(Huit heures quarante-six minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Content de vous retrouver ce matin. L'Assemblée nationale...
D'abord, je veux revenir sur la triste scène à laquelle on a assisté hier,
durant la période des questions, à l'Assemblée nationale. Les oppositions ont
des questions légitimes sur le fiasco du troisième lien et le premier ministre
a le devoir d'y répondre. L'opposition a des questions, Québec solidaire a des
questions parce que la population a des questions, parce que les gens de
Québec, parce que les Québécois et Québécoises veulent comprendre comment ce
triste spectacle s'est terminé de manière aussi lamentable.
Le premier ministre, au lieu de répondre
aux questions, hier, nous a donné vraiment, quant à lui, un spectacle
d'attaques personnelles, de diversions partisanes, s'en est pris au chef du
Parti québécois, s'en est pris à Québec solidaire au lieu de répondre tout
simplement aux questions qui lui sont posées. Je pense que c'est encore une
fois la preuve que François Legault, en fait, n'aime pas la reddition de
comptes. Il n'aime pas la reddition de comptes, il n'aime pas la transparence,
il n'aime pas ça qu'on lui pose des questions. Et donc, au lieu de répondre, il
se fâche, il attaque, il dénigre. Pendant ce temps-là, les questions restent en
suspens. Je n'ai toujours pas eu de réponse à la question que je lui ai posée
hier : Depuis quand un scénario 100 % transport en commun est dans
les cartons du gouvernement? La mauvaise nouvelle pour M. Legault, c'est
que toutes ses attaques ne nous empêcheront pas de faire notre travail puis de
continuer à le questionner sur cette saga, triste, triste saga du troisième
lien.
Je veux aussi revenir sur la question de
la rémunération des députés. J'ai envoyé, avec ma collègue, Manon Massé, une
lettre aux autres chefs des partis politiques pour leur tendre la main, pour
leur tendre la main et pour leur demander de ne pas donner suite à la
recommandation du comité Ouellet-Thériault sur la rémunération des députés.
Moi, j'aimerais entendre le premier ministre sur cette question-là, parce que
c'est une question qui appartient à tous les parlementaires. Ce rapport-là
propose un bond important, là, il propose une augmentation immédiate et
rétroactive de 30 000 $ par année pour les députés. Et, à cause du
système actuel, c'est les députés qui devraient se lever en Chambre pour
s'attribuer à eux-mêmes cette augmentation-là. Ce n'est pas raisonnable, ce
n'est pas la bonne manière de procéder.
On le répète, à Québec solidaire, depuis
des années, il faut recommencer le processus à zéro, il faut sortir les députés
de la décision sur leur propre salaire. Ça, ça passe par un comité vraiment
indépendant et surtout vraiment exécutoire. C'est, depuis 2013, la recommandation
du rapport L'Heureux-Dubé. C'est ce qu'on défend à Québec solidaire depuis 10 ans.
Ce n'est pas raisonnable, ce n'est pas justifié de se voter soi-même nos
salaires. Et donc je réitère, ce matin, mon appel à l'ensemble des députés de
l'Assemblée nationale de faire marche arrière et de ne pas donner suite à cette
recommandation-là.
Moi, je suis convaincu que tout le monde
est en politique, ici, pour les bonnes raisons. Il n'y a personne qui s'est
engagé en politique pour se mettre de l'argent dans les poches, j'en suis
convaincu. Mais, malheureusement, se voter à soi-même son propre salaire, ça
peut alimenter la perception que c'est ça qui se passe, ça peut alimenter la
perception qu'il y a une classe politique qui est déconnectée des gens qu'elle
représente, ça peut alimenter la méfiance, ça peut alimenter le cynisme. On a
une responsabilité partagée de se prémunir contre ça, de ne plus être juge et
partie sur notre salaire. Ça fait 10 ans qu'on le répète, je vous confesse
que je suis un petit peu tanné de le répéter, là, j'aimerais qu'on avance enfin
dans ce dossier-là.
M. Marissal : Ça fait 10 ans
que Gabriel parle de ça. Moi, quand j'étais de l'autre côté de la caméra, il y
a 30 ans, on parlait aussi de ça, là. Je ne sais pas pourquoi on est encore
sur ce débat-là, à décider que nous-mêmes, on devrait... En tout cas, bref, je
pense que Gabriel a très bien fait le point.
Santé. On a eu des crédits hier, des
crédits, ma foi, à la fois intéressants sur les réponses mais un peu inquiétants
en ce qui me concerne, parce que là on voit vraiment que la porte de grange est
ouverte, avec ce gouvernement-là, vers l'exode en privé en santé. Au moins, c'est
assumé, le gouvernement le dit, mais ce que je constate, c'est que Christian
Dubé, de plus en plus, a abandonné, il a lancé la serviette pour le public. Il
nous dit clairement : Il y a encore 18 000 personnes qui
manquent, il y a encore au moins 10 000 à 15 000 personnes qui
quittent le réseau public par année. Il nous a avoué bien candidement qu'il ne
peut pas, qu'il ne veut pas les retenir, notamment parce qu'il ouvre les
cliniques privées puis des hôpitaux privés, puis que les agences ne vont pas
disparaître du jour au lendemain malgré le projet de loi n° 10.
Alors, il y a quelque chose d'un peu
décourageant là-dedans. La CAQ a fait son lit, ce sera le privé, de plus en
plus on se dirige vers ça. Et Christian Dubé s'est construit un monde idéal. Quand
il y a eu une étude ou une analyse qui ne dit pas ce qu'il veut ou qui le
contredit, il dit que l'étude est faussée même si l'étude est faite avec ses
propres chiffres. Ce sont ses propres chiffres. Par ailleurs, quand on demande
les nouveaux chiffres et les nouvelles analyses, il ne veut pas nous les
donner. Alors, c'est le monde idéal du comptable, le ministre de la Santé. Ça
ne peut pas durer comme ça, si on veut vraiment avoir un vrai débat, là, ça
nous prend aussi des vrais chiffres, des vraies analyses à visière levée. Ils
sont favorables au privé, et bien qu'ils mettent les chiffres sur la table, c'est
notre argent, c'est notre système de santé.
Et, en ce moment, bien franchement, plus
les jours passent, plus je pense et je constate que le projet de loi n° 15,
c'est un écran de fumée qui ne réglera rien avant cinq, six ans, ça, le
ministre nous l'a encore redit hier, si ça règle des choses, et j'insiste, si
ça règle les choses. Puis, pendant ce temps-là, bien, on sous-traite au privé,
tous les jours, avec des nouvelles cliniques de façon parfaitement opaque,
parce que ça manque de transparence. On peut encore reculer, on n'est pas
obligés, là, on n'est pas des lièvres pris dans un collet, là, on est capables
de reculer, là, plutôt que de continuer à s'avancer là-dedans tête baissée.
Puis, de toute façon, le gouvernement nous doit de la transparence là-dessus.
Je répète, c'est notre argent, c'est notre système de santé, c'est notre
population. Merci.
Mme Morin-Martel (Florence) : Pour
revenir aux attaques de M. Legault envers le chef péquiste, est-ce que M. Legault
doit présenter ses excuses officielles à Paul St-Pierre Plamondon?
M. Nadeau-Dubois : Je ne sais
pas, est-ce que M. Plamondon a demandé lui-même des excuses?
Mme Morin-Martel (Florence) : Non.
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
pense que c'est à... c'est M. Plamondon qui a été attaqué, je pense que c'est
à lui de demander des excuses s'il le juge nécessaire. Je n'en demanderais pas
à sa place, je ne suis pas son porte-parole. Mais, sur le fond, c'est des
attaques qui sont personnelles, qui sont basses, qui ne sont pas dignes de la
fonction de premier ministre. Et surtout c'est un modus operandi fréquent, là,
de François Legault, là. Dès qu'il y a une question qui le dérange, il attaque,
il dénigre, et ça ne fait pas honneur, ça ne fait pas honneur à l'Assemblée
nationale. Et c'est la preuve que François Legault, il n'aime pas ça, les
contre-pouvoirs, il n'aime pas ça, la reddition de comptes. Et il ne reconnaît
pas le rôle de l'opposition... il ne le reconnaît pas assez, le rôle de l'opposition.
D'ailleurs, on l'a vu dans le cadre de la
pandémie, puis il y a une étude indépendante qui l'a récemment démontré,
François Legault n'aime pas la reddition de comptes, il n'aime pas la
transparence, il n'aime pas les contre-pouvoirs. Et cette attitude-là qu'il a
eue hier à l'égard de M. Plamondon, puis dans la version un petit peu
moins intense mais quand même avec moi, c'est l'illustration de ce désamour de
François Legault pour la reddition de comptes en démocratie.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
sur la question de base de M. Legault, s'il n'y avait pas eu l'épisode du
dépliant dans Camille-Laurin, auriez-vous gagné?
M. Nadeau-Dubois : On ne le
sait pas, on ne le saura jamais. Forcez-moi pas à revisiter cette journée-là
durant la campagne, là, M. Lacroix, ce n'était pas une belle journée pour
moi. Mais je veux juste dire... je veux juste... Mais on ne sait pas, on ne
sait pas, on ne sait pas ce qui se serait passé. Puis on ne refera pas l'histoire,
mais, le 3 octobre, la personne qui a eu le plus de votes dans ce comté-là,
c'est M. Plamondon, il est député de Camille-Laurin, fin de l'histoire.
M. Denis (Maxime) : Mais vos
projections vous donnaient gagnant.
M. Nadeau-Dubois : On ne
refera pas... on ne refera pas l'histoire puis on ne parlera pas du pointage de
la dernière élection en point de presse à matin.
M. Denis (Maxime) : Êtes-vous
à l'aise d'aller à la Canardière donner... Camaradière donner une conférence,
là, avec Télé-Québec, Mammouth?
M. Nadeau-Dubois : C'est
important de rappeler que ça, c'est un concours, hein? C'est les jeunes du
Québec qui devaient choisir les personnalités qui les ont inspirés. Dans la
liste que les jeunes ont choisie, j'y étais. Il y avait aussi, d'ailleurs, une
députée de la CAQ, hein, Mme Kateri Jourdain. Donc, les jeunes ont nommé
des gens, puis ensuite les jeunes ont élu, parmi ces nommés-là, des gagnants. J'en
fais partie. Moi, j'ai été touché de recevoir cet honneur-là par les jeunes du
Québec. Par la suite, je suis invité à donner une conférence sur le thème de
l'engagement citoyen, sur le thème de l'importance de se mobiliser pour
l'environnement. Je pense, c'est des sujets importants. On devrait se réjouir,
on devrait tous se réjouir que, venu le moment de choisir des gens qui les
inspirent, bien, il y ait des figures politiques là-dedans, que ce ne soit pas
juste des vedettes de télé, tu sais, qu'il y ait des gens engagés dans la
société.
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : C'est les
jeunes qui font ce choix-là. Est-ce qu'on devrait forcer les jeunes à choisir
une personne par parti?
M. Bellerose (Patrick) : Premièrement,
parmi les candidats, est-ce qu'on ne serait pas mieux d'avoir quelqu'un de
chaque parti, et ensuite, en conférence de presse...
M. Nadeau-Dubois : Les
candidats sont choisis par les jeunes. D'ailleurs, il y a des informations
inexactes, là, qui vous ont été communiquées, là, c'est les jeunes qui
choisissent les candidats.
Mme Lévesque (Fanny) : La
liste est choisie par les jeunes.
M. Nadeau-Dubois : La liste
est choisie par les jeunes. Donc, moi, je n'ai pas été mis en nomination par
personne d'autre que les jeunes eux-mêmes. Savez-vous qu'en 2020 ils avaient
mis en nomination François Legault? Je veux dire, ce n'est pas un nouveau concours,
les jeunes choisissent du monde qui les inspire, puis après ça ils votent sur
qui qui les inspire le plus là-dedans, ils en nomment cinq.
Je veux dire, je ne comprends pas la
stratégie du Parti québécois. Il faut talonner le gouvernement sur le troisième
lien, il faut talonner le gouvernement sur l'état de la culture québécoise, il
faut talonner le gouvernement sur la crise climatique, il faut talonner le
gouvernement sur la privatisation en santé. Puis là la priorité, hier et
aujourd'hui, du Parti québécois, c'est de parler d'une conférence de Gabriel
Nadeau-Dubois. Sérieusement, là, c'est... il me semble qu'on a des choses plus
importantes à faire ici, à l'Assemblée nationale, là.
M. Carmichael (Simon) : Est-ce
que vous comprenez le malaise du Parti québécois puis du ministre de la Culture
par rapport à l'acte de présence dans une école secondaire?
M. Nadeau-Dubois : C'est
les... Est-ce qu'on devrait exclure les gens en politique de la liste que les
jeunes choisissent? Moi, je pense que non. Puis, si les jeunes ont envie de
choisir un élu libéral, un élu de la CAQ ou un élu péquiste pour dire :
Aïe! Cette fille-là ou ce gars-là, ils m'inspirent à m'engager dans la société,
on devrait tous être contents de ça. Moi, je ne m'en vais pas là avec ma
pancarte de Québec solidaire, hein, je m'en vais parler de l'importance de
l'engagement citoyen, l'importance de s'engager pour l'environnement, leur
expliquer un peu comment ça marche, la démocratie. Voulez-vous bien me dire
c'est quoi, le problème avec ça? Vraiment, je ne comprends pas la stratégie du
Parti québécois.
M. Marissal : Je peux-tu
ajouter quelque chose là-dessus? Excuse-moi, Gabriel. Parce que, vous
comprenez, Gabriel est en train de répondre pour lui-même sur un choix qui a été
fait, c'est peut-être un peu inconfortable, là. Puis moi, je n'étais pas en
nomination, ça fait que je peux parler. Moi, je trouve ça sain. On en fait, des
conférences dans les écoles, régulièrement. Je n'ai jamais vendu de cartes de
membre dans aucune école de Rosemont, je vous le garantis.
Par ailleurs, je suis fier, comme député,
de voir que mon co-porte-parole... et les deux, d'ailleurs, parce que c'est
vrai pour Manon Massé aussi, inspirent la jeunesse en matière de lutte aux
changements climatiques, par exemple. Bien, tant mieux. Puis je le vois tous
les jours avec mes ados à la maison, Gabriel, Manon, et d'autres, hein,
inspirent cette jeunesse. Ça me met un peu mal à l'aise, d'ailleurs, parce
qu'ils inspirent plus mes jeunes que moi-même. Puis je vais vous dire quelque
chose, moi, je me souviens d'une époque pas si lointaine, là, celui qui faisait
courir les foules dans les cégeps, là, c'était Jacques Parizeau, c'était
Jacques Parizeau. Moi, j'ai couvert Jacques Parizeau dans des cégeps partout au
Québec. Il faisait courir... Il inspirait. Est-ce qu'il y avait un problème?
Non. Mais les temps changent, il y a des gens, aujourd'hui, de la relève comme
Gabriel. Je peux me permettre de dire ça?
M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est
ça, tu as le droit.
M. Marissal : Manon n'est pas
tout à fait de la relève, mais tant mieux s'il y a des gens qui inspirent puis
qui sont des flambeaux pour cette jeunesse-là. J'ai l'air mononcle de dire ça,
mais j'ai le droit, à mon âge, de dire que ces gens-là, ils inspirent.
M. Denis (Maxime) : Mais est-ce
que c'est le rôle d'une société d'État?
M. Marissal : C'est à la
société d'État de décider ça. Moi, je ne vais pas commencer à dire à
Télé-Québec : Tu fais ci, tu fais ça. Tu sais, à moins vraiment qu'ils
diffusent des horreurs, puis des trucs, et ce n'est pas le cas, là. Après ça,
comme Gabriel l'a dit, ce sont les jeunes qui ont fait la liste, ce sont les
jeunes qui ont voté. Ce n'est pas une opération politique. Et je suis sûr que
Gabriel, comme tous les députés ici, ne vendra pas de carte de membre. Ce n'est
pas ça, l'exercice, c'est de parler du travail qu'on fait puis pourquoi
l'implication en politique. C'est noble, ça
M. Denis (Maxime) : En santé,
sur la commission d'hier, là, pendant que vous êtes là, la CAQ va vous répondre
toujours : Mais le privé nous a permis de libérer
155 000 personnes des listes d'attente en chirurgie. Donc, il n'y a
pas un aspect positif au privé en santé?
M. Marissal : Le privé nous a
permis de faire 162 000 interventions chirurgicales qu'on a
surpayées, nous dit la sous-ministre Savoie, qu'on a surpayées sachant qu'on
surpayait, puis, aujourd'hui, on va essayer de nous faire croire que ces
entreprises privées, qui sont là pour faire des profits, vont tout bonnement
devenir de bons serviteurs de l'État puis qu'ils vont baisser leurs prix. C'est
cousu de fil blanc.
Et, par ailleurs, le ministre nous dit :
Il manque encore 18 000 personnes dans le réseau. On en perd encore
au moins 10 000 par année — puis je vous annonce que ça va être
plus que ça en raison de la courbe démographique puis des retraites à venir — par
ailleurs, notre solution, c'est d'ouvrir plus de cliniques privées. C'est d'un
illogisme évident. On nous dit... le ministre nous dit : Il y a 70 %
seulement de nos salles d'opération publiques qui fonctionnent, les autres sont
fermées. Pourquoi? Faute de personnel. Donc, conclusion du ministre : on
est fatalement pris à donner des contrats dans le privé. C'est un cercle
vicieux, là, c'est le serpent qui se mord la queue. Il faut ramener le monde
dans le réseau public et utiliser les salles d'opération que nous avons payées
dans le réseau public, le réseau public qui a une responsabilité envers le
public en plus.
Mme Lévesque (Fanny) : Vous
voulez quoi, exactement, pour les cliniques privées, là? Parce qu'il y a des
contrôles en ce moment. Bon, on va aller en appel d'offres. Qu'est-ce que vous
demandez précisément, qu'il y ait une échéance à cet apport-là ou on s'en passe
complètement? C'est quoi? Qu'est-ce que vous demandez?
M. Marissal : Bien, on n'est
pas obligés de renouveler les contrats. Supposons...
Mme Lévesque (Fanny) : ...pour
descendre les listes en chirurgie en ce moment?
M. Marissal : À moins qu'on
soit absolument pris, là, puis là-dessus, là, on ne s'est pas enfermés, là,
dans un bunker idéologique, là. Ce qu'on a dit, c'est, mettons, là, la
pandémie, qu'il fallait aller plus vite puis plus rapidement, d'accord, mais ce
que je dis ici, c'est que de continuer d'ouvrir des cliniques et des hôpitaux
privés va nécessairement continuer ce phénomène de vases communicants, amener
du monde du public vers le privé. C'est la logique même, c'est la logique même.
Et le ministre Dubé nous a avoué hier, par
ailleurs, qu'il ne peut pas empêcher les cliniques privées d'embaucher du
personnel d'agence. Il ne pourra pas faire ça, il ne peut pas faire ça, ce
n'est pas dans le projet de loi n° 10, ce n'est pas une possibilité pour
le gouvernement. Il ne peut pas non plus empêcher les infirmières,
personnellement, de s'autoconstituer en agence. Et il y en a de plus en plus
qui le font. Il ne peut pas empêcher ça non plus, c'est une liberté de choix.
Mme Lévesque (Fanny) : ...mettre
une clause pour ne pas qu'on aille du public au privé, mais celles des agences
vont pouvoir aller directement.
M. Marissal : La clause de
non-sollicitation interdit, par exemple, un gestionnaire de clinique privée
d'aller solliciter le personnel d'un hôpital public directement. Mais, entre
vous puis moi, puis comme je l'ai dit au ministre hier, il n'y a pas un
gestionnaire de clinique privée qui est assez niaiseux pour aller se promener
dans une cafétéria de HMR puis de dire : Aïe! Veux-tu travailler pour moi?
Ce n'est pas comme ça que ça marche. L'infirmière va quitter son poste, elle va
faire les 90 jours de purgatoire, puis elle va aller travailler en agence
dans la clinique privée l'autre bord de la rue, c'est ça qui va arriver.
Ça fait qu'autant je suis content de
l'annonce, hier, là, la préannonce sur le nouvel Hôpital Maisonneuve-Rosemont,
d'un autre côté, je suis obligé de me demander, puis mes contacts sur le
terrain me disent ça aussi : Est-ce qu'on va avoir encore du monde pour
faire rouler cet hôpital-là avec 720 lits si, par ailleurs, le
gouvernement, avec sa position favorable, son parti pris envers le privé,
continue d'augmenter l'exode du personnel vers le privé?
M. Bellerose (Patrick) : ...M. Dubé
dit : On veut mettre en compétition le privé et le public pour avoir le
meilleur prix pour une opération, pour une chirurgie. Pour vous, est-ce que le
patient et le contribuable ne sont pas gagnants, je veux dire, si on a plus de
chirurgies et si on fait diminuer le coût d'une opération?
M. Marissal : Avez-vous déjà
vu ça, vous, le privé en concurrence avec l'État qui fait baisser les prix? Ça
n'existe pas, ça. Le privé est là pour faire de l'argent, l'État est là pour
soigner le monde, s'occuper de la mission fondamentale. Il y a plein de cas
comme ça. Les écoles privées, au Québec, ils n'ont pas fait baisser les prix,
au contraire. Puis, en plus, ils sont subventionnés par l'État, c'est un autre
débat, là. Le déneigement des municipalités, ça a-tu fait baisser les prix? Je
veux dire... Puis c'est logique.
Moi, ma posture, c'est : On doit
favoriser le public parce que c'est notre réseau puis c'est une responsabilité
de l'État. C'est un des joyaux de la Révolution tranquille, au Québec, qu'on
s'est donné. La CAQ pense que ça ne marche pas, puis ils ont un parti pris pour
le privé. Bien, minimalement, là, qu'ils nous donnent les chiffres puis qu'ils
nous fassent la démonstration, parce qu'en ce moment dire que la concurrence
avec le privé va faire baisser les prix, c'est prendre le monde pour des
imbéciles.
M. Bolduc (Pierre-Alexandre) : Sur
le PEQ, je me souviens, Gabriel Nadeau-Dubois, vous aviez manifesté à
l'extérieur. Le gouvernement va reculer. Puis qu'est-ce que vous en pensez?
M. Nadeau-Dubois : Oui. C'est
une belle victoire pour les jeunes qui se sont mobilisés à l'époque et c'est
tout un désaveu pour la réforme de Simon Jolin-Barrette. C'est tout un désaveu
aussi pour l'idéologie de François Legault, parce que cette réforme du PEQ,
elle a été imposée par Simon Jolin-Barrette pour respecter la promesse
idéologique de François Legault d'un seuil de 50 000 par année. Ce n'était
pas possible de respecter cette cible-là sans fermer les robinets du PEQ, un
programme pourtant couronné de succès, qui permettait à des jeunes francophones
intégrés au Québec de choisir le Québec pour de bon. C'est une bonne nouvelle,
mais c'est tout un désaveu pour le duo Jolin-Barrette—Legault.
M. Aubert (Benjamin) : Sur la
question de la presse locale, vous avez vu la situation, le cri du cœur de
certaines entreprises de presse cette semaine. Quelle est votre position?
Est-ce que vous pensez que le Québec doit donner une aide supplémentaire aux
médias locaux?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
suis très inquiet, on est très inquiets, à Québec solidaire, de ce qui se passe
dans la presse locale. C'est le Journal Métro, récemment, qui nous a
interpelés. Il y a eu les Coops de l'information, il y a eu des pertes
d'emplois. Même au niveau télévisuel, il y a eu des pertes d'emplois à TVA. Je
veux dire, la crise des médias, elle n'est pas terminée, et je pense qu'il faut
trouver des solutions supplémentaires. Il y a eu des aides financières
annoncées durant la pandémie, c'est bien. De toute évidence, ça ne suffit pas,
et il va falloir, à un moment donné, collectivement, qu'on remette à l'ordre
les géants du Web qui font partie du problème, tout le monde le sait.
M. Aubert (Benjamin) : Allez-vous
interpeler le gouvernement en Chambre à ce sujet-là?
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser cette question-là à ma collègue qui est responsable du dossier, ma
collègue Mme Ruba Ghazal, mais c'est sûr que vous allez nous en entendre
parler.
Mme Lévesque (Fanny) : Juste
rapidement, on a vu aussi Mme Biron qui veut légiférer pour protéger le
droit à l'avortement. Est-ce que c'est nécessaire de légiférer là-dessus au
Québec? Est-ce que vous êtes favorable à ça?
M. Nadeau-Dubois : Sur le
fond, là, solidifier le droit à l'avortement, cet objectif-là, on le partage.
Il faut mettre en place le plus de mesures possible pour éviter des reculs pour
les femmes du Québec, pour le droit des femmes du Québec à choisir pour
elles-mêmes. Quelle est la meilleure manière de le faire? Quel est le meilleur
moyen juridique, politique? Cette question-là reste ouverte pour nous, et on
s'attend à ce que la ministre Biron travaille de manière transpartisane sur ce
dossier-là parce que c'est un enjeu collectif qui doit être abordé, je pense,
par l'ensemble des partis politiques.
M. Spector
(Dan) :
Can you
explain your letter on the salary issue?
M. Nadeau-Dubois :
Yes. Well, at Québec solidaire, we
believe in a very simple principle : MNAs should not vote their own salaries.
It doesn't make any sense. There's a report on the table that is putting
forward an increase of $30,000 per year for MNAs in Québec, and that would be
with immediate effect, and also it would be retroactive a few weeks back. It is
not reasonable, it is not justified. The process in itself is a bad process.
So, our hand is extended toward the other political parties to start over the
process, make it a 100% independent process to make sure that us, as elected
officials, are not part of the decision on our own salaries. It's a conflict of
interests or, at least, an appearance of conflict of interests.
M. Grillo (Matthew) :
But, beyond that, do you think you
should get an increase of pay?
M. Nadeau-Dubois :
You know, if
you ask me personally, I think I do well by myself, but my opinion is not that
relevant because I should not be the judge. As an elected person of the people,
I should not be the judge of that. We should not be voting on our own salaries,
it is as simple as that, and we know that since 10 years. Why are we still
debating this? The solution is known by everyone.
M. Spector (Dan) : ...Mr. Legault's governing style and what you were saying
about how you reacted to Mr. St-Pierre Plamondon yesterday.
M. Nadeau-Dubois :
You know, the scene we saw, yesterday,
at the question period, here, at the National Assembly, is indicative of the
style of leadership of Mr. Legault. He does not like imputability, he does
not like to answer questions, he does not like «contre-pouvoirs». How do you
say «contre-pouvoirs»?
Une voix :
...
M. Nadeau-Dubois : Check and balance, yes. He does not like check and balance. And
yesterday we saw it once, but it's something often here. And Mr. Legault
has to answer the questions on the third link because the population has questions.
The people that were against the project have questions and people that were
for the project have questions, and they have the same questions : What
happened here? Are we being fooled? What is the true decision-making process on
that issue? People asked me those questions, in the street, whatever their
position on the project in itself. Mr. Legault has to be held accountable
of its decision, he needs to stop attacking everyone, he needs to answer the
questions.
M. Grillo (Matthew) :
This shift that is taking place with
the third link, how do you... you know, how do you characterize it? Do you see
this kind of as a small victory for environmentalists, for people who really
promote public transport, or is this just a total failure all across the board?
M. Nadeau-Dubois :
It is a victory of the citizens all
across Québec but in particularly in the Québec region that have mobilized for
years on that issue, that have tried to convince the Government for years that building a highway underneath the Saint Lawrence
River, in the middle of the climate crisis, it's just a bad idea, it's not
supported by science and it's not supported by common sense. So, it is a
victory for the citizens that have mobilized. And it's also a demonstration of
the... of what happens when you try to govern without a vision for the future,
when you do... when you take engagements in front of the population that are
not based on evidence, that are not based on a serious analysis of the
situation. It's also a failure of the leadership style of Mr. Legault. Merci
beaucoup.
M. Marissal : Merci.
(Fin à 9 h 11)