(Huit heures cinquante-sept minutes)
M. Bérubé :
Bonjour, tout le monde.
Vous vous souvenez qu'en matière d'immigration, dans l'opposition, le slogan de
la CAQ, c'était : En prendre moins, mais en prendre soin. Maintenant au pouvoir,
c'est : En prendre beaucoup plus et on n'en parle plus. Pourquoi je vous
dis ça? 346 000 personnes non résidentes permanentes au Québec, ce chiffre
est impressionnant, et ces données ne sont pas dans le calcul que le
gouvernement a fait de la capacité d'accueil dans sa future politique. Pour une
raison qui m'étonne, ils ne veulent pas aborder cette question, la question de
la francisation, la question de la capacité d'accueil. Parce que vous savez
qu'avec ce statut on peut renouveler à l'infini, c'est-à-dire qu'on peut rester
ici, finalement, de façon permanente. C'est comme l'angle mort ou le sujet
tabou pour la CAQ.
Alors, aujourd'hui, on aura une motion
là-dessus qui va demander qu'on calcule ces 346 000 personnes, qui
sont temporaires, qui sont au Québec et que le gouvernement accepte d'avoir, qu'ils
puissent parler anglais, parce qu'ils répondent, j'imagine, à une demande qu'on
leur a faite qu'ils veulent honorer. Donc, c'est un enjeu qui est très
important.
Et, je le répète, aussi, sur l'immigration
permanente, le premier ministre a dit hier quelque chose qui m'a fait
sursauter. D'abord, sur les seuils, il dit : Seul le Québec décide. Bien, l'engagement
de 2018, c'est 40 000. Ensuite, ils ont normalisé le 50 000 de Jean
Charest et de Philippe Couillard, ils ont monté à 56 000, ils vont
peut-être arriver à 70 000, et ils disent qu'ils vont en faire plus que
les anciens gouvernements du Parti québécois.
Bien, vous savez quoi? J'ai vérifié auprès
des anciens ministres qui ont siégé avec le premier ministre. Sous les
gouvernements de M. Bouchard, les gouvernements de M. Landry,
personne n'a un souvenir que François Legault, ministre de ces gouvernements,
est intervenu sur la langue. Personne n'a ce souvenir-là. Peut-être que je vais
en trouver, il y a plusieurs anciens qui sont ici aujourd'hui, mais je trouve
ça très particulier. Alors, qu'on dise que Lucien Bouchard et Bernard Landry ne
sont pas intervenus suffisamment sur la langue quand on n'a nous-mêmes pas fait
d'intervention à ce sujet, je trouve ça particulier. Mon collègue va vous
parler de sa soirée d'hier.
M. Arseneau : Oui. En fait, je
vais vous parler effectivement de ma soirée d'hier. En fait, moi, hier, je me
suis levé à 4 h 30 du matin aux Îles-de-la-Madeleine, j'ai pris
l'avion pour venir ici, on a siégé à la commission santé notamment, et j'ai
fini la journée à L'Isle-aux-Coudres. Et je peux vous dire que j'y ai vu,
là-bas, une population mobilisée. La moitié de la population était réunie à
l'église Saint-Bernard pour rencontrer la Société des traversiers du Québec
pour lui exprimer, essentiellement, le fait qu'ils sont excédés, ils se sentent
pris en otage, ils sont inquiets, ils sont en colère face au fait qu'on les
traite littéralement comme des citoyens de deuxième zone.
La santé, la sécurité des résidents est à
risque présentement. Les impacts
économiques, les impacts touristiques sont immenses pour les habitants de L'Île-aux-Coudres,
les Marsouins. L'anxiété, l'exaspération est vraiment à son comble, et la confiance
envers la STQ est brisée. Les solutions qu'on a apportées hier sont
inadéquates. Le service est absolument bancal actuellement, déficient, pas
fiable. Il y a des pauses pendant la journée, il y a des interruptions de
service au moindre vent de nordet.
Les citoyens réclament des actions et ont
des pistes de solution à proposer, une solution à court terme. Et aujourd'hui
je vais en appeler à la ministre des Transports. C'est une solution politique
qu'on doit mettre de l'avant, et il faut le faire dès aujourd'hui. Il y a deux
bateaux qui assurent actuellement la traverse Lévis-Québec. L'un d'entre eux
doit être mobilisé immédiatement, et pas seulement quand il y aura une
interruption de service, pour aller desservir adéquatement et dans la sécurité
les habitants de L'Isle-aux-Coudres.
Imaginez, à chaque jour, là, on se demande
si on va pouvoir aller au travail, à chaque jour, on se demande si les enfants
vont pouvoir aller à l'école parce que les enseignants doivent traverser vers l'école
pour les enseigner, à chaque jour, les gens qui ont des rendez-vous à l'hôpital
se demandent s'ils vont pouvoir y aller, et Dieu sait que c'est difficile
d'avoir un rendez-vous par les temps qui courent, à chaque jour, il y a
des gens qui font de l'hébergement, il y a des gens qui préparent la saison
touristique qui reçoivent des annulations, parce que la réputation,
actuellement, de L'Isle-aux-Coudres est en train d'être entachée parce que leur
route est brisée et qu'on ne la répare pas alors qu'on a les moyens de le
faire.
Moi, j'implore la ministre aujourd'hui d'agir
avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'on ait à déplorer un drame à L'Isle-aux-Coudres.
La responsabilité de la ministre, c'est d'agir, c'est de prévenir, et de façon
responsable. Et je suis de tout cœur et solidaire, entre insulaires, avec le
positionnement de l'ensemble des résidents de l'île. Et j'invite donc la
ministre à agir sans délai.
Je répondrai, j'imagine que vous aurez des
questions sur la santé, mais je veux tout de suite mentionner qu'il y a quand
même une bonne nouvelle, c'est que le ministre, même s'il nous impose l'étude d'un
projet de loi mammouth avec presque 1 200 articles pour restructurer
le système de santé, bien, il réalise que rien ne va plus sur le plan du
terrain, de l'accessibilité aux soins, les listes de chirurgies qui s'allongent.
Alors là, il nous dit aujourd'hui : J'ai
trouvé une solution, on a convenu d'une entente pour pouvoir réduire les listes
d'attente en chirurgie, une entente avec la Fédération des médecins
spécialistes du Québec pour utiliser les blocs opératoires du système de santé
public. Donc, il semble que le gouvernement a vu la lumière. Les blocs
opératoires du système de santé public sont sous-utilisés depuis des mois et
des années, et on avait cette lubie-là de tourner vers le privé comme quoi on
allait résorber les listes. Ça ne donne rien, mais ça coûte cher. Là, le
gouvernement semble allumer, et nous, on est favorables à une position comme
celle-là, une solution comme celle-là.
On a hâte de voir les détails, mais a
priori il nous prouve presque par l'absurde que ce n'est pas en changeant la
structure, puis en allant chercher des gestionnaires du privé, puis en créant
une nouvelle structure administrative qu'on va régler les problèmes, c'est par
des ententes avec les soignants, avec les spécialistes, avec les infirmières qu'on
va pouvoir améliorer l'accessibilité du système de santé au Québec.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...son
objectif là-dessus, si vous le permettez, M. Arseneau, l'objectif, nous
dit-on, c'est de rattraper le retard d'ici décembre 2024. Est-ce que vous
croyez qu'il va y arriver?
M. Arseneau : Bien, 2024, c'est
déjà loin, là. Alors, moi, je pense qu'on peut y arriver lorsqu'on collabore
avec les gens qui sont responsables de, justement, de mener les opérations.
2024, ce n'est pas si ambitieux, là. Alors, moi je dis que, oui, ils doivent y
arriver. C'est un objectif auquel on doit s'astreindre. L'entente a été signée.
J'ose espérer, là, qu'on va mettre les conditions en place pour arriver à cet
objectif-là. C'est déjà loin 2024.
M. Carmichael (Simon) : Sur
les bateaux, là, à L'Isle-aux-Coudres, juste me répéter votre solution. Vous
parlez de prendre un des deux bateaux à la traverse Québec-Lévis pour l'envoyer
là-bas?
M. Arseneau : Hier, le
gouvernement...
M. Carmichael (Simon) : Parce
qu'en ce moment il reste juste un bateau entre Québec et Lévis, là.
M. Arseneau : Exactement.
Mais, hier, ce qu'on a dit, essentiellement, aux gens de l'île... Puis je vous
rappelle, là, ça, c'est la route quotidienne. Normalement, à toutes les heures,
il y a un bateau qui doit faire le lien, puis, en été, il y a deux bateaux.
Actuellement, il y a un bateau qui fonctionne tout croche, avec un équipage
étranger, avec un manque de capitaines, ils font une pause pendant tout l'après-midi,
pendant la soirée, et, au moindre vent, ils ne peuvent pas y aller, ils ne
peuvent pas accoster puis ils n'ont pas les compétences. Ils sont en train de
former du monde. Il y a un bateau à la traverse, les deux bateaux à la traverse
Québec-Lévis qui peuvent être mobilisés, l'un d'entre eux peut être mobilisé
et...
M. Gagnon (Marc-André) : Il y
en a juste un seul, je l'ai pris la semaine passée. Il y a un bateau entre
Québec et Lévis.
M. Arseneau : Le Lomer-Gouin
n'est pas disponible à l'heure actuelle, c'est ce que vous me dites?
M. Gagnon (Marc-André) : Bien
non, il est en travaux. Il y en a juste un qui fonctionne entre Québec et Lévis.
Là, ce qu'il faut faire, c'est : on ferme la shop entre Québec puis Lévis
pour aller à L'Isle-aux-Coudres?
M. Arseneau : Bien, en fait
ce que je voulais dire, c'est qu'on nous a dit que le bateau en question, le
Alphonse-Desjardins, sera disponible pour les gens de L'Isle-aux-Coudres...
Une voix : ...
M. Arseneau : ...non, s'il y
a des bris de service d'ici le mois de juin, et, à ce moment-là, on déploiera
un bateau de l'AML entre Québec et Lévis. Alors, nous, ce qu'on demande, c'est
de ne pas attendre le bris de service de 24 heures, mais de le faire dès
maintenant. C'est la demande du maire, c'est la demande de la communauté.
M. Lacroix (Louis) : ...le
bateau disponible puis on l'enverrait à L'Isle-aux-Coudres, c'est ça?
M. Arseneau : À l'heure
actuelle, il y a une situation de crise, une situation qui met en danger la vie
des gens et il faut agir en...
M. Gagnon (Marc-André) : C'est
parce que le navire, là, donc que vous aimeriez que la STQ affrète entre Québec
et Lévis, si je me souviens bien, c'est uniquement pour les piétons. Ça ne
fonctionne pas pour les véhicules. Puis je pense qu'il y avait de la houle pas
mal, là, les gens ne l'aimaient pas vraiment. Donc, il faudrait implanter un
service médiocre entre Québec et Lévis pour prendre le seul navire disponible
puis dépanner ceux de L'Isle-aux-Coudres?
M. Arseneau : Je vous
rappellerais qu'entre Québec et Lévis il y a quand même une autre façon de
traverser, alors qu'entre L'Isle-aux-Coudres et Saint-Joseph-de-la-Rive, il n'y
en a pas. Alors, un service d'hélicoptère, ça ne fonctionne pas, là, puis ça ne
fonctionne pas la nuit d'ailleurs.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
vous demandez à la ministre de décider de devancer la livraison des bateaux qui
ont été commandés en début d'année? Parce que la livraison, elle est prévue,
là, pour...
M. Arseneau : 2031.
Effectivement, c'est beaucoup trop long. Effectivement, on n'est même pas allé
en appel d'offres. On a fait une annonce en grande pompe, 200 millions si
je me souviens bien, mais on n'a pas procédé encore. C'est comme si on voulait
faire taire les gens en disant : Bien, écoutez, là, vous aurez un bateau
un jour. Mais, pendant ce temps là, la situation, elle, elle est périlleuse
actuellement,
M. Lacroix (Louis) : Sur les
salaires des députés, M. Bérubé, vous allez... est-ce que le Parti
québécois va se ranger derrière la CAQ? Et est-ce que vous trouvez, vous, que...
Vous êtes un des moins bien payé à l'Assemblée nationale.
M. Bérubé : Le moins bien
payé.
M. Lacroix (Louis) : Qu'est-ce
que vous pensez de cette augmentation?
M. Bérubé : D'abord, il y a
deux classes de députés à l'Assemblée nationale, il y a les députés avec des
primes, l'ensemble des députés de la CAQ, les 90, l'ensemble des députés
libéraux, et il y a 10 députés qui n'ont aucune prime, les deux députés du
Parti québécois, sept députés de Québec solidaire et la députée indépendante.
Avec ce qui est proposé, ce que je peux lire ce matin dans La Presse,
non seulement on augmente le salaire de députés, mais les députés qui ont des
primes, il y a une augmentation de la prime. Alors, l'écart est encore plus
grand entre ceux qui se sont fait récompenser par des primes et ceux qui n'ont
pas de primes, les 10 que je viens de vous évoquer, dont nous deux. On se
dit : On est les moins bien payés, probablement que ça fonctionne au
mérite, hein, qu'on... nous, on doit être les moins bien payés parce qu'on est
probablement les moins performants à l'Assemblée nationale. On se dit ça entre
nous.
Ceci étant dit, on n'a pas vu le projet de
loi, mais je veux vous indiquer comment ça s'est passé. Au caucus de la CAQ,
là, c'est bien important pour eux autres. Ils font beaucoup de pression sur
nous pour qu'on appuie ça. On n'a jamais demandé d'augmentation de salaire, on
ne s'est jamais plaint de notre salaire. Moi, je connais le salaire moyen de la
population de ma circonscription. Je ne suis pas venu en politique pour le
salaire. Si vous aviez vu les offres qu'on m'a faites avant la dernière
élection, si l'argent était une valeur dans ma vie, je ne serais plus en
politique, d'accord? Je suis là parce que j'aime profondément ma fonction, même
chose pour Joël. Alors, on n'exclut rien pour le vote, mais moi, je suis très
mal à l'aise dans les... autant, dans la forme que dans le fond, et toute la
pression que la CAQ met sur nous parce que c'est une des conditions pour faire
plaisir à leurs députés pour qu'ils soient heureux, surtout ceux qui n'ont pas
de fonction ministérielle. C'est ça, la vérité.
M. Pilon-Larose (Hugo) : ...porte
ouverte?
M. Bérubé : Je n'ai pas vu le
projet de loi. C'est pour ça.
M. Pilon-Larose (Hugo) : O.K.
Mais, sur le fond, vous avez... vous venez de résumer l'essentiel de tout ce
qui fait...
M. Bérubé : En présumant de
ce qui va s'y retrouver, mais...
M. Pilon-Larose (Hugo) : Alors,
qu'est ce qui ferait en sorte que la porte serait complètement ouverte?
M. Bérubé : Mes citoyens vont
nous... moi, je suis très sensible à ça et je connais leurs conditions, et, je
vous le dis, je n'ai jamais demandé d'argent.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais,
concrètement, ma question, c'est : Dans le projet de loi, là, qu'est-ce
que vous voulez y retrouver pour que vous l'appuyiez?
M. Bérubé : Tu sais, le
rapport est intéressant dans le sens qu'il démontre c'est quoi, les facteurs
attractifs. L'idée, là, c'est que ça ne soit pas trop élevé pour que des gens
viennent pour le salaire, mais en même temps assez élevé pour ne pas se priver
de candidats, d'accord? C'est un peu ça, la zone. Si on compare avec les
députés fédéraux, c'est presque le double, c'est une évidence.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais,
si on compare aux autres provinces, on est... vous êtes les mieux payés déjà,
là.
M. Bérubé : Oui. Puis il y a
d'autres questions qui peuvent être abordées éventuellement. Le fonds de
pension, par exemple, il aurait pu être abordé. Moi, je n'ai aucun problème
avec ça, ça fait 16 ans que je suis ici.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
dans le projet de loi, qu'est-ce qu'on doit y retrouver pour que le Parti
québécois l'appuie?
M. Bérubé : Avant même... J'ai
un malaise là-dessus. On est en négociations du secteur public, donc il y a
l'opportunité de le faire, le moment, puis il y a aussi l'augmentation. Sur
l'augmentation, ça peut se défendre à certains égards, mais il faut le faire
correctement. Mais, dans les deux cas, moi, je me sens bousculé dans ce
débat-là par la CAQ qui tient absolument à ce qu'on adopte ça. Ça fait six
députés qui viennent me voir pour essayer de nous convaincre qu'il faut appuyer
la CAQ là-dessus. Alors, on n'exclut...
M. Lacroix (Louis) : Qui?
M. Bérubé : Ah! bien, je ne
veux pas le dire parce qu'ils ne me parleront plus. Vous savez ce que c'est,
M. Lacroix.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Donc,
il n'y a aucune chance que le Parti québécois vote pour si un vote est appelé
en juin?
M. Bérubé : Je dirais que
rien qui est exclu. On va en parler au caucus aujourd'hui puis on va attendre
le projet de loi, mais moi, là, je vous ai entendu avec les autres collègues
tout à l'heure, moi, je suis mal à l'aise. Joël, veux-tu dire un mot là-dessus?
M. Lacroix (Louis) : Mais
allez-vous accepter l'argent, M. Bérubé? Est-ce que vous allez accepter
l'argent, si on vous... Si ça passe, bien là, vous allez être forcé d'avoir
30 000 $ de plus?
M. Bérubé : Je vous
reviendrai avec autant de transparence, soyez-en assuré. Je ne me défilerai
pas.
M. Lacroix (Louis) : Mais
votre décision n'est pas prise?
M. Bérubé : Non, puis je... ça
me fatigue.
M. Carabin (François) : Est-ce
que c'est la valeur de la hausse qui vous met mal à l'aise ou... Si on parlait
de 15 000 $, par exemple?
M. Bérubé : Le moment,
l'opportunité, la façon, d'où ça origine. Ça origine du caucus de la CAQ qui
essaie de convaincre tout le monde qu'on a besoin de ça. On n'a jamais parlé de
ça, on ne se plaint pas, on est heureux d'être ici dans les conditions. Moi, je
n'ai pas à me plaindre, d'accord? Mais il y a ça. Sur le montant, c'est
défendable à certains égards, mais, en même temps, il faut toujours se comparer.
Il y a les autres législations québécoises. Moi, je me compare souvent avec ma
députée fédérale qui fait un bon travail aussi, mais c'est presque le double. Alors,
on est dans une situation où on va devoir trancher cette question-là puis on ne
se défilera pas. Quand notre décision va être prise, je viendrai vous dire
pourquoi. Mais, à première vue, là, vous me connaissez depuis assez longtemps,
ce n'est pas les raisons financières qui font en sorte que je suis toujours
ici.
M. Laberge (Thomas) : ...ils
aimeraient avoir l'alliance avec d'autres partis, là, sur cette question-là, là.
Est-ce que vous êtes ouverts à discuter avec Québec solidaire?
M. Bérubé : De quoi?
M. Laberge (Thomas) : Est-ce
que vous êtes ouverts à discuter avec Québec solidaire? Eux, ils veulent voter
contre. Ils voudraient que ça soit un comité exécutoire qui décide.
M. Bérubé : Oui. Bien, on va
prendre...
M. Laberge (Thomas) : Vous
avez plein de malaises. Est-ce que...
M. Bérubé : On va prendre
notre propre décision, sans égard à Québec solidaire. Mais je vous fournis
l'information quand même. Retenez que 100 % des députés de la CAQ et des
députés libéraux ont des primes et que, si ce projet de loi, avec ce qu'on
apprend ce matin, arrive, l'écart va être encore plus grand entre les
10 députés qui n'ont aucune prime et ceux-là. Donc, il y a deux classes de
députés, et c'est assez incroyable. Alors, moi, ça, c'est une autre affaire que
je n'accepte pas. Il ne peut pas y avoir deux classes de députés à l'Assemblée
nationale, les députés récompensés parce qu'ils ne sont pas ministres puis
d'autres, parce qu'ils seraient dans l'opposition, ils méritent d'être moins bien
payés. Ça, je combats cette idée-là. Et je vous ai fourni à plusieurs la liste
des 10 députés. Je le ferais pour les autres. Ça, c'est inacceptable,
alors...
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'il devrait y avoir une clause d'exclusion, par exemple, de dire : Bien,
si le député ne la veut pas...
M. Bérubé : Je pense... On a
entendu dire qu'il allait y en avoir une. On a entendu qu'il allait y en avoir
une, mais je ne veux pas présumer, ça va être déposé jeudi.
M. Lacroix (Louis) : Et, s'il
y en a une, allez-vous vous en prévaloir?
M. Bérubé : Je viendrai vous
le dire avec beaucoup de transparence.
M. Lacroix (Louis) : Mais
vous n'avez pas pris de décision?
M. Bérubé : On n'a pas vu le
projet de loi. Il faut que je le voie avant. Mais on ne se défilera pas
là-dessus, on va venir vous expliquer quelle est notre position avec la même
candeur que j'aie présentement. Mais ce sera Paul qui le fera, là, puis on sera
à ses côtés pour la faire.
M. Desrosiers (Sébastien) : Sur
les maisons des aînés, comment vous expliquez les retards, là? On apprend qu'il
y a au moins une dizaine de projets qui ne seront pas livrés à temps. Puis
est-ce que vous en avez dans votre circonscription au Parti québécois?
M. Arseneau : Bien, il y a un
projet, pour répondre à la dernière partie de votre question, il y a un projet
de maison des aînés aux Îles-de-la-Madeleine, où ce serait essentiellement
1,6 million par porte. Je vous soulignerais qu'actuellement on a deux
CHSLD, un plus récent, un privé, et qu'il n'y a pas de besoin à l'heure
actuelle de créer une maison des aînés, là, et à ce coût-là dans notre
circonscription.
Maintenant, ces coûts-là, ils explosent. C'était
prévisible. Le manque de personnel, évidemment, est exacerbé par la situation
actuelle dans le milieu de la santé et des services sociaux. C'était
prévisible. Et on nous disait la semaine dernière qu'on allait rénover
19 CHSLD pour les transformer en maison des aînés à 1,2 million de
dollars par porte et qu'on ne créerait que 200 nouvelles places, et tout
ça pour la modique somme de 1,2 milliard, si je me souviens bien.
Rappelez-vous que la Vérificatrice
générale, l'an dernier, a déposé un rapport, c'est très récent, là, au
printemps 2022, en disant que le ministère n'avait aucune planification,
ni sur l'hébergement ni sur les soins à domicile et ni sur le plan financier
pour répondre aux besoins, que, si on devait rénover les... je pense que c'est
55 % des CHSLD qui devraient être rénovés, sur les 35 000 places
qui existent à l'heure actuelle, on a un besoin, d'ici 2028, de
18 000 nouvelles places en hébergement.
Grosso modo, si le gouvernement, là, veut
éviter, comme l'a dit la ministre Bélanger la semaine dernière, de créer deux
classes de citoyens dans les CHSLD, parce qu'on veut faire des maisons des
aînés pour tout le monde, au bas mot, on en a pour 61,5 milliards de
dollars à investir d'ici les 10 prochaines années. Ce projet-là ne se
réalisera pas de la façon dont le gouvernement est parti, à moins qu'il souhaite
ruiner le Québec. Et c'est... il n'y a rien là-dedans de surprenant, ça a été
fait sur le coin d'une table. C'est comme le troisième lien, mais appliqué aux
services aux aînés. Et, pendant ce temps là, on élimine complètement le virage
essentiel à faire sur les soins et les services à domicile.
M. Bérubé : Je veux ajouter
l'élément qui est rapporté par Radio-Canada ce matin. Matane-Matapédia,
peut-être la circonscription la plus âgée au Québec, moyenne d'âge 52 ans :
aucune maison des aînés. Plusieurs circonscriptions de la CAQ, moyenne d'âge
38 ans : des maisons des aînés.
Alors, voici ce que je vais faire aujourd'hui. Je
vais demander des explications à la ministre et, si elles sont
insatisfaisantes, je dépose un dossier aujourd'hui même à la Vérificatrice
générale du Québec pour qu'elle puisse s'enquérir des critères pour construire
des maisons des aînés. Est-ce qu'on a choisi volontairement de ne pas en faire
une dans ma circonscription? Si c'est le cas, croyez-moi, il y aura des suites.
Alors, comment on explique qu'à des endroits il y a beaucoup moins de pression,
il y a même des endroits où il n'y a pas tant de demandes que ça, on en annonce,
et pas dans Matane-Matapédia ni à Mont-Joli, ni à Amqui, ni à Matane? Oh! que
non, ça ne restera pas comme ça.
Le Modérateur
: Une
dernière en français.
M. Gagnon (Marc-André) : Je
vais revenir sur le dossier des traversiers, profiter de votre présence à tous
les deux. Vous n'avez pas l'impression quelque part que la STQ n'apprend pas de
ses erreurs, quand on regarde ce qui s'est passé à Matane, quand on regarde ce
qui se passe en ce moment à L'Isle-aux-Coudres puis qu'on se rappelle le fait
aussi qu'entre Québec et Lévis les deux bateaux datent de 1970, 1971 puis
qu'ils arrivent en fin de vie et qu'il n'y a toujours pas de navire de relève
de commandé? Parce que, fondamentalement, c'est probablement ça, le problème,
c'est qu'ils attendent trop longtemps avant de commander des bateaux pour
remplacer les vieux puis ils font du neuf avec du vieux.
M. Arseneau : Bien,
exactement. Là, on est dans l'urgence à chaque fois qu'il y a un bateau qui
tombe en panne, et il y a des bateaux qui sont vieillissants. Puis même les
neufs tombent en panne, évidemment, si on parle du F.-A.-Gauthier. Alors, on a
absolument à déplorer aujourd'hui qu'on est en gestion de crise perpétuelle à
la Société des traversiers du Québec. On a manqué d'anticipation, manqué de
planification. Et là aujourd'hui on nous annonce qu'on va construire des
bateaux d'ici huit ans. Évidemment, le service...
Une voix : ...2029.
M. Arseneau : 2029? Ici, il
est question, puis je veux le rappeler, de désenclaver des communautés
insulaires ou des communautés isolées. Essentiellement, la STQ prend le relais
du ministère des Transports pour s'assurer qu'il y ait une route qui desserve
nos communautés. Et le gouvernement, et la STQ dans ce cas-là, faillit à la
tâche mois après mois, pour desservir ces communautés-là, avec les conséquences
qu'on connaît sur le plan social, économique, de la santé, de l'éducation. Et
c'est ça qui est inacceptable, parce qu'évidemment, aujourd'hui, il faut ramer
à contre-courant, c'est le cas de le dire, mais parce qu'on a trop longtemps
navigué à vue.
M. Bérubé : C'est le cas de
le dire. Un élément supplémentaire, sur la rivière Saguenay, le projet de pont
que nous, on souhaite voir se réaliser entre Baie-Sainte-Catherine et Tadoussac,
vous savez qu'il y a déjà un traversier qui est commandé par le gouvernement du
Québec. Bien, si...
Une voix : ...
M. Bérubé : Oui. Mais, s'ils
font le pont, ils n'auront pas besoin du traversier. Ça serait peut-être une
solution.
M. Gagnon (Marc-André) : Les
traversiers qui sont commandés, excuse, c'est pour L'Isle-aux-Coudres et
Sorel-Tracy, ce n'est pas pour Tadoussac.
M. Bérubé : Oui, mais,
potentiellement, il y en a un qui pourrait servir pour... en tout cas, à ma
connaissance pour Baie-Sainte-Catherine, là. Ça a été rapporté par la Coalition
Union 138. Alors, je prends leur sortie là-dessus, où ils se questionnent sur
l'opportunité. Donc, il est clair que, tant... ce que j'ai vu hier à
L'Isle-aux-Coudres, je pourrais aussi faire la même chose à l'aréna de Matane
puis à l'aréna de Baie-Comeau, sur tous les ratés de la STQ. Et, à chaque fois
qu'il y a un enjeu, c'est une société qui sert de bouclier au ministère des
Transports en disant : C'est cette société-là qui s'en occupe. Alors, vous
voyez la déresponsabilisation, comme à la SAAQ, Société de l'assurance
automobile du Québec, ils disent : C'est eux autres qui s'occupent de ça.
La grogne est épouvantable. Matane—Baie-Comeau—Godbout, là, le détour, c'est
10 heures par Québec. Les gens ne sont pas payés, ils doivent payer les
repas, l'essence, il manque des jours de travail. C'est une société
épouvantable.
Et je vous ai révélé la semaine passée que
j'ai fait une demande d'accès à l'information. Je suis obligé d'aller au tribunal
administratif pour demander des informations à la Société des traversiers du
Québec. Ils ont engagé un avocat de la firme Langlois pour faire en sorte de
m'empêcher d'avoir accès à des informations de base sur les activités de la
Société des traversiers. J'ai tout gardé ça. J'attends le jugement de la juge
là-dessus. En 16 ans de vie politique, j'ai trouvé particulièrement
étonnant d'avoir à combattre un avocat, qui, lui, fait tout pour ne pas que j'aie
accès à des informations à la Société des traversiers pour ce qui est de la
traverse Matane—Baie-Comeau—Godbout. Il y a notamment un suivi qui est fait sur
un reportage d'Enquête sur un scandale qui avait eu lieu. Donc, c'est
une société toute croche, et les ministres des Transports, bien, ils se gardent
bien de venir à Matane, à Baie-Comeau ou à Godbout, parce qu'ils ne veulent pas
être associés à du négatif, mais, pour nous, c'est notre unique lien, puis
c'est fondamental. Puis c'est la même chose à L'Isle-aux-Coudres.
M. Laberge (Thomas) : Juste
une précision, M. Bérubé. Vous avez parlé de six députés qui sont venus vous
voir. Tous des députés de la Coalition avenir Québec?
M. Bérubé : Oui, tous des
lobbyistes non enregistrés.
M. Laberge (Thomas) : Mais
tous de la CAQ?
M. Bérubé : Oui.
M. Carabin (François) : Puis,
M. Arseneau, juste, rapidement, sur le projet de loi n° 15, qu'est-ce
que vous avez pensé l'attitude de M. Dubé dans ses échanges avec la FMOQ,
hier?
M. Arseneau : Le ministre
Dubé n'aime pas être contredit, il n'aime pas être amené à justifier ses propres
contradictions. Il se montre parfois irritable et très sanguin lorsqu'on le
critique sur le fond de sa réforme, notamment sur le fait que c'est une réforme
qui est hypercentralisatrice, alors qu'il se plaît à dire le contraire depuis
le dépôt du projet de loi. Alors, évidemment, se faire dire ses quatre vérités
par la Fédération des médecins omnipraticiens, il n'a pas apprécié. L'échange
était quand même divertissant, mais je pense que les médecins, qui sont au
coeur, évidemment, du système de santé, ont dit essentiellement la vérité, et
ont mis en garde le ministre contre ses vues de centralisation qui risquent, à
bien des égards, de rendre la situation encore plus difficile dans le monde de
la santé que de l'améliorer, sur ce plan-là du moins.
Or, les gens veulent tous contribuer à
trouver des solutions. Mais l'architecture du projet de loi, en éliminant
d'ailleurs les médecins, c'est ce qu'ils revendiquaient d'ailleurs, là, d'avoir
un mot à dire, bien, ils ont déploré le fait que ça va, justement, favoriser la
fuite, l'exode ou la prise de retraite d'un certain nombre de médecins. Et
l'approche coercitive du gouvernement à cet égard-là va être contre-productive.
Le ministre n'aime pas se faire dire ces choses-là, mais je pense qu'il doit
faire face à la réalité. Nous, on va certainement lui rappeler, là, que le
projet de loi doit être grandement amélioré.
Le Modérateur : On va passer
en anglais.
M. Authier
(Philip) :
I
just have one. Mr. Bérubé, you just said you did not... you are not asking,
and you did not ask for a salary increase as a «député», as an MNA. Do you
think the timing is right for the Government to table such a bill? Because a $30,000
increase, for people struggling to pay their groceries, might seem excessive.
M. Bérubé :
To be honest, there will never be a
good time for salary increase because there's no good moment for that. But we
need to compare with other deputies. Like, in Ottawa, it's almost the double.
So, we have some problem with the way it works right now, the CAQ pushing a lot
of pressure on us to make sure that we are... we agree this bill. We're not
comfortable with that. We didn't ask for much more money. And you have to know
that 10 MNAs in the National Assembly have the minimum wage because they don't
have any bonuses. All the MNAs for the CAQ and the Liberal party have extras. And
it's going to be worst with this because they're going to increase the bonus
with the primary salary. So, we didn't ask for any money, and we feel that
there's a lot of pressure on us. And we don't exclude any vote on this bill, we
didn't see the bill yet. But it seems that, in the CAQ caucus, there are
problems with holding their MNAs, make sure that they stay happy. And one of
the solutions for the CAQ is: You know what? We're all going to give you
increase of your salary. What do you think about that? Yeah! So, this is how
this caucus works to make sure that anyone is unhappy and anyone who wants to
talk to you about what's happening in this caucus. So, they're quite clever at the
CAQ for that.
(Fin de la séance à 9 h 25)