(Huit heures quarante minutes)
M. Arseneau : ... (panne
de son) ...l'interpellation du ministre de la Santé Christian Dubé sur le bilan
en santé du gouvernement depuis maintenant cinq ans de gouvernance.
Évidemment, le bilan, il est
catastrophique : augmentation du temps d'attente dans les urgences et
crises perpétuelles, les délais d'attente en chirurgie et le nombre de
personnes qui augmentent, sur la liste, à 160 000 personnes,
évidemment, les délais d'attente, également, pour avoir des soins en santé
mentale, la dépendance de plus en plus grande envers le secteur privé, les
agences de placement. On a une loi qui a été déposée, qui est une coquille
vide, on verra ce que ça donne, mais la fuite du personnel est avérée. On a
aussi une absence d'échéancier et de cibles dans le fameux plan santé du
gouvernement.
Je me rappelle qu'on parlait aussi de
décentralisation. Le projet de loi, qui a été déposé cette semaine, là, c'est
tout sauf de la décentralisation. Le ministre s'arroge tous les pouvoirs
discrétionnaires pour taper sur les doigts des administrateurs locaux des soins
de santé en distribuant des pénalités, s'ils n'observent pas la loi et les
règlements, dont on ne connaît pas encore les détails. Il y a un million de
Québécois qui sont en attente d'un médecin de famille, rappelez-vous, le
gouvernement voulait que tous les Québécois, sans exception, aient un médecin
de famille, on est loin du compte.
Donc, la crise actuelle, pour nous, est le
résultat, là, de l'inertie du gouvernement, des ballons d'essai, des effets
marketing, des promesses brisées. On va toujours mettre ça sur le dos de la
pandémie, pandémie, qui a le dos large, mais, le gouvernement, qu'a-t-il fait
pour, justement, sortir de ce marasme-là?
Puis aujourd'hui, le comble, c'est qu'on
dit que, si on a une pénurie dans les hôpitaux, une pénurie d'infirmières,
notamment, bien, hier, dans le discours, c'était un peu la faute des
infirmières, là. Alors, je pense qu'il est temps que le gouvernement rende des
comptes. C'est une occasion de lui poser des questions aujourd'hui, pendant les
deux prochaines heures. Donc... Je n'ai pas mentionné les soins préhospitaliers
d'urgence, qui sont en crise, également.
Bref, on aura du pain sur la planche et on
espère obtenir des réponses du ministre Dubé sur, vraiment, là, les moyens
concrets qu'ils mettent, qu'il mettra en place pour redresser le système,
essentiellement. Merci.
M. Denis (Maxime) : Comment
rendre attractif, justement, et sexy, aux yeux des étudiants, de la relève,
pour amener des bras dans le réseau de la santé? Quand on le dépeint comme ça, ça
ne donne pas le goût d'aller travailler là.
M. Arseneau : Vraiment.
Et c'est, entre autres, parce qu'il y a un discours qui est contradictoire de
la part du gouvernement. D'une part, il dit qu'il félicite le travail des anges
gardiens et, d'autre part, on leur tape un peu sur la tête à tour de bras avec
du travail supplémentaire obligatoire, avec des salaires qui ne sont pas
attractifs par rapport à ce qu'on voit dans les autres provinces — là,
on parle de 20 % de moins par rapport au Nouveau-Brunswick, qui est une
province qui n'est pas plus riche que nous, là — on parle de
conditions de conciliation travail-famille qui sont impossibles, des ratios
sécuritaires — on en parle depuis cinq ans, il y a des projets
pilotes qui ont été menés, aucune conclusion — aucune volonté d'améliorer
véritablement le sort de ceux qui tiennent le réseau à bout de bras, alors, évidemment,
ce n'est pas un milieu qui est attractif à l'heure actuelle.
Et là, le comble, je le mentionne encore
une fois, c'est qu'on dit qu'on va améliorer les choses, mais on sent, dans le
discours gouvernemental, par rapport à des négociations qui se tiennent
présentement, que ce serait aux infirmières de faire preuve d'une plus grande
flexibilité. Je pense que, le message, il est très négatif, et ça ne risque pas
de s'améliorer pour les prochaines semaines avec une approche comme celle-là,
qui semble être une approche, là, de confrontation ou, du moins, de vouloir
faire porter le fardeau des problèmes sur le dos des professionnels en soins.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
Est-ce que vous demandez, comme Québec solidaire, une enquête du
commissaire aux lobbyistes, ou de lobbyisme en lien avec McKinsey?
M. Arseneau : Bien,
écoutez, la demande a été formulée par Québec solidaire, nous, on voudrait bien
connaître, également, ce que pense le Commissaire au lobbyisme sur cette
question, si le gouvernement a été transparent et intègre. On sait qu'il y a
deux contrats qui ont été donnés. Ça n'a rien à voir avec la situation au
fédéral, qui est beaucoup plus inquiétante, là, quand on parle de contrats
signés, jusqu'à 2 100, et une véritable influence sur les politiques
publiques, notamment, là, les mesures qui visent à augmenter l'immigration, de
sorte que, le fait français, et le Québec comme nation francophone d'Amérique,
est essentiellement ignoré. Et, nous, on pense qu'il est voué à sa perte avec
des politiques comme ça, qui sont influencées par McKinsey.
Donc, on est dans deux sphères complètement
différentes. On a eu recours à McKinsey pour conseiller le gouvernement durant
la période de la pandémie, bon, ça a donné les résultats qu'on sait, maintenant,
est-ce que... L'enjeu, ce que je comprends, c'est qu'ils n'étaient pas inscrits
au Registre des lobbyistes.
Mme Paquette-Comeau (Marie-Josée) :
...ils n'étaient pas au registre, mais ils envoyaient quand même les
courriels en disant : Avez-vous besoin d'aide, on peut vous aider.
M. Arseneau : Et, sur ce
plan-là, je pense que nul n'est au-dessus des lois, et, si, effectivement, le
gouvernement a cautionné McKinsey, qui ne répondait pas aux obligations de
base, bien, je pense qu'il faut y voir plus clair et qu'il y ait des sanctions.
M. Denis (Maxime) : Sur les
médias, on voit The Gazette, qui est sur le respirateur artificiel, il y
a Groupe TVA aussi, Québecor, il y a des coupes annoncées aujourd'hui, qu'est-ce
qu'on peut faire, qu'est-ce que le gouvernement peut faire pour soutenir les
médias au Québec?
M. Arseneau : Bien, on en parle
depuis cinq ans, de façon périodique, à chaque fois qu'il y a une crise ou il y
a des mises à pied, on a aussi eu une commission itinérante sur les médias
régionaux, on a eu une commission sur plus spécifiquement l'avenir des médias,
et, à chaque fois, ce qu'on voit, c'est que les revenus publicitaires des
médias traditionnels baissent au profit des plateformes numériques, et les
plateformes numériques ne paient pas leur dû.
Donc, évidemment, utiliser le contenu qui
a été glané, publié par des journalistes chevronnés et professionnels pour
ensuite utiliser ça pour se faire des revenus publicitaires sans payer aucune
redevance, aucune rétribution, je pense qu'il est là, le problème. On demande
au gouvernement du Québec... Puis le gouvernement fédéral doit faire sa part
aussi pour que les GAFAM paient leur dû. Ils utilisent du contenu, font des
gros profits aux dépens des médias, et, ça, ça doit cesser, et le gouvernement
se traîne les pieds là-dedans.
Nous, on avait réclamé, au Parti
québécois, qu'il y ait, minimalement, là, une taxe d'imposée aux GAFAM de
l'ordre de 3 %, ça n'a jamais été retenu. Mais, quelle est l'alternative, évidemment,
c'est que les médias doivent imposer des compressions, donc on va réduire
l'offre en matière d'information, là, factuelle, vérifiée, et, ça, c'est très
dangereux pour nos démocraties, on le voit, là, avec le phénomène des faits
alternatifs qui prolifèrent sur les tribunes numériques. Alors, je pense qu'il
est temps plus que jamais, je pense que c'est un signal de plus, mais un signal
fort que le gouvernement doit prendre les choses au sérieux.
Puis il y a un budget qui s'en vient, là,
au mois de mars, le gouvernement aurait l'occasion d'agir de façon ferme pour
protéger non pas les médias, mais protéger l'information, et, quelque part, à
travers l'information, c'est aussi la démocratie qu'on protège.
Une voix : Merci.
M. Arseneau : Merci beaucoup.
(Fin à 8 h 48)