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(Neuf heures trente minutes)
M. St-Pierre Plamondon : Alors,
bonjour, tout le monde. Bon vendredi. Aujourd'hui, on a choisi de faire notre
interpellation sur ce qu'on considère est la question de l'urne dans
Jean-Talon. Et je l'ai dit dès le premier jour, lors de l'annonce de notre
candidat, Pascal Paradis, j'ai dit mot pour mot : La question de l'urne
dans Jean-Talon, ce sera ce bilan de la CAQ quant à la franchise et la
fiabilité, à la lumière d'un grand nombre de promesses d'engagements qui ont
été brisées. Et c'est important de mentionner, la politique ne sera jamais
parfaite. Ça peut arriver qu'on doive changer de cap dans un dossier. C'est une
chose de briser une promesse parce qu'on a des raisons valables de ne plus la
tenir, mais c'en est une autre de briser des engagements, quand on le sait d'avance
qu'on ne les remplira pas. Et c'est vraiment une question fondamentale de démocratie,
c'est-à-dire : Est-ce que c'est normal de traiter... de ne pas respecter
les électeurs au niveau de leur intelligence?
Je vous fais une liste rapide, là. Donc,
évidemment, tout le monde a entendu parler du troisième lien, mais c'est
également vrai pour la réforme du mode de scrutin, les trop-perçus d'Hydro-Québec,
les écoles vétustes, l'attente à l'urgence de 90 minutes, la fin des
nominations partisanes, le déclin du français, les seuils d'immigration, l'implantation
des maternelles quatre ans partout, la construction de logements sociaux.
Cette semaine, on a parlé également de la couverture cellulaire. Il y a une
liste imposante d'engagements de la CAQ qui ne seront pas réalisés, et la CAQ
savait ou devait savoir que ces engagements-là ne tenaient pas la route.
Donc, j'ai commencé la campagne en disant :
C'est ça, la question de l'urne, est-ce qu'on envoie un 90e député à un
gouvernement qui est confortable au point de ne pas respecter l'intelligence
des gens, de ne pas respecter sa parole ou est-ce qu'on donne au Parti
québécois un quatrième député qui est digne de confiance et qui va demander des
suivis, de la transparence? Un quatrième député seulement. Pourquoi? Parce que
l'un des engagements, qui est la réforme du mode de scrutin, n'a jamais été
tenu, de sorte que le Parti québécois a obtenu trois députés seulement,
alors que sa valeur en pourcentage était plus grande. Donc, ce sont des
véritables questions et, pour moi, c'est ça, la question de l'urne. C'est
pourquoi, le dernier jour ouvrable avant le scrutin dans Jean-Talon, je termine
avec une interpellation où est-ce que je vais demander des comptes sur chacune
de ces promesses-là. Et c'est le sens, donc, de l'intervention aujourd'hui.
M. Bossé (Olivier) : Est-ce
que vous y voyez un débat électoral, en fait, pour la partielle?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
c'est un débat national, c'est-à-dire que ce n'est pas que dans Jean-Talon, là.
Les promesses brisées que je viens de vous nommer, elles ont de l'impact
partout au Québec. Par exemple, la couverture cellulaire, ce n'est pas un sujet
de Jean-Talon, mais il y a bien des gens au Québec qui se souviennent de ça. Et
la liste est beaucoup plus longue, là, on parle de 15-20 engagements, pas
des petits engagements, des engagements qui peuvent influencer et déterminer le
vote des gens. Donc, c'est notre travail, au Parti québécois, de demander de la
transparence et de dire à la CAQ, de manière constante : Vous devez
respecter l'intelligence des gens, et on va s'assurer que vous ayez des
réponses plus solides que de tenter de mettre sous le tapis ces engagements-là.
Ça me semble fondamental.
M. Bossé (Olivier) : Le fait
que ce soit Mme Guilbault, quand même, ça rend ça très régional, très...
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
constatons qu'en effet c'est une interpellation à François Legault et il a
décidé de ne pas se présenter et d'envoyer Mme Guilbault.
M. Bossé (Olivier) : Vous l'avez
su quand, que c'était Mme Guilbault?
M. St-Pierre Plamondon : Hier
soir.
M. Bossé (Olivier) : O.K.
Donc, ça n'a pas changé votre préparation autant que...
M. St-Pierre Plamondon : Non,
ce qu'on a à dire sur ces dossiers-là, faire notre travail, pour nous, c'est la
même qualité puis la même rigueur, peu importe c'est qui qui est devant nous.
Mais notons quand même au passage que le premier ministre a décliné une
interpellation qui... c'était lui, là, l'interpellation et non pas Mme Guilbault.
Mme Prince (Véronique) : Moi,
je voudrais vous parler de Northvolt. Le fait que l'on modifie une loi pour
éviter, finalement, que Northvolt ait un BAPE, là, comment vous trouvez ça?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
d'entrée de jeu, moi, je suis d'accord avec des investissements dans une
filière qui peut donner un avantage concurrentiel sur le plan économique du
Québec. Donc, il ne faut pas être populiste, là, et être contre tous les
investissements dans l'économie québécoise. Seulement, lorsqu'on présente un
investissement d'une grandeur inédite, ça fait longtemps qu'on n'a pas vu
autant d'argent public investi dans un projet économique, il faut arriver avec
certaines réponses de base, dont celle-là. Si c'est un des projets les plus
importants, un des plus gros investissements du gouvernement du Québec depuis
longtemps, pourquoi est-ce qu'on ne joue pas franc-jeu? Pourquoi est-ce qu'on
ne fait pas une évaluation environnementale? Et là on se rend compte qu'on a
modifié le règlement de sorte à expliquer à la population qu'on ne pourra pas
jouer franc-jeu sur le plan environnemental. Je vous rappelle que, dans la loi,
en fait, le ministre a le pouvoir discrétionnaire de déclencher un BAPE. Donc,
il n'y a rien qui empêche le gouvernement d'écouter les citoyens et d'évaluer
les aspects environnementaux du projet, qui est gigantesque. Donc, oui, ça
soulève de sérieuses questions, de la même manière que d'autres questions de
base n'ont pas été répondues.
On crée 3 000 emplois, puis ça
coûte environ 2 millions par emploi créé, là. Ce n'est pas rien. Où seront
trouvés ces travailleurs? Quel impact sur une économie en pénurie de
main-d'oeuvre? On a des enjeux de logement également. Est-ce que le logement a
été planifié pour un mégaprojet comme celui-là? On a des enjeux
d'approvisionnement en énergie, en électricité. Quel impact de ce projet-là sur
notre capacité à trouver l'électricité? Puis là, on nous parle de barrages.
Donc, moi, je veux quand même spécifier
que je pense que c'est une bonne idée d'investir dans des secteurs qui peuvent
donner au Québec un avantage concurrentiel, donc je ne veux pas être négatif.
Mais je viens de vous mentionner quatre questions, là, l'environnement,
les travailleurs, le logement puis l'énergie, pour lesquelles, le lendemain de
l'annonce, au-delà des slogans, là, puis de l'enflure, là, qu'on peut utiliser,
là, pour décrire le moment, il y a quatre questions fondamentales pour
lesquelles on n'a toujours pas de réponses, et ce serait légitime qu'on
obtienne des réponses sur ces choses-là.
Mme Prince (Véronique) : Mais,
pour en revenir au BAPE, c'est sûr que ça crée une étape supplémentaire. Est-ce
qu'on risquait, à ce moment-là, par exemple, de perdre un joueur comme ça?
Est-ce que le gouvernement... Dans le fond, je me fais un peu, tu sais,
l'avocate du diable, là. Est-ce que le gouvernement ne risquait pas de voir
Northvolt s'en aller ailleurs si on ajoutait justement ce genre d'étape
administrative? Puis est-ce que c'était risqué, finalement?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
ce serait de dire... Bien, deux choses. Ce serait de dire qu'à chaque fois
qu'on a un investissement potentiel, finalement, on ne fera jamais d'évaluation
environnementale de peur que la compagnie multinationale ne change d'idée. Ça
n'a pas de sens. Puis je présume qu'un investissement de cette taille-là ne
s'est pas décidé la semaine dernière, là, on n'a pas commencé à plancher
là-dessus cet été, dans quel cas un gouvernement qui veut placer
l'environnement dans l'ensemble de l'évaluation le fait en temps utile. Donc,
oui, c'était possible, et, oui, à mon avis, lorsqu'il s'agit de projets aussi
importants, l'environnement et les citoyens doivent être considérés. On ne peut
pas juste contourner cet aspect-là, surtout étant donné la taille des fonds
publics, là, qu'on investit là-dedans.
Ceci étant dit, ça ne veut pas dire que
d'investir dans la filière batterie, c'est une mauvaise idée, mais il faut bien
faire les choses si on veut de l'adhésion, puis on ne peut pas tasser à chaque
fois le critère environnemental. En fait, ce n'est même pas de le tasser, c'est
de se fermer les yeux puis de se boucher les oreilles en disant : Il n'y
aura pas de transparence. Puis moi, c'est ça, là. Le créneau, c'est la
transparence. Pourquoi ne pas jouer franc-jeu puis qu'on ait tous une
compréhension commune de tous les aspects de ce projet-là? Il me semble que je
viens de poser quatre questions de base pour lesquelles on n'a toujours
pas de réponses aujourd'hui.
Mme Prince (Véronique) : Donc,
on doit faire la même chose pour une entreprise dans la filière batterie qu'une
usine manufacturière de plastique ou de... tu sais, dans le fond?
M. St-Pierre Plamondon : Bien,
je veux dire, peu importe l'activité d'une usine, la question de l'impact
environnemental et de l'impact sur les citoyens se pose de manière égale. Donc,
pourquoi certains secteurs seraient exemptés par rapport à d'autres secteurs?
Je veux dire, c'est une question environnementale légitime, c'est une question
de transparence vis-à-vis des citoyens, qui ont des inquiétudes, et que c'est
normal. Ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas faire le projet, ça veut dire
qu'il faut bien faire les choses, et, lorsqu'on annonce des milliards de
dollars en investissements, idéalement, il faut que le gouvernement arrive avec
des réponses pour ces questions fondamentales.
M. Côté (Gabriel) : À propos
du tramway, M. Grandmont s'est avancé puis a dit qu'un projet à 15,
20 milliards, ça, ce serait vraiment trop. Est-ce que vous avez le courage
de nommer un chiffre aussi?
M. St-Pierre Plamondon : Ah! j'ai
répondu à cette question-là maintenant 20 fois, je pense, dans la
partielle, et je vais vous donner la même réponse, peu importe ce que Québec
solidaire peut faire comme sortie, là. C'est de l'alchimie, là, c'est
vraiment... Tant qu'on n'aura pas de transparence puis une mise à jour de la
part du gouvernement du Québec sur on est rendu où dans ce projet-là puis sur
les différents facteurs qui influencent l'inflation, là, sur le prix, lancer
des fléchettes, comme... un peu comme on fait aux dards, au hasard, là, pour
lancer des chiffres comme ça... pas du tout notre style.
On demande par contre de la transparence
en disant : Si vous voulez qu'on ait un débat intelligent sur le tramway,
donnez-nous un minimum d'indications, un minimum de mises à jour. J'ai, par
exemple, invité la ministre, en Chambre, à dire si elle allait de l'avant avec
le projet et si, en raison des augmentations des coûts, elle considérait
réduire, modifier le trajet comme ils l'ont fait la dernière fois. J'ai offert
également qu'on nous donne le bas de la fourchette, mais pas le haut de la
fourchette, de manière à s'assurer de préserver le processus d'appel d'offres
avec les consortiums. La vérité, c'est qu'à trois jours du vote dans
Jean-Talon, j'ai obtenu zéro transparence et zéro réponse sur quoi
que ce soit.
Donc, ça, c'est notre position. Puis,
quand on aura un minimum de transparence, comptez sur nous pour vous donner une
réponse intelligente en termes de ce qui est acceptable vu l'état du projet.
Mais, en l'absence de transparence, non, on ne jouera pas à jouer... à lancer
des chiffres au hasard comme ça.
M. Côté (Gabriel) : 15, 20 milliards,
c'est beaucoup d'argent. Vous n'êtes pas prêt à dire que, vous aussi... que
c'est trop, trop cher payé pour un tramway?
Mme St-Pierre : D'autres
partis peuvent jouer à ce jeu-là, là, moi, je... On conserve notre position,
qui, je pense, est la plus responsable, la plus rigoureuse.
Le Modérateur : Merci, monsieur.
Mme St-Pierre : Merci.
(Fin à 9 h 41)