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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de langue française, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de santé, de services sociaux et de soins à domicile

Version finale

Le mercredi 10 mai 2023, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-sept minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. Vous vous souvenez qu'en matière d'immigration, dans l'opposition, le slogan de la CAQ, c'était : En prendre moins, mais en prendre soin. Maintenant au pouvoir, c'est : En prendre beaucoup plus et on n'en parle plus. Pourquoi je vous dis ça? 346 000 personnes non résidentes permanentes au Québec, ce chiffre est impressionnant, et ces données ne sont pas dans le calcul que le gouvernement a fait de la capacité d'accueil dans sa future politique. Pour une raison qui m'étonne, ils ne veulent pas aborder cette question, la question de la francisation, la question de la capacité d'accueil. Parce que vous savez qu'avec ce statut on peut renouveler à l'infini, c'est-à-dire qu'on peut rester ici, finalement, de façon permanente. C'est comme l'angle mort ou le sujet tabou pour la CAQ.

Alors, aujourd'hui, on aura une motion là-dessus qui va demander qu'on calcule ces 346 000 personnes, qui sont temporaires, qui sont au Québec et que le gouvernement accepte d'avoir, qu'ils puissent parler anglais, parce qu'ils répondent, j'imagine, à une demande qu'on leur a faite qu'ils veulent honorer. Donc, c'est un enjeu qui est très important.

Et, je le répète, aussi, sur l'immigration permanente, le premier ministre a dit hier quelque chose qui m'a fait sursauter. D'abord, sur les seuils, il dit : Seul le Québec décide. Bien, l'engagement de 2018, c'est 40 000. Ensuite, ils ont normalisé le 50 000 de Jean Charest et de Philippe Couillard, ils ont monté à 56 000, ils vont peut-être arriver à 70 000, et ils disent qu'ils vont en faire plus que les anciens gouvernements du Parti québécois.

Bien, vous savez quoi? J'ai vérifié auprès des anciens ministres qui ont siégé avec le premier ministre. Sous les gouvernements de M. Bouchard, les gouvernements de M. Landry, personne n'a un souvenir que François Legault, ministre de ces gouvernements, est intervenu sur la langue. Personne n'a ce souvenir-là. Peut-être que je vais en trouver, il y a plusieurs anciens qui sont ici aujourd'hui, mais je trouve ça très particulier. Alors, qu'on dise que Lucien Bouchard et Bernard Landry ne sont pas intervenus suffisamment sur la langue quand on n'a nous-mêmes pas fait d'intervention à ce sujet, je trouve ça particulier. Mon collègue va vous parler de sa soirée d'hier.

M. Arseneau : Oui. En fait, je vais vous parler effectivement de ma soirée d'hier. En fait, moi, hier, je me suis levé à 4 h 30 du matin aux Îles-de-la-Madeleine, j'ai pris l'avion pour venir ici, on a siégé à la commission santé notamment, et j'ai fini la journée à L'Isle-aux-Coudres. Et je peux vous dire que j'y ai vu, là-bas, une population mobilisée. La moitié de la population était réunie à l'église Saint-Bernard pour rencontrer la Société des traversiers du Québec pour lui exprimer, essentiellement, le fait qu'ils sont excédés, ils se sentent pris en otage, ils sont inquiets, ils sont en colère face au fait qu'on les traite littéralement comme des citoyens de deuxième zone.

La santé, la sécurité des résidents est à risque présentement. Les impacts économiques, les impacts touristiques sont immenses pour les habitants de L'Île-aux-Coudres, les Marsouins. L'anxiété, l'exaspération est vraiment à son comble, et la confiance envers la STQ est brisée. Les solutions qu'on a apportées hier sont inadéquates. Le service est absolument bancal actuellement, déficient, pas fiable. Il y a des pauses pendant la journée, il y a des interruptions de service au moindre vent de nordet.

Les citoyens réclament des actions et ont des pistes de solution à proposer, une solution à court terme. Et aujourd'hui je vais en appeler à la ministre des Transports. C'est une solution politique qu'on doit mettre de l'avant, et il faut le faire dès aujourd'hui. Il y a deux bateaux qui assurent actuellement la traverse Lévis-Québec. L'un d'entre eux doit être mobilisé immédiatement, et pas seulement quand il y aura une interruption de service, pour aller desservir adéquatement et dans la sécurité les habitants de L'Isle-aux-Coudres.

Imaginez, à chaque jour, là, on se demande si on va pouvoir aller au travail, à chaque jour, on se demande si les enfants vont pouvoir aller à l'école parce que les enseignants doivent traverser vers l'école pour les enseigner, à chaque jour, les gens qui ont des rendez-vous à l'hôpital se demandent s'ils vont pouvoir y aller, et Dieu sait que c'est difficile d'avoir un rendez-vous par les temps qui courent, à chaque jour, il y a des gens qui font de l'hébergement, il y a des gens qui préparent la saison touristique qui reçoivent des annulations, parce que la réputation, actuellement, de L'Isle-aux-Coudres est en train d'être entachée parce que leur route est brisée et qu'on ne la répare pas alors qu'on a les moyens de le faire.

Moi, j'implore la ministre aujourd'hui d'agir avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'on ait à déplorer un drame à L'Isle-aux-Coudres. La responsabilité de la ministre, c'est d'agir, c'est de prévenir, et de façon responsable. Et je suis de tout cœur et solidaire, entre insulaires, avec le positionnement de l'ensemble des résidents de l'île. Et j'invite donc la ministre à agir sans délai.

Je répondrai, j'imagine que vous aurez des questions sur la santé, mais je veux tout de suite mentionner qu'il y a quand même une bonne nouvelle, c'est que le ministre, même s'il nous impose l'étude d'un projet de loi mammouth avec presque 1 200 articles pour restructurer le système de santé, bien, il réalise que rien ne va plus sur le plan du terrain, de l'accessibilité aux soins, les listes de chirurgies qui s'allongent.

Alors là, il nous dit aujourd'hui : J'ai trouvé une solution, on a convenu d'une entente pour pouvoir réduire les listes d'attente en chirurgie, une entente avec la Fédération des médecins spécialistes du Québec pour utiliser les blocs opératoires du système de santé public. Donc, il semble que le gouvernement a vu la lumière. Les blocs opératoires du système de santé public sont sous-utilisés depuis des mois et des années, et on avait cette lubie-là de tourner vers le privé comme quoi on allait résorber les listes. Ça ne donne rien, mais ça coûte cher. Là, le gouvernement semble allumer, et nous, on est favorables à une position comme celle-là, une solution comme celle-là.

On a hâte de voir les détails, mais a priori il nous prouve presque par l'absurde que ce n'est pas en changeant la structure, puis en allant chercher des gestionnaires du privé, puis en créant une nouvelle structure administrative qu'on va régler les problèmes, c'est par des ententes avec les soignants, avec les spécialistes, avec les infirmières qu'on va pouvoir améliorer l'accessibilité du système de santé au Québec.

M. Desrosiers (Sébastien) : ...son objectif là-dessus, si vous le permettez, M. Arseneau, l'objectif, nous dit-on, c'est de rattraper le retard d'ici décembre 2024. Est-ce que vous croyez qu'il va y arriver?

M. Arseneau : Bien, 2024, c'est déjà loin, là. Alors, moi, je pense qu'on peut y arriver lorsqu'on collabore avec les gens qui sont responsables de, justement, de mener les opérations. 2024, ce n'est pas si ambitieux, là. Alors, moi je dis que, oui, ils doivent y arriver. C'est un objectif auquel on doit s'astreindre. L'entente a été signée. J'ose espérer, là, qu'on va mettre les conditions en place pour arriver à cet objectif-là. C'est déjà loin 2024.

M. Carmichael (Simon) : Sur les bateaux, là, à L'Isle-aux-Coudres, juste me répéter votre solution. Vous parlez de prendre un des deux bateaux à la traverse Québec-Lévis pour l'envoyer là-bas?

M. Arseneau : Hier, le gouvernement...

M. Carmichael (Simon) : Parce qu'en ce moment il reste juste un bateau entre Québec et Lévis, là.

M. Arseneau : Exactement. Mais, hier, ce qu'on a dit, essentiellement, aux gens de l'île... Puis je vous rappelle, là, ça, c'est la route quotidienne. Normalement, à toutes les heures, il y a un bateau qui doit faire le lien, puis, en été, il y a deux bateaux. Actuellement, il y a un bateau qui fonctionne tout croche, avec un équipage étranger, avec un manque de capitaines, ils font une pause pendant tout l'après-midi, pendant la soirée, et, au moindre vent, ils ne peuvent pas y aller, ils ne peuvent pas accoster puis ils n'ont pas les compétences. Ils sont en train de former du monde. Il y a un bateau à la traverse, les deux bateaux à la traverse Québec-Lévis qui peuvent être mobilisés, l'un d'entre eux peut être mobilisé et...

M. Gagnon (Marc-André) : Il y en a juste un seul, je l'ai pris la semaine passée. Il y a un bateau entre Québec et Lévis.

M. Arseneau : Le Lomer-Gouin n'est pas disponible à l'heure actuelle, c'est ce que vous me dites?

M. Gagnon (Marc-André) : Bien non, il est en travaux. Il y en a juste un qui fonctionne entre Québec et Lévis. Là, ce qu'il faut faire, c'est : on ferme la shop entre Québec puis Lévis pour aller à L'Isle-aux-Coudres?

M. Arseneau : Bien, en fait ce que je voulais dire, c'est qu'on nous a dit que le bateau en question, le Alphonse-Desjardins, sera disponible pour les gens de L'Isle-aux-Coudres...

Une voix : ...

M. Arseneau : ...non, s'il y a des bris de service d'ici le mois de juin, et, à ce moment-là, on déploiera un bateau de l'AML entre Québec et Lévis. Alors, nous, ce qu'on demande, c'est de ne pas attendre le bris de service de 24 heures, mais de le faire dès maintenant. C'est la demande du maire, c'est la demande de la communauté.

M. Lacroix (Louis) : ...le bateau disponible puis on l'enverrait à L'Isle-aux-Coudres, c'est ça?

M. Arseneau : À l'heure actuelle, il y a une situation de crise, une situation qui met en danger la vie des gens et il faut agir en...

M. Gagnon (Marc-André) : C'est parce que le navire, là, donc que vous aimeriez que la STQ affrète entre Québec et Lévis, si je me souviens bien, c'est uniquement pour les piétons. Ça ne fonctionne pas pour les véhicules. Puis je pense qu'il y avait de la houle pas mal, là, les gens ne l'aimaient pas vraiment. Donc, il faudrait implanter un service médiocre entre Québec et Lévis pour prendre le seul navire disponible puis dépanner ceux de L'Isle-aux-Coudres?

M. Arseneau : Je vous rappellerais qu'entre Québec et Lévis il y a quand même une autre façon de traverser, alors qu'entre L'Isle-aux-Coudres et Saint-Joseph-de-la-Rive, il n'y en a pas. Alors, un service d'hélicoptère, ça ne fonctionne pas, là, puis ça ne fonctionne pas la nuit d'ailleurs.

M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce vous demandez à la ministre de décider de devancer la livraison des bateaux qui ont été commandés en début d'année? Parce que la livraison, elle est prévue, là, pour...

M. Arseneau : 2031. Effectivement, c'est beaucoup trop long. Effectivement, on n'est même pas allé en appel d'offres. On a fait une annonce en grande pompe, 200 millions si je me souviens bien, mais on n'a pas procédé encore. C'est comme si on voulait faire taire les gens en disant : Bien, écoutez, là, vous aurez un bateau un jour. Mais, pendant ce temps là, la situation, elle, elle est périlleuse actuellement,

M. Lacroix (Louis) : Sur les salaires des députés, M. Bérubé, vous allez... est-ce que le Parti québécois va se ranger derrière la CAQ? Et est-ce que vous trouvez, vous, que... Vous êtes un des moins bien payé à l'Assemblée nationale.

M. Bérubé : Le moins bien payé.

M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce que vous pensez de cette augmentation?

M. Bérubé : D'abord, il y a deux classes de députés à l'Assemblée nationale, il y a les députés avec des primes, l'ensemble des députés de la CAQ, les 90, l'ensemble des députés libéraux, et il y a 10 députés qui n'ont aucune prime, les deux députés du Parti québécois, sept députés de Québec solidaire et la députée indépendante. Avec ce qui est proposé, ce que je peux lire ce matin dans La Presse, non seulement on augmente le salaire de députés, mais les députés qui ont des primes, il y a une augmentation de la prime. Alors, l'écart est encore plus grand entre ceux qui se sont fait récompenser par des primes et ceux qui n'ont pas de primes, les 10 que je viens de vous évoquer, dont nous deux. On se dit : On est les moins bien payés, probablement que ça fonctionne au mérite, hein, qu'on... nous, on doit être les moins bien payés parce qu'on est probablement les moins performants à l'Assemblée nationale. On se dit ça entre nous.

Ceci étant dit, on n'a pas vu le projet de loi, mais je veux vous indiquer comment ça s'est passé. Au caucus de la CAQ, là, c'est bien important pour eux autres. Ils font beaucoup de pression sur nous pour qu'on appuie ça. On n'a jamais demandé d'augmentation de salaire, on ne s'est jamais plaint de notre salaire. Moi, je connais le salaire moyen de la population de ma circonscription. Je ne suis pas venu en politique pour le salaire. Si vous aviez vu les offres qu'on m'a faites avant la dernière élection, si l'argent était une valeur dans ma vie, je ne serais plus en politique, d'accord? Je suis là parce que j'aime profondément ma fonction, même chose pour Joël. Alors, on n'exclut rien pour le vote, mais moi, je suis très mal à l'aise dans les... autant, dans la forme que dans le fond, et toute la pression que la CAQ met sur nous parce que c'est une des conditions pour faire plaisir à leurs députés pour qu'ils soient heureux, surtout ceux qui n'ont pas de fonction ministérielle. C'est ça, la vérité.

M. Pilon-Larose (Hugo) : ...porte ouverte?

M. Bérubé : Je n'ai pas vu le projet de loi. C'est pour ça.

M. Pilon-Larose (Hugo) : O.K. Mais, sur le fond, vous avez... vous venez de résumer l'essentiel de tout ce qui fait...

M. Bérubé : En présumant de ce qui va s'y retrouver, mais...

M. Pilon-Larose (Hugo) : Alors, qu'est ce qui ferait en sorte que la porte serait complètement ouverte?

M. Bérubé : Mes citoyens vont nous... moi, je suis très sensible à ça et je connais leurs conditions, et, je vous le dis, je n'ai jamais demandé d'argent.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, concrètement, ma question, c'est : Dans le projet de loi, là, qu'est-ce que vous voulez y retrouver pour que vous l'appuyiez?

M. Bérubé : Tu sais, le rapport est intéressant dans le sens qu'il démontre c'est quoi, les facteurs attractifs. L'idée, là, c'est que ça ne soit pas trop élevé pour que des gens viennent pour le salaire, mais en même temps assez élevé pour ne pas se priver de candidats, d'accord? C'est un peu ça, la zone. Si on compare avec les députés fédéraux, c'est presque le double, c'est une évidence.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais, si on compare aux autres provinces, on est... vous êtes les mieux payés déjà, là.

M. Bérubé : Oui. Puis il y a d'autres questions qui peuvent être abordées éventuellement. Le fonds de pension, par exemple, il aurait pu être abordé. Moi, je n'ai aucun problème avec ça, ça fait 16 ans que je suis ici.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc, dans le projet de loi, qu'est-ce qu'on doit y retrouver pour que le Parti québécois l'appuie?

M. Bérubé : Avant même... J'ai un malaise là-dessus. On est en négociations du secteur public, donc il y a l'opportunité de le faire, le moment, puis il y a aussi l'augmentation. Sur l'augmentation, ça peut se défendre à certains égards, mais il faut le faire correctement. Mais, dans les deux cas, moi, je me sens bousculé dans ce débat-là par la CAQ qui tient absolument à ce qu'on adopte ça. Ça fait six députés qui viennent me voir pour essayer de nous convaincre qu'il faut appuyer la CAQ là-dessus. Alors, on n'exclut...

M. Lacroix (Louis) : Qui?

M. Bérubé : Ah! bien, je ne veux pas le dire parce qu'ils ne me parleront plus. Vous savez ce que c'est, M. Lacroix.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc, il n'y a aucune chance que le Parti québécois vote pour si un vote est appelé en juin?

M. Bérubé : Je dirais que rien qui est exclu. On va en parler au caucus aujourd'hui puis on va attendre le projet de loi, mais moi, là, je vous ai entendu avec les autres collègues tout à l'heure, moi, je suis mal à l'aise. Joël, veux-tu dire un mot là-dessus?

M. Lacroix (Louis) : Mais allez-vous accepter l'argent, M. Bérubé? Est-ce que vous allez accepter l'argent, si on vous... Si ça passe, bien là, vous allez être forcé d'avoir 30 000 $ de plus?

M. Bérubé : Je vous reviendrai avec autant de transparence, soyez-en assuré. Je ne me défilerai pas.

M. Lacroix (Louis) : Mais votre décision n'est pas prise?

M. Bérubé : Non, puis je... ça me fatigue.

M. Carabin (François) : Est-ce que c'est la valeur de la hausse qui vous met mal à l'aise ou... Si on parlait de 15 000 $, par exemple?

M. Bérubé : Le moment, l'opportunité, la façon, d'où ça origine. Ça origine du caucus de la CAQ qui essaie de convaincre tout le monde qu'on a besoin de ça. On n'a jamais parlé de ça, on ne se plaint pas, on est heureux d'être ici dans les conditions. Moi, je n'ai pas à me plaindre, d'accord? Mais il y a ça. Sur le montant, c'est défendable à certains égards, mais, en même temps, il faut toujours se comparer. Il y a les autres législations québécoises. Moi, je me compare souvent avec ma députée fédérale qui fait un bon travail aussi, mais c'est presque le double. Alors, on est dans une situation où on va devoir trancher cette question-là puis on ne se défilera pas. Quand notre décision va être prise, je viendrai vous dire pourquoi. Mais, à première vue, là, vous me connaissez depuis assez longtemps, ce n'est pas les raisons financières qui font en sorte que je suis toujours ici.

M. Laberge (Thomas) : ...ils aimeraient avoir l'alliance avec d'autres partis, là, sur cette question-là, là. Est-ce que vous êtes ouverts à discuter avec Québec solidaire?

M. Bérubé : De quoi?

M. Laberge (Thomas) : Est-ce que vous êtes ouverts à discuter avec Québec solidaire? Eux, ils veulent voter contre. Ils voudraient que ça soit un comité exécutoire qui décide.

M. Bérubé : Oui. Bien, on va prendre...

M. Laberge (Thomas) : Vous avez plein de malaises. Est-ce que...

M. Bérubé : On va prendre notre propre décision, sans égard à Québec solidaire. Mais je vous fournis l'information quand même. Retenez que 100 % des députés de la CAQ et des députés libéraux ont des primes et que, si ce projet de loi, avec ce qu'on apprend ce matin, arrive, l'écart va être encore plus grand entre les 10 députés qui n'ont aucune prime et ceux-là. Donc, il y a deux classes de députés, et c'est assez incroyable. Alors, moi, ça, c'est une autre affaire que je n'accepte pas. Il ne peut pas y avoir deux classes de députés à l'Assemblée nationale, les députés récompensés parce qu'ils ne sont pas ministres puis d'autres, parce qu'ils seraient dans l'opposition, ils méritent d'être moins bien payés. Ça, je combats cette idée-là. Et je vous ai fourni à plusieurs la liste des 10 députés. Je le ferais pour les autres. Ça, c'est inacceptable, alors...

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'il devrait y avoir une clause d'exclusion, par exemple, de dire : Bien, si le député ne la veut pas...

M. Bérubé : Je pense... On a entendu dire qu'il allait y en avoir une. On a entendu qu'il allait y en avoir une, mais je ne veux pas présumer, ça va être déposé jeudi.

M. Lacroix (Louis) : Et, s'il y en a une, allez-vous vous en prévaloir?

M. Bérubé : Je viendrai vous le dire avec beaucoup de transparence.

M. Lacroix (Louis) : Mais vous n'avez pas pris de décision?

M. Bérubé : On n'a pas vu le projet de loi. Il faut que je le voie avant. Mais on ne se défilera pas là-dessus, on va venir vous expliquer quelle est notre position avec la même candeur que j'aie présentement. Mais ce sera Paul qui le fera, là, puis on sera à ses côtés pour la faire.

M. Desrosiers (Sébastien) : Sur les maisons des aînés, comment vous expliquez les retards, là? On apprend qu'il y a au moins une dizaine de projets qui ne seront pas livrés à temps. Puis est-ce que vous en avez dans votre circonscription au Parti québécois?

M. Arseneau : Bien, il y a un projet, pour répondre à la dernière partie de votre question, il y a un projet de maison des aînés aux Îles-de-la-Madeleine, où ce serait essentiellement 1,6 million par porte. Je vous soulignerais qu'actuellement on a deux CHSLD, un plus récent, un privé, et qu'il n'y a pas de besoin à l'heure actuelle de créer une maison des aînés, là, et à ce coût-là dans notre circonscription.

Maintenant, ces coûts-là, ils explosent. C'était prévisible. Le manque de personnel, évidemment, est exacerbé par la situation actuelle dans le milieu de la santé et des services sociaux. C'était prévisible. Et on nous disait la semaine dernière qu'on allait rénover 19 CHSLD pour les transformer en maison des aînés à 1,2 million de dollars par porte et qu'on ne créerait que 200 nouvelles places, et tout ça pour la modique somme de 1,2 milliard, si je me souviens bien.

Rappelez-vous que la Vérificatrice générale, l'an dernier, a déposé un rapport, c'est très récent, là, au printemps 2022, en disant que le ministère n'avait aucune planification, ni sur l'hébergement ni sur les soins à domicile et ni sur le plan financier pour répondre aux besoins, que, si on devait rénover les... je pense que c'est 55 % des CHSLD qui devraient être rénovés, sur les 35 000 places qui existent à l'heure actuelle, on a un besoin, d'ici 2028, de 18 000 nouvelles places en hébergement.

Grosso modo, si le gouvernement, là, veut éviter, comme l'a dit la ministre Bélanger la semaine dernière, de créer deux classes de citoyens dans les CHSLD, parce qu'on veut faire des maisons des aînés pour tout le monde, au bas mot, on en a pour 61,5 milliards de dollars à investir d'ici les 10 prochaines années. Ce projet-là ne se réalisera pas de la façon dont le gouvernement est parti, à moins qu'il souhaite ruiner le Québec. Et c'est... il n'y a rien là-dedans de surprenant, ça a été fait sur le coin d'une table. C'est comme le troisième lien, mais appliqué aux services aux aînés. Et, pendant ce temps là, on élimine complètement le virage essentiel à faire sur les soins et les services à domicile.

M. Bérubé : Je veux ajouter l'élément qui est rapporté par Radio-Canada ce matin. Matane-Matapédia, peut-être la circonscription la plus âgée au Québec, moyenne d'âge 52 ans : aucune maison des aînés. Plusieurs circonscriptions de la CAQ, moyenne d'âge 38 ans : des maisons des aînés.

Alors, voici ce que je vais faire aujourd'hui. Je vais demander des explications à la ministre et, si elles sont insatisfaisantes, je dépose un dossier aujourd'hui même à la Vérificatrice générale du Québec pour qu'elle puisse s'enquérir des critères pour construire des maisons des aînés. Est-ce qu'on a choisi volontairement de ne pas en faire une dans ma circonscription? Si c'est le cas, croyez-moi, il y aura des suites. Alors, comment on explique qu'à des endroits il y a beaucoup moins de pression, il y a même des endroits où il n'y a pas tant de demandes que ça, on en annonce, et pas dans Matane-Matapédia ni à Mont-Joli, ni à Amqui, ni à Matane? Oh! que non, ça ne restera pas comme ça.

Le Modérateur : Une dernière en français.

M. Gagnon (Marc-André) : Je vais revenir sur le dossier des traversiers, profiter de votre présence à tous les deux. Vous n'avez pas l'impression quelque part que la STQ n'apprend pas de ses erreurs, quand on regarde ce qui s'est passé à Matane, quand on regarde ce qui se passe en ce moment à L'Isle-aux-Coudres puis qu'on se rappelle le fait aussi qu'entre Québec et Lévis les deux bateaux datent de 1970, 1971 puis qu'ils arrivent en fin de vie et qu'il n'y a toujours pas de navire de relève de commandé? Parce que, fondamentalement, c'est probablement ça, le problème, c'est qu'ils attendent trop longtemps avant de commander des bateaux pour remplacer les vieux puis ils font du neuf avec du vieux.

M. Arseneau : Bien, exactement. Là, on est dans l'urgence à chaque fois qu'il y a un bateau qui tombe en panne, et il y a des bateaux qui sont vieillissants. Puis même les neufs tombent en panne, évidemment, si on parle du F.-A.-Gauthier. Alors, on a absolument à déplorer aujourd'hui qu'on est en gestion de crise perpétuelle à la Société des traversiers du Québec. On a manqué d'anticipation, manqué de planification. Et là aujourd'hui on nous annonce qu'on va construire des bateaux d'ici huit ans. Évidemment, le service...

Une voix : ...2029.

M. Arseneau : 2029? Ici, il est question, puis je veux le rappeler, de désenclaver des communautés insulaires ou des communautés isolées. Essentiellement, la STQ prend le relais du ministère des Transports pour s'assurer qu'il y ait une route qui desserve nos communautés. Et le gouvernement, et la STQ dans ce cas-là, faillit à la tâche mois après mois, pour desservir ces communautés-là, avec les conséquences qu'on connaît sur le plan social, économique, de la santé, de l'éducation. Et c'est ça qui est inacceptable, parce qu'évidemment, aujourd'hui, il faut ramer à contre-courant, c'est le cas de le dire, mais parce qu'on a trop longtemps navigué à vue.

M. Bérubé : C'est le cas de le dire. Un élément supplémentaire, sur la rivière Saguenay, le projet de pont que nous, on souhaite voir se réaliser entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac, vous savez qu'il y a déjà un traversier qui est commandé par le gouvernement du Québec. Bien, si...

Une voix : ...

M. Bérubé : Oui. Mais, s'ils font le pont, ils n'auront pas besoin du traversier. Ça serait peut-être une solution.

M. Gagnon (Marc-André) : Les traversiers qui sont commandés, excuse, c'est pour L'Isle-aux-Coudres et Sorel-Tracy, ce n'est pas pour Tadoussac.

M. Bérubé : Oui, mais, potentiellement, il y en a un qui pourrait servir pour... en tout cas, à ma connaissance pour Baie-Sainte-Catherine, là. Ça a été rapporté par la Coalition Union 138. Alors, je prends leur sortie là-dessus, où ils se questionnent sur l'opportunité. Donc, il est clair que, tant... ce que j'ai vu hier à L'Isle-aux-Coudres, je pourrais aussi faire la même chose à l'aréna de Matane puis à l'aréna de Baie-Comeau, sur tous les ratés de la STQ. Et, à chaque fois qu'il y a un enjeu, c'est une société qui sert de bouclier au ministère des Transports en disant : C'est cette société-là qui s'en occupe. Alors, vous voyez la déresponsabilisation, comme à la SAAQ, Société de l'assurance automobile du Québec, ils disent : C'est eux autres qui s'occupent de ça. La grogne est épouvantable. Matane—Baie-Comeau—Godbout, là, le détour, c'est 10 heures par Québec. Les gens ne sont pas payés, ils doivent payer les repas, l'essence, il manque des jours de travail. C'est une société épouvantable.

Et je vous ai révélé la semaine passée que j'ai fait une demande d'accès à l'information. Je suis obligé d'aller au tribunal administratif pour demander des informations à la Société des traversiers du Québec. Ils ont engagé un avocat de la firme Langlois pour faire en sorte de m'empêcher d'avoir accès à des informations de base sur les activités de la Société des traversiers. J'ai tout gardé ça. J'attends le jugement de la juge là-dessus. En 16 ans de vie politique, j'ai trouvé particulièrement étonnant d'avoir à combattre un avocat, qui, lui, fait tout pour ne pas que j'aie accès à des informations à la Société des traversiers pour ce qui est de la traverse Matane—Baie-Comeau—Godbout. Il y a notamment un suivi qui est fait sur un reportage d'Enquête sur un scandale qui avait eu lieu. Donc, c'est une société toute croche, et les ministres des Transports, bien, ils se gardent bien de venir à Matane, à Baie-Comeau ou à Godbout, parce qu'ils ne veulent pas être associés à du négatif, mais, pour nous, c'est notre unique lien, puis c'est fondamental. Puis c'est la même chose à L'Isle-aux-Coudres.

M. Laberge (Thomas) : Juste une précision, M. Bérubé. Vous avez parlé de six députés qui sont venus vous voir. Tous des députés de la Coalition avenir Québec?

M. Bérubé : Oui, tous des lobbyistes non enregistrés.

M. Laberge (Thomas) : Mais tous de la CAQ?

M. Bérubé : Oui.

M. Carabin (François) : Puis, M. Arseneau, juste, rapidement, sur le projet de loi n° 15, qu'est-ce que vous avez pensé l'attitude de M. Dubé dans ses échanges avec la FMOQ, hier?

M. Arseneau : Le ministre Dubé n'aime pas être contredit, il n'aime pas être amené à justifier ses propres contradictions. Il se montre parfois irritable et très sanguin lorsqu'on le critique sur le fond de sa réforme, notamment sur le fait que c'est une réforme qui est hypercentralisatrice, alors qu'il se plaît à dire le contraire depuis le dépôt du projet de loi. Alors, évidemment, se faire dire ses quatre vérités par la Fédération des médecins omnipraticiens, il n'a pas apprécié. L'échange était quand même divertissant, mais je pense que les médecins, qui sont au coeur, évidemment, du système de santé, ont dit essentiellement la vérité, et ont mis en garde le ministre contre ses vues de centralisation qui risquent, à bien des égards, de rendre la situation encore plus difficile dans le monde de la santé que de l'améliorer, sur ce plan-là du moins.

Or, les gens veulent tous contribuer à trouver des solutions. Mais l'architecture du projet de loi, en éliminant d'ailleurs les médecins, c'est ce qu'ils revendiquaient d'ailleurs, là, d'avoir un mot à dire, bien, ils ont déploré le fait que ça va, justement, favoriser la fuite, l'exode ou la prise de retraite d'un certain nombre de médecins. Et l'approche coercitive du gouvernement à cet égard-là va être contre-productive. Le ministre n'aime pas se faire dire ces choses-là, mais je pense qu'il doit faire face à la réalité. Nous, on va certainement lui rappeler, là, que le projet de loi doit être grandement amélioré.

Le Modérateur : On va passer en anglais.

M. Authier (Philip) : I just have one. Mr. Bérubé, you just said you did not... you are not asking, and you did not ask for a salary increase as a «député», as an MNA. Do you think the timing is right for the Government to table such a bill? Because a $30,000 increase, for people struggling to pay their groceries, might seem excessive.

M. Bérubé : To be honest, there will never be a good time for salary increase because there's no good moment for that. But we need to compare with other deputies. Like, in Ottawa, it's almost the double. So, we have some problem with the way it works right now, the CAQ pushing a lot of pressure on us to make sure that we are... we agree this bill. We're not comfortable with that. We didn't ask for much more money. And you have to know that 10 MNAs in the National Assembly have the minimum wage because they don't have any bonuses. All the MNAs for the CAQ and the Liberal party have extras. And it's going to be worst with this because they're going to increase the bonus with the primary salary. So, we didn't ask for any money, and we feel that there's a lot of pressure on us. And we don't exclude any vote on this bill, we didn't see the bill yet. But it seems that, in the CAQ caucus, there are problems with holding their MNAs, make sure that they stay happy. And one of the solutions for the CAQ is: You know what? We're all going to give you increase of your salary. What do you think about that? Yeah! So, this is how this caucus works to make sure that anyone is unhappy and anyone who wants to talk to you about what's happening in this caucus. So, they're quite clever at the CAQ for that.

(Fin de la séance à 9 h 25)

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