Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier
Version finale
Le mardi 12 juin 2012, 13 h 35
Salle Bernard-Lalonde (1.131),
hôtel du Parlement
(Treize heures trente-cinq minutes)
M. Khadir: Bonjour, tout le monde. Vous savez que nous avons convoqué, Québec solidaire a convoqué cette conférence de presse pour annoncer le dépôt en Chambre aujourd'hui d'un projet de loi de Québec solidaire qui vise à instituer Pharma Québec, une société publique d'achats groupés, de production de génériques et aussi de développement, de recherche et d'innovation en matière pharmaceutique. Pharma Québec fait partie d'un ensemble, c'est-à-dire une politique pharmaceutique publique qui repose sur deux grands axes, deux pièces maîtresses: Pharma Québec et aussi le régime d'assurance médicaments universel.
Mais je comprends qu'avec les événements des derniers jours et la une du Journal de Québec bien des gens d'abord veulent avoir quelques informations sur ce que ça peut bien représenter. Comme je l'ai dit dans l'entrevue que j'ai donnée à un journaliste du Journal de Montréal, l'affiche que vous voyez ici n'est rien d'autre qu'une parodie faite par un groupe de musique, une parodie, en fait, assez semblable à une autre parodie qui est parue dans le même journal, je pense, la veille. Et il s'agit là... Je pense que je l'ai oublié. Ah, non! Il est ici. Une autre parodie, produite cette fois-ci non pas par un groupe de musique mais par un ancien ministre du PQ, M. Joseph Facal, chroniqueur réputé du Journal de Montréal. Cette parodie-là s'appelle Le Maître du monde, où on me décrit cette fois-ci comme un grand dictateur qui ne cherche qu'à emprisonner et assassiner tout le monde. Alors, d'une parodie à l'autre... Oui, cette parodie de M. Facal choque plusieurs, cette parodie du groupe Mise en demeure en choque d'autres, mais je pense qu'en démocratie les artistes, les chroniqueurs ont leur droit à leur liberté d'expression.
Cependant, il y a une chose qui n'est pas une parodie, et ça, c'est la pure fabrication du Journal de Québec qui dit que Khadir est armé et que M. Charest est mort. Or, à ma connaissance, M. Charest est bien en vie, et je souhaite qu'il le demeure très longtemps. Et je rappelle que Québec solidaire est un parti pacifiste, est un parti féministe, est un parti qui veut la justice sociale, et l'honnêteté, et la transparence dans la gestion des affaires publiques. Moi, ce que je souhaite à M. Charest, c'est qu'il perde ses élections. C'est la seule chose que je lui souhaite. L'autre chose que le Québec peut souhaiter, c'est que le gouvernement de M. Charest, en commission Charbonneau, réponde de tous ses actes, ses accointances illégitimes, illégales avec le milieu des affaires et ses accointances avec la mafia. C'est tout.
Maintenant, pourquoi Québec solidaire est bousculé? Pourquoi il y a des tentatives d'intimidation de cette sorte dans différents milieux? On peut avoir toutes sortes de suppositions, mais il est certain que la détermination de Québec solidaire, dans son appui au mouvement étudiant, n'en sera pas ébranlée. Qu'on m'arrête, moi, qu'on arrête ma fille, qu'on fasse des titres comme ça, pour lesquels nous allons poursuivre - enfin, on est en train d'envisager une poursuite contre le Journal de Québec - ça ne nous empêchera pas de parler à voix haute en faveur du mouvement étudiant, en faveur du mouvement populaire qui conteste la légitimité du mouvement Charest et surtout en matière... en faveur d'une saine gestion des deniers publics.
Et c'est pour ça que je veux vous rappeler... je veux vous parler de ce projet de loi qui vise ni plus ni moins à doter le Québec des capacités pour aller chercher 2 milliards d'économie en matière de coût des médicaments. Vous savez, le Québec peut épargner ces 2 milliards en instaurant simplement un régime public d'assurance médicaments universel qui n'est pas autre chose que d'étendre ce qu'on a déjà pour 40 % de la population, de se donner, donc, la force et le levier de négocier plutôt qu'au nom de 3 millions de personnes, de plutôt de 8 millions de personnes. Donc, un régime d'assurance médicaments universel comme le souhaite d'ailleurs l'Union des consommateurs, mais aussi en instituant Pharma Québec pour l'achat groupé de nos médicaments, pour faire exactement ce que la Nouvelle-Zélande fait depuis des années, qui a permis à la Nouvelle-Zélande de réduire le coût de ses médicaments de deux tiers, de 65 %, mais aussi quelque chose que fait la Colombie-Britannique, quelque chose fait aussi que l'Ontario.
Donc, Québec solidaire, par le dépôt de son projet de loi... puis il y a un document qui l'accompagne, une espèce de livre vert qu'on soumet pour débat, Pour une politique pharmaceutique publique pour le Québec, on veut attirer l'attention de la population sur cette possibilité pour le Québec de rompre avec une politique industrielle instituée par le Parti québécois à la fin des années quatre-vingt-dix, qui avait tellement plein de promesses, mais qui, aujourd'hui, est un échec lamentable, un échec tellement retentissant que le Globe and Mail, la semaine dernière, demandait des comptes à Russell Williams, le ministre libéral qui... enfin, le ministre délégué qui, sous Philippe Couillard, a finalisé les dernières retouches de la politique industrielle du Québec en matière de médicaments.
Ce que le Globe and Mail reproche, c'est le même reproche que Nicolas Sarkozy faisait à l'industrie pharmaceutique en France, dans le rapport Debré, l'année passée. C'est le même reproche que le président Obama a fait en janvier 2011 en investissant de l'argent de l'État pour la recherche et le développement. C'est que l'industrie pharmaceutique ne fait plus que du profit, ne fait pas vraiment de recherche et développement majeurs. Il n'y a qu'une infime portion de ses budgets qui va en recherche et développement.
Nous disons que le Québec doit, comme les États-Unis, comme la France, comme l'Ontario, comme la Nouvelle-Zélande, comme la Colombie-Britannique, tabler sur les meilleures pratiques en 2012, et, les meilleures pratiques, c'est d'avoir une indépendance vis-à-vis des multinationales pour la recherche et le développement. Et surtout les États doivent chercher à mieux maîtriser les coûts pour l'acquisition des médicaments en négociant avec énergie et avec force et en ne tombant pas dans le panneau et les promesses non tenues de l'industrie pharmaceutique. Merci de votre attention.
M. Chouinard (Tommy): J'ai une question au sujet des partielles: Êtes-vous déçu, là, des...
M. Khadir: Pourrions-nous attendre un peu, poser une question, vider...
M. Plouffe (Robert): Sur la politique du médicament - allons-y puisque c'est votre anniversaire, on peut vous faire cette faveur-là - est-ce que vous pouvez me dire pourquoi le Québec n'est pas encore doté de ce... Dans le fond, ce que vous nous présentez aujourd'hui, cette politique, c'est le gros bon sens, selon vos propos, non? Pourquoi on n'a pas encore... C'est parce que ça coûterait plus cher?
M. Khadir: M. Plouffe, vous ne faites pas une faveur à Québec Solidaire en posant cette question, mais une faveur à la population du Québec. Depuis 1998... En 1998, quand cette politique a été instaurée, c'est-à-dire le régime d'assurance médicaments général, 40 % de la population, les plus hauts à risque, couverts par l'État, par l'argent du public, les 60 autres % qui travaillent sont en âge de travailler en santé et qui peuvent surtout cotiser et solvables, on les refile aux assureurs privés. Ça a coûté 950 millions entre... la première année, en 1998; aujourd'hui, ça coûte 3,4 milliards.
Si on fait juste les économies pratiquées par les autres provinces en matière de fixation des prix des médicaments, dans les comparables, nous démontrons - vous allez le voir en tableaux, ça a été distribué, et, ici, il y a un exergue - nous pouvons aller chercher des économies de 700 millions à 1,9 milliard de dollars. Donc, de 700 millions à 2 milliards de dollars d'économies sont à notre disposition.
Pourquoi ça n'a pas été fait? Parce que nous avons deux gouvernements successifs qui ont été complètement subjugués par le lobby excessivement puissant de l'industrie pharmaceutique, qui est un des lobbys les plus puissants. Il suffit de voir le film de Michael Moore pour les États-Unis, il suffit de voir le film de Paul Arcand un Québec sur ordonnance pour comprendre la puissance de l'industrie pharmaceutique, son lobby au Québec. Ces lobbys ont obtenu des avantages absolument faramineux de différents gouvernements qu'il est inutile de continuer, parce que les promesses qui accompagnaient ces avantages n'ont pas été tenues. Il y a un déclin constant non seulement de l'innovation, mais on a perdu tout près de 3 000 emplois au cours des trois à quatre dernières années, au cours de ces dernières années... de l'industrie pharmaceutique.
Donc, nous disons qu'il est... peut-être que ça a été fait en toute bonne foi. Moi, je ne suis pas de cet avis, moi, je pense qu'il y a une intention, disons, une intention illégale, frauduleuse de la part, par exemple, de Russell Williams quand, en 2010, il écrit au gouvernement ontarien pour insister pour que le gouvernement ontarien garde secrète l'entente conclue depuis 2006, une entente qui aurait... accord qui, s'il avait été dévoilé au Québec, aurait entraîné des milliards de dollars de rabais dans le prix des médicaments.
Mais, quoi qu'il en soit, on peut donner... on peut estimer que ça a été de bonne foi de la part des gouvernements. La réalité, c'est que c'est en pure perte, on fait du gaspillage des deniers publics. Il faut tabler sur les meilleures pratiques qui existent à travers le monde.
M. Corbeil (Michel): Croyez-vous qu'il y a une espèce de collusion, c'est-à-dire, M. Williams, qui a été un ancien député...
M. Khadir: Non, c'est le...
M. Corbeil (Michel): ...à l'industrie qui fait les deux, là, tu sais?
M. Khadir: Bien, c'est-à-dire que c'est... Les mécanismes par lesquels les milieux d'affaires obtiennent de l'influence dans les décisions, ce n'est pas nécessairement des enveloppes brunes ou de la collusion comme on l'appelle, comme on peut le voir dans l'industrie dans la construction. Ça peut être aussi des parachutes dorés. Alors, je vous rappelle que M. Russell Williams finit les dernières retouches à la politique du médicament durant l'hiver 2004. Au début du mois de mai, il donne sa démission comme député de Nelligan. Avant la fin du mois mai, il est nommé P.D.G. de Rx & D qui est le lobby d'à peu près 50 entreprises de production pharmaceutique innovantes au Canada. Tirez-en les conclusions que vous voulez, mais, dans le film de Paul Arcand, on trouve ça très, très, très questionnable.
M. Robitaille (Antoine): Est-ce que vous n'avez pas déjà été obligé de vous excuser à son égard pour des propos semblables?
M. Khadir: Bien, c'était parce que je l'avais traité d'escroc. Alors, je dis, bon, il n'est peut-être pas escroc, mais l'industrie pharmaceutique s'adonne à l'escroquerie. Et d'ailleurs on le trouve maintenant dans les documents du rapport Debré, rapport Debré. Pr Debré, qui est un médecin et député de l'UMP, qui a été député, donc, de Sarkozy en France, avec un autre médecin dont j'oublie le nom, ont produit un rapport qui, ni plus ni moins, reprend mes propos par rapport à l'industrie pharmaceutique.
M. Corbeil (Michel): Mais vous partagez le qualificatif de frauduleux que lui accole...
M. Khadir: Bien, c'est une... je pense qu'au sens de la loi c'est une fraude parce que, M. Russell Williams, c'est lui-même qui était au courant de la politique du médicament dont le seul avantage au Québec est la clause-remorque, ce qu'on appelle la clause-remorque. C'est que l'industrie, en retour de tous les avantages absolument exagérés qu'on donnait à l'industrie, s'engageait à donner au Québec le meilleur prix offert ailleurs au Canada. Or, la première chose que fait M. Russell Williams, en 2006, alors que, lui-même, il connaissait très bien la loi au Québec, il négociait avec l'Ontario une entente secrète pour donner à l'Ontario des rabais qu'il ne dévoile pas au Québec. Comment vous appelez ça, si ce n'est pas...
M. Robitaille (Antoine): Du fligne-flagne?
M. Khadir: Ah! Fligne-flagne. D'accord. C'est sans doute le genre de patente à gosses que l'industrie pharmaceutique est capable de défendre sur la place publique, mais, pour nous, c'est un manque grave à l'éthique d'administration publique. M. Russell Williams, ce n'est pas parce qu'il est allé au service de Rx & D que tout devoir antérieur, en vertu de ses responsabilités comme député, lui est enlevé. Il a quand même des responsabilités. Il a donné sa parole, lorsqu'il était député, et, je pense, sur le plan, à tout le moins, éthique de travail, éthique industrielle, responsabilité publique, il avait le devoir de ne pas être déloyal au Québec lorsqu'il a négocié avec l'Ontario.
M. Ouellet (Martin): Peut-être qu'il trouvait ça légitime?
M. Khadir: Bien, c'est à nous à juger, à ce moment-là, en société. Aujourd'hui, ça serait tout à fait... au regard de la loi d'aujourd'hui, de ce qu'on a institué dans la loi qu'on a introduit en 2009, ça serait condamnable devant la loi aujourd'hui.
M. Plouffe (Robert): ...est-ce que les gens n'ont pas jugé, justement, lors des élections complémentaires d'Argenteuil et de L'Assomption... Et vous avez ramassé très peu de voix. Est-ce que les gens n'ont pas déjà fait un jugement envers votre parti, M. Khadir?
M. Khadir: Est-ce que ça veut dire que c'est sur Pharma Québec qu'ils ont porté un jugement?
M. Plouffe (Robert): Vous parlez de juger. Oui, on juge de vos idées et on juge...
M. Khadir: Non, non, mais les gens ont aussi surtout jugé du gouvernement Charest. Maintenant, est-ce que tout le monde connaît... nous reconnaît comme une alternative susceptible de déloger M. Charest, ça, c'est la question. Ça, ça peut expliquer bien des comportements électoraux.
M. Chouinard (Tommy): Mais les résultats de votre parti aux partielles d'hier, vous les trouvez comment?
M. Khadir: Bien, c'est ce que je suis en train de vous dire.
M. Chouinard (Tommy): Vous les trouvez comment?
M. Khadir: C'est que la... tant et aussi longtemps qu'on aura un mode de scrutin aussi, disons, qui a introduit autant de distorsion, on ne pourra pas vraiment en tirer des conclusions autres que les gens sont allés voter pour le parti qui était susceptible de débarquer M. Charest.
M. Chouinard (Tommy): Et, ça, c'est correct ou pas?
M. Khadir: Non, ce n'est pas correct. Ce n'est pas un régime politique adéquat. C'est un vieux régime qui ne permet pas d'avoir... C'est pour ça que je ne suis pas capable de vous répondre, et, vous, vous n'êtes pas capables d'affirmer quoi que ce soit. Dans le régime actuel, il n'y a pas moyen vraiment de manifester son opposition autrement que pour voter pour l'autre parti qui est susceptible de gagner contre celui qu'on veut sanctionner.
Autrement dit, bien des gens ont pu voter pour le Parti québécois sans être tout à fait d'accord avec la plateforme du Parti québécois. Bien des solidaires ont pu voter pour le Parti québécois dans cette élection-là avec l'illusion que ça règle quelque chose en faisant juste l'alternance.
Je vous rappelle que ces politiques aujourd'hui, là, du médicament et du régime d'assurance médicaments qu'on a ont été débutées par le Parti québécois. Le 2 milliards de dollars qu'on perd aujourd'hui, bon... Mais ça, les gens ne le savent peut-être pas assez. On est là pour ça.
Mme Biron (Martine): ...une élection générale?
M. Khadir: Bien, oui, malheureusement. Malheureusement, le vote utile, que j'appelle parfois le vote futile, existe malheureusement. Bien que je n'ai pas... je ne l'encourage pas, bien que je trouve que c'est vraiment en pure perte parce qu'on ne construirait jamais rien de durable avec ça, s'exerce à cause du régime de scrutin, du mode de scrutin actuel.
M. Chouinard (Tommy): Vous vous étiez réjoui, M. Khadir, des résultats de l'élection partielle précédente, quand votre parti avait gagné des points. Mais là...
M. Khadir: Oui, parce qu'on avait fait une campagne énergique.
M. Chouinard (Tommy): ...des points puis qui a fait moins que le Parti vert...
M. Khadir: Bien, on a fait... c'est parce qu'on n'a pas fait de campagne, on était occupés à d'autre chose. On a les élections générales à préparer, mais, dans tous les deux cas, nous sommes le seul parti à avoir doublé ou triplé nos résultats, si vous voulez le savoir.
M. Robitaille (Antoine): 34 voix, quand même.
M. Khadir: Bien, écoutez, c'est... bien, ça... regardez, si on doit parler chiffres et pourcentages, c'est ça la réalité. Nous sommes le seul parti à avoir doublé ou triplé nos résultats. Dans les deux cas, nous n'avons pratiquement fait aucune campagne. Dans Bonaventure, nous avions fait campagne.
Je suis assez assuré que la population québécoise voit de plus en plus d'un oeil très, très favorable les propositions politiques que Québec solidaire met de l'avant. Québec solidaire est perçu comme un parti de l'intégrité, est perçu comme un parti qui se soucie des gens ordinaires et qui se soucie des deniers publics. Québec solidaire est perçu comme un parti qui défend la justice sociale.
Avec le temps, les gens vont réaliser que le seul parti qui va véritablement changer le cours des choses, hein, mettre fin à cette situation qui crée le ras-le-bol généralisé où le 99 % a, à juste titre, l'impression qu'il est dépossédé par le 1 %, le seul parti qui est capable de renverser cette ordre des choses, c'est Québec solidaire.
M. Plouffe (Robert): M. Khadir, avec respect, si vous voulez bien, j'aimerais ça comprendre. Vous dites que les gens ne perçoivent pas encore assez votre parti comme une alternative. C'est ça?
M. Khadir: Mais non, parce qu'on est faibles, on est... Oui, on est encore un petit parti, on est à nos débuts. Rappelons-nous, on a affaire au Parti québécois qui a 40 ans et deux gouvernements dans le corps, un parti qui est sorti de la fesse gauche, mettons, du Parti libéral. On a affaire, de l'autre côté, à...
M. Robitaille (Antoine): Cuisse.
M. Khadir: À la cuisse, d'accord. C'est plus raisonnable. De la cuisse gauche. On a parti de l'ADQ... On a affaire à l'Action démocratique du Québec, qui s'est transformée pour devenir la CAQ aujourd'hui, qui est sortie de la fesse droite du Parti libéral, avec énormément, avec énormément d'appuis venant de différents milieux d'affaires, de l'argent facile à leur disposition, une sympathie certaine, je dirais, dans les équipes éditoriales de grands réseaux d'information. Alors, tout ça fait en sorte...
Journaliste: M. Khadir...
M. Khadir: Bien oui, mais ces plumes qui donnent l'opinion de leurs journaux, et de leurs radios, et de leurs télévisions sont relativement favorables à M. François Legault, à Mme Marois et à M. Charest par rapport à nous qui sommes perçus comme des méchants et qui sommes décrits comme le bras armé d'une révolution.
M. Plouffe (Robert): Les connaissez-vous, Mise en demeure, monsieur, puisque vous brandissez le... Est-ce que vous connaissez le groupe Mise en demeure, là, qui a fait cette
M. Khadir: J'ai déjà entendu leur nom, j'ai déjà écouté quelques-unes de leur musique mais je n'en ai pas un souvenir très clair. C'est surtout un groupe que connaissent mes filles.
M. Plouffe (Robert): Oui. Alors, c'est vos filles qui l'ont mis sur la table, sous...
M. Khadir: C'est ma grande fille qui a acheté le poster il y a plus d'un an et demi, je crois, ça. Ça doit faire deux ans. Ça date... hein, vous comprenez que tout ça date bien avant de tous ces débats qu'on a aujourd'hui alentour du mouvement étudiant.
Journaliste: Vous dites que vous envisagez une poursuite contre Québecor, M. Khadir?
M. Khadir: Madame, oui. Vous prenez des questions...
M. Ouellet (Martin): Vous dites que vous ne faites pas le poids au niveau de la couverture.
M. Khadir: Est-ce que j'ai dit ça?
M. Ouellet (Martin): Non, non, au niveau de la couverture médiatique, mais ce n'est pas vrai. On vous voit quotidiennement à la télé, vous êtes...
M. Khadir: De manière favorable?
M. Ouellet (Martin): On vous voit. On vous voit. On vous voit.
M. Khadir: Oui, oui, oui. Mais je...
M. Ouellet (Martin): Vous êtes sur toutes les tribunes et là vous nous dites: Bien là, écoutez, c'est parce que nous, là, ça ne fait pas si longtemps que ça qu'on est une parti politique.
M. Khadir: Cher M. Ouellet, je compare ça aux sondages qui sont faits avec des questions - on pourrait en discuter, là - excessivement complaisantes en faveur de François Legault, il y a déjà un an et demi dans le même empire médiatique dont on parle aujourd'hui, et je ne le reproche pas. Ils ont le droit, hein? C'est des gens très riches, alors la famille Desmarais, la famille Péladeau, c'est des gens riches avec des moyens à leur disposition. Ils ont des opinions, ils veulent que notre société, par exemple, ait moins de syndicats, moins de droits sociaux. L'environnement, la justice économique ne les intéressent pas. Eux autres, c'est la compétitivité et surtout le bénéfice de leur entreprise.
Ils ont donc le droit de défendre des propositions politiques, de mettre en avant M. Legault ou M. Charest. C'est leur droit puis c'est mon droit de les critiquer et de dire: C'est comme ça que ça se passe.
M. Ouellet (Martin): M. Legault dit la même chose que vous, hein, il dit qu'il manque de notoriété aussi, qu'il est victime...
M. Khadir: À vous de juger.
Mme Biron (Martine): Vous avez dit: J'envisage une poursuite contre Québecor. Est-ce que c'est du sérieux et pourquoi?
M. Khadir: Bien, parce que c'est une pure fabrication. Est-ce que vous m'avez déjà vu armé?
Mme Biron (Martine): Est-ce que vous avez l'impression... on vous cherche?
M. Khadir: Est-ce que vous avez déjà... Je demande au public et aux journalistes: Est-ce que vous avez déjà vu Québec solidaire faire la proposition de la lutte armée ou la révolution?
M. Plouffe (Robert): Sur la photo, vous avez...
M. Khadir: La lutte armée, c'était... Un instant. L'arme, là, au poing, ça date de la Révolution française. L'arme au poing, c'est notre drapeau des Patriotes, mais c'est tous des événements politiques d'une autre époque. Québec solidaire est un parti pacifiste, est un parti féministe. Alors, quand un journal titre comme ça, écoutez, c'est de la fabrication. Ce n'est plus... C'est une tentative...
M. Lavallée (Jean-Luc): Il y a le titre en haut aussi qui explique bien, quand même, le contexte, là, écoutez...
Mme Biron (Martine): Allez-vous poursuivre? La question, c'est ça: Est-ce que vous allez poursuivre...
M. Khadir: Oui. Bien, j'ai été informé par la direction de Québec solidaire, par notre permanence, qu'ils ont consulté des avocats pour engager une poursuite.
M. Robillard (Alexandre): Est-ce que vous pensez que, quoi, ils ne sont pas capables de voir que c'est un pastiche ou... dans la forme que ça prend ou...
M. Khadir: Qu'est-ce qui est le pastiche?
M. Robillard (Alexandre): Bien, le pastiche... c'est l'oeuvre de Delacroix.
M. Lavallée (Jean-Luc): Ce n'est pas sur l'original.
M. Khadir: Non, mais attendez. Khadir armé, Charest mort, ça, ce n'est pas un pastiche. Le pastiche, c'est l'article, par exemple, de M. Facal où il décrit un rêve ou, enfin, un cauchemar qu'il a eu, puis là il m'associe à certains personnages de l'histoire, Mao plutôt que Gandhi, des choses comme ça. Ça, c'est un pastiche, puis ça, c'est très... Moi, je n'ai aucun problème avec ça, j'en ris même un peu. Ça appartient à M. Facal.
M. Robillard (Alexandre): Mais pourquoi vous pensez que les gens ne sont pas capables de comprendre que c'est un pastiche?
M. Khadir: Oui. Les gens sont capables de comprendre le mensonge aussi mais ce n'est pas une raison de ne pas poursuivre le mensonge.
M. Plouffe (Robert): Sur l'article de M. Facal, est-ce que vous craignez quand même que ça exacerbe certaines personnes qui justement sont peut-être moins capables... M. Bolduc disait aujourd'hui, «les gens qui sont moins capables de faire les nuances», là. Est-ce que vous craignez... là, semble-t-il, que même votre origine ethnique est en train d'être soulevée par certaines personnes, puis: Retournez dans votre pays, puis etc. Est-ce qu'il n'y a pas un danger présentement de glissement dans ce...
M. Khadir: Ce danger existe dans toutes les sociétés. Moi, je pense que les problèmes de jugement qui peuvent se porter sont surtout par manque d'information, mais il y a des tentatives certainement. On ne fait pas les choses de manière anodine, d'une part comme de l'autre, hein? Bon, ceci étant dit, moi, je crois que le Québec est assez bien doté quand même pour ne pas que ça ait un impact majeur sur des équilibres politiques et sociaux et je suis fier de ce Québec-là.
M. Lavallée (Jean-Luc): M. Khadir, vous dites c'est une parodie. Est-ce que vous trouvez ça drôle, la photo? Est-ce que vous la trouvez drôle?
M. Khadir: La photo. Quelle photo?
M. Lavallée (Jean-Luc): Non, mais celle-ci qui est à la une du journal
M. Khadir: Vous voulez dire le... Oui, je le trouve très drôle comme je trouve très drôle, par exemple, certaines choses qui ont été écrites sur moi dans un livre qui est paru récemment. C'est notre droit de... Comme les caricatures qui montrent constamment M. Charest, Mme Marois, M. Harper dans toutes sortes de positions inconfortables, parfois comme une statue complètement en ruines ou en pièces. On ne s'imagine pas que le caricaturiste souhaite la mort ou la mise en morceaux de tels personnages politiques, hein? Il faut avoir quand... Moi, je pense... d'ailleurs, M. Charest, je le connais suffisamment pour savoir qu'il a un grand sens de l'humour, celui qui voulait envoyer des jeunes du Québec dans le Grand Nord, hein? On comprend bien que ce n'était pas littéral, il souhaitait... Il n'avait pas un plan pour embarquer tout ce monde-là dans des wagons puis les envoyer en travaux forcés dans le Grand Nord.
M. Robitaille (Antoine): ...vous avez dénoncé cet humour-là.
Une voix:
S'il vous plaît, on va passer en anglais, il ne nous reste plus de temps.
Mme Montgomery (Angelica): Can you tell me... Sorry.
M. Dougherty (Kevin): OK. Sorry. Yes, Mr. Khadir...
Journaliste: ...
M. Khadir: L'humour de M. Charest était déplacé. C'est le premier ministre. Ça, c'est un groupe de musique. Franchement, là, il y a comme une... il y a une différence de registre.
M. Dougherty (Kevin): Mr. Khadir, the members of the Liberal caucus talked about a culture respect in the National Assembly between members and they find that... they find a lack of respect in the fact that you have such a... that poster in your house. What do you think of that poster...
M. Khadir: I have posters of Che Guevara. I have posters of Gérald Godin. I have posters of nude women on my... in my house. We have everyday «caricature»... How do you say «caricature» in...
M. Dougherty (Kevin): Cartoons.
M. Khadir: Cartoons in our newspapers completely demolishing all the political leaders, and some of those leaders have those cartoons themselves in their offices. You have seen several of them. Where is the problem?
Mme Plante (Caroline): ...is distasteful... I'm sorry.
M. Khadir: What is distasteful is corruption. What is distasteful is the use of Mr. Charest of the symbol of our young people to try to depict it as sign of violence, is the... «le mensonge»...
Une voix: Lies.
M. Khadir: ...lies, everyday lies in the National Assembly by members of this Government which lack totally any honor, which is... If the «caricature», the cartoon of a musical group, two years ago, is distasteful, I'm sorry for them because it's just a parody of a very renowned classic of the French painters. So I find it distasteful trying to use that... What is distasteful is trying to use that to intimidate me and Québec solidaire on our opinions against the corruption this government. What is distasteful, and dishonest, and lack of honor is cheating people, depriving our people of billions of dollars by being to much in collusion with the Mafia or big corporate businesses. This distasteful.
Mme Plante (Caroline): Do you find it odd that people are commenting on something that was in your own private home?
M. Khadir: Well, it's funny. But, which is odd is the violence with which a big corporate media is trying to use that to intimidate politically and force me to silence. But they won't be able to do that.
Mme Plante (Caroline): Will you launch a lawsuit?
M. Khadir: We will... We are considering. I am not sure if it's possible, but, if it is possible, we're going to do that, because it's total fabrication.
Mme Montgomery (Angelica): Mr. Khadir, what do you think of the fact that they have this kind of a headline, even reading the article, and you can read that article without realizing that it's a poster from a musical group? How do you think that you were treated by this?
M. Khadir: I don't want to continue to judge more than what I said. We are going to make a lawsuit against the newspaper if it's possible. We are considering our capacities to do that, because this is total fabrication. They're announcing the death of Mr. Charest, they're announcing that I'm armed, they want to present me as a revolutionary and arms, open arms. I never... will never, never, never wish the death of Mr. Charest. What I wish is that he loses his election. What I wish is that Mr. Charest and his government respond to commission Charbonneau and be judged adequately.
Mme Montgomery (Angelica): And how did this poster come to be in your home?
M. Khadir: Well, it's my young daughter, oldest daughter, Daria Khadir, who bought it two years ago, when this poster was brought to her attention. And it's funny, you know, having a tableau... a painting of Delacroix and, in that painting, having political figures of Québec depicted. It's funny. You look at it and... So.
M. Robillard (Alexandre): Le Dr Bolduc, tout à l'heure, il disait que ça pourrait influencer des esprits vulnérables. Qu'est-ce que vous pensez de cette analyse-là?
M. Khadir: Je retourne la question à mon cher ami Dr Bolduc par rapport aux propos de sa collègue, la ministre de la Culture, voulant absolument insinuer le carré rouge que c'était synonyme de violence et d'intimidation, le carré rouge que portent Fred Pellerin et compagnie. Je lui retourne la question. Merci.
(Fin à 14 h 2)