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Point de presse de Mme Jennifer Maccarone, porte-parole de l’opposition officielle pour la famille

Version finale

Le mercredi 4 octobre 2023, 11 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Onze heures trente-six minutes)

La Modératrice : Bonjour et bienvenue à ce point de presse de la porte-parole de l'opposition officielle pour la famille et députée de Westmount—Saint-Louis, Jennifer Maccarone, accompagnée pour l'occasion, aujourd'hui, d'Amélie Duranleau, directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle, également Lili Plourde, directrice générale de la Fédération québécoise de l'autisme, Bianca Nugent, présidente de la Coalition de parents d'enfants à besoins particuliers du Québec. Donc, la parole est à vous.

Mme Maccarone : Merci beaucoup. C'est un plaisir pour moi d'être parmi des alliées en ce qui concerne les droits des enfants avec des besoins particuliers et leurs familles. Et bienvenue chez vous, on a plusieurs gens qui nous écoutent, aujourd'hui, pour ce point de presse, qui est fort important, essentiel quand on parle des enfants en situation de vulnérabilité.

Alors, aujourd'hui, on souhaite revenir un peu sur le communiqué de presse qui a été émis par la Fédération québécoise de l'autisme, de la Société québécoise de déficience intellectuelle puis de la coalition des enfants avec des besoins particuliers. Pourquoi? Pour revenir sur le sujet des salles de retrait, des salles de retrait que, nous savons, sont souvent utilisées comme mesure de punition, c'est des salles d'isolement.

Et je félicite... et je reviens sur le mandat d'initiative qui a été déposé par mes collègues, Elisabeth Prass, députée de D'Arcy-McGee, et Marwah Rizqy, la députée de Saint-Laurent, qui ont demandé au gouvernement de mettre en place une petite commission remplie des experts pour étudier la question des salles de retrait, pour avoir un portrait de qu'est-ce qui se passe sur le terrain, chose qui est toujours manquante à travers tout notre réseau scolaire. C'est...

On a un besoin de rassurer les parents. Et je dois remercier tous les gens qui m'accompagnent, aujourd'hui, pour ce point de presse, pour leur militantisme, de toujours porter la voix des personnes puis des enfants avec des besoins particuliers, que ça soit les enfants, ou leurs familles, ou bien pour les membres du réseau. C'est un message fort essentiel, et je dois les remercier fondamentalement pour ce que vous faites, c'est vraiment, vraiment important.

On va aussi parler aujourd'hui pour les gens qui ont des questions en ce qui concerne le nombre croissant des élèves qui sont renvoyés à la maison, alors le manque de scolarisation des enfants avec des besoins particuliers. Pourquoi? Parce que nous constatons qu'il y a un manque vraiment important de personnel qualifié. Encore une fois, Marwah Rizqy l'a soulevé en période de questions, aujourd'hui, elle a questionné le ministre de l'Éducation. Ça prend des gens avec des brevets dans l'adaptation scolaire pour être en mesure d'accompagner ces enfants ainsi que le réseau. Parce qu'un droit, c'est un droit, les élèves avec des besoins particuliers ont aussi, également, le droit à l'éducation.

Et c'est pour ça que je reviens aussi... je demande au gouvernement d'appeler le projet de loi n° 398, dont je suis très fière d'avoir déposé ici, à l'Assemblée nationale, qui parle de recevoir des services pédagogiques, peu importe le statut. Ça fait que, si un élève n'est même pas dans la classe mais qui est renvoyé à la maison... chose qu'on veut éviter à tout prix, on espère avoir un réseau de l'éducation qui est inclusif, qui est diversifié, parce que c'est à l'image de notre belle province, mais, si les enfants sont renvoyés à la maison, bien, ils ont droit à avoir autant, autant de scolarisation, peu importe où ils sont assis. On parle de la fragilisation de beaucoup de nos familles, la pauvreté, parce qu'il y a beaucoup de familles qui souffrent de problèmes psychologiques, qui souffrent de problèmes financiers quand on envoie un enfant à la maison.

Alors, plus important que les paroles que je vous partage aujourd'hui, c'est les paroles des gens qui m'accompagnent aujourd'hui. Alors, je vais céder la parole à toutes les femmes, dans le fond, qui m'accompagnent aujourd'hui pour ce message fort important. Merci beaucoup.

Mme Duranleau (Amélie) : Bonjour, tout le monde. Je m'appelle Amélie Duranleau, je suis la directrice générale de la Société québécoise de la déficience intellectuelle. Donc, si on est rassemblées ici, aujourd'hui, c'est pour vous présenter notre rapport sur l'utilisation abusive des salles de retrait dans les milieux scolaires au Québec. Donc, nous souhaitons vous présenter des résultats qui sont alarmants et aussi, mais surtout, vous présenter des recommandations.

Donc, nos trois organisations, la Coalition de parents d'enfants à besoins particuliers, la Fédération québécoise de l'autisme et la Société québécoise de la déficience intellectuelle, nos trois organisations, provincialement, ont produit ce rapport-là, et on a tissé une alliance également. Nos trois organisations mises ensemble représentent des milliers de personnes, au Québec, qui sont impactées par le manque de services en milieu scolaire et aussi impactées par l'utilisation abusive des salles de retrait au Québec. Donc, nous souhaitons, aujourd'hui, parler en une voix. Nous sommes unanimes, le gouvernement se doit d'encadrer l'utilisation des salles de retrait dans les écoles au Québec.

Donc, une petite mise en contexte. En fait, depuis plusieurs mois, nos organisations ont mené plusieurs actions, comme Mme Maccarone l'a présenté. En fait, on a aussi appuyé la demande d'initiative à la Commission de la culture et de l'éducation déposée par le parti de l'opposition officielle. Malheureusement, cette demande a été refusée, et ça aurait pu mener à une commission parlementaire.

Donc, nous nous sommes retroussé les manches et nous avons décidé, nos trois organisations, d'agir rapidement. Donc, on a mené un sondage auprès de parents d'enfants à besoins particuliers, et les résultats sont frappants. Ce n'est pas un phénomène anecdotique, c'est beaucoup plus une problématique qui existe sur l'ensemble du territoire au Québec, donc un phénomène qui existe.

Il y a 338 parents qui ont répondu au sondage. Donc, pour plusieurs parents qui ont répondu que leurs enfants étaient placés, les parents estiment que ce n'était pas justifié, et c'est une mesure qui est répétitive, qui est abusive. Les enfants sont mis dans des salles de retrait plusieurs fois par semaine et même plusieurs fois par jour. Donc, imaginez-vous, si les parents, à la maison, employaient ce type de mesure, ce type de recours, qu'est-ce qui pourrait arriver.

Maintenant, je souhaite passer la parole à Lili Plourde, qui va exposer quelques recommandations importantes. Merci.

Mme Plourde (Lili) : Bonjour. Notre rapport démontre un manque de communication et de sensibilisation aux besoins des élèves à besoins particuliers de la part du personnel scolaire et d'une absence de mesure... de méthode positive d'intervention. Nous avançons des recommandations qui sont cruciales concernant la sensibilisation, la formation et la collaboration entre les écoles et les familles.

Le personnel scolaire doit être mieux renseigné sur les réalités et les droits des enfants ayant des besoins de soutien particuliers et suivre des formations régulières pour développer une meilleure compréhension de leur fonctionnement. Il est impératif d'écouter et de répondre aux besoins de manière adaptée pour favoriser le potentiel des enfants et leur apprentissage. Le milieu scolaire doit réaliser que l'utilisation des salles de retrait engendre un trauma chez les enfants, ce qui aura des conséquences graves sur leur développement.

La communication entre l'école et les parents doit être renforcée avec des canaux clairs et réguliers d'information sur tous les aspects de la vie scolaire de leurs enfants. Nous prônons une communication bilatérale et des rencontres régulières entre tous les intervenants pour une meilleure coordination en faveur de l'enfant. Les équipes multidisciplinaires sont essentielles pour élaborer des plans d'intervention. Ultimement, nous insistons afin que le cadre d'intervention et les conditions nécessaires soient mis en place pour s'assurer que le droit à l'égalité des chances des enfants soit respecté.

Pour conclure, nous appelons à la collaboration pour créer un système éducatif où tous les enfants, dans leur diversité, peuvent s'épanouir. Il est impératif de favoriser des solutions en amont afin de promouvoir l'inclusion de chaque élève. Je vous invite à vous mettre dans la peau d'un enfant de sept ans qui vit chaque jour avec la peur d'être enfermé et qui, par le fait même... et à qui, par le fait même, on refuse l'opportunité de faire des apprentissages. Il est crucial de revoir nos façons d'intervenir pour le bien-être de tous les enfants concernés.

Je passe maintenant la parole à Bianca Nugent, présidente de la Coalition des parents d'enfants à besoins particuliers, qui nous interpelle sur l'urgent besoin d'encadrer les mesures de contrôle en milieu scolaire.

Mme Nugent (Bianca) : Alors, nous sommes ici, aujourd'hui, pour souligner l'urgent besoin d'encadrer l'utilisation des salles de retrait dans nos écoles. Ce manque d'encadrement est tout à fait inacceptable, préjudiciable et surtout peut mener à des comportements de maltraitance envers des enfants déjà vulnérabilisés, et ce, à l'insu de leurs parents.

L'approche actuelle a également un poids deux mesures lorsqu'on le compare aux encadrements prévus dans le réseau de la santé et des services sociaux. Les protocoles entourant l'utilisation exceptionnelle des mesures de contrôle, telles que les salles de retrait, par exemple, dans les salles de jeunesse, sont très rigoureux. Leur utilisation est un acte de dernier recours réservé aux professionnels de l'intervention en contexte de crise qualifiés et formés comme les éducateurs spécialisés. Pourquoi cette même rigueur-là ne s'applique-t-elle pas à l'école?

Tous les enfants, peu importe le milieu qu'ils fréquentent, ont les mêmes droits et méritent donc d'avoir les mêmes protections. On parle de droit à la sécurité, au respect de leur intégrité, au respect de leur dignité, le droit d'accéder à des services éducatifs et complémentaires de qualité dispensés par des professionnels qualifiés et formés, le tout dans un environnement scolaire bienveillant.

À nous trois, nos associations portent la voix de centaines de milliers de parents d'enfants ayant besoin d'un soutien particulier, qui sont très préoccupés par le sort qui leur sont réservés quand ça va moins bien. Nous appelons donc à une révision en profondeur des pratiques et des politiques existantes en collaboration avec nos associations de défense de droits des enfants ayant besoin d'un soutien particulier pour instaurer des balises claires et restrictives autour de ces pratiques de dernier recours.

Un simple guide de pratique sur les mesures de contrôle est clairement insuffisant, d'autant plus s'il est appliqué de manière inégale et incohérente. Les principes d'inclusion et de respect de droits des enfants doivent être à la base de l'encadrement de ces mesures. L'utilisation exceptionnelle des salles de retrait, si elles s'avèrent justifiées, devrait être scrupuleusement documentée, par exemple dans un plan d'intervention, et faire l'objet de suivis et d'une évaluation rigoureuse justement pour éviter d'y avoir recours à répétition. Ce n'est pas ce que les parents nous ont témoigné dans nos rapports.

Alors, nous invitons le gouvernement à travailler avec nous pour reconstruire un système éducatif inclusif où chaque enfant peut s'épanouir, s'instruire, développer son plein potentiel en toute sécurité et équité de droit, peu importe sa situation. Repenser les pratiques en matière d'inclusion en privilégiant d'autres solutions que l'utilisation des salles de retrait comme des stratégies d'intervention positives mises en amont s'avère une voie beaucoup plus équitable et juste.

En cette Semaine pour l'école publique, le Québec doit redevenir un leader en matière d'inclusion scolaire, ayant été la première province à avoir instauré l'instruction obligatoire en 1943, une politique d'adaptation scolaire en 1978, et une loi-cadre sur l'instruction publique en 2004, et plus récemment une politique de réussite éducative pour tous les enfants. Nos enfants aussi comptent. Merci.

La Modératrice : C'est ce qui met fin au point de presse. Merci.

(Fin à 11 h 48)

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