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(Onze heures quatre minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour,
tout le monde. Bonne rentrée. On est très contents, Vincent et moi, et toute l'équipe
de Québec solidaire, de commencer cette session parlementaire. J'espère que
vous avez tous et toutes passé un bel été. Nous, on a essayé de se reposer
quand même un peu. Et je trouvais ça important, ce matin, de vous rappeler les
trois grandes priorités qui seront celles de Québec solidaire pour la session
qui s'en vient.
Bien sûr, la crise du coût de la vie, qui
est sur toutes les lèvres. Les Québécois n'arrivent plus, et ça prend une
opposition qui talonne François Legault sur cette question-là. Bien sûr, la
météo extrême, qui a été sur toutes les lèvres durant l'été, qui a bousillé
bien des plans de vacances, qui a fait mal aux agriculteurs, qui a fait mal à l'économie
de bien des régions du Québec. Ça va demeurer une priorité, l'adaptation aux
changements climatiques, pour Québec solidaire. Ce n'est pas nouveau, on en
parle depuis des années, et là, enfin, on sent que la CAQ va devoir bouger dans
ce dossier-là. Puis, bien sûr, la crise de l'habitation, avec les loyers qui
continuent d'exploser, avec les hypothèques qui explosent, les locataires, les
petits propriétaires n'arrivent plus. Ça fait longtemps qu'on en parle, à
Québec solidaire. On ne lâchera pas le morceau.
Quelques mots sur le coût de la vie. Je
pense qu'il faut faire un constat : ça coûte trop cher, vivre au Québec,
tout coûte trop cher, les loyers coûtent trop cher, les hypothèques coûtent trop
cher, la facture de la rentrée scolaire a été la plus chère de l'histoire pour
les familles du Québec. Et le résultat, c'est que les gens n'arrivent plus, les
gens n'arrivent plus au Québec, les gens se mettent à faire des choix, les gens
se mettent à faire des choix qu'ils ne devraient pas faire. L'épicerie, la
bouffe, c'est une des seules factures qui est compressible dans le budget d'une
famille. Hein, le loyer, il faut que tu le paies au complet. L'hypothèque, il
faut que tu la paies au complet. Le frais scolaire, il faut que tu le paies au
complet. La bouffe, malheureusement, c'est la facture sur laquelle tu peux
faire des sacrifices, puis ça, ça n'a pas d'allure que ça se passe, en 2023, au
Québec.
En ce moment, dans les banques
alimentaires du Québec, dans les files, là, une personne sur trois qui attend,
c'est un enfant. Les gens qui travaillent sur le terrain, dans les banques
alimentaires, ils nous le disent. Dans cette file-là, non seulement il y a de
plus en plus d'enfants, mais il y a de plus en plus de travailleurs, de
travailleuses, des gens qui travaillent à temps plein puis qui ne sont même
plus capables de nourrir eux autres puis leur famille dans la dignité. Ça, ça
veut dire que le contrat social, là, il est brisé, parce que le contrat social
du Québec, ça devrait être que, si tu travailles à temps plein, là, bien, tu es
capable de nourrir ta famille à chaque mois. Ce contrat-là, il est brisé. Il
était déjà fragile, puis la crise du coût de la vie l'a définitivement brisé.
C'est pour ça que demain je vais
présenter, au nom de Québec solidaire, une motion pour que tous les partis
politiques s'entendent sur un objectif commun, que, d'ici 2026, d'ici la fin du
mandat, le gouvernement du Québec s'engage à éliminer la faim dans les écoles
du Québec. Il y a de plus en plus de gens dans la société québécoise qui font
des propositions pour un programme universel d'alimentation scolaire, mais on
veut y aller une étape à la fois, on veut lancer le débat. Et demain l'objectif
de la motion sera d'unir tous les partis politiques, au-delà de nos débats puis
de nos rivalités, sur l'objectif, puis l'objectif, dans une société aussi riche
que le Québec, ça devrait être que chaque enfant dans les écoles du Québec
mange à sa faim. Si on n'est pas capables de garantir ça aux petits gars puis
aux petites filles du Québec, on a un méchant problème.
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Je vais
laisser mon collègue dire quelques mots, puis je vous réponds ensuite.
M. Marissal : Je serai bref, d'autant
que je ne veux pas avoir l'air de me péter les bretelles, mais il y a eu quand
même une belle annonce dans ma circonscription hier concernant l'Hôpital
Maisonneuve-Rosemont. Ce n'est pas si fréquent qu'une annonce comme ça est
faite. Ce n'est pas si fréquent qu'un député de l'opposition est invité. Alors,
je ne bouderai pas mon plaisir. C'est une... un début de victoire pour
Montréal, pour l'est de Montréal, pour le Québec. Maintenant, la vie continue.
Je fais juste changer la question que je pose depuis cinq ans. Avant, c'est :
Quand est-ce que tu annonces l'hôpital? Maintenant, la question, c'est :
Quand est-ce que tu commences à creuser? Alors, je ne lâche pas le morceau. Je
vais continuer pour cette bataille-là, assurément.
Parlant de bataille, il y en a une autre
ici, dans le deuxième sous-sol, qu'on a reprise ce matin : le projet de
loi n° 15. On parle notamment en ce moment de consulter les usagers. On
est au cœur, là, de quelque chose qui touche profondément les patients. Moi, ça
ne m'excite pas tant, les organigrammes puis les réformes de structure, mais ça
va être la priorité de la session en santé, nous assurer que ça ne devienne pas
une immense machine à centraliser, que le ministre se départisse de son
imputabilité avec Santé Québec et puis que, soudainement, la structure
démocratique à l'intérieur du système de santé disparaisse et puis qu'on ouvre
de plus en plus grand la porte au privé. Malheureusement, c'est ça qu'on voit.
Nonobstant l'excellente nouvelle qu'on a eue hier dans l'est de Montréal, il
reste beaucoup, beaucoup de travail à faire, puis il ne faudrait pas que ça
fasse, justement, un écran de fumée. Moi, je suis très, très inquiet de la
privatisation galopante de notre réseau de santé, puis c'est là-dessus que je
vais me concentrer au cours des prochains mois avec le projet de loi n° 15.
Merci.
M. Robillard (Alexandre) : La
chaire de fiscalité de l'Université de Sherbrooke constatait que la majorité
des Québécois ont vu leur pouvoir d'achat diminuer au cours des deux dernières
années. La semaine dernière, M. Legault a proposé... n'a pas exclu la
possibilité d'envoyer des chèques à des groupes ciblés en fonction des
décisions de la Banque du Canada. Donc, est-ce que vous pensez que ça, ça va
être suffisant, dans le contexte actuel, pour aider les gens qui ont des
problèmes financiers?
M. Nadeau-Dubois : Quand Eric
Girard dit : On en a fait assez, je veux dire, il n'y a personne qui le
croit au Québec, là. Suffit d'aller se promener dans une épicerie, suffit
d'aller se promener sur un milieu de travail, les gens n'arrivent plus, là. Le
bouclier anti-inflation, là, ça, c'était une affaire à usage unique, là. Les
chèques, ils ont été dépensés, et là les gens sont plus serrés aujourd'hui dans
leur budget qu'ils l'étaient il y a un an. Cette attitude de François Legault
et d'Eric Girard de dire : Nous, on signe un chèque en blanc à la Banque
du Canada, puis c'est la Banque du Canada qui va s'occuper des Québécois, je
trouve que c'est irresponsable. C'est la job du gouvernement du Québec de
prendre soin des Québécois, des Québécoises, et il y a trop de gens qui ont été
oubliés.
Je vous donne juste un exemple : les
jeunes. En ce moment, les taux d'intérêt sur les prêts étudiants au Québec,
c'est 8 %. Imaginez démarrer votre vie, là, avoir le rêve de fonder une
famille, de s'acheter une première maison puis de n'avoir pas juste des taux
hypothécaires élevés, mais une dette d'études où tu paies un intérêt de
8 %. C'est toute une génération à qui on accroche un boulet puis qui va
avoir de la misère à se lancer dans la vie. Même chose pour les couples... les
familles monoparentales. Il y a trop de gens qui ont été oubliés par François
Legault. Nous, on va parler pour ce monde-là.
M. Gagnon (Marc-André) : Il y
a une baisse d'impôt qui vient de commencer, là, à s'appliquer il y a quelques
semaines ou, bon, quelques mois. Est-ce qu'il faudrait que le gouvernement
baisse davantage les impôts, considérant qu'on... il reste que le Québec...
c'est au Québec qu'on est les plus taxés, là, en Amérique du Nord.
M. Nadeau-Dubois : Le petit pour
cent de baisse d'impôt de François Legault n'a pas aidé les gens pour vrai puis
surtout n'a pas aidé le bon monde. Cette baisse d'impôt là, là, elle a mis dans
les poches d'une caissière qui travaille chez Metro à peu près une centaine de
dollars de plus dans ses poches, puis le P.D.G., là, lui, il a eu à peu près
800 $ de baisse d'impôt dans ses poches. Je n'appelle pas ça aider le bon
monde.
M. Robitaille (Antoine) : Mais
les députés, eux, ont eu une hausse. Donc, c'est un peu leur bouclier
anti-inflation.
M. Nadeau-Dubois : Et ça,
c'est récurrent, contrairement aux chèques.
M. Robitaille (Antoine) : Oui,
c'est ça. Mais, vous, à Québec solidaire, là, il y a Haroun Bouazzi qui a dit
qu'il mettrait deux tiers de l'augmentation sur des dettes, un tiers seulement
en dons dans son comté. Quand est-ce que vous allez nous donner des nouvelles
sur ce que vous allez faire de l'augmentation?
M. Nadeau-Dubois : Bien, pour
ma part, moi, j'ai annoncé déjà que, d'ici la fin du mandat, la totalité de
cette augmentation de salaire là, je vais la verser pour appuyer des organismes
ou des initiatives qui luttent contre l'insécurité alimentaire. On est dans un
pays riche au Québec, il n'y a aucune raison qu'il y ait du monde puis qu'il y
ait des enfants qui ne mangent pas à leur faim. Moi, je n'accepte pas ça.
J'ai visité une école de ma
circonscription au printemps dernier, j'ai passé un avant-midi avec deux
bénévoles du Club des petits déjeuners, un monsieur, une madame qui font ça
depuis une vingtaine d'années, puis on a jasé ensemble, on a rencontré les
jeunes qui venaient chercher leur déjeuner, puis je suis sorti de cette
rencontre-là bouleversé, ça ne m'a pas lâché de l'été, puis c'est suite à cette
visite-là que j'ai décidé de donner la totalité, donc, de cette augmentation de
salaire là à des initiatives de sécurité alimentaire.
M. Robitaille (Antoine) : ...vous
auriez souhaité que tout le monde vous imite dans votre caucus?
M. Nadeau-Dubois : On a eu...
On a répondu en long et en large à ces questions-là au printemps dernier.
Chaque député va se gouverner de son côté, mais tout le monde va être
transparent là-dessus, puis, surtout, il n'y a personne qui va la garder au
complet.
Mme Prince (Véronique) : ...que
je comprenne, l'aide ciblée, dans le fond, là, vous êtes d'accord avec ça, là,
l'aide ciblée...
M. Nadeau-Dubois : Bien, on
va attendre de la voir avant d'être d'accord avec, mais il y a des gens qui ont
besoin d'aide, là. Je voyais dans le journal, l'autre fois, là, une
augmentation de loyer, une augmentation de loyer de 1 100 $ par mois.
C'est ça qui se passe en ce moment au Québec.
Mme Prince (Véronique) : Une
aide ciblée, ça peut impliquer que l'État verse encore des chèques mais pour
certains groupes de personnes, donc?
M. Nadeau-Dubois : On verra.
On verra, mais il faut aussi agir sur les coûts. Si on envoie 500 $ au
monde mais qu'il y a une augmentation de loyer, sur l'année, de 1 200 $,
la personne vient de s'appauvrir d'autant, là. Il faut aussi agir sur ce qui
coûte cher au Québec. Le loyer, ça coûte trop cher, l'hypothèque, ça coûte trop
cher, la rentrée scolaire coûte trop cher. C'est pour ça qu'on a proposé déjà
de doubler le montant qu'on donne aux familles québécoises pour payer les
fournitures.
M. Marissal : Et, en santé, si
je peux...
M. Nadeau-Dubois : Oui, vas-y,
en santé.
M. Marissal : En santé, le
gouvernement a une approche complètement contre-productive. Vous allez sur les
sites, là, pour vous trouver un rendez-vous, c'est l'État qui vous dirige vers
des cliniques privées. Il faut que vous payiez. J'étais en Abitibi la semaine
dernière, là, il n'y en a à peu près plus, de services de première ligne, mais
il y a une clinique qui s'est ouverte, par exemple. Il faut payer 40 $
juste pour rentrer dans la clinique. Et ça, c'est le CISSS qui envoie le monde
vers là.
Alors, on peut bien envoyer, là, des
grenailles au monde, quand tu reprends les grenailles de l'autre main
dans un service essentiel comme la santé, qu'on s'est payé, au Québec, pour
lequel on paie des impôts... Le gouvernement parle des deux côtés de la bouche
ici, là.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Dubé dit que c'est complémentaire, ça. Est-ce que vous êtes d'accord avec lui?
M. Marissal : Qu'est-ce qui
est complémentaire, de faire payer le monde pour un service qui devrait être
gratuit?
M. Robillard (Alexandre) : Bien,
Clic Santé... Quand on va sur Clic Santé, on...
M. Marissal : Bien, on fait
payer le monde pour un service qui était gratuit puis on normalise ça. Puis, M.
Dubé, sa rhétorique, c'est : Le privé vient nous aider. On ne peut pas
être contre quelqu'un qui vient nous aider, mais ne soyons pas naïfs, là, le
privé vient faire de l'argent. C'est dans sa nature, du privé, de faire de
l'argent.
Moi, je vous dis, là, j'étais à
Rouyn-Noranda la semaine passée, là, puis il y a du monde qui désespère parce
que la petite fait une otite, ils n'en ont plus, de services. Qu'est-ce qu'ils
font? Qu'est-ce qu'ils se font dire par le 8-1-1? Allez à la clinique Machin.
Mais, juste pour rentrer dans la clinique Machin, il faut que tu paies 40 $.
M. Gagnon (Marc-André) : M.
Nadeau-Dubois, vous parlez d'agir sur les coûts, là. Il n'y a pas un risque, à
un certain point, si le gouvernement envoie, par exemple, un nouveau chèque,
que ça contribue à l'inflation? C'est ça que M. Girard expliquait, que, si on
en redonne trop, éventuellement il y a un risque de...
M. Nadeau-Dubois : Quand je
parle d'agir sur les coûts, je parle de contrôler ce qui coûte... de contrôler
l'explosion de ce qui coûte cher au Québec. Qui a fermé les yeux pendant cinq
ans sur l'explosion des loyers? C'est le gouvernement. Quel est un des
indicateurs qui pèsent le plus lourd sur l'IPC, là, l'inflation? Bien, c'est
les coûts de l'habitation. Donc, quand le gouvernement se croise les bras sur
le premier poste de dépenses de toutes les familles du Québec, qu'elles soient
propriétaires ou locataires, là, bien, ça a des conséquences dans la vie du
monde. Le monde, il paie plus cher en hypothèque, il paie plus cher en loyer.
Ça veut dire qu'il en reste moins pour l'épicerie.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
là comment on peut agir? Comment l'État peut agir sur les hypothèques? Parce
que vous avez dit ça : Il faut agir sur les logements, pas juste l'argent
des loyers, l'hypothèque.
M. Nadeau-Dubois : Bien,
d'abord, ça aurait été apprécié que François Legault ne se couche pas devant la
Banque du Canada. Ensuite, on peut lutter contre la spéculation immobilière qui
tire le prix des maisons, de manière générale, vers le haut. On a déjà fait des
propositions en ce sens-là et on va en faire de nouvelles dans les prochaines
semaines, à Québec solidaire. Du côté des loyers, on peut interdire les hausses
abusives de loyer tout en rendant tout à fait légales les hausses qui sont
raisonnables et qui sont justifiées. C'est possible d'agir contre la crise du
logement, François Legault a juste décidé de ne pas le faire pendant cinq ans.
M. Robillard (Alexandre) : ...tout
à coup, c'est important d'abolir la prime de présence de 125 $, comme un
de vos députés...
M. Nadeau-Dubois : Pour nous,
c'est important depuis 15 ans, à Québec solidaire, de revoir...
M. Robillard (Alexandre) : ...
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais nous... parce que c'est important quand même pour moi de le dire, là,
parce qu'on voit les libéraux s'inventer une vertu sur cette question-là, là, ça
fait 15 ans, à Québec solidaire, qu'on dit : Il faut revoir — combien
de fois vous m'avez entendu dire ça? — la totalité de la rémunération
des députés. Il ne faut pas prendre ça par petits morceaux, il ne faut pas
prendre juste l'allocation de base, il faut prendre la totalité de la
rémunération. Combien de fois je vous ai dit ça en avril, en mai puis en juin
dernier? Si je ne l'ai pas dit 200 fois, je ne l'ai pas dit une fois, là. Ça fait
des années qu'on mène cette bataille-là, à Québec solidaire : revoir la
totalité de la formule de rémunération avec un comité indépendant et
exécutoire. Je suis moi-même tanné de m'entendre le dire tellement je l'ai dit
de fois depuis que je suis élu. Ça fait six ans que je parle de ça. Et là, tout
d'un coup, ah! le 125 $ cause problème. Bien sûr, il cause problème, mais
il cause problème depuis très longtemps. Il causait déjà problème avant qu'on
augmente le salaire.
M. Robillard (Alexandre) : ...la
semaine passée, puis là, tout à coup...
M. Nadeau-Dubois : Tout d'un
coup, c'est un problème, alors que, nous, ça fait des années qu'on dit qu'il
faut revoir tout. Donc là, on ne s'opposera pas à l'abolition de la prime, on
est 100 % d'accord. Vous comprendrez, par contre, que c'est un peu
ironique.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que le contexte actuel est pour quelque chose, selon vous, dans cette
décision-là?
M. Nadeau-Dubois : Oui, je
pense que les libéraux et les caquistes sont gênés de s'être voté une
augmentation de 30 % puis là ils cherchent à se rattraper.
M. Lacroix (Louis) : Sur les
identités de genre, M. Nadeau-Dubois, tout à l'heure Paul St-Pierre Plamondon a
reproché aux institutions, notamment, de plier devant la gauche radicale sans
qu'il y ait de débat. Sur des questions...
M. Nadeau-Dubois : C'est M.
Poilievre ou M. Plamondon qui a dit ça?
M. Lacroix (Louis) : Pardon?
M. Nadeau-Dubois : Vous citez
M. Poilievre ou M. Plamondon?
M. Lacroix (Louis) : Plamondon.
M. Nadeau-Dubois : O.K.
M. Lacroix (Louis) : Sur la
question, notamment, des toilettes mixtes, il y a des écoles au Québec, là, qui
sont en train d'aménager des toilettes mixtes pour les... Est-ce que vous
êtes... D'abord, est-ce que vous êtes d'accord avec ça?
M. Nadeau-Dubois : Les
enfants trans ont huit fois plus de chances de se suicider que les autres
enfants. Ça, ce n'est pas l'idéologie de la gauche radicale, c'est un fait. Je
pense que les politiciens devraient laisser ces enfants-là tranquilles. Moi,
les enfants dont je suis venu vous parler ce matin, c'est l'enfant sur cinq au
Québec qui ne mange pas à sa faim dans les écoles. Je pense qu'on devrait
parler de ça.
M. Lacroix (Louis) : Mais il
y a quand même... Ça fait beaucoup réagir les parents dans les écoles,
notamment, puis eux... il y a beaucoup de parents qui se disent : Bien là,
moi, ma fille, par exemple, elle va aller... ça la met mal à l'aise d'aller à
la... Alors, ça, pour vous, ce n'est pas un débat, il ne doit pas y avoir de
débat là-dessus?
M. Nadeau-Dubois : Au
contraire. Ces enjeux-là, là, c'est des enjeux qui sont nouveaux pour notre
débat public puis pour bien des parents. Puis c'est correct, des fois, d'avoir
un malaise, de ne pas comprendre, de voir quelque chose de nouveau apparaître
puis de se dire : Ah! je n'ai jamais vu ça. Comment je gère ça? Comment
j'en parle avec mon enfant? Moi, je comprends ce sentiment-là, puis il est
légitime et normal. Mais c'est quoi, le rôle des leaders politiques? Est-ce que
c'est d'alimenter ce sentiment-là ou d'essayer d'unir les gens pour que tout le
monde ait sa place au Québec? Les enfants trans, c'est des enfants qui ont
besoin de soins médicaux, qui ont besoin d'être accompagnés. Il faut bien faire
les choses, et c'est correct qu'on en parle, mais, d'entendre M. Plamondon et
M. Poilievre intervenir comme ils l'ont fait dans les derniers jours sur ce
dossier-là, je ne comprends pas.
D'ailleurs, au Québec, là, on a adopté le
projet de loi n° 2 il y a quelques mois à peine. Le Parti québécois a voté
pour ce projet de loi là qui permettait aux gens maintenant, au Québec, sur les
documents publics, de s'identifier ni comme homme ni comme femme. Mme Hivon
avait — Véronique Hivon — fait un travail superbe, dans le
cadre de ce projet de loi là, avec ma collègue Manon Massé, il y avait eu des
discussions très franches, très ouvertes, très sereines. Le débat a eu lieu, il
s'est fait — vous connaissez Véronique Hivon comme moi — dans
une grande sensibilité, dans une grande transpartisanerie. Et là, quelques mois
plus tard, on a le chef du Parti québécois qui, tout d'un coup, semble trouver
ça bien malaisant puis bien problématique que des gens, par exemple, souhaitent
être appelés par une autre dénomination que monsieur ou madame. Il s'est passé
quoi au Parti québécois?
M. Chouinard (Tommy) : Mais une
commission parlementaire sur le sujet, est-ce que c'est de nature à apaiser, à amener
à comprendre ou à alimenter ce que...
M. Nadeau-Dubois : Comprenez-moi
bien, hein, puis, je pense, j'ai été très clair là-dessus, là, je ne vous dis
pas qu'il ne faut pas en parler, j'ai pris le temps d'ailleurs ce matin de vous
dire que je comprends que les gens se posent des questions, c'est vrai que c'est
des affaires nouvelles, puis il y a des gens qui n'ont jamais vu ça dans la
vie, puis, quand c'est nouveau, tu as des fois une réaction de : Mais
c'est quoi exactement? Puis c'est correct, ça. Moi, je ne suis pas là pour
faire la morale puis dire : Non, non, on n'en parle pas, le débat n'est
pas important. C'est important d'en discuter, mais, moi, ce que je vois, c'est
que, de plus en plus, puis ce n'est pas juste au Québec, hein, c'est dans bien
des démocraties, il y a des politiciens qui alimentent ces craintes-là, puis ça
m'inquiète, parce que, moi, là, c'est quoi, ma priorité? C'est ces enfants-là.
Puis ces enfants-là, ils ont huit fois plus de chances de se suicider qu'un
enfant... que les autres enfants. Ça, ça veut dire que ces gens-là ont besoin
d'aide, puis moi, je pense que c'est de ça dont il faut parler.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
est-ce que c'est aux élus, aux politiciens de...
M. Nadeau-Dubois : Les
politiciens peuvent, bien sûr, participer à la discussion, là, puis participer
au débat, mais je... quand je vois ce qui s'est adopté en fin de semaine chez
les conservateurs et que je vois le chef du Parti québécois ne pas être capable
de se positionner là-dessus, je me pose la question : Qu'est-ce qui s'est
passé au Parti québécois puis qu'est-ce qui est en train de se passer au
Québec?
M. Lacroix (Louis) : Mais il
dit, M. St-Pierre Plamondon, en réfléchissant à haute voix, que les
mineurs, les personnes d'âge mineur devraient avoir un statut particulier sur
le plan juridique, en ce sens que ce sont souvent...
M. Nadeau-Dubois : Bien, ils
ont déjà un...
M. Lacroix (Louis) : Par
exemple, quand on parle d'interventions de réaffectation sexuelle, par exemple,
ce sont des... c'est lui qui dit ça, là, tout à l'heure il nous disait ça, là, que
ce sont des opérations qui sont... tu sais, qui sont irréversibles.
M. Nadeau-Dubois : Mais il y a
déjà un âge...
M. Lacroix (Louis) : Alors,
est-ce qu'il ne devrait pas y avoir un âge minimal pour procéder?
M. Nadeau-Dubois : Écoutez, d'abord,
il y a de très nombreuses interventions médicales qui sont irréversibles, là,
premièrement, ce n'est pas la seule, loin de là. Deuxièmement, il y a...
M. Lacroix (Louis) : ...
M. Nadeau-Dubois : Bien là,
l'ablation de... je ne sais pas, d'une... de l'appendice, là.
M. Lacroix (Louis) : Bien
oui, mais là c'est une question médicale, je n'ai pas le choix.
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais vous... je fais...
M. Lacroix (Louis) : Tu ne
dis pas : Bien, je vais aller voir le médecin : Pourriez-vous
m'enlever l'appendice, s'il vous plaît, parce que je ne l'aime pas?
M. Nadeau-Dubois : Je ne vous
dis pas que c'est la...
M. Marissal : En passant, ils
ne disent pas : Enlevez-moi mon sexe parce que je ne l'aime pas. C'est une
identité de genre.
M. Nadeau-Dubois : Oui, exact,
exact. Moi, je ne fais pas l'équivalence entre les deux...
M. Marissal : Il faut débattre
de l'identité de genre ici.
M. Nadeau-Dubois : ...je pense
que... j'espère que personne ne la fait. Ce que je vous dis, là, c'est qu'il y
a de nombreuses interventions médicales qui sont irréversibles dans la vie, il
y a déjà un âge du consentement médical. On peut certainement avoir cette
conversation-là collectivement, puis j'ai pris le temps, à de nombreuses
reprises, de le préciser, mais moi, j'aimerais ça qu'on parle de l'aide dont
ont besoin ces enfants-là, parce que ces enfants-là, ils ont besoin
d'assistance médicale, ils ont parfois besoin d'aide psychologique. C'est des
enfants, je le répète, qui ont huit fois plus de chances de se suicider. On
peut-tu traiter ça de manière délicate et sensible? Puis, moi, ce n'est pas ce
que j'ai vu en fin de semaine chez la droite radicale de Pierre Poilievre, puis
j'aurais pensé que le Parti québécois aurait été plus ferme puis il aurait été
capable de dénoncer ce qui s'est passé chez les conservateurs.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
pourquoi ne pas le faire de façon sereine en commission parlementaire comme le
PQ le demande?
M. Nadeau-Dubois : Je ne dis
pas que c'est la pire idée au monde, là, je veux dire, s'il y avait une demande
de commission parlementaire, on l'étudierait, mais moi, je m'inquiète de voir
Pierre Poilievre monter en épingle ces jeunes-là, les pointer du doigt parce
que c'est des jeunes qui ont besoin d'aide. Puis je ne vous cacherai pas que
moi, ce matin, là, j'aimerais surtout parler de l'enfant sur cinq au Québec qui
a le ventre vide. Ils sont pas mal plus nombreux que les enfants trans, puis on
devrait parler d'eux autres.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que vous êtes solidaires des multinationales, comme vous accuse le Parti
québécois, là, en mettant des publicités sur Meta?
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense qu'il faut faire le constat que les pressions symboliques ne régleront
pas le conflit avec les GAFAM. Voyez-vous, là, il y a une journée de boycott
qui est appelée pour le 15 septembre. La CAQ a annoncé qu'ils ne
participeraient pas à cette journée de boycott là...
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Ah! ils
ont changé d'idée. Bon, excusez-moi, ça a changé. Vous voyez, là, ils ne
participaient pas, là ils participent. Nous, on participe, mais on va continuer
à placer de la publicité. Je pense que tout ça fait la démonstration que les
gestes symboliques, là, ils ne régleront pas notre problème.
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Puis ce
qu'il faut, ce qu'il faut, ce qu'il faut, c'est mettre des mesures
structurantes qui vont aller chercher de l'argent dans les coffres des GAFAM pour
financer les médias québécois, puis ça, nous, on le propose depuis 2020, et la
CAQ n'a jamais rien fait.
M. Gagnon (Marc-André) : C'est
ça, votre position, on la connaît déjà. Maintenant, il n'y a pas une
incohérence entre le fait de participer vendredi à une journée de boycott,
journée sans Facebook, tout en continuant à mettre, par ailleurs, de la
publicité sur cette plateforme-là?
M. Nadeau-Dubois : Ce n'est
pas quelques centaines ou milliers de dollars de partis politiques québécois
qui vont faire plier les géants du Web, malheureusement.
M. Bergeron (Patrice) : ...M.
Nadeau-Dubois, il y a un principe derrière ça, ce n'est pas juste une question
de l'argent que vous allez donner. Vous donnez de l'argent à une multinationale
que vous dénoncez. Les GAFAM, ça fait des années que vous les dénoncez. Là,
vous acceptez de flamber de l'argent pour...
M. Nadeau-Dubois : Moi, je
pense que le donnage de leçons dans ce domaine-là, ce n'est pas la solution. Je
vous donne un exemple. Je voyais Michel Leblanc, de la Chambre de commerce de
Montréal, attaquer Québec solidaire. Est-ce que tous les membres de la Chambre
de commerce de Montréal ont suspendu leurs publicités sur Meta? Je ne pense
pas. Alors, vous voyez que ce genre de pointage de doigt là...
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Non, non,
mais je vous dis que le pointage de doigt et les manifestations de...
symboliques, ça a une grosse, grosse limite puis ça ne réglera pas notre
problème.
Mme Prince (Véronique) : Êtes-vous
coincés parce que, dans le fond, vos électeurs, c'est les jeunes, puis ils sont
sur Facebook? Est-ce que vous vous sentez obligés, donc?
M. Nadeau-Dubois : 90 %
des Québécois sont sur les médias sociaux. Comme parti politique, notre rôle,
c'est de rejoindre les électeurs là où ils sont, et il y en a beaucoup sur les
médias sociaux. Ça fait qu'on va continuer, on va continuer d'y aller parce que
c'est important pour la démocratie québécoise que les jeunes et les moins
jeunes soient rejoints par les partis politiques. On le voit, là, les pressions
symboliques, ça ne réglera pas notre problème. Ce qu'il nous faut, c'est du
vrai courage politique.
C'est très facile pour la CAQ de dire :
Moi, je ne mets pas mes quelques milliers de dollars de publicité, mais
j'abandonne au fédéral la responsabilité de taxer les GAFAM puis de créer un
fonds des médias. Nous, on veut que le Québec fasse sa job de protéger ses
médias avec des gestes politiques qui vont faire une vraie différence. C'est
tellement confortable pour la CAQ de dire : Québec solidaire, ils mettent
500 $ sur Facebook, c'est eux, le problème. Voyons donc. Voyons donc.
M. Robillard (Alexandre) : Est-ce
que les boycotts sont inutiles, selon vous?
M. Nadeau-Dubois : Non, je ne
pense pas. Je pense que, dans ce cas-là en particulier, on voit les limites de
ce boycott-là. Vous avez vu les chiffres de trafic sur ces plateformes-là qui
n'ont pas diminué, on voit les limites de ces gestes symboliques là. Nous, on
pense qu'il faut du vrai courage politique pour remettre ce monde-là à leur
place.
M. Marissal : Et ça fait des
années qu'on le dit. M. Bergeron disait : On critique. Oui, on critique,
mais on amène des solutions aussi. Catherine Dorion, qui n'est même plus
députée ici, là, avait déposé un projet pour avoir un fonds des médias. On pourrait
aller chercher facilement 75 millions de dollars par année,
récurrents, pour justement soutenir les médias, les vrais médias, j'entends.
Puis, moi, ça me heurte un peu, là, quand
j'entends Paul St-Pierre Plamondon, là, commencer à douter de notre éthique
puis de ma solidarité journalistique. Voyons, soyons sérieux, là. Si Paul
St-Pierre Plamondon veut vraiment débattre de ma solidarité journalistique, là,
je l'invite à se lever de bonne heure, prendre un bon déjeuner, là, parce qu'il
va avoir une longue journée.
Moi, quand j'ai quitté La Presse,
là, je suis devenu lobbyiste. Oui, je le sais, ça fait mal. Je suis devenu
lobbyiste pour essayer de convaincre les gouvernements d'aider les médias, pas
juste les aider pour les aider, pas la charité, pour le soutien à la
démocratie. Ça fait que, la critique politique, je comprends. L'obsession du PQ
pour QS, ça va, ça va peut-être leur passer, je leur souhaite, mais...
M. Robitaille (Antoine) : Ce
matin, vous avez l'air pas mal obsédés par le PQ, vous.
M. Marissal : Non...
M. Nadeau-Dubois : On m'a
posé une question sur M. Plamondon, j'ai répondu.
M. Gagnon (Marc-André) : Mais
la question de mon collègue, c'est de savoir est-ce que, selon vous, un
boycott, ça donne quelque chose, puis là vous me dites oui. Pourtant, votre
collègue Ruba Ghazal a tweeté hier : «[...]les boycotts ponctuels ne leur
feront pas un pli», en parlant des GAFAM.
M. Nadeau-Dubois : J'ai dit :
Dans le cas qui nous occupe, on voit les limites de ce boycott-là, qui, de
toute évidence, ne fonctionne pas. Mais, la question, je pensais que c'était
les boycotts en général, dans la vie...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : C'est ça.
Les boycotts en général, dans la vie, peuvent avoir une utilité, mais là, dans
le cas...
Une voix : ...
M. Nadeau-Dubois : Bien sûr.
Bien sûr. Mais là, dans le cas précis qui nous occupe, on voit que ça ne
fonctionne pas. On voit que ça ne fonctionne pas. Il va falloir plus de courage
politique de la part des gouvernements. C'est tellement facile pour Mathieu
Lacombe de dire : Le 300 $, 400 $, 500 $ que Québec
solidaire met dans Jean-Talon, ce n'est pas correct. Voyons donc. Qui, depuis
des années, est dans l'inaction pour aller taxer les GAFAM? C'est la CAQ.
M. Gagnon (Marc-André) : C'est
une chose de continuer d'utiliser Facebook, la plateforme, vous pouvez le faire
gratuitement, mais là vous continuez de l'utiliser pour rejoindre un public,
mais vous donnez aussi de l'argent pour faire du placement publicitaire. Il n'y
a pas une incohérence? C'est ce que les gens décodent.
M. Nadeau-Dubois : Toutes
les... Vous savez qu'indirectement, là, toutes les organisations...
M. Gagnon (Marc-André) : Il
n'y a pas une hypocrisie là-dedans?
M. Nadeau-Dubois : Toutes les
organisations qui publient sur ces plateformes-là contribuent indirectement à
faire vivre ces plateformes-là. Par ailleurs, je vous ferais remarquer que...
M. Robitaille (Antoine) : Est-ce
que ça n'aurait pas été une occasion, ce boycott-là, pour sensibiliser vos
électeurs, les jeunes. Donc, oui, le boycott, parfois ça ne marche pas, mais
c'est une manière de... c'est une autre façon de communiquer une espèce
d'opprobre à l'égard d'un géant comme GAFAM.
M. Nadeau-Dubois : Vous avez
vu les mêmes chiffres que moi, M. Robitaille. Dans les derniers mois, il
n'y a pas eu de diminution...
M. Robitaille (Antoine) : ...de
sensibiliser? C'est ça que je veux dire.
M. Nadeau-Dubois : Je pense
qu'il faut être réaliste. Vous avez vu les mêmes chiffres que moi. Les derniers
chiffres qu'on a vus, c'est que, malgré ces boycotts-là, le trafic sur les
plateformes, au Canada, n'a pas diminué. Les gens sont sur ces...
M. Robitaille (Antoine) : On
dirait que vous dites : Au plus fort la poche, tu sais...
M. Nadeau-Dubois : Non, ce que
je dis...
M. Robitaille (Antoine) : ...c'est
eux qui sont les plus forts, bien, on se couche.
M. Nadeau-Dubois : Non.
M. Robitaille (Antoine) : Non?
M. Nadeau-Dubois : Ce que je
dis, c'est que les gens qui doivent se lever, c'est les gens qui ont le vrai
pouvoir politique d'appliquer des vraies solutions. Puis les vraies solutions,
là, ce n'est pas que Québec solidaire mette 300 $ de moins dans les poches
de Facebook, Meta, la vraie solution...
Des voix : ...
M. Nadeau-Dubois : ...la
vraie solution, c'est des mesures structurantes pour taxer les GAFAM puis
ramener cet argent-là dans les médias.
M. Chouinard (Tommy) : Mais
c'est parce que toute cette crise-là naît, en même temps, d'un geste qui a
été... d'un geste fort, d'une vraie solution, disons, qualifions-le... qui
vient du fédéral, là.
M. Nadeau-Dubois : Oui, mais
moi, je ne comprends pas que le gouvernement du Québec laisse ça au fédéral.
Nous, on dit...
M. Chouinard (Tommy) : Donc là,
l'idée... Là, il y a une guerre qui est en cours, qui suit une action forte que
vous souhaitiez...
M. Nadeau-Dubois : Et nous,
on pense que le gouvernement du Québec fait une erreur de laisser ça au
fédéral. Nous, on se bat... depuis que ma collègue Catherine Dorion a mis les
pieds ici, on se bat depuis des années pour une solution québécoise, un fonds
des médias québécois.
M. Gagnon (Marc-André) : ...il
n'y a pas d'erreur dans le fait de continuer à mettre de la publicité chez
Meta...
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
pense que notre rôle, c'est de rejoindre les Québécois, Québécoises, puis
90 % de ces gens-là sont sur les réseaux sociaux.
Mme Côté (Claudie) : ...dans
l'attente, vous êtes condamnés à utiliser Facebook...
M. Bergeron (Patrice) : C'est
ça. Vous vous battez et vous continuez à leur donner de l'argent.
M. Nadeau-Dubois : Toutes les
organisations qui mettent... qui publient sur les plateformes, indirectement,
contribuent à leur popularité.
M. Gagnon (Marc-André) : Non,
mais c'est parce que vous revenez tout le temps sur le montant, mais c'est la
symbolique de la chose. Vous continuez de mettre de l'argent chez Meta.
M. Nadeau-Dubois : Je
comprends. Nous, on va participer vendredi à la journée de boycott, c'est un
geste qu'on est en mesure de poser.
M. Gagnon (Marc-André) : Allez-vous
en remettre d'autre d'ici la fin? Parce que là vous avez huit publicités, vous
avez huit publicités actives.
M. Nadeau-Dubois : Nous, on
ne changera pas notre position là-dessus, on pense que notre travail, c'est de
rejoindre les Québécois et Québécoises, et 90 % de ces gens-là sont sur
les médias sociaux.
La Modératrice
: En
anglais.
M. Nadeau-Dubois : Et
d'ailleurs je veux juste préciser, dans le cadre de la campagne de Jean-Talon,
pour chaque dollar qu'on va mettre sur les plateformes de Meta, on va mettre
1 $ dans les médias traditionnels francophones de la région de Québec.
Puis ça, c'est important pour nous parce qu'il faut encourager les médias
québécois, et c'est un geste... pas symbolique, c'est un geste fort de dire :
Pour chaque dollar qu'on met chez Meta, on va mettre 1 $ à Radio-Canada,
au Soleil, dans les médias québécois francophones traditionnels. Ça,
c'est un geste concret qu'on fait.
M. Gagnon (Marc-André) : ...si
vous n'aviez pas mis d'argent chez Meta, est-ce que 100 % de votre budget
serait allé dans les médias traditionnels? Là, il y en a la moitié qui va à la
plateforme.
M. Nadeau-Dubois : Bien, si
on avait boycotté, on le boycotterait, mais là ce que je vous dis, c'est qu'on
va mettre, pour chaque dollar chez Meta... pour chaque dollar sur le Web, on va
mettre 1 $ dans les médias traditionnels francophones.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
But why
stay off of Meta on September 15th if you're going to continue to pay for
sponsored ads?
M. Nadeau-Dubois :
You know, we think... we want to answer
the call that was made by journalists. We've been in solidarity with Québec
media for years, we've been the party that has been the most vocal to bring
real solutions to that issue. You know, it's very easy now for the Coalition
avenir Québec to say : We have done nothing with the proposals of Québec
solidaire for five years, but now, because they're putting $500 for... in Meta,
now it's them, the big problem. It's not very serious.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
But you
now feel you're contradicting yourself by... both, by continuing to stay on the
platform?
M. Nadeau-Dubois :
Well, what I think is a contradiction
is the fact that the Coalition avenir Québec has not... has done nothing to
solve structurally the issue of the future of Québec media since they've been
in power. And now they think that the $500 of Québec solidaire in Facebook ads
will be the big problem. It's... I think people understand that the real
solution is not for a symbolic gesture, the real solution is political courage
to take the money in their pockets and bring it into Québec media.
Mme O'Malley (Olivia) :
When you say that joining this block
for one day then advertising the next is not just another symbolic gesture and really
missing the meaning of...
M. Nadeau-Dubois :
I've been very clear, we are already
seen the limits of all those symbolic gestures. We need real structural
solutions.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
I would
like to hear you, Mr. Marissal, on the overdoses in Montréal this past
weekend. Montréal public health has just open up an investigation into it, but
what do you make... how do you feel when you see a situation like this happen?
M. Marissal :
It breaks my heart. First of all, it's
again with aboriginals, first and foremost, that it's happening. And we know that
we have a special problem in this matter and... I would not say that nothing
has been done, but a very few things have been done seriously with this
specific people. And remember, Manon Massé, before her short sick leave, she
was saying : I want to be involved in the street because the drug that is
circulating in the street is basically scrap, and it's more scrap than ever,
and unfortunately she was right. And we can see it in the streets of Montréal,
but not only in the streets in Montréal. My hometown, Granby, Québec, is now
the epicenter of homelessness in Québec. Can you believe that?
So, I mean, we have to
tackle this problem very seriously, very rapidly. I was with Minister Dubé
yesterday, and he said basically, to a question from one of your colleagues :
Well, Mr. Carmant is taking care of it. OK. Can you first decide who's taking really care of it? It's a major
crisis, health crisis. So, I'd like to see Mr. Dubé jump in, I'd like to
see the plan, and I want to see it quick.
Mme Mignacca (Franca
G.) : What kind of plan do you want to see, though?
What do you think could actually be done to prevent it?
M. Marissal : The first thing that we have to do is reach out to these people to
make sure that they are not in danger in the street. Right now, for the most
part, it's police that is taking care of that part, and the police is saying :
It's not our job, we're not formed for that... we're not trained for that, we
don't want to do that, we don't know how to do that. So, basically, send people
in the street, make sure that these people are safe, make sure that you have
some supervision centers for drug use, more than just what we have right now in
Montréal and in Québec, and, basically, put the money where
your mouth is. That's really important at this point. People are dying in our
streets.
Mme O'Malley (Olivia) :Unfortunately,
though, it's not just in the streets. Only 9% of people in Montréal are overdosing on the streets… in
majority are happening in homes.
M. Marissal : I was talking specifically about the last cases during the weekend
in Montréal.
Mme O'Malley (Olivia) :OK. But, just
overall, if you want to send more people on the streets, the majority of these
deaths and overdoses are happening inside private homes.
M. Marissal : Yes, well, street is a symbol. We need to send people on the field,
we need to send people where the problem is. I know that people are very well
one day, and they start to take fentanyl, and then it's all downhill form there,
I'm aware of that, but we have to have a real plan, real quick, with money.
Mme O'Malley (Olivia) : Mr. Nadeau-Dubois, what are the consequences of handing out
blank check after blank check instead of funding projects like the one you're
suggesting to feed school children?
M. Nadeau-Dubois : Well, you know, the checks of François Legault are a single-use
measure. Once the check is spent, the people are back to square one. That's why
today a lot of people in Québec
are more tight in their budget
than one year ago. What we need are structural solutions to address the
problem, that means controlling the rents, the rent increases in Québec. If you give $300 to someone but he has a rent increase of $150, that check is spent in two months, and we're
back to square one. If you give a check to help with the groceries, well, that
check will not be forever. When that check ends, people are facing the same
challenges.
So, that's why we need to
focus together on the objective. We should be able to unite all political
parties around that project. No kid should be hungry in Québec schools at the end of that mandate.
What we're seeing today is disturbing. One people out of three in the lineup to
a food bank are children. There is enough money in Québec to solve that problem. We need to do it.
Une voix : Merci beaucoup.
M. Nadeau-Dubois : Merci.
(Fin à 11 h 39)