Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.
(Onze heures une minute)
M. Tessier (Philippe-André) : Merci
de vous joindre à nous, votre présence est très appréciée aujourd'hui. Au cours
des prochaines minutes, nous allons vous résumer les faits saillants de notre
rapport d'activité et de gestion, déposé plus tôt ce matin, qui couvre la
période du 1er avril 2022 au 31 mars 2023. La thématique visuelle de
ce rapport et plusieurs de nos actions réfèrent au chapitre IV de la Charte
des droits et libertés de la personne du Québec, qui est consacré aux droits
économiques et sociaux. C'est un chapitre important mais moins connu du public.
Promouvoir les droits économiques et
sociaux fait partie des objectifs stratégiques de la commission pour les prochaines
années. Par exemple, c'est dans le cadre de ces mêmes droits prévus à la charte
que s'inscrit le thème Notre planète, nos droits!, retenu pour le prix
Droits et Libertés 2022. En effet, c'est l'article 46.1 de la charte
qui prévoit que toute personne a droit de vivre dans un environnement sain et
respectueux de la biodiversité. En récompensant les efforts de l'Alliance
Muteshekau-shipu pour octroyer des droits juridiques à la rivière Magpie ou au
mouvement Mères au front pour demander des actions concrètes pour répondre à la
crise environnementale, la commission ne fait pas d'autres choses que de
promouvoir ces mêmes droits économiques et sociaux.
Ici même, à l'Assemblée nationale, il y a
quelques semaines à peine, durant les mois de juillet et d'août, la commission
a organisé, en collaboration avec l'Assemblée nationale, une présentation de l'excellente
exposition, créée et mise sur pied par la TELUQ et le Collectif pour un Québec
sans pauvreté, Nous : Portraits de l'assistance sociale au Québec. Encore
une fois, je réfère à la charte et à son article 45 qui indique que «toute
personne dans le besoin a droit, pour elle et sa famille, à des mesures d'assistance
financière et à des mesures sociales, prévues par la loi, susceptibles de lui
assurer un niveau de vie décent». C'est le message central de cette exposition.
Cette activité s'est déroulée hors de la période couverte par notre dernier
rapport annuel, mais comme celle-ci continue de faire le tour du Québec, au
cours des prochains mois et années, je profite de cette tribune pour vous
inviter à aller la visiter. Elle est présentement présentée au Musée régional
de Rimouski et poursuivra sa route, par la suite, à Valleyfield en 2024. Nous
sommes très heureux d'avoir été invités, à l'été 2022, à collaborer à ce
projet avec la TELUQ et le collectif.
Chiffres à l'appui, nous allons maintenant
vous présenter les résultats obtenus pour chacun des quatre grands mandats de
la commission. Je cède la parole à ma collègue.
Mme Pierre (Myrlande) : Merci,
cher collègue. Alors, un premier mandat consiste à protéger les personnes
contre la discrimination et le harcèlement dans le cadre de la charte des
droits et libertés. Le personnel de la commission a traité et finalisé plus de
2 100 dossiers de plaintes en discrimination, soit 40 % de plus
que l'année précédente. Le délai moyen de traitement de ces dossiers a été de
8,7 mois. Alors, le handicap demeure le principal motif de discrimination
dans les dossiers de plaintes ouverts avec 40 % des cas, suivi par la race,
la couleur et l'origine ethnique ou nationale dans 28 % des cas.
Alors, voici une autre statistique
éloquente : 10 % de tous les dossiers de plaintes ouverts concernent
la discrimination dans le logement. Alors, cette donnée explique pourquoi nous
avons relancé notre campagne À louer sans discrimination au printemps dernier.
La commission a été interpellée par des citoyens et des citoyennes qui ont
signalé la présence d'annonces à caractère discriminatoire, particulièrement
dans le domaine du logement et de l'emploi. À ce sujet, nous avons écrit aux
directeurs généraux de Kijiji Canada et de Facebook Canada pour les appeler à
renforcer la mise en œuvre de leurs politiques visant à préserver les droits et
libertés des personnes utilisant cette plateforme.
En matière de profilage racial, nous avons
ouvert 114 dossiers pour des situations alléguées, donc en hausse du tiers
depuis l'exercice précédent. C'est pour lutter contre cet important problème,
problématique sociale, que la commission a poursuivi cette année sa
collaboration avec le ministère de la Sécurité publique, l'École nationale de
police du Québec et le Commissaire à la déontologie policière pour offrir une
formation sur le profilage racial et social aux policiers du Québec. 140
policiers et policières de toutes les régions ont été formés, durant les
derniers mois, afin d'agir comme personnes répondantes et de former à leur tour
leurs collègues.
Par ailleurs, près de 250 dossiers de
discrimination ou de harcèlement ont été traités par notre service de
médiation. Car, avant de songer aux voies légales, nous offrons à la présumée
victime et à la partie mise en cause de se parler, avec notre encadrement, en
vue d'en arriver à une entente à l'amiable lorsque c'est possible.
Parmi ces activités d'éducation et de
coopération, la commission, avec l'Office des personnes handicapées du Québec
comme partenaire, a offert une série de quatre formations portant sur les
droits des enfants en situation de handicap dans les camps de jour municipaux
et a mis sur pied une nouvelle séance d'information sur les chiens-guides et
d'assistance. Le thème de l'accommodement raisonnable, que ce soit dans les
services ou en emploi, est d'ailleurs le sujet le plus demandé sur... pour nos
séances de formation au cours de l'année 2022 et 2023.
Finalement, le 24 août 2022, à Genève, le
Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale a
reconnu l'expertise de la commission en nous invitant à faire une présentation
sur le thème du racisme systémique et structurel et les impacts sur les droits
des minorités dans différents domaines, soit la sécurité publique, le travail,
la santé. Et cette présentation s'est déroulée devant le Comité pour
l'élimination de la discrimination raciale, au Bureau du Haut-Commissariat des
droits de l'homme, à Genève. Alors, c'était, en somme, la consécration pour
toutes les années d'analyse et la reconnaissance de l'expertise de la
commission, donc, par ses différentes études menées par notre équipe de
recherche.
Dans le cadre de son mandat en accès à
l'égalité, cette fois-ci, la commission veille, comme vous le savez sans doute,
à l'application de la Loi sur l'accès à l'égalité en emploi auprès de 344
organismes publics afin d'assurer une représentation plus égalitaire des cinq
groupes historiquement victimes de discrimination en emploi, soit : les
femmes, les personnes autochtones, les minorités visibles, les minorités
ethniques et les personnes handicapées.
Alors, la commission a publié, en janvier
2023, un rapport sur l'accès des personnes issues de minorités visibles, donc,
le groupe minorités visibles à l'emploi dans les organismes publics. Nous y
avons constaté que les obstacles persistent, non seulement pour accéder aux
emplois mais encore davantage pour la promotion aux emplois de cadres, aux
postes de direction, et ce, malgré les compétences des personnes membres des
minorités visibles. Dans les prochaines semaines, nous publierons un rapport
triennal qui présentera un portrait actuel et détaillé de la représentation des
groupes visés en vertu de la Loi sur l'accès à l'égalité dans les organismes
publics au Québec.
Alors, je cède la parole, maintenant, à ma
collègue, Suzanne Arpin, vice-présidente responsable du mandat Charte.
Mme Arpin (Suzanne) : Merci.
Alors, dans le cadre de son mandat de protection des droits des enfants, la
commission a reçu plus de 463 demandes d'intervention pour des lésions de
droits, ce qui représente une hausse de 11 % par rapport à l'année
précédente. Le délai moyen de traitement d'un dossier en droit de la jeunesse
est demeuré stable, à trois mois. En 2022‑2023, la commission a ouvert 202
enquêtes, dont 78 de sa propre initiative, ce qui représente près du double de
l'année précédente. La Loi sur la protection de la jeunesse nous autorise en
effet à enquêter de notre propre initiative, sans devoir attendre qu'une
demande d'intervention ne nous soit déposée.
C'est une prérogative dont nous faisons
bénéficier les jeunes de plus en plus souvent. Par exemple, après avoir été
informée de situations potentiellement problématiques dans un centre de
réadaptation, la commission s'est rendue sur place et a constaté que des jeunes
hébergés avaient été relocalisés dans une ancienne cafétéria transformée en
dortoir. Ces jeunes dormaient avec un simple drap pour séparer leurs lits. Nous
avons parlé avec ces jeunes et nous avons pris note de leur profond désarroi.
Nous sommes ensuite rapidement intervenus pour faire en sorte que ces jeunes
aient droit à une chambre individuelle et à des soins psychosociaux.
En novembre 2022, les 13 membres de
la commission ont adopté nos orientations pour les enfants et les jeunes pris
en charge par le système de protection de la jeunesse ou assujettis au système
de justice pénale pour les adolescents. Dans ses orientations, la commission
s'engage notamment à placer la voix de tous les enfants et des jeunes au centre
de ses interventions partout au Québec, ce qui inclut les personnes
autochtones.
La commission a également déposé une
demande à la Cour suprême du Canada afin que des ordonnances systémiques de
portée générale puissent être émises pour corriger et prévenir des atteintes
aux droits des enfants dont la situation a été prise en charge par un directeur
de la protection de la jeunesse. Si nous obtenons gain de cause, la commission
aura fait pencher la balance encore davantage du côté des enfants et de leurs
droits.
Du côté de l'éducation et de la
coopération, plusieurs étudiantes et étudiants en techniques de travail social,
en enseignement et en psychoéducation ont reçu des formations de la commission
en droits de la jeunesse. Les futures diplômées seront ainsi mieux outillées
pour protéger les enfants du Québec et leurs droits lorsqu'elles débuteront
leur carrière.
Avant de passer la parole à M. Tessier,
j'aimerais souligner que la commission a, en 2022-2023, progressé dans la
réalisation de ses orientations concernant les personnes et les enjeux
autochtones dans la perspective de la Charte des droits et libertés de la
personne et de la Loi sur la protection de la jeunesse. Nous avons également
amorcé une étude sociojuridique ainsi que publié une lettre, un mémoire et une
note d'analyse sur les personnes et les enjeux autochtones. De plus, en
collaboration avec l'Institut Tshakapesh, la commission poursuit ses travaux
pour créer la plateforme interactive, Mythes et réalité sur les peuples
autochtones, qui devrait être lancée durant la prochaine année.
M. Tessier (Philippe-André) :
En terminant, la défense des personnes âgées ou handicapées victimes
d'exploitation constitue l'autre des quatre principaux mandats de la
commission. Cette défense s'inscrit encore une fois dans le cadre de ce
chapitre IV de la charte, lui-même consacré aux droits économiques et
sociaux dont je vous parlais plus tôt. Au cours de la dernière année, nous
avons reçu 436 demandes ou dénonciations en matière d'exploitation d'une
personne âgée ou handicapée, ce qui représente une augmentation de 81 %
par rapport à la précédente année. Nous avons également conclu une entente avec
le Regroupement des résidences pour aînés et le Regroupement des OSBL
d'habitation afin de diffuser des affiches dans des centaines d'immeubles
regroupant près de 1 000... pardon, 120 000 logements,
120 000 logements dis-je bien, pour personnes âgées afin de
promouvoir deux gestes très simples de bientraitance qui peuvent paraître
anodin, mais qui ont toute l'importance dans ce contexte, soit cogner à la
porte avant d'entrer, ce qui relève du droit à la vie privée des personnes
âgées, ainsi que bien expliquer à la personne les frais qui lui sont chargés à
chaque mois sur la facture, ce qui relève du droit à l'information, lui aussi
prévu à la charte.
Je vous invite également à feuilleter
notre rapport annuel. Vous y apprendrez, par exemple, que la commission a
analysé 49 projets de loi, comme la charte le prévoit, a rejoint près de
12 000 personnes avec ses activités d'éducation, un peu partout sur
le territoire du Québec, et qu'à la suite d'un sondage mené à cette fin
85 % des gens ont une opinion positive de la commission. Nous avons
également intenté 39 recours en justice et remporté des jugements, comme
celui d'un conducteur victime de profilage racial ou celui d'un pompier
daltonien qui, après s'être vu refuser un emploi, a reçu un dédommagement de 110 000 $,
mais surtout l'engagement d'être embauché lorsqu'un poste sera disponible.
Pour conclure, je terminerais en vous
disant que l'année qui vient de s'écouler est celle de la régionalisation. En
effet, durant la période couverte par le dernier rapport, nous avons réouvert
nos bureaux à Rimouski et à Gatineau, et des nouveaux membres du personnel sont
entrés en fonction à Sherbrooke, à Trois-Rivières, à Québec. Et nous avons
également des gens tant dans le mandat jeunesse que dans le mandat charte qu'en
éducation et en promotion des droits qui sont maintenant disponibles dans les
différents bureaux du Québec, au Saguenay et en Abitibi-Témiscamingue, également.
Ce sont là quelques-uns des faits saillants de la dernière année. Nous sommes
maintenant disponibles pour répondre à vos questions.
Le Modérateur : Nous allons
procéder à une période de questions. Les journalistes qui veulent poser des
questions, juste me l'indiquer, on vous passera la parole. Alexandre Duval, Radio-Canada.
M. Duval (Alexandre) : Bonjour
à vous trois. J'aurais une petite question bien simple pour commencer. Pourquoi
vous utilisez encore le terme «race» dans vos documents officiels? Est-ce que
c'est parce que c'est encore dans la charte?
M. Tessier (Philippe-André) : Effectivement,
il est utilisé entre guillemets, comme vous pouvez le remarquer, mais,
effectivement, c'est le motif... c'est le texte de la charte.
L'article 10, qui prévoit le droit à l'égalité, traite de race, couleur,
origine ethnique ou nationale, donc... mais la commission a choisi de mettre
des guillemets.
M. Duval (Alexandre) : Oui.
Est-ce que ce serait souhaitable que les élus se penchent là-dessus? Ça
m'apparaît être un changement législatif assez simple à faire.
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
écoutez, en sociologie, la notion... le concept de race est utilisé comme une
catégorie critique pour comprendre les obstacles auxquels font face les groupes
racisés. Donc, on comprend que c'est un construit sociologique. Ça a été
démontré scientifiquement que les races au sens biologique n'existent pas.
Toutefois, ça reste, dans nos sociétés, une catégorie critique, donc un prisme
d'analyse critique qui permet de bien comprendre les problèmes, les obstacles,
et les discriminations, et le racisme auxquels ils sont encore confrontés.
Donc, la race, encore dans nos sociétés, au Québec comme ailleurs, reste un
marqueur social, d'où son utilité encore.
M. Duval (Alexandre) : D'accord,
merci.
M. Tessier (Philippe-André) : Mais
la commission, dans ses autres travaux, utilise également beaucoup le
vocabulaire «minorité racisée».
M. Duval (Alexandre) : Je
vais y aller avec des questions davantage de fond, mais c'était juste pour ma
compréhension.
Au niveau de la hausse des demandes que
vous avez reçues ou des dénonciations en lien avec l'exploitation d'une
personne âgée ou handicapée, c'est quand même important, 81 % de hausse.
Vous l'attribuez à quoi? Est-ce que c'est des nouvelles dispositions
législatives qui sont entrées en vigueur? Comment vous expliquez ça?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
c'est une excellente question, parce qu'on s'est nous-mêmes posé cette
question-là et on a différentes hypothèses pour l'appuyer. La première
hypothèse, elle est très simple, c'est que la commission, comme on en a
témoigné dans notre rapport annuel, a fait œuvre utile en faisant énormément de
travail de promotion et d'éducation aux droits pour faire connaître ce
recours-là, qui est un recours quand même assez unique au Québec, pour ce qui
est de la protection des personnes âgées ou handicapées victimes
d'exploitation.
Il faut également aussi comprendre que,
depuis la mise en place de la loi visant à contrer la maltraitance, il existe
maintenant des protocoles et une entente-cadre nationale entre différents acteurs,
donc, du... étatiques, incluant la commission mais donc le DPCP, l'AMF, le Curateur
public, etc., il y en a d'autres, les CISSS et les CIUSSS. Donc, à travers ces
éléments-là, on a maintenant aussi une meilleure compréhension de ces
phénomènes-là, de ce qu'est l'exploitation chez, donc, d'autres acteurs
étatiques. Donc, les références entre acteurs vont être plus fluides, vont être
mieux organisées, et donc ça aussi, c'est de nature à augmenter le nombre de
dossiers qu'on va recevoir.
Il y a également une meilleure
compréhension aussi du secteur financier. Il faut comprendre qu'il y a souvent
des questions financières associées à ça, et donc le secteur tant des banques
que des coopératives, donc, sont vraiment mieux outillées sur ces notions-là et
sont en mesure, à ce moment-là, de faire des dénonciations à la commission.
Et, en terminant, bien, il y a un aspect
démographique, il y a un nombre plus élevé de personnes âgées année après
année. Et donc on émet aussi l'hypothèse qu'il s'agit là de ces facteurs-là
tous ensemble qui se cumulent pour expliquer l'augmentation.
M. Duval (Alexandre) : Je
peux m'en permettre une de plus, Olivier?
Le Modérateur : Vas-y.
M. Duval (Alexandre) : Je
regardais, au tableau 4, dans les dossiers d'enquête ouverts pour les
motifs de discrimination, puis même au tableau 3 plutôt, pardon, motifs de
discrimination : identité ou expression de genre. C'est quelque chose dont
on parle beaucoup ces jours-ci, mais ça ne représente que 1 % des dossiers
qui ont été ouverts chez vous. Dans le débat actuel que les élus ont ou, en
tout cas, les questions auxquelles les élus réfléchissent, la commission se
situe à quel endroit?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
dans un premier temps, pour répondre à votre question, effectivement, le
chiffre est de 1 % puis, vous voyez, il est quand même assez relativement
stable année après année. Alors, il faut reprendre un petit peu un pas de
recul. Il faut savoir que le motif identité de genre ou expression de genre,
c'est le plus récent motif ajouté à la charte des droits et libertés par le
projet de loi n° 103, adopté à l'unanimité, en 2016, par l'Assemblée
nationale. Donc, évidemment, donc, comme tout nouveau motif, il y a aussi le
temps que ce motif-là soit connu, soit mieux compris, soit appliqué. Donc, il y
a cette question-là aussi qui est en cause. Donc, pour nous, ces chiffres-là,
on les divulgue annuellement dans notre rapport. Ils étaient là l'année
dernière, l'année d'avant, mais, effectivement, on comprend que, présentement,
ça fait l'objet d'un peu plus d'attention de la part des médias ou des
parlementaires.
M. Duval (Alexandre) : Mais,
par rapport au fait que les élus veulent à nouveau se pencher sur ces
questions-là, est-ce que la commission a des inquiétudes? Parce que, là, dans
le droit, c'est maintenant balisé, depuis presque 10 ans, maintenant. Donc, la
commission a-t-elle des inquiétudes par rapport au processus qui s'enclenche
ici?
M. Tessier (Philippe-André) : Pour
ce qui est de la commission, notre rôle à nous, en toute indépendance par
rapport au gouvernement, c'est de déposer nos avis, nos recommandations, nos
prises de position, nos rapports d'activité à l'Assemblée nationale. Et ça, on
va continuer à le faire. Dans le dossier d'identité de genre, ce qu'on va faire,
c'est... on suit, très attentivement, vous l'aurez compris, le débat, très
attentivement cette question-là. Maintenant, qu'il y ait des réflexions et des
discussions, personne ne peut être contre d'avoir une réflexion et une
discussion, mais, évidemment, on est préoccupés par la recrudescence des propos
transphobes, homophobes qu'on a entendus dans les derniers mois. La commission
a d'ailleurs émis une déclaration, la semaine dernière, à cet égard, pour
rappeler l'existence du droit protégé à la charte, rappeler le cadre juridique
applicable qui est là depuis 2016, qui a été bonifié l'année dernière à travers
le projet de loi n° 2, qui a été adopté, encore une
fois, par l'Assemblée nationale, ainsi qu'un jugement de la Cour supérieure
dans le Centre for Gender Advocacy qui a été rendu en 2021. Donc, il y a, oui,
énormément d'éléments qui doivent être pris en compte. La commission en tient
compte dans ses travaux, dans ses analyses, et c'est ce qu'on va continuer à
faire.
Le Modérateur : Hugo
Pilon-Larose, de La Presse.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Je
vais rester sur le même thème, également, puisque ce sont des questions qui
sont très sensibles, et vous semblez, donc, avoir une position éclairée sur le
sujet, notamment en ce qui concerne l'enseignement de l'identité de genre et
des expressions de genre dans le programme scolaire québécois. Vous avez
envoyé, d'ailleurs, un courriel au gouvernement, en décembre 2022, sur le
sujet, on le retrouve dans votre rapport, dans lequel vous dites, si je le
comprends bien, que c'est important d'enseigner ces notions-là à tous les
cycles de l'école, à la fois en jeunesse, au primaire, qu'au secondaire.
Pourquoi est-ce que la commission juge que c'est important que ces notions-là
soient enseignées? Parce que c'est justement un aspect qui est discuté
publiquement, en ce moment, là.
M. Tessier (Philippe-André) : Alors,
pour faire une réponse longue à une question très intéressante, la
reconnaissance et l'avancement des droits des personnes LGBTQ+, pour la
commission, ça remonte à quand même un certain temps. Il faut savoir que la
charte a été adoptée en 1975, mais, dès 1977, on ajoutait le motif «orientation
sexuelle» à la charte. Et, quand même, malgré l'ajout de ce motif-là, la
discrimination envers les personnes de la diversité sexuelle a continué d'avoir
cours dans les années 80, comme vous pouvez l'imaginer, et dans les années 90.
À un tel point qu'il y a eu une consultation publique spéciale, à la
commission, sur la violence envers les gays et lesbiennes en 1994. Il y avait
eu... vraiment, il y avait une recrudescence de la violence envers les membres
de la diversité sexuelle dans le milieu des années 90.
Et il y a eu, par la suite, au début des
années 90, des groupes de travail pour venir baliser quelle serait l'action
gouvernementale en lien avec l'homophobie. Donc, il y a eu une première
politique gouvernementale de lutte contre l'homophobie en 2009, de laquelle ont
découlé les plans d'action gouvernementaux de lutte contre l'homophobie et la
transphobie. La commission a toujours été associée à ces plans, a toujours
contribué, a toujours alimenté les réflexions gouvernementales en ce sens-là.
Et c'est sûr qu'à travers l'ensemble de
ces actions-là, bien, évidemment, l'éducation aux droits, l'éducation,
s'assurer que l'on comprenne bien les notions de diversité, que ce soit la
diversité de genres, que ce soient les autres types de diversité, les
diversités sexuelles, mais aussi les diversités de la composition de la
société, ça fait partie du programme éducatif québécois depuis plusieurs
années, et la commission continue à travailler puis à faire ses représentations
en ce sens-là, également.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Mais
pourquoi la commission juge-t-elle important que ces notions-là soient
enseignées, par exemple, au primaire? Parce que c'est textuellement ce que vous
écrivez, là, dans la lettre.
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
parce que l'évolution de... Ce que la science nous démontre, ce que les travaux
nous démontrent, c'est qu'il est essentiel de faire prendre conscience aux
enfants de leur éveil. Et donc évidemment ce programme-là a pour finalité de
bien faire comprendre aux enfants c'est quoi, les différentes catégories,
qu'est-ce qu'on veut dire, parce qu'évidemment on comprend que ce n'est pas
nécessairement des concepts qui sont toujours simples à comprendre, la
différence entre l'identité de genre, l'expression de genre, le sexe,
l'orientation sexuelle.
Et donc c'est sûr et certain qu'il faut,
évidemment, en respectant les niveaux, en respectant l'âge des jeunes... Il y a
des acquis qui se font tout au cours du curriculum, puis on augmente, en termes
d'intensité puis en termes de complexité des contenus, au fur et à mesure,
mais, pour arriver à introduire les concepts au secondaire, sur l'identité de genre,
bien, il faut quand même en avoir parlé un petit peu au primaire, bon, toujours
en tenant compte évidemment, de l'âge des enfants. Notre approche, elle n'est
pas... ce n'est pas de dire : Il faut tout, tout, tout donner, tout, tout
de suite, à un enfant de six ans. Au contraire, il faut y aller de façon
graduelle, puis c'est ce que le programme québécois éducatif prévoit également.
M. Pilon-Larose (Hugo) : Dans
le débat, actuellement, les personnes trans et non binaires, certaines sont
inquiètes parce qu'elles se posent la question si, au terme de l'exercice,
elles pourraient avoir un recul de leurs droits, droits qui, comme vous l'avez
dit, sont balisés par la charte depuis 2016. Et, parallèlement, on voit dans
d'autres provinces, le Nouveau-Brunswick, la Saskatchewan, des gouvernements
qui disent : Nous, on est prêts à imposer la clause dérogatoire pour
empêcher, par exemple, un enfant de changer de pronom, de nom à l'école sans en
informer les parents. Pouvez-vous nous rappeler, au Québec, sur ce sujet
précis, comment la charte balise-t-elle l'utilisation des pronoms à l'école? Et
la commission est-elle sensible au fait qu'il y a des débats politiques au
pays, qui touchent le Québec, sur le fait que certains droits pourraient être
revus?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
première chose, je vais peut-être dire que la commission est très au fait des
travaux dans les autres provinces, des avancées, parce que les défenseurs des
enfants dans les autres provinces... la commission, dans son mandat Jeunesse,
est en contact avec les défenseurs des enfants, ceux du Nouveau-Brunswick, en
Saskatchewan, par rapport à ce qui se passe là-bas. Donc, on est bien au fait
de cette situation-là puis on la suit à travers l'Association canadienne des
défenseurs des enfants, dont la commission est membre. Donc, oui.
Évidemment, le cadre juridique québécois
est complètement différent. Vous y avez fait référence, il a été, donc, pour la
plupart, adopté en 2016, il a été bonifié plus récemment, également. Donc,
c'est sûr et certain que ça, c'est un sujet, nous, assurément, qu'on continue à
suivre, qu'on suit de très près. Et, lorsqu'on parle de droits garantis à la
charte, bien, c'est sûr et certain que vous allez entendre la commission s'il y
a des consultations, de n'importe quel type, ou des réflexions à ce sujet,
comme on l'a fait, la semaine dernière, dans le cadre de notre déclaration. Je
ne sais pas si ma collègue voulait...
Mme Pierre (Myrlande) : Bien,
peut-être ajouter que la reconnaissance légale des identités de genre non
binaires constitue, du point de vue de la commission, donc, une avancée
majeure, là, pour le respect des droits, des droits à la personnalité
juridique, à la sauvegarde, aussi, de sa dignité et à l'égalité des personnes
concernées.
Alors, ce qui nous importe aussi, c'est
que, dans le contexte de ce débat social... on comprend que c'est un sujet,
oui, qui est sensible, il peut y avoir différents questionnements, mais il est
important que le débat en cours sur l'identité de genre, s'il devait se
poursuivre, là, dans le cadre de modalités que le gouvernement pourra mettre en
place, bien, il s'agira de poursuivre ce débat dans le respect des droits
garantis par la charte, et ça, ça nous apparaît une condition sine qua non,
pour bien situer, mais aussi avoir un débat sain, un débat social sain, qui
respecte les droits des personnes dans l'identité de genre et l'expression de
genre. Voilà, donc, il faut que ça se passe vraiment dans le respect des droits
et dans le respect du cadre de la charte. Ça, c'est fondamental.
M. Pilon-Larose (Hugo) : En
terminant... je vais céder ma place aux autres, là, ensuite, mais ma question
très, très précise, là, dans le fond, au final, c'était à savoir : Si le
Québec emboîtait le pas au Nouveau-Brunswick et à la Saskatchewan, est-ce que
ça respecterait la charte actuelle?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
évidemment, c'est dur pour nous de se prononcer sur une question, là,
hypothétique. On est en train de regarder ces questions-là. Il faut
comprendre... Encore une fois, c'est que le cadre prévu actuellement, au
Québec, n'est pas du tout celui-là, et donc c'est sûr et certain que nous, on
se prononce sur le cadre actuel du Québec. Et, évidemment, encore une fois, on
va suivre les travaux, on va voir qu'est-ce qu'il en est, puis, à ce moment-là,
on fera... on se prononcera sur des propositions concrètes, pas sur des
hypothèses.
Le Modérateur : Thomas
Laberge, LaPresse canadienne.
M. Laberge (Thomas) : Oui,
bien, désolé, je vais rester sur le même thème. Bon, vous disiez que vous aviez
ajouté la catégorie Identité de genre récemment. Bon, les chiffres sont plutôt
stables. Par contre, est-ce que vous pensez que ces chiffres-là peuvent être
sous-évalués? Je comprends qu'il y a peu de personnes qui s'identifient aux
identités de genre, mais est-ce qu'il n'y a pas un risque... Bon, on en parlait
aussi dans le débat, les gens ne sont pas... les jeunes, par exemple, ne sont
pas nécessairement conscients... et tout ça. Est-ce qu'il n'y a pas un risque
de sous-évaluation dans le contexte actuel?
Mme Pierre (Myrlande) : Écoutez,
les chiffres, la volumétrie des plaintes que nous recevons, que ce soit sur le
motif identité de genre ou expression de genre, permet d'illustrer qu'il y a un
problème. Est-ce que ça reflète les situations alléguées de discrimination?
Probablement pas, mais c'est quand même un indicateur. Et, de même, pour les
autres motifs, la volumétrie illustre rarement les réalités, oui. Et nous
continuons, justement, dans cette perspective, à faire de l'éducation, à faire
la promotion des droits des personnes issues des groupes... des personnes
LGBTQ. Sur les questions de trans également, nous continuons à faire de
l'éducation pour, justement, assurer la promotion et le respect des droits de
ces personnes.
M. Tessier (Philippe-André) : Juste
pour préciser, ce n'est pas nous qui a ajouté le motif identité de genre, c'est
l'Assemblée nationale qui a voté... Oui, juste le préciser.
M. Laberge (Thomas) : Parfait.
M. Tessier (Philippe-André) : On
n'a pas le pouvoir d'amender la charte nous-mêmes.
M. Laberge (Thomas) : Pour
revenir sur la question du débat, vous avez dit que le débat devait se faire
dans le respect des droits de la charte. Est-ce que vous n'avez pas des
préoccupations? On a entendu beaucoup le gouvernement dire qu'il fallait
entendre les deux côtés de la médaille, mais on voit que, dans un certain côté,
qui est peut-être plus à l'extrême, des fois, on en vient même à remettre en
question l'existence des identités de genre. Cette perspective-là, est-ce que
ça vous préoccupe, cette idée-là du gouvernement de vouloir entendre tous les
points de vue?
M. Tessier (Philippe-André) : Ce
qui arrive, c'est que... et le débat sur l'orientation sexuelle, qui, au
Québec, fait couler beaucoup moins d'encre, en a fait couler beaucoup.
Rappelons-nous, en 1977, quand on a ajouté ce motif-là, les années 80, 90,
l'union civile, le mariage, donc pour tous en 2000, dans le début des années 2000,
donc, on a eu une évolution sociale. Il y avait un texte législatif depuis
1977. Il est évident que les discussions sociales... On nous présente un
rapport aujourd'hui qui vous parle de profilage racial, de discrimination
raciale. Je veux dire, tout le monde sait... le gouvernement le dit, le
racisme, au Québec, c'est tolérance zéro. Ça ne veut pas dire qu'il n'y en a
pas, des manifestations. Puis nous, notre rôle, c'est de travailler à lutter
contre les discriminations et le harcèlement. Donc, c'est sûr et certain que ce
genre de discussion là qui permet une meilleure compréhension du public de
qu'est-ce que l'identité de genre, quels sont les droits protégés, qu'est-ce
qu'il en retourne, c'est salutaire, parce qu'il faut... Puis une grosse partie
de notre rapport, aujourd'hui, c'est de vous parler de l'éducation puis de
promotion des droits. Il faut faire bien comprendre c'est quoi, le cadre,
savoir...
On a entendu beaucoup, au début de cette
discussion-là, là, publique, des affirmations qui n'étaient pas fondées, les
opérations chirurgicales chez les mineurs, des choses comme ça. Puis, grâce au
travail, encore une fois, des journalistes... puis ce n'est pas de la
flagornerie, c'est... il y a eu des articles qui ont été dire : Non, non,
on a fait notre... on a regardé, puis ce n'est pas le cas. Donc, les faits ont
aussi leur place dans ce débat-là. Quand on se base sur les faits, quand on se
base sur ce qui se passe, puis quand on a un débat, puis qu'on a une
discussion, c'est ça, le cadre. Quand on se base sur, aussi, le cadre légal,
les jugements des tribunaux, la Cour supérieure qui a rendu un jugement qui est
final, sauf certaines parties qui sont en appel... Alors, nous, c'est là-dessus
qu'on s'appuie. On s'appuie sur la donnée, les faits, le droit, les jugements
et on espère que le débat, dans ce contexte-là, se fait, mais débat,
discussion, meilleure prise de compréhension, meilleure compréhension de ces
phénomènes-là, qui sont, on va se le dire encore une fois, quand même assez
récents. 2016, ce n'est pas si vieux. Donc, que ce travail-là se fasse, que ça,
ça permette une meilleure compréhension du public québécois, de nos
concitoyens, de c'est quoi, la réalité, bien, ça, ça va être... on va trouver
ça intéressant.
La dérive, c'est... Effectivement, si on
en vient à nier des droits, si on en vient à nier l'existence ou la présence de
personnes dans la société, bien, c'est sûr que là, à ce moment-là, la
commission ne sera pas en accord avec cette approche-là.
Le Modérateur : Simon
Bourassa, Noovo.
M. Bourassa (Simon) : Oui,
bonjour. Concernant l'augmentation de 11 % des demandes pour les droits
des enfants, là, comment vous analysez ça? Est-ce que la situation difficile
avec la DPJ, qui était décrite dans les dernières années, notamment avec le
rapport Laurent, explique en partie, là, qu'il y a plus de demandes à la
Commission pour des dossiers qui touchent les enfants?
Mme Arpin (Suzanne) : En
fait, le travail d'éducation puis de promotion que fait la commission auprès
des enfants et des instances qui travaillent avec les enfants fait en sorte que
la confiance du public est là, elle est présente et elle se manifeste par de
plus en plus de demandes d'intervenir et d'enquêter dans les dossiers dans
lesquels on a des raisons de croire qu'il y a une lésion de droits. Donc, cette
augmentation-là, elle n'est pas salutaire pour les enfants parce qu'il y a plus
de lésions de droits, mais elle dénote que le public a confiance en la commission
en faisant appel à ses services.
M. Bourassa (Simon) : O.K.
Puis est-ce que si la DPJ était en mesure de régler davantage de ces dossiers
de son côté, entre autres, ça pourrait avoir une incidence sur le nombre de
demandes qui vous sont faites?
Mme Arpin (Suzanne) : Je peux
vous dire que, présentement, quand on nous... dans les 100 % de
recommandations que l'on fait auprès des DPJ... sont suivies complètement, tant
au niveau du premier contact que lorsqu'on fait, par exemple, des
recommandations un petit peu plus tard dans le processus. Mais 100 % des
recommandations qui sont faites auprès des DPJ dans l'intérêt des enfants sont
suivies extrêmement rapidement.
On l'a vu tantôt l'exemple que je donnais
en centre de réadaptation. Très rapidement, les jeunes ont pu avoir des lits. Donc,
les correctifs se font rapidement quand on peut intervenir.
Le Modérateur : Est-ce qu'il
y a d'autres questions en français? On passe en anglais. Est-ce qu'il y a des
questions en anglais? Franca Mignacca, Global.
Mme Mignacca (Franca G.) : Good morning. On the increase in complaints from... regarding cases
with seniors and people with disabilities, why are we seeing such an increase?
It seems like a dramatic percentage.
M. Tessier
(Philippe-André) : It is a very important increase, 81% in one year is a
very, very important increase.
So, we have reviewed these numbers, and the hypotheses that we can formulate to
answer your questions are as follows. First and
foremost, the commission has endeavored to make it better known, this recourse
against exploitation, so, at the section 48 of the Québec Charter, which
is a unique remedy in Canada. Québec is the only province that has that kind of
remedy. So, that's number one.
Number two, there was...
la loi visant à assurer la maltraitance... à contrer la maltraitance was
adopted a few years back by the National Assembly. And, through that act,
different institutions, such as the CISSS, CIUSSS, Curateur public, l'Autorité
des marchés financiers, the commission, le Curateur public, work together to
better circulate information, to make sure that we are aware of these
situations.
Third, we know that
there's also an increase in number of elderly in Québec, and so that for sure
must have an impact.
So, these are pretty much
the hypotheses we are working on, but we also know that we have to... The
campaigns that we are promoting, we put... we reach out the campaign... public
awareness campaign in RPA or elderly homes so that their rights are better
well-known. So, I think, also, those information campaigns will have attracted
the attention of these seniors and... so that they can file complaints with us.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Similar question to my colleagues in
French on gender identity. I know that, right now, it only makes up about 1% of
the cases here, but is there a risk, with the current public discussion going
on, that we could see more complaints in the future, more cases of
discrimination?
M. Tessier
(Philippe-André) : Each time there is a public
controversy about the subject, there is an impact on the commission. So, when we see the numbers, the
second highest number of complaints we receive is those complaints for...
against racism. So, when there are events that happen in public, and public
awareness is more aware of their rights, more aware of these discriminations,
more aware of these racist acts, one of the things that will happen is that
they will have a more... a higher tendency to report these things to the commission but also to the police, to other
authorities. So, when these questions are put there, in the public, about these
systemic discrimination or discrimination against people that are protected
under section 10, right to equality, under the Québec
Charter, obviously, that has an increase.
We'll
see if that is the case next year, once we get our report, but we also have to
be aware of the fact that the percentage of people subject to these kinds of situation is not very high percentage. So,
you know, that will also have an impact, the number of people that are affected
by this.
Mme Mignacca (Franca
G.) : I just want to clarify though, when we
see situations like that, you
know, you compared it to, you know, seeing an increase in racism, cases
reported, is that because these cases are underreported or it is possible that
there is also an increase in that type of discrimination?
M. Tessier
(Philippe-André) : It's... those hypotheses...
there's Obviously, there's always... and my colleague attested to that, the
number of complaints that we received yearly is never the total amount of, you
know, racist incidents in Québec or, you know, anti-LGBTQ incidents in Québec. These discriminatory practices, sometimes, happen below the radar,
or people won't file a complaint for different, various reasons. This is
well-documented in social sciences, there is underreporting for these kinds of
problems such as also... same thing when you have a police reporting, people don't always report to the police situations they're a victim of. So, that will always
be the case, but that's why we work hard on the education
and the promotion side, to say, you know : When you have these problems,
please come to us, or these are tools that you can use, maybe, to avoid these
situations, these practices. My colleague alluded to, you know, training for
the police officers in Québec. So, that's why we're working hard on, you know…
to prevent these acts from happening. So, we'll continue to do that too.
Le Modérateur
:
Est-ce qu'il y a d'autres questions en anglais? Phil Authier, The Gazette.
M. Authier (Philip)
:
I notice you have… 1% of your complaints that were open were related to
language. Can you elaborate on what the motivations are for those cases? What
exactly is that?
M. Tessier
(Philippe-André) : That will be somebody who has filed a complaint,
and I don't know all the complaints — I'm
sorry — by heart.
M. Authier (Philip)
:
Yes, that, I understand.
M. Tessier
(Philippe-André) : But, normally, it would be somebody who would be
subjected to different treatments because they are told that they... Sometimes,
we've had cases of people having too big of an accent, so they can't work, for
example, in a call center. So, we'll have those kinds of, you know, language
discrimination cases.
M.
Authier
(Philip)
: Do you get complaints about... Because there have
been recent changes, with Bill 96, in the rules that English-speaking
Quebeckers have to use to get a service from the Government. Now, would you get
complaints in that area or… and have you?
M. Tessier
(Philippe-André) : So, in the workplace, that... those complaints
would go through the «Commission des normes, de l'équité, santé et sécurité du
travail», under the Charter of French language, or the OQLF, or through the
unions.
So, then, the other
thing, also, is that Bill 96 just got enforced, some sections of it, very
recently. So, we're talking about our report for last year, so we'll have to
see if we get any of complaints. Also, you have to understand that there was
the derogation cause used by 96, so, therefore, some statutory protections
under the Québec Charter are not available.
M. Authier (Philip)
:
But, if a citizen has a complaint about the language of service at the «société
d'automobile», for example, would they file a complaint... would they be
eligible to file a complaint to you?
M. Tessier
(Philippe-André) : That, to be honest with you… It's a very
complicated question, because... yes, because of the new provisions under 96.
The services are provided by in French, and there's a derogation to the right
to equality or to services for that protection. So, that's something that's not
necessarily under our purview.
M. Authier (Philip)
:O.K.. Thank you.
Le Modérateur
:Est-ce qu'il y a d'autres questions? Franca
Mignacca.
Mme Mignacca (Franca
G.) : Sorry, just one last question from me, again on gender identity.
I just wanted to check, because there is some concern right now from members of
the LGBTQ+ community that they could potentially lose some of the rights they
already have in Québec. What are the chances of that happening with the way
that the charter is right now?
M. Tessier
(Philippe-André) : So, right now, since 2016, the Québec Charter was
amended, so the right to equality was... there was a new disposition added, so
the protection against discrimination based on gender identity or expression.
So, it's a really... it's the newest motive under section 10, the right to
equality, under the Québec Charter.
So, we've worked, as a
commission, with different institutions, and authorities, and the LGBT
community also, to make it known and to make it accessible as much as possible,
that recourse, but again… sorry. That recourse, you know, on a yearly basis, as
you can see for the last years, has been around 1% of
our complaints. So, we'll see if the current situation has an increase, or the
current awareness has an increase in these complaints. A different number of
factors do come in for that.
But one thing is for
sure, it's that our mandate is to apply the Québec Charter, which is the
quasi-constitutional fundamental law of Québec, that supersedes all other laws
in Québec, except where the radiation is used. So, of course, we… our mandate
is to protect the right to equality of minorities, such as people who have a
different gender identity or expression. So, we'll continue to do that
in the coming months and years, whether it's with the comité de sages or other
bills that are laid before the National Assembly, such a we did very recently
under the Bill 2, that was was adopted last year by the National Assembly.
Le Modérateur : Est-ce qu'il
y a d'autres questions, français, anglais? Merci. Merci à vous. Ah oui! Excusez,
M. Duval.
M. Duval (Alexandre) : Une
question. Je ne veux pas prolonger indûment, mais ce qui se passe au
Nouveau-Brunswick, là, par exemple, vous dites, vous suivez la situation de
près, des parents qui veulent être informés si leur enfant utilise un autre
pronom que celui qu'ils ont toujours utilisé depuis la naissance. Est-ce que ça
respecterait l'esprit de ce motif illégal de discrimination ajouté à la charte,
en 2016, si on en venait là au Québec? Est-ce que ce serait en contravention
avec ce motif-là qui est maintenant protégé?
M. Tessier (Philippe-André) : Bien,
c'est pour ça qu'on vous dit qu'on regarde de près la situation. On regarde les
différents avis qui ont été produits par nos collègues des autres provinces, ce
qui est présenté puis ce qui est mis de l'avant. Nous, ce qui est l'essentiel
là-dedans, c'est le cadre juridique québécois ne prévoit pas ces éléments-là.
Donc, nous, on se prononce sur le cadre juridique actuel et on s'est prononcé
là-dessus sur le p.l. n° 103, on s'est prononcé là-dessus
sur p.l. n° 2. Le cadre juridique applicable est
celui qui est présentement au Québec. Donc, encore une fois, nous, des
situations hypothétiques à venir, on va voir qu'est-ce qui est prévu et c'est
quoi, les mécanismes qui sont mis de l'avant. On se prononce et formule nos
avis, nos recommandations sur des propositions qui sont faites, pas sur, encore
une fois, des théories et des hypothèses. Maintenant...
M. Duval (Alexandre) : Mais
ce n'est pas une hypothèse de poser la question : Est-ce qu'un parent a le
droit d'être informé de ce que son enfant demande dans sa vie personnelle à
l'école?
M. Tessier (Philippe-André) : Le
but de la protection qui est prévue par la charte, c'est une protection qui
vise à prévenir une discrimination d'un enfant qui serait victime de discrimination,
ou d'un adulte qui serait victime de discrimination en fonction de son identité
de genre, donc ici la protection contre la discrimination. Maintenant, est-ce
que lorsqu'on interagit le droit à l'information, les rapports parents-enfants,
ces zones-là sont des zones avec beaucoup... qui appellent beaucoup de nuances.
Par exemple, au Québec, il y a certaines chirurgies, vous le savez sûrement, en
haut de 14 ans, donc les enfants ont certains droits pour ce qui est de
consentir à certaines opérations mineures qui n'ont pas d'impact sur... Et là,
je n'ai pas le texte par cœur en tête, là, je m'en excuse. Mais donc on vient à
voir... il y a une évolution, donc il y a avec le nom... l'âge qui évolue dans
le temps, et ça, c'est des cas bien connus en droit québécois. Puis les
communications qui sont faites sont encore là pour protéger l'enfant de
14 ans et plus dans le soin qu'il reçoit.
L'origine de cette disposition-là vient du
fait qu'on voulait protéger les jeunes filles qui voulaient avoir la pilule contraceptive,
qu'elles ne soient pas sujettes à l'approbation parentale pour ce faire. Donc,
si on suit cette logique-là, ce qu'on veut, c'est protéger également l'enfant
de refus de soins ou de services qui seraient nécessaires pour sa santé en
vertu de ce que le médecin propose. Donc, on ne voudrait pas nuire à l'enfant,
O.K.?
Alors, ça dépend toujours de ce qu'on fait
de l'information. Est-ce que c'est un droit d'information, un droit de regard,
un droit de refus, un empêchement? C'est toutes ces nuances-là. C'est pour ça
que je comprends, vous dites : Ce n'est pas juste une hypothèse, c'est une
question, j'en conviens, mais nous, notre rôle, c'est lorsqu'il y a des mesures
qui sont mises en place, c'est de les regarder et regarder l'interaction entre
les différents droits.
Je sais que ça ne fait pas une très bonne
manchette. C'est une réponse un peu compliquée, mais c'est... Notre travail sur
ces enjeux-là, ce n'est pas un travail simple, c'est un travail d'orfèvre sur
ces droits-là puis l'équivalence des droits, les droits des parents, les droits
des enfants, le droit à l'information, les droits médicaux, les droits prévus à
la charte, les droits prévus au Code civil, etc.
M. Duval (Alexandre) : On
n'est pas juste à la recherche de manchettes
M. Tessier (Philippe-André) : Non,
non, mais je vous fais une blague parce que j'entends ma réponse qui est très
longue et je comprends que ce n'est pas évident pour vous, après ça, de la
résumer.
Journaliste : ...manchettes
ailleurs.
Le Modérateur : Merci. Merci
pour vos réponses détaillées.
M. Tessier (Philippe-André) : Merci.
Oui, oui, c'est ça. Merci.
Le Modérateur : Merci, les
collègues.
(Fin à 11 h 50)