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Point de presse de M. Pascal Bérubé, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de culture et de communications, et M. Joël Arseneau, porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de transports et de mobilité durable

Version finale

Le vendredi 2 juin 2023, 8 h 40

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Huit heures cinquante-sept minutes)

M. Bérubé : Bonjour, tout le monde. D'abord, on veut offrir toute notre solidarité à l'égard des pompiers et des premiers répondants qui combattent les incendies à Chapais, sur la Côte-Nord, partout au Québec. Ça nous touche beaucoup. Je sais que ça inquiète les populations. On a un été qui va être chaud et sec, alors ça fait partie des réalités que les communautés doivent vivre, doivent affronter. Alors, on veut transmettre à l'ensemble des personnes concernées notre soutien, ici, à partir de l'Assemblée nationale.

Je veux vous rappeler quand le premier ministre disait qu'il voulait créer des emplois payants. Alors, non seulement il ne crée pas des emplois payants, c'est-à-dire qu'il prend des emplois existants, qui sont occupés soit par des personnes qu'il a nommées ou ses députés, puis il les rend encore plus payants. Et le dernier exemple, c'est la nouvelle présidente du conseil d'administration d'Hydro-Québec qui va obtenir 75 000 $ de plus que sa prédécesseure, soit 63 % en rémunération supplémentaire. Ma question : Pourquoi? On augmente les directeurs de cabinet à un taux jamais vu, on augmente le directeur de cabinet du premier ministre, on augmente à la Caisse de dépôt, Investissement Québec. On est en train de faire une compilation assez exhaustive de tous ceux qui ont gagné financièrement depuis que la CAQ est là, en 2018. Et cette augmentation, elle survient aussi dans le contexte des négociations du secteur public.

Je ne sais pas pourquoi on augmente de 63 % la présidente du C.A. Elle n'est pas P.D.G. Et d'ailleurs on ne connaît pas les conditions de M. Sabia. Moi, j'ai bien hâte d'en savoir plus, qu'est-ce qu'on a négocié avec lui... gouvernement, être capable de vous dire combien on va lui donner versus ce que Sophie Brochu obtenait. C'est une question importante. Je tiens juste à vous rappeler que j'ai déjà fait partie d'un conseil des ministres, et on a nommé un président de conseil d'administration. Vous savez combien il a gagné? Zéro. Pierre Karl Péladeau. Alors, ça, c'est ce qu'on a vécu. 200 000 $, je veux dire, pourquoi?

Je tiens à l'ajouter, parce qu'il ne faut pas s'habituer à ça, O.K., ces augmentations, puis on se dise : Ils le méritent. À chaque fois, on va les dénoncer puis on va demander pourquoi ces personnes méritent davantage d'argent quand, encore aujourd'hui, moi, j'étais devant l'Assemblée nationale, et puis on avait des professionnels de l'éducation, de soutien scolaire qui nous disaient : Bien, il y a aussi un enjeu financier. Et les enseignants nous disent ça, et les infirmières nous disent ça, et les gens qui gagnent durement leur argent se posent la question. Alors, ils peuvent compter sur le Parti québécois pour questionner à chaque fois. Et ça va peut-être devenir lancinant pour le gouvernement qu'on rappelle toutes les augmentations consenties depuis 2018, et ça continue. Alors, ça fait partie du contexte. Je m'arrête là.

Je suis accompagné de Joël Arseneau. On a entendu les points de presse précédents, on connaît vos questions et on a des réponses.

M. Bossé (Olivier) : Qu'est-ce que vous pensez de — je vais la poser quand même, à moins que vous vouliez y répondre avant que je la pose — ce que Mme la ministre Proulx a fait : annuler un congrès au Centre des congrès parce que c'était un groupe antiavortement?

M. Bérubé : Alors, j'ai déjà été le ministre responsable du Centre des congrès de Québec et, si j'avais eu la même information, j'aurais pris la même décision.

M. Bossé (Olivier) : Pourquoi?

M. Bérubé : Pour des raisons évidentes. Ça envoie un message fort. L'État, à travers le Centre des congrès, n'a pas à accueillir un tel groupe qui fait la promotion de valeurs qui vont à l'encontre de celles de l'État.

M. Bossé (Olivier) : La liberté d'expression, ce n'est pas une valeur de l'État, ça?

M. Bérubé : S'il y a des privés qui veulent accueillir ce groupe, libre à eux, mais ce n'est pas à l'État de le faire. Donc, que ça soit au Palais des congrès, que ça soit au Stade olympique ou au Centre des congrès, il n'y a pas de place pour ce genre de groupes.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce que le droit à l'avortement est menacé au Québec?

M. Arseneau : Bien, en fait, je pense qu'il ne faut pas importer les débats états-uniens. Ici, au Québec, le consensus est large et clair, je pense que l'ensemble des parlementaires sont d'accord sur l'état du droit actuel. Cette manifestation-là, ce rendez-vous là, moi, il m'a surpris, là, qu'on veuille le faire au Québec, dans la mesure où je n'ai pas l'impression, à l'heure actuelle, là, qu'il y a une menace quelconque. Je pense que le consensus, il est clair. Soyons vigilants, cela dit, là, mais moi, il ne me semble pas, à l'heure actuelle, là, au regard de ce qu'on entend, de ce qu'on peut lire dans l'actualité, qu'il y a véritablement une menace pour le droit des femmes à disposer de leur corps.

Mme Lévesque (Fanny) : Est-ce que c'est une bonne chose que la ministre Martine Biron veuille légiférer là-dessus ou ce n'est pas nécessaire?

M. Arseneau : Bien, en fait, je ne connais pas la teneur de ce qu'elle souhaite amener comme pièce législative. Il n'y avait pas de débat là-dessus jusqu'à ce qu'elle le mentionne, alors on attendra de voir ce qu'elle a en tête, mais, si c'est pour renforcer le droit des femmes, évidemment, on va collaborer, c'est une priorité, pour nous, là, de s'assurer que les femmes aient le droit de disposer de leur corps puis que le droit à l'avortement soit reconnu, et admis, et préservé.

M. Laberge (Thomas) : Est-ce qu'il y a un risque de légiférer sur ce sujet?

M. Arseneau : Bien, en fait, il faudrait savoir ce sur quoi on veut légiférer, là, il ne me semble pas que... avoir entendu qu'il y ait des revendications à cet égard de la part de groupes de femmes ou autres pour consolider l'état du droit actuel. Alors, on verra ce qu'a en tête la ministre si elle veut nous faire part de ses intentions puis on verra à ce moment-là si c'est utile, si ça ajoute, je dirais, des protections, bon. On regardera ça.

M. Desrosiers (Sébastien) : M. Bérubé, qu'est-ce que vous avez retenu de la première journée de consultations sur le projet de loi n° 23?

M. Bérubé : Que ça ne devrait pas être la priorité gouvernementale en éducation de donner plus de pouvoirs au ministre. Alors, on sait clairement qu'est-ce que ça donne de plus au ministre en termes de pouvoirs, mais on ne sait toujours pas qu'est-ce que ça donne de plus pour la réussite scolaire, pour les élèves en difficulté, pour le soutien aux enseignants, aux professionnels de l'éducation. Je veux dire, le ministre, je pense, réalise que le premier geste important qu'il pose, là, de manière législative... donc il mobilise son ministère, il mobilise les parlementaires, et ce qu'on retiendra de lui, c'est qu'après la réforme de la loi n° 40, c'est-à-dire on a aboli les commissions scolaires, puis, tout de suite après, bien, ce n'est pas assez, là, ce qui est bien important, là, c'est que le gouvernement nomme les directions générales, qu'elles marchent au pas, puis c'est lui qui va choisir. D'ailleurs, on ouvre la porte à d'autres nominations partisanes, là. Je tiens à rappeler que le gouvernement n'est pas gêné avec ça, là, il a nommé une sous-ministre au Tourisme, là, qui était candidate de la CAQ quelques semaines avant, je veux le rappeler. Alors, c'est ça, la priorité.

Ce n'est pas celle des membres de soutien des écoles qui étaient devant l'Assemblée nationale, des enseignants, des... Écoutez, des parents, deux groupes de parents sont venus nous dire hier : Ça va décourager la participation des parents dans le réseau scolaire. Et là je me suis tourné vers le ministre, j'ai dit : C'est ça que vous voulez, que votre passage en politique soit marqué par le fait que les parents vont décrocher? C'est très mal parti. Et je me pose de sérieuses questions sur est-ce que c'était lui qui voulait ça, le ministre? Est-ce que c'est quelqu'un d'autre au gouvernement? Ça dit beaucoup, le choix d'une loi pour démarrer un mandat.

M. Desrosiers (Sébastien) : Mais il y a des syndicats aussi qui ont témoigné, la CSN... ou qui vont témoigner aujourd'hui. La CSN était là hier soir.

M. Bérubé : La CSN est venue hier.

M. Desrosiers (Sébastien) : C'est ça, elle était là hier soir puis elle demande carrément d'abandonner la réforme, le projet de loi.

M. Bérubé : Bien, les données, ça, je peux comprendre. On a compris que c'était compliqué, ça va, mais, pour les pouvoirs, je veux dire, ça donne quoi? Je veux dire, j'ai l'impression que c'est comme un peu deux lois miroirs, hein, la loi n° 15 puis la loi n° 23, qui vont permettre beaucoup plus de pouvoirs. On sait ce que ça donne au ministre, mais ça donne quoi au monde, pour de vrai?

Et je ne sais pas, le ministre a l'air un peu dépassé par ce qu'il entend, mais on aurait pu le prévenir d'avance. Ce n'est pas ça, la priorité, je ne sais pas pourquoi qu'ils font ça, c'était... En campagne électorale, je ne me souviens pas d'avoir dit... d'avoir entendu : Si on gagne, là, le ministre de l'Éducation, il va avoir bien plus de pouvoirs. Je ne pense pas avoir dit ça. Tu étais là. Anthony était là — vous ne le voyiez pas, mais il était là pareil — je n'ai pas entendu ça.

M. Lachance (Nicolas) : Qu'est-ce que le ministre devrait faire pour rassurer les parents qui ont des enfants qui vont rentrer à l'école, là, pour les 15 prochaines années, sachant qu'il y a près du quart des enseignants, par exemple, qui n'ont peut-être pas les qualifications pour leur enseigner?

M. Bérubé : Première des choses, s'assurer que les enseignants qualifiés qui sont déjà là demeurent parce qu'ils sont considérés, ils sont bien rémunérés puis ils ont du soutien. C'est la première des choses. Parce qu'il y a des...s'il n'y avait pas tant d'enseignants et d'enseignantes qui quittent, on n'aurait pas besoin d'aller en chercher qui n'ont pas les qualifications requises. C'est la première des choses. Que le gouvernement, qui est un gouvernement de slogans, dit sans arrêt : L'éducation, c'est notre grande priorité, je veux dire, ça commence quand? Ce ne serait pas prématuré, là, il semblerait qu'on est dans l'année cinq, là. J'ai entendu ça du gouvernement. Ça ne paraît pas.

Je veux dire, moi, je me pose la question : C'est quoi, leurs priorités, en éducation? Vous avez entendu la question de Paul St-Pierre Plamondon, hier, sur l'essentiel, les jeunes qui vivent la détresse, superbe dossier de La Presse de dimanche dernier. On fait quoi avec ça? On change de papier à lettres, d'abord, pour passer de commission scolaire à centre de services scolaire, puis ensuite on donne des pouvoirs au ministre. C'est ça, la CAQ, en éducation? C'est un gouvernement qui donne des signes d'usure prématurée et qui, là, gouverne ou légifère comme s'il était là à demeure puis il se dit : Bien là, nous, là, pour le long terme, là, ça va nous prendre ça pour gouverner. Bien, ça ne marche pas comme ça.

M. Desrosiers (Sébastien) : Est-ce que vous êtes d'accord que c'est mieux d'avoir un prof non qualifié devant une classe que pas de prof du tout?

M. Bérubé : Alors, moi, là, j'aime mieux... entre un prof qualifié puis un prof pas qualifié, je vais prendre un prof qualifié. Je veux dire, on n'a pas à faire ce choix-là, on s'organise pour avoir des profs qualifiés. Et demandez au ministre, parce que je pense qu'il les a, ces statistiques, combien d'enseignants ont décroché ou sont en voie de décrocher. Ça donne une bonne indication que, si on garde ceux-là, ça va juste aider.

Et on ne peut pas normaliser ce genre de chose. Vous savez, c'est une autre déclaration qui envoie un signal épouvantable. Hier, c'est comme si on avait normalisé, tu sais, c'est la version... tu sais, quand Éric Duhaime disait : Il vaut mieux de la fausse information que pas d'information pantoute, bien là, la version caquiste, c'est : Il vaut mieux un prof non qualifié que pas de prof pantoute. Moi, je n'accepte pas ça, je ne me contente pas de ça. Je vais citer leur propre slogan, là : Faire plus, faire mieux. C'est pas mal le temps, là, tu sais.

Mme Lévesque (Fanny) : Sur 96, là, on a vu les sites Internet des villes s'ajuster. Comment vous trouvez? Est-ce que ça va servir à quelque chose de certifier qu'on est anglophone pour avoir accès aux services en anglais? Qu'est-ce que vous pensez de cette mesure-là?

M. Bérubé : Nous, on a voté contre la loi n° 96, notamment parce que ça n'allait pas assez loin sur l'essentiel puis parce que ça allait trop loin sur des choses qui n'ont aucun impact. Moi, ce n'est pas le genre de mesure, là, qui est susceptible de créer de l'adhésion au français, de créer le désir de vivre en français, d'apprendre le français, moi... Ce genre de mesures là, on n'en a pas fait la promotion.

Mme Lévesque (Fanny) : ...certaines villes qui... Côte-Saint-Luc, entre autres, qui a été rapporté, là, qui...

M. Bérubé : Bien, d'abord, des félicitations: ville de Longueuil, c'est le modèle. Ce qu'ils ont fait avec leur site Internet... c'est en français, puis vous pouvez choisir d'autres langues après. Félicitations à mon ex-collègue, Catherine! C'est l'exemple à suivre. Montréal, ça semble compliqué. J'ai vu que, là, c'est assez dur, c'est assez sec. C'est sûr que, bon, l'application commence maintenant. Côte-Saint-Luc, on m'a fait entendre le message tout à l'heure. Ah bien, là, c'est pour narguer le gouvernement, là, on parle de l'arbre généalogique, et tout ça.

Je veux dire, vous voyez qu'on n'est pas sur les bonnes affaires. Le gouvernement, là, il peut agir de toutes sortes de façons qui ont bien plus d'impact. Les transferts linguistiques, là... s'ils appliquent la loi 101 aux cégeps, la Charte de la langue française, bien, les transferts linguistiques, à un âge où on commence sa vie professionnelle, on s'établit, on crée des relations, ça, ça a davantage d'impact. Mais, en anglais, on dirait «red tape», il y en a beaucoup trop, puis ça donne l'impression que ça donne de quoi, mais nous, on n'est pas en faveur de ça. Alors, je le répète à nouveau, là, ce genre de mesures contraignantes, là, ce n'est pas le genre de mesures dont le Parti québécois fait la promotion.

M. Authier (Philip) : So, you're not impressed with the new system?

M. Bérubé : Are we done with French now?

Mme Morin-Martel (Florence) : Juste une petite question.

M. Bérubé : Can't wait. Oui?

Mme Morin-Martel (Florence) : Oui, oui. En fait, on apprenait, ce matin, que le gouvernement avait condamné une femme, là, à rembourser des prestations d'aide sociale parce qu'elle avait omis de déclarer, là, des revenus de prostitution, mais alors qu'elle a dit qu'elle a remis ces revenus-là à un proxénète. Est-ce que le gouvernement s'est trompé de cible en condamnant cette femme-là?...

M. Arseneau : Bien, ce sont des sujets qui sont très délicats. Et d'ailleurs je vous rappelle qu'il y a une commission spéciale sur l'exploitation sexuelle des mineurs qui a conclu que, souvent, dans ces cas-là, les personnes vulnérables sont exploitées sexuellement, et, précisément sur la question de l'aide sociale, là, qu'il ne faut pas, comment je dirais, exacerber la situation de difficulté de ces femmes qui sont prises dans un certain engrenage, une mécanique d'exploitation.

Alors, je ne connais pas le cas de la dame de façon particulière puis je pense qu'il faut être sensible à cette question-là, et c'est ce à quoi j'appelle le gouvernement, parce que je pense qu'il y a des considérations, dans ce cas-là, qui, si on a une approche répressive, peut provoquer davantage de conséquences négatives pour les personnes qu'autre chose. Alors, moi, j'appelle le gouvernement à faire preuve de beaucoup de prudence et de discernement dans une cause comme celle-là.

Puis la question n'a pas été posée, mais j'aimerais quand même revenir sur la question de l'aide médicale à mourir, qui a été abordée dans les points de presse précédents et beaucoup dans l'espace public, depuis quelques jours, la question du délai de deux ans qu'on se donne pour mettre en œuvre la loi.

Je vous rappellerai qu'il y a deux ans qu'on a entrepris le travail pour permettre le consentement anticipé, notamment. On y est allés étape par étape. Et, quand, il y a un an environ, le gouvernement a déposé son projet de loi en fin de session parlementaire, on trouvait que c'était précipité pour faire l'étude du projet de loi, puis on en a la preuve aujourd'hui puisque ça a quand même pris trois mois à parcourir et à bonifier le projet de loi n° 11, mais ce que le ministre Dubé avait dit à l'époque, c'est : Même si on le retire puis qu'on va laisser passer l'élection, ça ne va pas retarder la mise en œuvre du projet de loi une fois qu'il sera adopté.

Alors là, on apprend aujourd'hui que ce travail-là, là, d'anticipation, n'a pas été fait sur le plan administratif, mais, surtout, on semble remettre en question la compétence du Québec pour aller de l'avant avec des mesures législatives qui sont strictement de sa compétence. Je vous invite à aller écouter l'entrevue que le Pr Taillon, juriste éminent, a donnée au 98,5 il y a quelques minutes, qui confirme, comme les tribunaux l'avaient confirmé auparavant, que c'est strictement de juridiction québécoise de mettre en œuvre cette loi-là parce qu'il est question essentiellement de soins et de consentement. Et on a eu le même genre de réaction il y a une dizaine d'années, on disait : Ce n'est pas la prérogative du Québec, ce n'est pas de ses compétences, et tout ça. Et, sous la gouverne de Véronique Hivon, on a maintenu le cap, et les tribunaux nous ont donné raison.

Alors, aujourd'hui, là, moi, j'espère que le gouvernement, qui se dit nationaliste, n'est pas en train de faire un virage complet en disant qu'on doit se soumettre aux décisions du fédéral dans cette question, qui est relative, je le rappelle, à la santé, au consentement et qui relève du Code civil. Alors, on ne va pas, je dirais, remettre en question nos compétences, ce qui serait d'ailleurs absurde, dans la mesure où le gouvernement de la CAQ a déposé son projet de loi en toute connaissance de cause l'an dernier. On y a travaillé pendant trois mois en sachant que c'était de nos compétences et, aujourd'hui, pour justifier des délais quand même importants, de deux ans, on remettrait en doute la compétence totale et entière du Québec? Moi, j'appelle le gouvernement à beaucoup de cohérence, beaucoup d'empathie aussi pour des gens qui attendent depuis deux ans puis qui, autant que faire se peut, ne veulent pas attendre ou ne pourront pas attendre deux ans.

Alors, premièrement, la question des compétences, il faut que le gouvernement réaffirme que c'est de la compétence du Québec, et, deuxièmement, les délais administratifs pour développer les formulaires, et ainsi de suite, qu'on le fasse de façon diligente et accélérée.

M. Bérubé : Vous avez bien répondu à la question.

M. Desrosiers (Sébastien) : Donc, ce que vous dites, c'est que vous n'achetez pas tout à fait les arguments de la ministre, puis, selon vous, ça pourrait être mis en œuvre beaucoup plus rapidement qu'en 24 mois?

M. Arseneau : Bien, en fait, c'est qu'il y a deux éléments qu'on utilise, deux arguments qu'on fait valoir pour justifier des délais aussi longs, bon, d'une part, il y a des délais administratifs pour mettre en œuvre les dispositions de la loi, puis ça, on en est, il faut faire les choses correctement, mais le volet arrimage avec le Code criminel canadien ou avec les lois fédérales, cet argument-là doit être éliminé d'entrée de jeu.

Donc, si on tranche le débat sur les deux argumentaires et qu'on en élimine un, on devrait pouvoir accélérer de façon importante. Et, sachant la réaction qu'on entend dans la population, je pense que, si on a d'autres éléments, d'autres priorités, si on veut d'autres fonctions à exercer, là, au sein de l'appareil administratif, bien, je pense qu'il faut peut-être mettre davantage de ressources pour mettre en œuvre ce projet de loi là, parce qu'il est attendu depuis très longtemps.

M. Lachance (Nicolas) : Tout à l'heure, à Québec solidaire, il y avait un malaise de dire un peu ce que vous venez d'affirmer, parce que c'est un projet de loi qui a toujours été transpartisan. Est-ce que vous sentez qu'il y a un malaise à critiquer un peu la démarche du gouvernement, présentement?

M. Arseneau : Bien, nous, je pense qu'on s'est inscrits, écoutez, dans la voie tracée par Véronique Hivon et on n'a pas fait de partisanerie avec ce projet de loi là ou avec les éléments du projet de loi. Là, ce qu'on dit, simplement, c'est que, dans une approche, effectivement, là, qui réunit l'ensemble des partis, je pense que ce à quoi on appelle la ministre, c'est de mettre tous les efforts pour travailler à la mise en œuvre du projet de loi, sur lequel on a travaillé de façon transpartisane, mais, surtout, on ne veut pas refaire les débats du passé qui ont déjà été réglés, et par les tribunaux et par tous les experts, à l'effet que le Québec doit exercer ses compétences. Et, dans ce cas là, il peut le faire, il doit le faire, puis ce n'est pas une question partisane, c'est une question, vraiment, là, de souveraineté dans les compétences qui sont les nôtres.

M. Lachance (Nicolas) : On dirait que tout ça est un peu en train de se conclure en queue de poisson, là. Êtes-vous déçu que tout ce travail-là, transpartisan, se termine un peu sur une note négative?

M. Arseneau : Non, mais, en fait, la mise en œuvre, elle appartient évidemment à l'administratif et à l'exécutif. Alors, nous, on appelle de façon très, très ouverte et sans aucune arrière-pensée, à l'idée de la collaboration pleine et entière sur les enjeux qui sont réels, c'est-à-dire il y a des délais administratifs de mise en œuvre de la loi. Accélérons le pas. On tend la main à la ministre pour qu'elle le fasse avec l'appareil administratif, mais on la met en garde contre un recul majeur sur les compétences du Québec et de ne pas asservir la capacité du Québec à agir aux dictats du fédéral, d'aucune façon, là. Ce serait un retour en arrière qui a des dommages... qui cause, en fait, des impacts majeurs sur une bonne partie des Québécois qui étaient en attente, justement, d'un résultat plus positif et plus rapide.

(Fin à 9 h 18)

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