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Conférence de presse de M. François Legault, premier ministre, Mme Christine Fréchette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, et M. Jean-François Roberge, ministre de la Langue française

Annonce importante en matière d’immigration

Version finale

Cette transcription a été réalisée à l’aide d’un logiciel de reconnaissance vocale. Elle pourrait donc contenir des erreurs.

Le mercredi 1 novembre 2023, 11 h 30

Salle Evelyn-Dumas (1.30), édifice Pamphile-Le May

(Onze heures trente-trois minutes)

M. Legault : Oui, bonjour, tout le monde. Bien, d'abord, je veux remercier Christine Fréchette, donc, ministre de l'Immigration, pour cette annonce qui est déterminante pour la nation québécoise, et Jean-François Roberge, qui est responsable de la langue française. Donc, ils ont travaillé ensemble. Évidemment, il y en a eu d'autres annonces avant, mais pour moi, c'est la plus déterminante.

Vous savez, pour moi, ma responsabilité première comme premier ministre du Québec, c'est de protéger notre identité, puis ça commence, bien sûr, par notre langue. Je suis le seul premier ministre en Amérique qui représente une majorité de francophones, donc je me sens une responsabilité, même une responsabilité historique, ça fait 400 ans qu'on se bat pour continuer à parler français au Québec, puis j'ai bien l'intention de continuer à faire ce que nos ancêtres ont fait pendant ces 400 ans.

Malheureusement, depuis un certain nombre d'années, on voit un déclin du français sur à peu près tous les indicateurs : langue parlée le plus souvent à la maison, langue utilisée le plus souvent au travail, première langue officielle parlée. Il y a un déclin du français depuis 20 ans. Et on a commencé à agir depuis qu'on est arrivés au pouvoir en 2018. Puis je pèse bien mes mots, on est le gouvernement qui en a fait le plus pour le français depuis le gouvernement de René Lévesque. Je pèse bien mes mots, là, on est le gouvernement qui en a fait le plus depuis René Lévesque pour le français, pour arrêter le déclin, pour encourager la place du français au Québec.

D'abord, rappelons qu'on a adopté, dans le dernier mandat, la loi 96, qui était la première grande réforme de la loi 101, la grande loi de Camille Laurin. Entre autres, quelque chose de très important, on a étendu la loi 101 aux plus petites entreprises. C'est un message qui est très important. Le français, langue de travail, c'est un incitatif, évidemment, pour tous ceux qui vivent au Québec, de dire, si on a besoin de parler français pour travailler, bien, c'est un incitatif qui est très important.

On a été le premier gouvernement aussi récemment à poser des gestes dans les universités anglophones. Vous le voyez, il y a encore des réactions, mais il faut quand même d'abord situer le contexte. 25 % des places au Québec aujourd'hui dans les universités sont dans les trois universités anglophones, 25 % des places. Donc, je pense qu'on a augmenté, entre autres, les tarifs pour les étudiants qui viennent du reste du Canada, on a remis en place un montant, là, qu'on appelait avant de péréquation, qui avait été aboli par Jean Charest et Philippe Couillard, pour les étudiants étrangers. Donc, si je regarde les tarifs qui sont payés par les étudiants des autres provinces, ni le gouvernement libéral ni le gouvernement du Parti québécois, qu'on a eus, ou les gouvernements n'ont agi dans les universités anglophones. Nous, on l'a fait.

Mais ce n'est pas suffisant. Ce qui est déterminant, c'est vraiment l'intégration des immigrants à la langue française. C'est ce qui est le plus important si on veut inverser le déclin de la langue française. Donc, on vous présente aujourd'hui deux séries de mesures, d'abord pour les immigrants permanents puis ensuite pour les immigrants temporaires.

Commençons par les immigrants permanents. On choisit, on décide de garder les seuils, donc le nombre total d'immigrants permanents acceptés par année, à 50 000. On avait évalué la possibilité de l'augmenter à 60 000, mais c'est important, pour nous, pour arrêter, pour inverser le déclin du français, de se limiter à 50 000. On fait ce choix-là pour deux ans. Ça veut dire qu'on va, pendant deux ans, regarder quel est l'impact. Là, Jean-François est en train de sortir des chiffres qui vont être annuels, plutôt qu'aux cinq ans, attendre après le gouvernement fédéral pour voir l'évolution du français au Québec, mais en fonction de ces résultats-là, on prendra des décisions pour les années suivantes. Habituellement, ces prévisions sont pour plus que deux ans, mais là, on veut s'en tenir à deux ans.

Ce qu'on fait aussi, c'est que, pour la partie importante de ces 50 000, qui sont les immigrants économiques, pour la première fois dans l'histoire du Québec, il va maintenant y avoir un test de français pour les immigrants économiques. Avant, donc avec les gouvernements libéraux ou péquistes, c'était... ça donnait des points, mais il n'y avait pas une obligation. Donc, maintenant, il y aura une obligation pour les immigrants économiques, qui sont contrôlés par le gouvernement du Québec. Là, il faut bien comprendre, bon, les libéraux ont choisi de ne pas agir, puis le PQ, bien, attendent le grand soir ou veulent faire la démonstration que le Canada ne fonctionne pas. Ça, ça relève directement du gouvernement du Québec.

Ce qu'on fait aussi, c'est qu'on a réformé le programme d'expérience québécoise, le PEQ, pour dire : À partir de maintenant, ça va s'appliquer seulement aux étudiants dans les universités et les cégeps francophones ou ceux qui parlent français. Donc, c'est un changement important. Et ce sont à peu près, je dirais, des immigrants parfaits pour l'intégration au Québec, parce qu'on parle d'étudiants, donc de jeunes, qui parlent français puis qui obtiennent leurs diplômes au Québec, donc pas d'enjeu de reconnaissance des acquis. Donc, c'est pour ça qu'on vient en faire un groupe en continu, puis on dit : Bien, dans le 50 000, d'abord, à peu près 60 %, c'est des immigrants économiques, maintenant ils vont devoir réussir un test de français, puis en plus on ajoute le PEQ où là ce sont tous des francophones. Donc, on vient changer complètement l'approche du côté de l'immigration permanente.

Maintenant, pour ce qui est de l'immigration temporaire, c'est vrai qu'on est rendu à... moi, les chiffres que j'ai, c'est 466 000. C'est beaucoup. Bon, il y en a... 118 000, ce sont des étudiants. On vient d'en parler. Il y en a 134 000 que ce sont des demandeurs d'asile, plus les Ukrainiens qu'on a, avec raison, accueillis. Sauf que ce 134 000, c'est plus du double de ce qu'on aurait dû recevoir si on avait reçu notre proportion de la population dans le Canada, qui est 22,2 %. Donc, c'est plus de 54 % des demandeurs d'asile et Ukrainiens qu'on a reçus au Québec, alors qu'on représente 22 % de la population.

Bon, l'autre groupe, ce sont les travailleurs. Dans les travailleurs, il y a ce qu'on appelle le Programme des travailleurs étrangers temporaires, le PTET, il y en a 59 000. Ceux-là sont contrôlés par le gouvernement du Québec. Donc, on émet un certificat. Donc, à l'avenir, ce qu'on va faire, c'est que, s'ils veulent rester au Québec plus que trois ans, ils vont devoir réussir un test de français. Ça veut dire qu'on le voit actuellement il y a des immigrants temporaires qui sont là pour cinq ans, 10 ans, 15 ans, bien, ils ne pourront plus rester plus que trois ans sans avoir réussi un test de français.

Maintenant, il reste le groupe qu'on appelle les PMI, donc qui relève du gouvernement fédéral. Donc, on va envoyer une lettre pour le faire officiellement dans les prochains jours, mais on va demander au gouvernement fédéral de faire la même chose que ce qu'on fait pour le PTET, c'est-à-dire maximum trois ans au Québec sans avoir réussi un test de français.

Et je reviens sur les demandeurs d'asile. Ça, on l'a déjà demandé, mais on veut que le gouvernement fédéral, là... Parce qu'on a beau être passé du chemin Roxham à l'aéroport, il reste qu'on continue de recevoir le double, plus du double du nombre qu'on devrait recevoir si on recevait le pourcentage équivalent à la population du Québec sur la population totale du Canada. Donc, on va demander au gouvernement fédéral de réduire de façon importante les demandeurs d'asile.

Donc, on pense que toutes ces mesures-là vont nous aider à inverser le déclin du français. Donc, le message va être très clair, là, autant pour les étudiants que pour les travailleurs : à l'avenir, si vous voulez venir au Québec plus que trois ans, si vous voulez être reçus immigrants permanents, il va falloir parler français. Donc, c'est quand même historique ce qu'on fait. Ni un gouvernement du PQ ni un gouvernement du Parti libéral n'avaient agi sur les universités anglophones, ils n'avaient pas agi pour les immigrants économiques puis ils n'avaient pas agi non plus pour les immigrants temporaires en vertu du PTET, un programme qui, pourtant, est contrôlé par le gouvernement du Québec. Donc, nous, au lieu de faire des discours, là, on agit, on agit. Puis le gouvernement de la CAQ, là, puis ça va être ma grande fierté, va être le gouvernement qui va avoir inversé la tendance, donc qui va avoir réussi à arrêter puis à démarrer dans l'autre sens le déclin du français au Québec, c'est ma grande fierté. Sur ce, je passe la parole à la ministre de l'Immigration, Christine Fréchette.

Mme Fréchette : Merci. Merci beaucoup, M. le premier ministre. Chers collègues, ministre de la Langue française et ministre responsable des Relations canadiennes et de la Francophonie, entre autres responsabilités, je ne vais pas toutes les nommer, cher... représentants des médias, donc c'est avec fierté que je vous présente aujourd'hui le fruit de plusieurs mois de réflexion, de travail, et de discussions, et d'échanges, et d'analyses, en ayant déposé ce matin le Plan d'immigration du Québec pour l'année 2024, de même que la planification pluriannuelle de l'immigration pour les années 2024 et 2025. C'est une planification qui, croit-on, va contribuer à l'atteinte de nos principaux objectifs en matière d'immigration, à savoir protéger la langue française et aider à atténuer la pénurie de main-d'oeuvre.

En mai dernier, on a fait une annonce historique, comme le rappelait le premier ministre, qui a amené un changement important, un virage pour l'approche que l'on adopte en matière d'immigration relativement à l'immigration économique, notre gouvernement a mis en place une réforme réglementaire majeure qui remplit notre engagement de faire de l'immigration une solution pour lutter contre le déclin du français au Québec, donc une solution pour lutter contre le déclin de l'immigration au Québec. Il faut voir qu'on a complètement changé les règles du jeu.

Ces modifications réglementaires favorisent une immigration économique francophone, si bien qu'en 2025, la proportion de requérants principaux ayant une connaissance du français dans la catégorie de l'immigration économique va atteindre 93 % en 2025, elle est actuellement de 81 %, donc vous voyez le bond considérable que ça permet de faire en matière de connaissance du français... que les réformes que l'on a présentées au printemps dernier qui vont être mises en oeuvre prochainement.

Donc, ces modifications favorisent la venue de personnes qui vont s'intégrer plus facilement dans nos régions, dans la société québécoise, en français. Elles permettront aussi la mise en place de nouveaux programmes d'immigration économique, comme le programme de sélection des travailleurs qualifiés, le PSTQ, et aussi permettre une meilleure réponse aux besoins de main-d'oeuvre dans une foule de secteurs clés de notre économie.

Finalement, les assouplissements aussi aux exigences du programme de l'expérience québécoise, le PEQ, dans le volet Diplômés du Québec permettront d'accélérer la sélection permanente des étudiantes et étudiants étrangers diplômés d'un programme d'études francophone. Ces modifications vont avoir un impact majeur sur la proportion des personnes immigrantes connaissant le français et sur notre capacité à répondre de manière plus précise aux besoins du marché du travail. Je suis donc très fière de vous annoncer la mise en place de ces modifications au cours des prochaines semaines. En fait, les nouvelles règles, là, mises à part celles concernant les travailleurs qualifiés, vont être en vigueur dès le 23 novembre prochain. Et en ce qui a trait aux travailleurs qualifiés via le PSTQ, ces mesures vont être en vigueur à partir de l'an prochain, soit le 24 novembre 2024. Grâce à tous ces changements, bien, on se donne les moyens d'adopter le scénario qu'on a choisi pour nos seuils d'immigration.

Alors, lors des consultations pour la planification pluriannuelle, on avait mis de l'avant deux scénarios, le scénario du statu quo à 50 000 et le scénario de rehaussement avec, en supplément aussi, le PEQ, diplômés, en continu. Au final, on a misé sur une solution qui est à la fois équilibrée, prudente et agile. Donc, on maintient un niveau de 50 000 admissions régulières annuellement et on y ajoute les diplômés en continu pour les personnes sélectionnées dans le volet Diplômés du Québec du programme Programme de l'expérience québécoise, le PEQ.

Donc, l'admission en continu, là, qu'est-ce que ça veut dire? C'est que les personnes sélectionnées dans ce volet-là seront admises au fur et à mesure que leur demande de résidence permanente seront présentées à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, à IRCC, donc au fédéral, sans égard aux 50 000, à la cible de 50 000 admissions régulière. Donc, ces personnes qui détiennent un diplôme d'un établissement d'enseignement québécois, elles parlent français, elles sont prêtes à intégrer le marché du travail et la grande majorité réside déjà au Québec. Donc, la capacité d'accueil, sur le plan de l'habitation notamment, n'est pas sollicitée d'une manière accrue. Leur intégration à la société québécoise est déjà amorcée parce qu'ils ont étudié au Québec, ils savent qu'ils veulent rester au Québec et ils vont contribuer à la protection de la langue française puisqu'ils ont étudié dans les programmes en français, donc ils vont parler français. Alors, c'est pourquoi on souhaite accélérer leur passage au statut de résident permanent. Et, comme l'a dit le premier ministre, on a décidé que ce plan s'étalera sur une période de deux ans plutôt que quatre. Ça, c'est une approche qui va nous permettre de bénéficier d'une plus grande flexibilité dans un contexte qui est vraiment très changeant très rapidement. Pendant ces deux années, on va pouvoir évaluer l'impact de nos réformes réglementaires.

Donc, les cinq programmes d'immigration économique sont modifiés, on va voir qu'est-ce que ça donne dans les faits. On va pouvoir également évaluer la popularité du PEQ diplômé en continu. On a fait une évaluation du nombre de personnes qui pourraient postuler pour le PEQ diplômé en continu. Mais on n'est pas certain que cette évaluation-là va être celle qui va se présenter, donc on va vérifier ça. On va pouvoir analyser également l'évolution de la situation linguistique au cours des deux prochaines années, tout comme également l'évolution du nombre de résidents non permanents. Ça, c'est particulièrement un bassin où ça a évolué beaucoup, très rapidement. Donc, pendant ces deux ans-là, on va pouvoir évaluer l'ensemble de ces changements. Et, en 2025, on va tenir un processus de consultation à nouveau en vue d'adopter une planification stratégique pour les années subséquentes sur la base des données renouvelées.

L'une des priorités clés du gouvernement du Québec, c'est de s'assurer de la pérennité de la langue française. Il y a quelques semaines, Statistique Canada, on le sait, a publié une mise à jour de ses estimations du nombre de résidents non permanents qui sont au Québec, et ça a soulevé de nombreuses préoccupations. Ce ne sont pas tous des travailleurs, il y a beaucoup d'étudiants, il y a des Ukrainiens, il y a des demandeurs d'asile, il y a d'autres personnes également, là, qui proviennent de la catégorie humanitaire. On avait vu une hausse, là, en terminant, au sortir de la pandémie, mais les nouvelles données confirment maintenant un volume important de gens qui sont sur le territoire de manière non permanente.

Alors, on veut agir pour faire en sorte que la connaissance du français s'améliore pour les travailleurs temporaires qui prolongeraient leur séjour au Québec. On voit, depuis quelques années, que les travailleurs temporaires sont beaucoup plus nombreux dans nos cours de francisation, on s'en réjouit, c'est une bonne nouvelle, on va être au rendez-vous pour les franciser. Mais je tiens à rappeler que c'est notre gouvernement aussi qui leur a ouvert les portes de la francisation. Avant 2019, les travailleurs temporaires n'avaient pas accès à la francisation. C'est le gouvernement de la CAQ, lors de son premier mandat, qui a donné cet accès aux temporaires. Et on voit aujourd'hui que les gens, vraiment, répondent à l'appel parce qu'ils constituent une grande part de nos apprenants à Francisation Québec.

Donc, j'annonce aujourd'hui que, lorsque le travailleur temporaire qui est visé par le Programme des travailleurs étrangers temporaires, donc le PTET, voudra renouveler son permis après un séjour de plus de trois ans au Québec dans le but principal d'y travailler, eh bien, nous allons exiger qu'il ait une connaissance du français. C'est la première fois que le Québec impose des exigences linguistiques pour les travailleurs temporaires, donc c'est une avancée historique. Cette annonce s'inscrit dans le plan du Groupe d'action pour l'avenir de la langue française, qui est piloté par mon collègue Jean-François Roberge. Donc, le travailleur temporaire devra nous démontrer une connaissance du français de niveau quatre à l'oral. Niveau quatre, bien, c'est le dernier palier du stade débutant.

Il permet, en fait, là, comme descriptif de ce niveau, on pourrait dire que ça permet à une personne de discuter avec son entourage, d'échanger sur des informations, des thèmes familiers, par exemple les besoins courants, la vie quotidienne, des situations prévisibles. C'est important que les gens qui passent plusieurs années ici, même avec un statut temporaire, soient capables de parler et de comprendre le français. Fait important également à mentionner, c'est que les travailleurs agricoles ne sont pas soumis à cette nouvelle exigence. Un engagement sera également demandé aux employeurs ayant recours aux PTET afin qu'ils soutiennent les efforts de francisation des travailleurs étrangers temporaires, en leur allouant, par exemple, des créneaux pour apprendre le français pendant les heures normales de travail.

Donc, le plan d'immigration de même que les mesures annoncées aujourd'hui s'ajoutent à l'intensification de nos efforts de protection et d'attraction qui favorise la sélection et le recrutement de personnes immigrantes connaissant le français et répondant à nos besoins économiques. Le gouvernement est déjà en marche pour la francisation, comme vous le savez, grâce à Francisation Québec qui a été mis sur pied en juin dernier.

En conclusion, donc, je tiens à saluer le travail, bien, d'une part, de tous les collègues parlementaires. Nos travaux dans le cadre de la commission parlementaire se sont faits dans la collégialité au cours des trois semaines de consultation, où nous avons entendu...

M. Legault : ...

Mme Fréchette : Oui, incluant les deux adjointes parlementaires également, Valérie Schmaltz et Audrey Bogemans, merci d'être là aussi. Et je voudrais saluer aussi, là, le travail du ministère, le ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration. Il y a beaucoup d'efforts, là, qui ont été déployés au cours des derniers mois dans un temps très serré. Et voilà donc.

Bien, en terminant, la planification pluriannuelle de l'immigration au Québec, là, pour les années 2024 et 2025, de même que le Plan d'immigration du Québec 2024 qui en résulte illustrent notre détermination à demeurer une société francophone prospère, diversifiée et accueillante pour toutes les personnes immigrantes qui choisissent le Québec pour réaliser leurs ambitions.

Avec ce plan, le gouvernement du Québec confirme sa volonté de faire de l'immigration un levier pour répondre de façon responsable aux enjeux de nature économique, linguistique, sociale et régionale. Nos régions doivent pouvoir bénéficier encore davantage de la richesse que représentent les talents venus d'ailleurs et d'ici, et ces derniers pourront profiter du dynamisme économique et social qu'offrent nos régions québécoises.

Donc, notre gouvernement l'a déjà mentionné, l'immigration, c'est non seulement une richesse, mais c'est aussi une solution, alors une solution pour notre économie, pour la vitalité des régions et également pour valoriser et protéger la langue française. Merci.

M. Legault : Je passe maintenant la parole au ministre de la Langue française, Jean-François Roberge.

M. Roberge : Merci, M. le premier ministre. Merci, chère Christine, la ministre de l'Immigration et Francisation et l'Intégration. Très heureux d'être avec vous ce matin, très fier aussi. Je me souviens à mon arrivée en poste, lorsque le premier ministre m'a confié le mandat qu'il m'a confié, il m'a exprimé la priorité qu'il avait de défendre. Mais, défendre, ce n'est pas suffisant, je veux dire de valoriser la langue française, d'arrêter son déclin. Donc, pas facile comme mandat, mais les mandats difficiles sont les plus stimulants, sont les plus importants.

Puis il faut être lucide, sur le tableau de bord, en ce moment, les voyants sont au rouge. Il faut nommer les choses telles qu'elles sont : on a français langue de travail; français, langue parlée à la maison; français, langue de consommation culturelle ou langue de consommation numérique, tout ça est en recul en ce moment. Mais au gouvernement, on n'est pas résigné face à cette situation-là, pas du tout. On est mobilisés, on est motivés et on est en action. Donc, je suis très, très fier, très content des politiques d'immigration présentées aujourd'hui par ma collègue parce que je suis convaincu que ces politiques-là vont nous permettre de renforcer la langue française au Québec.

Ce qui est présenté aujourd'hui par ma collègue a été discuté lors des travaux, comme elle l'a dit, du Groupe d'action pour l'avenir de la langue française. Ce n'est quand même pas banal, un comité, un groupe d'action de six ministres qui se rencontrent de manière très, très fréquente et qui arrivent fréquemment avec des mesures concrètes parce qu'à la Coalition avenir Québec, nous sommes des idéalistes pragmatiques. C'est-à-dire, on veut bien nommer les choses, mais on veut aussi trouver des solutions, et le groupe de travail y a déjà donné des résultats.

Plusieurs mesures audacieuses et courageuses pour assurer la vitalité de la langue française ont été annoncées ces derniers mois, je veux le rappeler. Suite aux travaux du groupe avec ma collègue, on a changé les règles pour l'immigration permanente, maintenant pratiquement 100 % francophone. Il y a la voie rapide pour les étudiants du Programme de l'expérience québécoise, volet diplômé. Il y a l'important rééquilibrage du réseau universitaire. Tout ça, ce sont des fruits des travaux du Groupe d'action pour l'avenir de langue française.

Aujourd'hui, on arrive avec une nouvelle mesure importante et innovante, l'exigence de connaissance du français pour les immigrants temporaires au renouvellement de permis, comme ça a été dit, c'est du jamais vu puis on est content d'aller là où personne n'est allé avant nous parce qu'on est dans une situation très particulière. Le plan global gouvernemental interministériel du groupe d'action sera présenté très prochainement, puis on va agir sur tous les fronts.

Et ce n'est pas nouveau que notre gouvernement agit pour la langue française. Souvenons-nous que, dans le mandat précédent, il y avait des gestes très, très importants. Le premier ministre l'a dit, l'adoption de la Loi sur la langue officielle et commune du Québec, le français, c'est une loi qui nous a permis de toucher aux cégeps. C'est important de le mentionner, là, c'est... Pour la première fois, en ce moment, c'est la première session vraiment où s'applique aux cégeps anglophones un quota maximum de 17,5 % d'admission dans des programmes anglophones. C'est important de le mentionner. Il y a des cours de français maintenant, même dans les cégeps anglophones. Il y aura bientôt des examens de français même dans les cégeps anglophones. Il y a l'exemplarité de l'État. Il y a le droit de travailler en français. Ça, ce sont des gains qui arrivent maintenant grâce à notre courage du mandat précédent, et on va continuer de récolter les fruits de ça puis on va récolter dans les années subséquentes aussi les fruits des annonces puis de l'audace de ma collègue. Ce qu'elle nous présente aujourd'hui, ce n'est pas banal.

On a pu aussi nommer un nouveau commissaire à la langue française, M. Benoît Dubreuil, qui a participé aux consultations publiques de ma collègue, qui a amené des choses très intéressantes. Notamment, il a proposé d'exiger la connaissance minimale du français pour les personnes admises à l'immigration économique. C'est chose faite. Il a aussi émis des préoccupations quant à une hausse trop rapide des seuils d'immigration, puis on a vu, maintenant, avec le seuil à 50 000, qu'on a tenu compte de cette recommandation du commissaire. L'immigration, c'est une richesse pour le Québec, évidemment, on l'a toujours dit, et je pense que nos gestes le démontrent, mais il faut être vigilant. Avec le déclin du français en ce moment, il est essentiel que le gouvernement pose des gestes pour que l'immigration contribue à la pérennité de notre langue, on y croit, et les gestes posés aujourd'hui vont dans cette direction-là.

J'ai très, très hâte de vous présenter, bientôt, le plan d'action du groupe de travail. Comme je vous l'ai dit, le contexte est un peu difficile pour le français en ce moment, mais on est déterminés, on est mobilisés, on est en action pour assurer la pérennité, la vitalité de la langue française pour les générations à venir. Merci beaucoup.

Le Modérateur : Parfait. Maintenant, nous passons à la période de questions. Donc, quand je vous passe la parole, juste nommer votre nom et votre média. On est quand même nombreux, on va essayer d'y aller avec une question et une sous-question pour commencer. Qui? Louis Lacroix, Cogeco.

Journaliste : Bonjour, Mme Fréchette, M. Legault. D'abord, vous avez dit tout à l'heure que vous vouliez protéger l'identité québécoise. Est-ce que l'identité québécoise, pour vous, en immigration, ça se limite à la langue française, à la protection de la langue française?

M. Legault : Non. Évidemment, quand on parle de notre identité, on parle aussi de culture, on parle de valeurs. Donc, on a déjà agi quand on regarde la loi n° 21. Si je parle de culture, quand je suis arrivé comme premier ministre, le budget de la Culture, c'était 1,2 milliard par année. Actuellement, c'est 1,8 milliard par année, donc on a augmenté le budget de la culture de 50 %. Puis là je pourrais vous nommer plein de mesures, mais, entre autres, on est en train de construire les espaces bleus, on est en train... on a ajouté des émissions à Télé-Québec. Puis, dans le plan de Jean-François, il y a plein d'autres mesures aussi qui s'en viennent, qui vont toucher spécifiquement la culture.

Journaliste : Alors, est-ce que vous craignez qu'une trop forte immigration... Parce que vous passez de 60 000 à 50 000. Si on avait maintenu, par exemple... si on était allés à 60 000, est-ce que... outre la langue française, est-ce que vous croyez qu'il y aurait eu une menace pour l'identité québécoise à cause de l'immigration?

M. Legault : Oui. Écoutez, c'est toujours un défi, l'intégration du côté des valeurs. On a adopté la loi n° 21 sur les signes religieux, mais je pense que le cœur de l'identité québécoise, c'est autour de la langue française, puis, moi, ça m'inquiète. Puis on agit pour arrêter le déclin puis inverser la tendance, augmenter le pourcentage de francophones au Québec.

Maintenant, il y a un défi aussi d'intégration sociale, il y a tout le défi des logements aussi actuellement. Puis ce n'est pas seulement au Québec, là, on le voit même dans le reste du Canada, on est en train de se poser des questions. Il y a le défi aussi des services qui sont donnés à la population, je pense, entre autres, à nos écoles puis nos garderies qui sont sursollicitées, entre autres, avec l'arrivée des demandeurs d'asile en aussi grand nombre. Donc, il y a plusieurs défis.

Le Modérateur : Hugo Pilon-Larose, La Presse.

Journaliste : Bonjour. Le scénario que vous aviez soumis en consultation mentionnait 60 000 en 2027. Cette fois-ci, donc, on n'a pas les prévisions pour 2027 parce que vous voulez retourner en consultation après avoir vu les effets de ce que vous mettez sur la table. Mais à quel point êtes-vous confiant qu'au final, en 2027, on va pouvoir aller à 60 000 en fonction de ce que vous présentez aujourd'hui?

M. Legault : Je ne suis pas en mesure, aujourd'hui, là, d'évaluer ou de prévoir exactement quelle sera la situation pour 2027. On pose des mesures fortes. Comme le disait Christine, il va falloir voir aussi quelle est la collaboration du gouvernement fédéral, entre autres je parle aux... je pense aux PMI, de dire est-ce qu'eux aussi, ils vont faire comme nous puis exiger un test de français lors du renouvellement. Donc, il y a beaucoup de questions comme ça. Le PEQ, c'est tous des francophones, des étudiants francophones. Il va-tu y en avoir 2 000, 5 000, 10 000? C'est tout ça, là, qu'il va falloir évaluer, puis on se donne, justement, un programme seulement sur deux ans pour regarder, mais moi, je suis vraiment déterminé, là, à ce qu'on inverse la tendance, qu'on inverse le déclin du français au Québec. On va prendre les mesures qui sont nécessaires, mais je pense qu'on a des chances, avec ce qu'on annonce aujourd'hui, d'y arriver.

Journaliste : ...aujourd'hui est désincarné du contexte politique actuel, dans le sens où, là, finalement, vous décidez, pour deux ans, de rester à 50 000, et on a, dans les sondages, une remontée du Parti québécois, qui, eux, privilégient une cible encore plus basse. Donc, est-ce que votre décision est motivée par la remontée, dans les sondages, du Parti québécois?

M. Legault : Absolument pas, non.

Journaliste : ...les tests pour les travailleurs temporaires, ces tests-là seront administrés par qui? Et est-ce que les employeurs auront l'obligation d'octroyer du temps aux gens pour pouvoir apprendre le français ou c'est un engagement, finalement, basé sur l'honneur que vous leur demandez?

Mme Fréchette : Alors, au niveau des tests, ce seront les mêmes tests qui sont utilisés actuellement. Donc, on parle de sept tests, là, qui sont reconnus comme étant... démontrant, là, la compétence en français. Donc, ces mêmes tests seront utilisés. Comme vous savez, ce sont des tests dans lesquels on veut injecter davantage de Québec, de notions relatives au Québec, des expressions québécoises, des références culturelles, ou autres, québécoises. Donc, ce seront ces mêmes tests qui seront utilisés. Et on va demander... on va obliger les employeurs à offrir des mesures de francisation sur les lieux de travail pour un certain nombre d'heures. Les modalités ne sont pas encore déterminées, mais on s'en va dans cette direction-là pour faire en sorte que les employeurs et que le lieu de travail puissent participer à la francisation des personnes qui ne parlent pas français

Le Modérateur : Geneviève Lajoie, Journal de Québec, Journal de Montréal.

Journaliste : Bonjour. D'entrée de jeu, M. Legault, vous avez dit : Mon objectif avec cette annonce-là, c'est de protéger le français, j'ai une responsabilité en tant que premier ministre, et tout ça. Vous avez parlé de l'avenir de la nation québécoise. Juste après le lancement de votre communiqué de presse pour ce que vous annoncez, aujourd'hui, sur les seuils, la Chambre de commerce de Montréal, les Manufacturiers et exportateurs disent tous qu'on ne réussira pas à répondre à la pénurie de main-d'oeuvre avec l'annonce que vous faites aujourd'hui. Est-ce que, donc, pour vous, l'avenir du français est plus important que la pénurie de main-d'oeuvre au Québec?

M. Legault : Bien, mon défi, c'est de trouver un équilibre. Vous le savez, c'est important pour moi, l'économie, mais c'est important aussi d'arrêter le déclin du français. Donc, ma responsabilité comme premier ministre, c'est de trouver un équilibre. Et, bien, quand on dit, par exemple, que les travailleurs temporaires, bien, vont avoir trois ans pour apprendre le français, je trouve que c'est raisonnable puis je trouve que ça amène, justement, un équilibre entre économie puis protéger le français. Donc, ce n'est pas parfait ni d'un côté ni de l'autre, mais il faut arrêter le déclin du français.

Puis, bon, l'économie, je l'ai dit souvent, il va y avoir beaucoup de transformations, là. L'objectif, ce n'est pas de devenir un pays, là, où il y a une croissance exponentielle de sa population, c'est d'être capable de bien servir la population avec des gens qualifiés en services, ça veut dire en éducation puis en santé. Puis ça veut dire aussi d'offrir des emplois bien payés à ceux qui travaillent dans le secteur privé. Ça va poser un défi à certaines entreprises d'augmenter leur productivité pour être capable d'augmenter leur salaire. Parce qu'on le voit actuellement, il y a comme un plein emploi. Le bon côté pour les travailleurs, c'est qu'il y a une augmentation plus rapide des salaires au Québec que chez nos voisins, mais, encore une fois, l'objectif, je le dis souvent, ce n'est pas la croissance du PIB, c'est la croissance du PIB par habitant.

Journaliste : Un peu plus tôt ce matin, en mêlée de presse, vous avez dit : Bon, je sais que... En réaction, là, au sondage, vous avez dit : Je sais que les Québécois, actuellement, souffrent beaucoup de l'augmentation des prix puis je vais essayer de voir comment je peux mieux les aider. Est-ce qu'on doit s'attendre à de nouveaux chèques pour les Québécois?

M. Legault : Bien, je ne commencerai pas, là, à dévoiler ce qu'il y aura dans la mise à jour la semaine prochaine, le 7 novembre, mais j'ai déjà dit qu'il y a des Québécois qui ont de la difficulté à payer leur loyer. Puis n'oublions pas que, depuis un an, on est passés d'une aide à 75 000 familles à une aide à 125 000 familles. Est-ce qu'on veut aller plus loin? On va voir le 7 novembre. Donc, soyez patients.

Journaliste : Juste une petite précision technique. Tout à l'heure, vous avez dit que le PEQ, c'étaient tous les étudiants francophones.

M. Legault : Le PEQ Diplômés.

Journaliste : Diplômés. Est-ce que c'est : effectivement, ils sont seulement diplômés dans les universités francophones?

M. Legault : Bien, c'est soit dans une université francophone soit qu'il parle français.

Mme Fréchette : C'est ça, il faut qu'il ait été diplômé d'un programme qui a été donné en français. Donc, c'est la langue dans laquelle ont été donnés les cours qui va prévaloir. Bien sûr, la majorité, ce sont des institutions d'enseignement francophones.

Et sinon, si la personne n'a pas été diplômée d'un programme en français, eh bien, si elle nous prouve qu'elle a eu trois ans d'études au secondaire ou au postsecondaire en français, par exemple, dans un lycée français, eh bien, là, elle va pouvoir également postuler pour le PEQ diplômé en continu.

Le Modérateur : Thomas Laberge, La Presse canadienne.

Journaliste : Oui, j'aurais des questions de précision par rapport aux chiffres, plus précisément, là, parce que, bon, vous nous dites, au fond, que vous maintenez à 50 000, mais donc, finalement, le PEQ est exclu du calcul, donc il va falloir les ajouter. Dans un des documents qu'on a reçus, pour 2024, vous prévoyez 6500 du PEQ et entre 48 500 et 51 500, c'est bien ça? Donc, au fond, pour 2024, on pourrait se rapprocher de 60 000 immigrants. C'est ça qu'on comprend au final.

M. Legault : Bien, ce que je vous dis, là, c'est qu'effectivement ça pourrait donner 56 500 si nos prévisions sont bonnes. Par contre, ce qu'il est important de dire c'est que, un, dans le 50 000, les immigrants économiques vont devoir réussir le test de français, et le PEQ, bien, ce sont des étudiants qui parlent français. Donc, l'objectif c'est d'augmenter le pourcentage de francophones et c'est ce qu'on atteint avec ces mesures-là.

Journaliste : Et est-ce qu'on a des prévisions du PEQ pour l'année 2025?

Mme Fréchette : Non, pas à ce stade. Il faut voir que le 6500 pour l'année 2024 est vraiment une approximation, un estimé. On va voir à l'usage, là, quels résultats ça donne. Ça pourrait être moins que ça, ça pourrait être ça, ça pourrait être plus, on va... Mais là on s'est fié, dans le fond, à ce qui prévalait au cours des dernières années, mais il faut voir que le PEQ, ces dernières années, n'avait pas la même forme que la forme qu'on lui donne avec nos réformes réglementaires. Alors, c'est pour ça qu'on n'est pas non plus assurés, là, que ce soit le 6500 qui va prévaloir, mais c'est l'estimé qu'on fait.

M. Legault : Puis je veux tout de suite, peut-être, prévenir, si jamais le Parti québécois dit : Ah! dans le fond, c'est 56 500... Est-ce que ça veut dire que le Parti québécois est contre le fait qu'on admette des étudiants qui parlent français?

Le Modérateur : Alexandre Duval, Radio-Canada.

Journaliste : Bonjour à vous trois. Quand on regarde dans le document, bien, dans le plan, en fait, on constate que, cette année, on devrait accueillir un petit peu plus de 53 000 immigrants permanents. Donc, ce que vous nous proposez pour l'an prochain, ça ne change pas énormément la situation de cette année. Donc, M. Legault, est-ce que vous acceptez que, pour les deux prochaines années, la pénurie de main-d'oeuvre va rester aussi criante, considérant tout ce que vous ont dit les... tout ce que les organismes économiques vous ont dit?

M. Legault : D'abord, il faut aussi tenir compte des immigrants temporaires. Donc, il y a beaucoup de travailleurs temporaires. Là, maintenant, on dit: On souhaite que ces gens-là apprennent le français sur une période de trois ans. Maintenant, bon, est-ce qu'il y a un ralentissement économique devant nous? Je pense que les économistes nous disent oui, il y a un risque de ralentissement économique, donc. Puis je répète ce que j'ai dit tantôt, nous, on a mis des gros incitatifs pour combler les postes en santé puis en éducation, mais, du côté du privé, c'est sûr qu'il va y avoir comme un réaménagement parce que, là, on annonce aussi des jobs payantes dans des nouveaux secteurs de l'économie verte. Donc, les entreprises, pour être capables de garder leurs employés, vont être obligées d'augmenter leur productivité pour être capables d'augmenter leurs salaires. Donc, il va y avoir quand même des défis pour les entreprises au Québec, mais le grand gagnant, ça va être le travailleur québécois, qui, on le voit déjà, a accès à des salaires plus élevés, à une augmentation des salaires plus élevée au Québec qu'ailleurs.

Journaliste : Mme Fréchette, considérant que l'exigence de connaissance du français pour les temporaires qui vont vouloir renouveler leur permis de travail exclura les travailleurs agricoles, j'aimerais savoir, ça va donc concerner qui, combien de personnes par année, et est-ce que ce n'est pas marginal dans le portrait global?

Mme Fréchette : Alors, bien, la mesure va s'appliquer, donc, aux 59 000 détenteurs d'un permis. Si on se fie à la situation, là, de juin dernier, il y avait 59 000 détenteurs de permis, de PTET. Si on exclut le milieu agricole, on est à autour de 35 000. Donc, ce sont ces personnes-là qui seront soumises à l'exigence de connaissance du français, qui est une première.

Il pourrait y avoir également des gens qui nous arrivent d'un programme fédéral, le PMI, et qui veuillent renouveler, mais à travers le PTET, donc ça aussi, ça pourra faire un afflux de personnes. Et il faut voir qu'on demande au fédéral aussi d'adopter la même mesure. Donc, le champ du PMI, qui regroupe 119 000 personnes, pourrait aussi être sujet à l'application de cette exigence-là, dans la mesure où le fédéral voudra bien travailler à améliorer la connaissance du français dans le bassin d'immigrants temporaires.

Journaliste : Est-ce que vous avez...

M. Legault : Juste pour compléter aussi, là, en juin 2023, donc, on avait 466 000 immigrants temporaires. C'est vrai qu'il y en a 59000 qui sont dans le PTET, mais, d'abord, il y en a 118000 que ce sont des étudiants, puis là on vient d'annoncer, quand même, avec le PEQ en français, des incitatifs à ce que de plus en plus de ces étudiants-là viennent étudier en français, surtout s'ils veulent devenir immigrants permanents.

Puis je rappelle, il y a 134000, ce sont des demandeurs d'asile et des Ukrainiens. Puis là, bien, on a reçu 54 % de tous ces demandeurs-là, alors qu'on représente 22 % de la population. Donc, si, demain matin, le gouvernement fédéral accepte de réduire ça à 22 %, bien, on voit, là, qu'on touche beaucoup de monde. Puis, on demande, pour le PMI, au gouvernement fédéral de mettre la même mesure que nous après trois ans.

Journaliste : Juste une petite précision, Mme Fréchette, sur les, bon, 35 000, potentiellement, là, qui seraient touchés avec le PTET. Est-ce que vous avez une idée du pourcentage de ces gens-là qui demandent à renouveler un permis de travail et qui ne font pas que retourner chez eux une fois que leur permis est échu?

Mme Fréchette : On n'est pas encore au clair sur le pourcentage parce qu'en fait les chiffres que l'on possède à l'heure actuelle réfèrent à la période où la pandémie battait son plein. On était en 2020, là, on est en 2023. Ceux qui ont renouvelé en 2020, donc, ils étaient en pleine pandémie. Donc, ce n'est pas des chiffres à partir desquels on peut vraiment travailler puis extrapoler.

Journaliste : ...

Mme Fréchette : Donc, on va voir le pourcentage en question. Est-ce que ce sera... bien, en fait, je ne veux pas aller de l'avant avec des estimés, là, mais la situation qui prévalait durant la pandémie, pour nous, n'est pas révélatrice de ce qui va survenir. Donc, ça va être à voir. Ça fait partie des éléments.

Le Modérateur : François Carabin, Le Devoir.

Mme Fréchette : Et j'aimerais ça juste compléter un petit élément, pour dire que Francisation Québec, là, est accessible à tous ces gens-là : les demandeurs d'asile, les étudiants internationaux, les travailleurs étrangers temporaires, tous ces gens ont accès à Francisation Québec sans frais et peut-être même avec des allocations financières. Donc, il y a là un message aussi, une grande ouverture de notre part pour qu'ils apprennent le français.

Journaliste : Bonjour à vous tous. Juste pour revenir sur les exigences de français pour les temporaires, ce que je comprends votre discours, c'est que vous ne pouvez pas vraiment aller plus loin que le PTET et potentiellement le PMI. Je veux dire, les étudiants temporaires ne pourraient pas se voir exiger des connaissances du français.

Mme Fréchette : Bien, on agit via les étudiants qui sont ici de manière temporaire, effectivement, par différentes manières. Avec le PEQ diplômé, en associant l'idée que si on gradue d'un programme en français on puisse avoir la résidence permanente de manière automatique, c'est un gros incitatif. Donc, c'est un message très clair qui est transmis aux étudiants étrangers.

Il y a aussi Francisation Québec, dont je viens de parler, qui leur est accessible. On a aussi les bourses d'études en région, avec des frais de scolarité moindres, qui sont mises en place, qui, elles aussi, contribuent à la connaissance du français chez le bassin des étudiants étrangers. Donc, tout ça, finalement, ça participe d'un même mouvement puis d'une même volonté de faire en sorte de maîtriser le français, là, pour qui vient au Québec.

Journaliste : O.K. Vous parlez, depuis le début du point de presse, de la vitalité du français. Vous avez prévu des exigences de connaissance du français chez les immigrants économiques permanents. Pourtant, vous décidez de ne pas choisir la hausse à 60 000 des cibles régulières. J'aimerais comprendre pourquoi. Est-ce que c'est parce que la capacité d'accueil a été considérée dans votre calcul?

Mme Fréchette : Est-ce que vous voulez y aller?

M. Legault : Non, non, vas-y.

Mme Fréchette : La capacité d'accueil, c'est sûr que ça fait partie de la donne. J'ai fait une tournée des régions, j'ai visité 16 régions, jusqu'à maintenant, et partout on me dit : Bien, les travailleurs étrangers, ils sont très importants, mais, en même temps, on a de la difficulté à les loger. On ne peut pas faire abstraction de cette situation-là. La capacité d'accueil, c'est central, dans la réflexion qu'on doit avoir, et je suis, bon, contente de voir que le fédéral commence à considérer la chose, parce qu'il ne semblait pas le faire, bien qu'ils veuillent... ils ambitionnent d'accueillir un demi-million de personnes par année. La capacité d'accueil doit être partie prenante de la réflexion. Et nous, particulièrement du côté de l'habitation, bien, c'est très, très serré. Donc, on ne peut pas y aller de grandes ambitions sans égards à notre capacité d'accueil qui est limitée. Donc, il va falloir travailler cette capacité d'accueil pour faire en sorte qu'on soit mieux pourvus pour accueillir des Québécois qui s'installent en région ou des personnes immigrantes qui s'installent en région. Donc, ça fait partie des défis.

Journaliste : Vous parlez du fédéral. Une petite question là-dessus. Il y a un potentiel plafonnement des cibles d'immigration fédérales qui pourrait être annoncé, là, dans les prochaines heures. Est-ce que vous vous êtes arrimés avec le fédéral pour cette annonce-ci aujourd'hui?

Mme Fréchette : Arrimés?

Journaliste : Oui.

Mme Fréchette : Dans quel sens?

Journaliste : Est-ce que vous avez... Est-ce que vous vous êtes inspirés ou est-ce que vous avez eu des discussions avec le fédéral pour fixer les cibles que vous fixez ce matin?

Mme Fréchette : Bon, normalement, l'accord Canada-Québec en matière d'immigration prévoit que le gouvernement fédéral consulte le Québec dans le cadre de l'établissement de ses cibles d'immigration. Je vous dirai que, sur le plan administratif, il y a eu des échanges qui peuvent s'apparenter à une consultation, mais, au niveau politique, il n'y a pas eu de consultation, et normalement le gouvernement fédéral doit tenir compte des cibles d'immigration du Québec avant de s'avancer sur ses propres cibles, et ils le font aujourd'hui même. Alors, on se doute bien que, bon, la situation qui prévaut au Québec n'a pas été prise en considération.

Donc, il y a là un enjeu, et c'est sûr que, nous, notre attente, c'est de voir le fédéral réduire ses ambitions en matière d'immigration, justement pour cette notion de capacité d'accueil, puis cette notion de capacité d'accueil au Québec, elle inclut aussi notre capacité à franciser les gens. Et Francisation Québec est à l'ouvrage, mais, en même temps, il faut rester, encore là, réaliste. Donc, on s'attend à ce que le fédéral réduise ses cibles d'immigration pour que la capacité d'accueil du Québec puis du pays, je pense, dans son ensemble soit prise en considération.

Journaliste : Mais juste une précision parce que Marc Miller ce matin, à la période des questions à Ottawa, a dit qu'il avait consulté le Québec pour fixer ses seuils d'immigration. Est-ce que c'est vrai?

Mme Fréchette : Sur le plan administratif, il y a eu effectivement un échange, mais, au niveau politique, moi, je n'ai pas été consultée pour les cibles d'immigration canadiennes.

Le Modérateur : Simon Bourassa, Noovo.

Journaliste : ...parlant de capacité d'accueil, là, est-ce que vous allez revoir les critères de la capacité d'accueil du Québec au cours des prochaines années? Puis sur quels critères on se base pour définir une capacité d'accueil? Parce qu'il y a beaucoup de choses qui se disent là-dessus, là.

Mme Fréchette : C'est sûr que c'est tout un travail d'analyse, d'évaluation pluriministérielle, là, je vous dirais, qui inclut à la fois, bien, l'habitation, les soins de santé, l'accès aux services de garde, l'accès aux établissements d'enseignement et qui se décline par région puis je dirais même parfois par ville, parce qu'à l'intérieur même d'une région, ce n'est pas parce qu'une ville a une capacité d'accueil donnée que l'autre, située à 30 kilomètres plus loin, en a une également. Donc, c'est vraiment un travail complexe auquel on commence à travailler de manière multisectorielle, multiministérielle.

Mais on se dote aussi d'outils nouveaux. Par exemple, on a fait un appel à projets à travers le Fonds québécois de recherche Société et culture. Il y a eu une subvention qui a été octroyée à ce fonds, et, eux, le premier appel à projets qu'ils ont fait, c'est pour travailler notamment sur la capacité d'accueil et la régionalisation de l'immigration. Donc, ça, ça va être des nouvelles données, des nouvelles analyses dont on va disposer lorsque les recherches auront été déposées. Mais, à l'interne, c'est sûr qu'il y a beaucoup de travail qui se fait. Puis il y a une collaboration aussi à y avoir avec l'ensemble des partenaires en région pour bien définir la capacité d'accueil.

Journaliste : Merci. M. Legault, sur un autre sujet, selon vous, est-ce que c'est trop risqué de laisser la ville de Québec gérer un projet aussi important que celui du tramway de Québec?

M. Legault : Écoutez, le gouvernement du Québec va avoir une rencontre avec la ville de Québec, avec Bruno Marchand puis son équipe, pour discuter du projet, incluant la gestion du projet.

Le Modérateur : Alain Laforest, TVA.

Journaliste : ...Mme Fréchette, votre niveau de basta par rapport au fédéral, il est où aujourd'hui?

Mme Fréchette : Par rapport aux demandeurs d'asile, on est en discussion sérieuse avec le fédéral pour qu'il prenne action. On s'attend du gouvernement canadien à ce qu'il ne fasse pas porter au Québec le poids que le Québec porte actuellement. Il y a plus du double des demandeurs d'asile qui arrivent au Canada qui arrivent au Québec par rapport au poids démographique, là, du Québec. On assume plus du double de notre poids démographique.

Donc, on s'attend à ce que le fédéral, d'une part, révise son approche par rapport aux visas de visiteurs, parce qu'à l'heure actuelle, il semble que plusieurs personnes arrivent au Québec, à l'aéroport, à Montréal, avec un visa de visiteur et que, finalement, une fois arrivés, annoncent qu'ils veulent être... qu'ils déposent une demande à titre de demandeurs d'asile. Donc, on veut qu'il y ait une révision de la politique du fédéral en lien avec ces visas pour qu'on s'assure vraiment que ce sont des visiteurs et non pas des demandeurs d'asile cachés derrière un permis de visiteur. On veut qu'il répartisse également les demandeurs d'asile dans l'ensemble du Canada, comme ça avait été fait sur le chemin Roxham, là, à partir de février de l'année passée. On avait fait des demandes en ce sens-là. Tout le monde y avait contribué, et ils avaient démarré une répartition de la présence des demandeurs d'asile dans l'ensemble des provinces.

Et c'est important de maintenir cette approche, parce que, là, le Québec assume un poids considérable de la pression qui est exercée par l'arrivée de ces personnes. Et il faut voir que l'élément qui pose vraiment entrave à cette intégration que devraient avoir les demandeurs d'asile dans la société, c'est la délivrance du permis de travail. À l'heure actuelle, encore aujourd'hui, en moyenne, ça met 11 mois avant que le fédéral délivre un permis de travail aux demandeurs d'asile. Pendant ces 11 mois, bien, nous, on offre l'aide de dernier recours, on a un panier de services qui est offert, d'accompagnement. On est fiers de ce panier de services là, on honore nos engagements, mais, en même temps, la pression est très forte et nos ressources sont étirées au maximum.

Donc là, il faut que la délivrance du permis de travail se fasse de manière beaucoup plus rapide. Ça va être gagnant pour tout le monde. Les demandeurs d'asile souhaitent travailler, les employeurs voudraient les embaucher, et nous, on voudrait qu'ils travaillent. Sauf que le fédéral porte entrave avec l'émission des permis de travail qui met 11 mois.

Et par ailleurs on veut être remboursé pour l'ensemble des coûts qui ont été dégagés, investis par le Québec depuis le début, là, de l'arrivée importante des demandeurs d'asile. Donc, il y a des discussions qui sont en cours à ce sujet-là.

M. Roberge : ...complément, comme ministre des Relations canadiennes, je veux juste dire qu'on travaille évidemment ça en collaboration, Christine et moi. Il y a des gens qui pensent que ce n'est pas possible de faire des ententes, puis de faire des gains, mais je veux juste leur rappeler qu'on a réussi à faire fermer le chemin Roxham, qu'on a réussi à transformer la Loi sur les langues officielles, qu'on vient de s'entendre sur le logement pour plus de 900 millions. Donc, nous, on continue de travailler puis à faire des gains.

Journaliste : Juste une précision à ma deuxième question : On est rendus à combien au niveau des coûts, là, approximativement?

Mme Fréchette : Ah! on ne donne pas nécessairement l'estimé, là.

M. Legault : Je ne sais pas si on les a. On pourra... Moi, je ne les ai pas, là.

Mme Fréchette : Mais quelques centaines, là, oui.

Journaliste : Quelques centaines de millions?

Mme Fréchette : Oui. Quelques centaines.

Le Modérateur : Sébastien DesRosiers, Radio-Canada.

Journaliste : Ah! je peux-tu poser ma deuxième?

Le Modérateur : Ah oui...

Journaliste : M. le premier ministre, vous avez souvent dit : En prendre moins, mais en prendre soin. On comprend que le français y joue pour beaucoup. Mme Fréchette nous a parlé du logement. Est-ce que ce sont les deux seules variables ou également le manque de profs y est pour quelque chose aussi, là?

M. Legault : Bien là, moi, ma priorité, là, c'est d'arrêter le déclin du français. Donc, c'est le premier critère que j'utilise. Mais s'ajoute aussi donner les services publics, donc, en éducation, en santé, de trouver des logements, etc. Mais, moi, ma priorité des priorités, là c'est arrêter le déclin du français. Je suis vraiment déterminé à ce que le gouvernement de la CAQ soit le gouvernement qui a arrêté le déclin du français puis qui va même être capable de monter, une croissance du pourcentage de francophones.

Journaliste : ...

M. Legault : Bien là, les derniers chiffres qu'on a, c'est 2021. Maintenant, c'est une annonce importante, aujourd'hui, il faut la mettre en place, mais je pense que ce qu'on fait du côté de l'immigration puis des exigences de connaissance du français... je pense que ça va aider à Montréal. Mais c'est effectivement là que ça se passe, à Montréal.

Le Modérateur : Sébastien Desrosiers, Radio-Canada.

Journaliste : Bonjour. Pourquoi avoir exclu les travailleurs agricoles de l'obligation de passer un test de français pour renouveler son permis de travail?

Mme Fréchette : Parce qu'en fait c'est la sécurité alimentaire du Québec qui est associée au milieu agricole. Donc, on veut faire en sorte de ne pas déstabiliser, là, le milieu agricole, et on le sait que, depuis la pandémie, la sécurité alimentaire, hein, c'est encore plus valorisé, et important, et central. Donc, c'est pour ça qu'on n'a pas soumis le secteur agricole à l'exigence du fait français. Mais, par ailleurs, Francisation Québec est accessible aux gens du milieu agricole, et on incite les employeurs de ce milieu, également, à offrir de la francisation sur les lieux de travail. Donc, ça, ça demeure.

Journaliste : Mais donc vous estimez que l'introduction de nouvelles exigences de français aurait mené à une réduction du nombre de travailleurs agricoles qu'on accueille au Québec?

Mme Fréchette : Ça pourrait parce que c'est des gens qui, souvent, ont une scolarité moins développée, et, pour les gens dont la scolarité moins développée, bien, c'est plus difficile d'apprendre une langue étrangère. Donc, c'était un secteur qui était plus à risque, je dirais, de ce fait, et c'est pour ça qu'on l'a... Et il y a la notion de sécurité alimentaire aussi, nous a mis...

Journaliste : Est-ce que vous estimez que ça va mener à une réduction générale du nombre de travailleurs étrangers temporaires qu'on accueille au Québec, ces nouvelles exigences-là?

Mme Fréchette :  Moi, je ne croirais pas que ça va réduire le nombre. Ça va changer, je pense, l'approche qu'auront les travailleurs étrangers temporaires quand ils arrivent au Québec. Parce que plusieurs d'entre eux veulent s'installer de manière durable de manière permanente, alors je pense qu'ils vont capter le message que, l'apprentissage du français, ça va être la clé pour eux, pour l'intégration à long terme au Québec. Et je pense que la volonté d'apprendre le français va être beaucoup plus forte, là, du fait de l'approche qu'on prend.

Journaliste :  Mais pour obtenir leur résidence permanente, il fallait déjà qu'ils démontrent une connaissance du français. Donc, en fait...

Mme Fréchette : Il y a un autre niveau.

Journaliste : Ce qu'on ajoute, c'est simplement pour renouveler leur permis de travail.

Mme Fréchette : Oui.

Journaliste : Ils vont devoir connaître le français, mais...

Mme Fréchette : Pour la résidence permanente, il faut avoir un niveau de connaissance du français niveau cinq si les personnes ont des qualifications manuelles ou intermédiaires, et de niveau sept si elles ont des hautes compétences avec un niveau aussi à l'écrit. Tandis que pour les temporaires, là on est au niveau quatre, donc la marche est moins haute pour ce qui est de l'apprentissage du français.

Journaliste : Si j'ai bien compris, peut-être une dernière question. Est-ce que ça s'accompagne d'une bonification des ressources de francisation au Québec qui semblaient surchargées cet automne?

Mme Fréchette : C'est sûr qu'on a besoin davantage de ressources, et on travaille à ça. On est en processus continu d'embauche pour notamment des professeurs. Donc oui, ça s'accompagne de ça.

Le Modérateur : Fanny Lévesque, LaPresse.

Journaliste : Oui, bonjour à vous trois. M. Legault, j'ai entendu votre réponse sur le tramway, mais quand même, à sa face même, là, est-ce que ça tient la route que la ville de Québec soit maître d'oeuvre du projet? Puis qu'est ce que ça dit le fait qu'il n'y ait pas de soumissionnaire qui ait répondu?

M. Legault : Mais là, je comprends que vous essayez d'avoir des réponses avant qu'on rencontre le maire de Québec, là. Mais comme l'expliquait bien la vice-première ministre et ministre des Transports, le projet, il est géré par la ville de Québec, puis là on vient d'avoir de l'information. Donc, on va s'asseoir avec Bruno Marchand puis son équipe et on va discuter de l'ensemble du projet.

Journaliste :  Mais leur message, c'est que la balle est maintenant dans le camp du gouvernement du Québec. Donc, leur réponse que vous leur donnez aujourd'hui, c'est celle-ci?

M. Legault : Non, on va...

Journaliste : Quel signal vous leur envoyez?

M. Legault : Non, non. Mais ce que je veux, c'est d'abord avoir plus d'information, voir exactement ce qu'ils proposent au niveau de la gestion du projet. Là, hier, ils nous parlaient de 12, 13 milliards. Là, il dit 8,4 milliards, c'est nous qui gérons. Honnêtement, là, c'est à peu près toute l'information que j'ai, là. Donc, on veut avoir une rencontre avec Bruno Marchand pour faire le tour d'un projet qui est quand même très important puis très coûteux.

Journaliste : Mais votre appui au tramway ou à un autre projet, là, est-ce que ça...

M. Legault : Mais je vais d'abord...

Journaliste : Ce qui s'est passé aujourd'hui change votre appui ou votre vision du projet?

M. Legault : Mais je vais d'abord... Bien, moi, je souhaite avoir un projet, mais je vais d'abord... on va d'abord rencontrer Bruno Marchand pour avoir toutes les informations, puis on va vous revenir rapidement.

Journaliste : Puis une petite dernière justement, si ça coûte trop cher, est-ce que vous en avez un plan B pour le réseau à Québec?

M. Legault : Bien, si... Là, on va commencer par avoir une rencontre, puis de discuter du projet, de la gestion du projet, puis du coût du projet. Donc, on va discuter de tout ça, là, puis on répondra ensuite à vos questions.

Journaliste :  Mais vous avez dit que c'était inquiétant, 8,4 milliards, tout à l'heure.

M. Legault : Oui, c'est toute une augmentation.

Journaliste : Qu'est-ce qui est inquiétant là-dedans?

M. Legault :  Bien, c'est beaucoup d'argent, là, par rapport à ce qui était prévu.

Journaliste : C'était inquiétant, c'était 10. 8,4, est-ce que c'est moins inquiétant?

M. Legault : C'est inquiétant aussi, oui.

Le Modérateur : On va passer en anglais, Franca Mignacca, Global.

M. Legault : Surtout que, là, je ne suis pas certain, là, mais on me dit que, là, on a enlevé toutes les provisions d'imprévus puis tout ça, là, donc. Mais je veux voir ça, là, je n'ai pas vu le détail, là.

Journaliste :  Est-ce que c'est sous-estimé, 8,4?

M. Legault :  Pardon?

Journaliste : Est-ce que c'est sous-estimé, 8,4?

M. Legault : Bien, il faudrait que je voie le détail avant, là. Je m'excuse d'être plate comme ça, là.

Journaliste : Mais le maire dit que vous avez eu l'information, M. Legault.

M. Legault : Mais je n'ai pas...

Journaliste : Vous avez eu... bien, votre gouvernement a eu l'information déjà.

M. Legault : Je n'ai pas l'information de son projet de 8,4 milliards de dollars, là.

Le Modérateur : Une dernière question en français, Hugo Lavallée, Radio Canada.

Journaliste : Oui, bonjour. Pour revenir à l'immigration temporaire, tu sais, si on décortique ça, là, je comprends le 134 000 demandeurs d'asile, c'est difficile de contrôler ça. Évidemment, on ne contrôle pas qui arrive.

M. Legault : Oui, il y en a comme beaucoup trop. Là, on a plus que le double de ce qu'on devrait avoir.

Journaliste : Oui, oui, non, mais je veux dire, vous ne contrôlez pas le nombre de personnes qui arrivent à l'aéroport, là.

M. Legault : Non. Mais rappelons-nous, l'année passée, il y avait une partie des demandeurs d'asile qui étaient transférés à Niagara ou ailleurs dans d'autres provinces. Donc, il faut quand même tenir compte de ça. Les étudiants, 118 000, bien là, avec les mesures qu'on met en place, la combinaison francophone anglophone risque de changer aussi.

Journaliste : Mais là où je voulais en venir, c'est donc 134 000 demandeurs d'asile, disons qu'il y a peut-être des choses à faire, là, mais c'est un peu plus difficile de contrôler ça. Le PTET, là, vous annoncez la mesure pour le renouvellement des permis. Est-ce que le vrai problème, ce n'est pas le PMI, au fond? Parce que là, vous demandez au fédéral de faire la même chose, on voit que le fédéral, jusqu'ici, n'a pas nécessairement été réceptif à beaucoup des demandes en matière d'immigration. Là, il n'y a pas de plafond à ce programme-là.

M. Legault : Effectivement, le PMI, c'est 119 000, là. Ce qu'on demande, c'est que le fédéral fasse comme nous, donc, lors d'un renouvellement, après trois ans, qu'on exige qu'on demande un test de français. Donc, c'est ce qu'on demande au gouvernement fédéral.

Journaliste : Mais est-ce qu'il n'y a pas lieu de plafonner le nombre d'admissions dans ce programme-là, justement, avec le fédéral?

M. Legault : Bien, ça ne peut pas faire partie des discussions, là. Bien, nous, l'approche qu'on veut prendre, c'est de dire avec les temporaires :  C'est raisonnable de dire, vous avez trois ans pour apprendre le français. C'est ça, l'approche qu'on veut prendre.

Journaliste : L'autre question que je voulais vous poser, concernant le sondage de ce matin, là, je sais que vous avez dit : Bon, la situation économique est difficile. Est-ce que vous n'avez pas, ce n'est vraiment que ça? Est-ce que vous n'avez, peut-être, pas une part de responsabilité dans d'autres événements ou la manière dont vous avez géré peut-être d'autres dossiers, le troisième lien le tramway, l'itinérance, enfin, au-delà de l'économie?

M. Legault : Écoutez, moi, je prends toute la responsabilité. Puis, comme je le disais, là, ça me fait de la peine de voir que l'appui des Québécois baisse. Et puis je vais essayer d'être meilleur.

Journaliste : Mais vous allez faire quoi concrètement?

M. Legault : Bien, écoutez, là, une grande question. Je vais essayer d'être meilleur. 

Journaliste : Je peux aller. Good afternoon.

M. Legault : Good afternoon.

Journaliste : Minister Fréchette, I'd just like to hear you first on the asylum seekers, what exactly are you asking from the federal Government today?

Mme Fréchette : We are saying to the Canadian Government that Québec is receiving much... too many asylum seekers when compared to the number of people living in Québec. So, we asked the federal Government to review its approach for visitors' visas, because too many people are using these visas to enter Canada, especially Québec, in order to become asylum seekers, and we are asking the federal Government also to spread the asylum seekers among all provinces of Canada, because Québec is assuming 54% of the hosting of asylum seekers in Canada. It is much too high. We represent 22% of the population. So, 54% is much too high for us, especially because it incurs a number of costs, important costs that we must assume.

And also we are asking federal Government to deliver the work permit much faster, because nowadays it takes an average of eleven months before the asylum seekers receive their work permits. We want them, the asylum seekers, to work. They would like to work. Employers would like to hire them, and federal Government is in the way, waiting 11 months before giving them a work permit. So, that is not acceptable. And we also asked the federal Government to reimburse all the costs that have been assumed by Québec until now when it comes to accompanying and hosting and helping these asylum seekers.

Journaliste : And Minister Roberge, in terms of these new requirements for temporary workers, I understand that... requirement, but we've heard from a lot of people saying that they've had issues accessing French courses. What will be done to make sure that temporary workers actually have access to more francizing... francization? Je m'excuse.

M. Roberge : Well, it's a question for Christine, because she has Francisation Québec...

Mme Fréchette : What will be done?

Journaliste : Yes, what will be done to make sure that temporary workers can actually access French courses when... before they take this test?

Mme Fréchette :OK. In fact, all temporary workers have access to Francisation Québec, even now. And many of them are taking action in order to get these courses, we are proud of that, happy with that. And they will have a greater insensitive... incentive to learn French because of the new rules we are adopting today. And so, they will be... it will be possible for them to have access to francization courses or lessons in the workplace because employers will be apt to give francization lessons in the workplace for a certain number of hours, which is not defined yet. But they will have to participate. Therefore, they will have a greater access and people also can access francization lessons while they are in their country of origin. So, this is called «en amont», «francisation en amont». And this is another way for them to learn French.

Le Modérateur : Cathy Senay, CBC.

Journaliste : I just would like to go back the numbers of temporary workers in the PTET and the fact that you are excluding workers in the agricultural field. A lot of those workers are coming from Guatemala, and they are going back home. I'm not sure what are your expectations about the impact this measure will actually have. And you're basically explaining to act today that it's a very important step. But it doesn't seem it is in reality. When we retract these percentages, it seems that the impact won't be as strong as you wish it would be.

Mme Fréchette : In fact, we don't control 100 % of our immigration. So, of course, our capacity to intervene among the temporary workers is limited by the powers we have. So, we will ask the federal Government to act as well as we do in order to send a message that the capacity of talking in French is necessary when it comes to immigration in Québec. I think nevertheless that immigrants, temporary workers will be interested in learning French because many of them would like to stay in the long term. And there will be a necessity, a bridge to cross when it comes to permanent residence, it is the knowledge of French. And so, many of them, as well as their employers, because a lot of employers would like to keep their workers in the mid term, long term. And they will know now that if they want to do so, they will have to help their employees to learn French. So, this is… This is going to be a strong message that will be capted, I'm sure.

Journaliste : O.K. So, you hope it's a strong message. And, Mr. Legault, the Montréal Chamber of Commerce is really, really disappointed about the fact that we were going down to the threshold of 50 000 immigrants, as in May you spoke about the possibility of having 60 000. And you're doing this in the name of protection of French. They came after you with university tuitions. So, are you destroying bridges with the chamber of commerce?

M. Legault : No, I don't think so. I still have many friends in the business community. Of course, what we say is that we have to have a balance between protecting French and the economy. Of course, my friends from the business community, they would like us to increase to 100 000 or 200 000 permanent new immigrants every year, but we have to protect French. So, we have a responsibility. Also, what we put in place and what we ask to the federal Government is that, in the future, the temporary workers in Québec, if they can learn within three years French, then, they can stay and eventually become permanent residents. But I think it's important that we have both, protecting French and serving the needs of the business community.

Le Modérateur : Philip Authier, The Gazette.

Journaliste : Hello! I'm going to practice my level IV English. I ask the…

M. Legault : I'm sure that you have level V or VI in English.

Journaliste : …and I've been through this about this grid before. Can you explain to me again, Mme Fréchette, what level IV is? Sorry, I asked you that question in May, but can you help me again?

Mme Fréchette : I suppose it was about level V in May.

Journaliste : Yes. Yes, because in May we discussed lever VII and V, yes.

Mme Fréchette : Yes. So, you have three stages in the scale of our way to learn French, and the first stage is «débutant»…

Journaliste : Starting.

Mme Fréchette : Starting. Starting. So, level IV is the last stage of the beginner's block. So, it is a level where people are able to discuss with people, of common situations, common things, daily things that happen in a previsible situation, and they are not able to talk without the help of someone else if something...

Journaliste : They don't need the help of someone else.

Mme Fréchette : They won't be able... They don't need the help of someone else if something they are talking about is common, is expected. If something unexpected happens, then they will have to benefit from the help of someone else to say what they would like to say. So, this is how I would describe level 4.

Journaliste :O.K.Thank you for your help. And what happens if the person, the temporary worker gets to the three years and they fail? This is an oral test, and they fail. What happens to that worker?

Mme Fréchette : Well, they won't be able to get their renewal of the permit, work permit.

Journaliste : So they will have to leave?

Mme Fréchette : Yes.

Journaliste :O.K. And just a procedural question here, because as my colleagues have mentioned, we all expected this to be 2026‑2027 because your original document said 2026‑2027. Do you think it's too volatile, the situation is too volatile to make such a long-term forecast? Because, you know, normally, it's a four year range.

Mme Fréchette : It's really volatile, first, and there are many things that are being changed, nowadays, because of our reforms. First, because we are testing the PEQ «diplômé en continu», with continuous admissions of the PEQ «diplômé», which is a new way to approach this program, and we would like to see what are the results, how many people will it attract. We are seeing the number of non-permanent residents go higher and higher, and so this is another question we have : What will it be in one year from now? What will it be in two years from now? We don't know, less more in four years. What will be the strategy of the Canadian Government when it comes to asylum seekers? Will they change their visa policy? If so, will it help Québec? These are the many changes that are occurring and we would like to see what happens in the next two years before deciding for the subsequent years.

Le Modérateur : Dernière et non la moindre, Olivia O'Malley, CTV.

Journaliste : Hello. Just a quick clarification. Economic immigrants will also have to take a French test?

Mme Fréchette : Yes. Because of the reform we have presented last May and we are putting in force starting November 23d, yes, they will have to learn French.

Journaliste : And so, when it comes to these temporary foreign workers, what makes you think... what makes you confident that they will stay after the three years, instead of just cycling another group of workers who are coming, and with no level of French? Are you confident that this, after three years, is enough to protect the French language?

Mme Fréchette : In fact, not all of them want to stay in the long term. You have only a percentage of the temporary workers that do want to stay and take action in order to do so. And so, we don't expect 100% of temporary workers to stay in the long-term. A part of them will want to and they will know that they will have to learn French until level 4 orally to get their renewal after three years in Québec. And we think it is important for the protection of the French language to do so, because there are many of them, and only a part of them will stay in the long term, but, nevertheless, if they want to establish themselves in the mid-term, long-term, in Québec, they will have to integrate into Québec society, and we want them to do so in French.

Journaliste : And one question for Mr. Legault. Yesterday, Bishop's University had more than 187 supporters, alumni, the Cascades cofounder speaking out against the tuition hikes. Will you look at exempting Bishop's from these tuition hikes? Because they say it's going to be detrimental to Bishop's and then the economy, which I know is important to you, of the Eastern Townships.

M. Legault :O.K.. I'll meet the three principles of these three universities, I hope, in the next few days, so we'll have a chance to discuss different solutions. Of course, Bishop is in a special situation. We don't have the same challenge than in Montréal to protect French in Eastern Townships.

Also, I think that what they ask for is to... Right now, we ask $17,000 of tuition fees for all students. They would like that we ask for more in certain departments and less in other departments.

So, I'll listen to them, I'll see with them, but the principles will stay in place, but I'll listen to them.

Merci tout le monde.

Le Modérateur : ...ceci met fin à cette conférence de presse.

(Fin à 12 h 51)