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Point de presse de Mme Manon Massé, porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de lutte contre l’itinérance, et M. Gabriel Nadeau-Dubois, chef du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le mardi 21 novembre 2023, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures deux minutes)

M. Nadeau-Dubois : Bonjour, tout le monde. Content de vous retrouver ce matin à l'Assemblée nationale. Par où commencer? Par où commencer? Il y a des centaines de milliers de personnes en grève aujourd'hui, au Québec, parce qu'on ne leur offre même pas l'inflation comme augmentation de salaire, en pleine crise du coût de la vie. Il y a des centaines de milliers de Québécois, chaque mois, qui vont dans les banques alimentaires. Il manque 8 millions de dollars pour bien les financer, ces banques alimentaires là. Et, ce matin, le ministre des Finances est venu défendre sa décision de subventionner à coups de millions une entreprise multimillionnaire, les Kings de Los Angeles. Je ne sais pas par où prendre ça, tellement que c'est une situation absurde. J'écoutais M. Girard tantôt et je suis désolé d'utiliser des gros mots, mais les arguments qu'il utilise pour défendre sa décision sont tout simplement pathétiques.

Puis on va quand même rappeler les faits, là. Ce n'est pas une décision d'Eric Girard, là, c'est une décision qui a été validée par le Conseil des ministres. Donc, le responsable de cette décision-là, c'est François Legault. M. Girard essaie, c'est très habile de sa part, de prendre sur ses épaules les critiques impressionnantes qu'on voit depuis les derniers jours, mais le responsable de cette décision-là, c'est François Legault. Puis c'est à lui à répondre à vos questions. Comment ça se fait qu'il a donné son go à une décision aussi absurde, à une décision qui met de l'huile sur le feu dans les négos du secteur public, une décision qui alimente le cynisme, une décision qui est injustifiable à tout point de vue?

Si on avait voulu inventer, nous, à Québec solidaire, si on avait voulu inventer de toutes pièces un exemple pour illustrer le dérèglement des valeurs de ce gouvernement-là, je pense qu'on n'aurait même pas trouvé un exemple comme ça. C'est un symbole qui est tellement fort, qui est tellement révélateur de la perte de repères complets de François Legault et de son équipe. Comment ont-ils pu penser que les Québécois, que les Québécoises allaient accepter ça?

Je veux bien, là, que le monde aime le hockey à Québec puis au Québec. Moi, j'aime ça aussi le hockey, puis c'est vrai que les Québécois aiment le hockey, mais ils aiment aussi avoir des travailleurs, travailleuses dans leurs services publics. Ils aiment encore plus que tout le monde soit capable de faire son épicerie puis que, quand ils ne sont pas capables, bien, les banques alimentaires ne manquent de rien. Les Québécois, ils aiment tout ça, encore plus qu'ils aiment le hockey. Puis ça, ça vient d'un gars qui aime pas mal ça, le hockey.

Moi, mon message pour François Legault, ce matin, c'est : Il n'y a pas de mal à reconnaître une erreur quand on en a fait une. Il n'y a pas de mal à reculer quand une décision est aussi de toute évidence mal avisée. On va déposer une motion, ce matin, pour que François Legault recule sur cette décision-là. Puis je suis même prêt à lui promettre que, s'il recule, ce matin, là, on ne lui en reparlera plus jamais, de cette erreur-là. On ne l'agacera pas avec ça pendant trois mois, là, mais là la seule décision responsable dans le contexte, voyons donc, c'est de reculer sur une décision qui ne passe pas, point final.

Mme Massé : Oui, bonjour tout le monde. En fait, ce matin, moi, je vais venir vous parler des travailleurs et travailleuses de l'État qui sont dans la rue, ils sont dans la rue pour nos services publics. Cette semaine, vous savez, il y a... Ça va être difficile pour beaucoup de Québécois et Québécoises, considérant que, quand tu te fais annuler un rendez-vous pour une opération ou quand il faut que tu te trouves un plan B pour les enfants, ça rend ça compliqué. On reconnaît ça. Mais ce qu'on entend surtout et ce qu'on voit surtout, c'est comment les Québécois et Québécoises sont derrière les travailleurs et travailleuses de la santé, des écoles, les infirmières, les profs. C'est une grève qui est très importante, hein, cette semaine, trois jours en ligne. C'est une grève qui est très importante parce qu'elle touche tout le Québec puis elle touche plusieurs secteurs d'activité.

Ça fait plusieurs fois déjà qu'on va sur les lignes de piquetage, à différents moments donnés, on voit bien que les femmes, parce que c'est surtout des femmes, et les hommes qui sont là le sont pour les bonnes raisons. Premièrement, ils ne veulent pas s'appauvrir, c'est une bonne raison, ça. Qui, ici, voudrait s'appauvrir? Puis, par la suite, bien, ils ne veulent pas que nos services publics s'effritent encore plus. Et ça, pour nous à Québec solidaire, c'est aussi très, très, très important.

Alors, moi, j'invite la population, que je sais derrière, parce que, quand on est sur les lignes de piquetage, on l'entend, là, ça klaxonne pas mal quand les gens passent, j'invite les gens à prendre contact avec... s'ils connaissent des infirmières, des enseignantes, des inhalos, peu importe, dans le système de santé ou l'école, prendre le téléphone, appeler les gens qu'ils connaissent pour les encourager, parce qu'il va faire froid un peu cette semaine, là, ça demande du courage d'aller défendre ses idées et surtout de dire au gouvernement du Québec qu'ils ne veulent pas être appauvris et ils veulent que les services publics soient maintenus. Et si toutefois vous n'en connaissez pas, bien, vous pouvez aller sur les lignes de piquetage, il va y en avoir durant les trois prochains jours. Nous, on va y retourner à Québec solidaire avec le caucus, on va aller s'assurer que les gens sur les lignes de piquetage savent qu'il y a un parti politique qui va les backer, qui va les appuyer jusqu'au bout pour que, minimalement, ils puissent avoir... qu'ils ne s'appauvrissent pas.

Je suis un petit peu émotive. C'est ma dernière semaine comme porte-parole de Québec solidaire. Je ne voulais pas prendre de chance, avec mon équipe, on s'est dit : Bien, peut-être, tu ne referas pas de «hot room» cette semaine. Alors, moi, j'avais... je voulais prendre quelques instants pour... Je ne m'en vais pas, vous le savez, on va se revoir, mais pas comme porte-parole. C'est une nouvelle étape qui va commencer la semaine prochaine pour mon parti. C'est sûr qu'après sept ans comme porte-parole, 10 ans comme députée, j'en ai fait des «hot room». D'ailleurs, mes premiers, il n'y avait personne, ça fait que je parlais avec la caméra, ça a été... d'ailleurs, j'ai été bien accompagnée par les techniciens de l'Assemblée nationale. Mais aujourd'hui, ça me fait juste dire que la prochaine étape pour moi, elle va être importante, de ne plus être la duo de Gabriel, mais je voulais vous remercier. Je pense à des gens qui, en fait, qui m'ont formé, hein, je pense à Cathy, à Alain, vous m'avez aidé à devenir une meilleure porte-parole, tous les autres aussi, et je vous en remercie beaucoup.

Journaliste : Allez-vous être une belle-mère?

Mme Massé : Pardon?

Journaliste : Allez-vous être une belle-mère?

Mme Massé : Ce n'est pas mon genre, ça, M. Laforest, ce n'est vraiment pas mon genre, je vais être une députée qui va avoir plus le temps de faire sa job de députée, ça fait que peut-être ça va être fatigant pour certains, probablement pour le gouvernement, mais je ne pense pas que je vais être une belle-mère, ce n'est pas mon genre.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois, vous dites que, dans les négociations, c'est d'appauvrir les travailleurs et travailleuses actuellement.

M. Nadeau-Dubois : Oui.

Journaliste : Alors, je vous reviens avec la question qu'on vous pose depuis des semaines : Un pourcentage décent pour Québec solidaire, c'est quoi?

M. Nadeau-Dubois : Nous, pour... Bien, d'abord, c'est aux travailleurs puis aux travailleuses de décider qu'est-ce qui fait leur affaire, mais il y a un strict minimum pour nous.

Journaliste : Ne détournez pas la question.

M. Nadeau-Dubois : Le strict minimum, là, c'est pas d'appauvrissement. Si on était... si Québec solidaire formait le gouvernement, là, ce serait le strict minimum sur lequel on s'entendrait avec les travailleurs, les travailleuses. Pas d'appauvrissement, ça, ça veut dire pas de perte de pouvoir d'achat et, en ce moment, l'offre du gouvernement correspond à une perte de pouvoir d'achat.

Journaliste : ...le gouvernement, c'est qu'il couvre l'inflation qui est à 12,8 %, et avec ce qu'il donne, ça couvre l'inflation. Donc, vous, vous n'êtes pas d'accord avec ça. Votre chiffre, il se situe où? C'est 13 %, c'est 14 %, c'est 15 %?

M. Nadeau-Dubois : Ce que fait François Legault, là, c'est dire un chiffre dans les médias, mais déposer un autre chiffre à la table de négociation. À la table de négociation, là, ce sont des documents publics, j'invite tout le monde à aller les lire, c'est écrit que l'augmentation proposée, c'est 10,3 %. Mais après ça, quand vient le temps de passer à la télé, François Legault prend ce 10.3 %-là, il rajoute des nouvelles embauches, donc des aides à la classe, il rajoute des primes, il rajoute quelques augmentations différenciées, il fait une belle grosse salade avec ça puis il dit : Toute cette salade-là, ça équivaut pour moi à un effort de 14,8 %. Pour les travailleurs, travailleuses, en moyenne, de manière générale, cette offre-là, c'est moins que l'inflation.

Journaliste : Mais M. Nadeau-Dubois, vous êtes conscient que ce que vous dites, c'est à peu près ce qu'a dit Éric Duhaime en fin de semaine au niveau de... Dans le flou, là, c'est...

M. Nadeau-Dubois : Bien, vous m'apprenez... Je ne connaissais pas la position de M. Duhaime.

Journaliste : Bien, il a dit lui aussi que le gouvernement devait être plus généreux et faire en sorte que les employés ne soient pas pénalisés par l'inflation, vous êtes à l'aise avec ça?

M. Nadeau-Dubois : Bien, je veux dire, bien, même une horloge arrêtée donne l'heure juste deux fois par jour, là, je veux dire, ça se peut que moi puis M. Duhaime, on soit d'accord là-dessus... m'empêche pas de dormir. Nous, on dit, depuis le début : On ne va pas négocier à la place des travailleurs, travailleuses, mais le strict minimum, le strict minimum, c'est pas d'appauvrissement. Est-ce qu'on peut demander aux travailleuses puis aux travailleurs de perdre du pouvoir d'achat?

Journaliste : Il est où le plancher d'inflation pour vous?

M. Nadeau-Dubois : Bien, il faut prendre les prévisions d'inflation des prochaines années...

Une voix : ...

M. Nadeau-Dubois : Bien, pour être bien honnête, monsieur...

Journaliste : ...14,8?

M. Nadeau-Dubois : M. Laforest, pour être bien honnête, par cœur, là, les projections d'inflation pour les trois, quatre prochaines années, je ne les connais pas par cœur, mais nous, ce serait la posture avec laquelle on débarquerait à la table de négociations si on était au gouvernement, de dire : Entendons-nous sur des prévisions d'inflation. Et, pour nous, l'inflation, c'est le strict minimum, le strict minimum. On ne peut pas demander à des gens de s'appauvrir en travaillant dans nos écoles puis nos hôpitaux.

Journaliste : On pourrait essayer une dernière fois, là : pas d'appauvrissement, c'est combien?

M. Nadeau-Dubois : Ça veut dire, minimalement, que les salaires des travailleurs, travailleuses dans le secteur public, minimalement, c'est le strict minimum, suivre l'augmentation de l'inflation au Québec sur la durée de la convention collective.

Journaliste : Je veux vous ramener sur les Kings. Tantôt, vous avez faire le lien entre les négociations et la subvention de 5 à 7 millions, là, qu'on s'entend que ce n'est pas les mêmes... de commune mesure. M. Legault a dit que c'était faire de la petite politique de faire ce genre de parallèle là. Vous en pensez quoi?

M. Nadeau-Dubois : Je ne pense pas que donner 7 millions pour deux matchs présaison, c'est faire de la grande politique. Je pense que c'est faire des petits choix de société. Je pense que le Québec, je pense que les Québécois, Québécoises, oui, ils sont en amour avec leur sport national, mais, en ce moment, ils voient du monde faire la file devant les banques alimentaires, notamment la banque alimentaire qui est en face du Centre Vidéotron, puis entre s'assurer que tout le monde mange puis payer un lunch à Philippe Danault, je pense que les Québécois, Québécoises, ils préfèrent que tout le monde mange. Pis je n'ai rien contre Philippe Danault, c'est un super bon joueur, mais j'entendais M. Girard, tantôt, dire : Oui, on va payer les repas des joueurs. Je veux dire, il n'y a personne de d'accord avec ça au Québec. Je veux dire, c'est absurde.

Journaliste : Vous appuyez le front commun. Je vous ai vu dans les rues avec les grévistes, et tout ça, les manifestants. Jusqu'à quand vous allez appuyer le front commun? C'est-à-dire, s'il y a une grève, par exemple, générale illimitée pendant deux semaines, trois semaines, est-ce que vous allez les appuyer jusqu'au bout?

M. Nadeau-Dubois : Nous, on est de tout cœur avec les travailleurs, avec les travailleuses qui sont en grève. Les choix de moyens de pression, c'est des choix qui leur appartiennent, mais, au moment où on se parle, là, et les chiffres le prouvent, les Québécois, les Québécoises sont derrière les travailleurs, travailleuses qui font la grève. Et tout le monde le sait, là, que la stratégie de François Legault, ça va être de diviser pour mieux régner. Tout le monde le sait. C'est toujours ça que font les gouvernements, puis, nous, on n'embarquera pas là-dedans, on va être du bord des Québécois, Québécoises, du bord des travailleurs, travailleuses, puis on va les appuyer dans leurs moyens de pression.

Journaliste : Mais vous, donc, est-ce que vous allez les appuyer jusqu'à la fin si ça dure deux semaines?

M. Nadeau-Dubois : Bien là, je veux dire, à... Le droit de grève, au Québec, il est encadré légalement, c'est un droit légitime. Et, oui, on va les appuyer dans l'exercice de leurs moyens de pression à l'intérieur de ce cadre-là, bien sûr.

Journaliste : Concernant le hockey, si je peux me permettre, vous êtes un amateur de hockey notoire, vous, là, vous pensez que c'est quoi, les chances qu'il y ait une équipe de la LNH à Québec? M. Girard a dit tantôt que c'était de l'ordre de 10 %, oui.

M. Nadeau-Dubois : Donc, il parie 7 millions avec 10 % de chances de succès. Je ne sais pas, c'est censé être des comptables, ces gens-là, je trouve ça audacieux. Moi, dans mon cœur, là, j'aimerais ça, voir de mon vivant la rivalité Canadiens-Nordiques. J'aimerais ça, une équipe à Québec. On a déjà mis 400 millions de notre argent dans le Centre Vidéotron. Il me semble que, là, les fonds publics, dans ce dossier-là, ils ont fait leur part, là.

Les arguments de M. Girard sont pathétiques. Il a même dit, tantôt, je ne sais pas si vous l'avez capté, là, il a même dit : Oui, mais c'est les matchs à la fin du camp d'entraînement, ça fait qu'on va avoir un bon alignement, un alignement complet. Il a-tu parlé avec le coach pour s'assurer sur quelle ligne Philippe Danault allait jouer? C'est le coach qui décide qui qu'il y a dans le line-up, là, ce n'est pas le ministre des Finances du Québec. Je veux dire, je suis désolé, là, mais, je veux dire, c'est absurde. Puis je suis désolé, dire des affaires comme ça, là, c'est prendre les Québécois puis les Québécoises pour des valises. Puis, ustement, je ne suis pas le seul fan de hockey au Québec, ça fait que je suis pas le seul qui va entendre un ministre des Finances dire : Oui, oui, on va avoir un bon alignement. Voyons donc! Il a-tu mis ça dans son contrat? Je veux dire, c'est ridicule.

Journaliste : ...vous lui demandez de reculer, mais briser un contrat avec un promoteur puis la Ligue nationale de hockey qui est déjà signé, actuellement, ça pourrait coûter aussi des millions de dollars, ça. Donc, vous êtes prêt à payer des millions de fonds publics pour ça?

M. Nadeau-Dubois : Moi, je ne le connais pas, le contrat, ça fait que j'ai de la misère à répondre à votre question. Je ne le sais pas, c'est quoi qui est prévu, en cas d'annulation, mais, à un moment donné, là...

Journaliste : ...brise un contrat, il y a des pénalités, normalement, là.

M. Nadeau-Dubois : Parfois, puis parfois... je veux dire, chaque contrat est différent. Moi, je ne le sais pas, qu'est-ce qu'il y a dans le contrat, mais, je veux dire, à un moment donné, là, le gros bon sens a ses droits, là, puis c'est injustifiable. Puis c'est sûr que... J'entendais M. Girard dire : C'est juste 7 millions. Oui, oui, mais c'est un symbole qui est très fort. Pourquoi les gens réagissent autant si c'est juste 7 millions? Les gens, ils le savent, là, que ce n'est pas avec 7 millions qu'on va signer une nouvelle convention collective. Les Québécois, Québécoises, c'est des gens intelligents, ils savent ça.

Mais le symbole est insultant. Le symbole est insultant parce que ça reflète le dérèglement des valeurs de ce gouvernement-là. C'est comme si ce gouvernement-là n'avait plus de boussole de valeurs pour prendre des décisions. Ça a été approuvé en Conseil des ministres, ça veut dire qu'il n'y a pas un seul ministre, une seule ministre qui, autour de la table, a levé la main pour dire : Moi, j'ai des groupes communautaires, là, qui font la file, puis je leur dis non, puis là on va faire ça. Il n'y a personne qui a allumé autour de la table. J'avoue que ça me renverse.

Mme Massé : Oui, je voudrais juste compléter, parce que, moi aussi, ça me renverse. De l'autre main, tu as parlé des négociations du secteur public, moi, je vais parler du monde qui ont... le coût de la vie est tellement cher, qu'ils n'arrivent pas, même s'ils travaillent 40 heures semaine, 50 heures semaine, à remplir leurs paniers d'épicerie. Eux autres, là, et là je dirais à M. Girard, c'est juste 8 millions de plus qu'ils avaient besoin. M. Girard a décidé de ne pas le donner à cette étape-là. Alors, moi, c'est ça qui me choque. Quand on parle de dérèglement de valeurs, là, c'est là que je vois le dérèglement, la déconnexion du gouvernement qui fait : Ah! ça va être le fun, le hockey, on va soutenir financièrement, on va payer des lunchs à du monde qui, entre vous et moi, là, ne font pas la file des banques alimentaires et qui ne la feront pas pour le reste de leurs jours. Complètement déréglé.

Journaliste : Parlons des hausses de salaire des députés. Est-ce que Québec solidaire va accepter l'indexation?

M. Nadeau-Dubois : Bien, d'abord, la confusion de la CAQ, dans ce dossier-là, est totale, et son hypocrisie aussi. On a proposé, en commission parlementaire, de la suspendre, l'indexation, et la CAQ a battu notre proposition. Et ça, ce n'est pas il y a trois ans, c'est il y a quelques mois. Première chose. Donc, aujourd'hui, de toute évidence, paniquée face à l'état de l'opinion publique, la CAQ essaie d'improviser une solution. Il faut rappeler que cette indexation-là, elle existe à chaque année depuis très longtemps. Tout le printemps, le gouvernement, le premier ministre lui-même a répété sur toutes les tribunes : Les salaires des députés n'ont pas augmenté depuis des années. C'était faux. Nous, on s'évertuait à le répéter en disant : Bien, non, ils sont indexés à chaque année, nos salaires, donc il n'y a pas d'urgence de procéder à une explosion de 30 %.

Donc là, la CAQ vient d'allumer que leurs propres salaires sont indexés, je ne sais pas, ils avaient l'air de ne pas le savoir, et là ils improvisent une suspension juste pour la première année, si j'ai bien compris, de cette indexation-là, qui va être de... bon, ça va dépendre de l'entente du front commun, disons 10 %, 12 %, 13 %, 14 %, 15 %, mais ils vont garder le 30 % d'augmentation, le 30 000, 40 000, 50 000 d'augmentation. Je veux dire, il n'y a aucune cohérence là-dedans. Nous, on a toujours dit : C'est correct que les salaires des députés soient indexés. Ils le sont, on ne s'opposait pas à ce qu'il y ait une indexation progressive comme c'est le cas depuis des décennies. Par contre, le projet de loi qui vient faire exploser les salaires, ça, ça n'a pas de bon sens. Puis les membres du caucus solidaire ont annoncé ce qu'ils allaient faire avec la hausse

Journaliste : ...l'indexation puisque vous êtes d'accord avec l'indexation?

M. Nadeau-Dubois : On verra ce que la CAQ va faire. On ne sait même...

Journaliste : ...pas la même avec 30 % de plus puis 30 % de moins.

M. Nadeau-Dubois : Bien, ça ne s'applique pas sur le même montant. On verra, parce que, là, la CAQ ne nous dit même pas s'ils vont modifier ou pas la loi. Si la CAQ nous fait une proposition législative, on va l'examiner puis on va se positionner sur la modification législative. En ce moment, c'est tellement flou, la position du gouvernement lui-même, c'est tellement chaotique qu'on va attendre de voir leur proposition avant de se positionner.

Journaliste : ...juste une précision... bien, pas une précision, mais une question, en terminant, sur le livre de Mme Dorion, là. Vous n'étiez pas ici la semaine dernière, mais il y a comme une critique...

M. Nadeau-Dubois : Ce n'est pas parce que je ne voulais pas, c'est que ça ne siégeait pas.

Journaliste : Non, mais il y a comme une critique...

M. Nadeau-Dubois : Je serais venu tous les jours, sinon, répondre à vos questions. 

Journaliste : ...et là on la voyait par un ancien employé de l'aile parlementaire que, depuis quelque temps, vraiment, les décisions sont centralisées, que c'est difficile d'avoir des opinions divergentes de la vôtre, finalement. Est-ce que c'est une critique que vous entendez? Est-ce qu'il y a une certaine remise en question de votre part de ce côté-là? Puis, Mme Massé, j'aimerais ça vous entendre aussi, parce qu'on dit qu'il y a beaucoup de femmes qui ont quitté, des militantes, des employées, ce n'est pas précisé, mais est-ce que vous avez remarqué? Mais un ou l'autre, là, mais je veux vous entendre les deux.

Mme Massé : Bien, je vais... parce qu'il y a une question directe à Gabriel, je ne vais pas répondre pour lui, comme je n'accepterai jamais qu'il réponde pour moi. Bien sûr que la critique, à Québec solidaire, on l'accepte tout le temps, là. Je veux dire, c'est l'ADN de Québec solidaire depuis 17 ans, bientôt 18, parce que c'est de même qu'on grandit. Et, dans ce sens-là, pour moi, ce que je vois dans... et ce que j'entends dans les dernières semaines, c'est déjà des choses adressées, c'est déjà des choses qu'on tient à coeur, tu sais, améliorer les conditions de travail, améliorer l'expérience député, c'est essentiel. Puis moi, je vous rappellerais, dans les quatre ans où Catherine a été là, c'était moi, la cheffe parlementaire.

Journaliste : Est-ce que vous trouvez que votre rôle a été suffisamment, un peu, mis en valeur dans son livre? Il y en a qui disaient que vous étiez comme complètement accessoire.

Mme Massé : Bien, écoutez, je veux dire, le livre de Catherine, je ne vais pas réagir sur chacune des affaires qu'elle dit parce qu'elle en dit beaucoup. Mais ceci étant dit, c'est clair que c'est l'expérience de Catherine. Et aussi, ce que je tiens à dire, c'est, tu sais, je vois à quel point elle a été blessée par cette expérience-là, et ça, moi je ne voudrais jamais ça ni pour un membre de mon caucus ni pour aucun parlementaire. Alors, ça, ça me fait beaucoup de peine. Et, bien sûr, comme je l'ai dit, bien, je pense que Catherine n'était pas dans mes souliers, ça fait qu'elle ne sait pas comment tous les... comment je faisais mon travail, en fait, d'une certaine façon. Alors, mais je la laisse...

Journaliste : ...

Mme Massé : Pardon?

Journaliste : Pour vous, son livre, c'est un cri du cœur, parce que M. Nadeau-Dubois a répété ça la semaine passée, elle est blessée, vous dites qu'elle est blessée, donc elle a écrit ce livre-là parce qu'elle est blessée?

Mme Massé : Bien, écoutez, vous lui poserez les questions, le pourquoi elle a écrit ce livre-là, là.

Journaliste : ...vous avez dit?

Mme Massé : Bien, c'est l'impression que ça nous donne quand on lit le livre, là... bien, pas «c'est l'impression», je veux dire, elle est blessée. Pourquoi elle a écrit le livre, ça, je la laisse répondre pour elle-même. Mais oui, si vous l'avez lu...

Journaliste : ...vous lui avez dit qu'elle ne jouait pas dans l'orchestre? C'est ce qu'elle écrit aussi.

Mme Massé : Écoutez, je pense que Catherine a fait son travail de députée. Je pense que nous l'avons, je l'ai accompagnée personnellement, comme tous mes députés, parce que j'en étais la cheffe parlementaire, de cette première aile parlementaire de Québec solidaire. Et c'est clair que je n'ai pas réussi, puisqu'elle sort de là extrêmement blessée. Et ça, c'est triste.

Journaliste : Mais est-ce que vous vous sentez coupable comme Mme Labrie? Mme Labrie a dit qu'elle se sentait coupable quand elle avait lu le livre, est-ce que c'est votre cas?

Mme Massé : Coupable, non, parce que je... Comme je vous dis, on a mis, dans ce quatre ans là, sur pied une première aile parlementaire avec tout ce qu'on avait besoin comme processus, décisions à prendre, puis il y en a, là, dans la mise sur pied. Vous, vous voyez toujours le travail accompli, mais il y a beaucoup de job à faire derrière tout ça. Et de faire qu'autant... disons, là, je parle de l'époque, autant Catherine que Vincent Marissal trouvent leur place dans cette aile parlementaire là, j'avais travaillé pas pire à ça. Est-ce que je me sens coupable? Je me sens triste.

Journaliste : M. Nadeau-Dubois?

M. Nadeau-Dubois : Oui. Rappelez-moi, c'était quoi, le bout de la question pour moi parce qu'il y a eu plusieurs interactions.

Journaliste : Est-ce qu'il y a suffisamment de place à Québec solidaire pour exprimer des opinions divergentes aux vôtres? Puis, est-ce que ce sont des enjeux qui vous ont été rapportés par les employés actuels de Québec solidaire?

M. Nadeau-Dubois : Si vous... Bien, d'abord, tu sais, dans le cas de la lettre spécifique dont vous parlez, tu sais, moi j'ai lu, j'entends, je prends acte, mais on ne va pas traiter de questions de ressources humaines en point de presse.

Pour ce qui est de la place du débat à Québec solidaire, je pense que vous êtes parmi les mieux placés au Québec pour témoigner du fait qu'il y en a, du débat, à l'interne de Québec solidaire, il y en a beaucoup. Il y en a à chaque instance, puis il y a des instances souvent, il y a des propositions qui viennent de plein d'associations, il y a des propositions qui viennent de la direction du parti, elles sont parfois adoptées, elles sont parfois battues. Des fois, il m'est arrivé de gagner des votes en instance, il m'est arrivé d'en perdre aussi. On se fait parfois critiquer par nos membres en instance aussi, on est là, on écoute, on entend. Québec solidaire, comme toutes les formations politiques, n'est pas un parti parfait, mais dans la liste de nos défauts, le fait de ne pas avoir de débat, je pense que ça n'en fait pas partie. Suffit d'être témoin d'une instance du parti, je pense, pour voir qu'il y en a, du brassage d'idées à Québec solidaire.

Journaliste : Mr. Nadeau-Dubois, you made the comparison yourself earlier, and we heard it from the teachers on the picket lines this morning, they're asking for salary increases, in the meantime they see 5 to 7 million dollars going to the L.A. Kings. We heard Mr. Girard this morning say that it's just 5 million dollars, that that won't make… or break the negotiations in the public sector. What do you say to that argument?

M. Nadeau-Dubois : You know, Quebeckers are intelligent, they know that 5 million dollars would not solve all the problems of Québec. But they see the symbol and they see the chocking symbol of a government that has lost, completely lost track of its values, of what's important for Quebeckers. Quebeckers expect their government to help them with the housing crisis, with the cost-of-living crisis, with the climate crisis. They don't expect the Government to give $7 million to a multimillion hockey club. I mean, it's… the arguments of the Government are pathetic. It is impossible in the context to justify such a decision. And it's putting oil on the fire of the negotiations with the public sector workers. Imagine how insulted they feel? And they are… a number of them are wearing L.A. Kings jerseys this morning on their picket lines, because it's… the symbol is shocking and I would even like to say : If we… if you had asked me to invent a fictitious symbol or example of the disconnection of that Government, I would never have been able to invent such a clear example.

Journaliste : But do you not think that it's… Realistically, is it not too late for the Government at this point to come back?

M. Nadeau-Dubois : I don't know the specifics of the contract, but it's a decision that erodes the confidence of the public in the Government, and in our institutions. Imagine if you're someone who is going to a food bank, and the amount of food you receive in your basket is going down, because the food bank doesn't have enough money to buy stuff. And then you turn on the TV, and you see Mr. Girard saying : Oh! We have $7 million just lying around for the L.A. Kings to do two preseason games. Imagine how you feel. I am hurt by that decision, but I have a good salary, I don't struggle to do the grocery every day. Imagine if you're someone struggling. Imagine the insult. Such decisions are doing a lot of damage to our democracy.

Journaliste : Mr. Girard said that he would give the $8 million that the network of the food banks is missing. He justified his project and this 5 to 7 million subsidy because he needs to do something to bring back the Nordiques to Québec city. And then Legault added last week that Quebeckers in Québec city love hockey. So, don't you think it makes sense, all this?

M. Nadeau-Dubois :You know, Quebeckers love hockey, Quebeckers are in love with their national sport, personally, I do love a lot hockey, but they love something else even more, which is to have a society where people can eat if they work fulltime, a society where the people working for us in our schools, in our hospitals have good working conditions and can give good services to the population. The fact that François Legault seems to think that the love of hockey is superior to the love of those other things is a testament to the respect he gives to Quebeckers.

Journaliste : And… the statement Québec solidaire is making in asking the Auditor General to investigate this subsidy?

M. Nadeau-Dubois : Well, the decision in itself is unjustifiable. But the way the decision has been made is also very questionable. I mean, it's a fund that's supposed to help community organizations and small businesses, and it's used to sign a huge check to a multimillion-dollar hockey club. It… That money is not supposed to be used for that. It's a very, very disturbing news of that program, and the only tool we have to investigate that spending and the way the decision has been taken is the Auditor General.

Journaliste : How do you think the strikes should go, in your opinion?

M. Nadeau-Dubois : Well, that decision lies into the hands of the workers themselves. But what I see right now is that people are angry. I think they're more angry than ever before. Because the people in strike today, they go to the grocery and they see that with their paycheck, each time they go to the grocery, they have to do more and more difficult choices, because their salary is not following the cost of everything in Québec. So, of course, they strike and of course we are with them.

La Modératrice : Merci beaucoup.

M. Nadeau-Dubois : Merci beaucoup.

(Fin à 11 h 32)

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