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(Douze heures douze minutes)
M. Bouazzi : Bonjour. Ça fait
qu'aujourd'hui on prend le temps de réagir sur la question de la filière
batterie. Vous savez, à Québec solidaire, la filière batterie est vraiment très
importante. C'était dans notre plateforme et pour deux raisons très
importantes. Une, c'est évidemment que ça s'insère dans une stratégie plus
large de baisse de gaz à effet de serre, de transition énergétique. Et la
deuxième, c'est que c'est une industrie porteuse qui doit, effectivement, créer
de la richesse dans notre société, valoriser les minerais que nous avons.
Aujourd'hui, le gouvernement annonce une
grande... un énorme investissement, hein, ce qu'il qualifie lui-même du plus
grand investissement privé de l'histoire du Québec, 7 milliards d'argent,
dont 3 millions publics, donc privé mais beaucoup d'argent public quand même.
Et, à ce stade, il n'y a rien qui prouve, il n'y a rien qui prouve que les
retombées économiques dont parle le gouvernement sont sur la table. Je rappelle
qu'on parle de masse d'argent absolument colossale, d'une compagnie qui n'a
pour l'instant aucune usine qui travaille à pleine capacité. Il y a des vrais
risques associés à ce genre d'investissement. Et, pour vous donner un ordre de
grandeur, on parle d'à peu près 450 000 $ par job créé. C'est
énormément d'argent. On se rappelle tous de la question de Bombardier. Pas
clair du tout que c'est moins risqué que le milliard qu'on avait mis à l'époque
sur la table. Donc, il y a vraiment un enjeu de transparence. J'ai du mal à
comprendre comment est-ce que c'est rentable.
L'autre question, évidemment, c'est la
question climatique. Pour un projet aussi grand... On parle de plusieurs
centaines d'hectares, on s'attend à avoir un BAPE, on s'attend aussi et surtout
que le gouvernement nous dise quels sont les objectifs de baisse de gaz à effet
de serre associés à cette industrie, surtout que... Et puis, s'il n'y en a pas,
il faudrait vite qu'il s'en donne.
M. Desrosiers (Sébastien) : Vous
dites... Parce que, dans le fond, M. Legault dit : Nous, on s'assure
que c'est rentable, que les retombées dépassent les investissements. Donc, au fond,
vous, vous n'achetez pas ça.
M. Bouazzi : Bien, nous... Je
vous avouerais, moi, je n'ai pas eu accès. On ne sait même pas c'est quel
pourcentage d'actions qu'on a exactement dans cet investissement. J'ai passé,
comme vous le savez peut-être, 15 ans dans une banque qui passe beaucoup
de temps à analyser les projets et j'ai du mal à comprendre elle est où, l'équation.
Il y a un manque de transparence évident. On parle... depuis le début, là,
toutes les annonces confondues, on parle entre 200 000 $ et 600 000 $
et, si on compte le fédéral, entre 400 000 $ et 1 million de
dollars par job créé. C'est des gens qui travaillent déjà ailleurs. Ils
payaient déjà des impôts ailleurs. Ils vont peut-être être payés plus. On
espère qu'ils seraient payés plus dans la filière. Combien ils vont payer d'impôts?
Il y a même des compagnies parmi celles-là, où on met de l'argent, qui sont
inscrites dans des paradis fiscaux. Je veux dire, l'équation, il faut qu'on la
voie. C'est tellement d'argent qu'on a du mal à comprendre où sont les
retombées. On espère qu'il y en a. Je vous dis, il y a clairement un manque de
transparence. On ne peut pas juste accepter la parole telle qu'elle est.
M. Desrosiers (Sébastien) : On
peut penser qu'il y a des travailleurs, peut-être, qui vont venir de
l'extérieur du Québec pour venir travailler là. Ces travailleurs-là vont payer
des impôts. C'est une usine qui va être là pendant, on dit, au moins 50 ans.
M. Bouazzi : Exact, mais
combien vous payez d'impôts pour arriver à un demi-million par job? Je veux
dire, ça va prendre, quoi, un siècle? À un moment, il va falloir qu'on la voie,
l'équation. Pour l'instant, si c'est juste ça, le raisonnement, il est
insuffisant. Le gouvernement, aujourd'hui, a parlé de 18 000 jobs
créées à terme, directes et indirectes, et des investissements de 30 milliards
à terme. Si on divise le 18 000... les 30 milliards par 18 000,
on a quand même du mal à arriver à une équation qui fasse de l'allure pour que
ça soit rentable. Rappelons qu'on est en plein emploi, ça fait que les 18 000 personnes
paient déjà des impôts ailleurs, ça fait que c'est le différentiel seulement
qui compte. Ça fait que si ce n'est pas ça, l'objectif, qu'il le dise, si c'est
celui-là, qu'il rende publics les chiffres.
Hier, par ailleurs, sur la question des
travailleurs particulièrement, M. Fitzgibbon, il a dit: Pas de problème,
on va ramener les travailleurs temporaires de l'étranger pour travailler dans
cette compagnie. Ça fait qu'on a des multinationales étrangères qui viennent
prendre de l'électricité ici, qu'on subventionne à coups de milliards, qui vont
vendre, possiblement, leurs batteries à l'étranger. À ma connaissance, il n'y a
même pas la condition qu'une partie de ces batteries-là soient utilisées au
Québec. Et, en plus, on va ramener des travailleurs temporaires plutôt que...
ou des résidents permanents ou des Québécois, pour travailler ici. On a besoin
de comprendre. Il ne faut pas que ça soit juste un très, très bon deal pour les
multinationales. Nous, pour nous, c'est important que ça soit bon pour les
Québécoises et Québécois, et ça, ça veut dire des retombées économiques locales
et des objectifs de GES qui sont atteints.
M. Desrosiers (Sébastien) : Vous
avez parlé de, justement, vos préoccupations environnementales. Selon notre
compréhension, là, il n'y aurait pas de BAPE automatique pour un projet comme
celui-là. Est-ce que c'est une demande formelle de Québec solidaire qu'il y ait
une évaluation du BAPE pour ce projet-là?
M. Bouazzi : Absolument, et
je vous avouerais qu'on est très inquiet. Le 22 février dernier, le
ministre de l'Environnement a changé les normes environnementales pour
l'industrie de la batterie particulièrement, sans jamais en faire aucune
communication publique, en rehaussant, justement, les limites. On a aussi une
certaine inquiétude dans la manière avec laquelle le projet a été subdivisé. On
comprend que le projet, dans sa totalité, devrait demander un BAPE. Si on prend
chaque petit morceau ensemble, il est possible qu'on essaie de s'en tirer. On
ne pense pas que c'est une bonne manière de faire.
C'est énorme. On parle, effectivement,
d'un énorme investissement sur plusieurs centaines d'hectares, 300 hectares,
si mes souvenirs sont bons, toutes sortes d'enjeux, évidemment, écologiques, et
puis il ne faudrait pas que la batterie la plus verte au monde ne soit pas
capable de soutenir un BAPE. Et puis c'est un enjeu de transparence avant tout,
un BAPE, hein, on s'entend? On écoute les experts, on écoute, les citoyennes et
citoyens, et on a des recommandations pour prendre des décisions en fonction de
la réalité sur le terrain. Si c'est la batterie la plus verte au monde, je
pense qu'il n'y aurait pas de problème.
M. Desrosiers (Sébastien) : Merci
beaucoup.
M. Bouazzi : Merci.
(Fin à 12 h 19)