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Point de presse de M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition, et M. Haroun Bouazzi, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’énergie

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mardi 3 octobre 2023, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Dix heures cinquante-neuf minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Bien, d'abord, pour commencer, ce matin, à tout seigneur, tout honneur, je veux féliciter Pascal Paradis pour son élection dans Jean-Talon. Je veux féliciter aussi les militants et les militantes du Parti québécois. J'ai été pas mal sur le terrain, mes collègues aussi, puis on les a vus, ils étaient nombreux et nombreuses, les militants et les militantes du PQ, dans les rues de Jean-Talon. C'est une victoire qui leur appartient également, puis je trouve ça important, ce matin, de les féliciter pour leur travail et pour leur victoire. C'est le fun, gagner une partielle, on en a gagné une, il y a quelques mois, à Québec solidaire, ça fait que je leur souhaite de profiter de ces moments de réjouissance là, qui sont précieux quand on s'engage en politique, que ce soient comme député, comme militant, comme militante.

Sinon, bien, j'espère que François Legault a entendu le message. J'espère que la CAQ prend des notes. Il y a eu deux élections partielles depuis la dernière élection générale, et la CAQ les a perdues, les deux. Une est allée au Parti québécois, une est allée à Québec solidaire. De toute évidence, il y a des gens, et pas juste dans la région de Québec, qui ne sont pas satisfaits de comment ça se passe au Québec. Ils voient leur loyer augmenter, ils voient le coût du panier d'épicerie s'envoler, ils voient un Québec qui n'est pas à la hauteur de ses capacités sur le plan environnemental, sur le plan climatique, et ces gens-là, dans deux dernières élections partielles, ont envoyé des messages assez clairs au gouvernement. Donc, j'espère que François Legault va prendre des notes, parce qu'il y a du monde qui ne sont pas satisfaits de comment ça se passe au Québec. Moi, c'est beaucoup ce que je retiens de l'élection d'hier.

De notre côté, bien sûr, on prend acte des résultats avec humilité, avec sérénité. Puis mon message aux gens de Jean-Talon qui ont peut-être envisagé de voter pour Québec solidaire, qui ont hésité à le faire puis qui ne l'ont peut-être pas fait, bien, ce que je veux dire à ces gens-là, c'est qu'on ne les lâchera pas, qu'on ne les abandonnera pas, qu'on va continuer, avec Sol et Étienne, dans la région de Québec, à marteler les priorités qui, je pense, sont les leurs,

la crise du logement, le coût de la vie et l'environnement. Et moi, je souhaite que Sol et Étienne travaillent conjointement, le plus souvent possible, avec Pascal Paradis, pour faire avancer les priorités des gens de Québec face à une CAQ qui les a abandonnés, que ce soient la nécessité d'avoir un tramway à Québec, régler la crise du logement, de s'occuper du dossier de la qualité de l'air. C'est des enjeux sur lesquels mes collègues de Québec travaillent déjà beaucoup, puis je souhaite qu'on puisse travailler avec M. Paradis le plus souvent possible. Merci.

M. Lacroix (Louis) : C'est quand même drôle que...

M. Nadeau-Dubois : Je vais céder la parole à mon collègue puis je réponds à votre question avec plaisir, M. Lacroix.

M. Bouazzi : Merci, Gabriel. Aujourd'hui, je voudrais vous parler de batteries. Évidemment, comme vous le savez, nous, à Québec solidaire, on a toujours été pour les batteries, et puis ça se fait de manière à ce que... En fait, il y a deux choses importantes. D'abord, les revenus, et, ensuite, le contrôle, hein, parce que les batteries doivent s'insérer dans une transition énergétique, où on a le contrôle, entre autres, pour baisser les GES du Québec. Et, aujourd'hui, on doit se poser la question : C'est quoi, la limite? C'est quoi la limite? Je veux dire, il y a 7 milliards de dollars, à terme, qui vont être sur la table. On parle de... La limite, c'est quoi? C'est 100 000 $ par job, 200 000 $, 500 000 $ par job? On est rendus à 1,5 million par job. 7 milliards, à terme, je vous rappelle, c'est comme si chaque Québécois, là, ceux qui sont nés hier et ceux qui ont 99 ans, prête 1 000 $ par personne à cette compagnie-là.

On est devant un vieux schème de développement économique, là, un vieux schème des années 80, là, de quand Fitzgibbon a commencé à faire des affaires, mais en pire, parce qu'à l'époque, l'idée c'était de ramener des capitaux étrangers, de s'assurer que, quel que soit le coût environnemental et humain... et, aujourd'hui, ce n'est même pas des capitaux étrangers, c'est notre argent à nous qu'on investit dans une jeune pousse, qui a une compagnie qui fonctionne presque à plein régime. Et on n'est même pas propriétaires, et je pense que ça, c'est une question vraiment importante. Il y a juste moins qu'un demi-million, donc moins que 500 000 $ qui servent à acheter des actions, et je veux qu'on prenne acte de cette situation-là, là.

On ose comparer ça à la Baie-James, là. Et, encore une fois, 7 milliards, je pensais que c'était important d'y revenir ce matin, parce que c'est quand même énorme, là. La Baie-James, là, c'est des infrastructures qui nous appartiennent à nous, les Québécoises et Québécois, c'est une expertise qui nous appartient à nous, les Québécoises et les Québécois. On a les meilleurs ingénieurs au monde en matière de turbines et de barrages. Et c'est un objectif noble, c'est d'avoir de l'électricité pas chère pour les Québécoises, les Québécois. C'est quoi, nos garanties, pour que ces batteries-là roulent au Québec? C'est quoi les garanties pour que les voitures électriques vont être moins chères pour les Québécoises et les Québécois, alors que c'est un produit de luxe? C'est quoi les garanties pour que la propriété intellectuelle nous appartienne? On ne l'a même pas achetée, avec tout l'argent qu'on met sur la table. Et, tout ça, au nom de la transition énergétique. On doit les croire sur parole.

Et je vous rappelle qu'il y a une compagnie multinationale qui est venue, qui a rencontré deux ministres à plusieurs reprises, et qu'on avait une limite, pour un BAPE, à 30 mégawatts. La limite disparaît. Ils produisent 50. La limite était à 50 000 tonnes de production par an. Ils produisent 56 000, la limite passe à 60 000 tonnes. Ça fait qu'au nom de la transition énergétique on ne serait même pas capables d'avoir un BAPE? Un BAPE, là, c'est un moment démocratique où les citoyennes et les citoyens ont la seule chance... c'est le seul moment où ils ont la chance de s'exprimer, où les spécialistes viennent s'exprimer sur le plus gros projet public privé, à entendre l'appeler «privé», là, de l'histoire du Québec.

Ça fait que nous, notre demande, aujourd'hui, est claire, là. Hier, on a entendu le gouvernement prendre acte qu'il y a un manque de confiance des électeurs et des électrices envers la manière de gouverner de la CAQ, là, mais nous, on veut que le ministre Fitzgibbon, avec tout son historique d'éthique, aujourd'hui, nous dise que la version de «Maîtres chez nous» au Québec, là, ce n'est pas des multinationales qui viennent décider nos normes énergétiques, et c'est un BAPE, pour que les citoyennes et les citoyens, entre autres, de Saint-Basile, se prononcent sur ce projet-là. Merci.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Dans le résultat d'hier, M. Nadeau-Dubois, vous avez, à Québec solidaire, moins bien fait que lors de l'élection générale de 2022, vous arrivez en troisième position. En 2022, quand vous étiez aspirant premier ministre, vous avez récolté moins de votes que votre prédécesseure l'élection précédente. Est-ce qu'il y a quelque chose qui s'accumule et qui teinte votre leadership, là, alors qu'on est à la veille de votre réélection comme co-porte-parole?

M. Nadeau-Dubois : Bien, on verra ça au congrès. C'est une question qui appartient aux membres de Québec solidaire. Ce qui s'est passé, hier, pour Québec solidaire, c'est assez facile à lire, là. Selon nos premières estimations, les jeunes ont voté à peu près deux fois moins que les 65 ans et plus. On le savait que le défi, dans cette élection-là, ce serait de faire sortir le vote des jeunes, et, de toute évidence, ce n'est pas un défi qu'on a relevé. Ça explique, en bonne partie, le résultat d'hier puis la légère diminution de votes qu'on a eus.

M. Pilon-Larose (Hugo) : Est-ce qu'il y a un plan de match pour vous sortir du vote des jeunes uniquement pour avoir des succès? Parce qu'à travers l'histoire, là, pour l'instant, il n'y a jamais eu un parti qui a réussi à les mobiliser à un point tel d'aller prendre le pouvoir, là.

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est un défi, c'est un des défis de Québec solidaire. On en a énormément parlé depuis la dernière campagne électorale. Il faut qu'on soit capables de construire des ponts vers les autres générations. C'est pour ça qu'on va continuer à marteler sur les enjeux qui sont, justement, importants pour toutes les générations, notamment la question du coût de la vie, des jeunes familles qui, en ce moment, au Québec, travaillent à temps plein, ils ne sont capables de joindre les deux bouts, des travailleurs, des travailleuses dans la fleur de l'âge, là, qui, malgré qu'ils se lèvent tôt, puis qu'ils se couchent tard, se ramassent quand même dans les banques alimentaires ou font des sacrifices qu'ils ne devraient pas faire pour maintenir leur qualité de vie. Ça, c'est des enjeux, je pense, qui ont du potentiel de nous faire percer auprès des autres générations. Puis on va continuer puis on va prendre le temps d'analyser aussi les résultats d'hier.

M. Bergeron (Patrice) : M. Legault, hier, a dit que c'était... il prenait la responsabilité personnelle, et que son parti prenait la responsabilité, que ce n'est pas la défaite de sa candidate. Est-ce que vous seriez capable de dire quelque chose comme ça aujourd'hui?

M. Nadeau-Dubois : Bien, bien sûr, je prends ma part de responsabilité dans le résultat.

M. Bergeron (Patrice) : Et votre parti?

M. Nadeau-Dubois : Aussi.

Mme Prince (Véronique) : Tous les partis d'opposition veulent revendiquer le titre d'opposition officielle. Vous l'avez déjà fait à Québec solidaire, à un moment ou à un autre. Est-ce que vous craignez que les Québécois voient en le Parti québécois cette opposition officielle là, le titre que vous auriez voulu avoir?

M. Nadeau-Dubois : Il y a des gens qui sont payés, dans la vie, pour discuter de ça à la télévision. Je suis sûr qu'il y a des analystes qui vont se prêter à ce jeu d'analyse... bien, ce jeu... à ce travail d'analyse dans les prochains jours, dans les prochaines semaines. Moi, ce que je dis aux gens... Parce que moi, j'ai été beaucoup sur le terrain dans Jean-Talon, puis beaucoup de gens nous disaient : Ah! on vous trouve intéressants, on aime votre travail, mais on n'est pas sûrs, on veut bloquer la CAQ. C'est beaucoup des choses que j'ai entendues. Puis le message que j'ai pour ces gens-là, c'est : on prend acte que vous ne nous avez pas choisis cette fois-ci, mais on va quand même vous défendre. Il y a des locataires, dans Jean-Talon, des gens à faibles revenus, des jeunes qui ont besoin d'une voix ici, à l'Assemblée nationale, puis on va continuer de faire ce travail-là.

Mme Prince (Véronique) : Par rapport à ce que vous venez de dire à l'instant, là, vous ne pensez pas que c'est un vote pour le PQ? Vous pensez que c'est un vote contre la CAQ?

M. Nadeau-Dubois : Je vais laisser les analystes analyser les résultats. Moi, ce que je constate, avec les chiffres qu'on a, c'est que... puis je l'avais dit à plusieurs reprises dans les dernières semaines, notre gros défi, c'était de faire sortir le vote des jeunes. C'est difficile, en général, c'est encore plus difficile dans une élection partielle. De toute évidence, on n'y est pas arrivés, là. Selon les premiers chiffres qu'on a sous les yeux, les jeunes ont voté à peu près deux fois moins que les 65 ans et plus. C'est sûr que ça fait une différence.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Ça aurait fait une différence s'il y avait eu des votes sur les campus?

M. Nadeau-Dubois : Sans doute, mais ce n'est pas le seul résultat. Il aurait pu y avoir aussi plus de participation des jeunes dans les bureaux de vote réguliers. C'est une question plus générale, je pense.

M. Côté (Gabriel) : Sous prétexte de rejoindre les jeunes puis la population en général, vous avez dépensé de l'argent en publicités sur Meta. Est-ce que vous sentez que vous avez rejoint... que vous avez obtenu plus de votes grâce à cette stratégie-là? Puis, sinon, est-ce que vous regrettez d'avoir donné de l'argent à cette grosse compagnie-là pour rien du tout, finalement?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, c'est dur à quantifier, hein, l'effet d'un enjeu sur le vote. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que, sur le terrain, j'en ai très, très, très peu entendu parler. Mon intuition, c'est que ça n'a pas fait de différence, ni d'un côté ni de l'autre. Mais nous, on va continuer à utiliser les médias sociaux pour rejoindre les gens, comme, d'ailleurs, beaucoup d'organisations médiatiques elles-mêmes le font, hein? Beaucoup de médias au Québec continuent d'acheter de la publicité sur les plateformes de Meta, parce que ces organisations médiatiques là sont, elles aussi, dépendantes de ces plateformes-là pour aller rejoindre leurs lecteurs, pour aller recruter du nouveau lectorat, en particulier chez les jeunes.

M. Bourassa (Simon) : Est-ce que vous craignez un recul du poids politique de Québec solidaire dans la région de Québec, là, avec les résultats qu'on a vus hier, éventuellement?

M. Nadeau-Dubois : Hier, au début de la journée, on avait deux députés dans la région de Québec. Ce matin, on en a toujours deux, ça fait que j'appelle ça plus un statu quo qu'un recul. On est enracinés depuis 2018, là, dans la région de Québec. Sol et Etienne, vous les voyez, ils font un travail exceptionnel. Et moi, ce que je souhaite, c'est que, le plus souvent possible, les députés solidaires de Québec puissent travailler en collaboration avec M. Paradis, notamment sur un dossier comme celui du tramway. Ça va être important que les députés de l'opposition, dans la région de Québec, gardent le fort puis appuient le maire Marchand dans ce projet-là, qui est tellement important pour la Capitale-Nationale.

M. Bergeron (Patrice) : ...une question par jour. Vous qui êtes au... allez-vous dire oui...

M. Nadeau-Dubois : C'est mon collègue Alexandre Leduc, qui est notre leader parlementaire, qui va... D'abord, vous me l'apprenez. Je ne savais pas qu'ils avaient fait, qu'ils avaient formulé cette demande-là. Je pense qu'ils l'avaient formulé la dernière fois aussi. C'est des discussions qui vont avoir lieu entre les leaders parlementaires.

M. Lacroix (Louis) : Mais est-ce qu'ils méritent un petit peu plus de temps de parole, compte tenu du résultat d'hier? Ils sont maintenant quatre.

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas à moi à juger de ça. C'est les leaders parlementaires, qui vont discuter entre eux autres.

M. Lacroix (Louis) : Donc, vous n'avez pas d'opinion sur le fait qu'ils gagnent en popularité et qu'ils ont plus de voix maintenant, ici, à l'Assemblée nationale?

M. Nadeau-Dubois : Bien, c'est-à-dire que la répartition des budgets, la répartition des questions, ça se fait en fonction du nombre de députés, et les leaders parlementaires vont discuter de ça dans les prochaines semaines.

M. Bergeron (Patrice) : Votre caucus ne donnera pas d'instructions aux leaders parlementaires, là?

M. Nadeau-Dubois : Non. Ce n'est pas comme ça qu'on fonctionne.

M. Duval (Alexandre) : Considérant que les libéraux en ont cinq par jour et qu'ils ont, bon, un petit peu moins de 20 députés, vous en avez 12, est ce que vous ne pensez pas qu'une nouvelle répartition pourrait être favorable?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on n'est pas fermés... Tu sais, moi, je ne suis pas fermé à ce qu'il y ait des discussions entre les partis, mais c'est les leaders parlementaires qui vont s'en occuper, là.

M. Bossé (Olivier) : Si c'était à refaire, est-ce que vous feriez votre investiture de façon moins pressée, là?

M. Nadeau-Dubois : À l'époque, on avait des raisons de croire que l'élection serait déclenchée très, très tôt. C'est pour ça qu'on a procédé plus rapidement. Bon, finalement, ça n'a pas été le cas. D'ailleurs, c'est une des raisons pour lesquelles ce serait intéressant, au Québec, d'avoir des dates fixes pour les élections partielles. Je sais que c'est une proposition qui a été longtemps discutée. Je pense qu'on est rendus là au Québec. Donc, nous on a procédé rapidement parce qu'on croyait que ça allait être déclenché très tôt. Maintenant que la game est terminée, c'est tentant de se dire : Ah! si on avait su que c'était déclenché plus tard, on aurait pu avoir plus de temps. Ce n'est pas faux. C'est sûr que les tumultes qui ont entouré notre investiture au début du mois d'août n'ont pas aidé à ce qu'on démarre la campagne sur le bon pied.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce qu'une femme vous aurait aidés? Est-ce qu'une candidature féminine vous aurait aidés?

M. Nadeau-Dubois : C'est une question purement hypothétique, je ne suis pas capable de répondre à ça.

M. Duval (Alexandre) : Avez-vous l'impression que M. St-Pierre Plamondon, depuis un an, incarne mieux le renouveau que vous et votre parti?

M. Nadeau-Dubois : Je vais m'épargner le supplice de me commenter moi-même puis de me comparer moi-même à M. Plamondon. Il y a des gens qui font très bien ça dans la vie.

M. Duval (Alexandre) : Êtes-vous jaloux de son succès?

M. Nadeau-Dubois : Ah! non, la jalousie n'est pas une émotion qui m'habite.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais, quand même, êtes-vous victime de votre fonction?

M. Nadeau-Dubois : Pardon?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Êtes-vous victime de votre fonction? Tu sais, vous n'êtes plus le leader étudiant, en 2012, en bras de chemise, là, vous vous promenez en complet-cravate.

M. Nadeau-Dubois : Bien, des fois, je suis en bras de chemise, une fois de temps en temps, là.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Non, mais vous comprenez ce que je veux dire? Vous êtes en complet-cravate, votre rémunération est rendue beaucoup plus...

M. Nadeau-Dubois : Bien, juste ici. En complet-cravate, c'est juste à l'Assemblée, parce qu'on est obligés, mais, sinon, au quotidien...

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...votre rémunération est beaucoup plus élevée que celle de la majorité des Québécois, là...

M. Nadeau-Dubois : M. Plamondon aussi.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : ...vous êtes rendu loin du salaire moyen. Tu sais, est-ce que ça vous nuit, à quelque part, en fait, est-ce que ça vous éloigne de votre électorat traditionnel?

M. Nadeau-Dubois : Tous les députés font le même salaire de base. Je ne suis pas trop certain de comprendre votre question.

M. Bourassa (Simon) : Êtes-vous encore proche de la population?

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Bien, c'est ça. Est-ce que votre fonction vous éloigne un peu de la population?

M. Nadeau-Dubois : Ah! bien, moi... bien, je veux dire, c'est un défi pour tous les hommes, toutes les femmes politiques de rester le plus possible connectés sur les gens qu'on défend. Moi, il ne se passe pas une semaine sans que je ne rencontre pas des gens qui en arrachent, que ce soient des locataires qui sont étouffés par les hausses de loyer... J'ai visité au moins trois ou quatre banques alimentaires dans les dernières semaines. J'ai rencontré des agriculteurs la semaine passée, qui sont étouffés par le coût de la vie, c'est épouvantable, ce que ces gens-là vivent. On est en tournée des régions, puis, dans le cadre de cette tournée-là, on a rencontré récemment des infirmières qui sont étouffées par le TSO.

Moi, c'est sans doute l'affaire que j'aime le plus dans mon travail, de rencontrer des gens qui subissent les conséquences des décisions politiques qui sont prises ici. Ça m'aide énormément dans mon travail. Je raconte beaucoup leurs histoires, d'ailleurs, en Chambre, parce que je trouve ça important, puis je pense que c'est mon rôle aussi, comme élu de l'opposition, d'être sur le terrain, d'entendre ces histoires-là puis de les renvoyer à François Legault, de lui parler de ce qui se passe sur le terrain. Vous ferez l'exercice d'aller voir mes dernières questions. Je m'inspire beaucoup de ces rencontres-là que je fais. Je pense que ça met un visage sur des problèmes que, trop souvent, on aborde avec des grandes statistiques et des grandes études.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais c'est une crainte, pour les élus, de finir par être déconnectés. Vous, vous y pensez, à ça, à cette déconnexion-là?

M. Nadeau-Dubois : Je pense que c'est une crainte qui est partagée par tous les élus, oui.

M. Duval (Alexandre) : M. Legault a dit qu'il serait sur les rangs en 2026. Vous, votre tête, est-ce qu'elle est faite, M. Nadeau-Dubois?

M. Nadeau-Dubois : Oui, j'ai déjà annoncé que je vais me représenter en 2026.

M. Duval (Alexandre) : Puis le fait que votre formation politique soit pas mal toujours au même niveau dans les sondages, est-ce que ça vous amène à avoir une réflexion sur votre leadership?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on est, en ce moment, à Québec solidaire, en tournée des régions, pour, justement, trouver des solutions pour relancer la croissance de Québec solidaire, et puis ce travail-là va se poursuivre.

M. Duval (Alexandre) : Mais vous, personnellement?

M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai fait mon... j'ai fait les réflexions que j'avais à faire suite à l'élection de 2022. J'en ai fait état publiquement. On a rencontré nos membres en février ou en janvier. On a fait ce travail-là d'introspection. La page, sur 2022, elle est tournée, pour nous. Maintenant, on est en mode terrain, avec notre tournée des régions. Je pense qu'on fait un excellent travail. J'étais d'ailleurs en Mauricie la semaine passée. Puis on va continuer.

M. Duval (Alexandre) : Mais vous ne répondez pas tout à fait, à savoir, vous, votre réflexion?

M. Nadeau-Dubois : Moi, j'ai fait les réflexions que j'avais à faire suite à l'élection de 2022, la page est tournée. Moi, je suis optimiste, pour la suite des choses, pour Québec solidaire. On a un congrès qui s'en vient, qui, je pense, va être extrêmement mobilisant, parce qu'on va choisir... les membres vont choisir la personne avec qui je vais maintenant partager le rôle de porte-parole. J'ai bien hâte de savoir ça va être qui, d'ailleurs. Je pense que ça va être un moment mobilisant. Ça va être un de nos plus gros congrès, je pense, des dernières années.

Mme Côté (Claudie) : Donc, de 2022 à 2023, il n'y a rien qui a changé, pour vous?

M. Nadeau-Dubois : De?

Mme Côté (Claudie) : De 2022 à 2023, de l'élection générale à l'élection partielle, pour vous, il n'y a rien qui a changé?

M. Nadeau-Dubois : Qu'est-ce que vous voulez dire, «il n'y a rien qui a changé»? Dans quel... Dans le parti?

Mme Côté (Claudie) : Bien, vous avez dit : J'ai fait ma réflexion en 2022, j'ai fait mon introspection, c'est public. On est un an plus tard. Vous avez eu le même résultat. Donc, pour vous, la réflexion, elle n'est pas nécessaire?

M. Nadeau-Dubois : Bien, pour ce qui est du résultat... Nous, on a fait beaucoup de réflexion suite à l'élection. D'ailleurs, il n'y a aucun parti politique qui a fait un bilan puis une introspection aussi profonde et aussi publique que l'a fait Québec solidaire. On a fait un deux jours, public, d'instances pour tirer les bilans de l'élection de 2022. Ce travail-là a été fait sérieusement, en public, ça a été largement couvert dans les médias, et c'est très bien comme ça. Mais la page, sur 2022, pour nous et pour moi, elle est tournée. On regarde 2026, on continue de travailler fort sur nos priorités.

M. Côté (Gabriel) : Hier soir, François Legault a fait son entrée dans la salle puis il a commencé son discours alors que M. St-Pierre Plamondon n'avait pas fini de faire son discours. Est-ce que c'est impoli et arrogant de sa part? Est-ce que vous trouvez que c'est...

M. Nadeau-Dubois : Bien, vous devriez lui poser la question. Je ne sais pas s'il avait des contraintes de temps, là. Je sais que la... Je pense que la tradition veut qu'on attende que l'autre se termine. Des fois, on est dans le local électoral, on n'est pas au courant de ce qui se passe dans les autres locaux. Là, je vais être bien honnête avec vous, je n'ai pas vraiment les informations qui me permettent de savoir si c'était un manque d'élégance ou pas, là. Je connais l'existence de cette tradition-là. Des fois, aussi, les choses vont vite en politique, là. Je ne sais pas trop. Pour les batteries.

M. Bergeron (Patrice) : Une petite question sur les batteries, pour terminer, parce que vous avez lancé plein, plein, plein de trucs, là, M. Bouazzi, là. Vous avez dit que vous êtes pour les batteries, mais vous avez voté contre la motion qui avait été présentée par M. Fitzgibbon. De un, pourquoi? Puis, de deux, si je continue dans votre logique, il faudrait donc nationaliser l'industrie de la batterie ou prendre tous les brevets, avoir... Je ne comprends pas, là.

M. Bouazzi : Bien, il faut... C'est du capital de risque, ce qu'on a fait, là, c'est du capital de... Il y a une différence entre nationaliser et être propriétaire d'un pourcentage qui a de l'allure, là, je veux dire. Concrètement, quand on met, à terme, 7 milliards sur la table, et qu'il y a juste 500 millions qui servent à acheter des actions, on n'a pas le pouvoir de décider un minimum de ce qui se passe dans cette compagnie-là, là. Je veux dire, il y a... Ce que je décris, ce n'est pas du communisme, le capital de risque, là. Ça fait qu'on est quand même... Et, non, nous, on a proposé une motion qui explique pourquoi on est pour la... qui dit qu'on est pour la filière batterie, mais qu'on voudrait avoir des baisses de GES associées... de gaz à effet de serre associées à la filière batterie, et c'est le gouvernement qui a voté contre. Comment ça se fait...

M. Bergeron (Patrice) : ...que M. Fitzgibbon a déposée, puis vous avez voté contre. Votre leader s'est levé puis il a dit non...

M. Bouazzi : Oui, bien sûr, parce qu'actuellement, quand on affirme que la filière batterie sert à la transition énergétique, nous on dit : O.K., mettons-la dans une motion, et disons qu'elle sert à baisser les gaz à effet de serre. Et le gouvernement a voté contre. Non, on ne peut pas... Vous savez, il y a un problème de crédibilité dans ce gouvernement-là. Il nous dit : C'est la transition énergétique, ne vous inquiétez pas. Ça fait cinq ans qu'il est là. C'est quoi, le bilan? Il est où, le plan? Vous l'avez vu, vous, le plan? Il est où? Il n'y a pas de plan. On est dans une situation où, pour être sérieux là-dedans, il faut aussi toucher aux économies d'énergie. Elles sont où, les économies d'énergie? Je veux dire, ça fait cinq ans. Est-ce que le code du bâtiment a changé? On continue, aujourd'hui... Je veux juste...

M. Bergeron (Patrice) : ...je vous parle des batteries, là. À un moment donné...

M. Bouazzi : C'est la transition énergétique, c'est un tout, justement. C'est-à-dire que si, l'idée, c'est qu'il y ait des multinationales qui se fassent un coup de cash chez nous, ce n'est pas notre vision des choses. Ça, c'est une vision des années 80, on laisse ça à la CAQ. Nous, on est en 2023. Ça doit servir à un plan plus large de baisses de GES, et c'est fou qu'on ait à l'expliquer au gouvernement aujourd'hui.

M. Bergeron (Patrice) : M. Bouazzi, pendant qu'on donne 14 milliards en Ontario, il faudrait que le Québec dise : Non, on ne touche pas à ça tant que ce n'est pas 100 % propre? Pourquoi, là? Je ne comprends pas exactement. Si on met 14 milliards en Ontario, nous, on ne donne pas une cenne ou...

M. Bouazzi : Je veux juste être clair, là. Nous, dans notre proposition, là, on avait 2 milliards, sur la table, d'argent public, à la dernière élection, pour la batterie, là, mais l'idée, c'est avoir des revenus et du contrôle. Je veux dire, si, l'idée, c'est qu'on n'est pas capables de prouver qu'on baisse les GES, si, l'idée, c'est qu'on n'est pas capables d'avoir des batteries qui roulent ici, au Québec, si, l'idée, c'est qu'on n'est pas capables d'avoir des voitures moins chères... C'est un produit de luxe actuellement, on n'est pas capables de faire une transition énergétique sur la base de ce qui se passe actuellement. On est en train de mettre 7 milliards sur la table, et on n'est même pas capables d'avoir des conditions associées aux 7 milliards? Donc, on dit : Ça doit servir au GES. Je veux dire, «Maîtres chez nous», c'est nous qui décidons, et, oui, c'est nos cailloux, et, oui, on transforme la richesse ici, mais... et, oui, ça sert à baisser les GES.

M. Bergeron (Patrice) : 7 milliards par rapport à 14 milliards, vous comprenez que ce n'est pas la même cagnotte.

M. Bouazzi : En 2023, on ne met pas 7 milliards sur la table si on n'est pas capables de prouver que ça baisse les GES au Québec. Ça me paraît évident.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Si Québec ne va pas de l'avant avec une procédure d'évaluation environnementale, est-ce que le fédéral pourrait le faire?

M. Bouazzi : On pense que c'est le Québec qui doit le faire. Actuellement, on a vu un ministre, M. Charette, qui disait qu'il n'était pas fermé à l'idée. Nous, ce qu'on pense, là, c'est qu'il y a un vrai problème éthique, là. Je rappelle, là, il y avait une limite à 30 gigawatts, la compagnie à 30 gigawatts. La limite saute. Il y avait une limite à 50 000 tonnes, la compagnie crée 56 000 tonnes. La limite passe à 60 000. Je veux dire, ça n'a pas d'allure, là. Je veux dire, il faudrait, au minimum... Les mouvements... Les syndicats, les spécialistes, les mouvements environnementalistes demandent un BAPE générique depuis plus d'un an.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : O.K., mais,si Québec ne le fait pas, est-ce qu'Ottawa devrait en demander un?

M. Bouazzi : Québec devrait le faire et prendre ses responsabilités par rapport à la transition énergétique.

    Mme Sioui (Marie-Michèle) : Mais est-ce qu'Ottawa devrait le demander?

M. Bouazzi : Moi, je pense que c'est… d'abord, le BAPE, c'est le Québec, là, et, deuxièmement, le Québec devrait le faire. Actuellement, il y a des citoyens qui le demandent, il y a des spécialistes qui le commandent. Il faut que le Québec le fasse. Et puis, surtout, il ne faut pas que les multinationales étrangères décident de nos normes environnementales.

M. Authier (Philip) : Mr. Nadeau-Dubois, good morning. Your party went from third… second, sorry, second, in that riding, to third, last night, in that by-election. What went wrong?

M. Nadeau-Dubois : Well, we don't have all the data, but the first data we have is pretty clear, young people voted twice… how do you say «deux fois moins»?

Journaliste :

M. Nadeau-Dubois : Twice as less. So…

M. Authier (Philip) : Young people voted half as much.

M. Nadeau-Dubois : Half as much.

M. Authier (Philip) : Sorry…

M. Nadeau-Dubois : So, with the date we have now, what we're seeing is that young people voted half as much as voters from 65 years old and older. And we knew it was going to be our main challenge, in that by-election, to get young people out to vote. We didn't succeed in that challenge. It's one of the big factors that explains our result yesterday.

M. Authier (Philip) : But these by-elections are often used by voters to send a message to the Government, and they elect someone else. They didn't elect you.

M. Nadeau-Dubois : Well, there were two by-elections in the last year. The CAQ lost both of them. Québec solidaire won one, the Parti québécois won one. So, I think the message is pretty clear for Francois Legault. A lot of people don't like what's going on in Québec, a lot of people see their rent increase, they see their grocery cart being, you know, heavier and heavier on their wallet. They want to see a government that takes care of them, and they don't see that. That's why the CAQ lost two by-elections in the last year, and I hope Mr. Legault is taking some notes and hearing the message.

Mme Mignacca (Franca G.) : But, for you, you mentioned there were half as many, you know, I guess, younger voters that came out to vote. But there are a lot of young people that just have no interest in voting at all, and it will probably… it may very likely stay that way. Do you think it's a mistake to base so much of your voters base within that age group?

M. Nadeau-Dubois : The democratic participation of young people is, yes, a structural challenge in Québec and in a lot of democracies right now. It's always a challenge to get them to vote. It's a challenge in a regular election. It's even more a challenge in a by-election. We knew it was going to be our challenge, we talked about it in the last weeks. And the results speak for themselves. We didn't succeed in that challenge. And, yes, one of the goals of Québec solidaire in the next years is to build those bridges towards a new… towards other generations. I think when we talk about the housing crisis, when we talk about the cost-of-living crisis, we are talking about issues that can be… that can connect us with those other generations. We know that we have that work to do and we're going to continue to do it.

Mme Mignacca (Franca G.) : Do you think that you'll be entering more of a period of reflection at this point?

M. Nadeau-Dubois : We had a big period of reflection after the last election. For us, the page is turned on that 2022 election. And we are in the middle of a region tour…

Mme Mignacca (Franca G.) : Regional tour.

M. Nadeau-Dubois : …regional tour to meet Quebeckers from all backgrounds, from all networks. It's going to be a very constructive process for us, and it's going to help us to be better in 2026.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup. Bonne fin de journée.

(Fin à 11 h 25)

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