(Onze heures huit minutes)
M. Tanguay : Alors, bon
matin, tout le monde. Je suis heureux d'être accompagné ce matin par Linda
Caron, notre collègue de La Pinière et porte-parole pour les aînés,
porte-parole de l'opposition officielle.
Ce que l'on constate au Québec, c'est qu'il
y a urgence alimentaire. Il y a urgence alimentaire chez nos aînés, urgence
alimentaire chez nos tout-petits, nos écoliers, et urgence alimentaire
également pour des familles qui sont dans le besoin. Même des parents, même des
personnes qui travaillent ont recours aux banques alimentaires.
Alors, ce qui est demandé, là, et je vais
vous soumettre deux éléments et ma collègue Linda Caron pourra compléter, pour
ce qui est des banques... pour ce qui est des besoins de nos écoliers dans les
écoles, il est important de s'assurer qu'il n'y a pas un enfant qui va à l'école
le ventre vide. Et, pour ça, il est important que le gouvernement rehausse le
financement pour que nous puissions s'assurer que chaque élève dans les écoles
puisse avoir la capacité d'avoir un repas complet, parce que vous ne pouvez pas
apprendre si vous avez le ventre vide. Alors, pour ce qui est de la sécurité
alimentaire dans nos écoles, il est clair que nous demandons, et il y a un
contexte budgétaire qui sera lu cet après-midi, un rehaussement très
substantiel pour répondre aux besoins de tous les écoliers au Québec.
Deuxième élément, évidemment, les banques
alimentaires. L'aide d'urgence de 6 millions de décembre dernier, en mars,
aujourd'hui, elle est déjà dépensée. Donc, il y a un besoin très tangible sur
le terrain auquel doit répondre de façon urgente le gouvernement. Il y a de
plus en plus de milliers de Québécoises et Québécois qui en sont réduits... qui
doivent avoir recours aux banques alimentaires. Et, encore une fois, le fait
que l'aide d'urgence soit épuisée au moment où on se parle requiert que le
gouvernement, encore une fois, dans le contexte budgétaire, aujourd'hui,
rehausse le financement pour les banques alimentaires. Je vais maintenant céder
la parole à ma collègue Linda Caron.
Mme Caron : Bonjour, tout le
monde. Alors, l'insécurité alimentaire, ça guette aussi les personnes aînées
qui sont en perte d'autonomie. Et c'est là qu'interviennent les popotes
roulantes, qui offrent un service absolument essentiel. Il y a 75 000 aînés
au Québec qui reçoivent plus de 4 millions de repas de la part des popotes
roulantes, et leur importance, la qualité essentielle de leurs services a d'ailleurs
été reconnue durant la pandémie, et la demande explose. Il faut continuer de
les financer, même leur assurer un financement pérenne serait fort utile.
Et ce qu'il faut savoir aussi, c'est que
les personnes, les bénévoles qui livrent des repas, sont souvent le seul
contact que la personne en perte d'autonomie qui demeure toujours chez elle
voit dans la semaine, c'est parfois la seule personne en chair et en os qu'elle
voit, une ou deux fois par semaine, pour recevoir ses repas. Et ces baladeurs,
que certaines popotes roulantes désignent pour leurs volontaires, leurs
bénévoles, ils font aussi un travail de vigie, c'est-à-dire qu'ils vont voir si
la personne se porte bien, est-ce que, d'une semaine à l'autre, son état se
détériore ou bien si elle semble correcte. Et, s'il y a détérioration, s'il y a
des questions, des préoccupations, bien, les livreurs de repas vont faire des
signalements, par exemple, aux CHSLD ou aux travailleurs sociaux pour
dire : Peut-être que cette personne vit quelque chose et qu'elle a besoin
d'une aide autre que la... ou en plus de l'aide alimentaire.
Donc, c'est un service vraiment essentiel
que les popotes roulantes offrent partout sur le territoire du Québec. Et le
regroupement des popotes roulantes, on l'a vu, demande 10 millions de
dollars de plus en financement pour pouvoir continuer d'oeuvrer, parce qu'il y
a des popotes roulantes qui ont dû fermer en 2021, faute de financement. Donc,
c'est absolument nécessaire de continuer de les financer pour que les personnes
puissent rester à domicile le plus longtemps possible. Si on compare les coûts
d'avoir une personne dans un établissement ou les coûts de bien les nourrir en
passant par les popotes roulantes, je pense que le choix est assez facile à
faire, c'est assez logique, c'est même un choix économique. Alors, pour cette
raison-là, bien, on demande que le gouvernement s'assure de bien financer les
regroupements... en fait, les popotes roulantes, à la hauteur des besoins, et
que ce financement puisse devenir pérenne. Merci.
M. Gagnon (Marc-André) : Hier,
donc, le ministre des Finances a décidé de rompre, là, avec la tradition des
souliers la veille du budget en annonçant plutôt un don de 10 000 $ à
un organisme communautaire. Puis il a annoncé aussi qu'il y aurait une
enveloppe de 50 millions de dollars pour l'oeuvre du Dr Julien.
Est-ce que ça, c'est un pas dans la bonne direction, ou est-ce que c'est de la
poudre aux yeux?
M. Tanguay : Bien, je pense
que c'est une bonne chose, le don. Je vais saluer le don qui a été fait. Ce
sont des organismes, puis c'est pleinement justifié. Puis bravo pour le don! Le
ministre a décidé de ne pas s'acheter de souliers. Il faudrait que les bottines
suivent les babines, si on fait... on continu l'analogie des souliers. Le
gouvernement est capable de nommer les problèmes, mais, dans sa cinquième
année, encore une fois, on voit toujours les services essentiels qui sont mis à
mal, les listes d'attente en santé, les listes d'attente partout, là, en service
de garde, dans nos palais de justice également, pour l'éducation. Alors, je
pense que de troquer les bottines pour des dons, c'est probablement une bonne
chose, mais il faudrait que les bottines suivent les babines maintenant, puis, dans
leur cinquième année, qu'ils aient des résultats. Et c'est ce qu'on va vérifier
dans le budget notamment. C'est leur cinquième budget, hein, cet après-midi,
alors on va les tenir à leurs promesses.
M. Gagnon (Marc-André) : Tout
à l'heure, il y avait une autre prise d'images, cette fois-ci avec le premier
ministre et le ministre des Finances, puis François Legault a assuré que le
budget serait l'occasion, je le cite, «de mieux investir, de plus investir dans
les services en éducation, en santé, aussi dans la lutte aux changements
climatiques». Il a dit : «C'est plus d'actualité que jamais avec le
rapport qui a été déposé hier.» Il faisait évidemment référence à celui du
GIEC. Est-ce que, selon vous, à la lumière de ce rapport-là, le gouvernement
caquiste se doit de reculer sur son projet de tunnel autoroutier entre Québec
et Lévis?
M. Tanguay : Le troisième
lien, je pense que le premier ministre avait dit que nous allions avoir les
études en avril. Je pense qu'on attend toujours les études. Alors, le troisième
lien, évidemment, c'est un projet, une obsession, je dirais, du gouvernement
Legault depuis cinq ans. Il n'y a pas d'étude. C'est un projet... Je pense,
même le ministre l'Environnement a dit que ce n'était pas ficelé, ce projet-là.
Alors, je pense qu'En attendant Godot, là, en attendant le troisième
lien sans étude, le gouvernement... Et encore une fois, nous ont dit : Il
ne faut pas investir de cette façon-là, il faut investir, puis on a perdu cinq
ans, dans les transports en commun. Le transport en commun, il y a un enjeu à
Québec de... un enjeu de mobilité et il faut investir dans le transport en
commun qui soit vert. Là-dessus, il y a le tramway — le gouvernement
n'a pas aidé à la réalisation du projet, finalement s'y est rallié — mais,
après la phase est-ouest, je pense, ça prendrait une phase nord-sud, et faire
d'autres... poser d'autres gestes bien plus que de faire un troisième lien.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais,
justement, là, est-ce qu'une porte de sortie ou un compromis plus acceptable,
ce serait de faire un tunnel dédié uniquement à du transport collectif entre le
nord et le sud?
M. Tanguay : Bien, ce n'est
pas ce qu'on entend. Nous, ce que l'on veut, c'est du transport collectif, et
on pense que le tramway nord-sud, donc qui relierait les deux rives,
effectivement serait un élément positif pour venir lutter contre... pour venir
améliorer la mobilité dans la région de Québec. Alors, nous, on est pour un
tramway nord-sud, mais j'entends que le gouvernement, lui, n'ira pas dans ce sens-là.
Le gouvernement, lui, c'est réellement pour des automobiles et peut-être un
volet de transport en commun. Pour nous, ce n'est pas justifiable.
M. Gagnon (Marc-André) : Parce
qu'on voyait... dans le cas d'un autre tunnel, c'est-à-dire le tunnel Louis-Hippolyte-La
Fontaine, là, tu sais, hier soir, par voie de communiqué, on apprend que, bon,
1 milliard de plus, là, que le gouvernement se doit d'allonger. Il y a
fort à parier que ça risque d'être peut-être la même chose pour l'enveloppe qui
était promise pour le projet de tunnel entre Québec et Lévis, là.
M. Tanguay : Bien, le projet
de tunnel, là... Écoutez, le projet de tunnel, là, puis je reprends les mots du
ministre de l'Environnement, ce n'est pas ficelé, ce projet-là, on ne sait même
pas de quoi on parle, on n'a même pas d'étude. Le projet de tunnel, nous, on
n'est pas pour parce que l'on dit : Vous devez agir maintenant, transport
collectif, puis ce n'est pas en faisant un tunnel que vous allez désengorger
les routes. En ce sens-là, il est important d'agir. Il n'y a même pas d'étude,
il n'y a pas rien. Alors, même le projet de tunnel, là... je pense que même les
plus partisans du projet de tunnel, là, je pense qu'ils commencent à se rendre
compte que ça ne se fera jamais. Mais, pendant ce temps-là par contre, il y a
un enjeu de mobilité dans la région de Québec. Le gouvernement devrait investir
pour... Puis il y a plusieurs éléments, puis on a déjà eu l'occasion de mettre
des propositions de l'avant, pour faciliter le réseau routier existant, entre
autres à la tête des ponts, mais aussi du transport collectif.
M. Gagnon (Marc-André) : Sur
Airbnb, avez-vous l'impression que le gouvernement s'est traîné les pieds dans
sa façon d'encadrer la plateforme?
M. Tanguay : D'abord et avant
tout, évidemment, nos pensées vont aux victimes et aux proches des victimes.
Bien évidemment, c'est une tragédie dont on découvre l'ampleur, là, de jour en
jour. Une fois que l'on a dit ça puis qu'on a d'abord pensé aux êtres humains
qui ont perdu leur vie là-dedans, et les autres qui ont été victimes de cela,
et leurs proches, je pense qu'il est clair que le gouvernement n'a pas fait les
inspections qui devaient être faites. Et, lorsque vous parlez d'inspections,
vous parlez entre autres de vérifications au niveau de la sécurité. Alors, il
est important... On entend que la ministre va déposer, semble-t-il, un projet
de loi incessamment pour bonifier les exigences, mais, durant ce temps-là, on
se rend compte que, dans les dernières années, la responsabilité du
gouvernement du Québec, qui était de faire les inspections, ça n'a pas été
fait. Et ça, ce n'est clairement pas quelque chose pour aider, entre autres,
les vérifications quant à la sécurité.
M. Gagnon (Marc-André) : Pendant
ce temps-là, c'est Airbnb qui a le beau jeu?
M. Tanguay : Bien, Airbnb, je
pense, aussi doit être un citoyen corporatif exemplaire, il ne l'est pas,
devrait faire en sorte qu'aucune unité de logement à louer ne le soit sans que
la personne ait eu l'autorisation locale. Ça, c'est une responsabilité de la
corporation, et, en ce sens-là, elle a sa part des responsabilités, bien
évidemment.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
qu'en est-il de la responsabilité des municipalités, entre autres de la ville
de Montréal? Parce qu'on se souvient qu'à l'époque, lorsque le gouvernement a
resserré les règles d'encadrement d'Airbnb, les villes tenaient à conserver une
part de leur juridiction.
M. Tanguay : Exactement.
Alors, les villes peuvent, sur leurs territoires, cibler des portions de leurs
territoires qui seront... qui permettront le Airbnb. Ceci étant dit, je pense
qu'il est important aussi de voir à ce que les municipalités puissent avoir un
plan de vérification. Dans les autres zones qui ne sont pas permises, est-ce
qu'il y a des vérifications minimales — la question se pose — qui
sont faites par les municipalités? Une fois que la zone est permise, il revient
maintenant aussi à Québec d'aller faire les inspections, parce que, là, on vous
a indiqué que, sur ce territoire-là, il n'y en a pas... il y en a. Allez
vérifier, là.
M. Gagnon (Marc-André) : Donc,
vous allez collaborer, si je comprends bien, pour que les modifications
législatives qui seront apportées soient adoptées rapidement?
M. Tanguay : Comme toujours. Mais
évidemment on aura des questions à poser, rapidement. On va se hâter lentement,
comme disait Boileau, mais on aura des questions à poser pour s'assurer,
justement, qu'on atteigne la cible, qu'il y ait des responsabilités claires de
tout un chacun, municipalités, provincial, et s'assurer que ces
responsabilités-là soient mises en application. Ça veut dire, dans le cadre
d'un projet de loi, puis c'est toujours intéressant, quand ils disent :
O.K., projet de loi, on va faire ça, ça, ça, parfait, il peut y avoir une
discussion sur quelles seront vos ressources : Vous allez avoir combien
d'inspecteurs, 20 inspecteurs pour l'ensemble du territoire du Québec? Quel
budget sera alloué à cela? Alors, ça nous permettra de poser toutes les
questions, mais effectivement, pour faire avancer le Québec, dans l'intérêt des
Québécois, on travaille toujours... il n'y a pas d'autre façon de travailler
pour nous que de faire avancer ce qui est bien.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que ça doit être fait d'ici la fin de la session? C'est, entre autres, ce que
demande, là, Québec solidaire.
M. Tanguay : J'entends que la
ministre, je pense, travaillait là-dessus depuis plusieurs semaines, pour ne
pas dire mois. Alors, on a hâte de voir le dépôt du projet de loi puis on va
être prêts à y travailler, là.
M. Gagnon (Marc-André) : D'ici
la fin de la session, il faut que ce soit adopté?
M. Tanguay : Ah! écoutez, on
va prendre le temps de le lire, on va prendre le temps de le lire. Ça me paraît
un objectif qui soit réaliste, mais on va lire d'abord le projet de loi. Merci
beaucoup. Merci à vous.
(Fin à 11 h 21)