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Point de presse de M. Gérard Deltell, député de Chauveau

Version finale

Le vendredi 15 juin 2012, 9 h

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Neuf heures huit minutes)

M. Deltell: Alors, bon matin, mesdames messieurs. Bienvenue à notre bilan de la session parlementaire des députés de la Coalition avenir Québec. Notre chef, François Legault, prendra la parole dans quelques instants, mais c'est avec plaisir que nous nous présentons ici, devant vous, avec l'ensemble des députés, à l'exception de François Bonnardel qui, comme on le sait, fait actuellement la tournée à bicyclette pour les bonnes oeuvres que nous savons tous.
Donc, nous allons tout de suite passer la parole à M. Legault.

M. Legault (François): Merci, Gérard. Bien, comme vous le savez, c'était la première session de la Coalition avenir Québec. Je pense qu'on a réussi à relever plusieurs défis. D'abord, il y a beaucoup de gens qui pensaient qu'il y aurait de la chicane ou de la division, mais je pense que c'est plutôt M. Charest qui a réussi à diviser la population. Nous, on a réussi, donc, à faire travailler ensemble des députés qui venaient de partis différents. On a réussi, je crois, à parler de nos cinq priorités: l'éducation, la santé, l'économie, la culture et l'intégrité. On a réussi aussi, en parallèle, à bâtir ou commencer à bâtir ce parti. Donc, on a eu l'organisation de 17 organisations régionales.
J'ai fait deux tournées du Québec. Notre commission politique a fait une tournée du Québec. On a eu un congrès de fondation avec 600 membres qui, je pense, qu'on peut dire que ça a été un congrès réussi. On a nommé plus d'une cinquantaine de candidats pour la prochaine élection. On a eu deux élections complémentaires. Donc, je pense qu'on n'a pas chômé durant la dernière session.
On a réussi aussi à avoir des positions responsables sur plusieurs dossiers. Pensons d'abord à la crise étudiante, on a été les premiers à proposer que les crédits d'impôt sur les frais de scolarité soient utilisés pour bonifier les prêts et bourses. Ça a été d'ailleurs en partie copié par le gouvernement. On a aussi proposé, suite à la grève des CPE, que les CPE soient assujettis aux services essentiels. On a proposé aussi, pour mieux définir le rôle des municipalités, d'adopter une charte des municipalités. On a proposé une réforme du financement. On est allé plus loin que le Parti québécois: on a proposé donc une limite de 100 $ par personne, mais aussi une limite de 4 millions par année, ce que le Parti québécois ne propose pas. Je rappelle que, lors de la prochaine élection, la limite sera de 11 millions. Et, lors de la dernière campagne électorale, bien, les deux vieux partis ont utilisé 7 et 8 millions de dollars. On a proposé aussi la création d'un ordre professionnel pour les enseignants.
Mais il faut aussi faire le constat de la situation au Québec. On a actuellement un cynisme qui s'est accentué au Québec. On l'a vu dans le faible taux de participation lors des élections complémentaires, lundi dernier. Je pense qu'on peut parler, au Québec, non seulement d'un décrochage scolaire, mais aussi d'un décrochage politique. Le Parti libéral de Jean Charest a montré autant de leadership et de vision que le commandant du Titanic, et Mme Marois, bien, a jeté de l'huile sur le feu, depuis quatre mois, à cette crise avec les étudiants. Je pense que la coalition a été le seul parti qui a été pragmatique, nuancé, responsable.
On a eu aussi, durant la session, encore une fois, des députés et des ministres de Jean Charest qui ont été mêlés à des jeux d'influence et de copinage. M. Charest a continué à nous parler du Plan Nord, mais je pense que de plus en plus de Québécois comprennent que, le Plan Nord de M. Charest, ce n'est pas pour les Québécois, mais c'est d'abord pour les compagnies étrangères. Et, bien, M. Charest, pendant qu'il parlait du Plan Nord, bien, il a perdu le nord sur le dossier des frais de scolarité. Pendant que M. Charest se chamaillait avec les étudiants, pendant que Mme Marois jouait à la mère Noël avec l'argent des autres, on s'est retrouvés dans une situation où on n'a pas réussi à offrir d'espoir à la jeunesse.
Aucun des vieux partis n'a réussi à proposer des solutions pour réduire la dette qu'on laisse à nos jeunes. Aucun des vieux partis n'a réussi à proposer des solutions pour réduire le décrochage chez les jeunes, dans les écoles secondaires, ce qui fait perdre l'espoir à des milliers de jeunes à chaque année, qui ne réussissent pas à aller plus loin que leur secondaire 5, et, bien là, on apprend, depuis quelques jours, que M. Charest songerait à faire porter la campagne électorale sur l'économie en l'opposant à la rue de Mme Marois.
Bien, je veux, ce matin, vous parler quelques instants d'économie, parce que ce n'est pas vrai qu'on va laisser le terrain de l'économie à Jean Charest. Jean Charest, ce n'est pas un homme de résultats. Quand on regarde la situation économique, il faut être très prudents avec le taux de chômage. Il faut regarder, d'abord, la qualité des emplois. Il y a toute une différence entre des emplois à 10 $ de l'heure par rapport à des emplois à 20 $ ou à 30 $ de l'heure.
Le grand problème qu'on a, depuis plusieurs années au Québec, c'est qu'on n'arrive pas à créer des jobs payantes. Notre revenu par citoyen est beaucoup plus faible au Québec que dans les autres provinces, et ça s'est détérioré. La réalité, là, c'est que, quand M. Charest est arrivé au pouvoir en 2003, le Québec était la quatrième province pour son revenu par citoyen. Aujourd'hui, le Québec est la neuvième province pour son revenu par citoyen. Il y a seulement l'Île-du-Prince-Édouard qui est pire que le Québec.
Donc, ça, c'est la réalité, et il va falloir être capables de proposer un nouveau plan de développement économique. Nous, ce qu'on propose, c'est un plan qui est axé sur une économie de propriétaires, pas une économie de succursales, donc il faut beaucoup mieux accompagner nos entrepreneurs, nos entreprises, et puis, comme je l'ai déjà dit, lorsque je serai premier ministre du Québec, ce sera pour moi une obsession, les investissements des entreprises puis la création de jobs payantes. Ça doit être ça, l'obsession au Québec: créer des jobs payantes à 20 $, à 30 $ de l'heure, arrêter de créer des jobs puis même de subventionner, par des crédits d'impôts, des jobs à 10 $ de l'heure, comme le fait le gouvernement Charest.
Donc, en conclusion, on a devant nous deux partis usés, deux vieux partis qui ressemblent un peu à deux boxeurs fatigués à la fin du douzième round, qui ont les yeux bouchés puis qui frappent dans le vide. On a besoin, au Québec, de réfléchir, cet été, aux actions graves qui ont été posées par Jean Charest. On a besoin de réfléchir à l'irresponsabilité opportuniste de Pauline Marois. C'est vrai que, la coalition, on a des défis à relever. On existe seulement depuis sept mois, il faut le reconnaître. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour faire connaître nos idées. Vous pouvez être certains que l'équipe que vous voyez devant vous va se retrousser les manches puis on va faire tous les barbecues puis les activités familiales - ça ne sera pas bon, il va falloir faire de l'exercice aussi - les épluchettes de blé d'Inde durant l'été, dans toutes les régions du Québec, pour en profiter pour aller contacter la population, expliquer nos propositions.
Et puis, bien, je termine en vous disant, comme je l'ai dit au congrès: C'est certain qu'il vente beaucoup, il va venter parce qu'on propose des changements importants au Québec, mais c'est face au vent qu'on fait lever des avions. Et, moi, je suis convaincu plus que jamais que le Québec a besoin de ce changement-là. Je suis convaincu plus que jamais qu'on va réussir à convaincre la population d'appuyer le changement qu'on propose.
Je cède maintenant la parole à notre chef parlementaire, Gérard Deltell.

M. Deltell: Merci, M. Legault. Alors, écoutez, malgré le fait que les vieux partis aient refusé de nous reconnaître comme groupe parlementaire, nous avons très bien livré la marchandise, nous avons très bien travaillé ensemble et nous avons accompli ce que nous voulions être, c'est-à-dire une opposition réaliste et responsable qui contribue au débat public et qui améliore la situation, plutôt que de s'opposer pour s'opposer. Je tiens à mentionner aussi que tous nos députés, les neuf députés de la coalition, ont chacun posé au moins une question, contrairement à l'opposition officielle, où 10 députés du PQ ont été silencieux; malgré le fait qu'ils ont six à sept fois plus de questions, il y en a 10 députés qui ont été maintenus au silence, alors que nos députés, tous les députés, ont pris la parole à la période de questions, malgré le fait qu'on avait peu de temps de parole qui nous était alloué.

Évidemment, les dossiers qui nous ont préoccupés, ce sont des dossiers de dépenses publiques. Nous avons relevé les difficultés qu'a le gouvernement quand vient le temps de gérer correctement les finances publiques, entre autres avec la question des tableaux interactifs, les questions aussi de sécurité publique. C'est nous qui avons mis au jour la question du casino mohawk, qui soulève beaucoup de controverse dans la région de Montréal et partout au Québec. Nous avons soulevé cette question-là.
Encore une fois, Sylvie Roy s'est distinguée en mettant au jour des situations gênantes pour le ministère des Transports concernant la fracturation de contrats, entre autres choses. Nous avons aussi porté notre propos sur l'économie, avec la question d'AVEOS, où nous avons mis au jour le fait qu'il a trois ans les employés avaient alerté le gouvernement des dangers qui guettaient cette entreprise-là, et, malheureusement, le gouvernement s'est traîné les pieds pendant trois ans avec le résultat qu'on connaît.
Nous avons aussi parlé des questions d'éthique, des écoles religieuses, de Tony Tomassi, où le député Éric Caire a assumé un rôle de leadership très fort là-dedans, en posant les questions pertinentes et en faisant avancer le débat. Et, essentiellement, évidemment, comme on sait que la... au cours des derniers mois, ce qui a retenu l'attention, c'est le conflit étudiant. On peut être très fiers du travail des parlementaires. Nous avons toujours été à l'avant-garde, dans ce conflit-là. Notre chef a proposé des solutions constructives pour régler ce problème-là. Malheureusement, les libéraux ont tardé à agir. Nous avons même soumis au premier ministre la demande de vouloir rencontrer les leaders étudiants jusqu'à la dernière minute. On se souvient tous de la question que j'ai posée alors qu'ils étaient à 20 pi l'un de l'autre. Le premier ministre aurait pu suspendre les travaux, aller les rencontrer; malheureusement, il a failli à sa tâche.
Et, je tiens à souligner: magnifique travail que l'équipe parlementaire a fait lors de la loi spéciale. Nous avons travaillé toute la nuit pour, justement, trouver des solutions responsables, et c'est ce que nous avons fait. Et nous avons amené six amendements qui permettent à la loi n° 78 d'être plus viable. Elle est loin d'être parfaite, mais notre travail de groupe parlementaire est un travail responsable, et nous l'avons assumé avec dignité, et je suis très fier du travail des neuf collègues parlementaires.

Le Modérateur: On va maintenant passer à la période de questions. Paul Journet.

M. Journet (Paul): Bonjour, M. Legault.

M. Legault (François): Oui. Bonjour.

M. Journet (Paul): Dans les derniers mois, il y a eu une baisse, pour ne pas dire une chute de la coalition dans les sondages. Comment est-ce que vous expliquez cette diminution-là vraiment assez significative?

M. Legault (François): Oui. Bien, comme je l'ai dit l'année dernière, lorsqu'on était à plus de 35 % dans les sondages - je le disais, là, vous pouvez aller dans ce qui a été rapporté - il fallait être très prudents avec ces sondages, l'année dernière, parce qu'il y avait une crise majeure au Parti québécois. Vous vous en rappellerez, là, il y a cinq députés qui ont quitté, les gens ont déserté le Parti québécois. Veux veux pas, j'étais vu comme étant quelqu'un qui venait du Parti québécois. Les gens, dans les sondages, m'appuyaient sans connaître nos propositions, parce qu'on commençait à les faire connaître. Donc, je pense qu'il fallait prendre avec un grain de sel les sondages de l'année dernière.
On a une fondation actuellement. On est en quelque part entre 20 % et 25 % selon les sondages. Je pense que c'est une base solide pour un parti qui existe depuis sept mois, dont quatre mois où on était dans un brouillard politique à cause de la crise étudiante. Je pense qu'on a encore du travail à faire, à faire connaître la Coalition avenir Québec. Je pense aussi qu'on s'est rendus compte, ne serait-ce que dans l'affichage dans les deux élections complémentaires, qu'il faut davantage, peut-être, associer le parti à François Legault, parce que le mot «Coalition avenir Québec», là, n'est pas encore très connu, ni les propositions de la Coalition avenir Québec.

M. Journet (Paul): Vous dites que c'est une base solide, mais c'est plutôt au seuil de la marginalisation, étant donné notre mode de scrutin. Est-ce que, ce qui vous nuit, ce n'est pas le fait qu'on a de la... les gens ont de la difficulté à vous définir, donc vos adversaires peuvent vous attaquer sur tous les flancs? Les gens ne savent pas si vous êtes à gauche, à droite, puis, sur le côté constitutionnel, on vous accuse d'être des deux côtés.

M. Legault (François): Rappelez-vous, il y a un an, on disait: Il faut se débarrasser du débat Québec-Canada ou souverainistes-fédéralistes. Aujourd'hui, c'est rendu presque consensuel de dire qu'on est passés à une autre étape.
Par contre, nous, on a voulu être prudents, et je pense que c'est encore important de l'être. Je ne veux pas qu'on transforme le débat Québec-Canada en débat gauche-droite. Nous, on se considère comme étant des pragmatiques. Donc, oui, on veut investir 1 milliard dans nos écoles pour donner plus de services à nos élèves, mais on veut aussi avoir des réseaux qui sont plus efficaces et créer des jobs payantes au Québec.
Puis je pense que ce n'est pas ni à gauche, ni à droite, notre programme. C'est un programme pragmatique qui veut travailler pour le bien commun et non pas pour les groupes de pression. Parce qu'on le sait, le Parti québécois travaille d'abord pour les syndicats, et on voit aussi que le Parti libéral s'enfarge, là, avec les groupes de pression. Ne vous attendez pas, là, à ce que le Parti libéral abolisse les commissions scolaires: ils ont les deux mains attachés avec la Fédération des commissions scolaires. Ne vous attendez pas à ce qu'il y ait un ménage chez Hydro-Québec, là, ça ne se fera pas.
Donc, le ménage ne se fera pas au Québec, à moins d'élire la Coalition avenir Québec. Puis ça, bien, c'est un message qu'il faut porter. C'est un changement qui aurait dû être fait il y a 30 ans, et ça prend du temps à faire passer ce message-là, puis, je le répète - puis je ne veux pas accuser personne - mais on a eu un brouillard médiatique depuis quatre mois, on a traité à peu près seulement d'un sujet: la hausse des frais de scolarité. Puis, pourtant, même si on parle de l'avenir du Québec puis de nos jeunes, bien, il faudrait parler de décrochage, il faudrait parler de la dette, il faudrait donner de l'espoir puis débattre des autres enjeux au Québec. Puis ça, bien, ni nous, ni personne, on a réussi à le faire.

Le Modérateur: Simon Boivin.

M. Boivin (Simon): Bonjour, M. Legault. Qu'est-ce qui explique, selon vous, qu'au cours des derniers mois il y a un certain nombre de personnes qui avaient mis leurs espoirs dans votre parti et qui ont décidé de lui tourner le dos?

M. Legault (François): Bien, écoutez, là. Encore une fois, on peut regarder le verre à moitié vide ou à moitié plein. Je regarde dans Argenteuil, 21 %, pour un parti qui existe depuis sept mois, j'en connais beaucoup, moi, des partis qui aimeraient ça avoir 21 % après sept mois. Puis, encore une fois, bien, comme je le disais tantôt, je pense qu'il fallait être prudents puis je le disais, à ce moment-là, avec les sondages de l'année dernière, à cause de la crise au Parti québécois.
Cette crise-là a été réglée. Les gens, est-ce qu'ils comprennent à quel prix ça a été réglé? On a... Mme Marois a quand même accepté un compromis qu'aucun chef du Parti québécois n'avait fait, c'est-à-dire de laisser la date du référendum aux militants, avec un référendum d'initiative populaire...

M. Boivin (Simon): Mais il y a des gens qui, à la base - excusez-moi - avaient mal compris ce que vous incarniez ou ce que vous alliez mettre de l'avant.

M. Legault (François): Ah, bien, moi, je pense qu'on était dans un vide politique à cause du Parti québécois, puis, le Parti québécois, on le voyait dans les sondages, il y avait beaucoup de gens qui avaient déserté le Parti québécois pour venir chez nous. Par contre, quand on regarde les résultats dans Argenteuil, c'est encourageant, parce qu'on veut rassembler, nous autres. On regarde par rapport à la dernière élection, le Parti libéral a perdu 16 points, le Parti québécois a seulement gagné deux points. Donc, ça veut dire, là, que, d'un côté, il y a une baisse marquée au Parti libéral, puis le Parti québécois n'arrive pas à faire le plein de l'insatisfaction du gouvernement. Donc, il y a une tendance, quand même, là, qu'on peut constater dans Argenteuil, il faut regarder ça à plus long terme.

M. Boivin (Simon): Puis, ma deuxième, comment vous expliquez qu'à l'heure actuelle on n'ait toujours pas la liste de donateurs à votre OSBL, presque neuf mois après la création de votre parti?

M. Legault (François): Écoutez, vous allez l'avoir, là, la semaine prochaine.

Le Modérateur: Robert Plouffe.

M. Plouffe (Robert): Dans ce que ce que vous avez réussi, M. Legault, c'est que vous avez réussi à rappeler à l'ordre certains de vos députés, il y en a qui parlent moins, là, depuis le début. Vous avez aussi...

M. Legault (François): L'entente va très bien avec Janvier puis François, là, depuis quelques mois.

M. Plouffe (Robert): Vous avez aussi réussi à arriver troisième, quand même, dans les complémentaires. Vous ne pouvez pas invoquer le fait que vous n'êtes pas connus. Vous avez fusionné avec l'ADQ justement dans l'espoir de garder ce que représentait l'ADQ, et vous ne représentez plus ce que représentait l'ADQ. Donc, vous ne vous affichez plus comme une alternative, visiblement, auprès des Québécois.

M. Legault (François): Bien, si vous voulez comparer avec l'ADQ, bien, l'ADQ, dans Argenteuil, à la dernière élection, avait fait 10 % ou 11 %; on a fait 21 %. Je pense qu'aujourd'hui on a un nouveau parti qui rassemble des gens qui viennent de tous les partis, c'est évidemment un grand défi, je peux vous le dire, là. Vous faisiez allusions peut-être aux petites difficultés qu'on a eues au début, en janvier, bien, je ne les sens plus aujourd'hui, là. Je sens un belle cohésion puis, à chaque semaine, quand on se réunit, là, je sens qu'on a une équipe qui est unie derrière un programme commun.
Tout le monde a fait des compromis. Tout le monde a fait des compromis, là. Il y avait des aspects qui étaient dans le programme de l'ADQ qui n'étaient pas dans le programme du Parti québécois, puis le contraire est vrai. Puis là, on a réussi à avoir un projet commun, puis, moi, je suis optimiste, là. Moi, je suis convaincu, lors de la prochaine campagne électorale, durant 35 jours, on ne parlera pas seulement de la crise étudiante. Les Québécois vont avoir trois choix: est-ce qu'ils veulent réélire, pour une quatrième fois, le Parti libéral, est-ce qu'ils veulent un Parti québécois qui va se concentrer sur le référendum et qui a les deux mains attachées avec les syndicats, donc qui ne fera pas de changement, ou si les Québécois sont prêts pour un changement, pour une modernisation de nos institutions? Parce que c'est ça qui est nécessaire pour retrouver la confiance puis la fierté d'être Québécois.

M. Plouffe (Robert): Bon, alors c'est bon que vous en parliez, parce que c'était ma deuxième question. Quand on a vu, cette semaine, le plan de match, la stratégie libérale, c'était, donc, l'économie, avec M. Charest et son Plan Nord, la rue, avec Pauline Marois et son référendum, et il n'a même pas pris la peine de vous considérer, M. Legault.

M. Legault (François): Bien, c'est pour ça que... Bon, je ne sais pas, c'était une feuille de leur PowerPoint, je suppose qu'il y en avait d'autres feuilles. Je peux...

M. Plouffe (Robert): ...juste pour vous, c'est ça?

M. Legault (François): Oui. Je peux vous dire qu'avoir vu les libéraux dans Argenteuil, pendant un mois, puis d'avoir vu la soirée des élections quand M. Charest, de façon pathétique, m'accusait d'être encore séparatiste, je me dis: Je pense qu'il a encore des inquiétudes de ce côté-là. Puis, bien, je m'excuse, comme je le disais tantôt, là, M. Charest ne peut pas prétendre être le champion de l'économie. Ce n'est pas un homme de résultats. Depuis neuf ans, le Québec est passé du quatrième rang au neuvième rang des provinces concernant son revenu par citoyen. Donc, ça s'est détérioré, la situation économique.
Et, quand M. Charest puis M. Bachand, là, se vantent de dire: On est mieux passés à travers la récession que tout le monde, là, un instant, il faut regarder d'où on part puis où on est rendus. Puis il reste que l'écart de richesse entre le Québec puis le reste de l'Amérique du Nord, depuis neuf ans, s'est agrandi; il n'a pas rétréci, il a agrandi. Donc, c'est ça, la réalité, là. M. Charest ne peut pas se vanter d'avoir bien réussi au niveau économique.
Donc, moi, j'ai très hâte, là, j'ai hâte d'avoir un débat des chefs, ne serait-ce qu'entre moi puis M. Charest, sur l'économie du Québec, sur son plan pour créer des jobs payantes au Québec. Le grand problème qu'on a au Québec, là, c'est qu'on a un système de crédits d'impôt aux entreprises de 4 milliards par année, qui est le plus généreux de toutes les provinces, mais c'est celui qui marche le plus mal au Canada.

Le Modérateur: Robert Dutrisac.

M. Dutrisac (Robert): Oui. M. Legault, la crise étudiante a fait en sorte que ça a défini l'ADQ du... la CAQ du côté du gouvernement, ça l'a rapproché du gouvernement. On l'a vu dans Argenteuil, d'ailleurs, vos gains, vous les avez faits du côté libéral. Comment croyez-vous... Premièrement, est-ce que vous ne pensez pas que cette crise-là, ce positionnement-là va vous nuire dans les prochaines élections? Parce que, là, ce qui semble difficile pour la CAQ, c'est d'aller convaincre des électeurs péquistes de voter pour la CAQ.

M. Legault (François): Oui. Il y avait un risque politique, hein, à appuyer le gouvernement. Moi, j'ai compris une chose, là, pour avoir travaillé avec Mme Marois: Mme Marois, elle, son concept, c'est qu'on s'oppose toujours, l'opposition est toujours là pour s'opposer. Moi, je pense qu'à moyen terme, c'est plus constructif d'être constant que d'être opportuniste.
Et, oui, à court terme, à cause de la polarisation, ça nous a mis dans une espèce de brouillard politique d'appuyer une position semblable au gouvernement, mais je ne la regrette pas. Sur le fond, je me dis: il faut investir plus d'argent dans nos universités, ça ne peut pas être, encore une fois, l'ensemble des contribuables qui paient pour ça. Puis, la clé pour l'accessibilité, ça passe par les prêts et bourses.
Est-ce que M. Charest a bien géré ça? Non: il s'est assis une demi-heure puis ça lui a pris trois mois et demi avant qu'il reprenne une partie de notre proposition.
Mais je rappelle que notre proposition, là, nous, c'est de dire: Tous les étudiants qui sont dans les familles de moins de 65 000 $ de revenus - ça, c'est 60 % des étudiants - recevraient une bourse au moins égale à l'augmentation des frais de scolarité. Mais ça, là, il faut le communiquer. Mais, à partir du moment où on dit: Notre position est bonne, c'est sûr que, dans la politique, là, il n'y a pas de place pour la nuance, puis, actuellement, là, je l'ai senti, il y avaient ceux qui étaient pour le gouvernement puis ceux qui étaient pour le carré rouge, puis, bon, nous, il fallait essayer de faire dans la nuance. Mais il reste qu'à un moment donné, là, il faut aussi défendre ses convictions, puis c'est ça qu'on a fait, puis je pense ça va être payant à moyen terme.

M. Dutrisac (Robert): Maintenant, il y a certains qui disent qu'il va y avoir des élections en septembre. Et, si jamais il n'y en avait pas, est-ce que vous croyez que Jean Charest est toujours en mesure de gouverner?

M. Legault (François): Bien, je pense que non. Et puis c'est pour ça que dans la crise étudiante on a proposé une solution temporaire, à court terme. Ce qu'on a dit, là, c'est que M. Charest aurait dû accepter la proposition des étudiants, de dire: Je prends une partie des crédits d'impôt sur les frais de scolarité pour financer la hausse qui était prévue en septembre dans les universités, donc améliorer le financement, puis, après, ça prend une élection. Parce qu'actuellement ce qu'on a au Québec c'est une crise de légitimité. Les gens, là, sont fâchés pour l'ensemble de l'oeuvre. Donc, que ça soit concernant toute la corruption, il y a une perte de confiance, et, peu importe ce que présenterait M. Charest, je pense qu'il ne serait pas capable de se faire appuyer. C'est le vendeur qui a des problèmes, ce n'est pas le produit, c'est le vendeur.

Le Modérateur: Julie Dufresne.

Mme Dufresne (Julie): Vous avez parlé, M. Legault, de la jeunesse, qu'il n'y a pas d'espoir pour la jeunesse...

M. Legault (François): Oui.

Mme Dufresne (Julie): ...et vous nous parlez souvent des vieux partis. Est-ce que vous avez l'impression ou craignez-vous de ne pas avoir réussi à vous différencier de ce que vous appelez les vieux partis, entre autres dans le contexte de la crise étudiante?

M. Legault (François): Bien, il y a encore du travail à faire. Il y a encore du travail à faire parce que, moi, là, il n'y a pas personne qui va me faire de leçons sur l'égalité des chances puis sur l'importance que j'accorde à l'éducation. Moi, je viens d'un milieu populaire, là, puis on veut mettre 1 milliard de dollars dans les écoles, en particulier les écoles de milieux défavorisés. Parce que, moi, là, une des raisons pourquoi je suis en politique, là, c'est parce que je n'accepte pas, entre autres, qu'il y ait des garçons, dans certains milieux, à 40 %, 50 %, qui ne finissent pas leur secondaire V, puis je pense que c'est là que doit aller l'argent, parce que, dans les universités, ça passe par les prêts et bourses. Donc, oui, il y a des enjeux qu'on n'a peut-être pas encore réussi à mettre sur la table.
Même chose avec la dette. La dette, là, ce n'est pas une question de gauche ou de droite, là, c'est une question d'équité entre les générations, c'est mathématique, là. Prenez juste le déficit des fonds de retraite dans les municipalités puis au gouvernement du Québec, là, M. Labeaume me disait... il a calculé, lui, qu'il y en a pour 5 milliards, de déficit, juste dans les municipalités. Qui va payer pour ça?

Mme Dufresne (Julie): Est-ce que ce sont des gens qui parlent aux jeunes ou à des gens qui veulent du changement, ça?

M. Legault (François): Bien, c'est qu'au Québec, j'avais constaté ça depuis longtemps, l'organisation jeune qui est la mieux financée, la mieux organisée, puis c'est un peu la faute à François, ça, qui a beaucoup de cotisations, donc qui a plein de recherchistes, plein de gens de communications, c'est la FEUQ. Et on pourrait dire, bon, aussi la FECQ et la CLASSE, et il n'y a pas de groupes de jeunes... tu sais, on prend des groupes de jeunes comme Force Jeunesse ou les représentants des jeunes chambres de commerce, ces jeunes-là se préoccupent de la dette parce qu'actuellement, là, les baby-boomers sont en train de se payer la traite avec la carte de crédit des jeunes. Puis, je regarde l'ensemble du portrait, là, là, on a une bataille depuis quatre mois sur 200 millions de frais de scolarité, puis on a des milliards de dollars de ménage à faire dans nos dépenses, on a 250 milliards de dette, il faudrait la réduire de dizaines de milliards, puis là, on a un groupe de jeunes qui est dans la rue pour se battre sur 200 millions, là, tu sais? Les enjeux qui concernent les jeunes sont beaucoup plus larges, beaucoup plus importants que ce qu'on vit actuellement, puis il y a un danger d'ailleurs qu'on ne soit pas sur les bons enjeux.

Le Modérateur: Martine Biron...

Mme Dufresne (Julie): Dernière. Comment vous allez faire, cet été, dans vos barbecues et vos épluchettes de blé d'Inde pour faire comprendre aux Québécois que vous n'êtes pas la deuxième opposition, que vous êtes différent?

M. Legault (François): Bien, je pense qu'il faut être capable de parler de décrochage. Il faut être capable de parler... puis les gens sont ouverts à ça, de dire: Le ménage qui est à faire, là, il faut être capable d'en parler. Le ménage, autant dans la corruption que dans les dépenses. Il faut être capable de parler aux gens. Qu'est-ce qu'on a besoin pour retrouver la confiance puis la fierté d'être Québécois? Je pense qu'il y a une ouverture au changement, puis il faut expliquer aux gens, là, que ce ne seront pas les deux vieux partis qui vont nous donner ce changement-là qui est nécessaire au Québec.

Le Modérateur: Martine Biron.

Mme Biron (Martine): Bonjour, M. Legault.

M. Legault (François): Bonjour.

Mme Biron (Martine): Compte tenu des déclarations que vous avez faites, il y a à peu près sept, huit mois, lors de la création de votre parti, même un peu avant, compte tenu des sondages à cette époque-là, et, compte tenu de, sept mois plus tard, des sondages et aussi de votre résultat dans Argenteuil... et je parle des déclarations que vous avez faites sur votre avenir à vous, 10 ans en politique, on agit et on part, là...

M. Legault (François): Oui, oui, oui.

Mme Biron (Martine): Qu'est-ce que François Legault fera s'il est dans la deuxième opposition?

M. Legault (François): Il va rester là. Parce que, moi, j'ai dit que je revenais en politique pendant 10 ans, je suis convaincu plus que jamais qu'au Québec, ce que je suis en train de laisser à mes deux gars, là, de 18, 19 ans, ça n'a pas de bon sens. Je suis gêné de ça, puis je vais me battre pendant 10 ans, peu importe ce qui va arriver. Ça prendra le temps que ça prendra pour faire connaître les propositions, mais je vais rester là, peu importe ce qui va arriver.

Mme Biron (Martine): Est-ce que le Dr Gaétan Barrette va se présenter à la CAQ? Est-ce que c'est un candidat vedette, le type de candidat vedette que vous souhaitez avoir?

M. Legault (François): Écoutez, j'ai dit à plusieurs reprises que j'ai eu des rencontres avec le Dr Barrette. Il y a, sur le fond, une communauté de pensées sur beaucoup de changements qu'il y a à faire dans les structures, dans la première ligne, dans la gestion des hôpitaux, mais il n'y a pas de décision de prise concernant la candidature de Gaétan Barrette.

Mme Biron (Martine): Est-ce que c'est le type de candidats que vous souhaitez attirer à la CAQ?

M. Legault (François): Bien, écoutez, nous, ce qu'on souhaite attirer, ce sont des gens compétents, des gens qui ont du leadership. On peut dire que, dans son cas, il en a.

Le Modérateur: Geneviève Lajoie.

Mme Lajoie (Geneviève): Juste une question, M. Legault. Vous avez dit tout à l'heure que ce n'était pas vrai qu'on va laisser le terrain de l'économie à Jean Charest en parlant de la prochaine campagne électorale. Est-ce dire que, vous aussi, vous allez miser sur le thème l'économie dans la campagne qui s'en vient?

M. Legault (François): Bien, écoutez, on cinq thèmes: l'éducation, la santé, l'économie, la culture et l'intégrité. C'est certain que l'économie, quand on dit: Créer des jobs payantes, ça passe par l'éducation. Donc, des jobs payantes, ça regroupe beaucoup de sujets. Il faut, à un moment donné, être capables de dire: L'économie, c'est ce qui nous permet aussi, à long terme, de protéger nos programmes sociaux, en santé et autres. Donc, l'économie doit être au coeur de la prochaine campagne électorale parce que, malheureusement, au Québec, depuis 30 ans, 40 ans, l'écart de richesse s'agrandit avec le reste du Canada puis les États-Unis. Puis, moi, ma plus grande crainte, là, c'est que nos jeunes les plus brillants quittent pour faire leur vie à l'extérieur du Québec.
Puis, pour ça, là, pour éviter ça, ça prend un virage, puis un virage économique, puis ça passe entre autres par l'éducation, la création de jobs payantes. Mais ce n'est pas vrai que M. Charest va nous faire croire qu'il a été un champion en économie, là. Je veux dire, ses résultats sont parlants, ce n'est pas un homme de résultats. On est passés du quatrième au neuvième rang, l'écart de richesse s'est agrandi. Ce n'est pas parce que le taux de chômage baisse un peu, parce qu'on crée des jobs à 10 $ de l'heure, que les gens ont plus d'argent dans leurs poches. Il faut s'assurer que les Québécois aient plus d'argent dans leurs poches, et que le gouvernement ait les moyens pour financer les programmes sociaux qu'on a.

Mme Lajoie (Geneviève): Donc, vous allez vous présenter comme le vrai parti de l'économie, c'est ça?

M. Legault (François): Bien, ça va être un sujet très important, puis, moi, je suis convaincu que notre plan de développement économique, avec une économie de propriétaires, d'utiliser la Caisse de dépôt, d'utiliser un nouveau Investissement Québec, c'est beaucoup plus porteur que ce que Jean Charest a fait. Jean Charest va être obligé de vivre avec le bilan de ses neuf dernières années, puis son bilan n'est pas bon au point de vue économique.

Le Modérateur: Tim Duboyce.

M. Legault (François): Yes.

M. Duboyce (Tim): Mr Legault, if you could have Quebeckers remember one accomplishment of yours from this past legislative session, your first session as a party, what would you have them remember this summer?

M. Legault (François): I think that, of course, for the last four months, we've talked a lot about the students' crisis. I think that we were the first to propose concrete solutions. We proposed to use the tax credits to improve the bursaries and loans to the students. And I think that that's the key to solve the actual problem we have since four months. So I think that it was an important contribution. Of course, we would like to talk about how do we decrease the drop-out rates, how do we improve our economy, how do we improve the management of our public systems. There are many subjects, but, unfortunately, we were able only to concentrate on one for the last four months.

M. Duboyce (Tim): It's true that, I think, people have the ability to concentrate on very few things at one time. So, if you were to draw attention to what you consider Jean Charest's single biggest failure in the last six months, what would that be?

M. Legault (François): It's a total lack of leadership. I think that, right now, we've seen Jean Charest not able to solve any problem, not able to decrease the drop-out rates, not able to decrease the number of waiting time in our hospitals, not able to decrease the spread... the difference in the revenue per capita with the rest of Canada. We have somebody not able to create any hope for young people.

Le Modérateur: Angelica.

Mme Montgomery (Angelica): Yes, what are your summer plans?

M. Legault (François): I'll eat a lot of hamburgers and I think that we'll go... We've asked all our 17 organizations to give me the dates of the main events in all the regions in Quebec, so I'll be all across Quebec, trying to meet people, explain our program to people. So that's about what I'll do.

Mme Montgomery (Angelica): And this is your very first session as a party.

M. Legault (François): Right.

Mme Montgomery (Angelica): Kind of a new team since they're all mixing together. How do you think that it went for you?

M. Legault (François): I think that many people expected that we'd have a lot of division because we have people coming from different parties. But we have... I think that everybody has to agree that, today, we have a solid team working around the same objectives, and I'm very happy about what happened, I'm very happy about our foundation congress we had. And I'm happy that we were successful in making important proposals. But we still have a lot of work to do. I don't say that everything is done. Of course, we have a lot of work to do to make sure that the Coalition is better known, that the proposals of the Coalition are better known. So we'll work very hard this summer.

Le Modérateur: Merci beaucoup.

M. Legault (François): Merci beaucoup.

Le Modérateur: Bon été à tous.

M. Legault (François): Bon été.

(Fin à 9 h 42)

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