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Conférence de presse de M. Bernard Drainville, ministre de l’Éducation

Version finale

Le jeudi 4 mai 2023, 11 h

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures six minutes)

Le Modérateur : ...et bienvenue à ce point de presse du ministre de l'Éducation, M. Bernard Drainville, qui est accompagné aujourd'hui de Carole Arav, sous-ministre à l'Éducation. M. Drainville présentera les détails du projet de loi n° 23, et nous prendrons ensuite les questions. À vous la parole.

M. Drainville : Merci. Merci beaucoup. Je vais prendre le temps de mettre mon cellulaire en mode sourdine.

Alors, merci beaucoup d'être là. Au mois de janvier dernier, je vous ai présenté mes sept priorités, mes sept orientations pour l'éducation au Québec, et l'une de ces priorités, c'était de rendre le réseau de l'éducation plus efficace. Alors, c'est ce qu'on fait aujourd'hui avec le dépôt du projet de loi n° 23. C'est donc un projet de loi qui vise l'efficacité mais pour la réussite des élèves, donc c'est l'efficacité pour améliorer les résultats scolaires dans nos écoles.

Alors, trois grandes orientations. Honnêtement, je vais vous schématiser ça, puis après ça on pourra aller davantage dans le détail avec vos questions.

Donc, la première orientation, bien entendu, c'est celle qui va nous permettre d'améliorer la prise de décision et donc d'assurer une plus grande cohérence entre les orientations du ministère et la mise en œuvre sur le terrain au sein des centres de services scolaires. C'est la raison pour laquelle, à partir de maintenant, les directeurs généraux des centres de services vont être nommés par le gouvernement sur recommandation du ministre. Ça va être des mandats de cinq ans, renouvelables. Pour chaque organisation scolaire, on va également conclure une entente annuelle de gestion et d'imputabilité. Comme ça, on se donne les coudées franches pour une prise de décision qui est plus cohérente, qui est plus efficace et surtout qui est plus imputable envers les Québécois, mais en particulier envers les parents. Donc, ça, c'est première grande orientation.

La deuxième orientation : avoir des données plus accessibles et plus fiables pour prendre de meilleures décisions et, encore une fois, pour améliorer la réussite scolaire. Pour moi, ce n'est pas normal que le ministre ne soit pas capable d'obtenir des chiffres aussi importants que le nombre d'enseignants qu'il manque dans un centre de services ou dans un réseau scolaire. C'est pour ça qu'on donne au ministre le pouvoir d'obtenir plus rapidement des centres de services des données qui seront plus complètes et qui seront de meilleure qualité.

Il faut fonctionner en réseau. On parle constamment du réseau de l'éducation, mais, dans les faits, le système actuel, en tout cas, en matière de données, ce n'est pas un réseau. Plus souvent qu'autrement, je suis obligé de faire ce qui s'appelle une collecte info, là, envoyer 72 messages dans les 72 centres de service, puis là ils vont chercher les informations dans les écoles, puis là, après ça, ils organisent ça, puis là, après ça, ils mettent ça ensemble, puis après ça ils envoient ça à Québec, puis là il faut s'assurer que ce soit conciliable, que ce soit uniforme. Ce n'est pas une façon de faire les choses, ce n'est pas efficace.

Et donc, avec ce projet de loi, on s'assure de créer des bases de données dans lesquelles les centres de services vont pouvoir déposer leurs données et... bases de données auxquelles nous aurons accès pour, justement, aller chercher l'information, prendre la bonne décision et identifier, par exemple... je vous donne un exemple très concret, identifier, par exemple, quelles sont les écoles ou les classes qui vivent des... mettons, qui ont des résultats scolaires en bas de la moyenne. Par exemple, être capable d'aller chercher les résultats des bulletins de la première étape, avant Noël, donc s'assurer que les données, les résultats des bulletins de la première étape sont versés dans la base de données, nous, on peut aller voir, après ça, dans la base de données, quelles sont les écoles ou les classes, même, où il y a des résultats scolaires qui sont en bas de la moyenne et intervenir par l'entremise du centre de services scolaire, déployer plus de ressources, par exemple, dans certaines classes pour essayer de renverser la tendance puis aider, donc, à la réussite scolaire. C'est un exemple très concret que je vous donne. Donc, c'est ce que va nous permettre... c'est un exemple de ce que va nous permettre le projet de loi.

Troisième orientation. On crée... Avec le projet de loi n° 23, on crée, donc, l'Institut national de l'excellence en éducation. Encore une fois, l'idée, c'est de soutenir nos élèves le plus efficacement possible en s'appuyant sur les meilleures pratiques, en s'appuyant sur la recherche, en s'appuyant sur les données probantes. Ça, c'est deux mots que vous allez beaucoup entendre. Mais les données probantes, c'est quoi, dans le fond? C'est la recherche fondamentale mais vérifiée dans la salle de classe, c'est recherche fondamentale mais appliquée à l'enseignement dans les salles de classe pour voir si ça fonctionne, si la recherche se confirme sur le terrain, puis, si ça ne se confirme pas tout à fait, bien, on ajuste le tir, mais l'idée, encore une fois, c'est d'utiliser les connaissances les plus à jour en matière d'enseignement et faire en sorte qu'elles soient utilisées dans les salles de classe par nos enseignantes et nos enseignants.

Bref, l'INEÉ va promouvoir l'excellence en éducation, les meilleures pratiques et les diffuser, et ça va devenir, donc, un outil très important pour le gouvernement, mais aussi pour la société québécoise, pour améliorer, donc, nos pratiques pédagogiques puis améliorer l'enseignement dans nos classes.

Alors, en résumé, ce sont, je pense, les trois principaux volets de ce projet de loi. Il y a d'autres éléments, comme vous le savez. Alors, je suis, évidemment, prêt à répondre à toutes vos questions.

Le Modérateur : Merci beaucoup. Donc, nous allons commencer aujourd'hui la période de questions avec Marie-Michèle Sioui, Le Devoir.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bonjour.

M. Drainville : Bonjour.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : M. le ministre, puisque le projet de loi prévoit que vous aurez les pleins pouvoirs, pourquoi ne pas simplement intégrer les centres de services scolaires au ministère?

M. Drainville : Ah! pour faire ce que Christian fait, vous voulez dire, ce que Christian fait en santé?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, à quoi ils vont servir, les centres de services scolaires, puisque les pouvoirs vont être les vôtres, finalement, là?

M. Drainville : Ah! bien, c'est parce que les centres de services, c'est ceux qui s'assurent de l'exécution, de la mise en place des services éducatifs. C'est les centres de services qui sont en lien avec les directions d'école, avec les équipes-écoles. Les centres de services, le directeur ou la directrice générale, c'est le premier dirigeant ou la première dirigeante, c'est la personne qui doit exercer un leadership administratif, ça va de soi, il faut gérer les ressources humaines, les ressources financières, les ressources matérielles, mais la direction générale d'un centre de services, c'est aussi une personne qui exerce un leadership pédagogique.

D'ailleurs, c'est très intéressant de noter que, dans les données, si vous regardez les données probantes sur la réussite scolaire, il y a trois grands facteurs qui influencent la réussite scolaire. Il y a l'effet classe, donc, notamment l'enseignement, ça, ça a un impact très important sur la réussite scolaire, il y a l'effet école, et là évidemment ça met en cause le leadership de la direction de l'école, mais il y a aussi, dans les données probantes, dans la recherche en matière d'éducation, le leadership au niveau du centre de services. Bien, chez nous, ça s'appelle un centre de services. Donc, l'idée, c'est, encore une fois, de souligner le fait que ces personnes-là qui gèrent nos centres de services, elles ont un rôle important à jouer dans la réussite scolaire.

Et puis je le dis souvent, ça, Mme Sioui, mais on ne peut pas tout gérer à partir du 16e étage de l'édifice G, là, ça ne se peut pas, là. On a au-dessus de 3 000 écoles au Québec, là, il faut qu'il y ait des pouvoirs locaux ou régionaux qui permettent, justement, de mettre en place les orientations qu'on aura décidées au niveau national.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Je comprends, mais, dans la mesure où vous nommez les D.G., vous pouvez les dégommer, vous pouvez renverser leurs décisions, ils ont avantage à aller dans la même direction que les décisions qu'ils ont prises... qui sont prises dans l'édifice G parce que, sinon, ils vont se faire remercier.

M. Drainville : Ah! bien... Bien, je vous dirais que... Oui, non, ce n'est pas aussi simple que ça, quand même, là, mais vous avez raison de dire que l'objectif d'avoir... l'objectif de cette nomination, par le gouvernement, des directions générales, c'est d'assurer, oui, une cohérence entre les orientations du gouvernement ou du ministre et la mise en place, la mise... l'exécution sur le terrain de ces orientations-là. C'est... Tu sais, moi, quand j'ai annoncé mes sept priorités, là, au mois de janvier... Bon, c'était quoi? Français, aide à la classe, projets particuliers, formation professionnelle, voie rapide vers le brevet, investir dans les écoles et efficacité du réseau. C'est certain que je souhaite, puis je pense que c'est normal, que les dirigeants des centres de services soient alignés sur ces priorités pour s'assurer que les priorités atterrissent dans les salles de classe. Donc, qu'il y ait une cohérence, une direction claire à notre réseau scolaire, on ne va pas s'en plaindre.

Mais par ailleurs juste... je termine en vous parlant de l'entente, quand même, de gestion et d'imputabilité, Mme Sioui, c'est-à-dire que ce n'est pas juste un pouvoir de nommer les D.G., c'est aussi, à chaque année, conclure avec les centres de services, mais au premier chef avec les directions générales, une entente de gestion et d'imputabilité où on va, justement, énoncer, dans cette entente, les orientations, les objectifs à atteindre, les cibles, etc. Donc, tout ça, ça vise à s'assurer qu'on a un alignement puis une direction claire puis que tout le monde rame dans la même direction au sein du service scolaire.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...

M. Drainville : Pardon? Vous dites?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : L'entente, il va y avoir une obligation de résultat avec cette entente-là?

M. Drainville : En quelque sorte, oui.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : O.K. Merci.

M. Drainville : De rien.

Le Modérateur : Gardez en tête que nous sommes nombreux et que le temps est limité. Louis Lacroix, Cogeco.

M. Lacroix (Louis) : Bonjour, M. le ministre. Bonjour, madame. Je veux revenir sur ce point-là. Vous vous accordez beaucoup de pouvoirs, dans ce projet de loi là, M. Drainville, notamment celui de nommer les directeurs généraux, là. Mais aussi vous dites : Le projet de loi «accorde au ministre le pouvoir d'annuler une décision d'un centre de services scolaires et de prendre celle qui, à son avis, aurait dû être prise en premier lieu lorsque la décision n'est pas conforme aux cibles...» Autrement dit, c'est comme si vous nommiez quelqu'un, mais, à quelque part, vous ne lui faites pas confiance, parce que vous dites : Je vais pouvoir renverser ses décisions si jamais ça ne fait pas mon affaire.

M. Drainville : Oui. Écoutez, mettons, là... d'abord, vous aurez remarqué que, ces dernières semaines, à quelques reprises, j'ai été interpellé sur des décisions prises par des centres de services scolaires. Et, de façon générale, j'ai expliqué la logique de la décision, telle qu'elle m'était rapportée par la direction des centres de services, mais je ne me suis pas mêlé de cette décision-là. Je me suis informé sur la nature de la décision, j'ai voulu comprendre la logique, mais je n'ai pas répondu positivement à l'appel des oppositions qui me disaient : Vous devez renverser cette décision-là. Pourquoi? Parce que je pense qu'il faut de plus en plus que les centres de services scolaires, oui, les prennent, ces décisions, et en soient imputables, et viennent les expliquer publiquement. Ce n'est pas, encore une fois, à moi de tout gérer à partir du 16e étage de l'édifice G.

M. Lacroix (Louis) : ...

M. Drainville : Alors, vous avez raison, je me le donne. Pour le moment, c'est moi qui est là, éventuellement, ce sera quelqu'un d'autre, mais je le donne, oui, au ministre de l'Éducation ou à la ministre de l'Éducation. Pourquoi? Parce que ça pourrait arriver, M. Lacroix, ça pourrait arriver, à un moment donné, qu'il y ait une décision qui soit effectivement complètement inacceptable et une décision qui va très clairement à l'encontre des orientations du gouvernement, et là le seul moyen que j'ai, présentement, dans la loi, Louis, c'est la tutelle. Si je ne suis pas d'accord, c'est la tutelle. Honnêtement, c'est un pouvoir, on s'entend, qui est assez extrême, mettre en tutelle un centre de services, là. Il faut vraiment que ce soit très, très grave. Alors là, oui, on se donne une espèce de pouvoir intermédiaire, c'est vrai, de dire à un centre de services : Écoutez, cette orientation-là, là, elle va clairement à l'encontre des orientations du gouvernement. On aimerait ça vous en parler, on aimerait ça que vous y réfléchissiez, puis on aimerait ça éventuellement que vous la changiez.

M. Lacroix (Louis) : Ma deuxième question est plus technique un peu, sur le... parce que vous dites... je veux juste retrouver le passage, là, vous dites, dans le projet de loi : Assurer un suivi du parc... non, ce n'est pas ça, bien, vous dites : Planifier les ressources fondées sur la connaissance et les besoins des élèves. Le projet de loi vous donne ce pouvoir-là. Est-ce que ça protège le réseau contre des coupures budgétaires qui viendraient affecter les services aux élèves, comme on a déjà vécu dans le passé, c'est-à-dire de couper, par exemple, dans des orthophonistes, dans des gens qui accompagnent les enseignants pour les élèves en difficulté?

M. Drainville : Bien, la disposition dont vous parlez, c'est... si je comprends bien, là, c'est dans la section Accès aux données. Mme Arav, en passant, sous-ministre à l'Éducation, Carole Arav. Je pense que c'est dans la section Données, n'est-ce pas, M. Lacroix?

M. Lacroix (Louis) : Rapidement, je n'ai pas trouvé, là, mais je l'avais depuis tantôt, là.

M. Drainville : L'idée... Si c'est celle-là, là, Louis, là, l'idée, c'est de nous permettre, un peu comme je vous l'ai expliqué dans mon petit laïus d'intro, là... c'est-à-dire de pouvoir avoir accès aux données qui vont nous permettre d'intervenir auprès d'une classe ou d'une école pour favoriser la réussite scolaire. Actuellement, je ne suis pas capable d'avoir... bien, je peux avoir les résultats scolaires du bulletin, là, je peux les avoir, mais je les ai à la fin de l'année. C'est bon à rien. Qu'est-ce que tu veux que je fasse avec ça? Je veux dire, ça me donne une idée, après coup de, oui, il y a eu telle école, dans tel centre de services, il y a eu un nombre x d'élèves qui ont échoué, ou peu importe, mais ça arrive trop tard, je suis incapable d'intervenir. Tandis qu'avec les bases de données qu'on va mettre en place, avec le système d'accès aux données qu'on va mettre en place, on va pouvoir intervenir plus rapidement et venir en aide à des élèves qui sont en difficulté dans une école ou dans une classe.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce que ça vous... est-ce que ça protège le réseau contre le fait qu'on puisse éventuellement couper dans les ressources aux élèves? Parce que je l'ai trouvée, là, la phrase que je cherchais. Vous dites : «favoriser une gestion et une planification des ressources affectées au système d'éducation...» Donc, ça, les ressources affectées au système d'éducation, c'est le personnel, ça.

M. Drainville : Oui, mais, Louis...

M. Lacroix (Louis) : Et : «...une planification des ressources affectées au système d'éducation fondées sur la connaissance des besoins des élèves...». Moi, de la façon que je comprends, c'est que les élèves ont... tu sais, on a des besoins x pour la réussite scolaire des élèves, et donc c'est comme si ça vous... Ce que je veux dire, c'est : On ne peut pas enlever ces ressources-là aux élèves, autrement dit.

M. Drainville : Regardez, Louis, il n'y a aucune loi qui va dicter d'avance le budget que l'éducation va recevoir. Ça n'existe pas, ça, là, là. Mais ce que je peux vous dire, c'est que, depuis cinq ans, le budget de l'éducation, il augmente grosso modo de 1 milliard par année. Il n'a jamais été... L'éducation n'a jamais été aussi bien financée au Québec. On a atteint le chiffre de 20 milliards dans le dernier budget. Alors, l'objectif, c'est de donner des meilleurs services aux élèves, l'objectif, c'est de répondre aux besoins des élèves, mais la situation du budget en matière d'éducation, qu'est ce que tu veux, c'est à chaque gouvernement de décider la priorité qu'il accorde à l'éducation. Je peux dire une affaire, que le gouvernement qui est en place présentement donne une très belle priorité à l'éducation parce qu'elle est financée.

Le Modérateur : On va passer à la prochaine question. Maxime Denis, TVA.

M. Denis (Maxime) : Bonjour à vous!

M. Drainville : Bonjour.

M. Denis (Maxime) : Il y a des syndicats puis des profs qui s'inquiètent déjà de : Est-ce qu'on n'est pas en train de niveler vers le bas pour, justement, en raison de la pénurie de main-d'œuvre, de ressources, vraiment avoir ce gage de réussite là de l'élève?

M. Drainville : Niveler par le bas de quelle manière?

M. Denis (Maxime) : Dans l'accompagnement de... On va réduire les critères, on va réduire, donc, la procédure pour noter les élèves en raison du manque de profs pour vraiment avoir de beaux résultats, mais niveler vers le bas pour avoir ces beaux résultats là.

M. Drainville : Au contraire, au contraire, le fait qu'on ait accès à de meilleures informations, à de meilleures données va nous permettre d'être plus efficaces dans les interventions qu'on va faire auprès des... auprès des élèves, auprès des classes. Et par ailleurs toute l'emphase qu'on met sur la formation continue dans le projet de loi, ça aussi, ça va bénéficier aux élèves, là, parce qu'encore une fois la science en matière d'éducation est très, très claire, plus de formation égale un enseignement qui est encore plus efficace, qui donne encore de meilleurs résultats dans la classe. Donc, accès aux données qui nous permettent d'agir auprès des enfants, en particulier les enfants à besoins particuliers, la formation continue qui va permettre aux enseignants d'être encore plus efficaces dans leurs classes et donc, on l'espère, produire des résultats plus intéressants que ceux que nous avons présentement, ça, c'est deux exemples. L'institut aussi est intéressant parce qu'il va regrouper en un seul endroit les meilleures recherches sur les meilleures pratiques pédagogiques. Et ça aussi, ça va bénéficier aux enseignantes et aux enseignants. Donc, je vous dirais, moi, il y a plusieurs mesures là-dedans qui, je pense, non seulement ne nivellent pas, mais vont contribuer à améliorer la qualité de l'éducation au Québec.

M. Denis (Maxime) : Est-ce que c'est un aveu d'échec de la réforme Roberge?

M. Drainville : Non, ça me fait... en tout respect, je l'attendais cette question-là, puis je me disais : Pourquoi ce serait un échec? Il a jeté les fondations et moi, je construis par-dessus les fondations. C'est comme : on poursuit le travail de la première réforme. Ça fait qu'on est dans la continuité.

M. Denis (Maxime) : C'est un ajustement, dans le fond, pour vous donner plus de pouvoir.

M. Drainville : Moi, je dirais, il y a une part... Bien, vous pouvez appeler ça ajustement. Moi, je trouve que c'est quand même des changements en profondeur, là, que l'on vous propose, que l'on propose aux Québécois, mais qui s'appuient sur la fondation qu'a coulée ou sur les bases qu'a jetées Jean-François dans sa réforme. À certains égards, les changements que nous proposons... Tu sais, on serait dans une chambre des joueurs puis on dirait : On travaille sur les fondamentaux, là, on travaille sur les fondamentaux. Ce n'est pas nécessairement spectaculaire tout le temps, ce qu'on propose dans ce projet de loi là, mais ce sont des choses qui sont extrêmement importantes pour la réussite scolaire puis pour l'avenir de l'éducation au Québec. Quand on parle d'améliorer notre efficacité, quand on parle d'avoir accès à de meilleures données pour être plus efficace, pour mieux aider les enfants, quand on parle d'améliorer la formation continue pour aider nos enseignants à être encore plus performants dans les salles de classe, quand on parle de s'appuyer sur la science, les données probantes, l'enseignement efficace, moi, je pense qu'il va y avoir des gains à court terme, mais je pense qu'il va y avoir des gains à moyen et à long terme qui vont découler.

M. Denis (Maxime) : ...être un superministre?

Le Modérateur : Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec. On passe à la prochaine question.

M. Drainville : Pardon?

M. Denis (Maxime) : Souhaitez-vous être un superministre, en quelque sorte, avec autant de pouvoirs?

M. Drainville : Non, je souhaite juste être un bon ministre de l'Éducation. C'est ça, ma... C'est ça, mon aspiration.

Le Modérateur : Geneviève Lajoie, Le Journal de Québec.

Mme Lajoie (Geneviève) : Nommer des D.G., pouvoir les limoger, centraliser énormément de pouvoirs entre vos mains, M. Drainville, ça fait penser à M. Barrette et sa réforme de la santé, là. Même, là, vous allez plus loin, vous allez pouvoir renverser une décision puis imposer la vôtre. Est-ce que, même, vous n'avez pas plus de pouvoir que M. Barrette s'était donné, à l'époque, en santé?

M. Drainville : Bien, le jour où je renverserai une décision, vous allez en entendre parler, puis vous serez les premiers à venir me questionner, Mme Lajoie, pour me dire : Comment ça se fait, pourquoi vous faites ça? À grande responsabilité, grande imputabilité. Puis ce pouvoir-là, c'est un pouvoir d'exception, là, c'est un pouvoir, vraiment, là... Honnêtement, j'espère ne pas avoir à l'utiliser, là, mais ça va être dans des cas où, effectivement, tu as un centre de services qui se détache, je dirais, de la vision du gouvernement en matière d'éducation, là. Il va falloir que ce soit pas mal grave, là, pour qu'un ministre de l'Éducation se prévale de ce pouvoir-là. Et, le jour où je le ferai, j'en serai imputable puis je vais devoir avoir de bonnes raisons pour justifier le recours à ce pouvoir-là.

Par ailleurs, quand vous parlez des directeurs généraux, directrices générales, je ne veux pas me répéter, mais ce n'est pas de l'arbitraire, là. Moi, je vais vous le dire, là, d'emblée, là, moi, je pense que la vaste majorité des D.G. vont être renommés. C'est le gouvernement qui va nommer, là, au terme de la période de 18 mois, là, puis c'est moi qui vais recommander, mais je vous le dis, là, au jour d'aujourd'hui, là, je recommanderais la reconduction des mandats pour la vaste majorité des D.G., en tout cas des D.G. avec lesquels j'ai eu des contacts, là, puis j'en ai eu quand même plusieurs parce qu'à toutes les fois que je vais dans une école le D.G. est là ou la D.G. est là, puis là je suis rendu à 35 écoles, là. Bon. Puis évidemment on a des contacts avec d'autres D.G. que je n'ai pas pu rencontrer personnellement. Mais moi, je suis très... je vous le dis, là, je suis très impressionné par la qualité du leadership des directions générales de CSS actuellement, très impressionné. Et donc mon objectif, moi, ce n'est pas de faire... ce n'est pas de remplacer. Mon objectif, c'est de m'assurer que les personnes qui ont la passion de l'éducation puis qui ont les compétences d'exercer ce poste-là puissent les occuper. Et je vous prédis d'avance que la vaste majorité vont rester en poste si c'est leur bon désir.

M. Lacroix (Louis) : C'est quoi, le pourcentage?

M. Drainville : Je ne sais pas, mais je... mais il est élevé, mais il est élevé, et c'est... Tout ça pour vous dire que moi, je veux travailler en équipe avec les directions générales, là. Moi, j'ai besoin des directeurs généraux puis des directrices générales. Puis je ne me gêne pas pour le dire, que je suis vraiment impressionné par la qualité du travail que ces personnes-là font. Et donc moi, je souhaite les garder, là, je veux travailler avec eux autres, j'en ai besoin.

Mme Lajoie (Geneviève) : Là, on parle vraiment d'une... c'est de la gouvernance, là, c'est de l'administratif, là, ce que vous changez, là. Qu'est-ce que... Vous pouvez vous engager envers les parents à faire quoi avec cette réforme-là?

M. Drainville : C'est une bonne question, parce que, si j'avais été... je le dis en tout respect, Geneviève, parce que j'ai beaucoup de respect pour le travail que vous faites, probablement que ça aurait été la première question que j'aurais posée, effectivement : Ça va changer quoi dans la salle de classe, ce que vous annoncez aujourd'hui, là? Puis la réponse à ça... Je pense que l'accès aux données, l'accès aux résultats, être capable de voir rapidement, avoir un portrait en temps réel des résultats scolaires, de voir où ça achoppe, d'identifier les endroits où il y a des élèves en difficulté dans certaines écoles, certaines classes, me donner, donc, l'information pour me permettre de dire au centre de services : Eh! il faut intervenir, il faut envoyer plus de ressources dans ces classes-là, par exemple. Puis là j'espère, évidemment, à un moment donné, avoir des aides à la classe pour en déplacer peut-être davantage vers ces classes-là pour venir prêter main-forte, des techniciennes en éducation spécialisée, des professionnels dans le centre de services. Tu dis : Bon, bien là, on va prendre certains de nos professionnels puis on va aller aider telle école ou telle classe, parce que, là, on a des chiffres qui montent sur notre tableau de bord, ça clignote, là. Mais, pour que ça clignote, il faut que j'aie l'info. Je ne l'ai pas, présentement. Et donc, ça, je pense que ça peut changer quelque chose de très concret très rapidement dans les classes du Québec.

Le Modérateur : Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.

M. Desrosiers (Sébastien) : M. Drainville, je reviens au pouvoir que vous vous donnez de renverser une décision d'un centre de services scolaires. Au fond, vous dites que vous voulez que ces centres de services scolaires soient plus imputables, mais vous leur enlevez des pouvoirs. Est-ce qu'il n'y a pas une contradiction?

M. Drainville : Oui. Le seul pouvoir que j'enlève aux centres de services, c'est le pouvoir de nomination, nomination des D.G., nomination des directeurs généraux adjoints et nomination des directions d'école, quoique, dans certains cas, il y a déjà des ententes entre le conseil d'administration et le directeur général du centre de services pour que ce soit lui ou elle qui nomme les D.G.A. et qui nomme les directions d'école. Donc, vous avez raison de dire que c'est un pouvoir important, mais, encore une fois, je pense vous avoir bien expliqué que l'objectif, ce n'est pas d'avoir plus de pouvoir. L'objectif, c'est d'avoir plus de cohérence, d'avoir une direction claire, de m'assurer que les orientations descendent jusque dans les classes, et, pour ça, j'ai besoin de travailler en cohérence puis en cohésion avec les directions générales. Et elles seront imputables, ces directions générales, en vertu du contrat annuel, de l'entente annuelle. Et je serai imputable aussi, M. Desrosiers. Je serai aussi imputable, parce que ma job, comme ministre de l'Éducation, c'est de m'assurer que ça fonctionne et donc...

Puis savez-vous quoi? Le jour où il y aura quelque chose, là, de vraiment inacceptable dans un centre de services, vous serez le premier à me dire : Eh! vous faites quoi, là? Bien là, actuellement, là, tout ce que je peux faire, c'est mettre en tutelle le centre de services, alors que, là, je dis : Bon, bien, M. Desrosiers, vous me posez une bonne question, oui, effectivement, je trouve ça inacceptable, je vais aller voir ce qui se passe, je vais essayer de comprendre leur décision. Puis, si je ne trouve pas ça acceptable, bien, je vais leur dire : Écoutez, je pense que vous devriez la changer.

M. Desrosiers (Sébastien) : Justement, si vous vous donnez ce pouvoir-là, j'imagine que c'est parce qu'il y a des décisions qui n'ont pas fait votre affaire depuis que vous êtes en poste. Concrètement, là, qu'est-ce...

M. Drainville : Honnêtement, là, pas vraiment. Mais par contre je passe mon temps à me faire poser la question : Qu'est-ce que tu attends pour intervenir, tu sais, centre de services de Montréal, centre de services des Mille-Îles, centre de services, na, na, na, tu sais? Bon, bien, le jour... Alors, pourquoi on l'a mis, ce pouvoir-là, là? Bien, on l'a mis justement parce que tu te dis : O.K., là, je ne l'ai pas, mais, de toute façon, je ne l'aurais pas exercé, mais le jour où je devrai l'exercer, ce serait une bonne idée que je l'aie. Puis là, bien, on se le donne, effectivement. Puis ça va être très exceptionnel, puis ça va être dans des cas, encore une fois, où ça va être pas mal grave, là, puis...

M. Desrosiers (Sébastien) : ...situation que vous avez vécue où vous vous dites : Ce pouvoir-là, je l'aurais utilisé, que ce soit dans le cas des maternelles quatre ans au Saguenay, par exemple, ou...

M. Drainville : Pas encore, non. Dans tous les cas auxquels j'ai été confronté, non, non, non.

Le Modérateur : Caroline Plante, LaPresse canadienne.

Mme Plante (Caroline) : Bonjour, M. Drainville.

M. Drainville : Bonjour, Mme Plante.

Mme Plante (Caroline) : Un D.G., aujourd'hui, a raison de s'inquiéter pour son poste? Comment allez-vous choisir les D.G., sur quels critères? Quels critères allez-vous utiliser?

M. Drainville : Vous dites : Un D.G. a raison de s'inquiéter? C'est ce que vous dites?

Mme Plante (Caroline) : Bien, je suis D.G., aujourd'hui, admettons. Je m'inquiète, là, pour mon poste, non?

M. Drainville : Non.

Mme Plante (Caroline) : Parce que vous dites... à vous entendre parler, bon, la majorité des D.G. vont être reconduits dans leurs fonctions, mais...

M. Drainville : Ils vont être reconduits, la vaste majorité vont être reconduits, selon l'évaluation que je fais présentement. Encore une fois...

Mme Plante (Caroline) : Pas tous. Donc, comment allez-vous les choisir? Sur quels critères allez-vous vous appuyer?

M. Drainville : Bien, ce sont les emplois supérieurs qui vont gérer le processus. Maintenant, il y aura des critères objectifs qui vont guider notre décision. Alors, c'est trop tôt pour vous faire la liste exhaustive des critères, mais c'est certain, Mme Plante, que... D'abord, faisons la part des choses. Il y a deux affaires. Le projet de loi est adopté, les D.G. actuels restent en poste pendant 18 mois. Pendant ces 18 mois, je travaille avec eux, avec elles, et, bien sûr, on les évalue. Au terme des 18 mois, l'évaluation est concluante, je les renomme pour cinq ans. Et je vous dis, aujourd'hui, qu'au jour d'aujourd'hui je renommerais la vaste majorité des 72, au jour d'aujourd'hui.

Alors, s'il y en a que je ne renomme pas, là, il y aura ouverture du poste. Ce sera sous la responsabilité des emplois supérieurs. Ils vont faire un appel de candidatures avec des critères objectifs. Ça pourrait être expérience de gestion, ça pourrait être connaissance du milieu scolaire, ça pourrait être appartenance à la région, tu sais, où tu vas être D.G., bon, des critères comme ceux-là. Donc, les emplois supérieurs vont recevoir les candidatures et vont m'acheminer un certain nombre de candidatures, et moi, à partir de cette... de cette... de ces candidatures, je vais en recommander un ou une au Conseil des ministres. Alors, moi, ce que je vous dis, c'est que ce que j'observe jusqu'à maintenant, puis je ne peux pas dire que je les ai vus les 72, là, mais ceux que j'ai vus jusqu'à maintenant, j'ai un pas pire échantillonnage, ils sont bons, ils sont bons. Ça fait qu'ils n'ont pas vraiment raison d'être inquiets, non.

Puis par ailleurs, je vais vous dire, avec les responsabilités que je leur confie aujourd'hui, là... Parce qu'ils deviennent vraiment aujourd'hui, là, les premiers dirigeants des centres de services, là. Je leur dis, là : Écoutez, là, vous êtes vraiment mes hommes et mes femmes de confiance, là, sur le terrain et dans les 72 centres de services. Je vous fais tellement confiance qu'on va s'asseoir ensemble à chaque année, on va négocier une entente en vertu de laquelle on va se donner des objectifs communs, objectifs, cibles à atteindre, etc. Je vous fais confiance pour faire descendre dans les écoles les orientations. On travaille en équipe. Ça fait que non, moi, je pense que c'est positif, mais c'est sûr qu'ils ont plus de responsabilités puis il y a une imputabilité qui vient avec ça.

Mme Plante (Caroline) : Pouvez-vous nous donner un exemple où vous pourriez intervenir directement pour améliorer la réussite des élèves?

M. Drainville : Bien, je vous l'ai donné tout à l'heure, les bulletins de première étape. On a un problème au niveau du français, les résultats ne sont pas assez bons en français. Moi, je suis inquiet. Alors, dès que j'aurai les données, dès qu'on aura mis en place les bases de données, puis on va pouvoir les mettre en place une fois que le projet de loi aurait été voté, moi, c'est sûr... et si c'est encore moi qui est là, là, c'est sûr que je vais vouloir avoir en priorité les résultats des examens de français, puis les résultats dans les cours de français dans les écoles du Québec, puis essayer de voir quelles sont les écoles où il y a trop d'échecs, où la moyenne est trop basse par rapport à la moyenne québécoise, mettons. On va se trouver des... tu sais, on va se trouver des espèces de barèmes, là, puis là on va dire : O.K. Qu'est-ce... c'est quoi qu'on cherche? Puis là on va avoir la réponse, on va être capables de trouver la réponse, d'avoir l'information. Puis, après ça, il va falloir trouver les moyens d'aider. Mais ça, c'est un exemple très concret. Je vous donne l'exemple du français, mais ça pourrait être une autre matière.

Mme Plante (Caroline) : Puis sur les données, justement, est-ce que... bon, vous dites les bases de données, vous allez avoir accès à plus d'information, mais allez-vous améliorer l'accès à ces données-là pour le public?

M. Drainville : Oui, oui, absolument. Et notamment il faut s'assurer que ces demandes qui sont faites pour des... pour accéder aux données, il faut s'assurer que ça respecte un cadre, notamment pour protéger les renseignements personnels, pour s'assurer que ça se fasse d'une manière qui est sécuritaire. Et donc il y aura, au sein du ministère de l'Éducation, un gestionnaire responsable des données. Au sein du ministère, il y aura un responsable des données, et c'est à lui qu'on va devoir s'adresser quand on va vouloir avoir accès à des données. Il va falloir justifier pourquoi on veut avoir telles données.

Il va falloir, donc, justifier l'accès aux données, et, une fois qu'on aura eu la réponse du gestionnaire, cette réponse-là, on devra éventuellement la mettre sur le site Internet du ministère de l'Éducation. Il va falloir rendre des comptes sur l'accès aux données, sur ce pourquoi on les veut, et quelle est la réponse que nous avons obtenue du gestionnaire, tout ça, justement, pour s'assurer que ça se fasse d'une manière qui est transparente, pour que le public, justement, sache, le citoyen sache quelles sont les données qu'on demande, puis pourquoi on les demande, puis quelle est la réponse qu'on a obtenue. Puis vous, bien, une fois que vous savez ça, vous allez pouvoir, évidemment, vous enquérir des résultats : Ça a servi à quoi, là, vous avez fait quoi avec les données, là, M. le ministre, là?

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

M. Drainville : Il reste-tu beaucoup de questions?

Le Modérateur : Il en reste un petit peu.

M. Drainville : Il en reste encore un peu?

Le Modérateur : On accélère.

M. Drainville : Puis on a quoi, on a un enjeu de temps, là?

Une voix : ...

M. Drainville : Oui, mais on a... 20 minutes, ça devrait aller.

Le Modérateur : Simon.

M. Drainville : Merci.

M. Bourassa (Simon) : Oui. Bonjour. Juste ici, M. Drainville.

M. Drainville : Vas-y, Simon. Allez-y.

M. Bourassa (Simon) : Oui. Bonjour. Il y a, en 2018, le groupe de travail sur la création d'un institut national d'excellence qui avait déposé un rapport. Ça avait été demandé par le ministre de l'époque, ça. Avez-vous copié-collé les recommandations du rapport pour créer l'institut...

M. Drainville : Avez-vous copié-collé, vous dites?

M. Bourassa (Simon) : Oui, les... ce qui était dans le rapport pour créer l'institut?

M. Drainville : Pas mal. Pas mal. Je vous dirais, l'essentiel, oui. Il y a une différence importante, par contre, c'est que le rapport ne recommandait pas que l'institut reprenne le rôle d'organisme-conseil assumé par le Conseil supérieur de l'éducation. Donc, le rôle conseil, là, ou la fonction conseil du Conseil supérieur de l'éducation, nous, dans le projet de loi, on l'amène sous le chapeau de l'institut. Mais, pour le reste, là, données probantes, la science, la promotion de l'excellence, et tout le reste, ça, c'était dans le rapport, oui.

M. Bourassa (Simon) : Concernant l'enseignement à distance, est-ce qu'on pourrait voir disparaître les congés tempête? C'est-à-dire que, lors d'une journée tempête, normalement les élèves sont en... sont chez eux, il n'y a pas d'école, il n'y a pas de classes qui sont données. Est-ce qu'on pourrait donner de l'enseignement à distance, à ce moment-là, lorsqu'il y a une tempête? Donc, fini les congés, mais... vous avez des classes, mais chez vous.

M. Drainville : Aïe! Celle-là, honnêtement, là... Tu essaies de te préparer à un point de presse comme aujourd'hui, là... C'est une bonne question, mais je ne l'avais pas vue venir. J'ai le goût de vous répondre : Je ne vais pas priver les élèves du Québec d'un beau congé de tempête une fois de temps en temps.

Le Modérateur : Avant de passer en anglais, je vais me permettre aussi deux questions pour vous.

M. Drainville : Avec plaisir.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Sur les données, juste pour être très clair, là, les gens à la maison qui suivent ce qui se fait en santé, là, on a vraiment comme... un tableau de bord qui est à jour, qui est public, qui est simple à consulter. C'est la même chose que vous voulez?

M. Drainville : Oui.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Parfait. Et, sur les programmes de formation des profs...

M. Drainville : Bien, la même chose....

M. Pilon-Larose (Hugo) : Oui, allez-y.

M. Drainville : Excusez-moi, Hugo, là, je veux juste... Des fois, je veux répondre court puis je me mets dans le trouble, là. Je veux avoir des tableaux de bord en éducation, on travaille là-dessus, et puis j'aimerais ça pouvoir vous en annoncer bientôt, dans les prochains mois, on va dire. Puis l'idée avec ce que je vous annonce aujourd'hui, avec le projet de loi, c'est de pouvoir avoir des tableaux de bord qui sont de plus en plus complets, qui sont de plus en plus complexes aussi, qui vous donnent de plus en plus d'informations, et qui nous permettent, à nous, de bien piloter le réseau, et qui vous permettent, à vous, de suivre, effectivement, l'évolution du réseau.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Parfait. Sur les programmes de formation des enseignants à l'université, l'institut que vous créez, donc, aura son mot à dire sur le contenu de ces programmes-là. Est-ce donc l'institut maintenant qui a autorité sur le programme au-dessus des doyens des facultés d'éducation?

M. Drainville : Non. Je vous dirais que les doyens et l'institut vont travailler ensemble pour...

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...

M. Drainville : Pardon?

M. Pilon-Larose (Hugo) : Qui a le dernier mot?

M. Drainville : Le dernier mot, c'est le ministre, parce que c'est le ministre qui émet le brevet.

Le Modérateur : En anglais?

M. Drainville : Yes.

Le Modérateur : Parfait. En anglais maintenant avec, d'abord, Angela MacKenzie, CTV News.

Mme MacKenzie (Angela) : Bonjour. Regarding the national...

M. Drainville : Madame qui? I'm sorry.

Mme MacKenzie (Angela) : Right here. Angela MacKenzie, with CTV News.

M. Drainville : Mme MacKenzie, yes.

Mme MacKenzie (Angela) : Hi.

M. Drainville : Hi.

Mme MacKenzie (Angela) : Regarding the national institute in excellence in education, why was this necessary and what do you say to the teachers' unions who are concerned about the Government interfering in teacher training and in their practices?

M. Drainville : The reason why we think it is a good idea is because… Well, first, there are quite a few people working within the education field who have been hoping for a long time that we would create such an institute. There is a longing on the part of some of these experts who have deplored in the past the fact that there was not a place, an institute… we call it the institute, but a place where the best science in education, the best methods, the best ways of teaching are located, if I can say, a place where you can refer yourself to, where everyone who's working within the education sphere can actually turn to and… and learn from it and be inspired by it. It's… You know, France has such an institute, they may not call it the institute, but such a body. Great Britain has one. The United States have a few, if I'm not mistaken, but they have at least one. So, the idea is really to create a place where the science of education, the best practices, the best means of teaching will be recognized. And hopefully, from this place, we will disseminate in the classrooms these best methods, these best means of teaching.

Now, your second question was?

Mme MacKenzie (Angela) : It was about the… some of the teachers' unions that don't, you know… they don't want to lose their autonomy there.

M. Drainville : Yes, yes, I know. I know. I heard. They should not fear continuing education. They should… They should nourish themselves from continuing education. They should… They should make it a necessary tool of their betterment in the classroom. Why would it be a threat, learning throughout your life? There're so many things to be learned. And the field of education is evolving, it is changing. The composition of the classroom is not the same as it was 10 years ago. So, you must adapt. And, of course, teachers are adapting, they don't have any choice. They're in the classroom day in and day out, they are already adapting their teachings to this new composition, for example. I'm giving you this example. But, if we can help them in adapting to these new circumstances, to these new challenges, for example the composition, the complex composition of the classroom, and be helped by this continuing education which will emanate from this institute, I think it will be very positive.

So, I'm saying to the unions : Work with me. Work with me, because it's going to be good for your members, it's going to be good for the kids and it's going to be good for our society. Continuing education is a good thing for everyone, for all professions. Why wouldn't it be the case for teaching, for teachers?

Mme MacKenzie (Angela) : Will the institute apply to the English school boards as well?

M. Drainville : Of course.

Mme MacKenzie (Angela) : Merci.

M. Drainville : Of course. De rien.

Le Modérateur : Phil Authier, Montreal Gazette.

M. Authier (Philip) : Good morning.

M. Drainville : Good morning, Phil.

M. Authier (Philip) : I have a more specific question. Will… Does Bill 23 apply to the nine anglophone school boards of Québec?

M. Drainville : Yes.

M. Authier (Philip) : And it currently… the English… Québec English School Boards Association is in court fighting Bill 40.

M. Drainville : Yes.

M. Authier (Philip) : Do you not think this is going to give them, the opponents of Bill 40, more ammo? Because you're taking away more powers, and now… Bill 40 takes away some of their powers, and now you're taking away even more. So, I think you may discover that the English-speaking community is not very pleased with this.

M. Drainville : Yes. As you can understand, Phil, with all your experience, I have to be very careful in how I phrase my remarks, because, as you said, there is already a challenge before the court. But all I'm going to say for today is that we are convinced that our bill respect… respects… we are convinced that our bill respects the rights of the English-speaking community of Québec. We are convinced of that.

M. Authier (Philip) : Both of these bills, 40 and 23?

M. Drainville : Yes. Yes.

M. Authier (Philip) : If the service centers are not really working out as great… great things as you… as the CAQ had thought they would be, why don't you drop the case against Bill 40 and leave the English school boards to manage their own affairs?

M. Drainville : Yes. Phil, this isn't a question that I can really answer. It's before the court right now, and the judge is deliberating. Is that how you say that? Yes? The judge has been deliberating for quite a while now. So, I think it's… it will be inappropriate for me to answer that question. It is before the court, the judge is deliberating, and we must wait his decision now.

M. Authier (Philip) : You don't see this as a further erosion of the English-speaking community's rights?

M. Drainville : No.

M. Authier (Philip) : Thank you.

Le Modérateur : Mélissa François, CBC News.

Mme François (Mélissa) : Yes. So, you will appoint general directors for the school service centres. You will also have the power to cancel some decisions. Why do you need these new powers?

M. Drainville : To ensure coherence between the orientations of the Government and how it's being applied, how it's being put into actions in the classrooms. We are facing tremendous challenges in the field of education; it's becoming evermore complex, and, after the pandemic, it's... the level of difficulty has increased yet again. So, if we want to have one direction and be performing, you know, have a clear vision, we need to make sure that the orientations, such as the ones that I've made public in January… I must ensure that everyone is dancing to the same tune, if I may say, right? We want to make sure that everyone is working together as a team. So, yes, we are going to be... I mean, the Government is going to be nominating the... how do you say, general managers?

Mme François (Mélissa) : General directors, I would say.

M. Drainville : …general directors. Merci. So, we want to make sure... By nominating the general directors, we want to make sure that there is one clear direction, one clear orientation, and that everything is working together towards the same goal, that we don't have, you know, different directions, with different visions, with different goals, with different purposes. So, I think, working in one direction, in cohesion and coherence, I think it's going to ensure better results for the kids. The ultimate goal of this bill is to help the kids and achieve better results for kids. «C'est bon?»

Le Modérateur : Gloria Henriquez, Global News.

Mme Henriquez (Gloria) : Good afternoon. The English school boards have expressed concerns, saying that it's essential for the council of commissioners to choose the director general who will implement their vision and carry out their mission. But if the Ministry is choosing the director general...

M. Drainville :  The Government actually, under the recommendation of the Minister.

Mme Henriquez (Gloria) : So, if the Government is doing that, then these DGs are accountable to the Government, not the council. That is a big concern. What do you say to that?

M. Drainville : Well, I can... all I can say is that we are going to be... we are proposing, with this bill, to nominate the general directors. And what I can say is that, as far as general directors of English-speaking school boards go, we will make sure that these general directors are from the English-speaking community and, you know, that... How should I put it? We are going to make sure that the general managers or the general directors of the English-speaking school boards come from the English-speaking community. We will respect that, and we understand that it is important for the English-speaking community that they have general directors coming from the community.

Mme Henriquez (Gloria) : If the DGs' job is to ensure that the Government policies are put in place, I mean, it's no secret that the English community sometimes doesn't align with this current Government's policies. Isn't that a recipe for disaster?

M. Drainville : I don't know. You know what? If you look at the seven priorities I gave in January, I outlined in January — I said French, but, in the case of the English-speaking community, it's English, right: mastering of the English language, so I don't think that's an issue; having «aide à la classe», having child educators helping in the classroom, it doesn't matter whether it's a French or English classroom, I think it's going to be good for the kids; «projets particuliers», sports, arts, music, dance, technology, I think it's good for both communities; professional training, it's good for all communities; a fast lane of 30 credits to get your teaching permit, that's... if you got an undergraduate degree, that's good for everyone; efficiency, that's good for everyone; and investing in our schools, same goal. So, I think… you know what? I think the priorities are good for everyone, and I'm confident that we can all work together to make it happen.

Mme Plante (Caroline) : ...sur un autre sujet, M. Drainville...

M. Drainville : Oui, mais, si vous me permettez, Mme Plante, je vais répondre. Là, c'est quoi, notre «deadline»? Cinq minutes? Cinq minutes. O.K., cinq minutes sur d'autres sujets.

Mme Plante (Caroline) : Quand vous vous êtes lancé comme candidat, est-ce que vous étiez au courant qu'on étudiait un scénario de troisième lien pour le... exclusivement dédié au transport en commun? Étiez-vous au courant? Et, sinon, est-ce que vous auriez aimé l'être?

M. Drainville : Non, je n'étais pas au courant. Puis j'ajoute ceci : J'ai dit beaucoup de choses sur le troisième lien, j'ai donné beaucoup d'entrevues, j'ai fait des points de presse pénibles, pour moi en tout cas, et, je pense, j'ai tout dit ce que j'avais à dire sur le...

Mme Plante (Caroline) : ...oui, mais il y a quand même des éléments nouveaux aujourd'hui, donc...

M. Drainville : Oui, non, mais j'ai répondu à votre question, mais j'ajoute que je n'ai pas l'intention d'en rajouter sur le troisième lien. J'ai dit ce que j'avais à dire. Maintenant, il y a un nouveau projet sur la table, et mon travail, c'est de faire en sorte que ce projet-là avance. Donc, je vous le dis tout de suite, là, posez-moi toutes les questions que vous voudrez, mais la réponse, ça va être celle que je viens de vous donner.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...revenir sur le projet de loi.

M. Drainville : Pardon?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...juste sur un aspect que vous avez abordé en anglais sur le projet de loi. Formation continue, vous donnez des pouvoirs sur les conditions et modalités. Est-ce que ça va être possible pour le ministre de mettre la main dans le... mettre les mains, pardon, dans le contenu de la formation continue?

M. Drainville : Non.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Vous vous engagez à ne pas le faire?

M. Drainville : Les projets de formation continue seront accrédités par l'institut. Par contre, vous avez raison de dire, sur les 30 heures de formation continue aux deux ans qui sont prévues par la loi déjà, comme vous le savez, Mme Sioui, je pourrais effectivement demander, mettons, sur les 30 heures qu'il y en ait cinq heures qui soient consacrées, pour une année, là, mettons, au français, mettons, à l'enseignement du français. Je pourrais, oui, mais ce n'est pas moi qui déterminerais le contenu des formations. Mais je pourrais dire : Pour telle année, là, compte tenu du fait, là, que, visiblement, on a un enjeu au niveau du français, je souhaite qu'il y ait cinq des 30 heures qui soient consacrées au français ou qui soient consacrées à la gestion de la classe, des choses comme celles-là. Mais ce n'est pas mon intention, comment dire, d'établir de telles priorités pour les 30 heures, là. Les enseignants puis les enseignantes, là, vont avoir une vaste liberté de choix des formations qu'ils vont pouvoir pratiquer, mais c'est vrai que je pourrais, tel que le projet de loi le dit, prioriser certains thèmes pour un certain nombre d'heures.

Mais le contenu comme tel de ces formations-là, ça, ce n'est pas moi, c'est... En fait, l'Institut va accréditer, mais ça ne veut pas dire que l'institut va produire elle-même des contenus. Elle pourrait, mais elle pourrait aussi regarder tout autour. Il y en a déjà, des formations continues qui existent, et donc l'institut pourrait regarder ces différentes formations qui sont disponibles et les accréditer parce qu'elles sont basées sur des données probantes, elles sont basées sur la science.

Mme Lajoie (Geneviève) : M. Dainville, est-ce que... pour les profs, là, pour la pénurie de profs, qu'est-ce que votre projet de loi fait, concrètement, pour la pénurie de profs?

M. Drainville : Oui. Par exemple, avec la nouvelle procédure simplifiée pour créer de nouveaux programmes, on va pouvoir créer des programmes comme celui de 30 crédits qui va être offert par la TELUQ à partir de septembre prochain.

Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce que je trompe ou toutes les autres universités n'étaient pas d'accord avec ce programme-là, trouvaient que ce n'était pas assez pour devenir prof, là?

M. Drainville : Elles n'étaient pas très chaudes, vous avez raison, mais toutes, il faut faire attention. Je dirais la majorité. Toutes, ça se discute. Mais je vous dirais que, déjà, depuis quelques semaines, on sent qu'il y a une ouverture chez certains, dans certaines institutions, au sein de certaines facultés d'éducation, pour développer des programmes qui se... comment dire, qui s'inspirent de l'esprit que j'ai souhaité, c'est-à-dire une voie rapide pour les personnes qui ont déjà une formation pour leur permettre d'accéder au brevet. La TELUQ permet ça avec son 30 de crédits à partir de septembre, et ce que je sens, c'est qu'il y a d'autres facultés d'éducation maintenant qui réfléchissent activement à comment elles pourraient offrir des programmes qui nous permettraient, justement, une plus grande souplesse dans l'accession à la profession et donc qui viendraient m'aider avec la pénurie.

Mme Lajoie (Geneviève) : ...en ce moment.

M. Drainville : Oui, et les... vous avez raison, et les fonctions du CAPFE... la mission du CAPFE, elle est transférée à l'institut dans le projet de loi.

Le Modérateur : Merci beaucoup.

M. Drainville : C'est bon? Merci beaucoup, tout le monde.

(Fin à 12 h 01)

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