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(Treize heures trente et une minutes)
M. Nadeau-Dubois : Bonjour.
Bien, on souhaitait, bien sûr, réagir au dépôt du plan d'action d'Hydro-Québec.
Ça fait longtemps, ça fait longtemps qu'on attendait des nouvelles d'Hydro-Québec.
Ça fait longtemps aussi qu'à Québec solidaire on demande que la direction d'Hydro-Québec
vienne en commission parlementaire expliquer son plan aux Québécois et aux
Québécoises, parce que le défi des prochaines décennies au Québec, c'est celui
de la transition énergétique. L'avenir énergétique du Québec, ça va avoir des
impacts profonds sur le quotidien des gens, sur l'économie du Québec puis aussi
sur notre capacité à atteindre ou pas nos cibles de réduction de gaz à effet de
serre.
On attend, donc, depuis longtemps le
passage en commission parlementaire de la haute direction d'Hydro-Québec, et la
première réaction qu'on a eue en lisant ce plan-là, c'est : Bien, cette
commission-là va être plus nécessaire que jamais. En fait, Québec solidaire
attend Michael Sabia de pied ferme en commission parlementaire parce qu'au
terme de la conférence de presse d'aujourd'hui il reste énormément de questions
sans réponse.
On nous promet 185 milliards d'investissements
d'ici 2035, ça, c'est dans 12 ans, et on nous dit : On va faire ça
sans augmenter les tarifs. Bien, il va falloir nous expliquer, avec
transparence, comment ils vont y arriver. Pierre Fitzgibbon qui nous dit :
Ah! faites-moi confiance, ça n'arrivera pas, ce n'est pas suffisant. On dit qu'on
veut construire plein de nouveaux barrages. Où va-t-on trouver, en pleine
pénurie de main-d'oeuvre, les 35 000 travailleurs, travailleuses
nécessaires à ces chantiers-là? On nous dit qu'on veut faire des nouveaux
barrages, mais sur quelles rivières on va les faire? Ce n'est pas des détails,
ça. Ce n'est pas des détails, et on n'a pas eu de réponse à ces questions-là
aujourd'hui.
D'ici à ce que Michael Sabia, donc, passe
en commission parlementaire pour répondre à ces questions-là, puis là je vous
en ai nommé trois, mais il y en a d'autres, il y a une question politique que
le gouvernement de la CAQ doit trancher. Nous, on demande aujourd'hui à la CAQ
de s'engager fermement à ne pas de dénationaliser Hydro-Québec. Il y a, dans ce
plan-là, énormément de portes ouvertes au privé. Hydro-Québec, c'est un de nos
plus beaux héritages de la Révolution tranquille. C'est une institution tellement
importante dans l'histoire du Québec puis pour l'avenir du Québec. Il faut
garder le contrôle collectif sur notre énergie, il faut garder le contrôle
démocratique sur notre avenir énergétique, et ce plan-là est rempli de portes
où pourrait s'infiltrer le privé.
On demande à la CAQ, donc, d'être très
claire aujourd'hui qu'il n'y a pas de projet de dénationalisation de l'énergie
au Québec. Il faut garder le contrôle public sur l'énergie, et ça, c'est une
question à laquelle M. Fitzgibbon et M. Legault doivent répondre
rapidement parce que c'est une question politique d'abord et avant tout.
Journaliste : Dénationalisation,
M. Nadeau-Dubois, vous parlez de barrages privés, par exemple, des entreprises
privées qui géreraient, opéreraient des minicentrales?
M. Nadeau-Dubois : Ces
détails-là ne sont pas dans le plan aujourd'hui, mais, par le passé, M. Sabia a
ouvert ce genre de portes là. On nous parle de développer de l'éolien, du
solaire. Est-ce que ça se fera au public? Est-ce que ça se fera au privé? Ce n'est
pas des détails, ça. Le choix du peuple québécois de prendre collectivement le
contrôle de son énergie, là, ce n'est pas un petit choix. Ça a été un choix
collectif déterminant pour la trajectoire de la société québécoise. À l'aube d'une
prochaine... À l'aube d'un énorme chantier historique, celui de la
décarbonation de l'économie, on ne peut pas échapper cette question-là. Est-ce
que, ce virage-là, on veut le prendre en restant fidèles à notre héritage, en
gardant le contrôle public collectif sur l'énergie, ou est-ce qu'on va le
prendre en privatisant? Ça, c'est une question de valeurs, c'est une question
politique, puis c'est au gouvernement à répondre à cette question-là.
Journaliste : Michael Sabia
disait, devant les employés d'Hydro-Québec dans une réunion Zoom au début de l'été :
On va augmenter les tarifs. Prochaine question. Vous vous souvenez, là, dans
un...
M. Nadeau-Dubois : Je m'en
souviens très bien.
Journaliste : Bon, voilà. Et
là, dans le plan, il dit : On n'a pas l'intention d'augmenter les tarifs
résidentiels, bon, ne serait-ce que... plus que l'inflation. On croit le
Michael Sabia du début de l'été ou le Michael Sabia du plan 2035?
M. Nadeau-Dubois : Qui
croire? Qui croire? Moi, je trouve que ça sent l'improvisation à plein nez.
Michael Sabia, il y a quelques mois, disait : Bien sûr, on les augmente.
Lorsque cet appel Zoom a été divulgué aux médias, le matin même,
M. Fitzgibbon, le ministre de l'Énergie, a laissé clairement entendre
qu'il y avait une option de les augmenter dans quelques années. Lorsque j'ai
posé la question à François Legault en période des questions, il a dit :
Non, non, non, on ne les augmentera pas. M. Fitzgibbon a marché sur sa
peinture quelques heures plus tard pour dire : En effet, en effet, on ne
les augmentera pas. Là, M. Sabia semble avoir eu le mémo, il nous dit
qu'il ne les augmentera pas. Ce genre d'improvisation là, là, ça ne crée pas un
climat de confiance, ça donne l'impression qu'il y a beaucoup d'improvisation,
et qu'on ne sait pas trop où on s'en va, qu'on navigue à vue, dans ce qui est
pourtant un des chantiers les plus déterminants de l'avenir du Québec. Il y a
des signaux contradictoires sur la question des tarifs. Aujourd'hui,
M. Fitzgibbon, encore une fois, nous a demandé de lui signer un chèque en
blanc, hein, il nous a dit : Ne vous inquiétez pas, les tarifs
résidentiels n'augmenteront pas, ce sera peut-être les dividendes, ce sera
peut-être les tarifs commerciaux, industriels, on va regarder ça. Non, non, ça...
je veux dire, on ne peut pas planifier comme ça, là. Les Québécois, les
Québécoises ont le droit de savoir, là. Il y a quand même 25 % des
investissements annoncés aujourd'hui qui vont servir aux projets industriels
que Pierre Fitzgibbon va choisir, là, ça, c'est notre argent, là, qui s'en va
là-dedans. Est-ce que la facture va être refilée aux PME, aux consommateurs
résidentiels? La réponse à cette question-là, elle a changé tellement de fois
dans les derniers mois qu'on est en droit de se poser des questions puis on est
en droit de vouloir plus de clarté et plus de transparence.
Journaliste : En terminant,
pour moi, là, est-ce que vous craignez que Québec solidaire, dans quelques
années, se retrouve entre l'arbre et l'écorce, c'est-à-dire entre on défend la
position des communautés autochtones qui pourraient s'opposer à certains
barrages et on veut décarboner le Québec et faire la transition énergétique?
Avez-vous peur de vous retrouver entre les deux?
M. Nadeau-Dubois : La transition
énergétique, là, ce n'est pas comme... ce n'est pas un petit projet comme un
autre, là, ça va être un chantier collectif, ça va être un vrai... il faut que
ce soit un vrai projet de société. Et c'est vrai qu'il y a des questions
difficiles qui vont se poser. Ça va être un long chemin, la transition
énergétique, puis il va y avoir des embûches, il va y avoir des débats, c'est
pour ça qu'il faut de la transparence, c'est pour ça qu'il faut un BAPE
générique, par exemple, comme le demandent les organisations écologistes du
secteur de l'énergie. Un BAPE générique sur l'ensemble de cette question-là,
l'avenir énergétique du Québec. La meilleure manière d'éviter les déchirements,
la meilleure manière d'éviter qu'il y ait des levées de boucliers quand on va vouloir
mettre des éoliennes, par exemple, dans certaines régions, la meilleure manière
d'être capable de les développer, les projets énergétiques dont on a besoin,
c'est de faire les choses en toute transparence, de manière démocratique. Une
des conditions de l'acceptabilité sociale, c'est la transparence. La transition
énergétique, ça va nécessiter beaucoup d'acceptabilité sociale, ça prend donc
beaucoup de transparence. En ce moment, il en manque beaucoup.
Journaliste : How do you
suggest, Mr. Nadeau-Dubois, that Hydro-Québec paid for these additional
projects?
M.
Nadeau-Dubois :
Well, that question will be asked to Mr. Sabia here at the
Parliament as soon as possible, because there's a very clear lack of transparency
in the plan today, we're talking about 185 billion dollars in the next 12
years, it's a lot of money and it's very fast, and we're saying we're going to
spend all that money and it will have no impact on the price of electricity
that ordinary people pay, that's the answer today. A few months ago, the answer
was different. A few days, the answer of Mr. Fitzgibbon was different. So,
there's a lack of transparency and that creates a climate of a lack of
confidence. Where are we going with this? Those questions need to be answered.
How are we going to pay for this? Where are we going to find the workers to
build all those new dams? On which rivers are we going to build them? Those are
not irrelevant questions; those are crucial questions. Will... are we... do we
want to make our energetic transition in a public model of Hydro-Québec as we
know it or are we beginning a turn towards the privatisation of Hydro-Québec?
Mr. Sabia has opened the door historically to some kinds of privatisation of
Hydro-Québec, were talking about new wind power, about new solar power, will
those projects be in the public sector or in the private sector? Those are big
questions and Quebeckers deserve a full transparency on those issues. And it's
been a few months now that a lot of people agree that we're seeing a strategy
that looks a lot like total improvisation.
Journaliste
: Why are you so concerned about the possible privatization of
Hydro-Québec?
M.
Nadeau-Dubois : The historic choice of the
Québec people was to take collective control on energy. And it's not like a
small decision. It's a decision that has been crucial for the trajectory of
Québec's society as a whole. It was a huge step forward in terms of modernizing
our society, our economy and making energy available and cheap for all Quebeckers. So, it's a democratic and… it's
a very important democratic and political question. Do we want to keep that
collective control on our energy system or do we want to give it away to the
private sector? This is a very important question for the future of Québec.
Journaliste
: Do you have enough information about the number of megawatts that
will be obtained through changing the habits of consumers? Because it's a lot
of megawatts. And do you have enough information right now to believe that it
will work, it's not too ambitious as an objective?
M.
Nadeau-Dubois : The plan that we are seeing
today is not a list of the concrete measures that will be taken by Hydro-Québec
or the Government, it's just like big general assessments and objectives, so we
don't know. There is language that could mean that we're going toward some
kinds of, for example, dynamic tariffication, do we want to go that way? This
is… this can be a very significant change for the habits of Quebeckers. We need answers to those questions, that's why we are
waiting impatiently for Mr. Sabia to come here, in Parliament, to answer the
questions of the elected officials of the Québec people. We deserve full
transparency on those crucial issues.
Journaliste
:
Mr. Legault said that, for the motion, QS motion, that the CAQ defeated, that…
they… the Premier Legault said the words «humanitarian pause», «une trêve
humanitaire», these are the words that should be used. Is it something that you
are willing to examine in order to present a new motion?
M.
Nadeau-Dubois : If the CAQ wants to table a
new motion, they can do so, we will discuss with them to try to reach a
consensus. But the call of all human rights organizations right now is a call
for a cease-fire. That's what Oxfam is asking for, that's what Amnesty
International is asking for. Those are credible, independent organizations of
human rights that have no part in the conflict, but that are preoccupied with
wanting, and wanting in priority, the safety and the life of all civilians.
That's our priority too, that's why our proposal is a cease-fire.
If Mr. Legault wants to
propose something else, he can do so, and we will examine it.
Journaliste
: It's just because the words «humanitarian pause», «trêve humanitaire»,
these are the words that… the United Nations is asking for a humanitarian
pause, Justin Trudeau is asking for a humanitarian pause, the French President
Emmanuel Macron is asking for a humanitarian pause.
M.
Nadeau-Dubois : If Mr. Legault wants to table
such a motion, we will examine it. We will… we are open to discuss it prior to
that motion being tabled.
Our proposal, and we were
happy to have the support of the Parti libéral and the Parti québécois, is a
demand for a cease-fire because that's what human rights organizations are
asking for. But we are open to the proposals of Mr. Legault.
Journaliste
: Just one last clarification on Hydro-Québec. When it comes to
privatization, what is your position exactly, though, in terms of… what do you
think of it?
M.
Nadeau-Dubois : We think the choices on the
future of energy have to be taken democratically. Energy is very important in
the life of people, we have to keep the collective control on the energic
system, that means Hydro-Québec has to stay the leader and the organizer of our
energetic future.
Journaliste
:
En français, j'aimerais ça vous entendre sur le fait que M. Legault dit que,
dans le fond, il pense que ce serait mieux d'utiliser les mots «trêve
humanitaire» plutôt qu'un «cessez-le-feu», et il n'est pas le seul à vouloir
utiliser ces mots-là.
M. Nadeau-Dubois : La demande
de cesser le feu, c'est la demande des organisations partout sur la planète qui
défendent les droits humains. C'est Oxfam International. C'est Amnistie
internationale. C'est Médecins sans frontières, je pense, également. C'est
plusieurs organisations à l'intérieur de l'ONU, également, qui demandent un
cessez-le-feu. Ces organisations-là ne font pas de la politique internationale,
ils n'ont pas de... ils ne choisissent pas de camp dans le conflit. C'est des
organisations qui sont d'abord et avant tout préoccupées par la vie, la santé
et la sécurité des civils, des enfants, des femmes, des hommes innocents qui,
en ce moment, meurent chaque jour sous les bombes israéliennes.
Nous, c'est la demande qu'on fait. On
était contents d'avoir l'appui du Parti québécois, du Parti libéral également
dans cette demande-là. Si M. Legault veut faire une autre proposition, il
en a la possibilité, puis, nous, on va examiner sa proposition. Mais, dans des
temps aussi troubles puis aussi difficiles, la responsabilité du Québec, c'est
de s'aligner sur les voix de la paix, sur les voix indépendantes, les voix des
droits humains. Puis ce que ces voix-là demandent partout sur la planète, c'est
un vrai cessez-le-feu.
Journaliste : Bien, vous
n'êtes pas sans savoir qu'au cours des derniers jours les Nations unies, le
président français Emmanuel Macron, le premier ministre du Canada, sa ministre
des Affaires étrangères ont tous demandé une trêve humanitaire en utilisant ces
mots-là.
M. Nadeau-Dubois : Il y a des
pays, notamment les États-Unis, qui croient qu'il faut appuyer
inconditionnellement, inconditionnellement, le droit d'Israël à se défendre.
Nous, on croit qu'Israël a le droit de se défendre, mais pas d'infliger une
punition collective aux Palestiniens puis aux Palestiniennes. Nous, on ne croit
pas que le soutien doit être inconditionnel. Le respect du droit international,
ça ne devrait pas être négociable. La protection des civils, des femmes, des
enfants, des hommes innocents, ça ne devrait pas être négociable. C'est ça un
cessez-le-feu. C'est la paix. C'est arrêter les bombes. C'est libérer les
otages. C'est travailler à la paix dès maintenant. Il y a
3 000 enfants qui sont morts, je veux dire, ça ne peut plus
continuer, là, ça ne peut plus continuer. C'est notre position. C'est la
position d'Amnistie internationale. C'est la position d'Oxfam. C'est la
position des organisations de défense des droits humains. C'est des
organisations indépendantes, ça. Ce n'est pas des gens qui sont dans un camp ou
dans l'autre. C'est la position d'organisations juives également au Québec puis
au Canada, comme Voix juives indépendantes. Donc, je pense que c'est la position
responsable parce que c'est la position de la paix, parce que c'est la position
de défense des droits humains. Merci.
(Fin à 13 h 49)