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Point de presse de M. Alexandre Leduc, leader parlementaire du deuxième groupe d’opposition

Version finale

Le jeudi 30 novembre 2023, 11 h 26

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures vingt-six minutes)

M. Leduc : Bonjour, tout le monde. Je réagis aujourd'hui en lieu et place de mon collègue Vincent Marissal, toujours en rémission, sur le dossier de l'éthique, on a reçu, au début de la période des questions, le rapport de la commissaire à l'éthique sur Mme Duranceau, la ministre de l'Habitation, qui la blâme, qui ne donne pas de sanction, mais qui la blâme par rapport à la fameuse rencontre qu'elle avait eue avec une de ses amies en lien avec un dossier, une maison des aînés, elle avait facilité une rencontre avec la ministre des Aînés.

J'ai ici, donc, une liste de tous les rapports d'enquête concernant des ministres de la CAQ depuis leur arrivée au pouvoir en 2018. Je ne les ai pas comptés, ça doit pas mal être une dizaine. Certains d'entre eux, notamment ceux avec M. Fitzgibbon, font l'objet d'un blâme aussi, pas tous, bien sûr, mais ça démontre à quel point l'éthique, c'est un peu... ce n'est pas leur point fort, on va le dire comme ça, à la CAQ.

C'est drôle parce qu'aujourd'hui même, à la période des questions, M. Legault nous accusait, Québec solidaire et mon co-porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois, d'être à la solde des lobbys des syndicats à cause de la grève des profs, à cause de la grève du secteur public. Mais là ce qu'on montre, c'est qu'il y a une trop grande proximité ici, là, entre la ministre de l'Habitation et le milieu des courtiers immobiliers. Puis c'est dommage parce qu'on le voit dans le cadre du projet de loi n° 31, on voit que ce n'est pas un projet de loi qui a été construit avec les groupes communautaires, les associations de locataires, on voit que c'est un projet de loi qui manque des grands morceaux pour régler la crise du logement.

Puis là c'est intéressant parce qu'on vient de suspendre le projet de loi n° 31 pour se concentrer sur celui des municipalités. Donc, il y a encore un peu de temps pour essayer d'aller convaincre, peut-être, la ministre, qui vient de tirer vraiment, là, la dernière... qui vient de donner un dernier coup de hache dans la question de la cession de bail. Il reste quand même d'autres dossiers. Il reste le registre des loyers qu'on veut aborder avec elle. Il reste surtout la question des locataires aînés, là. Ça, je pense qu'on a une chance de la convaincre et de convaincre la CAQ.

Ça fait que ce que je veux, moi, envoyer comme message à Mme Duranceau puis à la CAQ, c'est : Écoutez-nous, élargissez vos horizons, écoutez les groupes communautaires, sortez de vos cercles plus personnels, du milieu des courtiers, courtières immobilières. Il faut aller voir sur le terrain ce que les gens disent. Ce n'est pas un mal en soi, hein, d'être une ancienne courtière immobilière, d'avoir des amis dans le milieu, ce n'est pas un mal en soi, c'est juste qu'il faut élargir ses horizons. On est la ministre de tout le monde, pas juste d'un secteur. Il faut qu'elle le démontre. Elle a... Il lui reste une occasion de le faire la semaine prochaine, lorsqu'on retournera à l'étude détaillée du projet de loi n° 31.

Journaliste : Est-ce que vous estimez qu'un rapport comme celui-là, sans sanction, ça manque un petit peu de mordant?

M. Leduc : La commissaire à l'éthique réclame en ce moment, hein, d'avoir un petit peu plus de... comment je dirais ça, un plus grand éventail d'interventions. Pas plus tard qu'hier, on discutait, au salon bleu, là, de son rapport qui datait de 2019, d'ailleurs. Nous, on est en faveur de pouvoir donner un peu plus de registre, à la ministre, de sanctions. Elle le sait bien... La ministre... La commissaire, pardon. Elle sait bien, la commissaire, qu'une sanction, c'est comme un peu l'espèce d'arme nucléaire que tu dois utiliser avec parcimonie, qui, de toute façon, doit être ratifiée par la Chambre. Alors, c'est toujours un peu délicat, bien sûr, quand on blâme un ministre du gouvernement à ce que les autres gens de son parti vont voter pour le blâme et la sanction. Donc, elle revendiquait une plus grande... une plus grande variation, des nuances dans ses interventions. On était d'accord avec ça.

Journaliste : Est-ce que la ministre peut plaider la naïveté? Je vais mettre entre guillemets. Elle dit... Elle dit : C'est un réflexe de mon époque où j'étais aux affaires de rencontrer quelqu'un comme ça, je n'avais pas réalisé, disons, le conflit d'intérêts dans lequel je me plaçais. Est-ce qu'on peut plaider que, bien, écoutez, je venais d'arriver puis, dans le fond, je n'avais pas réalisé ce que je faisais?

M. Leduc : Bien, c'est ce qu'elle plaide elle-même, puis la commissaire l'entend, en tout cas, là, lui dit : C'est normal quand on commence, tout ça. Puis, encore une fois, moi, j'insiste, là, on a le droit de venir du milieu des affaires puis faire de la politique puis on a le droit d'avoir des connaissances dans le milieu des affaires. Ce n'est pas ça, en soi, le problème. Moi, je viens du milieu syndical, j'ai des connaissances dans le milieu syndical. Ça ne fait pas de moi un... une marionnette du milieu syndical, comme le laissait peut-être entendre le premier ministre aujourd'hui. La question, c'est d'élargir ses horizons, d'aller voir ailleurs, de faire des contacts et surtout de s'assurer, en particulier quand on est ministre, qu'on a pouvoir, qu'on peut ouvrir des portes que ce n'est pas toutes les personnes ici, dans ce parlement-là, peuvent ouvrir, de garder la distance.

Journaliste : ...ce qu'elle faisait, qu'elle se plaçait en conflit d'intérêts. Parce que là c'est ce qu'elle dit. Elle dit : Dans le fond, je n'avais pas réalisé, un peu, ce que je faisais. Est-ce qu'on peut prétendre à cette naïveté-là quand on est ministre et qu'on a, si je me souviens bien, une formation aussi en éthique quand on arrive comme député?

M. Leduc : Oui, la formation devrait être obligatoire, elle devrait être pluriannuelle, là, revenir une fois par année. C'est entre autres une des choses que la commissaire réclamait avec laquelle on est d'accord.

Après ça, la ministre plaide ce truc-là, puis c'est correct, c'est dans l'ordre des choses. Moi, ce que je veux surtout qu'elle retienne comme message, Mme Duranceau, c'est qu'elle doit vraiment travailler pour tout le monde. Elle ne peut pas que prendre sa source d'information, sa source d'inspiration que de son ancien milieu des courtières immobilières. Il faut qu'elle entende les groupes. Elle ne les entend pas suffisamment. Ça transparaît dans son projet de loi n° 31. Ça transparaît dans sa façon de ne pas accepter beaucoup d'amendements qu'on lui dépose. Et elle a encore l'occasion de se corriger pour la suite des choses.

Journaliste : ...la question, c'est un peu : Est-ce que vous la croyez quand elle donne cette excuse-là?

M. Leduc : Si je la crois... Que je la croie ou que je ne la croie pas, honnêtement, ça ne change pas grand-chose. Moi, je veux vraiment qu'il y ait des changements de fond dans ce dossier-là, pour vrai, là. Tu sais, au-delà de la personne, on veut des changements de fond dans la crise du logement. Mme Durançon ne s'est pas... Mme Duranceau, pardon, ne s'est pas montrée à la hauteur de la situation jusqu'à ce moment-ci sur le projet de loi n° 31. Ce n'est pas terminé. Il lui reste des occasions de faire amende honorable sur le fond, le fond des choses, et c'est ce que je souhaite.

Journaliste : Bien, je vous entends, mais c'est un peu comme si vous disiez : Malgré l'enquête, malgré le blâme, encore aujourd'hui, on sent qu'elle est à la solde des propriétaires et de ses anciens amis, là. C'est un peu ce que vous suggérez à...

M. Leduc : La proximité idéologique, elle est patente, entendez-moi bien. La proximité idéologique entre ce qu'elle dit au salon bleu, les arguments qu'elle utilise, sa désinvolture par rapport à la cession de bail, c'est hallucinant, là, c'est... Je veux dire, on questionne sa compréhension de la réalité.

Quand Manon Massé disait, là : Je l'ai vécu, moi, la cession de bail. Bien, moi aussi, dans ma vie personnelle, j'ai fait ça, des cessions de bail. C'est un instrument important. Tu sais, ce n'est pas ça... Quand elle dit : Ah, mais c'est parce que l'opposition dit que ce n'est pas ça qui va régler la crise du logement. On le sait que ce n'est pas ça qui va régler la crise du logement. Voyons donc! On le sait très bien. C'est quand même un instrument important pour le pauvre monde qui, des fois, a de la misère à arriver puis que la cession de bail, quand on connaît son utilisation, quand on a eu le réflexe et/ou la chance de connaître un groupe communautaire dans son quartier qui fait de l'aide au logement, bien, on en bénéficie, puis ça garde, pour certaines personnes, la tête en dehors de l'eau. Ça fait que sa désinvolture par rapport à ça, ça montre sa proximité idéologique avec le milieu.

Journaliste : Maintenant que cette bataille-là, disons, est perdue sur la cession de bail, pour vous, est-ce que vous vous attendez à une hausse des prix des loyers importante dans les prochaines années?

M. Leduc : Bien, la hausse des prix des loyers, elle est là déjà. La cession...

Journaliste : ...permettait de garder les prix, disons, stables.

M. Leduc : Écoutez, c'est quoi la proportion... c'est quoi la portion des hausses de loyer qui était ou pas reliée à la cession de bail? Je pense que personne ne serait capable de vous mettre un chiffre exact sur ça. C'était, par contre, dans des cas individuels, des cas de comté qu'on reçoit parfois au bureau, un instrument important. Manon Massé l'a expliqué, elle n'aurait jamais été capable de survivre économiquement si elle n'avait pas eu ça il y a quelques années, alors qu'elle n'était pas députée avant, bien sûr. Donc, ça, ces histoires-là, je les entends souvent. Est-ce que dans l'aspect macro de la chose, je peux vous mettre un pourcentage du chiffre? Je ne serais pas capable de vous dire ça aujourd'hui.

Journaliste : ...mais pour ces cas-là, vous vous attendez à ce que, pour les gens qui ont réussi à garder les prix assez bas, on fasse exploser le prix de ces loyers-là qui était contrôlé...

M. Leduc : C'est certain, c'est certain. Moi, des histoires d'horreur, j'en ai à la pelletée. Les évictions, c'est un autre dossier. Aussi, quand un loyer est ouvert, c'est terrible, là, les files d'attente. J'ai entendu des histoires où est-ce que des citoyens de chez nous débarquent avec une bouteille d'alcool pour essayer d'acheter de facto le proprio, puis signe-moi tout de suite, tout de suite. On vous a soumis... il y a une histoire il y a quelques mois, de quelqu'un dans Hochelaga-Maisonneuve qui était en train de signer son bail puis, en direct, le proprio a dit : Oupelaïe! c'est rendu 200 $ plus cher parce que j'ai des offres qui rentrent. Je veux dire, des histoires d'horreur comme ça, on en a à la pelletée.

La Modératrice : Merci, tout le monde.

M. Leduc : Aïe! Merci. Bonne journée.

(Fin à 11 h 33)

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