(Huit heures vingt-huit minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
En ce beau jeudi, à l'Assemblée nationale, le débat sur la rémunération des
députés se poursuit. Et puis à chaque fois que François Legault ouvre la bouche
sur le sujet, bien, il se met les pieds dans les plats. En fait, à chaque fois
que François Legault parle de ce sujet-là, il fait l'étalage de sa déconnexion
envers le quotidien des Québécois, des Québécoises. C'est de plus en plus
gênant, l'attitude de François Legault dans ce dossier-là, et moi, je sens un
malaise grandissant dans son caucus au sujet de cette augmentation du salaire
des députés de 30 000 $ par année. Une des preuves de ça, c'est qu'en
près de deux jours de débat sur le projet de loi il n'y a pas un seul, pas un
seul ou une seule députée de la CAQ qui s'est levé au salon bleu pour nous expliquer
sa position, pour nous dire pourquoi augmenter le salaire des députés de 30 000 $
par année, c'est une priorité, pourquoi c'est important, pourquoi c'est une
bonne idée. On a même vu des députés de la CAQ éviter les questions des
journalistes. Il y en a une qui s'est fait retirer d'une mêlée de presse hier.
Moi, je sens un malaise grandissant chez les caquistes et je pense qu'il faut
les entendre. Parce que la question de la rémunération des élus, ce n'est pas
juste une question d'argent, ça touche la confiance. Ça touche la confiance que
les Québécois et les Québécoises ont envers leurs institutions politiques, puis
c'est le temps qu'on entende les députés de la CAQ là-dessus, c'est le temps qu'on
les entende s'exprimer.
On a une lettre ouverte, aujourd'hui, dans
le journal, qui nous explique que les députés non-ministres ne sont pas des
plantes vertes. Moi, je suis d'accord avec ça. C'est des gens qui font un
travail important dans notre démocratie. Bien, justement, qu'on les entende. Si
ces gens-là veulent revendiquer le fait qu'ils ne sont pas que des porte-voix
du premier ministre, bien, qu'on les entende, dans ce débat-là, qu'ils se
lèvent au salon bleu... nous expliquer pourquoi c'est important de leur donner
une augmentation de 30 000 $, qu'ils répondent à vos questions, vous,
les journalistes, pour expliquer aux Québécois, Québécoises pourquoi on doit
leur donner une augmentation de 30 000 $.
Ça fait que mon message à François
Legault, il est très simple, ce matin, c'est : Laissez vos députés parler
et laissez vos députés voter. Pas de ligne de parti sur le salaire des députés.
Deuxièmement, hier, vous avez vu, on a
fait une proposition, je pense, de bonne foi, qui est, en fait, le strict
minimum, je pense, dans la situation actuelle. On a proposé... mon collègue,
Alexandre Leduc, a proposé aux autres formations politiques de reporter la
hausse des salaires des députés après 2026. Puisque l'argument qui nous est
présenté par le gouvernement, c'est qu'il faut faire ça pour recruter des
meilleures personnes pour la prochaine élection, bien, qu'on applique la hausse
après la prochaine élection. C'est logique. Je pense que ce serait une sortie
honorable de la situation gênante dans laquelle François Legault s'est mis, et
on attend toujours une réponse officielle du gouvernement là-dessus. D'ailleurs,
l'étude détaillée du projet de loi devrait commencer aujourd'hui. Mon collègue,
Alexandre, va y siéger et va faire la proposition d'amendement officiellement,
et on a bien hâte de voir comment les députés de la CAQ vont se positionner.
Moi, je pense que c'est une sortie honorable pour eux, c'est le strict minimum,
en fait, et qu'ils devraient saisir cette occasion-là plutôt que la rejeter du
revers de la main.
En début d'étude détaillée, cet
après-midi, mon collègue, Alexandre, va aussi déposer deux motions qui vont
viser à convoquer en commission parlementaire d'abord les auteurs du rapport
sur lequel se base le gouvernement pour rédiger son projet de loi, donc Mme Thériault,
M. Ouellet et l'expert en ressources humaines qui leur était associé. On
veut les entendre pour expliquer leur rapport, expliquer leur réflexion, les
travaux qu'ils ont faits puis dire aux parlementaires et au public québécois
sur quoi ils se basent pour faire cette fameuse recommandation d'augmentation
de 30 000 $ des députés. Il y a aussi toute une série de pistes de
réflexion dans leur rapport, hein, que le gouvernement a choisi de ne pas
inclure dans son projet de loi, notamment la création d'un comité indépendant
et décisionnel sur la question de la rémunération des élus. Je pense que c'est
pertinent, dans le cadre de nos débats, que ces gens-là viennent en commission
expliquer leurs travaux.
La deuxième motion qu'Alexandre va
présenter, c'est pour convoquer les membres du comité L'Heureux-Dubé, qui est
le dernier comité qui avait un mandat général d'examen global des conditions de
travail des députés. On a vu la juge L'Heureux-Dubé... l'ex-juge L'Heureux-Dubé,
d'ailleurs, prendre position dans les médias récemment pour réitérer son
adhésion à ses conclusions d'il y a 10 ans.
Donc, deux motions toutes simples qui
visent tout simplement à enrichir le débat. C'est vraiment le strict minimum
pour que les parlementaires prennent la meilleure décision possible sur ce
sujet-là. Et c'est deux gestes, donc, supplémentaires que va poser Québec
solidaire aujourd'hui dans ce dossier-là. Alexandre.
Une voix : ...
M. Leduc : Oui, je me
dépêche, je me dépêche. Alors, je vous annonce qu'on va déposer une motion ce
matin sur le sujet qui est sorti hier à propos de l'augmentation, là, de
salaire de la gouverneure générale du Canada. Ça va se lire comme suit, du
moins, c'est la version qu'on dépose aux collègues des autres partis :
«Que l'Assemblée déplore les augmentations
de salaire de près de 50 000 $ en trois ans accordées à la
gouverneure générale du Canada;
«Qu'elle s'inquiète des dépenses publiques
encourues par l'institution de la monarchie canadienne et qu'elle rappelle le
devoir d'exemplarité des détenteurs et détentrices d'une charge publique».
Alors, à suivre pour ce que les autres
partis feront de cette motion.
Sinon, des gens qui n'ont pas des aussi
bonnes conditions de travail, c'est les gens d'Amazon, qu'on a rencontrés,
Gabriel et moi, il y a quelques jours maintenant, des gens avec qui j'étais en
lien depuis quelques semaines, quelques mois. Je vous en parle parce que, cet
après-midi, ou ce matin même plutôt, je vais déposer une pétition qu'on avait
initiée à leur demande, il y a quelques semaines, qui demande une enquête, une
enquête du ministère du Travail, une enquête de la CNESST sur les conditions de
travail à Amazon. Ce qu'on a vu et entendu lors de la rencontre, la semaine
dernière, glace le sang. C'est des pratiques d'un autre siècle qu'on importe
avec un modèle économique, là, qui nous provient des États-Unis, qui s'applique
ici, où on ne respecte pas les lois, où c'est une véritable usine à blessures
en série que sont les entrepôts d'Amazon. C'est une pétition qui, en quelques
jours seulement, a atteint 7 000 noms, donc un beau succès de
participation, et on la dépose cet après-midi. On espère que le ministre du
Travail, Jean Boulet, va entendre ces voix-là et va s'impliquer davantage sur
le dossier. Merci.
Journaliste : M. Nadeau-Dubois,
a posteriori, est-ce que ça n'a pas été une erreur de ne pas nommer un membre
sur le comité indépendant qui aurait permis à Québec solidaire de faire valoir
un autre point de vue concernant le salaire des élus puis, à la limite,
peut-être même avoir une voix dissidente au terme du processus?
M. Nadeau-Dubois : Bien, il y
a deux éléments de réponse à votre question. Le premier, c'est que le problème
avec le comité que la CAQ a mis sur pied, ce n'est pas sa composition, c'est
son mandat. Le mandat de ce comité-là était biaisé et il a été imposé par la
CAQ. Hein, mon collègue, Pascal Bérubé, en a lui-même parlé sur cette tribune
il y a quelques semaines. Ce mandat-là, c'est quoi? C'est de dire : Vous
allez examiner le salaire de base des députés, mais vous ne regarderez pas le
reste. Mais le salaire de base des députés, premièrement, il y a juste 10 députés
qui le font, puis il y en a sept à Québec solidaire. Il y en a 115, députés,
sur 125 qui font plus d'argent que ça, ça peut aller jusqu'à 200 000 $,
parce qu'ils ont des primes, des allocations. Donc, on laisse de côté les
primes, on laisse de côté les allocations, on laisse de côté le régime de
retraite, qui était qualifié par Mme L'Heureux-Dubé de Ferrari des régimes de
retraite au Québec. Autrement dit, on prend l'élément le plus désavantageux de
la formule complexe de rémunération des députés et on dit : Parlez-nous
juste de ça. Alors, ce n'est pas un vrai exercice de...
Journaliste : Je comprends ce
que vous dites, mais si vous aviez une Françoise David ou un Amir Khadir...
M. Nadeau-Dubois : Mais je...
et je viens à mon deuxième élément de réponse. Je vous ai dit...
Journaliste : ...
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
vous ai dit qu'il y avait deux éléments de réponse. Premièrement, là, M. Ouellet,
là, sur le comité, là, il n'était pas le représentant du Parti québécois, il
était là à titre d'ex-député. Mme Thériault, là, elle ne siégeait pas là à
titre de représentante du Parti libéral. Ça, c'est ce que laisse entendre
François Legault quand il me répond à la période de questions, mais le comité,
c'est la prétention du gouvernement, était indépendant. Ce n'étaient pas des
représentants des différents partis politiques, ce n'étaient pas des
ambassadeurs. Donc, même si on avait nommé quelqu'un qui fait notre affaire,
cette personne-là n'aurait pas parlé en notre nom. Donc, c'est une question qui
est mal posée dans la mesure où le problème, ce n'est pas le mandat, et, les
gens qui sont là, ce n'est pas des représentants des partis politiques, c'est
simplement d'ex-députés. D'ailleurs, la CAQ n'avait pas de députés provenant de
sa formation politique au sein de ce comité-là.
Journaliste : Je comprends, mais
regardez le profil de vos anciens députés qui auraient potentiellement pu être
sur ce comité-là. Vous ne pensez pas que, dans une certaine mesure, leur simple
présence aurait pu prévenir un rapport unanime dans ce sens-là...
M. Nadeau-Dubois : Non,
parce que le mandat était biaisé. Le problème de ce comité-là, ce n'est pas sa
composition. D'ailleurs, moi je l'ai répété, là, M. Ouellet,
Mme Thériault ont fait un excellent travail. Ils ont fait le plus qu'ils
pouvaient à l'intérieur du mandat étroit et biaisé qui leur a été imposé par le
gouvernement. Le gouvernement, depuis le premier jour, là, vous dit :
Québec solidaire n'a pas voulu nommer quelqu'un. Ce qu'ils ne vous disent pas,
c'est que le mandat de ce comité-là, il était non-négociable et il était
imposé. Pascal Bérubé, ici, à cette tribune, le disait il y a quelques
semaines, dès le mois de janvier, tout le monde avait compris que la seule
intention du gouvernement, c'était d'augmenter le plus vite possible les
salaires des députés. Point final.
Journaliste : Sur un autre
sujet, le débat d'hier, là, bon, sur la déclassification de documents d'enquête
sur le référendum de 1995, est-ce que c'était le bon endroit pour Québec
solidaire pour venir régler ses comptes avec le Bloc québécois?
M. Nadeau-Dubois : Ruba,
comme députée, s'est sentie prise de haut par le chef du Bloc québécois, qui
s'est permis de... comment dire, de trancher qu'elle, elle n'était pas une
indépendantiste. Moi, je comprends que Ruba a été heurtée là-dedans puis elle a
pris la tribune qui était la sienne, on n'en a pas tant que ça quand on est
député, pour s'exprimer dans le cadre d'un débat qui était sur l'indépendance.
Elle a parlé de sa vision de l'indépendance puis, oui, elle a fait une allusion
aux critiques, aux attaques dont elle avait été l'objet par le chef du Bloc
québécois. Moi, je ne vois pas de problème avec ça.
Journaliste : Donc, c'était
Ruba Ghazal qui parlait, pas Québec solidaire? Elle l'a fait en son nom
personnel? Ce n'est pas la position de votre parti? Quand elle dit, par
exemple, que le chef du Bloc québécois ostracise les immigrants, qu'il promeut
un souverainisme qui ostracise les immigrants, ce n'est pas la position de QS?
M. Nadeau-Dubois : Non,
au contraire. Moi, ce n'est pas ce que je dis. Moi, je comprends Ruba. Je
comprends Ruba de s'être sentie profondément heurtée. Je veux dire, cette
femme-là, de par sa trajectoire de vie puis de par son engagement politique
depuis des années se bat pour la justice sociale, pour l'égalité hommes-femmes,
pour l'indépendance du Québec. Et elle déploie des efforts titanesques et
sincères à essayer de convaincre des gens qui ne sont pas des gens
indépendantistes de le devenir, notamment les jeunes issus de l'immigration.
Elle va dans les classes d'accueil parler de son parcours, comme enfant de la Loi 101,
d'à quel point c'est un projet, l'indépendance du Québec, qui devrait et qui
pourrait parler aux jeunes issus de l'immigration. Donc, moi, je la comprends
très bien d'avoir voulu réagir à cette espèce de... à cette attaque
d'Yves-François Blanchet.
Journaliste : J'ai compris,
mais ma question, c'est : Est-ce que vous êtes d'accord avec
Mme Ghazal, quand elle plaide, elle l'a fait avec force...
M. Nadeau-Dubois : Moi,
je n'ai pas de malaise avec ça.
Journaliste : ...qu'Yves-François
Blanchet promeut un souverainiste qui ostracise les immigrants? Est-ce que vous
êtes d'accord? Est-ce que c'est la position de Québec solidaire?
M. Nadeau-Dubois : Il y
a quelques semaines, ici, à l'Assemblée nationale, on a adopté à l'unanimité
une motion qui dénonçait une publicité du Bloc québécois parce que cette
publicité-là comparait, grosso modo, le chemin Roxham et le Québec à un tout
inclus. Donc, non seulement Québec solidaire a été critique de certains gestes du
Parti québécois et de son chef, mais, en fait...
M. Leduc : ...
M. Nadeau-Dubois : Qu'est-ce
que j'ai dit?
M. Leduc : du Bloc.
M. Nadeau-Dubois : Du
Bloc québécois et de son chef, c'est un lapsus, mais l'Assemblée nationale a
été unanime sur cette question-là à au moins une reprise. Donc, moi, je n'ai
aucun malaise avec les propos de Ruba.
Journaliste : Bien, une
petite question immigration, vu qu'on est là-dessus. Vos attentes par rapport à
la réforme d'aujourd'hui, là, on sait qu'il y aura de nouvelles exigences en
français pour les immigrants, est-ce que... bien, quelles sont vos attentes et
est-ce déjà vous avez des échos d'impacts que ça pourrait avoir?
M. Nadeau-Dubois : On
veut le retour du PEQ dans sa forme originelle. Il faut que François Legault et
Christine Fréchette finissent de réparer les pots qui ont été cassés par Simon
Jolin-Barrette, là. Cette réforme du PEQ, c'est une catastrophe. Il faut le
retour au PEQ pré-Jolin-Barrette. Puis pourquoi? Bien, parce que c'est un
programme qui fonctionnait puis qui permettait à des hommes et des femmes qui
sont déjà sur le territoire du Québec, qui parlent français, qui ont une
expérience de vie, d'études, de travail au Québec, d'accéder à la résidence
permanente. Voulez-vous bien me dire pourquoi il fallait bousiller ce
programme-là? La première attente qu'on a, c'est que ce programme-là revienne
dans sa forme originelle. Puis la deuxième, c'est qu'on ait des engagements en
matière de francisation et d'intégration. Parce qu'il y a un consensus au
Québec, puis Québec solidaire en fait partie, que la connaissance du français
doit être un critère très important quand vient le temps de sélectionner
l'immigration économique, personne ne remet ça en question. Mais moi, je ne
veux pas qu'on lance la serviette de la francisation et de l'intégration.
À Québec solidaire, on pense que c'est
possible pour des gens qui ne connaissent pas le français de l'apprendre. J'ai
des exemples dans mon propre caucus. On était entouré mardi de jeunes qui sont
arrivés de partout à travers le monde et qui l'ont appris, le français grâce à
ce formidable outil d'intégration qu'est la Loi 101. Donc, oui à
l'utilisation du français comme critère très important dans la sélection de
l'immigration économique, mais je ne veux pas qu'on abandonne la francisation
et l'intégration. Ça fait partie de qui on est au Québec, d'avoir ce projet-là,
d'ouvrir les bras puis d'amener des gens avec nous à embrasser la langue
publique et commune qu'est le français. Je ne veux pas qu'on abandonne. Je
demande à François Legault de ne pas abandonner la francisation et
l'intégration.
Journaliste : Sur le salaire,
juste une précision. Quand vous avez annoncé hier la volonté de donner votre
montant, est-ce que c'est pour la première année? Est-ce que ce serait chaque
année que vous feriez ce geste-là?
M. Nadeau-Dubois : J'ai pris
cette décision-là dans les dernières heures. Vous comprendrez que je ne
recevrai pas un chèque équivalant à l'augmentation. Donc, je vais... pour ce
qui est de la mécanique avec laquelle je vais procéder, vous allez me permettre
de faire quelques calculs puis de voir comment je vais procéder. Sur le fond,
mon engagement, je le maintiens. Moi, je vais donner cette hausse-là.
Mais vous savez quoi? Ce n'est pas ça,
l'important, ce n'est pas ça, l'important. L'important, c'est que les députés
ne devraient pas, en 2023, se voter leur propre salaire. C'est injuste, c'est
inéquitable, ça alimente la méfiance envers la classe politique. C'est ça, le
plus important, pas ce que je vais faire avec l'argent que je vais recevoir.
Journaliste : Mais si c'est
juste en 2026, M. Nadeau-Dubois, si c'est juste reporté en 2026, selon
l'amendement que M. Leduc veut déposer, ça va être quand même les députés
qui vont s'être voté cette augmentation-là.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
c'est-à-dire que, cette proposition-là, ce n'est pas la position de Québec
solidaire, hein? Nous, notre position, c'est de mettre sur pied un comité
indépendant et décisionnel qui s'occuperait à la place des députés de
déterminer ces choses-là, ce qui nous sortirait de la situation épouvantable de
conflit d'intérêts dans laquelle on se trouve présentement, tous partis
confondus. Ça, c'est notre position. La proposition qu'on fait d'un report en
2026, c'est un strict minimum. C'est une proposition de bonne foi pour donner
une porte de sortie honorable au gouvernement. C'est un compromis, c'est-à-dire
que ça ne change pas notre position sur le fond. On trouve que des députés qui
se votent une hausse de salaire, ça reste un problème, mais on viendrait quand
même apaiser la perception de conflit d'intérêts. On viendrait apaiser le
conflit d'intérêts en disant : Bien, au moins...
Journaliste : ...le conflit
d'intérêts...
M. Nadeau-Dubois : Oui, parce
qu'au moins c'est les prochains...
Journaliste : ...le conflit
va être le même dans trois ans, là.
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
vous dis, puis je pense que je suis quand même assez clair là-dessus, c'est que
ce n'est pas la position de Québec solidaire sur le fond, mais que, dans le
contexte d'un gouvernement majoritaire, on essaie de faire ce qu'on peut pour
améliorer la situation. Et ça, je pense que c'est une proposition de bonne foi
qui permettrait d'apaiser le conflit d'intérêts en disant : Bien, au
moins, c'est les prochains occupants des 125 sièges de l'Assemblée
nationale qui encaisseraient l'augmentation, pas le lendemain matin de la
sanction du projet de loi, les gens qui se sont levés au salon bleu pour voter
la loi. Ce n'est vraiment pas l'idéal, ce n'est pas notre position, mais est-ce
que ça vient amoindrir un peu le caractère scandaleux de voir des députés se
lever au salon bleu après l'autre, et, le lendemain matin, dès que la loi est
signée, voir leur chèque de paie augmenter? Oui. Je pense que, quand même, ça
vient apaiser ce caractère-là, très dérangeant, de voir les députés être juge
et partie parce qu'au moins ça s'appliquerait aux prochains occupants des banquettes
du salon bleu, pas au monde qui sont là en ce moment. Mais je conviens avec
vous que c'est loin d'être l'idéal puis ce n'est pour ça qu'on voulait, nous,
au départ, mais je pense que c'est un peu moins pire.
M. Nadeau-Dubois : Concernant
la congestion monstre du week-end dernier à Montréal, vous avez quelques
députés dans la région, vous avez pensé quoi, hier, des propos de la ministre
des Transports, là, qui a notamment dit qu'il faudrait développer le
réflexe 5-1-1?
M. Nadeau-Dubois : Bien, je
ne dis pas que les gens ne devraient pas s'informer, mais il y a quand même une
limite à mettre le fardeau sur les épaules des gens, là. Tu sais, il y a une
responsabilité du gouvernement d'informer les gens et de prendre tous les moyens
possibles pour que l'information se rende. Puis ce n'est pas la première fois,
là. Rappelons-nous ce qui s'est passé avec le tunnel Hyppolite-La Fontaine dans
les premiers temps. Je veux dire, ce n'est-ce pas la première fois qu'il y a un
manque de communication de la part du ministère des Transports envers les usagers
de la route. Ça fait que je me garderais une petite gêne si j'étais Geneviève
Guilbault avant de pointer du doigt les usagers de la route, je veux dire, la
responsabilité de tout faire pour informer les gens, elle appartient au
ministère.
Journaliste : Elle a parlé de
moyens de communication ou de s'informer, est-ce que le 5-1-1, ça en est un bon?
Puis est-ce que vous, personnellement, vous avez déjà utilisé ce service-là?
Avez-vous déjà composé le 5-1-1 pour prévoir vos déplacements, honnêtement?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne
veux pas discréditer ce moyen-là. Je pense que c'est bien qu'il y ait des
outils, mais je ne l'ai jamais utilisé. Il faut utiliser tous les moyens possibles,
là. Est-ce que c'est des communications sur le Web? Est-ce que c'est des
communications visuelles? Est-ce que c'est... Je veux dire, il y a plein de
moyens de communication à prendre et...
Journaliste : Le 5-1-1 qui
est mis de l'avant par la ministre, est-ce que selon vous, c'est un bon
outil...
M. Nadeau-Dubois : Non, mais
je pense que ça fait partie...
Journaliste : ...ou est-ce
que c'est dépassé?
M. Nadeau-Dubois : Ça fait
partie des outils. Moi, je ne suis pas prêt à le discréditer. Ça fait partie
des outils, mais de toute évidence, ce n'est pas suffisant.
Journaliste : Éric Caire sur
le 7 milliards ce matin, là, les libéraux disent : Il ne devrait même
plus être là, là, Legault devrait...
M. Nadeau-Dubois : Le 7 milliards?
Journaliste : Bien, pour la
réforme, notamment informatique, avec Revenu Québec, bon. Est-ce qu'on devrait
vraiment tasser Éric Caire? Qu'est-ce qu'on fait avec Éric Caire?
M. Nadeau-Dubois : Bien,
qu'est-ce qu'on fait avec Éric Caire? Idéalement, Éric Caire ferait son
travail, mais ça n'arrive pas. Il y a un exode autour de lui dans son
ministère. Franchement, c'est très inquiétant, là. La transition numérique de
l'État québécois, des organismes publics au Québec, ce n'est pas une petite
tâche, c'est une tâche qui est importante et la confiance a été profondément
ébranlée, là, dans la foulée de tous les scandales des derniers temps. Je ne
comprends pas que M. Caire s'accroche comme ça à un poste pour lequel il a
été largement décrédibilisé, là.
Journaliste : Mais est-ce que
c'est Éric Caire qui s'accroche ou c'est le premier ministre qui s'obstine,
d'une certaine façon à le laisser là?
M. Nadeau-Dubois : Il y a
sans doute un peu des deux.
Journaliste : O.K., parce que
les libéraux, quand on leur demande : Est-ce qu'il faudrait qu'Éric Caire
soit démis de sa fonction de ministre? Les libéraux disent : Je pense
qu'on est rendu là, là. Est-ce que vous... Vous répondez quoi à ça?
M. Nadeau-Dubois : Ça appartient
au premier ministre puis au ministre Caire, mais, de toute évidence, la
confiance n'est plus là. M. Legault devrait réfléchir sérieusement.
Journaliste :
On immigration, what are your… Are we
in English?
La Modératrice
: Yes.
Journaliste
: …your expectations about the announcement today? We know there will
be some new requirements with the French language. What do you think?
M. Nadeau-Dubois : Well, you know, first of all, we want… the first thing we ask Mr. Legault is to bring back the
Programme de l'expérience québécoise, the PEQ, in its version before Mr.
Jolin-Barrette destroyed it. It was working, it was a fast-track way for
immigrants in Québec that are already here, that already worked or studied in
our communities, to get their permanent residency. That was a huge mistake by
the CAQ to scrap that program. It has to comeback in its original form.
The second thing is that
I think there's a strong consensus in Québec when it comes to economic
immigration, that we all want French to be a very important criteria in the
selection of our immigrants, no one challenges that. But then, I think we
should not throw the towel on integration and on learning French when you come
to Québec. I think it's part of our project of society in Québec, that we think
that our public and common language, French, is attractive and strong enough if
we put the efforts in to attract people. I have examples in my own caucus of
men and women that have come to Québec without knowing French and that have
learned it. We were surrounded by a dozen of young, very young and very recent
immigrants sooner this week that have learned French in like a year or a year
and a half. That's unbelievable, that's a success and that is the proof that,
if we work hard, if we put the efforts, it's possible to integrate into Québec
and French people that don't speak French when they come into Québec. We should
not abandon that beautiful project, we should not throw the towel, and that's
what I ask Mr. Legault : Do not throw the towel on francization and
immigration.
And what I would add is
that, the fact to learn French, it's not only good for French, for the future
of French in Québec, it's good for the immigrants themselves, because it's a
way to integrate the job market, it's a way to be… to know your rights and to
be respected. When we were meeting the Amazon workers a few days ago, it was
interesting to see that, the fact that a lot of those workers don't know French
and do not have access to francization is being used as a tool by Amazon to
exploit them. So, when we say that learning French is important, it's not only
for the future of French, it's also good for the immigrants themselves, because
it's a way to be fully participating in Québec society.
Journaliste
: Do you worry that their goal of a 100% of French speakers in
economic immigration could have any negative impacts on the job market?
M. Nadeau-Dubois :Well, first of all,
we have to see how this will be planned. Because Mr. Legault says on one
hand that he wants 100% French speaking economic immigration, and he stops that
at 50,000 or 60,000, we don't know yet. But, on the other hands, he's opening
the gates to unprecedented levels of permanent... of temporary and precarious
immigrants. So, if we want to have that debate, we need to have it as a whole.
Because the immigrants we met when we were meeting the workers at Amazon were,
in a good majority, temporary immigrants that see their immigration status
instrumentalized by Amazon to exploit them. So, if we want to talk about :
Should economic immigration speak French, we need to talk about permanent and
temporary immigration. If we don't do that, we're not talking about the good
thing. Because if you say : We have 50,000 people and 100% of them have to
speak French, and then you say there are 300,000 temporary immigrants and, for
them, French is just not a requirement and there is no francization, well, they're
missing the point.
Journaliste
: I'm just wondering if we are limiting ourselves with that French
requirement.
M. Nadeau-Dubois : Well, like I said before in French and in English, I mean there's a
strong consensus that French has to be an important criteria, a very important
criteria in the selection of our immigrants. But we still believe, at Québec solidaire, that it's possible to
welcome people through economic immigration that don't speak French, but that
will learn it with a real, real effort on francization, especially francization
in the workplace where it actually works. We believe it's still possible. And
when I see Mr. Legault saying : No, it's going to be 100% French
speaking before they arrive, I see that as throwing the towel on that beautiful
project of society that is : It's possible to learn French when you come
to Québec.
Journaliste
: They've said that there's going to be exceptions, you know, like for certain industries where,
maybe, you need to bring to people in. Do you have any thoughts on what the
exceptions should be?
M. Nadeau-Dubois : Well, honestly, we will see what the Government will announce on that, what exceptions will... I mean, the fact
that they are doing exceptions is already kind of an admission that it's not as
easy as they say.
La Modératrice
: Merci.
M. Nadeau-Dubois :
Merci beaucoup.
M. Leduc : Bonne journée.
(Fin à 8 h 54)