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(Onze heures quatre minutes)
M. Dowd (Marc-André) : Alors,
bonjour à tous et à toutes. Je vous remercie de vous joindre à moi ce matin
pour la présentation du rapport annuel 2022-2023 du Protecteur du citoyen.
Tania Roussel, vice-protectrice, Services aux citoyens, m'accompagne ainsi que
Claude Dussault, vice-protecteur, Intégrité publique, services aux usagers et
mandats spéciaux.
Mes premiers mots vont à mon équipe. Je
suis Protecteur du citoyen depuis maintenant 18 mois et je constate à
chaque jour à quel point le rayonnement de l'institution s'appuie sur l'engagement
généreux des personnes qui la composent. Travailler au Protecteur du citoyen
signifie avoir à cœur de porter assistance efficacement aux personnes qui font
appel à nous. On ne saurait imaginer la diversité des demandes que traite mon
personnel et l'intensité de certains drames. D'autres employés assurent le
fonctionnement agile et performant de nos bureaux de Montréal et de Québec. Le
tout se vit à l'enseigne d'une culture de collaboration qui se reflète sur les
résultats. Merci aux membres de mon équipe. Je suis conscient de ma chance d'être
si bien entouré.
Venons-en à une préoccupation omniprésente
dans une large part des sphères d'activités, commerces et entreprises, la
pénurie de main-d'œuvre. Un peu partout, le manque de personnel est évoqué
comme facteur de diminution des services, des horaires sont restreints, des
produits ne sont pas disponibles, des files s'allongent. À l'échelle des
services publics, toutefois, la question des effectifs insuffisants ne peut
devenir une excuse pour légitimer des lacunes et des atteintes aux droits, et
ce, même si le devoir de répondre aux besoins de la population peut, dans ces
conditions, relever parfois de l'exploit, j'en suis bien conscient. Plus
souvent qu'autrefois, l'administration gouvernementale doit composer avec des
équipes incomplètes. De notre côté, nous traitons des plaintes et des
signalements qui démontrent que la qualité des services peut s'en ressentir au
détriment de personnes parfois parmi les plus démunies : retards dans le
traitement des dossiers, erreurs administratives, pertes de documents, bris de
service, congestion des lignes téléphoniques, manque d'information. Je suis
loin de dire que c'est toujours le cas, mais la détresse qu'on nous témoigne
est souvent préoccupante. Même en contexte difficile, les grandes missions des
services publics doivent s'accomplir. Notre rapport annuel fait état de
situations où le manque de main-d'œuvre est mis à l'avant-plan pour justifier
une réduction des services par des administrations. Des ministères et des
organismes peinent à donner les services que les citoyens et les citoyennes
sont en droit de recevoir.
Ainsi, le manque de personnel constaté
dans l'ensemble du réseau public de la santé et des services sociaux est
souvent évoqué par les CISSS et les CIUSSS pour expliquer des coupes dans les
services. On se rappelle tous et toutes de l'impact de la COVID-19 à cet égard.
Aujourd'hui, on parle davantage de postes qui restent à pourvoir ou de
problèmes de rétention de personnel. Sur le terrain, des personnes vulnérables
en CHSLD font régulièrement les frais du manque de personnel pour des soins
aussi essentiels que l'hygiène, la mobilisation ou l'aide à l'alimentation. À
domicile, des personnes âgées ou handicapées subissent des réductions d'heures
de service, faute, encore une fois, d'intervenants disponibles. Les proches
aidants sont alors plus sollicités. Ces derniers sont eux-mêmes souvent âgés et
aux prises avec une tâche qui s'alourdit. L'équilibre délicat qui permet le
maintien à domicile est menacé.
Vous me direz qu'il n'y a rien de bien
nouveau à dénoncer la pénurie de main-d'œuvre dans le réseau de la santé et des
services sociaux. C'est vrai, le Protecteur du citoyen s'est souvent prononcé à
ce sujet-là, mais les problèmes subsistent, s'aggravent, même, dans certains
cas, et il faut continuer d'y prêter la plus grande attention. La pénurie de
personnel ne peut justifier un déni des droits.
Le manque d'effectifs se fait aussi
ressentir dans les établissements de détention. Cette année, nos enquêtes ont
révélé que des personnes incarcérées ont été maintenues en isolement dans leur
cellule bien au-delà de ce qui est acceptable, par exemple, plus de
22 heures par jour. La raison? Le manque d'agents correctionnels. On
touche ici au respect de droits fondamentaux.
À la pénurie de personnel peut s'ajouter
la perte d'expertise. Au cours des dernières années, par exemple, des
réaménagements dans le réseau de la santé et des services sociaux ont permis
une plus grande mobilité du personnel. L'exode a particulièrement dégarni les
rangs de la direction de la protection de la jeunesse, où la tâche était jugée
trop lourde par plusieurs intervenants et intervenantes, et la supervision,
insuffisante. La qualité des services aux enfants et aux familles a pu en être
affectée.
Je suis également très préoccupé par les
difficultés d'accès aux services publics par Internet. Les plaintes que nous
recevons témoignent, quelquefois, d'un fossé entre, d'une part, des services
mis en ligne et, d'autre part, des personnes qui ne peuvent y recourir. Ces
personnes vivent dans des régions mal desservies par Internet ou, encore, elles
éprouvent des difficultés d'ordre personnel au moment d'utiliser les outils
informatiques. D'autres, enfin, disposent d'un matériel désuet par rapport à
des plateformes plus récentes. Il est évident que le virage vers des services
publics en ligne constitue un progrès pour en améliorer l'accès, à condition
d'envisager le développement des services numériques d'une manière la plus
inclusive possible. Il faut aussi se rappeler que, pour certains individus, le
contact humain, en personne ou par téléphone, doit continuer d'exister. Et,
parlant de téléphone, encore faut-il que quelqu'un réponde au téléphone.
Nous avons encore à l'esprit la mise en
œuvre de la nouvelle plateforme de la Société de l'assurance automobile du
Québec, le système SAAQclic. Faute de planification suffisante, la transition
vers le nouveau système a connu des ratés majeurs. Les inscriptions et les
transactions en ligne n'ont pu se faire comme prévu. La fermeture temporaire
des services a généré un surplus de demandes, et les lignes téléphoniques ont
été engorgées comme jamais.
Ailleurs, au Tribunal administratif du
logement, les problèmes d'accès téléphonique sont chroniques et persistants.
Des personnes n'obtiennent jamais la ligne pour parler à un préposé, malgré des
essais répétés. Situation à peu près similaire à la Direction générale de
l'indemnisation des victimes d'actes criminels, la DGIVAC. À la suite de nos
interventions, la DGIVAC a fait preuve d'une grande proactivité pour apporter des
correctifs. Je trouve important de le souligner, même si tout n'est pas réglé.
J'aimerais enchaîner sur une bonne note,
en vous citant le cas de La Financière agricole du Québec. En matière
d'assurance récolte, la protection de La Financière agricole varie en fonction
du type de culture. Des membres adhérant au programme d'assurance se sont
plaints chez nous que les montants versés ne semblaient pas couvrir leurs
pertes, et qu'ils ne comprenaient pas bien les calculs. À la suite de notre
intervention, La Financière agricole a rapidement pris des mesures pour mieux
répondre aux interrogations des agriculteurs, allant même au-delà de nos
attentes. En plus de collaborer de façon exemplaire avec nous, elle a créé de
nouveaux documents explicatifs sur son site Web, les a mis à la disposition de
ses partenaires pour en accroître la diffusion, a créé un webinaire, en plus de
nouveaux outils de formation pour son personnel. Un bon coup à souligner.
Cette année encore, des lanceurs d'alertes
se sont adressés à nous pour dénoncer des atteintes à l'intégrité publique dans
des ministères et des organismes. Je rappelle ici que nos enquêtes en intégrité
publique ont pour but de faire cesser les manquements, et non pas de désigner
publiquement des coupables. Donc, nous menons ces enquêtes en toute
confidentialité et, d'une manière générale, nous ne nommons ni les personnes ni
les organisations ciblées. Cette année, toutefois, deux cas échappent
exceptionnellement à ce principe de confidentialité en raison de la diffusion
préalable des faits dans l'espace public. C'est le cas du ministère de
l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, le MAPAQ, et l'un de ces
organismes partenaires, le CEROM. Au terme de nos trois enquêtes
concernant ces deux entités, nous avons conclu à des manquements aux
normes d'éthique et de déontologie, à un abus financier et au fait que le MAPAQ
n'était pas intervenu adéquatement pour mettre fin à ces irrégularités. Par
ailleurs, à l'occasion de la nomination de nouveaux gestionnaires à la Sûreté
du Québec, des autorités ont contourné les règles applicables pour attribuer
des postes et des promotions à des personnes ciblées.
Dans un cas comme dans l'autre, nous avons
fait des recommandations. Les organisations ont bien collaboré, et les manquements
ont pris fin. C'est d'ailleurs ce que nous constatons généralement de la part
des ministères, organismes et instances auxquels nous nous adressons. Nos
interlocuteurs se montrent ouverts à rectifier les lacunes, et cette attitude
va tout à fait dans le sens des objectifs que nous poursuivons en faveur du
renforcement de l'intégrité publique.
Pour conclure, je tiens à dire que j'ai
confiance en la capacité de l'appareil gouvernemental de faire face aux
différents défis, que ceux-ci découlent des années de pandémies ou d'autres
facteurs. Pourquoi? Bien, parce que les services publics peuvent compter sur
des travailleurs et des travailleuses qui, en très grande majorité, veulent
répondre correctement et humainement aux citoyens pour peu qu'on leur en donne
les moyens. Le rapport annuel d'activités que je dépose aujourd'hui rend compte
avec rigueur de problèmes dans les services publics. Toutefois, cela ne veut
surtout pas dire que je ne reconnais pas l'engagement et la compétence des
personnes qui font vivre ces services. Au contraire, dans le contexte difficile
que nous connaissons actuellement, mon travail et celui de mon équipe visent de
façon constructive et pragmatique à améliorer la qualité des services publics
et le respect des droits des citoyens dans leurs relations avec ces services.
En ce sens, je sais que nous visons tous les mêmes objectifs.
Je vous remercie de votre écoute et je
vais maintenant répondre à vos questions. Mon vice-protecteur,
M. Dussault, sera en mesure de répondre aux questions en anglais par la
suite. Je vous remercie.
Le Modérateur
: Louis
Lacroix, Cogeco Nouvelles.
M. Lacroix (Louis) : Bonjour,
M. Dowd. Mon Dieu! J'aurais une foule de questions, mais je veux commencer
avec ce que vous avez dit sur la Sûreté du Québec, où il semble y avoir eu, en
tout cas, une espèce de culture où on contournait les règles pour faire des
nominations. À quel niveau de l'administration de la Sûreté du Québec est-ce
que vous avez noté ces manquements-là? Je comprends que c'était autour de 2015,
vous retournez jusqu'en 2015. Je pense, à l'époque, c'était Martin
Prud'homme qui était le directeur général de la Sûreté du Québec. Est-ce que ça
le vise, lui et son administration?
M. Dowd (Marc-André) : Alors,
il n'y a personne qui est nommément visé dans cette enquête-là. C'est une
enquête en intégrité publique. L'entité, l'instance qui est mise en cause,
c'est la Sûreté du Québec comme organisation. Pourquoi? Parce qu'on a vu, sur
une période de temps assez longue, sur plusieurs années, des pratiques qui
s'écartent de façon marquée des bonnes pratiques en matière de gestion de
ressources humaines. On parle de la dotation de postes de gestionnaire, donc on
parle des postes d'officier à la Sûreté du Québec.
Essentiellement, ce à quoi on avait recours,
c'était à la désignation sur une base assez régulière de personnes en intérim.
Donc, on nommait la personne en intérim pour des périodes de temps plutôt
longues, de plusieurs mois. On sait que l'intérim, dans les directives qui
devaient être appliquées, ça devait être une mesure limitée dans le temps pour
permettre de poursuivre un processus de dotation. Alors, il est bien évident
que, si vous mettez une personne à l'intérim pour une période de plus
d'un an, bien, vous la placez en net avantage quand on ouvre le poste par
la suite. De plus, nos enquêtes ont démontré qu'il y a des personnes à
plusieurs reprises dans différents concours qui se faisaient approcher pour
dire... des personnes qui avaient les qualifications pour faire le poste, qui
se faisaient approcher pour dire de ne pas appliquer sur le poste ou de retirer
leur candidature parce que le poste ne leur était pas destiné. Donc, c'est des
éléments qui ont été établis par notre enquête.
Donc, encore une fois, l'entité qui est
visée ici, c'est la Sûreté du Québec. On a émis des recommandations pour
renforcer le respect des bonnes pratiques en matière de gestion de ressources
humaines, donc les processus de dotation, permettre aux personnes qui ont les
qualifications de faire valoir leur candidature puis d'être considérées sur les
postes, puis renforcer aussi, je dirais, la possibilité des personnes de se
plaindre si elles estiment qu'un concours n'a pas suivi les règles applicables.
On a une bonne collaboration de la Sûreté du Québec dans le suivi des
recommandations. On en est là aujourd'hui.
M. Lacroix (Louis) : Mon
autre question, c'est sur le système, en fait, de facturation des chambres dans
les hôpitaux. Ce que vous expliquez dans votre mise en situation, c'est que,
bon, il y a trois types de chambres au Québec, bien, en fait, une place en
salle, semi-privée et privée. Et vous dites aussi que, dans le cas, par
exemple, d'hôpitaux récents, comme le CHUM ou, encore, le site du Glen, du
Centre hospitalier de santé McGill, là-bas, c'est juste des chambres... et ce
sera le cas, d'ailleurs, aussi avec l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont, là, qui va
être refait... ce seront juste des chambres privées, donc il n'y aura plus de
facturation en tant que telle. Il n'y a pas de facturation, d'ailleurs, au
CHUM, etc.
Ça m'amène à vous poser la question
suivante : Est ce qu'il y a, en regard de ça, là, de ce dont on parle, un
système hospitalier à deux vitesses, à savoir que, dans certains hôpitaux plus
vieux, vous êtes obligé de payer pour des chambres, alors que, dans des
hôpitaux plus récents, la même personne recevrait un service supérieur, mais
gratuit?
M. Dowd (Marc-André) : Ça
fait partie du problème, mais ce n'est pas que le problème. Je m'explique. Vous
avez bien dit : dans les nouveaux hôpitaux qu'on construit, c'est la norme
en matière de prévention des infections, ça va être... c'est des chambres
privées. Les chambres privées ne sont pas facturées. On s'en va dans un autre
centre hospitalier. Si vous connaissez vos droits et vous connaissez bien le
système, on va vous demander dans quelle chambre vous voulez être hébergé. Vous
allez poser la question suivante : Est-ce qu'il y a une salle dans
l'unité? Et on va vous dire : Non, il n'y a pas de salle ici. Alors, vous
allez cocher sur le formulaire : Je veux être hébergé dans une salle. Vous
allez être hébergé en chambre semi-privée, que vous n'avez pas demandée, elle
ne vous sera pas facturée. Si vous ne connaissez pas vos droits, et que vous
cochez : Moi, je veux une chambre semi-privée, vous allez avoir la...
certains établissements vont la charger, et d'autres ne la chargeront pas. Ça
fait que c'est vraiment la question...
M. Lacroix (Louis) : ...des
salles.
M. Dowd (Marc-André) : Exactement,
exactement. Et c'est vraiment là le problème. Et, dans des cas qui sont dans le
rapport annuel cette année, dans deux situations, une dame qui venait
accoucher, et puis une personne en fin de vie, l'établissement accepte
d'annuler la facture, mais refuse notre recommandation à l'effet d'informer
clairement les citoyens de l'impact du choix et du fait qu'il n'y ait pas de
salle. Donc, on se retrouve dans une situation où, dépendant de l'hôpital dans
lequel on est logé, on va payer des frais ou non, ou, dépendant si on connaît ses
droits, on va payer des frais ou non. Ça m'apparaît hautement inéquitable.
M. Lacroix (Louis) : Est-ce
qu'un citoyen, par exemple, qui irait dans un hôpital où il y a les trois
services et qui voudrait avoir une chambre privée sans la payer, parce que c'est
possible dans d'autres hôpitaux... est-ce qu'à votre avis il aurait un recours?
Est-ce que moi, là... J'arrive puis je dis : Bien, moi, si je suis
hospitalisé au CHUM, j'ai une chambre privée. Pourquoi je n'ai pas le droit à
la même qualité d'hébergement dans un hôpital qui est plus vieux?
M. Dowd (Marc-André) : En
fait, vous soulevez une bonne question. On n'a pas regardé sous cet aspect-là
comme tel. Veux-tu compléter, oui?
M. Dussault (Claude) : Je
peux peut-être compléter, là. Sans rentrer dans les détails, là, les
obligations en matière d'assurance hospitalisation sont par rapport à la
prestation de soins, là. Normalement, l'hébergement comme tel n'est pas... ce
n'est pas le service qui est donné par l'État, d'où le principe de la
facturation des chambres, en général. Là, il y a une nouvelle réalité,
évidemment, avec la prévention des maladies nosocomiales, où on fait des
chambres semi-privées. Ça fait que la question que vous posez... Pardon, des
chambres privées. Donc, la question que vous posez, ça soulève toute une
nouvelle problématique.
Ce qu'on met en lumière dans le rapport
annuel, c'est le fait que... C'est une chose de dire que, dans certains
endroits, il y a juste des chambres privées qui ne sont pas facturées, puis,
dans d'autres endroits, il y a des chambres semi-privées, mais ce qui, pour
nous, vraiment... qui accroche, c'est que l'on charge à des gens pour une salle
que, de toute façon, il n'y avait pas... une chambre semi-privée qu'il aurait
eue, de toute façon.
M. Dowd (Marc-André) : Exactement.
M. Lacroix (Louis) : Mais je
comprends ce bout-là, mais moi, je me place dans un contexte où il semble y
avoir deux poids, deux mesures, selon qu'on est dans un hôpital neuf ou un
hôpital plus ancien. Alors, pour le citoyen, là, qui est hospitalisé, il me
semble qu'il a droit au même service, au même tarif, alors que ce n'est pas le
cas. Il y a des gens, par exemple, dans certaines régions, dans des hôpitaux
plus anciens, qui n'ont pas le droit à la même qualité de service. Parce qu'on
s'entend que, dans une chambre privée, on a un meilleur service que dans une
salle, par exemple, où il peut y avoir diverses infections, puis, même, la
qualité d'hébergement.
M. Dowd (Marc-André) : Mais,
présenté comme vous le faites, je suis d'accord pour dire que ça participe de
la question de l'équité, puis nous, on le regardait sur la question de
l'équité, sans regarder cet aspect-là en particulier.
Le Modérateur : Marie-Michèle
Sioui, Le Devoir.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui, bonjour.
M. Dowd (Marc-André) : Bonjour.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Est-ce que vous pourriez nous faire la ligne
du temps de vos rencontres avec les hauts dirigeants de la SAAQ? Je comprends
que vous leur avez parlé pendant l'été, l'automne. Pouvez-vous nous détailler
ça?
M. Dowd (Marc-André) : Je
vais peut-être demander à ma vice-protectrice. Je veux dire que moi, j'ai
participé à une rencontre de haut niveau le 26 janvier, hein? Donc, le
26 janvier dernier. Mon vice-protecteur, Claude Dussault, était là à m'accompagner.
Donc, c'était vraiment de haut niveau. On a abordé des préoccupations liées à
la gestion de la transition, liées... aussi, on a parlé de la notion de goulot
d'étranglement. Du fait de l'arrêt des services, les demandes allaient
s'accumuler. Comment la Société d'assurance automobile entendait gérer ce
goulot d'étranglement? Je dois dire que, de façon générale, ce que j'ai retenu
de la rencontre, c'est que le ton des représentants de la Société d'assurance
automobile était très rassurant. On nous a dit : Tout est planifié, ça
va... tu sais, les choses sont en place. Auparavant, il y a eu différentes
rencontres de travail, et là je vais peut-être... je vais inviter
Mme Roussel à compléter sur cet aspect.
Mme Roussel (Tania) : Effectivement,
il y a eu des rencontres de travail entre nos équipes et les équipes de la
SAAQ, justement pour discuter du virage. On a intensifié un peu les rencontres
à partir de l'été, et je peux vous dire que, déjà, en décembre, les équipes ont
eu accès aussi à une présentation de la part de la SAAQ sur les mesures qui
allaient être mises en place pour faciliter le virage. Encore une fois, je vais
reprendre ce que notre protecteur vous a dit, le ton était très rassurant de la
part des équipes de la SAAQ aussi lorsque nos équipes se sont adressées à eux.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Sur un autre sujet complètement, vous parlez
des formations accélérées pour les préposés aux bénéficiaires. J'ai comme plein
de petites questions, en fait. Vous dites qu'il y a des familles qui se sont
inquiétées de la qualité des soins. Est-ce que c'est... Est-ce que vous en avez
reçu beaucoup, des commentaires comme ceux-là, assez pour que vous-même, vous
soyez inquiets de la qualité des soins? On les continue aussi, ces
formations-là, il y en a une qui est en cours. Est-ce que c'est une bonne idée
de continuer? J'ai beaucoup de questions, là, mais... voilà.
M. Dowd (Marc-André) : M. Dussault
va répondre.
M. Dussault (Claude) : Évidemment,
c'est un défi puis, comme dans toute chose, c'est important d'avoir un
équilibre. D'un côté, on a une pénurie de la main-d'œuvre, de l'autre côté, on
veut s'assurer de la qualité des soins. Donc, ce qu'il faut arriver à faire,
c'est de réconcilier ces deux objectifs-là qui peuvent parfois tirer dans
des sens opposés, là. Donc, c'est important d'accélérer la formation parce qu'à
un moment donné, si... évidemment, quand il n'y a pas de service, c'est zéro
qualité. Par contre, quand on veut accélérer un processus, il faut s'assurer
d'avoir les bons contrôles de qualité.
On l'a vu dans plusieurs secteurs en santé
et services sociaux, là, on a eu des plaintes là-dessus. Ça ne remet pas en
question l'orientation d'accélérer la formation, mais c'est un rappel de
s'assurer de contrôler comme il faut la formation des gens et de bien les
encadrer, surtout au début de leur formation. Et ce n'est pas... ce secteur-là,
on l'a vu ailleurs, on l'a vu notamment en protection de la jeunesse, où il y a
une pénurie d'intervenants puis il y a des intervenants, des personnes
intervenantes qui n'étaient pas suffisamment encadrées. Donc, plusieurs
endroits dans le réseau de la santé, là, de façon générale, puis pas juste...
je ne dirais pas juste dans le réseau de la santé, partout. Chaque fois que
vous voulez réconcilier formation rapide et qualité, bien, c'est important,
justement, de faire un bon équilibre entre les deux.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Mais êtes-vous capable de donner un ordre de
grandeur? Tu sais, vous avez eu des dizaines de plaintes, vous avez eu deux ou
trois, vous en avez eu des centaines?
M. Dowd (Marc-André) : Sur ce
sujet particulier?
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Oui.
M. Dussault (Claude) : Pour
les préposés aux bénéficiaires? Écoutez, sur... bien, je vais vous donner un
petit peu de contexte pour que vous compreniez ma réponse. Souvent, quand les
gens viennent nous voir pour une plainte en CHSLD, là, il y a rarement un seul
motif de plainte. Les gens viennent... plusieurs viennent sur la qualité des
soins en général. Donc, c'est très fréquent qu'on va avoir trois, quatre motifs
sur la même. Ça fait que, je vous dirais, ça revient souvent, la qualité des
soins qui est donnée.
Bon, sous la sous-question spécifique sur
des nouveaux préposés. Écoutez, je n'ai pas de donnée à vous donner, mais, de
mémoire, parce que chaque rapport d'intervention qu'on fait, je le vois, je
dirais, on n'en a pas énormément, non. Mais l'enjeu... Des plaintes spécifiques
pour des nouveaux préposés, de problèmes, on en a eu à l'occasion.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : Merci.
Le Modérateur : Caroline
Plante, La Presse canadienne.
Mme Plante (Caroline) : Oui,
bonjour. Sur les CHSLD, comment expliquer que les choses ne s'améliorent pas
puis qu'il y a toujours, on dirait, plus de gens, là, qui attendent leur place
en CHSLD?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
c'est sûr qu'il y a un phénomène de vieillissement de la population, donc une
augmentation de la demande en hébergement. Ça, ça fait partie du contexte. On a
documenté la question des problèmes liés à l'accès à l'hébergement public dans
un rapport spécial l'an passé. Un des éléments principaux que le gouvernement
nous a répondus, c'était la publication d'un cadre de référence qui allait
permettre de donner de la cohérence aux pratiques, parce que ce qu'on
observait, c'étaient des pratiques qui différaient d'un établissement à
l'autre. Puis c'était très difficile de s'entendre sur qu'est-ce que devrait
être un parcours type, comment l'hébergement devrait se passer, qu'est-ce qu'on
définit comme étant de l'hébergement transitoire, par exemple. Donc, le cadre
de référence a été rendu public très récemment par le gouvernement sur la
majorité des points qui étaient discutés dans notre rapport, les orientations
du cadre de référence sont bonnes, sont intéressantes. Donc, ça va dans la
bonne direction. Maintenant, il faut que le cadre de référence descende sur le
terrain, produise concrètement des résultats. Et ça, c'est les prochains mois
qui vont nous montrer est-ce que c'est le cas.
Il reste une question sur laquelle on
s'interroge encore beaucoup, c'est la question de l'hébergement
extraterritorial, là. Il y a eu des cas qui ont été médiatisés. Quand une
personne veut être hébergée dans une autre région, parce que, par exemple, elle
veut se rapprocher de sa famille, la prise en charge de ces demandes
d'hébergement extraterritorial, entre les deux établissements, n'est pas claire
et pose souvent problème. Ça fait en sorte que des familles doivent... des proches
aidants doivent souvent parcourir des kilomètres de façon assez
impressionnante, là, pour voir leurs proches. Donc, cette question-là, on va la
regarder de façon particulière dans les prochains mois.
Mme Plante (Caroline) : O.K.
Puis j'aimerais vous entendre sur ce que vous constatez, là, être un nouveau
phénomène d'itinérance chez les personnes en perte d'autonomie avancée.
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
en fait, c'est un peu lié à cette question-là, c'est la question... L'objectif
ultime, ce serait qu'une personne qui ne peut plus rester à domicile, qui doit,
par exemple, aller en CHSLD... qu'elle puisse choisir son CHSLD et, le plus
rapidement possible, avoir accès au CHSLD de son choix, mais ce n'est pas ce
qui se passe. Dans un grand nombre de situations, on va avoir recours à ce
qu'on appelle de l'hébergement transitoire. Donc, la personne est en attente
d'une place dans le CHSLD de son choix, mais elle est, par exemple, à
l'hôpital... on appelle ça niveau de soins alternatif, là, NSA, c'est qu'elle
ne nécessite plus de soins actifs à l'hôpital, mais elle est en attente
d'hébergement. Donc là, dans le fond, on va lui trouver un hébergement
transitoire en attendant qu'une place se libère dans le CHSLD de son choix.
Quelquefois, en hébergement transitoire,
ça ne répond pas aux besoins, on a des cas qui sont dans notre rapport annuel,
ce n'est pas adapté pour la personne. La personne va faire une chute, par
exemple, va retourner en centre hospitalier. Alors, c'est le fait d'avoir des
déménagements successifs qui ne correspondent pas au choix de la personne pour
son milieu de vie. Et c'est ce qu'on a appelé le... créer un phénomène
d'itinérance, c'est qu'il n'y a pas de perspective, à court terme ou à terme,
là... moyen terme, d'avoir accès au lieu d'hébergement de son choix.
Mme Plante (Caroline) : Puis
juste, enfin, si je peux terminer sur la SAAQ. Bon, vous dites que vos équipes
ont tenu plusieurs rencontres avec les gens de la SAAQ. Je n'arrive toujours
pas à comprendre ce qui s'est passé. Donc, il y a eu une gestion de transition,
il y a eu plein, plein, plein de rencontres. D'ailleurs, vous pouvez peut-être
nous dire combien il y a eu de rencontres. Qu'est-ce qui s'est passé après ça?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
on a assisté aux conséquences en même temps que vous, dans le sens où on a posé
des questions. Ce qu'on observe, c'est que je pense que la SAAQ a...
Mme Plante (Caroline) :
...pas écouté? Est-ce que c'est que la SAAQ n'a pas écouté ce que vous leur
disiez?
M. Dowd (Marc-André) : La
SAAQ avait un ton rassurant. On avait des préoccupations sur le goulot
d'étranglement, sur l'impact de la transition. Puis je pense que, tu sais, la
SAAQ a sous-estimé l'impact de la fermeture de son service pendant presque...
Combien de semaines? Plusieurs semaines.
M. Dussault (Claude) : Bien,
deux...
M. Dowd (Marc-André) :
Presque deux mois?
M. Dussault (Claude) : Un
mois et demi.
M. Dowd (Marc-André) : Un
mois et demi, un mois et demi. Que ça allait vraiment créer un engorgement des demandes.
Puis je pense aussi que la SAAQ a surestimé le désir ou la facilité avec
laquelle les citoyens allaient accéder au nouveau système informatique. Puis,
dans le fond, il y a eu des difficultés d'accès au système informatique puis il
y a eu des difficultés de s'inscrire, parce qu'il y avait un nouveau système
d'inscription pour créer le profil. Donc, spontanément, qu'est-ce qu'ont fait
les gens lorsqu'ils ont eu une difficulté? Bien, ils ont pris le téléphone ou
ils se sont présentés en point de service, et ça a engorgé les services. Donc,
je pense que c'est ça qui est arrivé. Sur le nombre de rencontres, on n'a pas
la...
Mme Roussel (Tania) : Malheureusement,
je n'ai pas cette donnée-là. Je sais qu'il y a eu des rencontres, qu'il y a eu
quelques rencontres en amont. Il y a eu un certain nombre de rencontres en
amont avant la rencontre du protecteur avec les autorités de la SAAQ, mais je
ne peux pas vous dire le nombre.
M. Lacroix (Louis) : Comment
vous expliquez que vous, vous aviez vu ça?
M. Dowd (Marc-André) : Non,
on n'avait pas vu ça. On a posé des questions...
M. Lacroix (Louis) : Bien, en
fait, vous dites, vous aviez des préoccupations.
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
c'est ça, on partage des préoccupations, on pose des questions.
M. Lacroix (Louis) : Puis eux
autres, ils avaient une attitude contraire. Vous, vous avez certaines craintes,
d'après ce que je comprends, alors qu'eux, au contraire, sont trop confiants,
excès de confiance.
M. Dowd (Marc-André) : Le ton
était rassurant en disant que les préoccupations étaient prises en compte et
qu'il y avait des mesures qui étaient prévues pour pallier à...
M. Dussault (Claude) : Si je
peux compléter, là, essentiellement, là, vous avez une combinaison de facteurs.
Il y a une suspension des activités, ça crée un goulot d'étranglement. On était
préoccupés par ça, on leur a exprimé. La SAAQ anticipait ça, O.K., puis ils ont
dit : On a prévu des effectifs supplémentaires. On a manifesté notre
préoccupation, parce que c'est un classique. Puis on en profite aujourd'hui
pour dire : La gestion des transitions, là, c'est un classique, au
Protecteur du citoyen. Je pourrais vous donner d'autres exemples de grandes
réformes, puis il y a eu des problèmes. On est là, on veut aller là, on passe
d'un bon niveau, on monte, mais, souvent, il y a une baisse de performance dans
le trou. Donc, on sensibilise toujours les équipes à ça.
Pour revenir au fond du problème, donc,
ils avaient prévu ça. Là, après ça, vous aviez un double facteur. Il y avait
l'entrée en vigueur du service d'authentification gouvernemental, plus
SAAQclic. Et là il y a eu des problèmes pour les citoyens, ils n'étaient pas
familiers avec le service d'authentification gouvernemental, et il y a eu des
tonnes de problèmes. Puis on a encore beaucoup de plaintes, moins qu'avant,
mais on a encore beaucoup de plaintes concernant SAAQclic comme tel.
Donc, la combinaison de suspension... tu
sais, c'est quasiment une tempête parfaite, là... combinaison de suspension des
activités pendant une période de temps, introduction du service
d'authentification gouvernementale et problèmes informatiques répétés et
multiples par rapport à SAAQclic, bien, la combinaison de ces facteurs-là a
donné, évidemment, que les citoyens, là, ils disaient : Je veux parler à quelqu'un.
Donc là, les effectifs qu'ils avaient prévus de surplus, évidemment, n'ont pas
suffi. Ça fait que là, les gens se sont précipités en centres de services, donc
ça a créé un engorgement, là, comme tel, qui a dû amener des mesures spéciales
législatives, comme vous savez, là, pour permettre aux gens de conserver leurs
différents droits.
Le Modérateur : Fanny
Lévesque, LaPresse.
Mme Lévesque (Fanny) : Quand
vous êtes sortis, donc, de ces rencontres et de cette rencontre ultime, le
26 janvier, est-ce que vous étiez suffisamment rassurés? Est-ce que la
SAAQ vous avait... Vous dites : Le ton était rassurant. Mais est-ce que,
vous, vous étiez rassurés par ce qui était mis en place ou ce qu'on vous
disait : On va ajouter des effectifs? Pour vous, est-ce que ça vous
apparaissait suffisant?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
moi, ce qui m'était présenté, c'était rassurant, donc je n'avais pas raison de
m'inquiéter. On soulevait des préoccupations, on nous répondait qu'on avait
considéré ça, qu'il y a des choses qui étaient mises en place, que du personnel
supplémentaire allait être embauché pour les appels téléphoniques. Donc, je
pense que, dans le fond, une fois qu'on partage nos préoccupations et qu'on
nous rassure, je ne vois pas ce qu'on aurait pu faire de plus à cette étape-là.
Évidemment, une fois que les événements se déroulent, par la suite, les
problèmes sont rencontrés, bien là, on reçoit les plaintes et on traite les
plaintes. Puis, vous voyez dans le rapport annuel, on a accompagné plusieurs
citoyens et citoyennes auprès de la SAAQ pour aller chercher de différentes
façons les services auxquels ils ont droit, là.
Mme Lévesque (Fanny) : Deux
petites questions par rapport à ce que vous venez de dire. Mais donc quelle a
été votre réaction quand vous avez vu que c'était un fiasco, là?
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
en fait, on a été... la réaction a été celle de dire : Bien, ce n'est pas
ce que j'avais entendu, O.K. Et, maintenant, qu'est-ce qu'on peut faire pour
venir en aide aux citoyens et citoyennes qui ont des problèmes avec la SAAQ, et
établir des canaux de communication avec la SAAQ? Durant cette période
difficile pour la SAAQ, là, on intervenait quand même régulièrement dans les
dossiers des citoyens, avec un contact direct auprès de la SAAQ, pour
dire : Bien, il y a telle situation à régler, il y a telle situation à
régler. On prenait action puis on obtenait les services pour les citoyens. Vous
avez quelques exemples dans le rapport annuel où, concrètement, là, on peut
vous montrer en quoi notre action a fait la différence pour le citoyen.
Mme Lévesque (Fanny) : Puis,
justement, quel effet ce virage-là a eu sur vos services, là? Vous dites qu'il
y a beaucoup... de nombreux citoyens. Est-ce que vous avez un nombre plus
précis?
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
on a des...
M. Dussault (Claude) : Je
peux vous donner un ordre de grandeur, là. À partir de... On était à peu près à
50 plaintes par mois, là, ça varie, une cinquantaine de plaintes par mois.
Il faut toujours rappeler que les plaintes...
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
à partir de février?
M. Dowd (Marc-André) : Avant.
Mme Lévesque (Fanny) : Ah!
avant?
M. Dowd (Marc-André) : Oui,
c'est ça.
M. Dussault (Claude) : À
partir du moment, là... Dès le mois de janvier, là, dès que ça s'est su qu'il y
aurait suspension des services, là, évidemment, là, on a commencé à avoir plus
de demandes. On parle environ d'une cinquantaine de demandes par mois. Je tiens
à rappeler, en passant, que les plaintes au Protecteur du citoyen, on dit toujours,
c'est la pointe de l'iceberg, là. Et ça s'est maintenu, ça se maintient encore,
mais ça a chuté dans le dernier mois, là. On est à peu près, pour le mois de
septembre, à environ 25 plaintes concernant...
Mme Lévesque (Fanny) : Mais
le plus gros, c'était à peu près 50.
M. Dussault (Claude) : 50.
Bien là, c'est peut-être...
Mme Lévesque (Fanny) : Donc,
à partir du début d'année.
M. Dussault (Claude) : Oui,
c'est ça. Puis ça a été tout le long. Puis on a encore, là, les... Les
principaux dossiers, là, qui restent, problématiques, à régler, là, c'est les
remboursements, entre autres, des sommes qui sont dues. Parce qu'à un moment
donné, des gens n'étaient pas... je vais vous épargner les détails, là... des
gens, des fois... La société, là, c'était tellement bloqué au niveau des
systèmes, ils disaient : Allez en centre de services, puis, même si vous
avez déjà payé en ligne, on va... Parce qu'ils n'avaient pas la pièce. Je vais
vous faire ça court, là. Les gens allaient sur SAAQclic, ils payaient, mais ils
n'avaient pas la pièce, ils n'avaient pas l'enregistrement. Ça fait que là, les
gens, ils appelaient puis ils étaient coincés. Ça fait qu'ils se faisaient dire
à la SAAQ : Allez en centre de services, on va vous donner la pièce, mais
ils les refaisaient payer encore puis ils disaient : On va vous
rembourser. Effectivement, ils remboursent, mais, souvent, c'est encore au
compte-gouttes, là, ils n'ont pas fini de régler les remboursements, surtout
pour des gens, là, qui étaient dans la période de transition, là. La période de
février, là, a été une période particulièrement problématique, puis ils n'ont
pas encore fini de régler ces dossiers-là, donc il en reste encore
quelques-uns. Mais de façon générale, là, on est en période de résorption des
problèmes.
Mme Lévesque (Fanny) : En
terminant, vous diriez que les citoyens... Comment vous le qualifiez? Est-ce
qu'ils ont été lésés par la SAAQ? C'est quoi, la... Est-ce qu'il y a eu une
atteinte à leurs droits?
M. Dowd (Marc-André) : Bien
oui, c'est ça, les citoyens ont droit de recevoir des services et ils n'ont pas
reçu les services auxquels ils ont droit. Notre rôle, comme ombudsman, c'est
d'intervenir auprès de la SAAQ et de s'assurer que le citoyen puisse avoir le
service auquel il a droit. Et c'est ce qu'on fait dans les dossiers.
M. Lacroix (Louis) : On m'a
raconté que, quand on a fait la transition des anciennes bases de données vers
le nouveau système, il y avait eu des gens qui étaient décédés, dans les
dernières années, dont le décès n'était pas reconnu par le nouveau système. Et
donc ils ont reçu à la maison des avis de renouvellement, par exemple, de
permis de conduire, ou encore d'immatriculation. Est-ce que vous avez eu des
plaintes à cet égard?
Mme Roussel (Tania) : Pour ce
qui est de ce type d'information, non. Mais ce qu'il faut savoir, c'est qu'au
départ c'étaient plusieurs banques de données différentes, plusieurs systèmes
différents qui ne se parlaient pas ensemble, et la grande transformation a été
de remettre tout ça en commun, et que ça se parle. Et le défi a été là. Et,
effectivement... Je n'ai pas de donnée pour des personnes décédées, mais on a
aussi... on a vu, par contre... Je peux vous donner l'exemple de la photo. Les
photos qui étaient prises dans l'ancien système n'étaient pas capables d'être
récupérées dans le nouveau système. Donc, cette mise en commun là a été
difficile, elle a été complexe, et ça a été un grand défi.
M. Côté (Gabriel) : J'aurais
une ou deux questions, moi aussi. C'est à propos de ce qui se passe dans
les prisons. On lit dans votre rapport qu'il y a des gestionnaires de prison
qui ont dû remplacer des agents correctionnels. Je voudrais savoir où est-ce
que ça s'est passé. Est-ce que c'est un phénomène fréquent? Puis ce serait ma
première question.
M. Dowd (Marc-André) : Bien,
écoutez, on part du fait que plus d'un poste sur cinq d'agent de services
correctionnels, dans les centres de détention du Québec, est vacant
actuellement, donc il y a un grave problème de pénurie de personnel, d'agents
de services correctionnels. Alors, d'abord, je veux dire que ça impacte les
droits des personnes incarcérées, parce que c'est des sorties de cour qu'on va
annuler, parce qu'on n'a pas d'agent de services correctionnels pour surveiller
les personnes incarcérées. On va annuler des visites au parloir avec des
proches, parce qu'on n'a pas d'agent de services correctionnels pour s'assurer
de superviser la visite, etc. Ça a aussi de l'impact sur le personnel des
services correctionnels.
Vous le soulignez, c'est un exemple qui a
été donné, des gestionnaires doivent faire des quarts de travail, dans certains
cas, mais aussi un temps obligatoire, là, donc des agents de services
correctionnels qui doivent travailler des quarts de travail de 16 heures
par jour. Ça aussi, c'est des éléments qui ont été vus. Et donc ça a l'impact à
la fois sur les personnes incarcérées, les droits des personnes incarcérées,
mais aussi sur le personnel qui est dans les établissements de détention. C'est
difficile pour tout le monde, là.
M. Côté (Gabriel) : Un
gestionnaire qui remplace un gardien de prison, là, est-ce que ces gens-là ont
la capacité de surveiller les détenus? Est-ce qu'ils ont la formation
nécessaire pour faire ça?
Mme Roussel (Tania) : Bien,
je vous dirais que la plupart des gestionnaires, au niveau des services
correctionnels, sont des gens qui sont issus du milieu. Donc, souvent, ce sont
des anciens agents des services correctionnels, qui ont gravi les échelons,
donc.
M. Côté (Gabriel) : Donc, ça
ne présente pas d'enjeu de sécurité, là, ni pour les gestionnaires ni pour les
détenus?
Mme Roussel (Tania) : Non.
Ils ont la capacité de le faire, effectivement.
Le Modérateur : O.K. Est-ce
qu'il y a d'autres choses? Hein? Oui.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...
Journaliste : ...Ah non!
bien... Bien, O.K. Bien, c'est sur la SAAQ.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...
Journaliste
: Ah! sur
le même sujet? Vas-y, vas-y.
Mme
Sioui (Marie-Michèle) : ...juste une petite affaire. C'est que ça
revient constamment, ces recommandations-là sur l'isolement. Pourquoi, selon
vous? Est-ce que c'est parce que, puisque c'est des détenus, on se dit :
Bah! ce n'est pas très grave, puis on réglera ça plus tard?
M. Dowd (Marc-André) : Non,
je pense qu'on a un grave problème de pénurie de personnel. Quand je dis que
plus d'un poste sur cinq est vacant, c'est 20 % des postes, là. Imaginez,
concrètement, ce que ça peut vouloir dire sur le terrain. Puis, dans le fond,
l'an passé, on avait... c'est l'an passé?
M. Dussault (Claude) : Oui.
M. Dowd (Marc-André) : Donc,
on avait demandé au ministère de la Sécurité publique de produire un plan sur
plusieurs années, une planification de main-d'oeuvre, sur cinq ans, pour
dire qu'est-ce que vous allez mettre en branle, quels sont les moyens que vous
allez mettre en branle pour aider à résorber cette pénurie.
Une première retombée concrète — puis
je veux le souligner, elle est intéressante — c'est que le ministère
de la Sécurité publique a rapatrié la formation des agents de services correctionnels.
Auparavant, la formation des agents de services correctionnels, elle était à
l'École nationale de police du Québec. Le MSP a créé sa propre école de
formation. Pourquoi? Pour être plus souples, pour pouvoir former plus de
cohortes, parce que la capacité de l'école nationale à former des agents de
services correctionnels était limitée, parce qu'ils devaient former aussi plus
de policiers. Donc, le MSP rapatrie son école de formation professionnelle,
plus de souplesse, possibilité de faire plus de cohortes, donc d'aider à
résorber la pénurie de main-d'œuvre. Ça, je veux souligner ça. Et le centre a
été ouvert la semaine dernière, je crois, le centre de formation?
Mme Roussel (Tania) : Oui, le
centre est en place. La première cohorte est, justement, en train de commencer
sa formation.
M. Dowd (Marc-André) : Mais
ça, c'est un des éléments sur lequel le MSP doit travailler. Toute la question
de l'attraction, de la rétention du personnel est fondamentale. Donc, la
planification de la main-d'œuvre est dans le service correctionnel, mais, dans
d'autres secteurs, la santé et les services sociaux, c'est au cœur des grands,
grands défis d'administration publique dans les prochaines années.
Mme Plante (Caroline) : ...une
demande de précisions, là. Tantôt on parlait, pour la SAAQ, de tempête
parfaite. Est-ce que vous, vous avez identifié des responsables?
M. Dowd (Marc-André) : On
fonctionne rarement en identifiant un responsable. Le but de l'action du
Protecteur du citoyen, ce n'est pas de blâmer qui que ce soit, c'est vraiment
de voir, d'abord, c'est quoi, la situation, qu'est-ce qui s'est passé, quels
droits ne sont pas respectés puis qu'est-ce qu'on peut mettre en place pour
assurer le respect des droits. Alors, on n'est pas dans un état d'esprit où on
va dire : Telle personne est responsable ou telle personne est
responsable. On est dans un état d'esprit : Voici la situation, quels sont
les faits, quelles sont les normes qui devraient s'appliquer, quels sont les
droits qui ne sont pas respectés puis qu'est-ce qu'on peut mettre en place
rapidement pour respecter les droits.
Le Modérateur : Est-ce qu'on
passe en anglais?
Mme Mignacca (Franca G.) : Yes. I'd like to hear you, first, on this concept of temporary
homelessness for seniors waiting to get into CHSLDs. What exactly is the
problem here?
M. Dussault
(Claude) :
Well,
the problem is basically the lack of rooms for the elderly people. And you have
a situation where you have people that they are currently staying in an
hospital, that they don't need anymore hospital care. We call it NSA, sorry,
it's in French, «c'est des gens de niveau de soins alternatifs». So, it's
people that they don't need anymore hospital care, they should be in a
long-term care facility, and there is not enough rooms in the long-term care
facility. So, because there is a lot of pressure in the hospitals, they will
try very hard with any type of resources, let's say, intermediary resources, or
family-type resources, or CHSLDs. They will transfer the person there, but this
is not the place where the person wants to stay. So, the person might stay at one
or two places, and then they say: Well, we have another place, maybe, close to
the place where you would like to be. So, that person would be switched to that
other place, and often, it will take a year or more before the person will
finish in the place where she wants to stay.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
What kind
of impact does that have on the seniors?
M. Dussault
(Claude) :
Ah!
it's major. I mean, the stability and the proximity of the family is key. So,
of course, if you have to stay in a long-term care facility, you want to be
close to your friends, to your family. So, if you don't have a place to stay
that is close to your home or where your family used to stay, it's a problem.
So, the impact on the mental health of the seniors is very well established.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
What
would the solution be to avoid that happening in the future?
M. Dussault
(Claude) :
Well,
there is no magic here. The main key there is right now, more than 4,500 places
missing in long-term care facilities. So, the answer would come… and that's
something we're pushing for many years, we're asking that they have a long-term
plan. We know that the population is getting older and older, year after year,
so it's very important to increase the number of places in long-term care
facilities.
Mme Mignacca (Franca
G.) :
If I
could just... got one more, sorry, just because I'm by myself. Can you just
describe what did go wrong with SAAQclic?
M. Dussault
(Claude) :
Well,
regarding the SAAQclic, there was, actually, a combination of factors. One
factor was the fact that, to do the transition, they had to close down all the
computer services for more than a month, and, of course... So, if you don't
have services during one month, I mean, those requests, you're going to have…
when you reopen your services. So, you're creating a bottleneck when you reopen
the services. So, that's one point.
The other point, there
were two systems involved here. One is le service d'authentification
gouvernementale, that was a key to entry. So, the people were not... Most
people, it was the first time, for them, to interact with the système
d'authentification gouvernementale, so they had to learn it. And there were
some requests of documents, and people were not used to it. So, there was the
service d'authentification gouvernementale, and people had to kind of learn and
adapt to it.
And then, there is
SAAQclic, and then, with SAAQclic, there were a lot of problems, mishaps on too
many aspects, honestly. That's probably what explains the big problem that the
citizens had faced. If everything went smooth… if every application in SAAQclic
was running smoothly, we will have much less problems, but there was an issue
also with the people to introduce themselves with the Service
d'authentification gouvernementale.
Le Modérateur
:
Donc, ceci met fin à la conférence de presse. Merci.
M. Dowd (Marc-André) : Merci
beaucoup.
(Fin à 11 h 47)