(Neuf heures quarante-trois minutes)
M. Legault : Bonjour, tout le
monde. Bien, écoutez, budget important hier. Comme promis, on a baissé les
impôts. Deux raisons pourquoi on le fait. Première raison : pour remettre
de l'argent dans le portefeuille des Québécois, incluant les Québécois de la
classe moyenne. Deuxième raison : pour stimuler l'économie. On sait qu'il
y a un ralentissement économique. C'est important de stimuler l'économie puis
éventuellement aussi réduire notre écart de richesse en ayant plus de gens qui
travaillent plus.
Ce qu'il est important de dire... J'ai
entendu des remarques sur le fait que certains n'aimaient pas qu'on ait baissé
les impôts de la classe moyenne. Je veux rappeler qu'on a fait beaucoup pour
les plus démunis depuis quatre ans. D'abord, je le rappelle, on a bonifié de
façon très importante l'aide sociale. Si vous prenez, par exemple, le montant d'aide
sociale qui est donné aux personnes qui ont des contraintes en emploi, on a
fait passer le montant de 1 035 $ à 1 548 $, donc une
augmentation de 50 %, là. Donc, on ne peut pas dire qu'on est un
gouvernement qui n'aide pas les plus démunis. Autre chose qu'on a faite l'année
passée, on a donné un montant de 500 $ au printemps, 600 $ au mois de
décembre. Autre chose qu'on a faite aussi pour ceux, bon, qui n'ont pas la
chance d'avoir des augmentations de salaire, c'est-à-dire les retraités, on a
augmenté le crédit d'impôt remboursable pour les personnes de 70 ans et
plus à 2 000 $ par année, commençant en 2022 mais aussi pour chacune
des années subséquentes.
Donc, oui, de l'argent dans le
portefeuille des plus démunis mais aussi de la classe moyenne, tout en
finançant bien les services aux Québécois. Puis je pense que les chiffres, là,
sont très clairs.
On augmente, dans le budget, les dépenses
de Santé et Services sociaux de 7,7 %. J'entendais Gaétan Barrette qui dit
qu'il n'aurait jamais rêvé d'avoir une augmentation de budget comme ça.
En éducation, c'est une augmentation de
6 %, donc, quand même, encore là, une augmentation qui est importante.
Pour l'environnement, bien, écoutez, déjà,
le Québec est l'endroit en Amérique du Nord où on a le moins de GES par
habitant, mais on veut continuer à être le leader. Donc, c'est pour ça qu'on a
un plan pour une économie verte, le PEV, qui est maintenant à 9 milliards de
dollars sur cinq ans, 9 milliards de dollars. Il y en a qui disent :
Oui, mais c'est financé par la vente de crédits carbone. Bien oui, mais ce sont
les entreprises qui paient. Et donc on a un PEV de 9 milliards.
J'ai entendu des personnes parler du
logement. On le sait, le logement, le grand défi, le problème qu'on a, ce sont
les délais. Il y a déjà de l'argent qui est disponible depuis quelques années,
on en ajoute dans le budget, mais il faut comprendre, là, qu'on doit travailler
avec les municipalités, parce que ça prend quatre ans, aux offices municipaux,
là, pour construire des logements. Donc, le défi, c'est vraiment d'accélérer la
construction de logements, d'utiliser l'argent qui était déjà là, d'utiliser
l'argent qu'on ajoute, puis éventuellement, bien, on va en ajouter au fur et à
mesure qu'on réussit à construire.
Santé mentale, bien, je le disais, on
augmente le budget de la Santé et des Services sociaux de 7,7 %. On vous a
déjà dit aussi que, dans la négociation actuelle, on veut faire une
augmentation spéciale et importante pour les psychologues, pour essayer de
ramener les psychologues qui sont au privé dans le secteur public. Donc, un peu
comme on l'avait fait pour les enseignants lors de la dernière négo, on veut le
faire pour les psychologues. Évidemment, il y a un défi aussi de combler les
postes qui sont disponibles. Quand même qu'on doublerait le budget demain
matin, ça prend un certain temps pour former ces personnes-là.
Donc, je pense qu'en général c'est un bon
budget, un budget équilibré, qui respecte la parole donnée, aussi, pendant la
campagne électorale.
M. Denis (Maxime) : Valérie
Plante critique votre budget en disant qu'il n'y a pas suffisamment de
logements. Qu'est-ce que vous lui répondez ce matin?
M. Legault : Bien, je dis à
Valérie Plante qu'il faut travailler ensemble. Comme je le disais, quand on
passe par l'OMH, ça prend quatre ans, construire. Donc, quand même qu'on
ajouterait puis qu'on ajouterait de l'argent, il y avait déjà, avant le budget,
de l'argent pas dépensé. C'est quand même spécial. Donc, il faut trouver le
moyen d'accélérer la délivrance de permis, la recherche de terrains, etc., puis
on va travailler ensemble.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
dites : «On a fait beaucoup pour les plus démunis depuis quatre ans».
Autrement dit, donc, c'était le temps de redonner aux plus riches, avec les
baisses d'impôt, parce que c'est eux qui...
M. Legault : Bien,
M. Gagnon, je ne sais pas c'est quoi, votre définition des plus riches,
là, mais quelqu'un qui gagne 50 000 $, 60 000 $,
70 000 $, qui a une famille... Je pense que la classe moyenne aussi
souffre, puis c'est ça qu'on... peut-être qu'on ne réalise pas suffisamment.
Oui, il faut aider les plus démunis, mais la classe moyenne a besoin d'aide
aussi.
M. Gagnon (Marc-André) : ...les
plus riches aussi?
M. Legault : Bien, écoutez,
je vous parle de la classe moyenne.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
vous parle des plus riches.
M. Legault : Oui, bien,
écoutez, là, ça dépend de... C'est quoi, votre définition de «plus riches»?
M. Gagnon (Marc-André) : Bien,
je ne sais pas, moi, quelqu'un... Les plus riches, ceux qui gagnent, peut-être,
100 000 $ et plus.
M. Legault : 100 000 $
et plus. Bon, bien, écoutez, quelqu'un qui gagne 250 000 $ par année
a la même réduction d'impôt que quelqu'un qui gagne 90 000 $ par
année. Donc, l'objectif, c'est d'aider la classe moyenne.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'une personne qui gagne, par exemple, 200 000 $,
300 000 $, 500 000 $ par année a besoin d'une réduction
d'impôt de 814 $?
M. Legault : Bien, ils n'ont
pas une baisse d'impôt plus grande qu'une personne qui en gagne
80 000 $, 90 000 $.
M. Lacroix (Louis) : Quand
même, alors que ce n'est peut-être pas ceux...
M. Legault : Bien, écoutez,
c'est les tables d'impôt. Puis là, bien, il y a aussi le deuxième objectif,
c'est qu'on doit viser à stimuler l'économie. Puis, quand on se compare, vous
savez que j'aime ça me comparer, pas juste à l'Ontario, mais à toutes les
provinces canadiennes, c'est au Québec que la classe moyenne a les taux d'impôt
les plus élevés.
M. Chouinard (Tommy) : ...vous
parlez des plus démunis, vous avez parlé d'aide, dans le fond, de chèques qui
sont... ce n'est pas une aide récurrente, contrairement aux baisses d'impôt.
M. Legault : Bien, l'aide
sociale, c'est récurrent. Je m'excuse, là, mais...
M. Chouinard (Tommy) : ...l'aide
sociale, les montants que vous avez évoqués, ça, c'était une loi adoptée par
les libéraux qui était en oeuvre, là...
M. Legault : Oui, mais on a
quand même augmenté de 50 % les paiements d'aide sociale, les paiements
récurrents.
M. Chouinard (Tommy) : C'est
ça, mais il n'y en a pas plus pour ces gens-là que ce qui était déjà prévu. Je
comprends que ça arrive...
M. Legault : Bien, il y a le
2 000 $ pour les 70 ans et plus. Je pense aussi que le
500 $, le 600 $ ont aidé ces personnes-là.
M. Chouinard (Tommy) : Est-ce
que ça doit être renouvelé, ça?
M. Legault : Bien, écoutez,
là, il y a des montants qui sont donnés pour l'aide sociale qui restent, il y a
le montant de 2 000 $ qui est récurrent, et on va suivre les taux d'inflation.
On voit que l'inflation baisse. Donc, on essaie d'aider tout le monde.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Mais
il ne vous est pas passé par la tête de hausser le taux d'imposition, par
exemple, de ceux qui gagnent plus de 120 000 $ plutôt que d'aller
piger dans le Fonds des générations?
M. Legault : Bien, écoutez,
quand on regarde le taux combiné, là, tous les experts vont être d'accord que,
quand on est rendu à plus de 50 % d'impôt, l'impôt tue l'impôt. Donc, il
faut aussi être capable d'être compétitif.
M. Denis (Maxime) : Mais
40 millions, cette année, pour la santé mentale, là, M. Legault, avec tous
les événements des derniers temps, ce n'est pas suffisant, non?
M. Legault : Bien, écoutez,
on a beaucoup augmenté les budgets de la santé mentale depuis quatre ans. Le
problème qu'on a, c'est de trouver des psychologues. Et là, dans la négo
actuelle, je veux qu'on augmente de façon importante le salaire des
psychologues, c'est là qu'est la clé.
Mme Prince (Véronique) : Vous
dites que les services ne sont pas affectés.
M. Legault : Oui.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
quand même, est-ce que cet argent-là ne nécessiterait pas qu'on la mette pareil
dans les services? Parce qu'il y a des besoins dans les services. Même si vous
dites qu'ils ne sont pas affectés, il y a des besoins qui sont criants à peu
près partout. Puis on remarque, dans les années suivantes... Tu sais, je veux
dire, en santé, oui, il y a une grosse augmentation cette année, mais une
méchante drop l'année d'après, là.
M. Legault : Bien, écoutez,
là, on est quand même en train de parler de 2023‑2024. On augmente les budgets
de la Santé de 7,7 %, ce n'est quand même pas rien...
Mme Prince (Véronique) : ...ça
diminue beaucoup.
M. Legault : ...mais on va
regarder ce qu'on est capables de livrer comme personnel. Moi, j'espère que,
cette année, on va pouvoir donner un boom pour ajouter du personnel dans le
réseau de la santé. Puis, par la suite, bien, si on réussit bien notre travail
cette année, ça va aussi continuer les années suivantes.
Mme Prince (Véronique) : Mais
est-ce que vous allez vous en servir, après ça, comme argument dans les
négociations avec les employés de l'État pour dire : Bien, regardez, vous
voyez les prochaines années, la situation économique va être difficile, on n'a
pas d'argent, on diminue les dépenses de tous les postes budgétaires?
M. Legault : Bien là, il faut
comprendre qu'en augmentant les budgets de 7,7 % ça s'applique pour les
années suivantes, on part de là les années suivantes.
M. Bossé (Olivier) : Troisième
lien, c'est à croire que ça ne se fera jamais parce que ça n'avance pas
beaucoup, il n'y a pas de nouvelle étape, de nouvel argent dans ce budget-là.
M. Legault : Bien, on devrait
faire le point dans les prochaines semaines, là, sur l'étude d'achalandage.
M. Bergeron (Patrice) : ...M.
Legault, la proportion des écoles vétustes augmente, alors que vous vous êtes
engagé à diminuer le nombre d'écoles vétustes. Est-ce qu'on n'en donne pas
encore assez, suffisamment pour qu'il y ait des chantiers qui amorcent puis
qu'on rénove les écoles?
M. Legault : Bien, encore là,
on triple le budget. Maintenant, ce que j'ai demandé aussi, c'est qu'on évalue
exactement ce que ça veut dire, les fameuses cotes pour les écoles. Est-ce que
c'est une classe qui est vétuste? C'est toute l'école? J'ai demandé, là, qu'on
revise, qu'on...
M. Bergeron (Patrice) : Vous
remettez en question les indices dans le...
M. Legault : Bien,
actuellement, la façon que ça fonctionne, c'est chaque centre de services qui
évalue ses écoles. Donc, évidemment qu'il y a comme un incitatif à dire :
J'ai besoin d'argent pour mes écoles. Donc, j'ai demandé, entre autres, à
Jonatan Julien, là, de revoir l'évaluation, là, des cotes pour les écoles.
M. Chouinard (Tommy) : ...M.
Legault, ça a déjà été revu, ça.
M. Legault : Pardon?
M. Chouinard (Tommy) : C'est
ça, l'idée. C'est que ça a déjà été revu, la façon d'estimer les travaux
nécessaires pour maintenir les actifs dans les infrastructures scolaires.
M. Legault : Oui, bien, il
faut que ça soit encore revu.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
qu'est-ce... C'est quoi, le problème dans la révision qui a été faite...
M. Legault : Bien, j'ai
demandé à Jonatan Julien de voir comment on peut évaluer la vétusté des écoles.
J'entends toutes sortes de choses sur comment c'est fait, donc je pense qu'il y
a encore de l'amélioration à apporter.
M. Bossé (Olivier) : Vous
pensez qu'ils en beurrent plus épais qu'il faudrait?
Des voix : ...
M. Legault : ...donc, je
veux... j'ai demandé à Jonatan Julien de revoir l'évaluation.
Mme Prince (Véronique) : ...moins
vétustes, en fait...
M. Legault : Bien, on va
avoir la réponse quand Jonatan Julien va avoir fait son travail.
M. Gagnon (Marc-André) : Le
tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, on a vu que les coûts ont explosé de
1 milliard de dollars, ça a été annoncé par voie de communiqué lundi. Il
n'y a pas des raisons de croire que, peut-être, ce sera la même chose pour le
projet de troisième lien, pour lequel vous aviez donné une espèce de maximum
budgétaire, là?
M. Legault : Bien, écoutez,
je ne pense pas qu'on peut comparer la construction d'un nouveau tunnel puis la
rénovation d'un tunnel qui, bon, est en plus mauvais état qu'on pensait. Puis
d'ailleurs, à l'époque, François Bonnardel avait dit que les budgets risquaient
d'augmenter.
M. Gagnon (Marc-André) : Et
est-ce qu'une alternative, ça pourrait être de faire en sorte que le tunnel
soit dédié uniquement au transport collectif? Il y a des voix qui...
M. Legault : Bien, écoutez,
attendons, là, d'ici quelques semaines, l'étude d'achalandage, puis là on
pourra répondre à vos questions avec des données.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais.
M. Bourassa (Simon) : ...transport
collectif, M. Legault, 400 millions pour cette année, il n'y a rien pour
les années à venir. À quoi doivent s'attendre les villes, là, pour les
prochaines années, pour la relance du transport collectif?
M. Legault : Bien, il y a des
grands projets de transport collectif. D'abord, à Québec, tramway de Québec, on
va continuer de le supporter, puis on sait qu'il y aura probablement des
augmentations de coûts. Dans le tunnel, bien, il y aura deux voies qui sont
pour le transport collectif. À Montréal, la ligne bleue avance. On veut aller
de l'avant avec le REM de l'Est, on veut aller de l'avant avec le REM de la
Rive-Sud. On travaille sur un projet sur le boulevard Saint-Martin à Laval. On
continue d'avancer sur le projet de transport collectif à Gatineau. Donc, je
pense qu'il y a beaucoup de projets. Évidemment, il y a une contrainte, qui est
le nombre de travailleurs de la construction, là, puis Jean Boulet travaille là-dessus.
Le Modérateur
: On va
passer en anglais, s'il vous plaît. On va passer en anglais.
M. Chouinard (Tommy) : ...juste
une précision, parce que vous avez dit : La baisse d'impôt, c'est chose
promise, chose due. Est-ce que, pour le troisième lien, vous voyez ça aussi,
chose promise, chose due?
M. Legault : Écoutez, on va
regarder l'étude d'achalandage puis on va vous revenir avec des données, avec
des données.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Legault :
Yes.
Mme Greig (Kelly) :
The mayor of Montréal has been very
critical, this morning, about your housing funding, saying it's not enough
to address the needs now. What's your response to that?
M. Legault :
OK. The problem
with the housing is not the money. We already had money that wasn't spent for
the last few years. We're adding money, but the problem is that it needs, right
now, about four years before having a new house. So, we have to work together,
with the city of Montréal and other municipalities, to accelerate, and, when
we'll be able to do so, we'll add money in the next few years. But, right now,
we really have a problem, a challenge to accelerate construction.
Mme Greig (Kelly) :
How do you get it to go faster?
M. Legault :
«Bien», we'll have to have the help of
municipalities. It's a question of finding the right land, to give all the
permits rapidly. So, the money is available. And the Minister of Finance, it's
a bit funny, he's telling me since two years : We're not able to spend the
money. So, it's a bit special to see that the money is there, but we're not
successful spending the money.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
On Airbnbs,
there are opposition parties and some groups accusing you of not acting too
fast. They say that it shouldn't have taken this tragedy for you to act on the
issue. How do you respond to that?
M. Legault :
I don't like this way of putting
together two very different matters. On one side, it's important to know, and
the police people are making sure they have all the answers, why we had this
fire. Were — how do we
say that, the «normes»? — ...
Des voix :
The standards.
M. Legault :
...the standards good enough? But, if
it's people from outside Québec or people from Québec, I think it doesn't
change that we have to make sure that all our buildings are in good shape and,
in case of a fire, that all the exits are available rapidly. That's one thing.
For Airbnb, we did table
a bill, and we said that we want to do more. We'll need collaboration of the opposition
to do that fast, but we want to do more. We decided to give more powers to
municipalities, because it's different in Montréal and in other municipalities
in Québec. Some don't like Airbnb, some like that, so we give them some
flexibility. Now, we have to do more regarding the inspection.
Le Modérateur :
Merci beaucoup, tout le monde. Merci.
M. Gagnon (Marc-André) : En
français, peut-être, là, sur la dernière réponse, rapidement, sur Airbnb. Vous
parlez d'une espèce de mélange des genres ou mélange de sujets.
M. Legault : Oui. Bien,
effectivement, là, j'entends les oppositions mélanger des décès, un feu avec
Airbnb. Que ça soit des touristes ou que ça soit des Québécois, il faut que
tous nos édifices, au Québec, soient sécuritaires. Ça n'a rien à voir avec
Airbnb, là.
Le Modérateur : Merci
beaucoup.
M. Legault : Merci beaucoup.
(Fin à 9 h 59)