(Onze heures quarante minutes)
M. Tanguay
: Alors,
bonjour à chacun et chacune. Très heureux de vous retrouver en cette rentrée
parlementaire, aujourd'hui, à Québec. Vous allez me permettre, évidemment, d'entrée
de jeu, d'offrir, évidemment, nos pensées pour les Marocains et les Marocaines
face au tremblement de terre, communauté marocaine forte, également, au Québec,
qui a été, évidemment, soufflée par cette catastrophe, d'une tristesse inouïe. Alors,
on reconnaît les grands peuples à leur façon de répondre face à l'adversité.
Les Marocains sont un grand peuple et auront l'occasion de répondre à cette
adversité. Et tout ce qu'on peut faire au Québec, évidemment, nous collaborons
pour, le cas échéant, envoyer l'aide nécessaire. Alors, courage. Nos prières,
nos pensées les accompagnent.
Nous en sommes donc au début d'une session
parlementaire. Ce matin, je tiens à rappeler à François Legault qu'il est
important qu'il soit à la hauteur de son rôle de premier ministre. François
Legault, lors de la dernière session parlementaire, on a eu l'occasion,
malheureusement, de qualifier de brouillonnes et pas fiables l'action de la
Coalition avenir Québec au gouvernement et l'action de François Legault. Après «brouillon»
et «pas fiable», nous voyons aujourd'hui que nous aurons l'occasion,
malheureusement, de démontrer que c'est un gouvernement incapable, incapable de
livrer en ce qui a trait à l'aide que nécessitent les Québécois face à la
hausse du coût de la vie, l'accès à la propriété. Évidemment, il y a des
propositions tangibles qu'on avait mises de l'avant, et qui n'ont pas été
retenues par François Legault.
L'avenir énergétique. On a besoin, au
Québec, d'une commission nationale sur notre avenir énergétique. Et nos
services publics, ça craque de partout, quand on pense à la santé, l'éducation,
services de garde. Alors, comme le titrait un chroniqueur en fin de semaine, je
le cite, le titre : Le Québec tient avec de la broche. Tout a été
dit à travers ce titre. C'est important, donc, que François Legault se
ressaisisse, qu'il développe une capacité de livrer, parce que, pour l'instant,
il est incapable de livrer, et il aura su démontrer, jusqu'à maintenant... Et
on va bientôt entrer dans la sixième année caquiste. Bien, il est temps qu'il
commence à livrer, malheureusement, et c'est les Québécoises et Québécois qui
en font les frais. Voilà.
M. Gagnon (Marc-André) : Est-ce
que le Parti libéral, comme Québec solidaire, pour reprendre l'expression, est
incapable de se passer des placements publicitaires sur Facebook?
M. Tanguay : Il y a un défi
démocratique jusqu'au 2 octobre, et nous avons décidé de retourner pour
faire... pour rejoindre la population. Vous savez, il y a une étude... vous le
savez, là, mais je vais le réitérer, en citant une étude de l'Université Laval
de juin dernier : quatre Québécois sur cinq sont sur les réseaux sociaux,
et, de ce 80 % là des Québécois sur les réseaux sociaux, étude de l'Université
Laval de juin dernier, 88 % sont sur Facebook.
Alors, nous avions dit, effectivement, cet
été, que nous suspendions, jusqu'à nouvel ordre, tout investissement en
publicité. Face... et dans le contexte très précis de cette élection partielle,
il faut rejoindre quelque 47 000 électeurs, électrices. C'est en ce sens-là
que l'on décide d'investir.
M. Gagnon (Marc-André) : ...sans
mettre de la publicité?
M. Tanguay : La façon de les
rejoindre via la publicité, aujourd'hui, c'est une réalité, et, de façon
ponctuelle, nous avons décidé de retourner... et nous cesserons au lendemain de
l'élection du 2 octobre. C'est trop important, notre démocratie, pour ne
pas essayer de les rejoindre comme on peut.
M. Lacroix (Louis) : C'est
important, mais pas au point de l'appliquer pendant pendant la partielle.
M. Tanguay : C'est important,
la démocratie. La démocratie...
M. Lacroix (Louis) : Mais pas
au point...
M. Tanguay : ...il est
important de rejoindre la population. Et ce n'est pas une situation qui va se
régler durant la partielle, mais c'est une situation où un vote important sera
pris le 2 octobre. Il y aura, par la suite, retour à cette exclusion.
M. Gagnon (Marc-André) : Vous
en avez mis trois, Québec solidaire en a mis huit. Est-ce que vous, ça s'arrête
à trois ou vous allez vous rendre jusqu'à huit, neuf, 10?
M. Tanguay : Nous allons...
Nous avons l'engagement de mettre autant en publicité médias traditionnels que
sur les médias sociaux.
M. Robillard (Alexandre) : Et
le 15 septembre, vous vous positionnez comment?
M. Tanguay : On va faire le
boycott, Le 15 septembre, on va faire le boycott. Je pense que c'est important
d'envoyer le message pour le 15 septembre. On verra, évidemment, l'adhésion qui
en sera faite, mais, effectivement, le boycott sera mis en place.
M. Robillard (Alexandre) : M.
Legault a opposé la capacité de payer, là, au syndicat, en invoquant la
situation déficitaire du Québec la semaine dernière. Est-ce que le gouvernement
du Québec, qui est en situation déficitaire, a la capacité d'aider davantage
les Québécois, là? Je sais que, la semaine passée, M. Legault a évoqué la
possibilité d'envoyer des chèques à des groupes ciblés, en fonction de l'évolution
des décisions de la Banque du Canada aussi, peut-être, plus largement, la
population. Donc, est-ce que vous pensez que le gouvernement du Québec a la
capacité d'aider financièrement les Québécois dans...
M. Tanguay : Oui, et d'abord,
sur l'aspect humain d'un gouvernement qui s'occupe de son monde, on ne peut pas
ne pas aider les plus vulnérables. Pour ce faire, ce n'est pas en envoyant des
chèques comme il l'a fait. Ça a coûté 6,7 milliards, chèque de 500 $
et, l'autre, de 400 $, 600 $. Il faut y aller avec des mesures — vous
m'avez souvent entendu le dire — ciblées pour les plus vulnérables :
taxe de vente du Québec — c'est près de 10 % — sur les
produits essentiels, gel des tarifs d'hydroélectricité, TVQ sur le compte d'hydroélectricité,
bonification du crédit solidarité, également, de 25 %. Il y a plusieurs
mesures comme ça qui peuvent être mises de l'avant, ciblées, pas en envoyant un
chèque à tout le monde.
M. Robillard (Alexandre) : Le
gouvernement, M. Girard, M. Legault aussi invoquent l'augmentation du revenu
disponible de plusieurs catégories, là, dans la population. Est-ce que vous
pensez que c'est la bonne mesure ou c'est plus celle du pouvoir d'achat, qui,
selon la chaire de fiscalité de l'Université de Sherbrooke, a reculé, depuis
deux ans, pour la majorité des gens?
M. Tanguay : Il est clair
que, pour les familles, il y a un recul du pouvoir d'achat. Pour les familles,
c'est démontré, il y a un recul du pouvoir d'achat. Mais, ceci dit, le coût de
la vie vient impacter tout le monde, et, d'autant plus, les plus vulnérables,
et nous prions le gouvernement de les aider de façon précise et très soutenue.
Ce n'est pas, encore une fois, en envoyant un chèque à tout le monde que vous
allez aider, entre autres, les familles dont les parents travaillent, qui sont
au bas de la classe moyenne et qui ont recours, malheureusement, aux banques
alimentaires.
M. Laforest (Alain) : Bonjour,
M. Tanguay. Est-ce que c'est plus important de rejoindre les électeurs que de
montrer l'exemple, un parti politique?
M. Tanguay : C'est important,
en démocratie, de rejoindre les électeurs, et c'est une élection partielle qui
est importante, c'est notre démocratie. 47 000 électeurs, d'ici le 2
octobre, à rejoindre. Quand vous dites qu'il y a 88 % du 80 qui sont sur
les réseaux sociaux, sont sur Facebook, il faut aller les rejoindre, il faut
les éclairer par rapport à ce que nous, on propose, et qu'ils puissent prendre
une décision éclairée.
M. Laforest (Alain) : ...médias
traditionnels n'ont plus leur place, là?
M. Tanguay : Ah! non, non,
non, écoutez, les médias traditionnels sont...
M. Laforest (Alain) : Bien,
vous venez de dire : 88 % des gens sont sur les médias sociaux...
Vous aimez mieux faire du placement publicitaire, plutôt que montrer l'exemple?
Quand vous appelez à un boycott, c'est plus important. Si, les gens, vous dites :
Arrêtez d'utiliser des VUS, les gens vont vous dire : Bien non, ce n'est
pas grave, c'est juste un petit...
M. Tanguay : Les médias
traditionnels sont fondamentaux. Il faut tout faire ce que l'on peut, notamment
en mettant de la pression au gouvernement, pour investir de la publicité dans
les médias traditionnels. Le gouvernement, durant la pandémie, a investi
beaucoup pour communiquer de l'information importante à la population. Encore
aujourd'hui, postpandémie, il y a beaucoup d'informations que le gouvernement
doit communiquer. Qu'il le fasse par les médias traditionnels.
M. Laforest (Alain) : ... aux
Américains sans qu'il y ait d'impôt qui soit payé....
M. Tanguay : Nous, ce que
l'on fait, c'est que l'on va revenir... au lendemain de l'élection partielle,
donc le 3 octobre, le lendemain du 2, on va revenir à la suspension
complète, mais, pour l'instant, nous devons rejoindre les électeurs. Et je vous
rappelle que, durant cette campagne-là, ça n'empêche pas que chaque dollar
investi sur Meta va être investi dans les médias traditionnels aussi.
M. Lacroix (Louis) : ...M.
Tanguay, moi, ma prochaine question, je vais la laisser aux journalistes de
Facebook. Comme ça, vous... Ah! il n'y en a pas. Bon, je vais la poser,
d'abord. Sur les identités de genre, est-ce qu'il devrait y avoir un débat à
l'Assemblée nationale là-dessus?
M. Tanguay : ...sur
l'identité de genre. Pouvez-vous préciser votre question? Parce qu'il y a déjà
un cadre législatif en place, là.
M. Lacroix (Louis) : Bien,
par exemple, sur le fait qu'il y a certaines commissions scolaires, en ce
moment, là, des écoles qui transforment des salles de bain, qui les font mixtes
maintenant, et ça, ça indispose certains parents. Pas tous, mais il y a des
parents qui trouvent que ça va un peu loin, etc. M. St-Pierre Plamondon, tout à
l'heure, a reproché, en fait, aux institutions de plier devant la gauche
radicale en acceptant, sans qu'il y ait de débat, des questions comme celle-là,
par exemple. Est-ce que vous pensez qu'il devrait y avoir, à l'Assemblée
nationale, un débat sur les identités de genre?
M. Tanguay : Moi, je pense
que, écoutez, il faut faire confiance aux directions d'école. Les toilettes
pour garçons puis pour filles, il faut que ça reste. Les toilettes pour
garçons, pour filles, il faut que ça reste. Ceci dit, on le voit déjà, dans
certaines écoles, il peut y avoir des aménagements. Je pense qu'il faut se fier
au bon jugement de nos directions d'école, qui sont payées pour juger de cela.
M. Lacroix (Louis) : Donc,
vous êtes contre les toilettes mixtes, dans le fond?
M. Tanguay : Non, ce n'est
pas ce que je dis. Je dis que les toilettes pour garçons et filles, ça doit rester,
et le reste, il faut laisser les aménagements possibles pour les directions
d'école. Mais de transformer toutes nos toilettes, du jour au lendemain,
mixtes, non. Les toilettes garçons et filles, ça doit rester. Puis il reste...
s'il y a des demandes particulières, des ajustements à faire, il faut se fier
au bon jugement des directions d'école.
M. Carmichael (Simon) : M.
Tanguay, sur le tramway de Québec, il y a un sondage, qui est paru ce matin,
qui dit que la région de Québec, l'appui continue à chuter, mais que le projet
est plus populaire à Montréal qu'à Québec. En tant que député montréalais,
comment est-ce que vous l'analysez que les gens de Montréal soient plus pour le
tramway que les gens de Québec?
M. Tanguay : Oui, bien, de toute
façon, quand je réponds... oui, je suis député de Montréal, mais, quand je
réponds, aussi, je suis le petit gars de Québec, le gars de Beauport puis le
porte-parole de la Capitale-Nationale également. Je pense que c'est un projet qui
est important, qui doit être livré. Évidemment, le coût doit être raisonnable. Ce
que l'on demande, nous, c'est davantage de transparence. Il y a des discussions
présentement. Quel sera le coût final? Je comprends que la ville de Québec ne
peut pas dire : Bien, nous, on est prêts à payer tel maximum, parce qu'ils
viendraient de se tirer dans le pied en annonçant clairement jusqu'où ils sont
prêts à aller. Mais je pense que, dès que possible, dans le processus, ça va
prendre beaucoup de transparence, et pourquoi il y aura hausse des coûts, basé
sur quoi. Mais il faut le livrer, le tramway de Québec.
M. Lacroix (Louis) : Mais,
pour en revenir sur les identités de genre... Je n'avais pas terminé, je veux
juste poser une dernière question, si vous permettez. Sur, par exemple, les
interventions chirurgicales de réassignation sexuelle chez les mineurs, est-ce
qu'il devrait y avoir une réflexion là-dessus?
M. Tanguay : Bien, écoutez,
c'est, évidemment... Quand on parle de cela — vous le savez, vous
connaissez l'arrêt — il y a un encadrement législatif. Lorsque vous
avez 14 ans ou plus, vous n'avez pas besoin du consentement parental. Lorsque
vous avez moins de 14 ans, ça prend le consentement parental. Une fois que j'ai
dit ça, c'est un processus qui est très, très encadré, évidemment. Il faut
faire confiance aux experts, aux psychologues qui accompagnent, aux médecins,
aux chirurgiens, et ainsi de suite. Alors, dans ces cas-là, on voit que les
premiers touchés, là, ces jeunes personnes là, font face à une détresse
psychologique énorme. Et je pense... et moi, je suis confiant que l'encadrement
des professionnels, des experts est suffisant dans ce cas-là.
Mme Mignacca (Franca G.) :Mr. Derraji, you said, this morning, during the hearings, that you
felt there was a missing piece, in terms of temporary foreign workers. Can you
explain a bit what you would have liked to see and what you're still hoping to
see on that?
M. Derraji : Yes. The CAQ invited us for this consultation with only two
scenarios. The first one is to have the status quo, like, 50,000, or, the
second one, 60,000. So, in our... in my... what we are looking for is, like,
the third scenario, is about the temporary workers, because it's... we have
them, they are with us, but in this consultation, we don't have the opportunity
to have the real discussion about the future of these workers.
Mme Mignacca (Franca
G.) : What would you like to see, though, as
the future for these workers? In an ideal world, what would you like to see put
in place, in terms of temporary foreign workers?
M. Derraji : Yes. First, to have the right number, because François Legault,
when he took the power in 2018, he said that he wants to decrease the number of
immigrants, so he closed the door for immigrants, the permanent residents,
around 40,000, but he opened another door for temporary immigrants. So, what's
the real capacity of Québec? We
have problems. My colleague, he just said that we have housing programs,
healthcare, daycare, across Québec, not only in Montréal. And on the other hand, the Government of the CAQ asks us to have this consultation
with only two scenarios on the table. So, we miss something, and I think it's
time now, for the next three years, to have a real discussion, including the
temporary workers.
M. Bergeron (Patrice) : Avant
qu'on termine, M. Derraji, sur le tremblement de terre au Maroc, sauf erreur,
vous êtes d'origine marocaine?
M. Derraji : Oui, je suis
natif de Marrakech.
M. Bergeron (Patrice) : Et
est-ce que vous connaissez des gens ou des proches, de la famille, des amis,
là-bas, qui ont été touchés? Comment ça vous touche, vous?
M. Derraji : Ça me touche
personnellement, parce que j'ai passé un week-end extrêmement difficile, comme
la plupart des gens. J'ai reçu un message texto d'un ami : Regarde, il y a
un tremblement de terre à Marrakech. Il n'y a personne qui savait que
l'épicentre était à 80 kilomètres, loin de Marrakech. La première chose qu'on
fait quand on reçoit un message pareil, c'est appeler nos parents.
Malheureusement, personne ne répondait, ni mes parents, ni ma belle-famille, ni
mes frères, parce que tout le monde était occupé de comprendre ce qui s'est passé
et fuir les maisons, parce qu'ils ont commencé à constater l'ampleur des
dégâts. Heureusement, la maison de mes parents... le dernier étage, il y avait
des fissures. Ils ont passé la nuit dehors vendredi. Ma belle-famille, ils ont
quitté aussi, parce qu'ils habitaient dans un endroit qui était extrêmement
touché.
C'est des moments extrêmement difficiles
pour tout le monde. Moi, je pense que le bilan risque d'être plus lourd. C'est
presque 3 000 morts aujourd'hui. Les autorités continuent de fouiller, avec
des équipes de secouristes. J'envoie mes plus sincères condoléances à tout le
monde dans ces moments très difficiles, oui.
Mme O'Malley (Olivia) :How was it for you, being so far away from
home, and having to return here, and put your head in work, when I'm sure your
worries are elsewhere?
M. Derraji : Yes, exactly. It was very tough for me during this weekend, since
Friday, since I received the message text from my friend asking me to call my
parents. And, once I called them, it was not easy for me to understand the situation, because they just said that we
are away, we are outside, don't worry, but it was like a trauma for me, for my
family, but also for all the humanity. It's not only the Moroccans, it's a
tragedy, what happened in Morocco, the area, it's very big, with a lot of
problems, infrastructure
problems. So, the time, now, is to send all our prayers and our positive
thoughts for the population of
Morocco.
Mme O'Malley (Olivia) : ...announcement that we're going to go to... How does it feel that
your fellow colleagues and other parties are supportive?
M. Derraji : Yes. I received so many calls from my colleagues, from the National Assembly, and I'm very proud to say that Quebeckers and the
Canadian Government will be there, near to Moroccans and to the Government of
Morocco. It's time to support each other, and this is our value, as a Quebecker:
when someone is hurt outside of Québec, we are here to support them, to send them a positive message. This is our society, and they are very
proud to be here, in Québec, and to be part of this proposition coming from our
governments.
Le Modérateur
: Merci, tout le monde.
M. Derraji : Thank you. Merci beaucoup.
(Fin à 11 h 56)