any
possibility that private agencies have a place in the public system, so we'll
see what the law says. I would prefer that it's completely eliminated, but, if
the minister judges that we need to keep the door slightly open, I'd like to
understand in what context, in what part of the system it would play a role in
the future in his eyes. So, we're open to discussion about that, but, you know,
right now, certainly, the main problem that we want to solve is to stop being
dependant. Well, in the future, can they still have a role, a small role? I'm
open to discussion about that.
(Fin à 8 h 51)