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Point de presse de M. Yves-François Blanchet, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration, de communautés culturelles et de langue, Mme Agnès Maltais, porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé et de Mme Carole Poirier, porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés

Version finale

Le jeudi 29 mars 2012, 11 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures quinze minutes)

M. Blanchet: Bien le bonjour, messieurs dames. On a décidé de passer ici pour relever une situation qui vient de se produire à la période de questions, des erreurs qui ont été énoncées par le ministre de la Santé et la normalisation d'une situation qui est inacceptable et qui est révélatrice de ce qu'on observe mais de ce que les gens dénoncent de plus en plus.
D'abord, je veux d'emblée préciser au ministre de la Santé ce qu'aurait dû faire la ministre responsable de la Charte de la langue française, que des hôpitaux anglophones, ça n'existe pas. Il y a des institutions qui, lorsqu'elles desservent une clientèle majoritairement d'une autre langue que le français, ont un statut bilingue. Un hôpital anglophone, ça n'existe pas. Et il n'est pas normal que ce soit le patient francophone qui doive demander à être servi dans la langue commune. Ça doit aller de soi, ça doit être d'emblée une situation normale dans les hôpitaux du Québec.
Il me semble essentiel, avant de céder la parole à mes collègues, il me semble essentiel que la ministre responsable de la Charte de la langue française cesse de répéter les mêmes cassettes, creuse son mandat un peu, se mette en action, assoie ses collègues et fasse ce qui sa fonction fondamentale en tant que responsable de la mise en valeur et de la protection de notre langue. C'est d'asseoir son collègue et de lui dire: Dans le réseau de la santé, ça ne va pas en termes d'application de la charte, ça ne va pas en termes de respect de la langue commune du Québec. Sur ce, je laisse la parole à mes collègues.

Mme Maltais: Le ministre Bolduc vient de nous présenter, ce matin, exactement le portrait de la dérive du gouvernement libéral actuel par rapport au français. Il vient de faire deux erreurs énormes. C'est lui qui est responsable de la Loi de santé et services sociaux. Il vient de dire: Il y a des hôpitaux anglophones au Québec. Ça n'existe pas des hôpitaux anglophones. Il y a l'obligation... l'autorisation plutôt - c'est le bon mot - l'autorisation pour des hôpitaux, quand on leur... quand ils sont désignés comme bilingues, de donner du services dans une langue autre que le français. Mais là on est rendus que le ministre considère qu'il y a des hôpitaux anglophones.
Deuxièmement, il a été dire que c'est rendu que, les francophones, ils sont obligés de faire une demande pour être servis en français dans des hôpitaux dits anglophones. C'est un non-sens total et c'est l'acceptation d'une dérive qui, je vais vous le dire, est plus grande que simplement ce cas-là. Si on l'a soulevé, c'est parce qu'il est appuyé par ce que va vous présenter ma collègue Carole Poirier d'Hochelaga-Maisonneuve. Il est appuyé par une plainte d'une famille qui nous a contactés. Mais ça se passe dans plusieurs hôpitaux de Montréal, ça se répète et ça se répète dans de nombreux services. Rappelez-vous que même la tête du CUSM à l'époque, M. Porter, était unilingue anglophone, mais ça va jusqu'en bas, jusqu'aux services aux personnes. On veut qu'il règle ça.
Ce n'est pas normal que les patients soient obligés de faire une demande pour être servis en français, pour être soignés. Il y a un critère de dangerosité là-dedans. Les soins de santé, il faut qu'on... Vous le savez, quand vous allez chez le médecin, il faut que vous puissiez expliquer votre situation. Il faut que vous puissiez expliquer quand ça fait mal, la douleur est plus forte. Il faut que vous compreniez la médication qu'on vous demande. Il faut que vous compreniez les indications qu'on vous donne. Dans ce cas-ci, la patiente est incapable de comprendre, et je vais vous montrer comment la famille a été obligée de palier à ce manque grave du système de santé et services sociaux.

Mme Poirier: Alors, bonjour. Écoutez, c'est un citoyen de mon comté qui m'a contactée pour me déposer la plainte qu'il a déposé à Royal Victoria dans le cadre du fait que sa mère qui est hospitalisée là, et qu'il lui reste 18 mois à vivre, et qui est hospitalisée en soins de longue durée en attente d'une place d'hébergement dans un centre d'hébergement. Et la mère ne peut communiquer avec le personnel soignant, avec les préposés aux bénéficiaires parce que personne n'est capable de lui parler en français.
La famille a assuré la permanence de nuit et de jour pour s'assurer que l'on puisse parler et qu'elle... leur mère puisse s'adresser au personnel. Mais le temps fait en sorte qu'ils ont même dû engager une préposée aux bénéficiaires privée pour assurer la traduction entre les services soignants et leur mère pour s'assurer que leur mère puisse vivre en toute dignité et communiquer sa situation au personnel. Alors, c'est totalement inacceptable que nos personnes âgées doivent maintenant se payer des traducteurs pour se faire soigner dans nos hôpitaux au Québec.

M. Laforest (Alain): Qu'est-ce que vous faites de la relation évidemment entre ce cas-là et ce qui se passe avec le commissaire à l'immigration aussi? C'est un peu...

M. Blanchet: La relation n'est pas directe, mais elle a une source commune. On est dans une situation où le respect de la langue commune, qui est le français au Québec, est rendu tout à fait facultatif. C'est vrai dans les gestes du gouvernement fédéral, c'est vrai dans la tolérance, la complaisance coupable du gouvernement du Québec. C'est vrai dans la, comment dire, la mansuétude de l'OQLF par rapport aux contrevenants. C'est une espèce de culture dans laquelle on n'applique plus une règle et qui, cette fois-ci, parce que c'est... souvent, c'est comme si on faisait des énoncés théoriques de grands principes. Mais non, ça a une connotation et ça a une portée très directe. Dans des hôpitaux, on parle carrément de la santé et de la sécurité des patients, pour qui des délais dus à la nécessité d'aller courir quelqu'un qui parle la bonne langue dans le corridor de l'hôpital représentent une menace pour la santé.
Donc, c'est une espèce de culture de complaisance qui est à l'origine de l'ensemble de ces dérives. C'est vrai pour le CHUM, c'est vrai pour les nominations de dirigeants unilingues anglophones, c'est vrai pour les cas d'application de la Charte de la langue française. La ministre redisait tout à l'heure qu'il y a 1 600 entreprises dans son comté, alors 100 et quelques plaintes, somme toute, il n'y a rien là. Ça prend quel pourcentage d'infractions à la loi pour devenir préoccupant? 3 %, 5 %, 12 %? À partir de quel pourcentage de ne pas respecter la loi devient illégal? Donc, c'est une espèce d'origine commune à l'ensemble de ces phénomènes, mais qui, cette fois-ci, a un impact direct sur la santé d'un citoyen.

M. Journet (Paul): Est-ce que la traductrice est payée par l'hôpital?

Mme Poirier: C'est une préposée aux bénéficiaires privée qui a été engagée par la famille.

Mme Maltais: Par la famille. On est obligés...

Mme Poirier: C'est la famille.

M. Journet (Paul): ...demandé de le rembourser? Est-ce qu'il y a un refus de remboursement?

Mme Poirier: Ils n'ont pas demandé de rembourser. Ils ont assumé les frais jusqu'à maintenant parce que, justement, il n'y a pas de service de donné par l'hôpital.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Est-ce qu'ils vous l'ont demandé, ce service-là? Est-ce qu'ils ont fait...

Mme Maltais: Ils l'ont demandé.

Mme Poirier: Oui, tout à fait. L'infirmière en chef a répondu qu'il n'y avait personne pour répondre en français à la famille et tout simplement que c'était comme ça que ça se passait dans cet hôpital-là.

Mme Maltais: J'ajouterais que la réponse qu'il y a eu à la famille, c'était la même que le ministre. Ils considèrent, à Royal Victoria, sur les planchers, qu'ils sont dans un hôpital anglophone et que c'est aux francophones à se débrouiller pour avoir les services dans leur langue. Deuxièmement, l'infirmière a même répondu qu'il y avait des gens qui ne parlaient même pas ni l'anglais ni le français, que la famille était chanceuse.

M. Journet (Paul): Pouvez-vous donner des cas similaires, s'il y en a, où des patients auraient eu besoin d'engager un traducteur pour être soignés dans leur langue, le français?

Mme Maltais: Que ça se rende à ce point-là, c'est la première fois, mais c'est parce qu'il y a eu une plainte officielle qui a été transmise par la famille à ma collègue Carole Poirier d'Hochelaga-Maisonneuve. C'est ce qui nous a permis...

M. Bovet (Sébastien): N'est-ce pas hasardeux un peu de généraliser sur la base d'un seul cas?

Mme Maltais: Non. Les informations que nous avons, à l'heure actuelle... mais c'est difficile parce que ça prend effectivement un cas comme ça. C'est que, dans les hôpitaux qui sont dits «bilingues», je vous dirais particulièrement dans le CUSM, l'anglais prend de plus en plus de place, et que ça... c'est même l'infirmière-chef qui nous a dit, qui nous a dit que c'est un hôpital anglophone et qu'ils n'assuraient pas le service en français.

M. Bovet (Sébastien): L'infirmière-chef vous a dit, à vous, personnellement?

Mme Maltais: Pas à nous, excusez, qui nous a dit. C'est écrit dans la lettre, c'est dans la plainte, là, de la famille. Elle l'a dit à la famille, pardon.

M. Dougherty (Kevin): Est-ce qu'on peut voir ces documents?

Mme Maltais: C'est... Le problème, c'est...

M. Dougherty (Kevin): Est-ce que c'est un cas ou c'est plus qu'un cas à date?

Mme Poirier: Bon. Alors, la famille ne veut pas avoir de représailles à leur mère. On le comprend bien, là. Ils se sont rendus jusqu'à faire une plainte officielle à l'hôpital, alors la plainte... vous pouvez vous adresser à l'hôpital. Mais, eux, la famille, ne veulent pas qu'il y ait des représailles contre leur mère. Déjà qu'ils se soient rendus jusque là et qu'ils aient accepté qu'on en parle, je peux vous dire qu'ils sont dans la crainte, justement, de représailles à leur mère.

M. Bovet (Sébastien): Et même, si vous permettez, juste un document à regarder, ce n'est pas possible?

M. Blanchet: Tu leur demanderas.

Mme Maltais: Écoutez, ce que je vous propose, appelez à l'Hôpital Royal Vic, ils vont vous confirmer que cette plainte est entre leurs mains et a été déposée.

Mme Brassard (Marie-Andrée): Elle a été déposée quand? Quand est-ce que ça s'est passé, tout ça...

Mme Poirier: Dans les derniers jours. Ça a été déposé le 25 mars.

Mme Plante (Caroline): Mme Maltais, in English, if we can, this is... it appears to be just one case. Then why you say that English is becoming...

Mme Maltais: What says that family and what we hear about in Montréal is that this is not the only case, there are many cases like this. But it's very hard to get un «témoignage», a testimony, and now we have got a real testimony from a family. And, second, I must say that I'm very surprised, this morning, and I'm not only surprised, I'm shocked to hear the Minister of Health to say that there are Anglophone hospitals in Montréal. We have to accommodate and to give services for the English community in hospitals which are declared bilingual, but there are no Anglophone hospitals in Montréal. The French people from Montréal, the Francophones from Montréal should have health services in French when they need it.
The Minister has made two mistakes this morning. He said there are Anglophone hospitals, which is the first mistake. The second mistake is that he said that the Francophones should ask for French services. No! They should get French services. That's the reality. We've living in a French country.

Mme Plante (Caroline): May I ask you, do you think we're getting closer and closer to an election campaign, considering that the Liberals are multiplying these positive announcements? On Tuesday, it was Samuel-De Champlain; today it's the Grand Théâtre. What do you think?

Mme Maltais: I would say that we all know that it's all in the hands of the Prime Minister and that what we are saying is that we should have elections on... Comment dites-vous ça, élections à date fixe? We should have election on a fix date so that we stop all this confusion around the elections.

M. Duboyce (Tim): What do think... On the issue of the hospital, again, don't you think that it's kind of a figure of speech, the expression «Anglophone hospital» and «Francophone hospital»? I mean, Montrealers in the streets, whether you're Anglophone or Francophone, are going... you're going to refer to Francophone hospitals and Anglophone hospitals, just as a historical figure of speech. Isn't that more where this comes from?

Mme Maltais: For this family, it's not a figure of speech. This family has been into an hospital in Montréal, and she has been said: We can not afford you the health services in French. And, most of that, that family has been... had to pay for services as a supplement for the health services. So, that's the point. We are not saying... We are saying there a no Anglophones... there are health services which should be given in French to everybody.

Mme Montgomery (Angelica): Mme Maltais, you had said that this is an issue of public safety, that this is dangerous. How does it compare for a Francophone to go to hospital... the danger that they experienced, not being able to get services, compared to an Anglophone going to hospital.

Mme Maltais: That's exactly why we do have hospitals which I consider like bilingual, and that the law says that we should... we have to give services in other languages than French. In these hospitals, we protect the Anglophone people, so that they receive English services, in English. That's a protection, and we believe in that.
But it's important, this morning, the minister told us that the French people should ask for French services in Anglophone hospitals. That's completely unbelievable. That's... No law says that. He's out of reason.

Mme Montgomery (Angelica): What is the danger?

M. Blanchet: Je vais faire une remarque que je vais me permettre de faire en français, compte tenu de mes mauvaises habitudes. C'est toute la pertinence d'une langue commune. Si tous les gens qui résident au Québec maîtrisaient adéquatement la langue commune du Québec, qui est le français, tout le monde pourrait se faire servir partout tout le temps adéquatement.
Maintenant, comme société qui reconnaît inaliénablement, dis-je bien, des droits à sa minorité historique anglophone, nous disons qu'il y a des institutions qui, dans des secteurs qui le justifient par la clientèle, qui peuvent donner un service en anglais. On n'a aucun problème avec ça. Mais ça ne veut pas dire que, pour cette raison-là, on doit renverser le raisonnement et dire que, pour des raisons de sécurité, il faudrait que tous les hôpitaux au Québec soient capables de donner un service en anglais.

Ça, c'est le contraire de la notion de langue commune, qui est non seulement une question fortement identitaire, mais qui aussi devient, en matière de santé, une question de simple sécurité. Que tout le monde, quelle que soit sa langue maternelle, quelle que soit sa langue d'usage courant soit capable de s'exprimer dans la langue commune dans le système de santé, c'est sa meilleure garantie de sécurité.

Mme Montgomery (Angelica): What is the danger that we are seeing here? Can you explain to me what the danger is?

Mme Maltais: It's that, when a person is suffering and she needs help, she's in a hospital, she has to explain what's happening to her, where is the... voyons. Bon, le mot douleur, je viens de le perdre.

Une voix: Pain.

Mme Maltais: Where is the pain and what's the highness of that pain. So, if she... If nobody can hear that appeal for help, that's a problem. And if the patient and the family cannot understand what are saying to them the nurses and the doctors, there's another big problem. That's the point of dangerousity.

(Fin à 11 h 30)