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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de lutte contre l’itinérance

Version finale

Le vendredi 9 juin 2023, 8 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Huit heures trente-huit minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Bonjour. Heureux de vous retrouver pour ce bilan de session de Québec Solidaire. Quelle belle session! Quelle belle session pour la famille solidaire! Une session qui commençait par un test, on ne va pas se le cacher, il fallait faire le bilan de la dernière élection, de la dernière campagne. Beaucoup de gens prédisaient des déchirements dans le cadre de ce conseil national. Et, finalement, ce qui s'est produit, bien, c'est un grand ralliement. On est ressortis plus forts de cet exercice de bilan là. Et la prochaine étape, bien sûr, c'est la tournée des régions qui va commencer dès la fin de l'été pour Québec solidaire, pour toute la belle équipe qui est derrière moi.

Ensuite, il y a eu un deuxième test, un gros test, un test électoral, un test dans Saint-Henri—Sainte-Anne. Tout le monde prédisait un résultat serré. Personne n'avait vu venir la vague Guillaume Cliche-Rivard, 45 % du vote, une forteresse rouge, rouge libéral, qui vire en orange pour la première fois de son histoire. Première fois que Québec solidaire l'emportait... remportait une nouvelle circonscription dans une élection partielle. Quelle belle victoire! C'est, pour nous, c'est certain, le fait saillant de notre session parlementaire, l'arrivée dans l'équipe de Guillaume Cliche-Rivard.

Après ces deux tests-là, bien, il fallait faire nos preuves ici, livrer la marchandise à l'Assemblée nationale du Québec, et c'est ce qu'on a fait. Et en pensant à ce que je voulais vous dire ce matin, je me suis dit : Je pense que c'est ça qui nous distingue, à Québec solidaire, on est le parti, on est l'opposition des résultats. On est là pour livrer des résultats pour les Québécois, pour les Québécoises, puis c'est ça qu'on a fait.

C'est nos questions qui ont fait sortir le chat du sac sur la question du troisième lien, hein? C'est grâce à nos questions, lors de l'étude des crédits, qu'on a découvert toute l'ampleur du fiasco caquiste dans le dossier du troisième lien. C'est nous qui avons mené la bataille du logement tout au long de la session. C'est nous qui avons talonné la CAQ, on le fait depuis des années, en fait, sur le fameux dossier d'Airbnb. On a enfin obtenu un engagement, puis ensuite un projet de loi pour serrer la vis à Airbnb. Ça faisait des années qu'on menait cette bataille-là. On l'a gagné cette session. Ça aussi, c'est un résultat signé Québec solidaire.

Et sur l'autre fait saillant du printemps, c'est-à-dire le printemps de dérèglements climatiques qu'on vient de connaître, qui était là? Qui était là pour talonner François Legault sur l'adaptation aux changements climatiques? Qui a multiplié les propositions? C'est Québec solidaire. Le printemps 2023 va rester marqué dans l'esprit des Québécois, des Québécoises comme un printemps d'inondations, de feux de forêt, comme comme un printemps qui symbolise vraiment notre entrée dans l'ère des dérèglements climatiques. Et qui était l'opposition efficace sur cette question-là? Bien sûr, c'était Québec solidaire.

Qui a parlé ici? Qui s'est battu pour les trois Québécois sur quatre qui s'opposent à la décision insensée d'augmenter les salaires des députés de 30 000 $? Qui était là? Qui a fait le travail? C'est Québec solidaire. Quel parti a défendu le système de santé, le système d'éducation face à des réformes de structure qui, à part donner plus de pouvoirs au ministre, ne régleront aucun des problèmes pour la population? Bien, c'est Québec solidaire. Qui est allé sécuriser l'avenir des CLSC dans le cadre du projet de loi n° 15? C'est Québec solidaire. On a été là, on a livré la marchandise, on a livré des résultats.

Et, face à nous, on a un gouvernement, et, pour résumer ce gouvernement-là, je pense qu'il y a un mot qui s'impose, c'est «arrogance». Je pense qu'on peut résumer le gouvernement de François Legault en une phrase : Quand on se croit tout permis, bien, on se permet de faire n'importe quoi. Briser des promesses, augmenter son propre salaire, apostropher les gens en plein salon bleu, faire des lois pour se donner plus de pouvoir, il n'y a personne qui a voté pour ça le 3 octobre dernier.

Manon, à toi la parole. Je permets de me dire que c'est la dernière fois que je partage un bilan de session avec ma coporte-parole Manon, puis ça me touche. Puis merci pour tout ce que tu as fait pour nous dans les dernières années.

Mme Massé : Merci. Merci. C'est vrai, et j'en suis extrêmement fière, qu'on vient de vivre une session assez exceptionnelle, une belle session. Je suis fière du travail qu'on a fait, que tout le monde a fait. On a été au rendez-vous à plusieurs niveaux. Tu viens de l'expliquer, Gabriel.

Mais je reste quand même avec beaucoup d'amertume en regardant comment le Québec est dirigé en ce moment par la Coalition avenir Québec. La CAQ brise des records d'arrogance. Ça fait quand même neuf ans que je suis là, et je suis à même de le constater. Ils sont tellement convaincus d'avoir raison qu'ils se chicanent avec du monde qu'ils devraient mettre de leur bord au lieu de les confronter. La tendance chez la CAQ, c'est la confrontation.

Pensons par exemple au ministre Drainville contre les profs qui ont le malheur de soulever des questions de priorités, qui ont... même M. Drainville contre les experts, les experts, qui, eux, sont capables de reconnaître que l'école à trois vitesses existe et que ça a des impacts sur nos enfants, la ministre Duranceau, en fait, contre les maires et mairesses, pas juste Québec solidaire, contre les maires et mairesses, qui en ont plein les bras avec la crise du logement, avec l'émergence de l'itinérance, le ministre Dubé contre les comités d'usagers, tous les acteurs qui ont défilé en commission lui dire que sa réforme, c'est de la centralisation — en fait, il est le seul à penser que ce n'est pas ça — François Legault contre les 75 % de la population qui trouvent que ça n'a pas d'allure de se voter nous autres mêmes une augmentation de salaire.

Le monde vulnérable font la file, actuellement, pour remplir leur panier d'épicerie, ils font la file dans les banques alimentaires, ils font la file pour se trouver un logement. Les tentes poussent en dessous de nos autoroutes, sur le bord de nos pistes cyclables. Les profs, les soignantes s'en vont à cause de leurs mauvaises conditions de travail. Quel message que ça envoie, ça? Bien, ça sème le cynisme.

Ce n'est pas parce que tu as 90 députés au Parlement, une majorité claire, que tu peux te permettre d'invectiver mon coporte-parole en plein salon bleu, ce n'est pas parce que... parce que cette attitude-là, qui est inacceptable, bien, ça sème aussi le cynisme. Promettre un troisième lien en sachant d'avance que tu ne le feras pas parce que ça ne marche pas, ça, ça sème le cynisme. Briser les promesses de 15 000 logements sociaux en nous disant que ça va bel et bien se passer puis ça ne se passe pas, bien, ça aussi, ça crée du cynisme.

À l'automne prochain, je pense qu'il va falloir que la CAQ se réenligne et... parce que, s'ils continuent comme ça, il va y avoir un impact indélébile sur le cynisme de la population. Alors, ça va reprendre un recentrage, mais qui se recentre sur les priorités des Québécois et Québécoises. Ça, c'est notre attente claire. Alors, je vous remercie. Je vous souhaite un bel été. Et je ne m'en vais pas, mais je m'en vais en vacances éventuellement cet été, par contre.

M. Nadeau-Dubois : Merci. Merci, Manon. La session est terminée. On s'en va tous et toutes sur le terrain. Et moi, mon petit doigt me dit qu'autour des barbecues cet été, autour des épluchettes de blé d'Inde, ça va parler beaucoup des inondations et des feux de forêt qui ont eu lieu ce printemps. Moi, ça m'a profondément marqué, comme élu, mais tout simplement comme citoyen, comme jeune père aussi. Des catastrophes climatiques comme ça, rapprochées l'une de l'autre, en un seul printemps, c'est un symbole qui est fort. Je pense, ça va marquer aussi les Québécois, Québécoises. Et ce que je souhaite profondément, c'est qu'il y ait un avant et un après printemps 2023. La priorité, dans les prochaines semaines, bien sûr, c'est d'éteindre les feux, c'est d'aider les communautés touchées, mais, au retour, cet automne, le premier point à l'ordre du jour de cette Assemblée, ça doit être l'adaptation aux changements climatiques. La classe politique québécoise doit se donner, ce printemps, un grand rendez-vous pour traiter de cette question-là. On n'a plus le droit de pelleter ça par en avant. Merci beaucoup, tout le monde.

La Modératrice : Merci beaucoup. On va passer aux questions. On vous demanderait de vous concentrer, une question, une sous-question. M. Denis.

M. Denis (Maxime) : Oui, bonjour. M. Nadeau-Dubois, justement, j'aimerais vous entendre. Comment vous allez faire pour maintenir ça dans l'actualité à l'automne prochain? Il peut arriver encore 20 000 autres affaires. Comment Québec solidaire va défendre cette cause-là encore à l'automne à venir?

M. Nadeau-Dubois : Les flammes vont finir par s'éteindre, là, mais le débat, lui, ne doit pas s'éteindre. Ça ne marche plus, là, cette manière-là de fonctionner, où on parle de ça juste quand il y a une catastrophe et, quand les eaux se retirent ou quand les braises refroidissent, bien, là, on change de sujet. Nous, on va travailler très fort pour que ça reste dans l'agenda politique. Il faut que ce soit le rendez-vous numéro un. Ma collègue Alejandra et moi avons fait cette semaine une proposition au gouvernement, une commission parlementaire, cet automne, pour discuter de manière transpartisane de l'aménagement forestier à l'heure des changements climatiques, et on va taper sur ce clou-là, on ne lâchera pas le morceau. On l'a déjà fait au Québec. On l'a fait sur l'aide médicale à mourir, on vient de le faire sur la violence dans le hockey junior. On s'entend tous sur l'importance de s'adapter aux changements climatiques. Vous m'avez vu souvent me chicaner avec François Legault. Hier, on ne s'est pas chicanés. Pourquoi? Parce qu'on est d'accord là-dessus. Quand on est d'accord, il faut travailler ensemble. Puis nous, on ne lâchera pas le morceau.

M. Denis (Maxime) : J'aimerais vous entendre, les deux, sur les qualités pour la prochaine coporte-parole, des qualités à avoir. On salue Mme Ghazal et Mme Labrie, peut-être, en réflexion, on ne le sait pas. Mais M. Nadeau-Dubois puis Mme Massé, les bonnes qualités, là, qu'est-ce que ça prend? Vous l'avez vécu. Qu'est-ce que ça prend pour être une bonne coporte-parole à QS?

Mme Massé : Moi, je pense que de voir clairement que le projet de Québec solidaire, c'est un projet qui doit se réaliser, et d'avoir des propositions pour le faire. Puis là on ne fera pas le débat avant elles, là, hein, ça va être à elles de leur dire. Puis, oui, on le sait, et j'en suis très heureuse, il y a Ruba Ghazal, il y a Émilise Lessard-Therrien. Vous l'avez dit, Christine semble y réfléchir aussi ardemment. Ça, pour moi, là, c'est de la santé démocratique. Puis l'important, c'est que les débats vont se faire, les discussions vont avoir lieu, et nos membres trancheront en bout de ligne. Mais je pense surtout que la plus grande qualité, c'est de croire que le projet de Québec solidaire va améliorer... en fait, pas juste d'y croire, c'est de travailler à le faire atterrir au Québec.

M. Nadeau-Dubois : Moi, tu sais, je pense que tout le monde est conscient que remplacer Manon Massé, c'est impossible. Il y a quelqu'un qui va lui succéder. Et personne ne sera Manon à la place de Manon, c'est impossible, mais moi, je dis qu'il y a une qualité de Manon, une qualité qu'elle m'a beaucoup transmise puis qui est très importante dans le rôle qu'on a partagé, Manon et moi, pendant six ans, c'est l'écoute. Et moi, quand je suis arrivé dans ce rôle-là, ce n'était pas mon fort. Puis c'est beaucoup grâce à Manon que j'ai appris l'importance de cette qualité-là. Moi, c'est quelque chose que je pense qu'il est important de détenir comme qualité, sur le plan personnel, quand on veut être coporte-parole de Québec solidaire, cette capacité d'écouter. Parce que le leadership, à Québec solidaire, il existe, mais il s'exprime de manière différente que dans les autres formations politiques, puis pour moi, cette différence-là, c'est beaucoup l'écoute.

Journaliste : Oui, bonjour. Vous demandez au gouvernement d'intensifier les efforts pour adapter le Québec aux changements climatiques, pour le forcer à l'action. Est-ce que vous pourriez faire preuve d'obstruction parlementaire?

M. Nadeau-Dubois : Non, on n'en est pas là. Puis, de toute façon, on est d'accord, il y a un consensus entre les formations politiques sur le fait que l'adaptation aux changements climatiques, c'est essentiel. Il y a un an, ce consensus-là n'existait pas. Moi, je remarque que François Legault a évolué sur cette position-là. Et je pense qu'il n'a pas eu le choix d'évoluer. Il a évolué, et nous, on va continuer à faire notre travail ici, au Parlement, pour que cette évolution-là se transpose en gestes concrets. Et on en a, des solutions, on ne fait pas juste parler, là : le fonds d'urgence climatique, cette commission parlementaire transpartisane pour faire le point sur l'aménagement forestier à l'heure des changements climatiques. Là, c'est les deux premières qui me viennent en tête, mais il y en a d'autres. Ça fait des années que nous, on en parle. On va continuer à en parler.

Et moi, je suis optimiste. Si je n'étais pas optimiste, je ne serais pas devant vous, là. Il n'y a pas de plus grande responsabilité pour la classe politique en 2023, il n'y en a pas, de plus grande responsabilité que de s'assurer que nous puis nos enfants puis leurs enfants vont vivre dans un Québec où les changements climatiques vont être contenus dans des proportions gérables. Il n'y a pas de plus grande priorité, il n'y en a juste pas.

Journaliste : Est-ce que François Legault est un bon premier ministre de crise, de gestion de crise?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je suis capable de reconnaître que, quand les populations sont en détresse, quand les populations sont en crise, François Legault a cette bonne habitude de se déplacer et d'aller voir le monde. Parfois, même, il invite les partis d'opposition à le faire. Je pense que c'est ça, son rôle en temps de crise. Il le remplit bien. Je n'ai aucun problème à le reconnaître.

Ce que je souhaite, c'est qu'il soit aussi à la hauteur de sa deuxième responsabilité comme chef d'État, pas seulement d'être là quand ça va mal, mais de travailler avec les autres pour prévenir les prochaines crises. À l'heure des dérèglements climatiques, les élus du peuple québécois ont deux responsabilités : être là quand ça pète, quand ça brise, quand ça déferle, mais travailler pour que ça ne se reproduise pas, ou, en tout cas, que, quand ça se reproduit, ce soit moins pire pour le monde.

Moi, je n'ai pas de problème de reconnaître que François Legault est à la hauteur de la première responsabilité. Pour la deuxième, moi, je l'ai encore entendu, hier, dire : Oui, la marge de manœuvre du Québec... Chaque dollar qu'on économise aujourd'hui, là, ce que la Commissaire au développement durable nous dit, c'est que c'est des coûts de 10 $, 12 $, 13 $, 15 $ dans les prochaines années. Je ne lui demande pas d'être écologiste, je lui demande juste d'être un bon comptable. Dépenser de l'argent aujourd'hui, c'est faire des économies plus tard.

La Modératrice : Mme Prince.

Mme Prince (Véronique) : Bonjour. Véronique Prince, à Radio-Canada. Excusez, j'avais besoin de le confirmer.

M. Nadeau-Dubois : Enchanté. Content de vous rencontrer, Mme Prince. J'espère que vous avez eu une belle session.

Mme Prince (Véronique) : Donc, le blocage parlementaire en environnement, ce n'est plus dans les plans?

M. Nadeau-Dubois : Pour une nouvelle journaliste, vous avez des questions qui datent de quelques années. Non, ça, ça été un débat qu'on a eu à l'époque, en 2020... 2019, non, non.

Mme Prince (Véronique) : ...avant la pandémie, vous vouliez faire un blocage parlementaire en environnement pour le forcer. 

M. Nadeau-Dubois : Voilà. Exact. On n'en est pas là. Non, non, ce n'est pas envisagé du tout, notamment parce que, je le répète, sur l'adaptation aux changements climatiques, moi, je sens que François Legault a évolué. Il y a un an, jour... Vous irez voir la question que je lui ai posée il y a un an jour pour jour, la dernière question que j'ai posée lors de la dernière législature. Je demandais à François Legault : Est-il d'accord pour que l'environnement, les changements climatiques soient une priorité de son prochain gouvernement? Il m'avait répondu grosso modo qu'il en faisait assez, puis qu'on vendait de l'électricité pour électrifier New York, ça fait qu'on allait sauver la planète. Un an plus tard, le discours a changé. Ce n'est pas juste à cause de Québec solidaire, bien sûr, c'est surtout les citoyens et citoyennes qui se sont mobilisés, mais je pense qu'on a aussi contribué à faire évoluer François Legault là-dessus, puis on va continuer. Et moi, je pense qu'on est capables de travailler ensemble sur l'adaptation aux changements climatiques.

Mme Prince (Véronique) : Sur le salaire des élus, on a entendu plusieurs fois vos arguments, et tout ça. Au niveau de la communication politique, là, je ne vous parle pas de vos arguments, au niveau de la communication politique, est-ce que vous avez frôlé avec le populisme?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne vais pas m'excuser d'avoir la même position que 74 % des Québécois, des Québécoises. Et cette position-là, on ne l'a pas adoptée quand on a vu le sondage, ça fait 10 ans que c'est notre position.

Mme Prince (Véronique) : Non, mais je ne vous parle pas de vos arguments, je vous parle de votre communication politique. Est-ce que vous avez flirté avec le populisme?

M. Nadeau-Dubois : Faire écho... faire écho du mécontentement profond de trois Québécois sur quatre à l'égard de cette décision-là, ce n'est pas du populisme, c'est juste faire notre travail. Notre travail ici, c'est de parler pour la majorité des Québécois, Québécoises qui trouvent ça indécent, anormal, des députés qui se votent à eux-mêmes une augmentation de salaire. Une chance qu'on était là, parce que, si on n'avait pas été là, aucun parti n'aurait parlé pour ces gens-là.

Mme Massé : Ça serait passé dans le beurre.

M. Nadeau-Dubois : Oui, ça aurait été adopté en une demi-journée si Québec solidaire n'avait pas été là.

Journaliste : Bonjour. Je vais continuer là-dessus. Vous en avez parlé beaucoup, de la rémunération des élus. Vous ne trouvez pas que ça se revire contre vous? Là, vous allez devoir chacun révéler quelle proportion de la hausse vous avez gardée. Pendant ce temps-là, les libéraux, ils l'empochent puis il n'y a personne qui parle d'eux autres.

M. Nadeau-Dubois : Bien, premièrement, moi, je vous invite à leur poser la question. Qu'est-ce qu'ils vont faire avec leur hausse? On nous l'a beaucoup posée à nous, c'est correct. Posons donc la question aux députés caquistes, aux députés libéraux. Qu'est-ce qu'ils vont faire avec leurs 30 000 $, minimum? Parce qu'en fait, dans le cas des caquistes et des libéraux, ça va être plus que 30 000 $. Donc, posons-leur la question. Ils devraient avoir à se justifier au moins autant que nous. Puis nous, on a été cohérents. On est contre cette hausse-là. Tous les députés vont la redonner, avec des modalités qui vont être différentes, aucun député ne va la garder au complet. Et on sera transparents, parce que ça, la transparence, pour nous, c'est non négociable à Québec solidaire.

Journaliste : Vous êtes contre la hausse, mais certains d'entre vous en empochent une partie, là, plus ou moins grande. Vous avez aussi une position que je vais qualifier d'évolutive sur l'événement au centre des congrès. Avez-vous un défi de cohérence au sein de votre caucus?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est deux enjeux différents. D'abord, tu sais, je regarde, moi, par exemple, la position qu'a prise le Parti québécois dans le débat sur la hausse du salaire des députés. Les députés péquistes vont faire quelque chose qui ressemble à nous. Eux, ils vont prendre une portion de hausse qui est correspondante à ce qu'auront les travailleurs, travailleuses du secteur public, vont redonner le reste. Moi, je ne vais pas juger à la pièce. Moi, je pense que, globalement, les gens qui ont voté contre le projet de loi sont cohérents dans leur position.

Pour ce qui est de l'événement au centre des congrès, quand on est profondément attaché, dans nos tripes, aux droits des femmes de choisir, je pense que c'est compréhensible qu'on ait une réaction d'abord virulente quand on voit des antichoix vouloir venir parader dans un édifice public. Puis on a eu une réaction spontanée à Québec solidaire. Le Parti québécois a eu la même réaction. Des fois, la poussière retombe, on prend un petit pas de recul et on se dit : Oh! une ministre qui dit : Moi, je vais gérer ça au cas par cas, dans mon bureau, qui a le droit de se réunir dans les organismes publics, et je vais le faire selon les valeurs du gouvernement, là, vous comprendrez que, là, il y a une pente glissante et qu'on dit : Un instant, il faut des balises, il faut des critères clairs.

Journaliste : Mais quand même vous avez parlé de simplifier votre discours. Sur ces deux enjeux-là, vous avez eu des positions qui ont changé au fil des jours. Trouvez-vous que vous avez accompli votre mission de simplifier votre discours?

M. Nadeau-Dubois : Bien, la position sur le salaire des députés n'a jamais changé. On a toujours été contre. Ça fait 10 ans qu'on est contre, on est encore contre.

Journaliste : Bien, vous avez été contre, mais vous empochez une hausse à laquelle vous vous opposez.

M. Nadeau-Dubois : On a toujours été contre depuis 10 ans. On est encore contre. On va rester contre tant qu'il n'y aura pas un processus indépendant et décisionnel pour trancher ces questions-là puis qu'il n'y ait plus cet énorme conflit d'intérêts.

Sur la question du centre des congrès, oui, on a pris un pas de recul, comme le Parti québécois d'ailleurs, parce qu'on a réalisé... surtout face à des déclarations d'une ministre franchement inquiétantes, là, de dire : Moi, je vais décider, je vais décider au cas par cas, puis ça va être selon les valeurs de mon gouvernement, autrement dit, les valeurs de mon parti. Oh! là, je pense qu'on n'est pas les seuls à dire : Un instant, il faut faire les choses correctement avec des balises claires et transparentes.

Journaliste : Oui, bonjour à tous. Bien, pour suivre sur la question du centre des congrès, là, il n'y a personne qui a voulu donner ses critères. On les recherche encore pour tous les partis. Est-ce que vous voulez faire différent des autres partis et nous donner quels seraient les critères solidaires pour éviter la censure?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que c'est quelque chose qu'il faut délibérer ensemble. Mais, en partant, on a un outil commun. Tu sais, par exemple, quand la Commission des droits de la personne nous dit : On a un guide commun, je pense qu'on pourrait commencer par s'asseoir avec ce guide-là. Mais ce qu'il faut surtout, c'est s'entendre ensemble que de restreindre quelque chose, ça ne peut pas être juste le gouvernement qui décide ça tout seul. Et moi, jusqu'à date, je n'ai ni entendu les libéraux ni entendu la CAQ dire ça. Alors, moi, je m'attends à cette première étape-là. Puis, après ça, on va s'asseoir, puis on va en discuter.

Journaliste : Oui, bien, nous aussi, on attend, on attend vos critères. Mais je vais aller sur un autre sujet. Le gouvernement de la CAQ va déposer enfin son projet de loi sur le logement. J'aimerais vous entendre, parce qu'évidemment on n'a pas encore le projet, mais sur, disons, la méthode de la CAQ sur la question.

Mme Massé : Combien de jours qu'il reste avant le 1er juillet, 22, quelque chose de même, là — là, je ne l'ai plus, 22, oui, je l'ai? J'ai l'impression que j'ai le décompte en tête. Je trouve ça honnêtement vraiment insultant, parce que je questionnais la ministre à l'automne dernier, en janvier, en février. En fait, moi, mon collègue Fontecilla, on n'a pas arrêté, et elle n'a pas arrêté de nous dire : Soyez patients, ça s'en vient. Malheureusement, les locataires ne peuvent pas compter sur la CAQ pour protéger leurs droits. On va voir c'est quoi, le projet de loi, mais de le déposer la dernière journée de la session parlementaire, c'est d'envoyer le signal que ce n'est pas important pour eux autres. Puis moi, bien, ça me choque.

La Modératrice : Merci. M. Lachance.

M. Lachance (Nicolas) : Bonjour. Encore une fois, cette session-ci, on a vu de nombreux... des prises de bec entre le Parti québécois et Québec solidaire. On l'a vu sur Twitter entre leaders parlementaires, on a vu Ruba Ghazal durant, même, la présentation de la motion concernant les documents pour... concernant l'enquête Option Canada. Est-ce que le Parti québécois est un... est un caillou dans le soulier de Québec solidaire, qui vous empêche, justement, là, de continuer dans votre croissance dans les sondages?

M. Nadeau-Dubois : C'est drôle, à l'époque, on posait la question inverse. Notre adversaire, c'est la CAQ. Moi, quand je me lève le matin, je pense à la question que je vais poser à François Legault, je pense à comment on va convaincre la CAQ d'en faire plus en logement, d'en faire plus en adaptation aux changements climatiques, comment on va convaincre la CAQ d'arrêter de brasser des structures puis d'au contraire s'occuper des services que reçoivent le monde puis des conditions de travail des gens qui donnent ces services-là. Moi, c'est ça qui me préoccupe, c'est ça qui m'intéresse. Je suis convaincu que c'est la même chose pour mes collègues. Ça ne veut pas dire que, des fois, il n'y a pas, ici et là, des accrochages, on a des différences, après tout, comme formations politiques, mais notre adversaire, c'est la CAQ. Moi, c'est à ça que je pense, c'est là-dessus que je me concentre.

Journaliste : Si votre adversaire, c'est la CAQ, de plus en plus, bon, événements obligent... parle d'adaptation aux changements climatiques, parle de changements climatiques. Est-ce que, dans la population, ils sont en train d'essayer de vous remplacer sur la question climatique?

Mme Massé : Ils ont des croûtes à manger un petit peu.

M. Nadeau-Dubois : Oui, c'est ça j'allais dire. La pente est raide un peu, là. Ça fait des années, à Québec solidaire, ça fait des années qu'on parle de cette question-là. Il faut continuer d'être meilleurs, il faut continuer d'améliorer nos propositions. Si on avait toutes les solutions, on aurait gagné la dernière élection. Ça fait que moi, j'ai l'humilité de reconnaître qu'il faut continuer à s'améliorer sur tous les sujets, notamment en environnement. Mais non, je ne pense pas que François Legault est reconnu pour ses vertus écologistes, je ne pense pas que François Legault a la réputation de quelqu'un qui est préoccupé par l'environnement. C'est même un euphémisme que de le dire.

Mais, si on est capables, à cause de notre travail puis du travail des citoyens et citoyennes, de le faire passer de l'indifférence à la... au fait d'être préoccupé, puis ensuite d'être préoccupé à faire des premiers gestes, bien, déjà, c'est une belle contribution de la part de Québec solidaire. Puis moi, à chaque fois que je vais voir François Legault reprendre nos idées en environnement, je vais être content. À chaque fois que je vais voir François Legault concéder qu'il faut en faire plus, je vais être content, pas juste parce que ça nous donne raison, mais parce qu'au-delà des frontières partisanes, là, il faut s'occuper des changements climatiques. Parce que vous savez quoi? Peu importe qui va être élu en 2026, les changements climatiques sont commencés.

La Modératrice : Merci. M. Lecavalier.

M. Lecavalier (Charles) : Oui, bonjour. Encore sur l'acclimatation, dans ce débat... dans l'adaptation, pardon, aux changements climatiques, dans le débat, vous prenez fait et cause pour les villes. Est-ce que M. Legault n'a pas raison un peu de dire qu'il y a aussi un gouvernement fédéral puis il y a des villes qui peuvent aussi contribuer, puis ce n'est pas juste au gouvernement du Québec de payer pour ça, dans la demande, là, du 2 milliards puis d'augmenter les budgets?

M. Nadeau-Dubois : La lutte aux changements climatiques, l'adaptation aux changements climatiques, c'est une responsabilité de toute la société, le gouvernement du Québec, le gouvernement du Canada, les municipalités, les entreprises, le mouvement syndical, la société civile. C'est la responsabilité de toute la société québécoise, mais c'est qui, le chef de la nation québécoise, le chef d'État? C'est François Legault. Puis son travail, à François Legault, là, ce n'est pas de jouer au ping-pong, ce n'est pas de pointer du doigt, c'est d'être un leader. Puis un leader, là, qu'est-ce que ça fait? Ça unit les gens derrière une vision commune. Ça ne dit pas : Hé! ce n'est pas à moi de payer, c'est à toi de payer. Ça ne pointe pas du doigt, un leader, ça unit les gens. Et c'est ça qu'on a besoin au Québec, d'un premier ministre qui dit : On s'assoit ensemble et on travaille ensemble, pas d'un premier ministre qui profite d'un point de presse sur la gestion d'une crise pour envoyer des piques aux municipalités. Ce n'est pas à la hauteur de sa fonction, il ne devrait pas faire ça.

La Modératrice : Merci beaucoup. En terminant.

M. Lecavalier (Charles) : Oui, bien, encore sur l'adaptation, à la veille des élections, on a senti que, dans votre discours, vous avez un peu... pas bifurqué, mais vous avez beaucoup, beaucoup parlé du coût de la vie puis, bon, des vacances, etc., d'améliorer la qualité de vie des travailleurs. C'était aussi un thème que vous abordiez souvent au début du mandat. Puis là, bon, avec les événements extrêmes, vous repartez sur l'environnement. J'ai l'impression... Est-ce que vous avez de la difficulté à vous trouver une ligne directrice?

M. Nadeau-Dubois : C'est deux priorités qui sont extrêmement importantes à nos yeux. La défense des travailleurs, des travailleuses, le fait d'aider les gens de la classe moyenne puis en bas de l'échelle à faire face au coût de la vie, on en a parlé toute la session. Vous nous avez vus parler de salaire minimum, vous nous avez vus défendre, pas plus tard qu'hier, les travailleurs, les travailleuses précaires chez Amazon, vous nous avez vus défendre les travailleurs, travailleuses des services publics toute la session. C'est superimportant pour nous, la question de l'environnement aussi. Les deux sont liées. Qui va faire les frais le plus des dérèglements climatiques? Ce n'est pas les gens qui ont des grosses baraques, à Westmount. Les gens qui vont faire le plus les frais de la crise climatique, c'est les gens qui sont déjà précaires. Donc, pour nous, la justice sociale et la lutte aux changements climatiques, ce n'est pas des priorités qui sont concurrentes, c'est des priorités qui sont convergentes, parce que, quand on défend ces causes-là, on défend le même monde, en fait.

Journaliste : Est-ce que c'est payant politiquement l'environnement? Parce que ça fait plusieurs élections qu'on se pose la question.

M. Nadeau-Dubois : Je ne le sais pas. C'est une... Je ne le sais pas, si c'est payant, mais c'est notre responsabilité.

Mme Massé : Et voilà, c'est nécessaire. Je ne sais pas si c'est payant, mais c'est nécessaire.

La Modératrice : Merci. On va passer en anglais.

Journaliste : Good morning. You mentioned Airbnb as one of... like, the law on Airbnb as one of your, you know, biggest achievements. But besides that, what... can you give me a concrete example of what Québec solidaire did in order to change the CAQ's agenda when it comes... like, amendments or...

M. Nadeau-Dubois : Yes. Well, the Airbnb bill is, in fact, the best example. We've been fighting for this for years at Québec solidaire. I remember the time where Amir Khadir was alone, here, saying Airbnb is aggravating the housing crisis, we need to get them to respect the Québec law. He was alone saying this. Now, we're 12, and we just won. So, that's a beautiful example, but it's not the only example. On the Bill 15, on the Dubé reform of the health care system, the initial plan of the Government was to scrap from the law the mission of the CLSC in Québec, which is a gem of the Québec model in health care, because it's an easy and local, decentralized access to health care for Québec. We tabled a motion, a Wednesday motion, I guess you could say, «une motion du mercredi», and that motion was accepted. So, the Government took the engagement, the formal engagement to preserve the mission of the CLSCs in its reform of health care. That's a concrete result won by Québec solidaire.

Journaliste : We talked about your successes. What would you say was your biggest «échec»... the salary situation?

M. Nadeau-Dubois : I'm not very proud of my initial and spontaneous — important to underline that — spontaneous response to Mr. Legault when we debated about the bill in health care. I recognized that mistake at the first opportunity I had, but it was not my finest hour.

Journaliste : Not salaries?

M. Nadeau-Dubois : No, I'm very proud of the fight. If Québec solidaire was not there, the bill to increase the salaries of the MNAs by $30,000 would have been adopted in a day. Because we were there, because we fought till the end, there was a real debate in Québec on that issue. I'm very proud of the fight that we did on that bill.

Journaliste : In terms of your discourse is what I'm trying to say.

M. Nadeau-Dubois : No, I think we were coherent. We've been coherent for 10 years; we've been saying for 10 years: Elected officials should not vote for laws to increase their own salaries. It's a privilege that no one has in the society. Why should we have that privilege? It's... There is no justification for that.

Mme O'Malley (Olivia) : Hello! Olivia O'Malley, CTV News. You stand here and you're finishing the session with 12 seats. How will you continue to ride that wave and continue that momentum to get off the island of Montréal?

M. Nadeau-Dubois : Well, I think you underline, in your question, a fact that is important: the only caucus that has grown since the last election is the caucus of Québec solidaire. You know, what's important in politics is the elections. There was only one election this year, after the general one, and Québec solidaire won it. So, I think it's a proof that we are in a growing tendency. There's a lot of work that needs to be done. We need to find a way to talk to the people outside of the urban centers. That's why we have a tour, a national tour coming up in the next months. So, there is work to do, but that result is the proof that we can win and we can grow.

Mme O'Malley (Olivia) : And when it comes to the co-spokesperson race, is there any advancements? Should we expect someone to be assigned, the new co-spokesperson, this summer?

M. Nadeau-Dubois : Oh! the congress that will vote on the two spokespersons of Québec solidaire, the female one and the male one, will happen at the end of November. The race will begin at the end of August, and the specific rules surrounding that race should be announced in the weeks to come. And I can't wait to see who my new partner will be if I am re-elected. Because I will also seek re-election during that congress.

La Modératrice : Merci beaucoup. Bonne dernière journée.

(Fin à 9 h 12)

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