(Onze heures vingt et une minutes)
M. Derraji : Bonjour, tout le
monde. Très heureux de présenter aujourd'hui mon projet de loi 4-9-3, 493,
Loi modifiant la Loi sur l'immigration au Québec pour tenir compte des
résidents temporaires aux fins de la planification de l'immigration.
«Ce projet de loi apporte des
modifications à la Loi sur l'immigration au Québec pour tenir compte des
résidents temporaires aux fins de la planification de l'immigration.
«Pour ce faire, le projet de loi prévoit
qu'afin d'élaborer une planification pluriannuelle de l'immigration, le
ministre devra désormais tenir compte de la présence des résidents temporaires
sur le territoire.»
En quelques mots, ce projet de loi donne
maintenant un outil législatif à Mme la ministre de préparer sa prochaine
planification pluriannuelle. Et, comme on le dit, il faut arrêter le mensonge
caquiste par rapport au nombre d'immigrants qui sont sur le territoire. Ces
gens, qu'ils soient temporaires ou permanents, ils vivent chez nous et
utilisent les services publics. Et ce qu'on demande pour les besoins futurs :
avoir un portrait réel, et le portrait réel ne doit pas exclure les temporaires
du portrait. On ne doit plus focusser la planification uniquement sur les
permanents, parce qu'on le voit, depuis l'arrivée de la CAQ, le nombre des
permanents était entre 40 000 et 50 000, mais, par contre, le nombre
de temporaires a explosé. On parle maintenant de 300 000.
Donc, le choix est clair : Est-ce que
le gouvernement va faire une planification pluriannuelle en se basant sur 50 000,
ou bien il va aussi faire une planification pluriannuelle qui inclut les 300 000,
les deux catégories? Qu'on soit permanent ou temporaire, on vit au Québec, on
utilise les services publics. Et c'est ce que ce projet de loi permet aujourd'hui
à la CAQ, et j'espère qu'ils vont l'appeler. Merci beaucoup.
M. Bourassa (Simon) : M. Derraji,
souhaitez-vous avoir aussi une discussion formelle et, on va dire, même, à la
limite, nationale, là, vous... des discussions nationales sur les seuils d'immigration,
sur la capacité d'accueil? Parce que c'est difficile à définir comme terme, la
capacité d'accueil. Vous en avez parlé hier. Vous parliez d'idéologie, même, à
certains égards. Qu'est-ce qu'on peut faire, là, pour établir quelle est la
réelle capacité d'accueil du Québec?
M. Derraji : C'est une très bonne
question et c'est pour cela que... Depuis 2018, M. Legault a commencé à
utiliser 40 000, et dire aux Québécois : Je baisse les seuils que les
libéraux avaient. Ça a été ça, son message. Mais il a oublié de dire aux
Québécois qu'en parallèle il a créé un système, en parallèle, que personne ne
voyait, c'est les temporaires. Et, année après année, c'est devenu un levier
pour M. François Legault pour cacher l'augmentation des seuils permanents.
Donc, il dit qu'il garde ça entre 40 000, 50 000, et, de l'autre
côté, il ouvre la porte grande ouverte aux temporaires. Et les Québécois
doivent savoir ça. Et, pour le savoir, ça nous prend, dans la prochaine
consultation pluriannuelle, le portrait global. Qu'on soit permanent ou
temporaire, on doit avoir ce portrait.
M. Bourassa (Simon) : Le
premier ministre a dit hier qu'il comptait arriver avec une réforme, là, l'immigration,
par laquelle il obligerait la connaissance du français aux immigrants
économiques. Comment vous appréhendez ça?
M. Derraji : Bien, écoutez,
ça fait cinq ans que le gouvernement est en place, et, encore une fois, M. Legault
essaie de fuir le débat. M. Legault doit arrêter le mensonge caquiste en
immigration. Aujourd'hui, les Québécois veulent savoir : Est-ce qu'au
Québec on a 300 000 ou pas? Et, si on en a 300 000, ça veut dire la
capacité d'accueil, elle est de quel ordre? Tu sais, c'est bien beau que M. Legault
critique M. Trudeau par rapport à son plan, mais M. Legault est en
train de faire la même chose, est en train d'ouvrir la grande porte aux
temporaires, et il ne veut pas avoir un débat. Moi, je pense que, s'il est
transparent, là, il va dire : Écoute, moi, j'accepte ton projet de loi,
faisons le débat sur la planification pluriannuelle en incluant les
temporaires.
Par rapport au français, c'est très
important, on le sait et on le voit, la langue française, c'est très... elle est
très importante. Encore une fois, il y a un échec caquiste par rapport à ce qu'on
a présentement. Le taux de décrochage scolaire par rapport à la francisation
est très élevé. Il est de l'ordre de 42 % en Abitibi, temps plein, temps
partiel, et aussi il est entre 12 % et 15 %. Ce sont les chiffres du
ministère de l'Immigration. Les raisons sont multiples : absence de profs,
des cours qui ne sont pas flexibles pour qu'on puisse franciser. Donc, déjà,
avec la partie que Legault contrôle, il a de la misère à franciser tout le
monde. Imaginez-vous si on inclut les travailleurs temporaires.
M. Bourassa (Simon) : En
terminant, là, les travailleurs temporaires, là, vous les chiffrez autour de
300 000. Selon vous, qu'est-ce qui est le plus problématique avec ce
chiffre-là, c'est la capacité d'accueil au niveau du logement, le déclin de la
langue française, la capacité de francisation? Qu'est-ce qui vous inquiète le
plus avec ce nombre-là?
M. Derraji : Tout ce que vous
avez dit, parce que, un, précarisation de l'immigration — nous avons
eu des exemples concernant l'exploitation, on dirait même l'esclavagisme, ça a
été documenté dans plusieurs documentaires — la vitalité de nos
régions, la francisation, les services au niveau de la francisation, est-ce
qu'on va arriver à franciser tout le monde, et la crise du logement. Quand je
vois que c'est des entrepreneurs, maintenant, qui cherchent des solutions pour
loger leurs travailleurs temporaires, il y a matière à se poser des questions.
Les services de garde, on a des problèmes par rapport aux services de garde, et
François Legault nous demande aujourd'hui qu'on ne doit pas en parler. Donc,
s'il y a une seule raison, c'est que François Legault n'a pas le courage de se
lever aujourd'hui et dire aux Québécois : Toutes catégories confondues, le
Québec accueille 300 000, parlons-nous, essayons d'avoir une stratégie qui
inclut nos services publics. C'est ça, l'urgence.
M. Bourassa (Simon) : Merci,
M. Derraji.
M. Derraji : Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 27)